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Temps de lecture estimé : 8 mn
14/02/11
corrigé 12/06/21
Résumé:  La quête symbolique d' une femme dans un univers onirique...
Critères:  fsoumise cérébral revede fmast pénétratio fantastiqu -initiatiq
Auteur : June Summer  (Des mots pour décrire la vie...)      Envoi mini-message
Jaspe et les 7 Épreuves (extrait de "Claire conte érotique")

JASPE 1 – LES SEPT ÉPREUVES



Jaspe a passé la porte qui menait au Royaume de l’Irréalité. Ses pas résonnant sur les dalles de pierre, elle a longé ces couloirs obscurs et pleins de recoins, descendant dans les profondeurs de la terre. Elle a suivi les hiéroglyphes mystérieux qui indiquaient le chemin, sans être sûre, au feeling. Sa main posée sur les murs froids et lisses, elle a obéi avec précaution aux indications dessinées sur les intersections, il y avait des pièges à éviter… Elle a enjambé quelques ossements, restes d’inconnus malheureux dans leur choix.


Elle avait suivi une formation très longue pour pouvoir oser s’aventurer dans cet endroit dangereux. Il avait fallu désapprendre à être logique, pour ne suivre que les élans de son cœur. Celui-ci seul connaissait les réponses pour survivre dans ce royaume. Elle avait appris à oser être Soi, accepter ou refuser ce que son être ne voulait pas. Elle avait appris à revendiquer le droit d’être faible, car la force empêche de recevoir. Elle avait appris à être spontanée comme un enfant, car le raisonnement coupe des émotions et retient les jouissances.


Elle avait appris à oser ne pas aimer ce qui lui causait du tort, et à oser aimer ce qui lui faisait du bien, car les inhibitions empêchent de donner. Elle avait appris à être illogique et spontanée, pour garder le cœur vivant. Et surtout elle avait appris à écouter le Rêve, ses Rêves, tous les Rêves…


Elle était prête à quitter le Monde Réel, pour pénétrer dans le Royaume. Elle avait suivi tous les rites. S’était dévêtue et baignée dans ce lac souterrain pour purifier son corps. Avait passé une nuit près de ce feu à contempler les flammes dans cette caverne retirée, observant les ombres sur le mur, celles qui lui donneraient les bonnes réponses. Avait peint sur son corps les couleurs qui lui paraissaient les meilleures pour séduire ce monstre inconnu qui habitait au fond du Royaume, celui qui avait hanté ses Rêves, plus fortement chaque nuit. Le DragHomme l’attendait et l’appelait.


Il venait dans ses rêves, mi-homme mi-dragon, corps humain à tête ornée d’une crête, ailes repliées au dos, bordées d’écailles. Il la regardait avec insistance et l’appelait… Elle résistait au début, peur et inquiétude, puis avait pris l’habitude de son aspect étrange mais fatalement beau, mystérieusement érotique, puissamment masculin. Il s’approchait d’elle chaque fois plus près, elle ressentait un trouble grandissant en sa présence, une langueur s’emparait d’elle, une envie folle de le toucher, de l’approcher…


Elle avait soigné son corps pour l’attirer, l’avait massé et enduit d’huiles aromatiques, avait entraîné sa féminité pour accueillir sa masculinité en elle, selon les techniques ancestrales. Elle avait appris les secrets des Anciennes, comment jouir et faire jouir, comment chanter et gémir, comment vibrer et faire ressentir les plaisirs, comment contracter et enserrer le sexe de son amant. Sa peau était parfumée et douce, ses yeux bordés de sombre, ses longs cheveux flottaient sur ses épaules, son antre chaud et brûlant.


Elle était prête, elle était dans le Royaume, le cœur battant, et elle allait à sa rencontre.


Jaspe avait dû réapprendre à suivre les messages de son cœur… Elle avait trop vécu suivant les habitudes ou rites sociaux de sa vie, et les lois de son éducation :


« Il faut… Il faut pas… Tu dois. On doit… Ça ne se fait pas… »



Elle avait dû se mettre à rejeter ces pensées-là pour sentir ce que son cœur voulait. Le relais se faisait physiquement. Il fallait écouter attentivement les ressentis du corps qui lui, ne triche jamais et sent ce que désire le cœur et l’âme… Elle avait reçu les indications des Anciennes sur un vieux parchemin que l’on devait dérouler le soir à la lueur de la lune, en murmurant une certaine phrase secrète, dans la Vieille langue, qui finissait par :


« Écoute ton corps, il te dira ce que pense ton cœur… »


Cela commença facilement. Ses goûts changèrent, elle mangeait moins, s’allégeant progressivement des satisfactions de remplissage d’estomac, s’allégeant tout court… Elle devint plus fine et fluide, marchant comme en volant, remplie d’une énergie nouvelle. Elle n’aimait plus de nombreux aliments, en préférait d’autres, à d’autres moments. Elle ne supportait plus de toujours manger aux heures fixes des repas familiaux et se mit à trouver son propre rythme. Les Anciennes disaient en hochant leur visage parcheminé :


« Allège ton estomac, puis ton esprit. »


Puis elle changea d’amis… elle ne supportait que ceux qui avaient une attitude franche et ouverte, des conversations profondes. Les gens qui s’en tenaient à des idées vagues et restrictives l’ennuyaient totalement. Elle les évitait, ne voyant plus que quelques personnes qui pouvaient entrevoir ce qui se passait en elle, pour l’avoir peut-être vécu eux-mêmes… Les donneurs de leçons, les « Je-sais-tout », les porteurs de jugement l’horripilaient. Car, comme on lisait dans le parchemin :


« Nul ne connaît la Voie avant de l’avoir parcourue, et son parcours est différent pour chacun… »


Puis elle changea de goût pour la sexualité. Son corps réclamait, et hors des heures, personnes, lieux autorisés. Elle découvrit ses organes sexuels, ils devinrent importants, reconnus, avides et porteurs d’énergie. Son clitoris avait sa personnalité, fébrile et exigeant, porteur de jouissances inouïes. Sa vulve devenait un être vivant, palpitante et chaude, comme un petit animal ayant besoin de caresses… Son antre devenait un lieu de bonheurs torrides, coulant comme une cascade dans les rochers… Elle les découvrit enfin…


Les Anciennes lui expliquèrent comment jouir et faire jouir son amant. Comment se caresser pour apprivoiser ces animaux étranges vivant dans son corps et qu’elle ne connaissait pas… Elle pratiqua le Rêve près d’un feu, cherchant son plaisir avec ses mains sur son corps, se caressant jusqu’à l’extase, les yeux perdus dans les flammes… Elle apprit avec elles comment se cambrer pour jouir, comment resserrer les muscles de son ventre pour étreindre le sexe de son amant, comment chanter son plaisir pour l’emmener avec lui au Pays du Jouir, comment lâcher prise pour accueillir les orgasmes venus et les mettre au monde au milieu des vagues.


Elle serait un jour prête pour aller rejoindre le DragHomme…







JASPE 2 – LE MIROIR…



Jaspe avait dû passer l’épreuve du Miroir. De bon matin, elle s’était préparée soigneusement. Elle avait pris un bain, s’était parfumée avec de l’huile de hyacinthe, plante développant les capacités vibratoires, avait soigneusement épilé son corps, ne laissant qu’un petite zone de poils courts au-dessus de son mont de Vénus. Elle avait tressé ses cheveux noirs en petites nattes minuscules faisant autour de sa tête fine une crinière sauvage et les avait décorées avec des fils colorés, s’était peint le corps de signes abstraits noirs et blancs, et avait dessiné sur son front l’œil rouge et noir de la connaissance. Elle était d’une beauté mystérieuse et sauvage, son corps élancé ressemblait à celui d’une déesse de la Vie et de la Mort, ses longs cheveux tressés lui donnant un air sensuel et dangereux, ainsi que ses grands yeux foncés agrandis par le khôl.


Puis elle s’était rendue dans cette caverne reculée, au sol recouvert de sable fin, aux murs sombres ornés de crevasses et de recoins dans lesquels nichaient des familles entières de chauve-souris… Elle avait pris une torche allumée, l’avait fichée dans le sable à côté du gigantesque miroir, et s’était agenouillée face à celui-ci, sans un mot. Elle avait attendu des heures sans bouger, les yeux fixés sur la surface polie reflétant les lueurs vacillantes. Elle avait appris à regarder de manière indirecte, afin de percevoir les ombres venues du Royaume.


Plus tard, bien plus tard, elle commença à discerner des choses dans le miroir…


Elle savait que ce serait d’abord ses petites pensées obscures qui apparaîtraient, les petites mesquineries, les faux calculs, les égoïsmes larvés, qui suinteraient de son âme devant son regard honteux. Elle supporta sans broncher de se voir ainsi faible et ridicule, fourbe et malhonnête dans ses plus infimes secrets… Elle serra les dents en revoyant certaines scènes de son enfance où elle n’avait pas osé défendre un ami attaqué, un chat malade, un oiseau broyé au pied… Elle regarda ses propres bassesses dans les yeux et ne cilla point.


Puis vinrent les espoirs déçus, les rêves non réalisés, par paresse ou lâcheté, par oubli ou négligence… Elle dut supporter de se revoir rater certaines occasions par simple oubli, et elle put en mesurer les conséquences sur une séquence de vie projetée si elle les avait réalisées. Elle dut revivre ces amours brisés par simple incompréhension, et admirer les enfants qu’elle aurait eus dans le cas contraire. Elle étudia ses propres maladresses et leurs conséquences sur autrui pendant le fil des années. Elle dut tout se rappeler et cela lui fit mal… Mais elle ne bougea pas.


Puis vinrent les Fantasmes. Elle dut contempler ses plus intimes secrets. Des choses qu’elle n’aurait dites à personne. Elle dut regarder à la lumière vacillante ses pulsions les plus noires, celles qu’elle ne pensait ne pas vraiment connaître elle-même. Elle vit ces scènes étranges où elle rampait sous le fouet en gémissant, pour s’accoupler avec une araignée velue ou un gnome cyclopéen. Et jouir avec de grands cris de bête enragée. Elle regarda tout cela et ne baissa pas les yeux.


Elle savait que le pire viendrait ensuite… Son fantasme intime allait arriver et il passerait par le Miroir vers elle. Elle devait l’affronter ou renoncer. Elle attendit. Il vint sous la forme d’un homme séduisant, imberbe, grand et mince, de cuir vêtu, aux yeux jaunes et faux, qui luisaient tandis qu’il lui souriait mielleusement. Il lui dit :



Et la regardant de ses yeux jaunes, il lui promit qu’alors il l’aimerait totalement et éternellement. Et qu’elle n’aurait à se soucier de rien dans toute sa vie.


Il lui tendit une main qu’elle prit et il l’embrassa fiévreusement sur la bouche, tout en la caressant sur tout le corps de ses mains chaudes et habiles, faisant naître en elle des frissons de désirs mêlés de dégoût. Sa langue était délicieuse mais semblait fourchue, ses yeux la regardaient avec passion et ironie. Il la prit par les cheveux, la fit tourner, lui attachant les mains au dos, et la faisant s’agenouiller au sol devant lui, il lui présenta son sexe imposant qu’il libéra à travers la fermeture de son pantalon ouvert, en érection devant elle, lui le faisant prendre en bouche de manière tendre et brutale, attirante et repoussante.


Il lui fit des compliments ensorcelants pendant qu’il la baisait avec une passion brûlante et malsaine, elle oubliait tout ce qu’elle avait projeté en résistance, tant ses mots étaient séducteurs. Il accélérait progressivement le rythme, elle essayait de le suivre, en déséquilibre, retenue par ses mains dans sa chevelure, et ce sexe qui semblait grandir encore plus à chaque mouvement.


La scène se reflétait dans le grand miroir, belle et repoussante, de cet homme bestial se faisant avaler par cette magnifique et animale femme sauvage. Le rythme accélérait encore, Jaspe ne pouvait plus respirer, proche de l’orgasme complet et de l’étouffement mortel. Les mots dans ses oreilles étaient de plus en plus séduisants, on l’aimait, elle faisait bien, elle était son esclave merveilleuse.


Elle se sentait partir, le plaisir et la mort liés venaient à elle… Elle les sentit monter, monter dans son corps. Elle savait que si elle renonçait, ce serait une fuite et elle aurait échoué. Elle savait que si elle se laissait asservir, elle deviendrait une esclave de la Nuit.


Elle devait parvenir à tenir jusqu’au bout, tout en restant elle-même. Elle accueillit l’orgasme immense avec un grand cri de libération, et repoussa les mains qui la tenaient pour l’entraîner en arrière dans le miroir d’un grand coup de tête.


Elle roula sur elle-même dans le sable pour leur échapper, et l’homme y disparut seul, dans un cri de dépit. Elle resta longtemps sur le sable recroquevillée, haletante, entre le Plaisir et Peur, entre La Vie et la Mort, le goût de sa semence acide et brûlante dans la bouche, épuisée, au pied du Miroir.