Une Histoire sur http://revebebe.free.fr/
n° 14323Fiche technique58941 caractères58941
Temps de lecture estimé : 33 mn
18/03/11
Résumé:  De retour à la vie parisienne, Sylvie fait la connaissance d'Agnès.
Critères:  ff vacances piscine école amour cunnilingu 69 confession -fhomo
Auteur : Adrien            Envoi mini-message

Collection : Sylvie
Agnès

J’avais dix-huit ans et je venais d’entrer en terminale.

Le petit groupe de copines dans lequel j’évoluais s’était formé à l’école. Nous avions grandi ensemble. Il était impensable qu’il puisse y avoir la moindre connotation sexuelle dans les relations entre mes amies et moi.


Un jour, alors que nous marchions dans les couloirs du lycée, j’entendis l’une d’elles dire :



Elle avait dit ces mots sur un ton dédaigneux. J’ai paniqué pendant une demi-seconde croyant qu’elle parlait de moi. Me retournant, je vis que je n’étais pas le sujet de la conversation. Ma crainte dissipée, je cherchais un moyen d’en savoir plus sur ce qui se disait. Comme sa phrase faisait bruyamment rire les autres, il me fut facile de me mêler à leur conversation.


Elles parlaient d’une fille d’une autre terminale. Ma copine expliquait comment elle avait dragué sa cousine à la piscine qu’elles fréquentent toutes les deux et comment ses avances avaient été repoussées. Cette histoire amusa bien notre petit groupe. Les autres rigolaient. À ma grande honte, je dois reconnaître que je me suis aussi forcée à rire.

Il restait une question en suspens : de qui parlaient-elles ? Les autres m’expliquèrent que nous venions de la croiser mais, malgré leurs descriptions, je ne voyais vraiment pas de qui il s’agissait. Les propos de mes copines devaient être pris avec prudence évidemment, mais j’étais curieuse. Je craignais toutefois que mon intérêt suscite les railleries ou éveille les soupçons. Je finis quand même par apprendre son prénom : Agnès.


Il me fut facile de l’identifier. Je la connaissais de vue, sans plus. Dès que l’occasion s’en présentait, je l’observais attentivement. Elle avait un visage fin et des yeux très clairs. Ses cheveux châtains étaient coupés courts et elle portait tout le temps de jolis jeans rebrodés. Elle ne faisait pas du tout garçon manqué car elle était mince et très gracieuse. Je me demandais si sa coupe de cheveux était due à sa pratique de la natation ou à la recherche d’un look lesbien. Elle évoluait souvent dans un groupe de garçons et de filles de sa classe dans lequel elle semblait bien intégrée. Nous n’avions pas grand chose en commun et établir le contact avec elle me semblait aussi malaisé qu’inutile. Je ne voulais à aucun prix que mes copines découvrent l’intérêt que je lui portais après ce qui avait été dit sur elle. De toute façon, rien ne garantissait que ce soit vrai.




Peu après, je vis Florence pour la dernière fois. Elle m’annonça qu’elle quittait son mari pour suivre sa nouvelle amie. Étrangement je n’eus même pas l’impression de vivre une rupture ou en tout cas je n’en souffris pas vraiment. Cette fin me semblait logique.




Pour préparer le bac, mes camarades et moi avions décidé de travailler de temps en temps en groupe. À la fin d’une de ces séances, les autres décidèrent d’aller à la piscine. Je n’en avais pas très envie mais ils réussirent à me convaincre en me rappelant que parmi les épreuves de sport, il y avait une épreuve de natation. Je nageais bien et pendant les cours je faisais de bons temps. Vu leur caractère optionnel, ces cinquante mètres à parcourir ne me semblaient pas importants. Je finis par accepter d’accompagner les autres en me disant que cela conciliait la préparation du bac avec un moment de détente. Rendez-vous fut pris pour dix-sept heures et chacun repartit chez lui pour y chercher ses affaires.


La météo nous accordait un magnifique été indien et ce fut un agréable moment. Les longueurs chronométrées cédèrent vite la place aux jeux aquatiques. Peu après dix-huit heures, certains commencèrent à sortir du bain. Au même moment les membres du club de natation installaient une ligne d’eau afin d’isoler un couloir pour leur entraînement.

C’est alors que je vis arriver Agnès.

Elle portait un maillot une pièce noir, très peu échancré, aux bretelles larges. Elle tenait un sac de sport dont elle sortit un bonnet de caoutchouc et des lunettes. Tout cela dénotait une pratique extrêmement sérieuse de la natation. Avec mon bikini rose et gris je me faisais l’effet d’une vacancière égarée. Elle serra plusieurs mains, fit quelques bises et commença des gestes d’échauffement. Elle faisait de grands moulinets avec les bras, sautillait sur place, balançait amplement les jambes, s’assouplissait la nuque puis les poignets et les chevilles.

Enfin elle mit son bonnet, plaça minutieusement ses lunettes et monta sur le plot de départ.



Cette phrase me tira des pensées dans lesquelles j’étais perdue et j’ai craint un instant que mon intérêt pour cette fille n’ait été remarqué. Je fus vite rassurée :



Je ne répondis rien. Agnès plongea. Ma copine poursuivit d’un ton moqueur :



À ces mots, un lâche soulagement m’envahit.



Je sortis de l’eau, pris ma serviette et, en sortant, je cherchais une dernière fois Agnès des yeux. Je fus impressionnée par le fait que – sans effort apparent – elle maintenait constamment une vitesse que j’aurais été bien incapable d’atteindre même un bref instant.


Nous remontions tranquillement vers le centre-ville quand une inspiration soudaine me fit ouvrir mon sac et faire semblant de le fouiller d’un air inquiet :



Je fis demi-tour sous les railleries des autres et je me mis à courir vers la piscine. La caissière me cria du fond de son local qu’à cette heure elle ne vendait plus de billets mais je lui donnai la même explication et elle me fit signe de passer.

Je traversai les vestiaires rapidement. Les dernières nageuses occasionnelles achevaient de se rhabiller. Je quittai mes chaussures et remontai le bas de mon pantalon de jogging.

Dans l’eau et autour du bassin, il ne restait plus que les membres du club. Je suis allée m’asseoir en haut des gradins. L’ambiance était beaucoup plus calme, plus sportive. Quelques regards se dirigèrent vers moi mais personne ne se préoccupa vraiment de ma présence. Je voyais Agnès qui enchaînait les longueurs avec régularité. Cette fois, c’est son endurance qui m’impressionna.


Un homme en tee-shirt avec un chronomètre autour du cou suivait attentivement ce qu’elle faisait, son entraîneur sans doute. Parfois elle s’arrêtait, échangeait, quelques mots avec lui et repartait avec la même régularité. C’était une vraie sportive.

Je me demandais ce que je faisais là, au lieu d’avoir le nez dans les bouquins. J’allais partir quand l’entraîneur vint me parler.



Il faillait que je trouve quelque chose tout de suite. J’aurais dû y penser avant, le coup du maillot de bain oublié ne pouvait plus marcher. Je descendis les gradins pour me donner le temps de réfléchir.



Je le suivis jusqu’à un autre type, plus âgé, le seul qui soit en tenue de ville. Je pris mon air le plus sérieux et lui aussi sembla convaincu par mon bobard.

Il m’expliqua que, moyennant une cotisation, je pourrais participer aux entraînements. Agnès, que je n’avais pas vue sortir de l’eau, se plaça près de nous, une serviette sur les épaules, attendant visiblement une occasion de prendre congé. Elle n’était même pas essoufflée. Le président me la présenta :



Je ne savais comment prendre cette réflexion. Le président m’expliqua qu’Agnès nageait depuis qu’elle était toute petite et que si elle s’investissait complètement, elle pourrait faire une grande carrière sportive. Elle l’écouta aimablement se contentant de me dire qu’il exagérait puis elle lui dit au revoir et se dirigea vers les vestiaires. J’en fis autant peu après.


En traversant les douches, je vis son sac près de la sortie. Son maillot de bain était accroché à une patère. Elle était dans la dernière cabine, nue, en train de se faire un shampooing. Comme je passais, elle me dit :



Le rouge m’est monté aux joues instantanément.



J’avais répondu un peu précipitamment et je le regrettais aussitôt. Ses doigts ralentirent un court instant le massage de son cuir chevelu et, dans son regard, il me sembla discerner de l’intérêt. Elle prit un peu de gel dans ses mains et se savonna le corps. Elle ne disait rien et ce silence me gênait. J’aurais dû partir mais j’avais envie de rester. Lorsqu’elle se frotta le sexe, bien qu’elle fut de profil, je ne sus plus où me mettre. Elle ne m’ignorait pas car son regard revenait souvent se poser sur moi. Je ne pus m’empêcher de regarder son corps. Elle faisait à peu près ma taille mais sa silhouette était bien différente de la mienne. Elle était sportive et ça se voyait, elle avait les épaules et les cuisses les plus musclées que j’ai vues chez une fille et, évidemment, elle n’avait pas une once de graisse. Elle était complètement épilée.

Le silence m’avait semblé long et pesant. Tandis qu’elle se rinçait elle me sourit et me demanda :



La serviette à la main, j’attendis qu’elle ait fini. Elle vint vers moi, nue me regardant dans les yeux avec un soupçon de provocation ; j’allai vers elle mais au lieu de simplement lui tendre la serviette, je l’ouvris largement devant moi. Elle eut un hochement de tête et un sourire montrant qu’elle appréciait cette attention avant de se retourner et de se draper dans l’éponge épaisse. Je lâchai les coins que je tenais au-dessus de ses épaules et je m’enhardis au point de lui frotter le dos. Elle se laissa faire quelques instants puis se retourna.



Nous nous dirigeâmes vers le vestiaire réservé aux filles du club. Contrairement aux alignements de petites cabines que je connaissais, c’était une grande pièce. Des patères étaient alignées au-dessus de bancs. Plusieurs étendoirs se trouvaient dans le fond. Au centre se trouvait une grande table, deux bancs et quelques tabourets. Au mur un tableau d’affichage et quelques photos jaunies de remises de médailles.

Nous étions seules. Je reconnus son jean rebrodé accroché près de l’endroit où elle posa son sac. Je m’assis à la table, sur le banc qui me permettait de lui faire face. Je la regardais finir de s’essuyer et s’habiller. Ses sous-vêtements étaient très féminins, en dentelle blanche.



Un moment passa encore dans un silence qui recommençait à me mettre mal à l’aise. Une fois de plus je me demandais si elle ne me trouvait pas importune. Quand elle fut prête, elle me dit simplement :



Je la suivis. Elle dit au revoir sans s’attarder aux quelques nageurs qui se trouvaient sur notre chemin et nous nous retrouvâmes rapidement dans la rue.



J’étais prise de cours. Elle continua :



Ses mots étaient directs mais elle les avait prononcés d’un ton doux et sa question était vraiment un encouragement. Je ne pouvais pas reculer.



Elle soupira.



J’ai failli mentir ou éluder sa question mais non ; je devais être franche.



Agnès sourit en secouant négativement la tête et je l’entendis murmurer l’air désabusé : « C’est pas possible, quelle salope. » Je continuai :



Elle ne répondit rien. Elle me regarda un instant et je vis que ses yeux étaient un peu plus humides et rouges qu’en sortant du bâtiment. Peut-être le chlore ? Peut-être pas !




Après quelques minutes de marche silencieuse, nous arrivâmes devant un immeuble élégant ; moderne au sens que les architectes donnaient à ce mot dans les années 70. Les balcons en matière plastique translucide fumée avaient mal vieilli. L’ensemble faisait tout de même très cossu.



J’étais ravie par l’invitation.



L’appartement était un grand duplex, meublé et décoré avec goût dans un style plutôt classique. Agnès alla directement dans l’arrière-cuisine et disposa soigneusement ses affaires sur un étendoir où se trouvaient déjà d’autres serviettes et d’autres maillots de bains de formes et de couleurs diverses mais tous très stylés « nageuse de compétition. » Dans la cuisine, elle sortit deux boîtes de Coca Light du réfrigérateur américain et m’en tendit une. Elle m’invita à la suivre dans sa chambre qui ressemblait à la mienne mais dans des tons moins pastel. Son lit était plus large que le mien. Le haut de l’armoire était recouvert de coupes et de nombreuses médailles pendaient d’un portemanteau. Au fond, les différences de nos chambres reflétaient les différences de nos physionomies. Elle : châtain clair, yeux bleus, cheveux courts, mince aux petits seins, look sportif un peu androgyne. Moi : yeux marron, cheveux châtains longs bouclés, quelques formes et des seins bien rebondis, look romantique, très féminin.

Agnès s’assit sur sa chaise de bureau et moi sur le bord du lit.



C’était vrai, j’étais gênée.



Au fond, je fus soulagée d’apprendre qu’elle avait repéré mes manigances. Ma vie « publique » lui étant connue, je passais brièvement dessus et j’en venais rapidement à mon histoire avec Florence qui venait de se finir. Je concluais :



Je sentis qu’elle appréciait. Je poursuivis :



Elle soupira.



Douche froide ; qu’allait-elle m’annoncer ?



Cette fois elle a ri franchement.



Dès ce moment, je sus que j’avais eu raison de lui faire confiance.



Elle attendait ma réaction à cette allusion. Maladroitement je lui fis un clin d’œil.

Nous avons parlé ainsi pendant un long moment. Le courant passait bien entre nous. Nous sommes retournées à la cuisine pour y faire une dînette de jambon, de pain de mie, de fromages allégés et de fruits toujours avec du Coca Light. J’ai téléphoné à mes parents pour leur dire que je travaillais mes cours avec une copine mais que je ne rentrerais pas tard puis nous sommes retournées dans sa chambre.


Cette fois, après avoir quitté ses chaussures, elle préféra s’installer sur son lit, adossée à une pile de cousins. Comme la première fois, je m’assis au bord mais c’était un peu moins confortable car je devais me tourner pour lui faire face. Nous avons encore parlé de choses et d’autres mais sur un registre de plus en plus intime. Nous nous sommes complimentées mutuellement sur nos corps.

J’aimais sa finesse et elle aimait mes formes.


La séance de natation avait dû me fatiguer plus que je ne le pensais et ma nuque s’ankylosait à force de lui parler la tête tournée. Je changeai de position, quittai moi aussi mes chaussures et m’assis en tailleur au milieu du lit, face à elle. Nous avons parlé coupe de cheveux. Elle me dit, comme je l’avais pensé, que les cheveux courts étaient plus pratiques quand on nage tous les jours.


Au bout d’un moment, c’est aux hanches que j’eus mal et je me rassis au bord du lit. Elle vint alors s’asseoir à ma gauche. Le regard que nous avons échangé à ce moment rendait toute parole inutile. Nous en avions envie toutes les deux ; nous-nous sommes embrassées pour la première fois. De la position assise, nous sommes passées à la position allongée. Nos mains exploraient nos corps et se glissèrent rapidement sous nos vêtements. Chacune à son tour dégrafa le soutien-gorge de l’autre.


Son corps ferme me plaisait beaucoup. Je sentais ses muscles sous sa peau fine. Caresser ses seins me donnait des sensations nouvelles. Ils étaient plus petits et plus fermes que les miens, leur mamelon était cependant beaucoup plus gros. Je relevai son tee-shirt pour pouvoir en prendre un en bouche. Il était de la taille d’une petite framboise. Je l’entendis soupirer d’aise. Quand mes lèvres cherchèrent à nouveau sa bouche, sa main se glissa facilement dans mon pantalon de jogging puis dans ma culotte. Je remontai et écartai mes cuisses pour offrir mon sexe à ses doigts. Dans le même temps j’essayais, sans succès, de glisser une main dans son jean. Je devais le déboutonner et, dans l’excitation du moment, je n’y arrivais pas.


Elle se leva et ôta son jean et sa culotte. J’en fis de même alors qu’elle s’agenouillait au milieu de son lit, les fesses sur les talons, les cuisses largement ouvertes. Je pris la même position en face d’elle. Chacune passa son bras gauche autour du cou de l’autre et, alors que nous échangions un nouveau baiser passionné, nous avons commencé à nous caresser mutuellement le sexe. Nous n’avons interrompu nos masturbations réciproques que quelques secondes pour finir d’ôter nos tee-shirts et nos soutiens-gorge.

L’orgasme monta puissamment et simultanément. D’instinct, nous-nous sommes relevées sur les genoux pour que nos corps se frottent l’un contre l’autre, que nos poitrines s’écrasent mutuellement, que nos cuisses se croisent. Je sentis un de ses doigts me pénétrer, j’en fis autant et c’est ainsi que nous avons joui, attendant, serrées l’une contre l’autre, le reflux de la vague de plaisir qui venait de nous submerger.

Nos corps se détendirent mais nous sommes restées un moment enlacées, retombant lentement sur nos talons, les lèvres jointes, les langues mêlées. Elle nous fit basculer sur le côté, vers les cousins. Nous échangions des regards entrecoupés de baisers tout en nous caressant du bout des doigts. L’excitation était retombée, il s’agissait de pure tendresse.


Le charme fut vite rompu par le bruit d’une autre personne qui était entrée dans l’appartement. Agnès ne réagit que lorsqu’elle remarqua l’inquiétude dans mon regard :



En quelques secondes nous étions sous la couette. Nous avons entendu deux fois une voix féminine appeler « Agnès ! » À la deuxième fois Agnès leva les yeux d’un air excédé. Entendant les pas dans le couloir, je me blottis contre elle en remontant la couette sur ma tête, ne me ménageant qu’une toute petite vue d’un seul œil. L’instant d’après, la porte de la chambre s’ouvrit et une femme se pencha à l’intérieur. Elle était belle et élégante, vêtue et coiffée sobrement mais avec beaucoup de goût, très classe.



La porte se referma aussitôt. J’étais ébahie.



Ma vie et celle d’Agnès étaient décidément bien différentes. L’heure avançait et il était temps que je rentre chez moi. Je me rhabillai et elle en fit de même.



En sortant de la chambre, je me demandai quelle attitude adopter envers sa mère. De la mezzanine, nous pouvions la voir assise dans l’angle d’un grand canapé. Elle avait quitté ses escarpins, ses jambes étaient repliées sous elle, elle feuilletait un magazine qu’elle quitta des yeux pour nous regarder. Je devrais plutôt dire pour me regarder. Agnès prit ma main, je serrai très fort la sienne pour lui faire comprendre que j’appréciais son soutien à ce moment.



Agnès ne répondit rien.

À la porte de l’immeuble, je me retournai pour l’embrasser mais elle m’interrompit.



Alors que nous entamions le trajet, instinctivement nos mains se rejoignirent. Nous n’avions que quelques rues à parcourir.

En chemin, elle m’expliqua que ses parents se disaient modernes mais qu’ils étaient surtout désunis. Son père, directeur général d’une grosse entreprise, était tout le temps en voyage et collectionnait les maîtresses. Sa mère qui était complètement désœuvrée collectionnait les amants en sombrant tout doucement dans l’alcoolisme.



Nous arrivions dans ma rue. La nuit tombait à présent.



Elle la regarda quelques instants et se tourna vers moi en posant la main sur mon bras.



J’offris mes lèvres à Agnès pour la dernière fois de la soirée.


Je refusai la collation que me proposait ma mère. J’ai pris une douche puis je suis allée dans ma chambre d’où je ne suis plus ressortie. J’eus du mal à trouver le sommeil ce soir-là. Je me repassais sans cesse le film des événements. Agnès était au centre de mes pensées.




Le lendemain au lycée, comme d’habitude, je retrouvai mes copines.



L’hilarité commençait à gagner notre petit groupe et je me demandais comment m’en sortir.



Ces mots firent éclater les autres de rire mais, provoquèrent en moi une montée d’adrénaline. Les pensées se sont bousculées dans ma tête et, en une fraction de seconde, je décidai que je ne pouvais pas laisser passer ça :



Ce n’était pas élégant mais, sur le coup, c’est tout ce qui me vint.

Elle accusa le coup puis voulut me gifler mais les autres retinrent son geste. De toute façon, j’étais déjà partie. J’entendais les mots qu’elle me criait :



Je n’avais pas envie de lui répondre. J’étais bouleversée. Il restait un peu de temps avant le début des cours et je me demandais où était Agnès. Je ne connaissais pas l’emploi du temps de sa classe. Sans perdre de temps, je me suis rendue au bureau des surveillants où je savais pouvoir obtenir le renseignement. Visiblement je dérangeais leur pause café mais quelques secondes plus tard, je savais où j’avais de bonnes chances de la trouver. En fait, à ma grande surprise, et à mon grand soulagement, elle était dans le couloir, juste derrière moi. C’était si inattendu que je n’en crus pas tout de suite mes yeux.



J’avais envie de pleurer. Je passai mes bras autour de son cou et j’appuyai ma tête sur son épaule. Ses bras qui me serrèrent me firent un bien fou. Je parvins à grand peine à retenir mes larmes et à me redonner une contenance.



Sa remarque réussit à me faire rire alors que j’avais encore les larmes aux yeux.

Nous nous sommes mises à marcher dans les couloirs en nous tenant par le bras.



Nous étions arrivées au palier où les chemins de nos classes respectives se séparaient. Nous nous sommes mises dans un coin en attendant la sonnerie. Lorsqu’elle retentit, j’eus une moue malheureuse car elle signifiait que je devais quitter Agnès pour retrouver les autres.



L’escalier et le couloir se vidèrent quand il n’y eut plus que nous, je me jetai à son cou pour un baiser très bref mais très fougueux.


Évidemment, dès mon arrivée tardive dans la classe, je sentis que l’attitude de mes camarades à mon égard avait radicalement changé. Celle que j’avais insultée me lançait des regards haineux et d’autres avec elle. La plupart m’ignoraient ostensiblement. Une seule s’est risquée à me sourire quand nos regards se croisaient mais seulement quand elle était sûre que personne ne la regardait. Les garçons plaisantaient dans mon dos.

J’aurai voulu que tout ça me soit indifférent mais il n’en était rien. J’en souffrais mais je me consolais en pensant à Agnès que je retrouverais à l’intercours. Et effectivement, à dix heures, elle était là où nous nous étions quittées deux heures auparavant.


Le midi, pour échapper à l’ambiance de la cantine, Agnès eut l’idée d’aller manger dans une brasserie proche du lycée. Le soir, nous nous sommes retrouvées à la sortie.



Nos mains se sont cherchées et se sont trouvées alors que nous passions devant trois de mes ex-copines, dont celle que j’avais prise à partie, qui me fusillaient du regard.



Sans réfléchir, alors que nous n’étions encore qu’à quelques mètres d’elles et que je sentais leurs regards dans mon dos, je m’arrêtais et répondis :



Agnès m’enlaça et, juste avant que nos lèvres se touchent, elle murmura :



Le baiser fut long et tendre et tout de suite après ce fut à mon tour de dire :



Nous-nous sommes éloignées, main dans la main, sans nous retourner.




Arrivées chez Agnès, nous sommes montées tout de suite dans sa chambre. Nous avions envie l’une de l’autre ; les mots étaient inutiles. Nous nous sommes déshabillées lentement et parfois mutuellement en échangeant quelques bisous tendres. Nous étions beaucoup plus décontractées que la veille, surtout moi. Ce qui se passait semblait aller de soi. J’avais juste un petit doute et je lui en fis part :



Nous entrâmes dans le lit et j’eus l’impression d’entrer en même temps dans une autre dimension. La réalité n’était plus tout à fait réelle. Il me semble que nous nous sommes embrassées, caressées, masturbées de toutes les manières possibles puis vint le moment où Agnès se glissa vers le fond du lit pour placer sa bouche sur mon sexe. Des vagues de bien-être partirent alors de mon ventre pour m’envahir complètement et je crois bien avoir laissé échapper un bruyant soupir d’aise. Ses mains vinrent bientôt s’occuper de mes seins ce qui augmenta encore l’excitation que me procurait sa bouche. Quelques minutes plus tard, elle changea de position et je compris qu’elle voulait se mettre tête-bêche sur moi. Je regardai son sexe quelques secondes avant d’y poser mes lèvres et d’y activer ma langue et je remarquai qu’il était épilé de frais. L’attention me toucha et je regrettai de ne pas en avoir fait autant. Je me promis d’y veiller à dater ce jour.


Elle était au-dessus de moi, en plus du cunnilingus, je sentais qu’elle me caressait les pieds ce qui me plaisait beaucoup. Mes mains n’étaient pas inactives non plus et, du bout des doigts, j’effleurais toutes les parties de son corps que je pouvais atteindre – de ses omoplates à ses chevilles – m’attardant sur le creux de ses reins, les plis de ses genoux et sa raie. Au fur et à mesure que l’excitation montait, nos caresses devinrent plus appuyées et finirent en véritable massage. Je sentais ses doigts entre mes orteils et je pétrissais ses fesses. Comme la veille, nous avons joui en même temps. Nous sommes restées ensuite de longues minutes à échanger des marques de tendresse. Comme la veille, c’est l’arrivée de sa mère qui rompit le charme mais cette fois cela ne provoqua nulle panique en moi.




Les jours suivants ressemblèrent à celui-ci. Nous-nous retrouvions dès que nous pouvions. Nous passions de longs moments à discuter et en fin d’après-midi nous allions chez elle. Nous sommes retournées plusieurs fois à la piscine. Nous ne nous contentions pas de barboter, elle m’a vraiment fait progresser. Nous y allions avant ses séances d’entraînement. Je partais quand les autres membres du club arrivaient et que le travail commençait.


En soirée elle me téléphonait chez moi.

Nous évitions soigneusement toute provocation et restions toujours discrètes mais ne cherchions jamais non plus à nous dissimuler.

À côté des moments que je passais avec elle, ma vie continuait. Au lycée l’esclandre avait fait jaser un peu mais tout s’était tassé en quelques jours. Je ne fréquentais plus qu’Agnès ; les autres – ceux d’avant – ne me manquaient absolument pas. Au sein de ma famille, où rien n’avait filtré de cette histoire, mon changement de comportement avait été remarqué. Je n’ai pas menti disant que je m’étais engueulée avec mes copines mais que je m’étais fait une nouvelle amie. Quand nous étions chez moi, Agnès, compréhensive, veillait à ce que rien n’éveille les soupçons quant à ce qui se passait réellement entre nous. Le travail en commun pour préparer le bac avait bon dos.

Je m’étais imaginé que ce genre d’aventure ne pourrait que compliquer mon existence. À ma grande surprise il n’en était rien. Je trouvais même les choses plus simples, plus claires et ma vie s’en trouvait embellie. J’étais en harmonie avec moi-même.




C’est à cette époque que j’appris la mort accidentelle de Florence (voir épisode 1).

Quand j’ai vu Agnès, le lendemain, elle a tout de suite ressenti mon émoi. Elle savait ce que Florence avait représenté pour moi.

Nous en avons parlé longuement. En fait c’est surtout moi qui ai parlé. J’étais gênée, au début, d’évoquer mes souvenirs et mon chagrin devant elle mais son écoute était attentive. Je sentais qu’elle voulait m’aider ; plus que ça : qu’elle voulait partager ma peine. Grâce à elle, j’ai surmonté cette épreuve. Cet après-midi-là, sous sa couette, nous avons fait l’amour avec une tendresse incroyable.


Le jour suivant ; elle me proposa de m’emmener en week-end. Elle m’expliqua que ses grands-parents possédaient un appartement sur le front de mer au Touquet. Ils n’y allaient plus que très rarement. En même temps j’appris qu’elle avait le permis et sa propre voiture. Tout était prêt.


Partir ainsi était une première pour moi mais mes parents se laissèrent convaincre assez facilement de l’intérêt d’un week-end conjuguant détente et travail scolaire. C’est ainsi que le vendredi, en fin d’après midi, je me retrouvai à attendre, devant chez moi, avec un sac de voyage aux pieds. La Golf décapotable beige d’Agnès n’était pas encore arrêtée que j’avais déjà posé mon sac à l’arrière en faisant un geste à ma mère qui me regardait de la fenêtre du salon.


L’autoroute n’existait pas encore et il nous fallut plus de trois heures pour arriver à destination mais ce trajet était déjà en lui-même un grand bonheur.

L’appartement était situé au dernier étage d’un immeuble très résidentiel. De grandes baies vitrées donnaient sur un large balcon qui avait une vue imprenable sur l’immense plage et la mer. Agnès déposa nos sacs dans la plus grande chambre puis aéra un peu avant de monter le chauffage. Pendant ce temps, je rangeai les provisions qu’elle avait apportées dans la cuisine. Elle a sorti des draps d’un placard et nous avons fait le lit. En moins d’une heure nous étions installées.



La soirée était douce, nous sommes allées à pied, main dans la main, jusqu’à une pizzeria à deux pâtés de maisons de l’immeuble. Quand nous fûmes installées, elle demanda au serveur d’allumer la bougie qui se trouvait sur la table.

À notre retour elle me dit qu’elle avait envie d’une douche. Son regard m’y invitait, je l’ai suivie dans la salle de bains. Nous-nous sommes lavées mutuellement puis, à peine sèches, nous avons couru jusqu’au grand lit qui ne resta pas froid très longtemps.

Inconsciemment nous attendions ce moment depuis le départ. L’excitation monta vite en nous. Nos mains s’occupaient du sexe l’une de l’autre. Nos bouches les remplacèrent vite pour un soixante-neuf qui fut bref mais intense.


C’est ensuite que le vrai moment de bonheur de ce week-end est arrivé. Pour la première fois, nous allions nous endormir nues dans les bras l’une de l’autre. Nous allions passer notre première nuit ensemble et nous réveiller côte à côte. J’aurais aimé prolonger ce délicieux moment à l’infini, mais j’ai senti le sommeil m’envahir et je m’y suis abandonnée, heureuse.




Quand je m’éveillai, le petit matin filtrait à travers les interstices du volet roulant. J’étais allongée sur le côté et je sentais le ventre et les seins d’Agnès contre mon dos. Elle m’enlaçait dans son sommeil. Je suis restée un long moment ainsi, sans bouger, à écouter sa respiration, à sentir son souffle sur ma nuque, à lui tenir la main qu’elle avait passé sous mon bras et qui reposait sur ma poitrine.


La montée du jour a dû la gêner car elle se retourna, me libérant. Je me levai en prenant soin de ne pas la réveiller et j’allais faire pipi et boire. De retour dans le lit, je me plaçai pour la regarder dormir. Il faisait très bon dans l’appartement, je n’eus pas besoin de me couvrir. Je la trouvais belle. Ses cheveux, très courts, n’étaient pas en désordre comme les miens, Ses lèvres étaient entrouvertes j’y déposais un léger baiser. Elle était sur le dos, les bras relevés les jambes écartées. J’hésitais à peine avant de me glisser tout doucement entre ses cuisses.


La sensation sur ma langue était insolite car les replis de sa vulve n’avaient pas la moiteur que j’avais l’habitude d’y trouver. Quelques minutes plus tard, je perçus le goût que j’attendais. Ses cuisses s’écartèrent d’avantage et je sentis sa main sur mes cheveux. Relevant les yeux, je la vis qui me regardait. De son autre main, elle se titillait un mamelon. Ce genre de détail, dont elle avait le secret, avait le don de beaucoup m’exciter. Elle le sentait et en jouait souvent. Mes mains remontèrent sur sa poitrine et elle me laissa m’occuper de ses seins. Elle se plaça confortablement pour attendre l’orgasme. Je sus qu’il montait quand ses mains vinrent appuyer sur ma tête pour plaquer ma bouche active sur son sexe dont je sentis longuement les palpitations sous ma langue.



À quatre pattes, je remontai vers le haut du lit pour l’embrasser. Ce fut plus qu’un baiser car, au moment où nos langues se mêlaient, sa main prit possession de ma vulve. Je restai dans cette position, au fond pas si inconfortable que ça. Sentant le désir monter en moi, j’écartai largement les cuisses pour lui faciliter la tâche.



Quelques minutes plus tard, ma main qui parcourait son corps, chercha la sienne. Nos doigts se mêlèrent de façon très serrée. Les mouvements de nos langues devinrent frénétiques et j’ai joui dans ses doigts sans interrompre notre baiser.


Nous avons pris notre petit déjeuner puis nous avons consacré quelques heures aux devoirs et aux leçons. Nous étions dans deux sections différentes : elle était en scientifique et moi en littéraire. Nous n’avions donc pas les mêmes matières à travailler et de ce fait, ce n’était pas à proprement parler du travail en commun. Pourtant le simple fait de le faire à la même table suffisait à nous motiver.

Le midi nous avons fait un petit repas vite expédié. Nous partîmes ensuite pour une grande ballade sur le front de mer, la plage et dans les dunes. Nous y avons passé une bonne partie de l’après-midi, à discuter et à essayer de bronzer un peu sous le soleil d’automne.


De retour à l’appartement nous avons pris un bain en commun. Agnès trouva des bougies et, la salle de bain n’ayant pas de fenêtres, il fut facile d’y créer une ambiance romantique. D’abord face à face, nous nous sommes fait des caresses du pied et des massages. Ensuite j’ai passé un long moment, assise contre elle, entre ses jambes, à me laisser câliner.

En fin d’après-midi, nous avons décidé de faire un tour en ville. Pour la première fois, je vis Agnès en minijupe et petits talons. Elle était superbe, très féminine, loin de ce côté androgyne que je lui avais toujours connu. Je mis une robe courte moulante, à motifs vichy rouges et de petites tennis de toile blanche. Je m’en voulus de ne pas avoir apporté de tenue plus sexy. Pour accentuer ma féminité, je relevai mes cheveux. Le temps était encore beau pour la saison mais il faisait quand même frais. Elle prit une veste et moi un chandail blanc

Après une balade, du lèche-vitrines, un Coca dans un bar, et une nouvelle balade, nous sommes retournées à la même pizzeria que la veille. Nous avons pris la même table. Cette fois, le serveur alluma la bougie de sa propre initiative.

Alors que nous en étions aux glaces et que la bougie était presque consumée, Agnès sortit un tout petit paquet de son sac et le posa devant moi.



L’émotion m’empêcha de répondre. Les larmes me montaient aux yeux pendant que j’ouvrais le parquet puis le petit écrin. À l’intérieur je trouvai une fine chaîne avec un petit pendentif en or représentant deux cœurs entrelacés. Je le sortis mais n’arrivais pas à ouvrir le fermoir. Agnès se leva, me le prit des mains et se plaça derrière moi pour me le mettre au cou. Quand ce fut fait, je me levai et, oubliant tout ce qui n’était pas elle et moi, je l’embrassai amoureusement.



Je repris conscience de l’endroit où nous étions et j’étais plutôt embarrassée.



Nouveau baiser.

Nous nous sommes rassises. Je réalisai que la salle était silencieuse et que tous les regards convergeaient vers nous. Heureusement, petit à petit, les conversations ont repris.

Agnès a demandé l’addition et nous sommes parties peu après. Regagnant l’appartement, serrées l’une contre l’autre, trop légèrement vêtues pour la saison.




Cette nuit-là fut une succession de moments tendres et de moments torrides. Nous devenions de plus en plus impudiques :



L’idée me plaisait beaucoup mais manquant encore d’expérience, je la laissais prendre l’initiative. Elle s’assit au milieu du lit, penchée en arrière, en appui sur les bras, les jambes allongées et largement écartées.



Je le fis sans hésiter. Me tenant le pied, elle glissa sa jambe droite sous ma jambe gauche puis, inversement, elle passa sa jambe gauche au-dessus de ma jambe droite.



Je me glissai jusqu’à elle. Elle se tenait la vulve pour que son clitoris entre précisément en contact avec le mien. De la main, j’écartai mes petites lèvres pour qu’il lui soit bien offert. Ce que j’ai éprouvé au moment du contact me fit râler d’excitation tant c’était fort. Mon corps entier me semblait vibrer à cette sensation. Nous nous sommes enlacées pour un baiser qui fut bref car elle préféra que ne nous nous replacions en arrière, en appui sur les bras pour accentuer la pression entre nos sexes et faciliter les mouvements de nos bassins. Voir ainsi nos sexes – totalement épilés – l’un contre l’autre ; regarder le visage si expressif d’Agnès ; remarquer la transpiration qui commençait à apparaître sur nos corps ; sentir les mouvements de nos bassins… Tout cela créait des sensations nouvelles pour moi. Nouvelles et incroyablement excitantes.


À cause de l’amplitude croissante de nos mouvements, nos sexes frottaient surtout l’intérieur de nos cuisses. J’ai adoré ce double contact très humide. Agnès, sportive, semblait pouvoir tenir indéfiniment cette position. J’ai vite eu mal aux bras et je dus me mettre sur les coudes puis sur le dos. Elle se releva pour finir à genoux, nos entrejambes semblaient faits pour s’emboîter l’un dans l’autre. Je ne voulais pas quitter des yeux son corps musclé qui poussait son entrecuisse contre le mien.

L’orgasme, simultané, fut tellement puissant qu’il me fallut quelques minutes pour retrouver mes esprits. Je me dégageai des jambes d’Agnès qui était retombée sur le dos pantelante et je l’enlaçai.



Elle me sourit et nous nous sommes laissées envahir par le sommeil dans les bras l’une de l’autre les jambes à nouveau intimement entremêlées.




Le dimanche nous nous éveillâmes en même temps. Agnès m’a demandé de rester au lit le temps pour elle d’aller préparer le petit déjeuner. Elle revint avec un plateau bien garni. Une fois le café et les toasts avalés nous avons fait l’amour. C’est dans la position du soixante-neuf que nous avons joui. Ensuite, nous avons consacré quelques heures aux études. Le midi nous avons fini les provisions avant de refaire le lit avec des draps propres qu’Agnès avait apportés. Nous sommes allées faire une petite ballade en amoureuses sur le front de mer et manger une glace avant de prendre la route.

Il était environ vingt et une heures quand nous sommes arrivées devant chez moi.



Je déposai une bise sur sa joue, je sortis de la Golf beige et pris mon sac sur la banquette arrière. Je n’arrivais pas à la laisser partir. Au lieu de fermer la porte, je me jetais dans la voiture et lui donnais un baiser qui, cette fois, n’avait plus rien de chaste.




Les jours passèrent ainsi, puis les semaines, puis les mois. Il y eut d’autres week-ends au Touquet. Nous avons toutes les deux obtenu le bac. Agnès – qui redoublait – a eu une très bonne moyenne. Pendant les vacances, j’avais l’habitude de travailler dans le cabinet de mon père en juillet et d’accompagner mes parents en vacances en août. Cette année-là, ils ont consenti à partir sans moi. Les vacances de l’année précédente ne leur ayant pas laissé un souvenir impérissable, mon père était plutôt content de se retrouver seul avec ma mère. C’est elle qui était assez réticente à l’idée que je reste à Paris.


Agnès ne travaillait pas mais faisait énormément de sport. Nous nous retrouvions tous les soirs. En général elle m’attendait à la sortie de l’immeuble où mon père avait son cabinet et nous allions chez elle. Puis elle me raccompagnait chez moi. Nous sommes retournées au Touquet à chaque week-end de juillet.

Août fut merveilleux. Ses parents et les miens étant partis, je vécus à plein temps avec elle. Nous partagions notre temps entre chez moi, chez elle et chez elle au Touquet.




À la rentrée, je commençais mon BTS d’assistante de direction et Agnès son professorat de sport. Deux voies bien différentes.


C’est petit à petit que nos liens, pourtant si forts se sont distendus. Je fus surprise par une remarque jalouse d’Agnès qui m’avait vu faire la bise à une copine de classe. Nous nous sommes vite réconciliées mais avec le recul je pense que c’était un premier signe. Je m’investissais beaucoup dans mes études et je m’étais reconstituée un petit cercle d’amis.

Nous étions dans deux établissements différents et il était plus difficile de nous voir en semaine. De plus, elle passait de plus en plus souvent le week-end sans moi pour participer à des compétions de natation ou y encadrer des nageurs. Pour tenter de nous rapprocher, je l’ai accompagnée plusieurs fois mais je m’ennuyais et je sentais que ma présence dans ces moments-là ne lui apportait rien. La première fois que je lui ai annoncé que je ne l’accompagnerai pas pour le déplacement suivant sa réaction me surprit.



Je fondis en larmes instantanément. Pour qui me prenait-elle ? Ses excuses n’atténuèrent pas vraiment le mal qu’elle venait de me faire. Je rentrai chez moi attristée.

Ma mère vint me rejoindre dans ma chambre. Je lui disais qu’elle ne pouvait pas comprendre mais en parlant avec elle je me rendis compte qu’elle savait depuis longtemps ce qu’il y avait entre Agnès et moi. Elle avait vu notre baiser dans la Golf lorsque nous étions rentrées du Touquet la première fois et avait remarqué le pendentif. Je n’en revenais pas.



Je lui parlai de Florence. Elle ne fut pas surprise. Elle n’avait rien remarqué à l’époque mais avait été étonnée de voir dans quel état l’annonce de sa mort m’avait mise. Quand elle a connu ma relation avec Agnès, il lui fut facile d’imaginer qu’il avait pu y avoir quelque chose entre Florence et moi.


Ce soir-là, j’ai envisagé pour la première fois de rompre avec Agnès.


Dans les semaines qui ont suivi, j’ai plusieurs fois amené la discussion sur notre avenir. Même si elle jurait que j’étais l’amour de sa vie, j’ai bien compris que sa carrière était sa priorité. Elle voulait se consacrer à l’entraînement de nageurs de haut niveau.

Pour moi aussi, elle était l’amour de ma vie.

Elle m’a demandé plusieurs fois de m’installer avec elle et de tout laisser tomber. La fortune de sa famille était largement suffisante pour nous faire vivre toutes les deux en attendant que son métier lui en donne les moyens.

Je lui disais que je voulais réfléchir mais c’était tout vu : je n’avais pas envie de cette vie-là.


Je me rendais à l’évidence : insensiblement, les semaines passant, nos chemins se séparaient.




J’ai craqué un soir chez elle. Nous avions passé un moment ensemble, en coup de vent. Elle m’expliqua pour conclure que le week-end suivant, elle ne serait pas là car elle partait, je ne sais plus où, pour l’énième compétition de la saison et quand elle m’a dit :



Je me suis entendue lui répondre :



Elle a voulu me convaincre que les choses allaient s’arranger que nous devions rester ensemble. La mort dans l’âme, mon dernier geste fut de lui rendre le petit pendentif.


Ce soir-là mes parents recevaient. En rentrant, je pris tout de même ma mère à part pour lui annoncer la nouvelle et durant tout le repas je puisai dans ses yeux le courage de faire bonne figure devant mon père et leurs invités. Ce fut un des rares moments de vraie empathie que je connus avec elle. Maigre consolation.


Dans les jours qui suivirent Agnès a téléphoné plusieurs fois chez moi. Les premières fois, j’ai refusé ses rendez-vous, puis je raccrochai au son de sa voix ou je lui faisais dire que je n’étais pas là. Je reçus une lettre d’elle. Je ne l’ouvris pas. Elle ne chercha plus à me joindre.


J’eus un mal fou à surmonter cette blessure et rien n’a jamais effacé la cicatrice qu’elle m’a laissée. Mes études en pâtirent un peu mais je passai tout de même en deuxième année. Lorsque j’obtins mon BTS mon père eut la bonne idée de m’envoyer une année en Angleterre pour que je maîtrise la langue.

J’y ai travaillé, j’y ai rencontré plein de gens sympas, j’y ai vécu une autre histoire.


Agnès est toujours restée dans mon cœur.