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n° 14306Fiche technique17084 caractères17084
Temps de lecture estimé : 10 mn
03/03/11
corrigé 12/06/21
Résumé:  Délire sanantoniesque sous Juliénas en intraveineuses : les mésaventures de Géromine à C.D.G.
Critères:  voyage fdanus pastiche délire -humour
Auteur : Domi Dupon  (Homme encore du bon côté de la soixantaine (le temps passe) )            Envoi mini-message
Géromine prend l'avion

Et partir sur Québec Air, Transworld, Nord-East, Eastern, Western…

ici en l’occurrence la S.M.A.C. (South Mongolia Airline Company)



Arrivée à Charles de Gaulle, Géromine vérifia une dernière fois qu’elle n’avait rien oublié : son passeport, son billet, sa carte bleue internationale, ses lunettes de soleil, sa crème à raser et ses préservatifs (Toujours sortir couverte, telle était sa devise !). Elle avait vérifié à plusieurs reprises hier soir, avant de se coucher. Ce matin encore, avant de prendre son taxi, et même dans le TGV. Elle savait qu’elle se montrait stupide, limite monomaniaque, mais elle ne pouvait s’en empêcher. À l’âge de 12 ans, elle avait oublié une photo de Keith Richard dans son livre de messe. Sœur Marie-Rose, leur professeur d’instruction religieuse, l’avait trouvée et ses fesses s’en souvenaient encore. Depuis elle craignait toujours dans la plus totale panique d’oublier quelque chose.


Ce voyage à Dala Dzadagad (j’vous jure que ça existe) était inespéré : elle se rendait au colloque international des œnologues de Mongolie du Sud pour remplacer au pied levé le professeur Julienne-Astrid de Brouilly-Saintamour, spécialiste mondiale des crus du Beaujolais et de la langue fourrée vietnamienne. Victime d’une jaunisse à la suite d’une dégustation de moules avariées, elle avait décliné l’invitation par crainte que la couleur de sa peau passe auprès de ses hôtes pour un affront à connotation raciste. Géromine, maître de conférences à la fac de Beaune-les-Mimosas, pourrait enfin présenter ses travaux traitant des conséquences de la sexualité hermaphrodite des escargots de Bourgogne sur la robe d’un Vosne-Romanée 1979.


Son TGV n’ayant que trois-quarts d’heure de retard, elle put enregistrer ses bagages et retirer sa carte d’embarquement sans précipitation. Elle baguenauda (du verbe baguenauder : se promener, flâner, bande d’ignares) dans l’aéroport en attendant de pouvoir accéder à la salle d’embarquement. Cet endroit lui foutait le bourdon. Les personnes les plus aimables qu’on pouvait croiser étaient les militaires avec leurs mines patibulaires et leurs mitraillettes en bandoulière. À Hong-Kong, Amsterdam, Genève voire même Francfort, on prenait presque du plaisir à se faire escroquer par des commerçants qui feignaient la sympathie. Mais à Paris…


Lasse de tourner en rond, elle fut une des premières à se présenter au contrôle. Heureuse d’avoir précédé la période d’affluence, elle se présenta toute guillerette à la douane. Pas de problème avec son passeport biométrique vierge de tout tampon périodique. Le beau jeune homme bronzé en uniforme la gratifia d’un charmant sourire bleu-blanc-rouge. Ses bagages de cabine avaient réussi haut la main l’examen du scanner. Elle avait juste constaté une furtive rougeur sur le front halé du jeune mais viril douanier : sans doute la vision de sa panoplie d’olisbos (si vous savez pas ce que c’est, cherchez sur l’encyclo !) sur l’écran. Elle ne partait jamais sans eux et ne les laissait pas en soute de peur de les perdre.


Restait à passer sous le portique. Mais, elle était sereine, elle avait assuré un max. Pas de bijou, des ballerines, son blouson de cuir sur une petite robe noire toute simple. Bon d’accord pas si simple que ça, vu le prix qu’elle l’avait payée. En tout cas, sa silhouette aurait fait pâlir n’importe quelle dévoreuse d’U.V. Même pour ses sous-vêtements, elle avait fait gaffe. Des dim-up buddy-touch, ainsi pas de problème de porte-jarretelles. La culotte, elle avait longtemps hésité entre un string et un shorty. Elle avait tranché pour le second. Si l’avion se crashait et qu’on retrouvait son cadavre avec un string, ça allait faire jazzer dans son immeuble.


Pour le soutif, elle avait longuement hésité, pour finalement prôner l’abstinence. Le coût exorbitant de sa dernière remise à niveau assurait à ses seins une tenue de route qui ne nécessitait aucune aide extérieure. Aussi est-ce l’esprit tranquille, le pas léger et la poitrine en avant qu’elle franchit le portique.


Fatalitas !


L’horrible machine se mit à hurler. Le charmant jeune homme en uniforme, un peu moins souriant mais toujours amène, lui demanda si, par un hasard malencontreux, elle n’aurait pas omis un quelconque colis fiché.



De l’inutilité de préparatifs trop bien préparés.


La pauvre Géromine eut beau se creuser la cervelle, elle ne voyait pas ce qui pouvait déclencher l’ire de cette foutue machine. Une pince ? Un peigne dans ses cheveux ? Encore eût-il fallu qu’ils soient assez longs. Son stérilet ? Impossible, elle n’en avait pas. Hier soir, après avoir pris un verre, solitaire dans son lit, elle s’était fait une petite gâterie. En faisant son marché, elle avait flashé sur des carottes de taille XXL. En manque d’amant(e), elle les avait testées urbi(te) et orbi(te) pendant qu’elles étaient bien fermes. Elle en avait usé sans modération. La question qu’elle se posait maintenant : la carotte contenait-elle du fer ? Improbable. À cette pensée, le rouge lui monta au front et quelques gouttes de cyprines imprégnèrent sa chatounette taillée de l’avant-veille.


Elle dut avouer piteusement au beau douanier Rousseau (c’était écrit sur son badge) qu’elle ne voyait vraiment pas ce qui pouvait… Il lui proposa de repasser une seconde fois. La machine avait peut-être fait un caprice. Géromine croisa mentalement les doigts (j’sais pas si vous avez déjà essayé, c’est hachment coton, la dernière fois j’ai failli me fouler l’index).


No way ! Cette p…..n de b….l de m….e de s…..e de robote tilta encore une fois. Le douanier Rousseau, toujours beau, mais beaucoup moins souriant, à peine amène, avec pour dire vrai un air imperceptiblement suspicieux au fond de sa prunelle gauche, lui demanda de l’accompagner. Géromine protesta. Elle allait rater son avion. Sa correspondance à Oulan Bator n’attendrait pas. Morte de honte sous les regards goguenards, compatissants, soupçonneux, inquiets, hilares, envieux (Si ! Si ! Je vous jure ! Certaines dames vieillissantes rêvaient d’une promenade en solitaire avec le beau douanier) de la queue qui s’était constituée suite à sa mésaventure, elle récupéra ses affaires et le suivit.


Il l’introduisit dans une pièce aussi triste qu’un cinéma après la projection de la Princesse de Clèves en V.O. L’espoir secret, pervers et mouillant qu’il entreprit lui-même une fouille au corps disparut avec l’apparition d’un douanier au féminin, donc une douanière, qui chassa son compère mâle. Géromine comprit ce qui l’attendait. Bonjour la galère. Pas qu’elle soit prude. Se mettre à poil devant un mec (voire une nana) quand c’était pour la bonne cause, ne la gênait pas, mais là !


Elle lui fit déposer ses bagages à main sur une table et lui demanda sur un ton péremptoire de se déshabiller…



Géromine qui adorait se déshabiller pour un oui ou pour un non (en général, ça finissait toujours par un oui) obtempéra à contrecœur. Faut dire que la représentante de l’administration n’était pas du genre devant lequel on a envie de se stripteaser. La jovialité de sa face aurait conduit au suicide un croque-mort amoureux. Comble de la sensualité, elle avait oublié de se raser.


Attrapant, dédaigneusement, les vêtements classieux du bout de ses doigts boudinés, elle les passa dans un scanner miniature sans que cela ne provoque aucune sonnerie. Géromine, à poil, les mains en conque devant son sexe comprit que ça se corsait. D’ailleurs la gueule de la douanière racontait la même histoire. Jetant un œil sur le passeport que son collègue Rousseau avait posé sur le bureau :



Pour connaître la vérité, il faudra vous rhabiller.


Pour les ceusses qui attendaient avec une concupiscente impatience, une description détaillée de cette fouille, y repasseront. Pour les zobs cédés textuels qui espéraient que, complaisamment, soient étalés les penchants saphiques de la madone des douanes, y peuvent retourner à leurs films X, Y ou Z. Nous ne mangeons pas de ce pain (de fesse)-là. Une telle pensée eût-elle effleurée Marie-Rose Pouh (c’est le nom de notre douanière) qu’elle en eut vomi son quatre heures. Pensez-donc, elle qui ne vit que pour son mari, ses cinq enfants, ses culottes grand navire taille 48 et ses soutien-gorge taxon 125 bonnet E.


Enfin, sauf si vous insistez ! Vous insistez ? J’entends pas ? Oui ! Bon, je m’incline. Je suis au service de mes lecteurs. Mais je décline toute responsabilité ! Mais ce ne sera qu’une description clinique saupoudré du ressenti de Géromine. Marie-Rose, en tant que mère de famille et membre de l’éminent corps des douanes françaises est soumise à un doigt, pardon un droit de réserve. Seul son représentant syndical aurait pu s’exprimer mais avec les 35 heures, sa délégation syndicale, sa mi-temps thérapeutique et ses RTT, il n’était sur site que le mardi de 14 à 18 heures. Or la pendule murale marquait 11 h 14 et nous étions vendredi.


Géromine allait devoir subir cette humiliation avec stoïcisme et sans représentant syndical.



Le rouge qui lui était monté aux joues décrédibilisait ses propos. Elle avait encore pensé aux doux émois que lui avait procurés sa botte de carottes. Émotion qui n’avait pas échappé au regard sagace (oui, sagace avec un G) de la femme en bleu.



Le dragon des douanes ignora la crudité de la remarque et continua impassible :



Pendant qu’elle donnait ses consignes, M.R.P. (c’est plus court et ça fait très républicain !) enfilait des gants chirurgicaux. Géromine ne put s’empêcher de frissonner. Cela lui rappelait des jeux assez hard pratiqués avec sa tata, Simone Oncland-Navet. Le cul relevé, offert à ses délires érotiques. Pas vraiment le moment d’avoir ce genre de pensées. Très émotive, il lui suffisait d’un rien pour mouiller… sa culotte. Et elle n’en avait plus.



Elle énonçait ses ordres d’une voix impersonnelle digne d’un haut-parleur de gare. La pas douceanière farfouilla (y’a pas d’autre mot) dans son temple d’amour à la recherche d’un éventuel truc en métal, au hasard, un char d’assaut. Cette froide indifférence provoqua une excitation incongrue chez notre universitaire. Excitation qui se manifesta par une lubrification immédiate de la zone farfouillée. M.R.P. resta de marbre, maugréa, contrariée, qu’elle allait devoir changer de gant pour la suite des opérations.


La manière franche et dénuée de précaution dont elle enfonça le doigt dans l’anus, heureusement habitué à des intrusions plus conséquentes, stoppa tout écoulement intempestif. Une exploration efficace et rapide. Fin de l’inspection. Le résultat se révéla aussi négatif que son dernier test VIH.



Géromine réalisa qu’elle l’avait gardé… la position. Elle se redressa. M.R.P. lui tendait un bout de sopalin.



Complètement stone, Géromine prit le morceau de papier et s’essuya la foufoune.



Elle la fit passer dans une autre pièce, toujours nue (Géromine, pas la pièce) où on la fit poireauter presqu’une heure. Les passagers de son avion n’allaient pas tarder à embarquer. Heureusement qu’elle était passée parmi les premières. Enfin arriva un petit personnage grassouillet, dégarni, au teint bilieux qui se présenta comme le docteur Alcide Haminet, radiologue de son état. Et son état n’était pas des plus engageants.


Folle de rage et d’inquiétude (ou d’inquiétude et de rage, c’est comme vous voulez), elle se soumit aux desideratas du pas du tout fringant toubib. Le doc n’avait pas l’impassibilité bovine de M.R.P. Il la mata sans vergogne de la tête aux pieds. Quoique ses centres d’intérêt ne concernaient ni l’une, ni les autres. Ses yeux chafouins (chais pas ce que ça veut dire mais ça sonne hachment bien) se focalisèrent sur des endroits précis que rigoureusement ma mère m’interdit de nommer ici (Merci tonton Georges).


La foufoune taillée en cœur sembla lui faire un effet bœuf, si elle en jugeait par l’inflation que subit son avant-scène. La simple évocation de cette bite en érection suffit à ériger ses tétons. Était-il circoncis ? Elle avait à nouveau besoin de sopalin. L’homme de l’art (vu son bide, j’aurais pu écrire l’homme du lard) n’eut pourtant aucun geste déplacé.


Par contre il la fit se déplacer, beaucoup plus qu’il ne paraissait nécessaire pour des radios. Il fit des clichés de profils (droit et gauche), de face, de dos. À la fin de la séance, il n’ignorait plus rien de l’anatomie de sa patiente. Ce matage organisé succédant au doigtage intempestif, avait échauffé les sens de Géromine. Elle mouillait comme une malade à la pensée du tracé de ses mamelons turgescents sur les radios. Elle sentait sa cyprine couler le long de sa cuisse. Il ne pouvait l’ignorer, le salaud. Malgré sa laideur, si Haminet lui avait proposé la botte, elle aurait sans doute accepté.


Elle se tâtait (métaphoriquement), se demandant si elle ne ferait pas quelques avances à ce brave homme qui avait l’air d’avoir de volumineux arguments. Mais la matrone bleu nuit au sourire polaire avait réapparu et l’avait envoyé se rhabiller dans la première pièce.


Et elle attendit…


Dans une demi-heure son avion décollait. Foutu, c’était foutu ! Elle allait rentrer en Bourgogne retrouver la bave de ses escargots, se faire pourrir par ses collègues. Enfin si elle ne terminait pas à Guantanamo… Un fou rire la tira de ses pensées moroses. Le bilieux dégarni entrait la bouche en cœur, les larmes aux yeux, la braguette mal fermée et plusieurs radios à la main. Entre deux hoquets, il lui dit :



Quant à Géromine, elle faisait… grise mine.




(Ce texte a été publié de manière intimiste et soft sur le site « legaluchat ». Il a été profondément remanié.)