n° 14320 | Fiche technique | 9043 caractères | 9043Temps de lecture estimé : 6 mn | 15/03/11 |
Résumé: Vous connaissez probablement ce genre de nuit mémorable où le temps s'arrête, enfin. | ||||
Critères: fh couple amour tutu portrait | ||||
Auteur : Ed Benelli (un petit retour) Envoi mini-message |
Vous connaissez probablement ce genre de nuit mémorable où le temps s’arrête, enfin. Cette soirée-là, qui est devenue une nuit, puis une nuit blanche et une très dure journée, en fait partie.
18 juillet, 00h00
Je rentre à pas de loup.
Il est tard, j’ai eu une interminable journée au chantier, et malgré tout, les collègues m’ont convaincu de passer une petite heure prendre un verre chez un pote. Je chancelle de fatigue (peut-être un peu d’alcool…).
Il fait frais ici, alors que dehors, malgré l’heure, on se sent écrasé de chaleur. J’expire longuement, appuyé à la porte, et laisse mes yeux s’habituer péniblement à l’obscurité. Le salon baigne de la lumière jaune du lampadaire et la brise tiède fait frissonner les tentures. Je pose mes clés précautionneusement sur le meuble d’entrée. C’est que je ne veux pas te réveiller, Sophie, toi qui dors probablement déjà.
Le bureau est vide, j’éteins l’ordinateur qui ronronne encore.
Je suis rassuré quand je passe devant la porte, je n’ai pas brusqué ta plénitude.
Je retire mon chandail souillé collé de sueur et de la poussière de la journée. Il fait bon. Me laissant aller contre le chambranle de la porte, je croise les bras et observe ce corps endormi qui, l’espace de jouissantes minutes, m’appartient de temps à autre.
Tu dors nue. La chaleur t’a forcée à éviter le lourd édredon et seul un léger drap bleuté de nuit te recouvre partiellement. Exactement comme on peut s’imaginer la plus belle photo de la plus belle femme nue du monde.
Sophie, tu es sortie ce soir, la pièce embaume de ce parfum qui me rend fou. Ce parfum qui te va si bien que, même lorsque quelqu’un d’autre le porte, il me donne envie de toi et à la fois envie de cogner l’inconsciente qui s’approprie ton odeur. Il n’est rien au monde pour me rendre plus suave, plus doux et plus chaleureux que ce parfum délicat. Ce parfum de sorcière que tu portes pour m’enivrer. Et qui chaque fois fonctionne à merveille.
Je me débarrasse de mon jeans que je plie sur mon bras et file sous la douche. Fraîche, pour me réconcilier avec cet été brûlant qui me laisse chaque jour plus trempé que la veille. Ça m’apprendra bien à travailler dehors. C’est dur à climatiser, l’extérieur.
L’eau qui me fait un bien immense me revigore, malheureusement pour toi. Je me délie le corps et me masse le cou pour me rafraîchir. Nouant une serviette autour de ma taille, je sors, encore humide et ruisselant, pour retourner dans la chambre.
Il y fait toujours aussi bon.
Tu es toujours aussi nue et endormie.
Et j’ai toujours envie de toi.
De ton corps à la douceur troublante, de tes courbes à l’aspect apaisant et de ta voix. Cette voix, Sophie, qui me transporte si souvent, qui m’émeut et qui ne me quitte pas, qui me reste aux oreilles, comme ton parfum.
Comme tu sais me rendre dingue de toi. Comme tu sais, le samedi matin, venir m’accueillir de retour de mon jogging, avec seulement ce peignoir qui te va tellement bien quand il est à peine ouvert, impudique. Tu oses même parfois, avec ton air mutin, ton petit nez rond et froncé, me demander si j’ai envie de toi. Mais y a-t-il sur cette Terre un seul homme capable de te résister ? Qu’on me le présente que je lui demande conseil, qu’enfin je puisse faire acte de courage et de maintien, que je puisse te résister comme l’on résiste au plus succulent des desserts.
Mais cet homme n’existe pas.
Tu es là, dans la nuit, à demi sur le côté, à demi sur le ventre, dans cette position de totale faiblesse et confiance. Comment peux-tu faire autant confiance en la vie pour dormir de la sorte ? N’est-ce pas un appel au viol le plus tendre ? N’est-ce pas une façon de quémander que l’on te caresse avec infinie lenteur l’intérieur des cuisses jusqu’aux fesses que tu as si belles et charnues ?
Le vent a chamboulé ma réflexion. Entré dans la pièce comme un seul homme, a fait chavirer mon cœur en même temps qu’il a emporté le drap pour te découvrir entièrement. De la nuque enchevêtrée de tes cheveux roux à tes pieds si mignons. De ton bras qui ne cachait qu’à peine tes flancs à tes hanches harmonieuses. Je peux maintenant mieux voir ton visage apaisé et tranquille dans le sommeil.
Les paupières closes, le nez qui palpite à peine, les cheveux qui bougent délicatement sur tes épaules et les mèches que tu repousses d’un soupir. Tes jolis sourcils roux, fiers, parfois froncés quand j’ai le malheur de ne pas remettre quelque chose à sa place sur les tablettes.
Ton nez. Ce joli nez, rond mutin. Celui qui vient parfois fouiller dans mon cou. Celui que j’aime bien embrasser avant de partir en hâte travailler, tôt le matin, quand tu n’es encore qu’un corps désarticulé par la nuit.
Parfois, c’est avec ton nez que tu me fouines le cerveau. Il se fronce et se tend, avant que tu ne m’assailles de questions quand j’ai le cafard. Il se rit de moi. Le traître.
Ta bouche.
Tes lèvres.
Pulpeuses, curieuses, amoureuses, amantes. Ta manière d’embrasser qui, dès le premier baiser, m’a donné à penser que tu étais la seule au monde à pouvoir aussi bien m’embrasser et me donner autant l’envie de ton corps. Quand on embrasse aussi bien, forcément, ce n’est qu’une manière perverse de faire comprendre qu’il y a des plaisirs autrement délicieux.
Ta langue qui caresse, tes lèvres qui pincent, les miennes qui ne savent plus que faire et qui chaque fois ont l’air de maladroites répliques manquées des tiennes. Du premier au dernier baiser, de celui du matin qui accueille et celui du soir qui réconforte, ils me donnent tous envie de toi. Une bouche aussi volontaire, pleine, belle, parfois maquillée décemment, parfois nue, on ne peut la refuser.
Notre premier. Tu te souviens ? Dans la voiture stationnée. Pas envie de me séparer du tout, un baiser rapide sur la joue, mais qui traîne jusqu’aux lèvres.
Un cou mince, fragile, doux et soyeux comme une journée de mai. L’embrasser et l’embrasser encore, par pitié, laisse-moi m’en nourrir. Ne te souviens-tu pas de ces quinze minutes, quand je suis rentré du travail ? Tu étais étendue sur le canapé, drapée dans ta beauté, et je me suis penché sur toi, les bras autour de ton corps et tu as offert ton cou. Je n’ai eu de cesse de l’effleurer du bout des lèvres et tu n’avais de cesse de soupirer en riant.
Des épaules, que tu découvres parce que tu sais que ça me rend fou, quand tu quittes lentement tes vêtements, quand tu les laisses fuir ta peau. Chaque fois j’ai mal. J’ai mal partout et j’ai mal de savoir qu’il se pourrait que je n’y aie plus droit. Je peux me vanter peut-être de savoir te tenter aussi et d’avoir la certitude que mes caresses te plaisent, à la manière dont tu viens les demander, en découvrant tes épaules et en me tournant innocemment le dos. Comme si tu ne savais pas pertinemment que mes mains étaient aimantées par ta peau.
Cette nuit, tu es là, confiante. Les bras détendus, le dos légèrement cambré, les fesses découvertes, les cuisses offertes. Les seins à peine masqués. Des seins merveilleux et parfaits, que j’aime embrasser et cajoler. Des seins que tu mets en valeur avec tous ces décolletés discrets et mignons, enfermés dans des soutiens-gorge hors de prix, ou hors des miens.
Un ventre plat et où il fait bon porter l’oreille et apaiser l’esprit. Tes mains dans mes cheveux, alors que je t’écoute vivre.
Un sexe qui appelle, appelle à boire et à satisfaire. Les gémissements que je veux entendre à tout coup, quand ma bouche s’y porte, les yeux que je veux voir, quand mon sexe le prend.
Tu entrouvres un œil endormi, à peine ai-je posé mes mains dans la chute de tes reins. Ton corps frémit et tu as déjà poussé un peu la limite du supportable en soulevant ton bassin.
J’embrasse les courbes de ton corps en frôlant ta peau.
J’enfouis mon nez dans tes cheveux pour y repérer l’effluve qui rend dingue.
Je masse la peau et la détends.
Ta nuque sous mes lèvres se hérisse en même temps que tu pousses un léger soupir. Je descends lascivement le long de ton dos. Le creux de tes vertèbres, la chute de tes reins, tes fesses charnues, tes cuisses tendres, tes mollets. Et je refais le chemin à sens inverse, alors que tu remues de plus en plus. Je te caresse l’oreille du bout du nez pour t’y souffler enfin :