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n° 14293Fiche technique7358 caractères7358
Temps de lecture estimé : 5 mn
22/02/11
Résumé:  Après une lecture de Houellebecque.
Critères:  grp inconnu fsoumise fsodo aliments humour -voisins -aliments
Auteur : Samuel            Envoi mini-message
Les particules alimentaires

Pour une fois que j’avais trouvé un amant un peu cultivé, qui me parlait d’autres choses que de motos ou de séries télé ! J’arrivais ce jour-là toute pimpante pour une petite partie de jambes en l’air. La semaine précédente nous avions tous les deux atteint le nirvana, m’avait-il dit. Et, rentrée chez moi, j’avais pris la peine de regarder sur internet ce qu’était ce fameux nirvana. Quand j’ai vu que c’était le groupe de rock de Kurt Cobain, je n’étais pas plus avancée, d’autant qu’on n’avait rien pris comme excitants ce soir-là. Bref, je ne voyais pas le rapprochement, mais je sentais que c’était quand même une comparaison plutôt sympa.


Mais alors là, je ne m’attendais pas à ça ! J’arrive, comme je vous disais, et il était en train de lire. Eh bien, il ne se dérange même pas pour m’embrasser. Je lui demande par politesse ce qu’il est en train de bouquiner, il ne répond pas. Je me penche pour voir au moins le titre : «Les particules alimentaires» de Michel Houelquelquechose. Je l’interroge pour savoir si les particules alimentaires sont celles qui restent entre les dents si on ne se les lave pas ; il se met à rire et me dit que je lui donne une idée. Ah bon, que je lui dis, c’est bien la première fois. Fous-toi à poil qu’il me dit sans même me complimenter sur mon ensemble boléro-jupe à fleurs. Je me dis qu’il est pressé de baiser pour retourner à son livre. Mais pas du tout. Je me déshabille avec une souplesse toute personnelle. Il me fait monter sur un tabouret. Je pense alors que, spécial comme il est, il va lâcher des souris. Mais pas du tout. Il met un plastique sous le tabouret et il va chercher dans le frigidaire des ingrédients comme il dit. Il me met des cerises aux oreilles. On peut pas dire que ce soit original, mais enfin… Il prend ensuite de la crème fraîche et m’en badigeonne les seins. Je peux vous dire que c’est frais, comme crème fraîche. Puis, il ouvre une boîte de tarama et il l’étale sur et entre mes fesses avec un couteau plat. Il décore enfin mon pubis de sauce au citron légèrement tiédie.


Imaginez-vous que je ressens comme un début d’orgasme alors que mon esprit est révolté par ces préparatifs, d’autant que j’ai un frère qui milite dans une association contre la faim dans le Tiers-Monde. Je crois que le contraste chaud sur le sexe et froid sur les seins et les fesses me donne une jouissance peu commune. Je croyais qu’il avait fini, mais il revient avec une casserole de spaghettis qu’il me déverse sur la tête. Bref, pour compléter le tableau, je ne voyais plus rien. Il ajoute encore d’autres ingrédients à lui, mais je ne m’en inquiète plus. J’attends qu’il ait fini son numéro. Il se croit si malin…


Il met de la musique, donne des coups de téléphone, se sert quelques boissons. Bref, il fait comme chez lui. Remarquez bien qu’on ne peut pas le critiquer sur ce point puisqu’il est chez lui. Mais moi, je commence à languir sur mon tabouret. Ça dégouline de partout, vous pensez bien. Voilà maintenant qu’il fait des photos. Il ne manquait plus que cela. Tous ses copains (et copines peut-être bien) vont me voir plantée comme une idiote, décorée comme un arbre de Noël. Je lui dis assez fermement que ça commence à bien faire et que ça ne va pas tarder à finir par m’énerver. J’aimerais bien connaître ses intentions maintenant, merde alors ! Je me souviens parfaitement lui avoir dit : merde alors ! Pour qu’il termine son histoire une bonne fois. Mais monsieur l’intello se trouve très spirituel à faire durer la comédie. Il continue de me tartiner… Je sens que je vais crier.


Enfin, il prend conscience que je suis à bout et il se décide à me faire descendre de là-haut. Je commençais à avoir le vertige ou des vertiges. Oui, je n’en avais pas qu’un seul. Il me met un bandeau pour, dit-il, que les yeux ne me piquent pas. Et il commence sa dégustation. Là, c’est vrai que le plaisir reprend le dessus. Surtout qu’il lèche bien. Je ne sais pas si je vous l’ai déjà dit. Et quand il attaque le tarama et que sa langue pointe sur mon petit trou, je n’en peux plus. D’ailleurs, je ne sais pas comment il s’y prend, mais il arrive en même temps à aspirer la sauce au citron. Et mes seins sont également des gourmandises pour ses lèvres insatiables. C’est toujours meilleur quand on a attendu, c’est vrai. Mais quel nirvana comme dirait Kurt ! Mon corps est sucé et resucé comme une assiette qu’on ne veut pas laver. Je n’en peux plus de tant d’impressions fortes ; j’ai peur de jouir et de fondre en eau. Quel amant fantastique ! Un peu bizarre, mais tellement amoureux, tellement capable de te donner un plaisir indomptable. Voilà, j’ai trouvé les mots qui convenaient : un plaisir indomptable. Il faudra quand même que je lise ce bouquin de Houelmachin ; si c’est plein d’idées dans ce genre…


Dégoulinante de jus, oubliant toute pudeur, écartant les jambes pour jouir toujours plus, criant mon orgasme, hurlant comme une dépravée, j’enlève mon bandeau pour voir s’il bande, l’autre artiste. Je découvre que je suis entourée de quatre personnes que je ne connais pas, pendant que mon amant gourmet continue à prendre des photos ! Trois bonshommes et une pétasse m’ont donc léchée. Je suis dégoûtée, écœurée, d’autant plus qu’ils sont vieux, moches, sales. Ils rient tous comme des bossus. Un rire gras, idiot et méchant. Pourquoi m’a-t-on humiliée ainsi ? Et que je suis bête d’avoir pris du plaisir ! Je reste pétrifiée. Il me dit que c’est un préliminaire amoureux. Les autres, qui sont ses voisins de palier, vont continuer à manger pendant que nous allons baiser. Je refuse. Il me demande si je préfère que les autres continuent à baiser pendant qu’il mange. Je crois qu’il se moque de moi, au nom de sa grande culture. Bon, si tu veux, que je lui dis… Baise-moi, au point où j’en suis. Mais eux? Pourquoi eux? C’est la journée des voisins ou quoi ? Tu aurais pu en choisir de plus… On ne choisit pas ses voisins, me répond-il. Il a calmement enlevé son pantalon et son slip. Mais il a gardé sa chemise et son polo. Il est venu vers moi. Il voulait que je me tienne à la table ; il m’a écarté les cuisses, ouvert l’anus de ses doigts et il m’a pénétrée sans ménagement devant ce quatuor qui m’avait nettoyée avec des lèvres encore suintantes. Les deux moins vieux se masturbaient en cadence ; le troisième essayait de caresser la pétasse qui l’envoyait balader à chaque tentative.


Il me demanda de ne pas me laver et il me fit rhabiller toute crado dans mon bel ensemble à fleurs. Avant de partir, je pris un instant le livre de Houeltruc et je lis : La destruction progressive des valeurs morales au cours des années soixante, soixante-dix, quatre-vingt puis quatre-vingt-dix était un processus logique et inéluctable. Après avoir épuisé les jouissances sexuelles, il était normal que les individus libérés des contraintes morales ordinaires se tournent vers les jouissances plus larges de la cruauté ; deux siècles auparavant, Sade avait suivi un parcours analogue.