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n° 14299Fiche technique45558 caractères45558
Temps de lecture estimé : 32 mn
26/02/11
Résumé:  Une pochade fantasy...
Critères:  fh fhh hépilé fépilée bizarre hsoumis fdomine humilié(e) voir exhib cunnilingu anulingus fgode pénétratio hgode jouet sm donjon attache bondage baillon glaçon bougie orties humour -théâtre
Auteur : iam.knowbodies            Envoi mini-message

Concours : Pièce de théâtre
Des intègres histrions

Les personnages :


Kham Lott, marchand itinérant, la cinquantaine bien entamée.

Khâa Lyne, assistante de Kham Lott, une vingtaine d’années.

Khar Esse, assistant de Kham Lott, une vingtaine d’années.


Khathé Gorik, Sérénissime Ambassadeur de l’Unique, Chantre de l’Intègre, Sublime Sectateur de l’Énigmatique, la trentaine.

Khaffka Hyène, Grande Inquisitrice et âme damnée de Khathé Gorik, la trentaine.

Khache Ô, garde, geôlier et Fléau de l’Unique à ses heures, la quarantaine.


Khassdro Nomyque, aubergiste, la cinquantaine.


Khapre Icieuse, une cliente.

Khasse Pyer, un client.






Adresse aux spectateurs


Ô témoins de cette fable, prenez garde ! Devant vous vont défiler les plus fantastiques fantasmes, les plus perverses pensées, les plus fangeuses facettes du triste sire qui, non content d’oser souiller le virginal vélin de sa prose infâme, eut en outre l’outrecuidance de nous la faire jouer ce soir pour vous… Ne vous gaussez pas ! Nobles dames, préparez vos sels ! Gentes demoiselles, dépliez vos éventails et délacez vos corsets ! Grands seigneurs, sortez vos flasques de cordial ! Et surtout, surtout… si vous découvrez, poussé par sa curiosité démoniaque, un mineur infiltré parmi vous, CHASSEZ-LE ! Refoulez-le impitoyablement dans les sombres boyaux de son innocence, renfoncez-le sans état d’âme dans les noires ténèbres de son ignorance, de peur qu’elles ne se consument à l’enfer qui va bientôt brûler ces planches !


À toute fin utile, je précise que la Croix Sang Rouge et Carabin Sans Carrière ont dressé un hôpital de campagne au fond de la salle – mais n’escomptez aucun remboursement si vous deviez nous quitter prématurément (faut pas déconner, quand même !).





Acte I, Scène 1



La salle commune d’une auberge, déserte en cette fin d’après-midi.


(Kham Lott, Khâa Lyne, Khar Esse, Khassdro Nomyque)



(Kham Lott entre par la porte de la rue, suivi de Khâa Lyne et Khar Esse. Les apercevant depuis son comptoir, Khassdro Nomyque se précipite vers eux.)


Khassdro Nomyque : Kham Lott, vieux brigand ! Ça fait plaisir de te revoir ! Tu es venu pour la Foire ?


Kham Lott : Khassdro, toujours fidèle au poste ! Bien sûr que je suis venu pour la Foire ! Et cette fois, j’innove. (Après une virile accolade, il se retourne vers ses compagnons.) Les amis, je vous présente le meilleur empoisonneur de la ville, Khassdro Nomyque ! Khassdro, voici Khâa Lyne et Khar Esse, mes assistants.


Khassdro Nomyque : Tes assistants ? Depuis quand as-tu besoin d’assistance pour gruger ta clientèle ?


Kham Lott : Eh, c’est que… Disons qu’ils me sont indispensables pour les démonstrations de mes marchandises. Mais dis-moi plutôt, qu’est-ce qui se passe, en ville ? Elle est à moitié déserte, les gens sont complètement renfermés… Mes souvenirs étaient autrement joyeux et animés !



(Khassdro Nomyque paraît soudain très mal à l’aise. Après s’être assuré du regard qu’ils sont bien seuls dans la salle, il répond à voix basse.)


Khassdro Nomyque : Ça fait combien de temps qu’on ne t’a pas vu ? Cinq ans ? Les choses ont bien changées, depuis…


Kham Lott : Je le vois bien, mais que s’est-il passé ?


Khassdro Nomyque (après un soupir) : Bon, écoute, je compte sur ta discrétion, hein ? Et à vous aussi, les jeunes ! Il y a presque quatre ans, on ne sait trop comment ni pourquoi, une des nombreuses sectes qu’a de tous temps engendrées la ville, a commencé à gagner en influence. En moins de trois ans, ils ont renversé le Comte, pris le pouvoir, et imposé le NOM. Alors c’est sûr, depuis quelques temps, on rigole moins…’Y a bien eu quelques protestations – et même un début d’émeute – mais la répression sans pitié a calmé tout le monde.


Khâa Lyne : Le « nome » ?


Khassdro Nomyque : Le NOM, c’est le Nouvel Ordre Moral. Un ramassis de préceptes et commandements tous plus rétrogrades et intégristes les uns que les autres…



(Khâa Lyne et Khar Esse coulent un regard étrange vers leur patron.)


Khar Esse (hypocrite) : Dites donc, Kham, ça va nous poser des problèmes, avec ce qu’on a à vendre, non ?


Kham Lott : Hmmm… Dis-moi, Khassdro, tu… vis toujours de la même manière ?


Khassdro Nomyque (faussement offensé) : Tu veux parler de ma vie « sentimentale » ? Ben oui !


Kham Lott (en aparté à ses assistants) : Méfiez-vous, les enfants, notre ami à des goûts très éclectiques… Et un appétit d’ogre ! (Il se retourne vers son ami.) Et alors, Khassdro, tes mœurs dissolues ne choquent pas le NOM ?


Khassdro Nomyque : Évidemment que si ! Enfin, en théorie, parce qu’heureusement, pour l’instant, « ils » sont trop occupés à asseoir leur pouvoir au détriment des puissants, pour venir embêter un humble aubergiste. Mais pour être franc, je ne crois pas que ça va durer. Une bonne partie des lieux de débauche a déjà fermé, et plus personne n’ose manifester un tant soit peu publiquement ses « perversions », comme ils disent – alors évite de crier sur tous les toits les détails de ma vie sexuelle, s’il te plaît ! Pour tout te dire, j’envisage sérieusement de quitter la ville, si ça ne s’arrange pas !


Kham Lott (après un petit silence pensif) : Ah ! Bon, dans ce cas, on va quand même tenter le coup, en essayant juste de rester discrets, nous aussi… Dans la frénésie de la Foire, ça devrait passer.


Khassdro Nomyque : Mais qu’est ce que tu as à vendre, à la fin ?


Kham Lott (malicieux) : Tu n’as qu’à venir voir par toi-même demain ! Ça devrait te plaire, vieux pervers.


Khassdro Nomyque (rigolard) : Tu en dis trop, je vais finir par deviner ! Bon, assez parlé, je vous montre vos chambres.



(Il se dirige vers l’escalier menant à l’étage, quand il s’arrête soudain et se retourne vers ses hôtes.)


Khassdro Nomyque : Au fait, vous ne m’avez pas dis combien de chambres ?


Kham Lott (tentant sa chance) : Ben, je pense qu’une…


Khâa Lyne (l’interrompant sèchement) : Deux, ça sera parfait ! (En aparté, à Kham Lott) Vous aussi, vous n’êtes qu’un vieux voyeur pervers, patron !


Kham Lott (outragé) : Dis donc, je peux encore faire autre chose que regarder ! Je te montre quand tu veux…


Khassdro Nomyque (carrément hilare) : Deux chambres, donc ! Allez, venez, vous avez deux bonnes heures pour vous installer, avant le dîner.



(Ils sortent tous par l’escalier menant à l’étage.)





Acte I, scène 2



La salle commune d’une auberge, deux heures plus tard.


(Kham Lott, Khâa Lyne, Khar Esse, Khassdro Nomyque)



(La salle est déserte. Des bruits, halètements et gémissements non-équivoques se font entendre depuis l’étage. Quelques bruits de casseroles proviennent de la cuisine, puis s’interrompent.)


Voix de Khassdro Nomyque (depuis la cuisine, mi-maussade, mi-ironique) : Alors, ça y est ? La foule se presse dans mon humble établissement ?



(Khassdro Nomyque passe le tête par la porte de la cuisine.)


Khassdro Nomyque (lamentation théâtrale, comme s’il se répondait à lui-même) : Hélas, trois fois hélas… Je suis sûr que le désert des Soupirs est plus animé !



(Khassdro Nomyque se glisse derrière son comptoir, se nettoyant les mains dans son tablier.)


Khassdro Nomyque (toujours soliloquant) : Bah, comme d’habitude… Enfin,’y en a encore qui s’amusent bien ! Ça a l’air d’être quelque chose, à l’étage ! Tiens, je crois que j’en entends un qui descend…



(Kham Lott pénètre dans la salle par l’escalier, s’étire ostensiblement.)


Khassdro Nomyque : L’ours au sortir de l’hibernation ! Ça va, Kham, bien reposé ?


Kham Lott : Reposé ? Comment veux-tu que je me repose quand deux suppôts de la luxure se livrent à un sabbat endiablé à quelques pas de moi !’Faudra revoir l’isolation sonore de ta baraque, mon vieux…



(Khar Esse et Khâa Lyne débarquent de l’escalier sur ces derniers mots, encore essoufflés, la mise quelque peu en désordre. Ils se contentent d’un sourire en guise de réponse aux regards des deux hommes.)


Khar Esse (détournant la conversation) : Dites-moi, maître Nomyque, c’est toujours aussi calme à cette heure-ci ?


Khassdro Nomyque : Ça l’est, mais ça ne l’était pas ! Demande à Kham !


Kham Lott : Yep, il y a cinq ans, la salle aurait été quasiment comble à c’t’heure…


Khassdro Nomyque : Maintenant, si on a deux-trois clients dans la soirée – plus la douzaine d’indécrottables poivrots qui ne peuvent se passer de moi – c’est déjà une bonne journée !


Khâa Lyne : Mais avec la foire, tous les marchands…


Khassdro Nomyque : Tu en as vu beaucoup, des marchands, en venant ?


Khar Esse : Maintenant que vous le dites, c’est vrai,’y avait pas grand trafic sur la route…


Khassdro Nomyque : Ben oui, l’année dernière déjà il y avait moins de monde – et cette année s’annonce carrément catastrophique ! Plus personne ne veut se risquer dans cette ville de fou…





Acte I, scène 3



La salle commune d’une auberge, même heure.


(Kham Lott, Khâa Lyne, Khar Esse, Khassdro Nomyque, Khasse Pyer)



(Un homme richement habillé pénètre dans la salle par la porte donnant sur la rue.)


Khasse Pyer : Holà, Frère aubergiste ! Qu’as-tu à proposer à un humble Aspirant en cette Très Sainte soirée ?


Khassdro Nomyque (murmurant à l’oreille de ses amis) : Fini de rire, maintenant il faut faire le clown… Faites comme nous, vous verrez, ce n’est pas sorcier !



(Khassdro Nomyque se précipite au-devant de ce précieux client, toute dévote onctuosité dehors.)


Khassdro Nomyque : Bienvenue en mon insignifiant établissement, Frère Pyer. En ce jour béni par l’Intègre – loué soit-Il ! – j’ai humblement et sous Son aile bienveillante cuisiné un ragoût de mouton aux poids chiches, avec carottes, radis noirs et feuilles de choux. Je puis également vous proposer quelques juteux canards farcis barbotant dans un ru de riz…


Khasse Pyer (l’interrompant) : Je prendrai du ragoût de mouton, mais sans radis noirs ni choux. Et tu me serviras également un peu de riz imprégné de jus de canard !


Khassdro Nomyque (ravalant sa contrariété) : Bien Messire Khasse Pyer ! Je vous apporte cela très vite. Loué soit l’Unique !


Khasse Pyer : Loué soit l’Unique !



(Khassdro Nomyque revient vers ses amis.)


Khassdro Nomyque : Mais asseyez-vous, mes Très Saints amis ! (Il baisse la voix.) Vous avez compris le topo ? Surtout, n’oubliez pas le « frère » (ou le « sœur »), et la dernière phrase qui doit conclure toutes les conversations ! Le reste n’est que fioritures pour se faire bien voir… (De nouveau à haute voix.) Alors, nous disons donc, un canard et deux parts de ragoût ! Je m’en occupe de suite. Loué soit l’Unique !


Kham Lott, Khâa Lyne et Khar Esse (en chœur) : Loué soit l’Unique !



(Khassdro Nomyque disparaît vers la cuisine, pendant que les trois étrangers échangent un long regard consterné.)



Rideau





Acte II, Scène 1



Le lendemain, en fin de matinée.


L’intérieur d’une grande tente. Une estrade en occupe une bonne partie, coupée en deux par un rideau (qui cache cette zone du reste de la tente sans la dissimuler au public). Un étal longe le fond de l’espace public, exposant les marchandises.


(Kham Lott, Khâa Lyne, Khar Esse)



Voix de Kham Lott (faisant le bateleur dans la rue, devant la tente) : Oyez, oyez, Frères et Sœurs ! Venez découvrir mes Divines marchandises. Initiez-vous à des plaisirs dignes de l’Unique…



(Ses deux assistants sont dans la partie privée de la tente, derrière le rideau, tous deux habillés de grands peignoirs.)


Khâa Lyne : Il s’en donne de la peine, ce vieux Kham ! On jurerait qu’il a fait ça toute sa vie…


Khar Esse : Peut-être, mais pour l’instant, on n’a pas eu grand monde…


Khâa Lyne : Ne t’inquiètes pas, va ! Tu sais bien que selon lui, quatre ou cinq clients devraient largement suffire pour ferrer le poisson.


Khar Esse : Ouais… Enfin, on verra bien. Et toi, tout va bien ?


Khâa Lyne : Bien sûr ! Tu sais comme j’adore nous exhiber ! Chut, je crois qu’il a réussi à en harponner d’autres…





Acte II, Scène 2



Toujours dans la tente.


(Kham Lott, Khâa Lyne, Khar Esse, Khapre Icieuse, Khasse Pyer)



(Pendant toute la scène, Khâa Lyne et Khar Esse « jouent » l’un avec l’autre, respectant difficilement le plus grand silence…)


(Kham Lott pénètre dans la tente, suivi des deux curieux qu’il a réussi à intriguer.)


Kham Lott : Entrez, entrez, n’ayez pas peur ! Frère Pyer, nous nous sommes déjà croisé en cette soirée d’hier placée à n’en pas douter sous le signe de l’Intègre !


Khasse Pyer (assez sec) : Certes, certes… Mais, Aspirant… Lott, ne nous faites pas perdre notre temps, montrez nous vite ces merveilles promises. Sœur Khapre Icieuse et moi n’avons pas que ça à faire !


Kham Lott (onctueux) : Mais bien sûr ! Tenez, regardez donc cette magnifique collection…


Khasse Pyer (sceptique) : C’est ça, vos délices divins ? On dirait des manches d’outils un peu bizarre, mais sans aucun outil au bout…’Y a même des espèces de harnais…’Comprends pas.



(Khapre Icieuse glousse, visiblement partagée entre amusement et gêne. Kham Lott ne lui laisse pas le temps d’éclairer son compagnon.)


Kham Lott : Eh bien, en quelque sorte, ces manches sont par eux-mêmes les outils. Je ne sais si votre ignorance est signe de grande piété… ou d’innommable ingénuité ! Mais fort heureusement, j’ai prévu ce problème, et puis vous proposer une démonstration qui pourrait vous être utile à tous deux…



(À ces mots, de l’autre côté du rideau, Khâa Lyne et Khar Esse se sourient, avant de se munir du nécessaire pour mener à bien cette démonstration.)


Khapre Icieuse (soudain inquiète) : Que voulez-vous dire ?





Acte II, Scène 3



Toujours dans la tente.


(Kham Lott, Khâa Lyne, Khar Esse, Khapre Icieuse, Khasse Pyer, Khassdro Nomyque)



(Khassdro Nomyque pénètre juste à ce moment dans la tente.)


Khassdro Nomyque : Allons, Aspirante Icieuse, tout le quartier est au courant de votre relation avec frère Khasse Pyer, sauf peut-être vos conjoints respectifs…


Khapre Icieuse (choquée) : Oh ! Comment osez-vous, graine d’Infidèle ?


Kham Lott (essayant de désamorcer la situation) : Vous n’êtes pas suffisamment discrets, voilà tout… Même moi, je l’avais deviné ! (En aparté à son ami.) Félicitation pour ton tact, Khassdro. (Revenant à ses clients.) Allons, mes très pieux amis, ne nous querellons pas, l’Unique en serait fâché. Ne voulez-vous pas de cette instructive démonstration ?


Khasse Pyer (après un long regard échangé avec sa compagne) : Soit, que la volonté de l’Unique soit faite ! Loué soit-il !


Khassdro Nomyque, Kham Lott, Khapre Icieuse (en chœur) : Loué soit l’Unique !



(Khâa Lyne et Khar Esse franchissent le rideau, apparaissant à leur public toujours habillés de leurs peignoirs. Kham Lott assure le commentaire.)


Kham Lott (grandiloquent) : Gente Dame et Doux Sires, vous allez assister au miracle du plaisir, et ceci grâce à mes modestes marchandises qui, je le proclame sans fausse modestie ni pâle hypocrisie, n’ont pas leurs pareilles de par le vaste Monde pour vous mener au naufrage des inhibitions, à la déroute des interdits, au chavirement des sens, aux tsunamis de l’orgasme, en un mot : au Paradis ! (revenant à un ton un peu plus naturel) Sachez, frère Khasse Pyer, que l’objet de vos interrogations antérieures est un godemiché. Nos jeunes amis ici-présents vont vous en illustrer les usages…



(Pendant sa tirade, Khar Esse a allongé sur le dos sa compagne, avant de défaire la ceinture de son peignoir – Khâa Lyne lui rend aussitôt la pareille. Les pans s’écartent, révélant leurs corps huilés totalement dépourvus de pilosité. Ils s’embrassent profondément, laissant leurs mains à nouveau libres de jouer comme elles l’entendent, avant que Khar ne descende dans le cou de la jeune fille, puis sur son buste, pour finalement atteindre le creux de ses cuisses.)


Kham Lott : Sachez, mes très chers sœurs-et-frères, que tous mes produits n’ont quasiment qu’un seul pré-requis à leur utilisation : un état d’esprit approprié ! Si vous n’en éprouvez point l’envie, inutile d’en faire l’usage, cela ne marchera jamais… Mais notre chère Khâa ne semble pas souffrir de ce problème, car déjà son chevalier servant l’estime prête à goûter aux délices de mon modèle phare : Pulsions Intimes ! Cet objet unique, fleuron de l’inventivité humaine – guidée sans nul doute par l’auguste main de l’Unique – non content d’être un magnifique godemiché du cuir le plus doux et de bois précieux serti de magnifiques opales noires, non content de disposer du réservoir à liqueur jaillissant au sommet de la félicité, non content, en un mot, d’offrir le meilleur, il en propose encore plus ! Approchez, mes amis, approchez, venez contempler de vos yeux ébaubis cette merveille…



(Si Khassdro Nomyque n’a pas attendu cette invite pour profiter du spectacle au plus près, Khapre Icieuse et Khasse Pyer s’avancent comme des automates, totalement ébahis, incrédules, incapables de réagir…)


Khapre Icieuse : Mais… Ça bouge ?


Kham Lott (triomphant) : Bravo ! Ma Dame a trouvé ! Eh oui, mes amis, ce godemiché est le premier à bouger tout seul ! Un astucieux mécanisme à ressort lui permet, au choix, de vibrer doucement sur vos chairs les plus sensibles, ou d’onduler aux tréfonds de vos entrailles… Mais chut ! Regardez, contemplez, admirez le divin plaisir de notre amie…



(Après quelques temps de religieux silence, où seuls les halètements et gémissements de la jeune fille se font entendre, Kham Lott reprend la parole.)


Kham Lott : Bien entendu, sœur Icieuse, avec cet objet, vous n’êtes pas obligée de vous faire assister dans ces savoureuses activités par quiconque – même si de mon point de vue, c’est un plaisir bien plus agréable lorsqu’il est partagé…


Khassdro Nomyque : Dis donc, Kham, ne me dit pas que ce modèle est réservé aux féminins félins ?


Kham Lott : Que nenni, en aucun cas ! Khâa, Khar, vous voulez bien nous montrer comment filles et garçons peuvent également en tirer parti ?


Khar Esse (avec un grand sourire) : Bien sûr !


Khâa Lyne (avec un soupçon de déception) : Bon, chacun son tour, j’imagine…


Kham Lott : Tant qu’à faire, Khâa, tu le feras aussi décharger, d’accord ?


Khâa Lyne (avec un petit sourire vicieux) : Mais certainement…



(Khâa Lyne ôte complètement le peignoir de son compagnon, qui se place à quatre pattes pendant qu’elle finit de se dévêtir. Elle commence alors à lui masser les fesses avec l’huile parfumée, s’égarant parfois vers sa virilité, au mieux de sa forme depuis un moment déjà. Doucement, elle se rapproche de son œillet intime, alternant coups de langue et attouchements digitaux, jusqu’à ce qu’il se détende et absorbe ses doigts un à un. Lorsque trois d’entre eux y pénètrent sans peine, elle se saisit du godemiché mouvant et l’enfonce d’un seul et profond mouvement dans le fondement de son partenaire, qui n’en peut plus de gémir… toujours sous les commentaires de leur patron !)


Kham Lott : Tout comme pour l’organe masculin, l’usage d’un godemiché réclame une bonne lubrification ! Si l’antre féminin, convenablement attisé, pourvoit naturellement à cette nécessité, une préparation soigneuse – et huileuse – est indispensable pour l’étroit fourreau commun à tous les sexes… Observez comme il se relâche petit à petit… Entendez notre ami gémir à l’introduction de cet objet divin !



(Après quelques instants, Khâa Lyne, tout en le retirant, déclenche le mécanisme d’éjaculation du godemiché. Khar Esse se retrouve le derrière en l’air, bien ouvert, dégorgeant quelques filets d’un fluide blanc et poisseux dont les dernières giclées ont marbré ses fesses et son dos.)


Kham Lott : N’est-il pas magnifique ainsi ? Et vous aurez remarqué la puissance et la grande capacité du réservoir ! Je m’empresse de préciser qu’il s’agit là d’un autre de mes produits, un substitut à la liqueur masculine, disponible en plusieurs parfums, vanille, fraise, framboise… Mais bien entendu, tout fluide fonctionne, par exemple de la crème de lait ou de l’huile d’amande douce…


Khasse Pyer (semblant enfin recouvrer l’usage de la parole) : Mais… mais quel besoin d’artifices ? Le corps humain tel que créé par l’Unique, ne suffit-il pas ? Khapre et moi-même nous satisfaisons pleinement de nos corps, point n’est besoin de vos « godemichés », là !


Khapre Icieuse : Pleinement, pleinement… Et si moi, je voulais te voir goûter aux mêmes plaisirs que ce jeune homme, hein ?


Khasse Pyer (outré) : Tu n’y penses pas !


Khapre Icieuse : Je n’y pense pas, je le veux ! Tu vas nous en acheter un tout de suite !


Kham Lott (amusé) : Ce que femme veut… Et, frère Pyer, pourquoi dénier à l’être humain l’usage d’outils dans la recherche du plaisir, quand l’outil est une des caractéristiques essentielles qui l’éloigne de l’animal pour le rapprocher de l’Intègre ? Mais foin de philosophie théologique, refaites donc le tour de mes étals, laissez l’inspiration guider vos choix… Et si quelque chose vous intrigue, n’hésitez pas à demander des explications ou une démonstration…



(Khassdro Nomyque, une fois de plus, n’a pas attendu ce conseil et, pendant la discussion, il a fait le tour de la tente. Il revient bientôt avec dans les mains un ensemble de lanières et cordelettes ornées de moult petits bijoux. De leur côté, les deux démonstrateurs sont retournés du côté « privé » du rideau où, après une rapide toilette, ils ont revêtu à nouveau leur peignoir.)





Acte II, Scène 4



Toujours dans la tente.


(Kham Lott, Khâa Lyne, Khar Esse, Khapre Icieuse, Khasse Pyer, Khassdro Nomyque, Khaffka Hyène, Khache Ô)



Khassdro Nomyque : Dis-moi, frère Kham, tes délicieux amis pourraient-ils nous faire la démonstration de ceci ?


Kham Lott (après avoir d’un coup d’œil déterminé la nature de l’objet) : Mais certainement, je ne crois pas que cela leur pose problème… Qui veux-tu ainsi voir… enguirlandé ?


Khassdro Nomyque : Ben, les deux, en fait !


Kham Lott (hésitant) : C’est que… Il faut une troisième personne, dans ce cas…


Khassdro Nomyque : Mais je suis volontaire !


Kham Lott : Tu m’étonnes ! Mais ça ne fait pas partie de leur contrat. Khâa, Khar, qu’en pensez-vous ?



(Les deux jeunes gens se regardent quelques instants, avant de revenir sur l’estrade pour porter leurs regards sur l’aubergiste.)


Khâa Lyne : Il faut s’y connaître, pour utiliser correctement ce genre de chose…


Kham Lott : Sur ce plan, je pense que vous n’avez rien à craindre ! D’après mes souvenirs, Khassdro est un expert à ces jeux, ses partenaires ne se sont jamais plaints…


Khar Esse (après une nouvelle hésitation) : D’accord, on essaye – mais on arrête tout de suite s’il y a un problème !


Khassdro Nomyque : C’est bien évidemment la règle numéro un.



(Khassdro Nomyque monte sur l’estrade et commence à démêler ses affaires, alors que ses futurs partenaires quittent derechef leurs habits. Soudain, des éclats de voix retentissent à l’extérieur.)


Khaffka Hyène (pénétrant sous la tente) : Par l’Unique, c’était donc vrai ! La souillure du vice et de la dépravation encore et toujours revient avilir notre bonne ville ! Garde, saisissez-vous de ces abominables Mécréants !



(Khache Ô reste médusé devant le spectacle qu’il découvre. Khasse Pyer et Khapre Icieuse se sont évanouis sous l’émotion. Mettant à profit ce répit, Kham Lott se tourne vers ses amis sur l’estrade.)


Kham Lott : Filez, vous savez ce que vous avez à faire – et je pense que vous pourrez compter sur Khassdro pour vous donner un coup de main.


Khâa Lyne : Vous êtes sûr de vos infos ?


Kham Lott : Totalement, mais ne perdez pas de temps. Et emmenez nos deux âmes sensibles, tant que vous y êtes !



(L’aubergiste et les deux jeunes gens disparaissent derrière le rideau, portant les deux clients inconscients, et s’enfuient par une corde associée à un système de contrepoids. Du haut de sa hautaine indifférence, Khaffka Hyène réalise soudain que son séide n’a pas bougé alors que ses proies tentent de prendre la poudre d’escampette.)


Khaffka Hyène (malmenant Khache Ô) : Toi aussi, tu cèdes à la corruption, lamentable asticot ? Tu mériterais le fouet, pour te ramener dans les voies de l’Intègre ! (À l’adresse des fuyards, à la suite desquels se précipite Khache Ô, qui manque de se faire assommer par le contrepoids.) Inutile de courir, la tente est cernée !


Kham Lott (très calme) : On peut savoir ce que nous vaut cette intempestive intrusion, sœur… sœur ?


Khaffka Hyène : Silence, chien ! Je suis Khaffka Hyène, Grande Inquisitrice du Nouvel Ordre Moral, et au nom de Khathé Gorik, Sérénissime Ambassadeur de l’Unique, Chantre de l’Intègre et Sublime Sectateur de l’Énigmatique sur cette terre d’obscurantisme, je t’arrête pour Incitation à la Luxure, Exposition au Vice, Obscénité, Dépravation, Fornication, Insubordination, Subordination…


Kham Lott (l’interrompant) : ’Faudrait savoir, c’est « insubordination » ou « subordination » ?


Khaffka Hyène : La ferme ! Khache Ô, bâillonnez-moi ça !


Khache Ô : Oui, Grande Inquisitrice ! À propos, Grande Inquisitrice, j’ai bien peur que les autres ne nous aient échappé… Y s’sont envolé sous mes yeux.


Khaffka Hyène (hurlant) : Quoi ? (Elle fait un effort manifeste pour se contrôler.) Tu sais, méprisable vers de terre, que l’Unique ne montre aucune pitié envers les larves de ton espèce ?


Khache Ô (tremblant) : Oui…


Khaffka Hyène (froide comme la mort) : Je crois que quelques heures en compagnie du Fléau de l’Unique te feraient le plus grand bien…


Khache Ô (terrifié) : Mais… Mais, ô Grande Inquisitrice, le Fléau de l’Unique, c’est… c’est moi…


Khaffka Hyène : Qu’à cela ne tienne, tu te tiendras compagnie ! Cela devrait être dans tes cordes, non ?


Khache Ô (anéanti) : Qu-que la volonté de l’Unique soit faites !



(Ils sortent tous de la tente. On entend encore Khaffka Hyène au dehors donner ses ordres.)


Voix de Khaffka Hyène : Interdiction formelle de pénétrer dans cette antre du Démon ! Je vais vous envoyez quelques Grands Frères, qui sauront comment purifier les lieux de cette infâme souillure.



Rideau





Acte III, Scène 1



Un peu plus tard, dans la même journée.


L’intérieur d’une pièce richement meublée et décorée, très « cosy ». Le fond en est fermé par une tenture. Une porte de cachot s’ouvre côté jardin.


(Kham Lott, Khaffka Hyène, Khache Ô, Khathé Gorik)



(On entend divers grincements et cliquetis métalliques – avec force réverbération –, puis la porte de la pièce s’ouvre, livrant passage à Khaffka Hyène, Kham Lott les bras entravés et surveillé par Khache Ô.)


Khaffka Hyène : C’est bon, garde, vous pouvez nous laisser, le Sérénissime Ambassadeur de l’Unique, Chantre de l’Intègre et Sublime Sectateur de l’Énigmatique et moi devons interroger ce suppôt des noires ténèbres de l’Ombre. Et vous avez rendez-vous avec vous-même, je crois…


Khache Ô (pleurnichant) : Pitié, ô Grande Inquisitrice. Il n’y a pas dans cette vallée de larme plus cruel que moi !


Khaffka Hyène (sarcastique) : Je n’en doute pas ! Pourquoi crois-tu que j’ai fait de toi le Fléau de l’Unique ? Allez, exécution !



(Le garde-bourreau se retire à reculons, dépité, et referme la porte, que Khaffka Hyène verrouille aussitôt. Bientôt, de lointains et étouffés hurlements de douleur retentissent…)


Khaffka Hyène : Et maintenant que nous sommes tranquilles, je vais pouvoir vous présenter au Sublime Ambassadeur de l’Uni…


Kham Lott (la coupant effrontément) : SAUCISSE, ça serait pas plus simple ?


Khaffka Hyène : Tout à fait ! D’ailleurs, c’est comme ça que je l’appelle – en privé uniquement, bien évidemment !



(Ce disant, elle ouvre le rideau du fond, révélant l’autre moitié de la salle – un donjon SM suréquipé, au milieu duquel trône Khathé Gorik, harnaché, entravé de cuir noir, rendu muet par un bâillon boule…)


Kham Lott : Quel réjouissant spectacle… (Il se dirige, accompagné par son « hôtesse », vers Khathé Gorik.) Le supplice du pal, n’est-ce pas ?


Khaffka Hyène : Eh oui ! À demi accroupi, emmanché sur un interminable godemiché, les hanches ancrées au sol pour l’empêcher de se redresser, et quelques orties et ronces pour le dissuader de se reposer sur la barre d’arrêt… Un classique qui nous donne toujours beaucoup de plaisir… Je l’ai préparé juste avant d’aller vous chercher, ça fait presque deux heures, il doit commencer à déguster sérieusement.



(Elle commence à martyriser délicatement Khathé Gorik, tout en continuant à discuter avec Kham Lott.)


Kham Lott : Il est vraiment maso à ce point là ?


Khaffka Hyène : Oh, vous n’avez pas idée ! C’est une perle, c’est tellement rare, les vrais masochistes… C’est pour ça que je veille sur lui comme sur la prunelle de mes yeux, je ne tiens pas à le perdre ! Quand je me sens d’humeur réellement sadique, je demande plutôt à Khache Ô de me faire une démonstration de son art sur quelque mécréant, ça me calme… Ceux-là, on en a à revendre, on peut y aller sans compter !


Kham Lott (complètement dégoûté) : Bon, d’accord, le grand prêtre local est maso, et – moins original – son inquisitrice est une sadique pure et dure. Tout ça ne me dit pas pourquoi vous avez manigancé toute cette farce. Si vous vouliez torturer des êtres humains, il vous suffisait de vous faire bourrelle,’y a toujours de la demande. Et vous seriez plus tranquilles !


Khaffka Hyène (s’échauffant) : Mais vous ne comprenez pas ! Je ne dédaigne pas la simple douleur physique, mais le sang, la viande – sans parler de tous ces fluides et matières immondes que peut produire la chair en souffrance… Pouah ! Non, ce sont des amuse-gueule fort stimulants, mais en rien comparables au plaisir de soumettre une ville entière, de la régenter pour la priver de tout plaisir, de toute joie de vivre… Voire de toute vie, au moins au sens figuré. Et, cerise sur le gâteau, de faire de mon petit chien leur maître à penser, le recteur de leur conscience… Aaaah ! Vous n’avez pas idée de la jouissance que me procure chaque jour cette mascarade ! Quand je vois toutes ces larves se mettre à plat-ventre devant ma SAUCISSE à patte, soi-disant incarnation de la pureté et de la rectitude, alors que sous sa flamboyante tenue de cérémonie, il se balade avec un braquemart d’acier de six ou sept centimètres de diamètre, carré dans le rectum, ses fesses encore écarlates des volées de martinet que je viens de lui donner après avoir glissé un écarteur très fortement lesté dans sa queue et tiré par une courte mais lourde chaîne les anneaux de ses tétons l’un vers l’autre…



(Khaffka Hyène, complètement partie, est bien obligée de faire une pose le temps de reprendre sa respiration…)


Kham Lott (au delà de l’écœurement) : Splendide ! Et moi, qu’est-ce que je viens faire dans le tableau ? Pourquoi me raconter tout ça ?


Khaffka Hyène (tirée de son excitation pathologique) : Toi ? Euh, Vous ? Eh bien, en temps normal, vous iriez grossir mon stock de mécréants ! Seulement, j’ai comme qui dirait des petits problèmes d’approvisionnement, ces derniers temps – pas en mécréants, non… Voyez-vous, je consomme énormément de gadgets – mon petit chéri adorrrrre les nouveaux jouets ! – et… disons que le seul spécialiste de la ville s’étant montré trop gourmand, il a fait connaissance avec le Fléau de l’Unique. Après… (Elle semble soudain se rappeler de quelque chose.) Ciel ! J’avais oublié cet abruti ! (Elle hurle en direction de la porte.) Khache Ô ! Ça suffira ! Je crois que l’Intègre vous a pardonné vos manquements ! (De nouveau à Kham Lott.) Ce crétin serait capable de se torturer à mort, et ce serait dommage, un si grand artiste, vous ne trouvez pas ?


Kham Lott : Je crains que ma conception de l’art ne coïncide pas tout à fait avec la vôtre…


Voix de Khache Ô, derrière la porte : C’est vrai, ô Grande Inquisitrice ? Ma pénitence est achevée ?


Khaffka Hyène : Mais oui, mais oui, allez en paix…


Voix de Khache Ô : Loué soit l’Unique !


Khaffka Hyène (grognant) : C’est ça, loué soit l’unique… (Elle se tourne vers Khathé Gorik.) Et toi aussi, pauvre biquet, il est temps de te libérer…’Faut bien varier un peu les plaisirs ! Là, je t’enlève déjà ton bâillon, dis bonjour à notre hôte…


Khathé Gorik (gémissant) : Oui maîtresse. Merci maîtresse. Salut à vous, très pieux Kham Lott…



(Celui-ci ne lui répond que d’un vague signe de tête. Tout en libérant son petit chien du simulacre de pal, Khaffka Hyène reprend à l’intention de son interlocuteur.)


Khaffka Hyène : Où en étais-je ?


Kham Lott : Vous aviez des problèmes d’approvisionnement…


Khaffka Hyène : Ah, oui ! Donc, après la regrettable indisponibilité définitive du petit artisanat local, je me suis tourné vers le commerce international, et plus précisément un intermédiaire que je croyais de confiance. Hélas, trois fois hélas, cet abominable avorton a lui aussi essayé de me faire chanter – je vous laisse deviner sa fin…



(En même temps, elle ne laisse pas souffler son jouet, le repositionnant cette fois-ci sur le dos, à même le sol, les genoux ramenés aux épaules par des cordages…)


Kham Lott (imperturbable) : Et donc ?


Khaffka Hyène : Et donc, vous arrivez en ville avec un plein chargement de tout un tas de ces charmantes petites choses qui me font tant défaut depuis quelques temps, et vous essayez à mon nez et à la barbe que je n’ai pas de les fourguer à la populace, alors que je fais tout mon possible pour éloigner ces agneaux innocents du gouffre ignoble du stupre et de la dépravation. Normalement, je vous confierais aux bons soins de Khache Ô, mais si vous savez rester discret et raisonnable…


Kham Lott : Qualités indispensables dans mon métier !


Khaffka Hyène : Eh bien, vous pourriez devenir notre fournisseur attitré – officieusement, bien évidemment !


Kham Lott : Cela semble une alternative des plus intéressantes à votre Fléau, là…





Acte III, Scène 2



Mêmes lieux, même heure.


(Kham Lott, Khaffka Hyène, Khache Ô, Khathé Gorik)



Voix de Khache Ô (derrière la porte) : Grande Inquisitrice ! Grande Inquisitrice !


Khaffka Hyène (grognant) : Quand on parle du loup…



(Avec un soupir, Khaffka Hyène remet rapidement en place la tenture cachant son masochiste préféré, avant de déverrouiller la porte. Le garde entre, affolé et essoufflé – et couvert de pansements en tous genres !)


Khaffka Hyène : Eh bien, Fléau de l’Unique, que t’arrive-t-il ?


Khache Ô : Hélas, Grande Inquisitrice, une nouvelle émeute de misérables mécréants…


Khaffka Hyène : Ça les reprend ? Qu’à cela ne tienne, fais donner les Forces de l’Ordre, comme d’habitude ! Et essaye de me ramener un ou deux meneurs cette fois-ci ! Quelques exemples les calmeront pour un moment…


Khache Ô : Bien madame ! Loué soit l’Unique ! (Il sort.)


Khaffka Hyène (en reverrouillant la porte et écartant de nouveau la tenture) : Loué soit l’Unique ! (à Kham Lott) Bon, officiellement, vous vous êtes repenti avec tant de sincérité que cela à touché le cœur de notre SAUCISSE… Nouveau Fanatique du NOM, vous avez décidé de vous faire missionnaire et de porter la parole de l’Intègre aux malheureux pêcheurs du vaste monde… Évidemment, vos deux comparses seront mes « invités » – dès qu’on aura mis la main sur eux – et garants de votre bonne conduite. Nous sommes d’accord ?


Kham Lott (soupirant) : Ai-je vraiment le choix ? Oui, je suis d’accord, tant que vous n’hébergez pas mes amis dans vos geôles.


Khaffka Hyène : Parfait ! Et maintenant, en attendant que ces imbéciles dehors aient vidé la place, que diriez-vous d’une petite démonstration des capacités d’endurance de ce cher Khathé ?


Kham Lott (peu enthousiaste) : Euh, moi, le SM, vous savez…


Khaffka Hyène (très chatte) : Allez, pour me faire plaisir… C’est si rare, que je puisse officier devant un public, maintenant.


Kham Lott : Bon, si vous insistez.



(Il s’installe confortablement, pendant que Khaffka Hyène, tout sourire, rassemble quelques ustensiles : cierge, glaçons tirés d’un pain de glace…)


Khaffka Hyène : Malheureusement, à force de le recouvrir de cire de bougie, il est intégralement épilé, ça enlève un peu d’intérêt à cette pratique – mais’y a quand même moyen de s’amuser… Tenez, il a encore le cul bien trop ouvert, je risquerais d’y faire tomber de la cire chaude, ce qui n’est pas conseillé. Donc, je vais d’abord le lui remplir avec ces glaçons… Voilà ! Qu’est-ce qu’on dit, petit chien ?


Khaté Gorik (gémissant) : Merci Maîtresse ! Encore, Maîtresse ! C’est bon…


Voix de Khache Ô (à travers la porte, essoufflé) : Grande Inquisitrice ! Grande Inquisitrice !



(Levant les yeux au ciel, celle-ci rabat de nouveau la tenture avant d’ouvrir la porte.)


Khaffka Hyène (excédée) : Quoi encore, méprisable vermisseau ?


Khache Ô : Heu… Nous avons chassé les émeutiers de la place…


Khaffka Hyène : Eh bien, c’est parfait ! Combien de dégâts collatéraux ? Vous avez capturé des meneurs ?


Khache Ô : C’est que… Ils ont tout de suite battu en retraite, cette fois, on n’a même pas pu en tuer un. Et ils restent maintenant aux abords de la place, juste hors de notre portée, bloquant toujours tous les accès et hurlant des… des insanités…


Khaffka Hyène : Alors poursuivez-les, jusque dans les chiottes si besoin est ! Il faut tout vous dire !


Khache Ô : Mais, Grande Inquis…


Khaffka Hyène : Ça suffit, maintenant, j’ai des tâches bien plus élevées à effectuer au service de l’Unique, qui ne saurait souffrir ces jean-foutre. Débarrassez-m’en, un point c’est tout !


Khache Ô : À vos ordres, Grande Inquisitrice ! Loué soit l’Unique !



(Pour toute réponse, la GI lui claque la lourde porte au nez avec humeur.)


Khaffka Hyène : Plus moyen de travailler tranquillement cinq minutes ! (Elle respire un bon coup.) C’est qu’il me faut du calme, moi, pour officier… Bien, retour à la bougie. Je vais commencer par les cuisses, la peau y est raisonnablement sensible, c’est parfait comme échauffement.



(Après avoir allumé son cierge à l’une des torches aux murs, elle parsème l’épiderme de son masochiste préféré de cire fondue.)


Khaffka Hyène (très didactique) : Le délicat, c’est d’ajuster la hauteur pour que la température au moment de l’impact soit juste à la limite de la brûlure… À propos, très cher Kham Lott, ce sera un article qu’il va falloir me procurer de toute urgence ! Mon stock est presque épuisé, et ce sont des cierges très particuliers…


Kham Lott : Oui, je connais, je dois avoir un ou deux fournisseurs capables de m’en procurer…


Khaffka Hyène : Excellent ! Et maintenant, je vais passer au-dessous de ses pieds, vous allez voir, il est très sensible par là, il va se tortiller comme un ver… Hmmmmm…


Kham Lott : Oserais-je dire que c’est le pied ?


Khaffka Hyène (magnanime) : Osez, osez… Allez, il est temps d’en finir ! Je vais te glacer tes petites noix à la cire, ma SAUCISSE chérie, tu vas déguster !



(Elle lui « glace » également le périnée et le pourtour de l’anus, avant d’y enficher le reste du cierge.)


Khaffka Hyène (se reculant pour admirer son œuvre) : Ahhh ! Il est parfait comme ça ! (Elle se tourne vers son hôte, se passe la langue sur les lèvres.) Hmmm… Normalement, à ce stade, je m’agenouille au-dessus de son visage pour qu’il me lèche, puis juste sous ses yeux, je m’introduis un ou deux des godemichés de ma collection – bien obligée, vu que cette lopette ne tiens même pas trente secondes… Mais…


Kham Lott (imperturbable) : Oui ?


Khaffka Hyène (soudain déchaînée) : Baisez-moi ! Baise-moi au-dessus de lui, empale-moi si tu préfères, fais de moi ce que tu veux, mais fourre-moi, vite !


Kham Lott (toujours très calme) : Mais certainement, vos désirs sont des ordres… (Tout en défaisant ses chausses, il change soudain complètement de ton.) Tu en voulais, tu vas en avoir ! À genoux, salope !



(Il relève le bas de sa robe – sous laquelle elle est nue – sur ses hanches, déchire sauvagement son corsage pour libérer sa poitrine.)


Khaffka Hyène : Oh oui ! Vas-y, fais de moi ce que tu veux, je suis ton jouet, ta chose, ta putain !


Kham Lott : Retiens ta robe avec tes mains, expose bien ton cul de catin, et rampe au-dessus de ton partenaire, chienne ! Il va te lécher pendant que je te fourrerai la chatte !



(Suivent quelques minutes de « gymnastique » ponctuées de force gémissements, ahanements et autre coprolalie…)


Kham Lott (d’une voix hachée) : Branle la queue de ton petit chien, salope, lui aussi a droit à son plaisir…



(Ils s’effondrent tous trois sous l’orgasme, Khaffka Hyène soufflant le cierge au passage.)





Acte III, Scène 3



Mêmes lieux, même heure.


(Kham Lott, Khaffka Hyène, Khache Ô, Khathé Gorik, Khâa Lyne, Khar Esse, Khassdro Nomyque, Khapre Icieuse, Khasse Pyer)



(Kham Lott s’est déjà rajusté, alors que les deux autres sont toujours entremêlés, couverts de sueur et de foutres. Un grand chambard se fait entendre de l’autre côté de la porte, que s’empresse d’ouvrir Kham Lott. Entrent Khassdro Nomyque poussant devant lui un Khache Ô ligoté, suivis par Khar Esse et Khâa Lyne.)


Kham Lott : Entrez, mes amis, entrez, que je vous présente nos parangons de vertu, la Grande Inquisitrice et le Sérénissime Ambassadeur de l’Unique, Chantre de l’Intègre et Sublime Sectateur de l’Énigmatique en personne !



(Ils en restent tous sans voix un instant, puis Khassdro Nomyque éclate de rire.)


Khassdro Nomyque : Ha Ha Ha ! J’y crois pas ! Ho Ho Ho ! C’est énorme ! Hu Hu Hu !



(Il n’arrive plus à s’arrêter. Khar Esse s’empresse d’entraver Khaffka Hyène et Khathé Gorik, encore sous le choc.)


Kham Lott (à Khâa Lyne) : Tout s’est passé comme prévu ?


Khâa Lyne : Bah oui, dès qu’on a expliqué à maître Nomyque que nous étions en réalité des agents du Roi tentant de rétablir en douceur la situation, avant l’intervention de son armée, il nous a prêté son concours… Pendant qu’il rameutait un maximum de gens, on s’occupait de former les groupes de capture et, dès que ces idiots des Forces de l’Ordre ont commencé à se séparer pour nous poursuivre dans la ville, ç’a été un jeu d’enfant de les attraper avec les grands filets dissimulés au milieu de nos marchandises plus… frivoles.


Khaffka Hyène (dans une rage froide) : Alors, vous êtes un agent du Roi…


Kham Lott : Eh oui, ma belle ! Et on peut dire que par mon intermédiaire, il vient de te baiser bien profond ! Tout compte fait, tu aurais mieux fait de céder aux exigences de ton précédent fournisseur – le malheureux avait pris ses précautions, ce qui m’a permis de suggérer à Sa Majesté une approche… originale à ce problème.


Khaffka Hyène : Mais cette ville est un insignifiant trou perdu ! J’étais certaine qu’il ne s’en ficherait complètement !


Kham Lott : De toi-z-à moi, il ne s’en serait jamais occupé… si tu n’avais pas chassé le comte et sa femme de façon aussi humiliante ! Les faire courir nus à quatre pattes à travers toute la ville à coups de fouet… tu n’y es pas allée de main morte ! En plus, c’était l’arrière-petit-cousin de la tante du côté maternel du demi-frère bâtard du grand-père de sa mère, et notre bon roi a le sens de la famille !


Khathé Gorik : Mais pourquoi un truc aussi compliqué ? Il nous envoyait quelques chevaliers, une ou deux compagnies de lanciers et d’archers, et c’était plié…


Kham Lott : C’est que votre centaine de Gardes de l’Ordre étant fanatisés à mort, ils auraient emporté avec eux nombre de valeureux combattants – et si Sa Majesté se fiche éperdument de sa soldatesque, il a la bourse un peu vide en ce moment. Il a donc été sensible au fait que mon idée, si elle fonctionnait, non seulement évitait un bain de sang, mais surtout réduisait drastiquement les frais…



(Khasse Pyer et Khapre Icieuse déboulent dans la pièce.)


Khapre Icieuse (hurlant) : Où sont-ils ? Qu’on les cloue au pilori !


Khasse Pyer (hurlant tout autant) : Les voilà !


Khapre Icieuse : Qu’on les flagelle avec des orties !


Khasse Pyer : Des ronces !


Khapre Icieuse : Des verges ! (Elle s’arrête, glousse.)


Khassdro Nomyque : Mais…


Khapre Icieuse : Qu’on les fouette à mort !


Khasse Pyer : Qu’on les écartèle !


Khapre Icieuse : Qu’on les éviscère !


Khasse Pyer : Qu’on les fasse cuire !


Khapre Icieuse : Qu’on les fasse frire !


Khasse Pyer : Qu’on leur fasse subir le supplice de la roue !


Khapre Icieuse : Des pincettes !


Khasse Pyer : Du lavement !


Khapre Icieuse : Du pal !


Kham Lott (arrivant enfin à en placer une) : Allons, allons, je vois que vous avez été à bonne école, mais serait-ce judicieux de nous abaisser à leur niveau ? De plus, la justice du Roi les attend avec impatience – vous avez bien hissé le signal convenu, Khâa ?


Khâa Lyne : La flamme mauve flotte sur la ville, l’armée devrait être à ses portes d’ici peu…


Kham Lott : Parfait ! La livraison des Forces de l’Ordre ne devrait pas poser problème, puisqu’elles sont déjà emballées ! Par contre, pour nos trois amis ici présents…


Khasse Pyer (l’interrompant) : Trois ? Ah mais oui, il y en a un troisième… Tiens, mais… Ça alors, Khache Ô ! C’est donc toi ! Je ne t’avais pas reconnu, sous ta cagoule…


Khache Ô (d’une toute petite voix) : Euh, salut, docteur…


Kham Lott : « Docteur » ?


Khasse Pyer : Oh, c’est un bien grand mot… Mais je m’intéressais à ce pauvre hère, avant qu’il ne disparaisse mystérieusement de sa cellule il y a deux ans… Sa folie est fascinante, cette âme innocente se livre aux pires horreurs, si on la laisse faire…


Kham Lott : Bon, eh ben, vous pouvez récupérer votre sujet d’étude – et tâchez de ne pas le laisser filer ! Quand à nos deux têtes « pensantes »… Apportez du miel et des orties !



(On apporte les ingrédients demandés. Khâa Lyne et Khar Esse enduisent Khaffka Hyène et Khathé Gorik de miel, de la tête aux pieds.)


Kham Lott : Attendez, avant les orties, puisque vous parliez de pal, dame Icieuse… Allez-y, faites votre choix parmi ces magnifiques accessoires, et suppliciez donc vos tortionnaires !



(Fébrile, elle choisit trois énormes godemichés et « empale » ses anciens maîtres.)


Kham Lott : Et maintenant, recouvrez-les d’orties, qu’ils gardent un souvenir cuisant de leur départ ! Khassdro, tu m’aides à démantibuler la croix de saint André, pendant ce temps ?

Khassdro Nomyque : Bien sûr !



(Bientôt, les deux prisonniers sont recouverts de l’urticante plante, et la croix démontée.)


Kham Lott : Allez, les amis, il est temps de livrer ces criminels à la justice !



(Et, chacun à cheval sur une des deux branches de la croix portées par Khassdro Nomyque, Kham Lott, Khâa Lyne et Khar Esse, Khaffka Hyène et Khathé Gorik quittent la scène.)



Rideau