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n° 14349Fiche technique48664 caractères48664
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Temps de lecture estimé : 28 mn
29/03/11
Présentation:  Vérité ou fiction? Un peu des deux...
Résumé:  Suite à une longue embrouille, Annabelle reprend le contact avec un vieil ami d'enfance pour qui elle a toujours eu des sentiments ambigus. Force est de constater que les regrets de Thomas sont sincères...
Critères:  fh grossexe grosseins fépilée vacances amour noculotte pied chaussures rasage fellation cunnilingu pénétratio québec
Auteur : Lahel            Envoi mini-message
Un vieux rêve oublié

À onze heures du matin, un ronronnement sonore assorti d’une caresse velue sur la joue me tira d’un sommeil de plomb. Emplâtrée, j’émergeai de mes draps et tombai nez à nez avec Amir, mon splendide persan bicolore qui me léchait affectueusement le nez, sa façon de me signifier que l’heure du petit déjeuner était largement passée et qu’il désirait que j’utilise mes dons de maîtresse pour remplir sa gamelle.


Une vague de panique m’étreignit quand je jetai un œil aux aiguilles de mon réveil, avant de retomber mollement sur mes oreillers. Les vacances. Enfin ! La session avait été éreintante, les examens, éprouvants. Mon pauvre corps, ivre de sommeil, ne voulait pas quitter le havre de mon matelas. Je grattai distraitement la tête et le dos de mon chat qui s’étira en poussant un miaulement rauque et enfonça ses griffes acérées dans l’étoffe fine de mes draps d’été, me décidant enfin à quitter la quiétude de ma chambre assombrie par les rideaux tirés.


Baillant et me grattant le cuir chevelu, précédée par Amir qui trottait allègrement vers le coin où je rangeais son sac de croquettes et disposais sa gamelle, je traversai mon appartement inondé de soleil, embaumant encore du produit nettoyant citronné qu’utilisait la femme de ménage qui passait une fois par mois, donc hier, pendant que je trimais encore sur mon dernier examen. C’était une véritable journée de congé que j’avais devant moi, libérée de corvées et de courses. Une fois mon compagnon félin servi, je me dirigeai à petits pas vers ma cuisine, tout équipée d’électroménagers en inox dernier cri.


J’étais propriétaire de mon appartement, un petit cinq pièces au troisième étage d’un bâtiment de pierre situé non loin du centre-ville. Il y avait de cela trois ans, alors que j’avais vingt ans, j’avais acheté un billet de loterie à mon boulot, quelque peu cynique : j’avais eu une veine de pendue, m’enrichissant soudain d’un bon magot. J’avais pu m’acheter un toit, une voiture, régler les dernières dettes de mes parents et reprendre mes études abandonnées sans être obligée de travailler comme une acharnée pour subsister… du moins pour quelques années. Je ne menais pas un grand train de vie, mais je m’étais gâtée quand était venu le temps de meubler mon intérieur.


Comme je me versais un verre de lait, le téléphone sonna.



Je m’attendais à entendre la voix vigoureuse de ma mère ; je fus donc surprise par la voix rauque et grave qui résonna dans le haut parleur. Je connaissais très bien cette voix, bien qu’elle n’ait pas retentit dans mes tympans depuis quelques mois. Je laissai retomber mon persan par terre et me redressai, étreignant le combiné.


Mon interlocuteur me salua, puis un silence qui promettait de devenir lourd s’installa entre nous. J’attendis, patiente. Si nous nous étions disputés la dernière fois, ce n’était pas de ma faute, et je ne comptais pas l’oublier. Il s’éclaircit finalement la gorge et opta pour un terrain neutre.



Nous avons échangé quelques banalités au sujet des examens, de nos appréhensions et de nos espoirs de résultats, au point que je finis par me demander pourquoi Thomas, qui venait d’achever une éreintante session en architecture, appelait son ex-petite amie et ex-meilleure amie au début d’une rayonnante journée de vacances pour discuter de chiffons de papiers sur lesquels nous n’avions plus aucun pouvoir. Je n’ai jamais été reconnue pour ma patience, ni pour mon tact. En revanche, je le suis pour ma franchise.



Maude, c’était celle qui s’était présentée à moi comme étant sa fiancée, la raison qui faisait que Tom et moi ne nous parlions plus depuis pratiquement un an malgré le fait que nous ayons pratiquement grandi côte à côte et traversé nombre d’épreuves ensemble. La possessivité et l’arrogance de la future designer avaient fini par venir à bout de mes nerfs.


Le fait est que j’étais jalouse, moi aussi. Bouffée, dévorée, terrassée par une envie de lacérer ce visage angélique à chaque fois que je croisais son regard goguenard à l’université. Thomas et moi, c’était… ce fut jadis une complicité absolue, d’intenses fous rires et de longs silences entendus, et même, pendant une période malheureusement trop brève, un amant tour à tour tendre ou passionné, toujours merveilleux. Sa haute silhouette, sculptée par le travail qu’il effectuait pour son entrepreneur en bâtiment de père, avait occupé mes rêves et mes fantasmes depuis que la puberté m’avait éveillée à ce genre de pensée.


Un soupir me répondit à l’autre bout du fil. De toute évidence, je touchai un point sensible qu’il aurait aimé mettre de côté. Il n’allait pas s’en tirer aussi facilement ; s’il se souvenait un tant soit peu de ce que j’étais, il devait le savoir.



Oh non ! Il n’allait pas me la faire, celle-là !



Cette fois, au bout du fil, le silence s’était fait plus léger. J’ai même eu l’impression de l’entendre renifler un petit grognement amusé. Thomas n’a jamais été très bavard, surtout au téléphone : les quelques phrases qui suivirent me sidérèrent, tant par leur contenu que par leur longueur.



Je retrouvai subitement la maîtrise de mes cordes vocales, et pas qu’un peu. Déjà, entendre sa voix avait réveillé en moi tout un tas de sentiments contradictoires ; entendre sa petite histoire n’avait pas amélioré mon état. Je n’ai pu contrôler ma voix qui trembla lorsque je lui lançai ma répartie.



C’était pathétique. Je respirai un bon coup et retrouvai un tout petit peu d’assurance, du moins dans la gorge.



Ce n’était pas exactement une excuse ; c’était néanmoins mieux que rien, et ça a eu le don de me surprendre. Affolée, je jetai un coup d’œil au t-shirt trop grand et délavé que je portais en guise de pyjama estival au-dessus de ma tenue d’Ève. Il m’arrivait à mi-cuisse, l’ourlet était décousu d’un côté, et il me paraissait en cet instant comme étant la pire tenue que j’aurais jamais pu trouver pour revoir Thomas, maintenant célibataire.


Je pris les jambes à mon cou vers ma chambre et ouvris aussi silencieusement que possible ma penderie, heureuse que les rideaux fussent tirés. Je lui demandai sèchement d’attendre encore dix minutes avant de monter, songeant à cet instant que je n’avais jamais eu le courage d’aller récupérer sa clé de mon appartement après notre monumentale dispute à trois. Il accepta sans ajouter de commentaire, confirmant ainsi qu’il l’avait toujours en sa possession. Je fermai les yeux en raccrochant, le cœur battant. Je tentai de me persuader que c’était de colère, à cause du culot de Thomas. En fait, j’essayais surtout d’oublier que l’acte me plaisait profondément et que j’étais ravie de le revoir.


Enfants, nous avions grandi pratiquement dans le même quartier sans réellement faire connaissance. J’étais une enfant délicate et imaginative ; lui un jeune garçon robuste et turbulent. À l’école, j’étais une solitaire, toujours plongée dans un livre dès que j’avais su lire ; lui, dans toutes les équipes sportives imaginables. Il y a même eu une époque où il se payait ma tête.


À quatorze ans, tandis que je marchais distraitement dans les rues de ma ville, un lourd samedi de fin juillet, j’avais croisé le grand gaillard solide et charmeur, qui faisait déjà des ravages parmi les jeunes étudiantes, recroquevillé devant sa maison, tenant contre son torse le cadavre encore chaud, sanguinolent, d’un grand chat rayé.


J’ai toujours eu des chats, des chiens, et même parfois des souris et autres rongeurs ; c’était une passion familiale. À une certaine époque, on nous aurait tous jetés sur un bûcher. Immédiatement, j’avais développé une intense sympathie, pour ne pas dire éprouvé un coup de foudre puissant, pour ce jeune homme que je croyais brutal mais qui pleurait à chaudes larmes la mort de son vieux matou, Baron, visiblement écrasé par une voiture devant chez lui.


Je lui avais demandé une pelle et nous avions creusé une tombe pour le chat, qu’il marqua d’une dalle de céramique brisée récupérée dans le bric-à-brac qui environnait sa maison. Il m’avait par la suite invitée à boire une limonade et à regarder un film ; à partir de cet instant, nous étions devenus d’inébranlables amis, malgré le fait que nous appartenions à deux sphères diamétralement opposées, moi pauvre comme les pierres, lui pourvu d’un père riche à craquer.


Je me vêtis rapidement d’une robe soleil bleu royal brillant sur ma peau bronzée. Au milieu de toutes mes pensées me vint soudain à l’esprit que j’étais heureuse d’être passée quelques jours plus tôt chez l’esthéticienne pour mon épilation et mon hâle. Je la chassai en secouant la tête, enfilant mes tongs dorées, examinant d’un œil critique le vernis à ongles blanc perle qui enjolivait mes orteils. Je m’emparai de ma brosse ronde et entrepris la tâche difficile de lisser ma crinière brune aux longues boucles emmêlées par le sommeil. Un coup de tonique pour le visage, un peu de mascara et un gloss couleur pêche, et je refis nerveusement mon lit. Je ne pus m’empêcher de jeter un regard par mes rideaux fermés tandis que le délai était déjà pratiquement écoulé.


Appuyé contre la carrosserie noire de son immense pick-up rutilant, cadeau de son richissime paternel, Thomas fumait un cigarillo que je savais être à la cannelle pour en avoir si souvent senti l’arôme, ses longs cheveux châtains impeccablement noués sur sa nuque. Il avait fait un petit effort vestimentaire, en ce sens que son jean et son t-shirt étaient propres et dépourvus de trous ; il avait quitté ses lourdes bottes de chantier pour des espadrilles. J’enviais son calme apparent quand j’interceptai la brusquerie avec laquelle il écrasa son mégot après avoir jeté un coup d’œil à sa montre. Il escalada l’escalier menant à la porte principale de mon appartement au pas de charge et je l’entendis bientôt gravir les escaliers quatre a quatre.


Il cogna néanmoins timidement. Je rassemblai mon courage pour lui ouvrir.


De près, je constatai qu’il avait les traits tirés et qu’il n’avait pas une très bonne mine, ce qui me fit ravaler d’emblée un sarcasme. Je le saluai poliment et m’effaçai pour le laisser entrer.


Il avait maigri, mais ses larges épaules tendaient toujours l’étoffe de son t-shirt orné d’un motif vaguement tribal à la mode. Je savais que de superbes tatouages d’un style similaire s’étalaient sur son épaule gauche.


Il s’attendait visiblement à ce que j’explose, que je lui jette quelque chose à la tête, peut-être une assiette ; ce qui m’était effectivement passé par l’esprit avant de voir son regard. Il me semblait que nous étions de retour sur le bitume, à quatorze ans, alors qu’il serrait le cadavre de Baron contre sa poitrine. Il avait le cœur brisé. Soudain, ma colère se canalisa vers quelqu’un d’autre, et l’agressivité me reprit.



Évidemment, il prit son temps pour répondre. J’en profitai pour croiser les bras et froncer les sourcils.



C’était dit sur un ton télégraphique et les iris bleu profond de Tom restaient immobiles, fixant une reproduction de van Gogh accrochée sur mon mur. C’était un classique, mais les couleurs des tournesols dans la pièce ensoleillée étaient du plus bel effet. Je me sentis assommée par son récit. Je le connaissais assez pour savoir que, sous ses airs dignes, il souffrait comme une bête.



Et soudain la lumière se fit dans ma tête. Évidemment, c’était un garçon pragmatique. S’il affirmait que cet enfant m’était pas de lui, il avait ses raisons… je l’imaginais très mal en train de fuir ses responsabilités.


Ce même sens des responsabilités l’avait attaché à Maude en espérant l’aider, si je le connaissais bien. Il n’avait pas voulu la laisser s’enfoncer, mais n’avait pu la retenir. Je me mordis la lèvre. Cette garce ! Tomber sur une perle pareille et le traiter ainsi ! Connaissant un peu cette fille, elle n’avait pas dû faire sa sortie paisiblement, ni le remercier pour ses bonnes intentions. Quelque part, très loin, un murmure me soufflait que Maude ne devait pas avoir vécu un bon moment non plus… et qu’on ne se drogue généralement pas pour rien.


Je ne savais pas quoi dire, et je posai une question idiote.



Je fermai les yeux, traversée d’un élan de pitié. Je ne savais pas si c’était envers Thomas, envers Maude, ou envers ce bébé qui n’allait plus venir au monde, mais le fait était : ma colère était platement retombée. Il ne servait à rien de lancer des insultes à la tête d’un homme déjà anéanti.


Il était tombé amoureux fou d’elle quelques temps après que notre propre histoire se fut terminée sur une queue de poisson. Nos relations s’étaient quelque peu tendues, bien que nous soyons restés courtois et amicaux l’un avec l’autre. C’était un mauvais concours de circonstances qui nous avait séparés plus qu’une mésentente quelconque. Je ne l’avais jamais aimée, cette fille, pour des raisons personnelles. Je dois dire qu’elle était très jolie, vive, dynamique, pimpante. Toute menue et svelte, elle avait un visage en cœur et des cheveux blonds platine, le tout accompagné d’une une garde-robe à la dernière mode. Je pouvais comprendre que Tom se soit senti attiré et laissé séduire…


Assis de par et d’autre de ma table à café, nous avons gardé le silence. J’ai posé mes mains, orantes, sur la surface de verre dépoli. Tom les couvrit de ses grosses mais douces paluches.



Malgré tout ce qui avait pu se passer entre nous, je l’aimais et le respectais toujours tendrement. Sa peine ne m’arrachait aucun bonheur, même si une satisfaction perverse me soufflait à l’oreille que Tom était libre, probablement vulnérable suite à la longue abstinence qu’il avait mentionnée à demi-mot… je connaissais bien sa libido… et je chassai résolument ces pensées dans un coin de mon cerveau.


Comme il était désormais près de midi, je nous servis un bol de nachos avec un bol de salsa tandis qu’il laissait errer son regard sur les rayons bien garnis de mes supports à DVD. Soudain, c’était comme si Tom était redevenu mon vieil ami, qu’il passait la moitié de sa vie chez moi comme avant, et que rien ne s’était passé. Amir, qui avait connu Tom alors qu’il était chaton et jeune matou, semblait circonspect et le reniflait avec intérêt. Il décida finalement de sauter entre nous deux sur le canapé quand le film fut sélectionné et installé dans l’appareil, confiant et ronronnant, sollicitant de ses grands yeux d’ambres quelques câlins.


Nous avons regardé le film, une comédie d’action modérément intéressante, ponctuant les scènes de quelques commentaires, piochant dans le bol et caressant tour à tour mon persan blanc et noir qui folâtrait sur nos genoux après avoir décidé que Tom était un ami. Ce dernier sembla peu à peu se détendre et bailla ostensiblement au milieu du film.



Monument de testostérone et d’orgueil, Thomas détestait s’étendre trop longtemps sur un sujet douloureux qui risquait de faire monter des larmes à ses yeux. Maintenant que l’essentiel était dit, je me doutais qu’il ne voudrait plus reparler de Maude avant longtemps.


Il se frotta les yeux.



Ma perfide petite voix perverse me souffla que l’occasion était idéale pour lui proposer de s’allonger un moment dans mon lit… et d’enlever son jean et son t-shirt avant de m’étendre sous les draps à ses côtés… j’enfonçai mon visage dans l’épaisse fourrure d’Amir pour camoufler mes joues écarlates.


J’avais un peu honte de mes hormones. Certes, j’avais eu quelques petites histoires, et même un copain de quelques semaines, depuis que Tom et moi avions rompu. Mais aucune de ces aventures n’avait su égaler les ébats que j’avais connus avec mon vieil ami, qui me connaissait si bien…


Je me serais giflée. Il était venu chercher du réconfort chez moi, pas une aventure. D’ailleurs, s’il m’avait ouvertement proposé de me sauter, je l’aurais probablement giflé. Un effort colossal me permit de me ressaisir et de lever les yeux avec une attitude plus ou moins normale.

Il me détaillait du coin de l’œil et je fus drôlement satisfaite d’avoir acheté cette jolie petite robe, même si elle n’était pas soldée. Elle était doublée au niveau de ma poitrine, mais elle ne laissait pas grand chose à l’imagination, moulant mon généreux buste rond, creusant sous ma gorge un sillon profond. Je m’entraînais régulièrement, au gym et surtout à la piscine ; mes jambes étaient musclées et lisses, mon ventre plat et ferme, accentuant la courbe de mes hanches… voluptueuses. J’étais une belle plante qui n’avait rien de fragile ; pulpeuse serait probablement le mot juste. La Fée Puberté avait été bonne avec moi.


Je lui proposai d’aller manger quelque part puis de se balader en ville, sentant que je rosissais sous ses yeux. Il me semblait dangereux que nous restions assis, côte à côte, en se lançant des regards en coin. Il acquiesça et fit cliqueter ses clés, indiquant qu’on prenait son pick-up. Un peu macho, il n’avait jamais voulu me laisser conduire…


Nous sommes revenus plusieurs heures plus tard, alors que le soleil commençait déjà à s’abaisser dans le ciel, les bras chargés de sacs. Ce qui avait été une innocente séance de lèche-vitrines s’était soldé par une séance de shopping en règle. Il avait tenu à me payer une paire de sandales à haut talons en cuir vert tendre, au style vaguement gladiateur malgré leur fragilité, pour lesquelles j’avais eu un véritable coup de cœur ; elles étaient hors de prix, délicates et brodées de fil rose pâle, à la douce semelle ivoire. Normalement, je n’aurais jamais accepté un tel cadeau ; mais il avait bien failli s’emporter dans le magasin, et j’avais compris qu’il m’offrait un calumet de paix. Quant à moi, je n’avais pu lui payer qu’une crème glacée que nous avions dégusté en longeant le fleuve et en nous racontant par le menu nos vies des derniers mois, rattrapant le temps.


Une fois qu’il eût posé les sacs sur ma table, il se débarrassa de ses espadrilles et s’allongea sur mon sofa, dans l’intention manifeste de se la couler douce. Je lui servis une cannette de bière glacée. Il ouvrit la télévision, vida la canette en quelques gorgées, cherchant une émission intéressante, me laissant farfouiller dans mes cartons et mes sacs.


J’extirpai triomphalement les sandales et les observai de nouveau sous toutes les coutures. Les souliers, c’est mon péché mignon. J’en ai des boîtes pleines, mais pas d’aussi belles, délicates et semblables à une vigne douce, chargée de fleurs minuscules et délicates, s’enroulant autour de mon pied et de ma cheville.


Tom me regarda faire avec un petit sourire mystérieux. Il s’étira longuement, dans une belle imitation d’Amir. Sa coiffure était moins impeccable qu’au début de la journée, des mèches s’échappant de son élastique et effleurant sa mâchoire.



Il avait l’air d’être crevé. Je lui proposai d’aller s’allonger sur mon lit pendant que je prenais une douche et que je préparais le repas ; il se dirigea vers mon matelas sans discuter et s’affala, le visage enfoui dans mes oreillers.


Sous le jet d’eau chaude, je tentai de garder la tête froide. Malgré tout, je ne pus résister à la tentation d’enduire tout le bas de mon corps et mes aisselles de crème à raser et d’y passer les lames, rendant ma peau mate douce comme du satin. Je me faisais épiler régulièrement à la cire, mais rien de mieux qu’un rasage pour être fraîche. Je me répétais que je faisais cela pour rien, mais une petite voix me disait qu’il valait mieux prévoir.

Je m’épilai rapidement les sourcils dans le miroir et séchai mes cheveux avant de m’envelopper dans mon peignoir et je sortis de la salle de bain. La porte de ma chambre était toujours fermée, et des ronflements sonores s’élevaient derrière le montant. Avec un sourire, je me servis une bière, mis une lasagne congelée à réchauffer et m’installai devant la télévision, réglant le volume en sourdine.


Ça faisait longtemps que je ne m’étais pas prise à sourire aussi bêtement. Je profitai de ma solitude et du chaperonnage discret d’Amir pour me laisser aller ; j’étais contente que Tom soit là. Contente que sa garce ne connaisse pas mon adresse. Contente de le retrouver à peu près intact, malgré la tristesse que je surprenais dans son regard bleu. Contente surtout de ses regards flatteurs.

Au début, j’aurais voulu me montrer froissée de ses attentions, tout de suite après avoir largué son ex. Mais j’avais bien vite décidé d’en profiter : il semblait réellement repentant, et je n’avais pas connu un menteur. Il n’avait pas tenté le moindre geste déplacé à mon égard ; mais quelques effleurements s’étaient peut-être faits trop insistants pour être naturels.


L’odeur de lasagne se répandit dans l’appartement et fit sortir l’ours de sa tanière. Torse et pieds nus, les cheveux défaits et les yeux bouffis, Tom émergea de ma chambre et se dirigea vers la salle de bain. J’en profitai pour détailler sa musculature nerveuse, puissante, sa peau bronzée et ornée de tatouages. Mauvaise idée : la voix perverse hurla dans ma tête que mon orgueil blessé pouvait bien aller se faire foutre. Littéralement.


Je me glissai dans ma chambre en quête d’un pyjama quand la porte de la salle de bain se ferma. J’appliquais une crème hydratante sur ma peau quand il revint, le visage et les cheveux humides. Il m’observa me tapoter les joues.



De la part d’un mec qui débourse l’équivalent de son dernier contrat sans sourciller pour une paire de chaussures de femme, c’était plutôt cocasse. Je ne pus m’empêcher de sourire, en partie parce qu’il m’avait indirectement dit que j’étais belle, et il l’interpréta comme un consentement. Il fila dans la cuisine chercher son paquet de fringues neuves et je refermai la porte de ma chambre.


J’en sortis une demi-heure plus tard. Tom était en train de déguster sa part de lasagne, recoiffé et vêtu de ses nouveaux vêtements, quelques crans plus classes que ses vêtements usuels ; une chemise noire, quelque peu conventionnelle mais mettant en valeur le triangle parfait de son tronc, sur un pantalon droit de fine toile beige kaki. Il leva la tête, impatient, mais cessa de mastiquer quand il croisa mon regard.


J’avais choisi une robe bustier blanche, ajustée à la poitrine et à la taille, évasée des hanches à l’ourlet, qui arrivait à mi-cuisse. La coupe était très simple, élégante, achetée en solde l’année dernière dans une boutique de luxe. En dessous, un soutien-gorge sans bretelles, blanc lui aussi, modelait mon décolleté. Une culotte garçonne de dentelle ornée de ruban protégeait mon fessier de ma jupe courte. Mes jambes galbées, juchées sur leurs talons vertigineux, étaient entourées des rubans de cuir de mes sandales jusqu’à mi-mollet. Pour s’harmoniser aux couleurs du clou de mon ensemble, j’avais enfilé des boucles d’oreilles et un bracelet assorti, constitués de grains d’or et de jade ainsi un pendentif sur chaîne dorée de quartz rose taillé de la forme de la fleur du même nom. Mon épaisse crinière couleur chocolat cascadait en boucles souples dans mon dos et sur mes épaules, encouragée par mes produits coiffants. J’avais un peu soutenu mon maquillage, sortant la poudre matifiante, le crayon et le fard a paupière, me composant un regard charbonneux au-dessus d’une bouche rosée et diaphane.



Au naturel, je suis très loin de la mocheté ; quand je m’en donne la peine, je deviens aisément une très jolie fille. Le blanc tranchait sur le bronze de ma peau, faisait ressortir l’obscurité de mon regard. Je me servis une part du plat de pâte que je mangeai avec d’infinies précautions, pour ne pas abîmer la blancheur immaculée de ma robe.



Thomas Senior avait des contacts dans quelques boîtes du centre-ville ; aussi, son fils ne manquait jamais de bonnes adresses. Celui-ci me suggéra deux ou trois noms qui ne me disaient absolument rien ; je choisis celui qui me paraissait le plus exotique.


Il haussa des sourcils étonnés et j’aurais juré voir un instant d’effarement sur son visage ; il acquiesça néanmoins et, curieuse, je décidai de ne pas changer d’avis. Une fois notre repas terminé, nous nous sommes mis en route dans son monstrueux pick-up. Côté environnement et émissions de gaz, ce n’était franchement pas idéal ; mais quand on considérait le nombre d’outils et d’équipement qu’il devait trimballer dans le cadre de son travail, on lui pardonnait un peu. Je préférais quand même ma petite voiture qui consommait autant qu’un briquet.


Il se fraya un chemin jusqu’au centre-ville et j’éclatai de rire quand je vis la devanture du bar annoncé ; des superbes silhouettes se découpaient dans les grandes vitrines opaques, peintes comme des ombres chinoises. Il me jeta un regard surpris tandis que je m’exclamais :



Je n’étais jamais allée dans un tel endroit auparavant, mais je devais admettre que ce n’était pas la curiosité qui manquait. Maintenant, j’en étais convaincue : il m’assassinait du regard. Ça m’a fendu un immense sourire d’une oreille à l’autre.



À une heure du matin, complètement éméchés, nous allâmes cueillir notre taxi, titubant bras dessus, bras dessous, complètement hilares. Le spectacle valait le détour ; ce n’était pas un club minable. Les filles, belles et vêtues de lingerie prestigieuses, étaient d’excellentes danseuses et chargeaient des prix exorbitants, plumant allègrement leurs richissimes clients. Tom n’avait eu qu’à dire son nom de famille pour que le service VIP s’enclenche ; apparemment, son père était connu entre ces murs. Je m’étais toujours doutée que le géniteur de Tom n’était pas très honnête, et je préférais ne pas connaître toutes les sources de ses revenus colossaux. Néanmoins, il était agréable de profiter des avantages de ses contacts… originaux. Les consommations nous avaient coûté une bagatelle. Un videur avait assuré à mon cavalier que le pick-up était garé en lieu sûr dès qu’il était devenu évident que celui-ci n’était plus en état de le conduire.


Tom s’était déchaîné après la première demi-heure, dès qu’il avait constaté que, contrairement à son ex, je ne faisais pas de scandale quand il écarquillait les yeux devant une manœuvre particulièrement sensuelle d’une effeuilleuse aux allures de star ; j’avais trop à voir pour m’occuper de le surveiller.


J’attirais moi-même une certaine curiosité et quelques types me déshabillaient du regard, visiblement déçus de ne pas me voir debout sur une scène. J’étais heureuse d’être accompagnée d’un solide gaillard, dépassant de quelques centimètres la masse ; j’en appréciais le spectacle de sons et de couleur qui se déroulait dans la salle.


J’avais connu quelques expériences saphiques, dans mon adolescence, qui m’avaient laissées d’excellents souvenirs. Regarder ces beautés se trémousser, s’enrouler autour de poteaux chromés, ne me laissait pas indifférente : je le constatai au bout d’une demi-douzaine de consommations, quand je dus aller à la salle de bain.


Enfin, le taxi que le barman avait appelé à la fin de la soirée s’arrêta devant mon immeuble. Tom insista pour régler la note avant de m’aider à sortir : alcool et hauts talons ne font pas nécessairement un bon ménage. Il a fallu quelques tentatives pour que j’arrive à déverrouiller les portes menant à mes murs.


Je me précipitai à la salle de bain pour un besoin urgent et, constatant l’état dans lequel les belles effeuilleuses avaient mis mon délicat sous-vêtement de dentelle, je le retirai et le jetai en boule dans mon panier de lessive. Quand je ressortis de la salle de bain, mes fesses nues caressées par le tissus doux et fluide de ma robe, Tom avait déboutonné sa chemise, retiré ses chaussures, et se préparait visiblement à se coucher sur le canapé.



Il m’emboîta sagement le pas tandis que j’enlevais mes boucles d’oreilles. J’entendis le froissement d’une étoffe derrière moi ; je m’assis sur mon lit, croisant mes jambes, et m’attaquai aux boucles.


À ma grande surprise, Tom s’agenouilla au pied du lit et prit mes chevilles dans ses mains ; larges et chaudes, endurcies par le travail manuel mais étonnement douces et délicates, elles entouraient pratiquement d’une poigne le diamètre de mes chevilles. Il m’incita doucement à décroiser les jambes et s’attaqua, de mains habiles, aux nœuds qui retenaient les lanières.


J’étais hypnotisée par une mèche claire qui s’était détachée de son catogan, effleurant ses lèvres pleines et humides, ses yeux étrangement vitreux. J’attribuai cet éclat aux effets conjugués de la boisson et de la fatigue… jusqu’à ce que ses mains remontent sur mes mollets, abandonnant mes pieds encore emprisonnés sur la semelle fine, caressant ma peau ; ses lèvres vinrent se poser sur mon genou, piquèrent vers l’intérieur de ma cuisse… ses mains remontaient ma jupe sur mes hanches et, quand il effleura mes fesses puis constata de visu que la peau imberbe de mon pubis était nue, il sembla subir un choc. Il se redressa et me regarda dans les yeux : sidérée, électrisée, je n’avais pas osé bouger et je constatai que j’avais aussi cessé de respirer. L’index de Tom se glissa sous mes hanches, écartant mes lèvres déjà enflées et luisantes, glissant facilement dans mes chairs chaudes et trempées.



J’ignorais s’il parlait de ma nudité sous ma jupe ou de mon état d’excitation ; je hochai la tête, vaguement consciente de sa question, me tortillant sur ce doigt curieux. Après tout, si ça lui plaisait, il pouvait bien imaginer n’importe quoi, c’était gratuit.


Je croisai son regard bleu enfiévré juste avant qu’il ne plonge entre mes jambes, le nez appuyé contre mon pubis glabre, sa langue s’écrasant contre les nerfs impatients de mon clitoris, m’arrachant un long soupir et un profond frisson qui me secoua l’échine. En quelques secondes, mes muscles s’étaient littéralement liquéfiés, tout mon système nerveux saturé par les caresses linguales dont Tom assaillait mes petites lèvres et mon clitoris, enflés, rougis et luisants. Je me laissai tomber sur mon matelas, contrôlant comme je le pouvais ma respiration sifflante de plaisir. Au diable, la conversation.


Mon soutien-gorge ajusté me sanglait douloureusement les seins, maintenant ; tandis que j’avais encore un peu de lucidité, je passai un bras derrière mon dos et me tortillai pour défaire les agrafes, arrachant par la suite le sous-vêtement par mon décolleté. Tom avait profité de mon changement de position pour enfoncer plus profondément les phalanges de son majeur dans mon sexe, effleurant le renflement de mon point G… s’y attardant, me faisant glapir et gémir, mes hanches se balançant à son rythme, frottant mon mont de Vénus contre sa langue…


Il poussa un profond gémissement et je sentis son souffle, haletant, sur la peau de mes cuisses. Je tentai de me redresser mais il me renvoya au tapis, son index et son auriculaire étant venus se loger entre les lèvres ouvertes de mon sexe.


Cette fois, je ne pouvais plus retenir mes gémissements, qui se muèrent en cris tandis que je me tordais de plaisir, facilitant ses inquisitions, me sentant complètement trempée, ouverte, brûlante d’une fièvre bien agréable… la peau de mes cuisses caressée par les longs cheveux de Tom… je tendis les mains vers sa crinière soyeuse, des mains tremblantes, il était vrai. Une manœuvre particulièrement habile me fit pousser un cri aigu lorsque mes mains se posèrent de part et d’autres de son crâne. Il était habile, sans pitié, me torturant de ses douceurs et explorant mon intimité avec enthousiasme.


Tremblante, je me redressai sur les coudes tandis qu’il relevait la tête, le souffle court. En baissant les yeux, je constatai qu’il était plus qu’à moitié nu ; sa chemise avait disparu en entrant dans la chambre ; à une main, il s’était arrangé pour défaire sa braguette et baisser pantalon et caleçon sous ses fesses, libérant la bête. J’avais une vue imprenable sur sa gueule d’amour au menton luisant, son torse affriolant… et son sexe qui palpitait sur son ventre ferme, venant parfois heurter son nombril. La Nature avait été généreuse, très généreuse, avec Tom…


À voir le gland rouge, décalotté et barbouillé de la substance transparente qui suait de son méat, et les ruades sauvages qui parcouraient la colonne de chair, il désirait pousser le scénario au prochain acte avec au moins autant d’ardeur que moi, qui avait le sexe en fusion, les tétons si dressés que j’aurais pu couper du verre avec. Ce premier orgasme, loin de m’assouvir, m’avait enflammée.


Les yeux vissés dans mon regard, Tom se releva, son pantalon descendant encore d’un cran sur ses cuisses. Avec une vivacité que je ne me soupçonnais pas, je me suis tassée sur mes jambes repliées et ai tendu les bras vers les hanches de Tom, lui agrippant les fesses à deux mains, attirant son bassin vers mon visage…


Voyant où je voulais en venir, il tenta de se dégager ; de la main droite, je lui enserrai fermement le sexe, levant vers lui un regard impérieux. Je ne le lâchai pas des yeux lorsque je commençai à lécher son gland, goûtant le liquide clair émanant de son méat, attendrie et terriblement excitée par l’expression que je lisais sur son visage ; je dus les baisser lorsque je le pris brutalement, presque entièrement, en bouche, son gland se faufilant un chemin dans ma gorge.


Mon poing serré sur sa verge suivait le même rythme que ma bouche qui l’aspirait, rendant flageolantes les jambes de Tom qui s’appuya les genoux sur mon matelas, haletant.

En me contorsionnant un peu, je réussis à m’agenouiller, le dos à angle droit et la croupe quelque peu relevée par rapport à ma tête, appuyée sur le bras gauche, ma main droite s’activant sur le sexe gonflé de mon amant favori en cadence avec ma langue et mes lèvres, les joues creusées par la succion que j’exerçais… Il s’arc-bouta sur mon dos, remontant d’un geste fébrile ma jupe évasée sur ma taille, ses mains s’emparant de mes fesses, les pulpes de ses doigts s’enfonçant dans mes miches musclées.


Un tressaillement parcourut son sexe et je sentis ma langue se tapisser d’un jet de liquide clair, au goût léger, mais qui précédait son éjaculation. Je resserrai vivement mon étreinte à la base de mon pénis et écartai ma bouche humide, rougie, pour la poser sur sa cuisse, mordillant sa peau pour le rappeler à l’ordre. Il poussa un râle rauque et se releva, se libérant de mon étreinte d’un geste brusque.


Agenouillé à l’extrême bord du lit, les poings crispés le long de ses cuisses, il fermait les yeux et luttait visiblement pour reprendre le contrôle de son corps, son sexe impatient, tournant au violet, palpitant furieusement sur son ventre.


Il ouvrit les yeux lorsqu’il entendit le bruit de la fermeture éclair de ma robe ; les bras tordus derrière le dos, j’ouvris le vêtement qui s’affaissa en un bruissement à mes genoux, libérant ma poitrine aux tétons érigés ; mon petit bonnet D remplissait aisément ses mains larges, leurs extrémités rosées, gorgées de sang, appelant ses lèvres. J’étais plus mince et beaucoup plus musclée que lorsque nous étions sortis ensemble ; je sentis qu’il constata ce fait tandis que son regard coulait sur moi et qu’il poussa un juron à mi-voix, s’attardant sur la ligne nette de ma taille, mes seins arrogants, 100% naturels, mon entrejambe que je sentais battre au mettre rythme que mon cœur…


Nos regards se croisèrent ; ses yeux bleus, quelques tons plus clairs que la normale, étaient interrogateurs, presque suppliants ; les miens n’apportaient que des réponses, mes iris marrons brûlants d’un feu sombre. Je tendis les lèvres vers son visage.


Étroitement enlacés, nous goûtant mutuellement en mélangeant nos langues, mes jambes étroitement enlacées autour de ses hanches, nous nous sommes écroulés ensemble sur mes oreillers, mes seins écrasés contre son torse, ses mains agrippant mes cuisses. Il enfonça son index et son majeur dans mon sexe et étouffa une exclamation mêlée de surprise, d’impatience et de jubilation ; j’étais plus que prête, ouverte et généreusement lubrifiée, des gouttes de cyprine coulant entre mes cuisses frémissantes.


Je relevai mes jambes et posai mes chevilles, encore à moitié sanglées par les lacets dénoués, sur ses épaules en une invitation claire… qu’il saisit immédiatement : les lèvres écrasées contre l’une de mes chevilles, embrassant la peau sensible de mon talon d’Achille, enserrant mes cuisses à deux mains, il me pénétra d’un geste brusque, nous arrachant mutuellement un cri.


J’avais beau être prête, ça faisait plus de quatre mois que je n’avais pas eu de partenaire ; n’étant pas amatrice de masturbation solitaire, les muscles de mon vagin avaient eu le temps de se resserrer, déshabitués de ces intrusions… mêlant la douleur et le plaisir en une seule vague. Bien vite, ses coups de reins ne me tirèrent plus que du plaisir. Des cris traduisant la jouissance insupportable qui émanait de mon sexe, empli, tendu sur la longue et épaisse virilité de Tom qui, le visage crispé, sa langue courant de mes orteils à ma cheville en me tirant des frissons supplémentaires – j’ai toujours été chatouilleuse, donc très sensible – faisait visiblement de grands efforts pour ne pas s’emballer, tous les muscles de son corps tendus à se rompre, des gouttes de sueur coulant entre les rides de concentration qui sillonnaient son front.


Une chaleur torride m’envahit des pieds à la tête, prémisses d’un orgasme foudroyant imminent ; je me cambrai, poussant mon bassin vers lui jusqu’à ce que mon clitoris se frotte aux poils frisés de son pubis ; il poussa un long feulement et posa les poings de part et d’autres de ma tête.



Levant mes bras pour m’emparer de ses fesses, les tirant vers moi, l’incitant à s’enfoncer profondément… je tremblais de tout mon corps, mes muscles se refermant spasmodiquement sur son sexe, le prenant dans un étau… Il banda les muscles de ses fesses et libéra la cadence ; mon lit frappait contre le mur, je hurlais des prières à j’ignore quel dieu, nos corps produisaient des sons humides et obscènes en se heurtant…


Jouir avec Tom, c’était revivre un vieux rêve que l’on croyait avoir oublié. Sa soudaine avidité répondait si bien à mon désir que j’avais presque l’impression de perdre connaissance ; j’écartai les jambes de ses épaules, éloignant mes pieds en un arc de cercle, projetant mes hanches et mon sexe agité, crispé de plaisir, contre lui avec un cri perçant ; il jura et, après une dernière ruée plus brutale que les autres qui sembla m’emplir jusqu’à la gorge, s’écroula sur moi en gémissant. Je sentis sa verge, secouée de frissons, être traversée par son sperme avant qu’il ne se déverse au creux de mon ventre en plusieurs jets puissants. Tom, haletant comme un homme qui vient de courir plusieurs kilomètres, empoigna mes seins à deux mains, le visage enfoui dans mes cheveux, à quelques centimètres de mon oreille.


Pendant une minute, nous restâmes immobiles et silencieux, nous caressant à peine du bout des doigts, reprenant notre souffle et notre esprit, l’érection de Tom se résorbant lentement entre mes cuisses. Mon cœur reprenait lentement son rythme régulier, l’adrénaline faisant place à l’endorphine dans mon cerveau.


Il tendit le bras vers ma table de chevet et je me disais, l’esprit embrouillé et un peu endormi, qu’il était bien tard pour s’inquiéter de mettre un préservatif. Il me tendit une poignée de mouchoirs en papier, le sourire timide mais les yeux pétillants. Je l’embrassai sur le bout du nez et lui rendis son sourire. Il m’essuya en se retirant de moi, son sexe ramolli luisant de sperme et de cyprine piquant du nez entre ses cuisses, recueillant dans le mouchoir qu’il chiffonna et lança dans ma corbeille le fruit de notre plaisir. Il se recoucha sur le dos, les mains derrière la tête, un sourire beaucoup plus franc aux lèvres. Je m’étirai langoureusement et, sentant que la tempête était passée, Amir sauta prudemment sur mon couvre-lit froissé, nous dévisageant avec circonspection.


Tom me regarda et me tendit son bras, m’invitant à me blottir contre son flanc, ce que je fis avec joie. Il m’embrassa d’abord sur le front puis, lorsque je levai le visage vers lui, effleura doucement mes lèvres dans un baiser tendre. Il me serra plus fort dans son bras et je me blottis dans le creux de sa gorge, fatiguée mais heureuse.



Nous nous sommes endormis enlacés, les membres enchevêtrés et les cheveux ébouriffés, un grand sourire aux lèvres.