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18/02/11
Résumé:  On raconte beaucoup de choses sur Merlin et Morgane...
Critères:  ffh jeunes bain forêt voir fellation cunnilingu pénétratio init portrait historique -historiqu
Auteur : Herminie      Envoi mini-message

Collection : Récits sur la matière de Bretagne
Morgane et Ambrosius (1)

1208e année depuis la fondation de Rome.


Ambrosius Aurelianus maudissait sa bêtise. Il avait pourtant cru faire preuve de prudence – après plus de quatre ans d’absence – en débarquant secrètement en Dumnonia, au sud de la côte bretonne, accompagné seulement d’une petite escorte. Sa légion de vétérans, qu’il avait laissée en Armorique sous le commandement de son second, attendait la construction des nefs qui permettraient la traversée du bras de mer la séparant de la Bretagne.


Alors qu’il était encore en Gaule, il avait appris qu’à Londinium, son vieil ennemi le patricien Vortigern avait usurpé le pouvoir et entendait le garder. Qu’il ne reculait devant rien, pas même l’alliance avec les envahisseurs barbares, dont il lâchait ensuite les bandes sauvages sur les terres administrées par ses opposants. Récemment, il avait installé dans le Cantium deux frères, Hengist et Horsa, des Jutes que leur férocité avaient rendus célèbres jusque sur le continent.


C’était une de ces bandes qui avait anéanti l’escorte d’Ambrosius et l’avait capturé.


Traîtrise. Sacrilège. Infamie. Il ruminait ces mots depuis deux jours qu’il était prisonnier et que nul espoir de délivrance ne se présentait à lui.

Comment était-ce possible ? Comment avait-il pu se laisser prendre, lui, le « Maître de Cavalerie », Préfet de Bretagne, fervent chrétien et fidèle à l’Empire ?

L’Empire… Le séjour d’Ambrosius en Gaule et à la cour de Ravenne l’avait désenchanté.


Sa famille était illustre depuis plusieurs générations, alliée aux plus grandes familles de l’aristocratie locale, et plus récemment à celle du généralissime Constantinius, celui que les légions de Bretagne avaient autrefois proclamé empereur, face à l’urgence des incursions barbares et l’incurie d’une cour impériale qui ne semblait pas se soucier d’une province un peu trop en marge.


Il se murmurait qu’Ambrosius était le fils bâtard de Constantinius.


Il avait quelques mois, quand le généralissime avait quitté la Bretagne, à peine deux ans quand celui-ci était mort au combat, et pas encore vingt lorsque l’impératrice Galla Placidia l’avait nommé « Maître de Cavalerie » puis Préfet, à charge pour lui d’assurer la défense du territoire contre les barbares saxons, pictes ou jutes.


Quinze ans de diplomatie et de politique, pour préserver l’unité intérieure et empêcher que les rivalités des patriciens ne déclenchent une guerre civile. Quinze ans à faire survivre difficilement l’administration d’une province délaissée par Rome, à organiser une évangélisation qui rencontrait quotidiennement une résistance inattendue. Quinze ans de campagnes incessantes, souvent meurtrières : il avait gagné sur le champ de bataille le surnom de Merlinus, « le marteau », parce qu’il se battait avec une énorme masse au lieu de l’épée longue des cavaliers romains, et fracassait sans pitié ses adversaires.


Quinze ans à œuvrer pour le retour au glorieux passé de l’Empire. À la Paix romaine.


Ambrosius Aurelianus Merlinus y croyait. Il avait tout sacrifié à cette idée.

Il avait épousé l’héritière d’une grande famille sénatoriale, dont les ancêtres – disait-on – étaient arrivés d’Italie avec les premières légions romaines.

Un jour, lassé d’attendre le retour d’un empereur et animé par la crainte sourde que la Bretagne fût effacée de la mémoire de Rome, il laissa la gestion de la province aux affidés qu’il jugeait les plus sûrs, confia sa femme et ses enfants à la protection de ses beaux-parents, et s’embarqua pour le continent. Il rejoignit la coalition formée par le consul Aetius – qui tenait alors le destin de l’Empire entre ses mains – et vainquit avec lui les Huns d’Attila.


Il apprit beaucoup auprès d’Aetius. Il le suivit à Ravenne, à la cour impériale. Et pendant trois ans, il tenta d’obtenir un peu d’intérêt pour sa terre natale, pour son peuple, pour les Romains de Bretagne. En vain.

On l’avait regardé à peine mieux qu’un barbare germanique. Non. C’était pire : les barbares dont la Cour était pleine – et aux plus hautes dignités – l’avaient regardé comme le misérable représentant tout juste dégrossi d’une misérable province dont on commençait à oublier le nom. Ambrosius, humilié, avait haï ces Romains de la veille ou du jour même, qu’il ne voyait que comme des parasites profitant de la faiblesse de leurs augustes Maîtres pour s’emparer des richesses et des terres qui avaient fait la puissance de Rome. Ces chiens galeux se disputaient entre eux la dépouille d’un empire qu’ils déchiraient lambeau par lambeau.


Pourtant, l’empereur Valentinien, véritable romain, fils de Galla Placidia, ne valait pas mieux : il l’avait bercé de promesses. Il avait même tenté de l’utiliser contre Aetius qu’il couvrait officiellement d’honneurs.

Puis Aetius était tombé : Valentinien l’avait tué de sa main.

Écœuré et craignant de subir un sort similaire, Ambrosius était parti à la hâte avec sa légion de vétérans. Il n’était que temps de rentrer chez lui.


Mais là encore, il échouait lorsqu’il pensait toucher au but.




Lui et ses ravisseurs pénétrèrent dans l’épaisse forêt qu’ils longeaient depuis quelque temps. L’ombre amena avec elle une fraîcheur particulièrement appréciable en cette journée chaude jusqu’à l’étouffement. La densité des arbres et du feuillage retenait l’humidité. La légère brume vaporeuse qui en résultait teintait de bleu les sous-bois les plus sombres, les tirant vers le violet là où le feuillage avait prématurément roussi, brûlé par le soleil d’été. La mousse envahissait tout, des pieds des arbres centenaires, aux rochers enfoncés dans la terre depuis bien avant l’arrivée des Romains sur l’île de Bretagne. Son vert profond luisait étrangement sans capter le moindre rayon de soleil.


Ni chants d’oiseaux, ni bruissements d’animaux. La forêt absorbait-elle les sons en même temps que la lumière ? Le choc des armes contre les rivets métalliques des cuirasses rendait un son mat, comme étouffé. Le pas pesant des soldats ne semblait pas émouvoir la terre inerte. Nulle vibration, même infime.

Les Barbares, conduits par un géant aux bracelets d’or, emmenaient leur prisonnier vers Londinium, où il serait livré à Vortigern.


Ils avaient suivi de loin la vieille voie romaine, preuve quelque peu rassurante qu’ils ne connaissaient pas suffisamment les terres qu’ils traversaient pour s’aventurer trop à l’intérieur, et qu’en outre ils craignaient de s’exposer trop clairement à l’hostilité des clans locaux. Cependant, ils progressaient très vite et jusqu’à présent ils n’avaient croisé âme qui vive. À croire qu’après le départ d’Ambrosius, la Bretagne s’était vidée de ses habitants.

Seule la forêt les avait contraints à ralentir. En l’absence de piste, ils risquaient à tout moment de se perdre.


Ils avaient dépouillé leur captif de ses armes et de son armure. Malgré cela, celui-ci semblait peiner à avancer au même rythme : il avait faim et surtout très soif. S’échapper et courir le plus loin possible, il y avait un moment pensé pour y renoncer aussitôt : des liens de cuir lui sciaient les poignets, s’incrustaient dans sa chair et la douleur lancinante qui en résultait lui donnait la nausée, lui permettant tout juste de suivre le pas de la petite troupe.


Il avait constaté avec surprise qu’une partie de ses ravisseurs parlait latin presque aussi bien que n’importe quel Breton. Leur accoutrement ne les distinguait pas davantage des soldats ordinaires. Pas de barbes hirsutes ni de cheveux longs à la mode chez certains barbares du continent.

Les bracelets du chef attirèrent l’attention du Romain par l’exquise finesse des motifs torsadés, indiquant qu’il se trouvait chez eux des artistes en orfèvrerie : un cerf y était représenté; un cerf à la ramure complexe qui se fondait dans les arabesques du feuillage.

Finalement, la civilisation gagnait aussi ces barbares, encore que ce soit dans ses seuls excès.


Ambrosius tenta de négocier, proposant de l’or et des richesses en échange de sa libération. Le Barbare ricana :



Le Barbare toisa son prisonnier :



Ambrosius se sentit humilié.



Le géant se contenta de sourire.



Un désir sauvage de massacrer ces païens, mais plus encore ce traître de Vortigern, s’empara d’Ambrosius. Pour la première fois dans son existence de Romain chrétien et civilisé – doutant de l’Empire et de Dieu – il se surprit à supplier l’épaisse forêt d’engloutir ses ennemis et de le libérer.



***




Morgane, dans un dernier effort, franchit l’ultime rocher qui la séparait encore de la source sacrée, au cœur de la forêt. Elle fut suivie de ses deux compagnons, la belle Ceridwen, élève comme elle de Nimue, la prophétesse du clan ; et Gwion Bach, jeune guerrier chargé de les protéger.


Ils étaient à deux journées de marche du fort principal, toujours sur les terres administrées par Uther, un chef d’ascendance saxonne qui avait épousé Ygerne, la mère de Morgane. Un mariage voulu par Ambrosius Aurelianus une quinzaine d’années plus tôt, lorsque le précédent époux d’Ygerne avait trouvé la mort au combat et l’avait laissée seule à la tête de son vaste comté de Dumnonia.

Uther avait fait sa carrière en Bretagne, dans l’armée et l’administration romaines. C’était un des fidèles d’Ambrosius. S’il ne l’avait pas accompagné sur le continent, c’est qu’il était chargé avec d’autres d’administrer la province bretonne. La trahison de Vortigern et la division qui régnait dans les rangs de l’aristocratie l’avaient contraint à se retirer dans son comté pour au moins en assurer efficacement la défense, en attendant le retour du Préfet.



Une minuscule clairière, bordée par un enchevêtrement de rochers, de mousse et de végétation plus ou moins dense, d’arbres au tronc noueux et au mince feuillage argenté, scintillant des myriades de gouttelettes d’une brume bleuâtre, légère et vaporeuse. Au centre, une source large et suffisamment profonde pour se baigner dans les eaux transparentes qui s’écoulaient à l’extrémité de la clairière en un petit ruisseau.


À côté de la source, disparaissant en partie sous les arbres, un antique monument de pierres dressées, en forme d’ellipse. Un des blocs de granit qui lui servait de toit était brisé et obstruait presque l’entrée.

Un petit autel taillé dans la roche portait des traces de libations, preuve que ce sanctuaire au cœur de la forêt avait ses adeptes réguliers. Ceridwen déposa sa besace à côté. Elle en sortit des herbes aromatiques, des petits pots remplis de poudre colorée, un gros pain en forme de galette.



La belle Ceridwen se mit à rire.

Morgane se tourna vers le jeune guerrier et le fixa sans sourire :



Morgane n’avait pas précisément la beauté de sa compagne et elle serait passée totalement inaperçue sans l’éclat changeant de ses yeux verts.



Gwion hésita :



Aussitôt qu’il eut formulé sa question, il la regretta et se mordit les lèvres. Ceridwen se chargea de répondre :



Elle alluma un petit feu sur l’autel et les herbes s’embrasèrent, répandant un entêtant parfum de menthe.



Emrys Myrddin : les sonorités latines se mêlaient aux antiques langues de Bretagne; ainsi en était-il du nom d’Ambrosius Merlinus.



Le guerrier acquiesça :



Morgane s’assit et défit les lanières de ses sandales.



Morgane posa ses sandales à côté d’elle. Gwion n’avait jamais remarqué jusque-là les lignes courbes et bien dessinées des jambes de la jeune fille. Il reprit :



Oui, décidément, de jolies jambes, malgré des genoux un peu gros.

Morgane défit la ceinture qui retenait sa tunique et à laquelle pendaient deux fins poignards. Ses yeux prirent une teinte d’acier.



Gwion détourna le regard et vit la belle Ceridwen déposer sur la berge son dernier vêtement. Elle entra lentement dans l’eau de la source, entièrement nue. Ce n’était pas la première fois qu’il voyait une femme nue, il n’était pas un novice en la matière, et même Ceridwen, il la connaissait. Mais elle releva ses longs cheveux et il lui sembla découvrir la longue courbe qui courait de sa nuque jusqu’à ses reins. Elle lui tournait le dos. Il fut prit d’une terrible frustration.

Morgane ne parut pas remarquer son trouble. Elle poursuivait d’un ton égal :



Gwion déglutit. La journée était certes particulièrement chaude, mais il n’aurait jamais pensé qu’ici, à l’ombre des arbres, il se sente étouffer à ce point. Ceridwen avait de l’eau jusqu’aux hanches. Elle mouillait ses bras. Morgane dégrafa sa courte tunique et la retira. Dessous, elle portait une chemise de lin au tissu si fin qu’il était transparent. Les yeux de Gwion quittèrent les courbes de Ceridwen.



Elle fit glisser la chemise par-dessus sa tête et déroula la longue bande de toile qui entourait ses seins ronds et charnus.



Morgane se moquait-elle de lui ? Il vit le triangle sombre, juste en haut des cuisses. Frapper ? Oh non, certainement pas, mais la prendre, là, tout de suite, s’enfoncer en elle, il l’eût fait sans hésiter si la soudaine crainte de commettre un sacrilège ne l’avait envahi. Diane avait cruellement châtié Cernunnos pour moins que ça.

Morgane plongea à son tour dans la source. Il s’agissait d’accomplir la purification obligatoire avant le rituel qui commencerait dans la soirée et se poursuivrait toute la nuit.


Goûter la fraîcheur de l’eau se révéla particulièrement délicieux. En cet été brûlant, les occasions de respirer se faisaient rares, aussi Morgane prit-elle son temps pour savourer ce moment de délassement, où le corps et l’esprit se dépouillaient de tout ce qui les encombrait inutilement. Gwion aussi prit son temps pour contempler les deux corps qui glissaient dans les eaux limpides; formes claires aux lignes brouillées et constamment mouvantes; de temps à autre affleurait à la surface le galbe d’un mollet, celui d’une cuisse ou l’arrondi d’une fesse.

Les deux naïades invitèrent le jeune homme à les imiter : la purification concernait tout autant le guerrier qui veillerait sur elles cette nuit.

S’ils furent tous trois un peu troublés, lorsqu’il acheva à son tour de se dénuder et laissa voir une franche érection, ils n’en dirent rien, et Gwion glissa dans l’eau froide à la hâte.



Par jeu, il éclaboussa la longue jeune femme qui lui rendit la pareille en riant.

Tandis qu’ils s’amusaient, Morgane réfléchissait aux événements récents.

Jusqu’à présent, Vortigern les avaient laissés à peu près tranquilles, s’en prenant à des adversaires beaucoup moins puissants qu’Uther. Ambrosius était loin. Mais récemment, le bruit de son retour avait couru, confirmé ça et là par de nombreux voyageurs et autres témoins. Uther avait envoyé des éclaireurs en Armorique. Vortigern s’était alors fait bien plus pressant, lâchant ses bandes de barbares jusqu’en Dumnonia. On avait aperçu le géant Horsa, le frère d’Hengist, dans la région. Uther rassemblait ses alliés et en faisait le décompte, car la guerre s’annonçait difficile. Il avait promis Morgane à un puissant seigneur de la frontière nord.


La jeune fille n’était pas du genre à s’effrayer facilement. Pourtant, l’idée de partir vivre dans des terres lointaines et de partager la couche d’un homme inconnu la rebutait.

Tout à l’heure, la vue du sexe dressé de Gwion l’avait troublée. Elle imaginait la suite. Elle tentait d’apprivoiser l’idée d’être pénétrée par un homme. D’être possédée par un homme. Le trouble n’était pas en soi désagréable. S’assurant que ses deux acolytes étaient trop occupés pour s’intéresser à elle, elle glissa une main entre ses cuisses. La boule qui s’était formée au creux de son ventre se dilua progressivement.


Légèrement apaisée, ses pensées reprirent leur cours : l’idéal eût été de savoir exactement à quoi s’attendre, mais de toute façon, elle ferait son devoir d’aristocrate et de bretonne fidèle à Rome. Rome ? Plutôt Emrys Myrddin, car à la vérité, il fallait être lucide, Rome avait abandonné la Bretagne à son sort.

En attendant, en ces temps troublés, la paix semblait bien chimérique : la vieille Nimue avait vu en songe un grand cerf la mener au cœur de la forêt, dans un sanctuaire ravagé, aux arbres hachés, calcinés, à la source noircie de sang et de suie, aux pierres brisées et renversées. Le cerf s’arrêtait là et disait seulement : « Rome est morte. Ce sera bientôt notre tour. Hâte-toi ». Il y avait peut-être d’autres images plus confuses, mais la prophétesse ne parvenait pas à les formuler clairement : elle avait envoyé ses deux élèves là où l’avait conduite le cerf, avec pour mission d’écouter et obéir à ce que le lieu sacré leur dévoilerait et commanderait.


Qu’avait donc vraiment fait Cernunnos quand il avait vu Diane ?


Morgane imagina soudain le corps nu de la déesse offert aux regards indiscrets du chasseur. Peut-être était-elle avec ses compagnes et se livrait-elle à des caresses interdites aux mortels.

La jeune fille sentit le désir l’envahir. Elle résista à l’envie de porter à nouveau ses doigts au creux de ses cuisses. Elle tenta de se concentrer sur la fraîcheur de l’eau, mais le sang qui pulsait dans ses veines les plus secrètes lui rappelait son émoi de manière lancinante. Elle ferma les yeux. La silhouette vaporeuse de Diane se dessina, assise sur un rocher, les jambes aussi longues que celles de Ceridwen, les cuisses ouvertes. Deux doigts fins écartaient gracieusement les lèvres de son sexe, auxquelles une nymphe soudainement surgie des eaux portait la bouche.


Morgane rouvrit brusquement les yeux et se retourna. Gwion était assis sur la berge, jambes dans l’eau, yeux clos; Ceridwen, la belle Ceridwen, la tête entre les cuisses du jeune homme, léchait longuement son sexe dressé. Une langue serpentine et voluptueuse glissant le long du membre, en épousant les formes et semblant parfois s’enrouler autour.

Morgane resta fascinée par la vision, troublée comme jamais, incapable de décider de ce qu’elle devait faire : fuir ? Se cacher ? Détourner les yeux ? Regarder jusqu’au bout ? Prendre sa part ? Jusqu’à présent, elle n’avait pas vraiment réalisé à quel point Gwion était désirable.

Les minutes s’égrainèrent, interminables.



Sa belle amie s’était glissée dans son dos, laissant errer ses lèvres et son souffle chaud le long de son cou. Des mains douces dessinaient des cercles sur son ventre, s’aventuraient parfois sur d’autres territoires et suscitaient des étincelles de plaisir. Face à elle, tout près, Gwion. Morgane n’avait qu’à tendre légèrement la main pour le toucher, pour éprouver sous ses paumes la souplesse de la chair. Elle frissonna lorsqu’il prit ses seins entre ses lèvres et en suça les pointes goulûment. La sensation, aiguë, se répercuta délicieusement au creux de ses cuisses. Deux corps nus l’enveloppaient, effleurant sa peau ou la frottant contre la leur, quatre mains la parcouraient sans relâche, tantôt légères, tantôt pressantes, toujours aventureuses, embrasant ses chairs à chaque passage, ravivant les flammes des foyers endormis. L’incendie se propagea d’un corps à l’autre.


Gwion saisit Morgane par les hanches et la hissa sur la berge où elle s’allongea. Elle écarta d’elle-même les jambes et offrit au jeune guerrier ce que Diane n’avait sans doute pas offert à Cernunnos. Les lèvres et la langue qui l’exploraient prirent leur temps pour progresser sur ces terres encore vierges, jusqu’à ce que Ceridwen vînt joindre sa bouche incandescente à l’indécent ballet, attisant un feu ardent, que les ondes de plaisir libérées par Morgane ne parvenaient pas à apaiser.


Gwion et Ceridwen, enflammés par leurs langues et leurs lèvres qui ne cessaient de s’effleurer et se toucher, finirent par ne plus s’occuper que d’eux, laissant Morgane achever de ses doigts ce qu’ils avaient commencé. La longue jeune femme se colla à son compagnon, seins contre seins, ventre contre ventre, sexe contre sexe. Il agrippa ses fesses. Elle l’entoura de ses jambes. Il la pénétra. Bouche contre bouche, langue contre langue, le baiser profond qu’ils échangeaient imprimait son rythme et sa couleur à leur union.



Morgane revenait doucement à elle. La forêt était silencieuse. Un bruit étrange se mêla au discret bruissement de l’eau. Un cliquettement inattendu. Elle se redressa, à l’affût.



Elle saisit en toute hâte ses affaires et sans prendre le temps de s’habiller, se glissa entre deux blocs de granit, dans l’antique tombe de Cernunnos.

Ses compagnons eurent moins de chance.

Morgane vit une bande de barbares fondre sur eux. Un géant aux bracelets d’or frappa Gwion de son épée. Un filet pourpre se répandit lentement dans la source.

Ceridwen fut saisie par les cheveux et tirée hors de l’eau. Morgane n’entendit ni cris, ni plaintes. Seulement le halètement et les rires des hommes qui la violaient.