Une Histoire sur http://revebebe.free.fr/
n° 14353Fiche technique30802 caractères30802
5717
Temps de lecture estimé : 23 mn
31/03/11
corrigé 12/06/21
Résumé:  Joe découvre l'infidélité de sa femme et ça l'excite à mort. Il insiste pour la voir à l'oeuvre avec son amant. Non... Désolé, mais ça c'est ce qu'il aurait aimé ressentir.
Critères:  fh extracon dispute -théâtre
Auteur : Dr Lamb  (2011. De retour...)      Envoi mini-message

Concours : Concours "Pièce de théâtre"
Trompé


Mardi, 19 h 09, le salon de Fatima et Joe



Au rythme de la musique qui inonde la pièce, Fatima, une belle jeune femme de trente ans aux formes généreuses, les cheveux bruns cascadant sur ses épaules, à la figure souriante, prépare la table à manger, naviguant entre ici et la cuisine.

Le salon est élégamment meublé, simple mais chic. Il y a deux tableaux au mur, peints par la jeune femme.

La tapisserie est classe, rien ne traîne dans la pièce.

La sonnette retentit.

Délaissant ses fourneaux, Fatima gagne l’entrée de l’appartement.



Fatima (ouvrant la porte) — Oui?


Son visage se crispe soudain en voyant le visiteur. Olivier, un jeune homme de 28 ans, s’appuie dans l’encadrement de la porte.


Olivier — S’lut, la belle. On a le temps de se parler vite fait ?

Fatima (fronçant les sourcils) — Joe va pas tarder.

Olivier — J’m’en bats les couilles. Tu préfères qu’on s’explique dans le couloir ?


Avec un soupir, Fatima s’écarte pour le laisser entrer. Il en profite pour poser la main sur ses seins. Excédée, elle se dégage et regagne le salon, le jeune mec sur ses talons.


Olivier — Ah bon, tu joues ta nerveuse, maintenant ?


Sans répondre, elle s’affaire à la préparation du dîner. Il la rejoint dans la cuisine et l’enlace par derrière.


Fatima — La paix !


Furieux, Olivier l’empoigne par le bras et l’oblige à lui faire face.


Olivier — À quoi tu joues ?

Fatima — Lâche-moi ! C’est fini ! Je te l’ai dit l’autre soir, c’est fini !


Il la toise avec mépris.


Olivier — Alors je t’ai bien défoncé la chatte quand ça te grattait, et là ça va mieux, c’est ça ?

Fatima — Tu es vulgaire.

Olivier — Et alors ? J’m’en bats les couilles, j’t’ai déjà dit !


Elle se dégage de sa prise et va au salon. Il la suit.


Olivier — On me plaque pas comme ça, moi !

Fatima — Ha, oui, j’oubliais ! Le super baiseur a sa petite fierté ! Mais c’est fini, c’est fini !

Olivier — Tu crois que je vais rester là, comme un gland, sans réagir ?

Fatima — Et tu vas faire quoi, hein ? Me frapper ? Vas-y connard ! Mais sois sûr que si tu me touches, je te jure que j’te crève les deux yeux et je t’arrache les couilles !


La colère de Fatima le laisse méfiant.

Tremblante, ne tenant pas en place, elle retourne à la cuisine et ouvre le frigo pour prendre une boîte de six œufs. En se retournant, elle se heurte à son ex amant. Surprise, elle lâche la boîte qui s’écrase au sol.


Fatima — Putain, regarde ce que tu me fais faire, merde !


La jeune femme se baisse pour ramasser la boîte mais de ce fait, se retrouve au niveau de la taille d’Olivier. Celui-ci sourit, satisfait.


Olivier — Allez merde ! T’aimais ça. Tu en redemandais.

Fatima (se relevant) — Tu as bien raison d’évoquer le passé. Va-t-en, maintenant. C’est fini.

Olivier — Ok. Prends-le comme ça. Mais tu sais bien ce qu’on dit. Qui sème le vent récolte la tempête.


Il sort sur ses mots. Fatima reste interdite dans le salon, la boîte d’œufs à la main. Elle va s’asseoir sur le canapé, et enfouit son visage entre ses mains.




Acte 1, scène 2


Mardi, 19 h 11, le bureau de Joe et Esha



Joe, le mari de Fatima, achève de classer quelques dossiers et se prépare à quitter son bureau. Sa collègue Esha toque à sa porte.



Joe (sans lever son nez de son ordinateur) — Entre, j’ai presque fini.


La jeune femme entre, vêtue d’un tailleur, et vient s’écrouler sur la chaise en face de son collègue. Elle le contemple en silence quelques instants.


Esha — Joe ?

Joe — Hmm ?

Esha — J’aimerais qu’on discute de ce qui s’est passé.

Joe — Mais il ne s’est rien passé.

Esha — Si, faut qu’on en parle. Je sens que depuis, on ne…

Joe — On ne quoi ?


Elle soupire alors qu’il éteint son ordinateur.


Joe — On a eu un malentendu, et puis voilà, c’est tout. C’est pas la fin du monde.

Esha — Joe, ça fait deux ans et demi qu’on bosse ensemble. Je veux pas perdre les liens qu’on a tissés.

Joe — Mais on ne va rien perdre du tout, je te l’ai dit, voyons.


Il range deux dossiers dans sa serviette, puis se laisse aller dans son fauteuil en bâillant.


Joe — Quelle journée de dingues ! J’ai hâte que ce foutu dossier soit enfin bouclé, c’est épuisant.

Esha — Oui. C’est clair.


(Un petit silence s’installe.)


Esha — Quand le dossier sera bouclé, je vais demander ma mutation à Grenoble.

Joe — Quoi?

Esha — J’y ai bien réfléchi.


Joe est interloqué.


Joe — Je ne sais pas quoi te dire, Esha.

Esha — Je sais. Mais je crois que c’est bien, aussi bien pour toi que pour moi.

Joe — Je ne crois pas. À deux, on fait un putain de bon boulot. Pourquoi tu veux te barrer maintenant ? À cause de moi ?

Esha — Pas a cause de toi. À cause de moi.


Furieux, Joe se lève d’un bond comme si sa chaise était devenue brûlante.


Joe — Bordel, mais je t’ai pas demandé de tomber amoureuse de moi ! Putain de merde, mais c’est pas possible ! Y a donc qu’une seule putain de relation possible entre un homme et une femme ? En plus je suis marié, et tu le sais !


Elle ne répond pas et fixe la moquette du bureau.


Esha — Je ne l’ai pas fais exprès, Joe. Tu t’en doutes, non ? C’est venu comme ça… Et j’y peux rien.

Joe — Je suis marié Esha. Et j’aime ma femme. Il faut qu’on oublie tout ça.

Esha — Je ne pourrai pas. Et crois-moi, ça me ronge.

Joe — Écoute, on est amis depuis deux ans et demi ; c’est juste un égarement de ta part et on va surmonter ça.


Il arpente son bureau avec nervosité, prend son manteau suspendu au porte-manteau et boucle sa sacoche. Esha se lève également et gagne le seuil du bureau.


Esha — Je suis désolée.


Elle sort sur ces mots, alors que Joe la regarde partir sans rien dire. L’air dépité, il sort à son tour.





Acte 2, scène 1


Mardi, 19 h 52, le salon de Fatima et Joe



Fatima se trouve dans son salon, elle a dressé la table et surveille d’un œil morne le dîner qui cuit à petit feu. Elle se mordille le pouce nerveusement.



Fatima — Mais qu’est-ce qui m’a pris ? Je suis dans la merde !


Elle va-et-vient lentement dans son appartement, angoissée. Elle gagne la salle de bains et s’asperge le visage d’eau. La clé dans la serrure la fait sursauter. Elle lâche la serviette avec laquelle elle s’essuyait et rejoint son mari qui entre.


Joe (d’une voix fatiguée) — Bonsoir mon amour.

Fatima — Salut chéri. T’as l’air claqué.

Joe — Ouais, c’est clair. Dure journée.

Fatima — Viens, je t’ai fait ton plat préféré.


Le couple gagne le salon. Joe ôte sa veste et pose sa serviette près du canapé, avant de s’y écrouler en bâillant.


Fatima — Alors au boulot ? Vous avez bouclé le dossier ?

Joe (d’un air blasé) — Pas encore. On a encore au moins deux semaines à se tuer là-dessus.

Fatima — Mon pauvre vieux.


Elle se penche et l’embrasse sur le front.


Fatima — Tu prends ta douche pendant que je chauffe le tout ?

Joe — Ouais.


La jeune femme retourne dans la cuisine. Joe reste un moment écroulé dans le canapé, les yeux clos, puis se passe une main sur la figure. Il bâille, enlève son pull et se relève.


Joe — Et toi ma chérie, ça a été ta journée ?

Fatima (de la cuisine) — À peu près…


Joe la rejoint et la regarde réchauffer le repas. Un sourire se dessine sur son visage. Sentant son regard, son épouse se tourne vers lui.


Fatima — Quoi ?

Joe — Je t’aime.


Il vient se placer derrière elle et l’enlace à la taille de ses deux bras et l’embrasse dans le cou.


Fatima — La journée a été si longue sans toi.


Elle se laisse aller dans ses bras, hausse la tête vers lui pour recevoir ses lèvres. Le couple s’embrasse avec tendresse.





Acte 2, scène 2


Mardi, 19 h 52, l’appartement d‘Olivier



Olivier est dans son appartement, en train de griffonner à la hâte sur un bloc-notes.



Olivier — Voilà sale pute ! Tu t’en mordras les doigts. On va voir comment ton mec va la prendre, ma petite lettre.


Il déchire le papier et le met dans une enveloppe, avant de sortir à la hâte.





Acte 2, scène 3


Mardi, 20 h 15, le salon de Fatima et Joe



Fatima et Joe sont tendrement enlacés sur le canapé, en train de s’embrasser avec passion. Les mains de Joe courent sur le corps de sa femme. Elle soupire lascivement lorsqu’il caresse ses seins.

Leurs vêtements éparpillés sont au pied du canapé. Fatima est en sous-vêtements alors que son mari ne porte plus qu’un caleçon. Elle noue ses jambes autour de la taille de son époux et l’attire contre elle, alors qu’il suce sa langue, avant de l’embrasser dans le cou.



Joe — Hmm !


Avec tendresse, il l’embrasse dans le cou, passant ses mains sur son ventre rond. Il mordille ses mamelons à travers le tissu de son soutien-gorge, qu’il finit par dégrafer et jeter au pied du canapé. Il embrasse doucement les seins ronds et pleins, les lèche doucement, alors que son épouse lui passe la main dans les cheveux.


Fatima (dans un soupir lascif) — Oui… Oui…


Joe la couvre de caresses et de baisers. Peu à peu, il se retrouve entre ses cuisses et lui enlève sa culotte. Elle s’ouvre à lui, alors qu’il glisse sa main sous ses fesses pour l’attirer à lui.


Fatima — Oh oui ! Lèche-moi.


Son mari enfouit sa tête entre les cuisses fuselées et entreprend de lui administrer un long et intense cunnilingus. Fatima gémit, soupire de bien-être, crie parfois, pressant la tête de Joe contre elle. Les mains de son mari remontent pour lui caresser les seins.

Au bout d’un moment, il remonte pour l’embrasser à pleine bouche.





Acte 2, scène 4


Mardi, 20 h 16, l’appartement d’Esha



Esha se trouve dans son petit appartement, seule, regardant distraitement la télévision en mangeant un plat individuel. Elle porte un pyjama en coton et a l’air épuisée.

Elle termine son plat et se lève du fauteuil où elle se trouvait. Elle gagne la fenêtre du salon et observe le paysage.

Son téléphone portable se met à vibrer brusquement ; elle s’en empare et décroche à la hâte.



Esha (la voix pleine d’espoir) — Allo ? Ah, c’est toi. Oui, je suis chez moi, pourquoi ? Tu es où, toi ? Euh… Vas-y, ok.


Elle raccroche d’un air déçu.


Esha — Merde !





Acte 2, scène 5


Mardi, 20 h 39, le salon de Fatima et Joe



Joe est assis sur le canapé, et Fatima est assise sur lui. Il est occupé à sucer ses seins alors qu’elle monte et descend sur son sexe en gémissant doucement. Il la tient par les hanches et lui assène parfois de violents coups de reins.



Fatima — Oh oui ! Oui !

Joe — Hmm…


La tenant toujours, Joe la fait aller de plus en plus vite, transpirant, jusqu’à la faire crier de plaisir, avant de la soulever par les fesses et de se mettre debout et de la pénétrer ainsi pendant quelques instants, alors qu’elle s’accroche à son cou et noue ses cuisses autour de sa taille.


Fatima — Oh oui ! Oui ! Haaaa ! Hmmm…


Épuisé, Joe s’écroule dans le canapé, alors qu’elle se met à onduler du bassin de plus en plus vite.


Fatima — Oh oui, oui ! Hmmm ! Je… Haaa ! Oui ! Oh…


Elle s’effondre dans les bras de son mari, couverte de sueur, alors qu’il continue à la pénétrer doucement. Elle cherche ses lèvres, les yeux clos et reprenant doucement sa respiration.


Joe (murmurant à son oreille) — Ma chérie…

Fatima — Je t’aime.





Acte 2, scène 6


Mardi, 20 h 30, une rue



Olivier traverse la rue, une enveloppe à la main, et la glisse dans la boîte aux lettres la plus proche. Il sourit, satisfait de lui, et fait halte pour sortir son téléphone portable. Il compose un numéro et le porte à son oreille.


Olivier — Allo ? Ouais, c’est Olivier. T’es chez toi ? J’suis à cinq minutes de chez toi. J’peux passer ? Ok, j’arrive.





Acte 2, scène 7


Mardi, 21 h, le salon de Fatima et Joe



Joe est allongé sur le canapé et Fatima, entre ses cuisses, lui lèche sensuellement les testicules, alors qu’il se masturbe.



Joe — Hmmm ! Oh oui ! Hmm…


Au bout de quelques secondes, il éjacule de longues traînées de sperme sur son ventre en gémissant. Fatima abandonne ses bourses pour venir laper son ventre avec gourmandise, alors qu’il lui caresse les cheveux. Peu après, elle vient se nicher dans ses bras et le couple reste silencieux quelques moments.

Elle pose sa tête sur la poitrine de son époux.


Joe — Je t’aime.

Fatima — Moi aussi. (Elle le regarde avec un sourire.) On n’a plus qu’à réchauffer le dîner.


Joe rit et se redresse péniblement, avant de l’embrasser sur le front.


Joe — Je m’en occupe.


Il gagne la cuisine, nu. Fatima le contemple, puis détourne la tête juste à temps, pour qu’il ne voie pas la larme épaisse qui coule sur sa joue.





Acte 3, scène 1


Mercredi, 07 h 11, la chambre de Fatima et Joe


Joe tend péniblement la main vers son portable qui sonne. Il l’éteint, bâille et se tourne vers Fatima qui s’éveille doucement.


Fatima — Putain ! Déjà ?

Joe — Hmmm…


Joe la prend dans ses bras et l’embrasse sur le front.


Fatima — Encore cinq minutes, ok ?

Joe — Hmmm…


La jeune femme se tourne vers son mari. Elle tend son visage vers le sien pour l’embrasser et effleure ses lèvres de sa langue. Il glisse sa main sous les draps et la remonte pour lui caresser les seins. Elle soupire et ferme les yeux.

Joe l’embrasse dans le cou et rejette les draps, dévoilant le corps nu de son épouse.

Elle vient à sa rencontre, se colle contre lui, alors qu’il plaque ses mains sur ses fesses rebondies.

Alors qu’elle s’allonge sur lui, il se baisse quelque peu afin d’avoir ses seins en face du visage, qu’il prend en bouche goulûment en les suçant avec bruit. Gémissante, elle se frotte à son bas-ventre.


Fatima — Oh oui ! Oui !


Joe la prend dans ses bras et vint frotter son gland contre son sexe, avant de s’y enfoncer d’un coup.


Fatima — Waou ! Hmm !

Joe — Oh oui !


Lentement, profondément, il entre et sort de son vagin, la bouche collée à sa poitrine.

Joe accélère le rythme, le ralentit, savourant chaque coup de rein qu’il donne à sa femme.

Fatima le prend par la nuque et le fait basculer afin qu’il se retrouve sur elle. Elle écarte grand les jambes pour mieux l’accueillir.

En la fixant dans les yeux, il s’enfonce loin en elle et se penche pour l’embrasser.

Il fait glisser son pénis, profondément, bâillonnant toujours la bouche de Fatima de la sienne. Elle gémit en sourdine, essayant de se dégager pour crier mais il l’en empêche.

Il la pénètre de toutes ses forces, et elle finit par jouir en sourdine, étouffée par les baisers de son époux. Enfin, il la libère et enfouit sa tête dans son cou.


Fatima — Hmm… Oui ! Oh… Cogne bien au fond ! Ramone-moi la chatte !

Joe — Tiens !


Il la possède de toutes ses forces avant de retomber, épuisé, dans ses bras. Il descend le long de son corps du plat de la langue, pressant ses seins au passage.

Il l’agrippe par les hanches et la retourne, et Fatima se place en levrette. Avidement, Joe lui lèche les fesses, les écarte de ses mains, et lui lèche l’anus avec frénésie. Elle pousse de petits cris rauques. Joe vient se placer derrière elle et la pénètre de nouveau, avant de jouir rapidement dans un cri rauque.





Acte 3, scène 2


Mercredi, 08 h 23, la salle de bains de Fatima et Joe



Joe achève de s’habiller dans la salle de bains alors que Fatima se brosse les dents, juste derrière lui. Il enfile sa veste et se tourne vers son épouse.


Joe — Restau ce soir ?

Fatima — Hmmfff ouais. (Elle crache dans le lavabo et se rince la bouche.) Bonne idée, j’ai la flemme de cuisiner.

Joe — Je t’épuise trop, hmm ?

Fatima (avec un sourire) — C’est rien d’le dire.


Il l’embrasse sur le front.


Joe — Bon, j’suis presque en retard, alors j’y go. À ce soir, chérie.


Il quitte l’appartement. Fatima reste un moment dans la salle de bains, achevant de s’habiller. Elle gagne le salon d’un pas nonchalant et se pose sur le canapé. Au bout de quelques instants, elle fond en sanglots.





Acte 3, scène 3


Mercredi, 09 h 18, le bureau d’Esha et Joe



Joe entre dans son bureau, un dossier en main et un gobelet de café dans l’autre.

Il a déjà l’air épuisé. Esha le suit, portant également deux dossiers.



Joe — Pose-les sur mon bureau. Quand je pense qu’ils ont avancés le bilan à demain ! Quel cauchemar !

Esha — Ils nous prennent pour des machines, c’est tout.


Ils étalent les dossiers sur le bureau du jeune homme.


Joe — Bon, faut qu’on se répartisse les tâches sinon on va jamais y arriver. Tu crois que tu peux faire le PowerPoint pour demain ?

Esha — Chaud, mais c’est jouable.

Joe — Ok, moi je réunis les bilans, alors. Je pense faire vite.


On frappe à la porte du bureau. Joe tourne la tête vers Carole, une secrétaire.


Carole — Courier.

Joe — Du boulot en plus ?

Carole — Non, je ne crois pas. Tiens, juste une lettre pour toi. Esha, t’as rien.

Esha — Tant mieux.


Joe prend l’enveloppe que la jeune femme lui tend.


Joe — Merci.

Carole — Bon courage.


Elle sort alors qu’il ouvre l’enveloppe. Au fur et à mesure qu’il lit la petite lettre, son visage se décompose. Sa collègue, le nez dans les dossiers, ne remarque rien.

Il s’assoit lentement dans son fauteuil, ne quittant pas le papier des yeux. L’air choqué, il reporte son regard à sa collègue qui ne fait pas attention à lui.


Joe — Je vais aux toilettes, ok ?

Esha — Ouais.


Il se lève et sort d’un pas mal assuré. Esha dépose le dossier quelle s’apprêtait à ouvrir et soupire en se massant les tempes.

Elle se lève et arpente le bureau de long en large, et en sort également au bout d’une minute.





Acte 3, scène 4


Mercredi, 09 h 43, des WC



Joe est enfermé dans une cabine, assis sur le siège des WC et lit fébrilement la lettre, encore et encore, les yeux mouillés de larmes.


Joe (murmurant) — Non, c’est pas possible ! C’est pas possible !


Il range le papier dans la poche de son pantalon et se passe une main sur le visage. Se levant, il s’appuie contre le mur, lorsque sa collègue entre dans les toilettes et s’approche des cabines.


Esha — Joe ?


Il relève la tête mais ne répond pas.


Esha — Joe, tout va bien ?


Il ouvre la porte et sort ; les deux collègues se fixent un instant.


Esha — T’as l’air d’avoir vu un fantôme.

Joe — Ma femme… Elle me trompe.

Esha — Quoi ?


Il hoche la tête d’un air abattu et s’avance vers le lavabo.


Esha — Elle te l’a dit ?

Joe — J’ai reçu… un mot. De son amant.


Il s’appuie contre le lavabo, les yeux dans le vague.


Esha — Attends. Un mot de son amant ? Et pourquoi il t’enverrait un mot pour te le dire ?

Joe — J’en sais rien.

Esha — C’est trop gros, je pense plutôt que c’est une blague. C’est illogique, qu’il aille tout balancer, à toi… À moins que…

Joe — Que ?

Esha — Si ta femme a réellement eu un amant, et qu’elle a mis fin à leur liaison, il a peut-être eu envie de se venger.

Joe — Mais pourquoi elle m’a trompé ? Pourquoi ?

Esha — Joe, attends d’être sûr avant de tirer des conclusions.

Joe (lui tendant la lettre) — Tiens, lis. Il dit des trucs que moi seul devrais savoir.

Esha — Tu veux pas qu’on retourne au bureau ? On sera plus tranquilles.


Joe reste penché au-dessus du lavabo, les yeux clos, et ne répond pas. Elle s’avance et le prend par le bras. Il finit par la suivre docilement.





Acte 3, scène 5


Mercredi, 11 h 29, un couloir



Fatima gagne le couloir de son appartement, chargée de deux gros sacs de courses. Alors qu’elle met la clé dans la serrure, une main se pose sur son épaule. Elle fait volte-face en criant de surprise. Olivier la regarde d’un air narquois.


Olivier — Surprise !

Fatima — Oh, non, merde ! Quoi encore ?

Olivier — Du calme, ma belle. Un coup de main ?

Fatima (hurlant) — Fous le camp ! Disparais !

Olivier (riant) — J’suis juste venu te dire que tu me verras plus jamais.

Fatima — Oh, génial !

Olivier — Mais juste avant, j’ai envoyé une petite lettre au boulot de ton mec. Juste pour lui dire à quel point c’est bon d’exploser dans ta bouche.


Il fait demi-tour et disparaît sur ces mots. Fatima est tellement choquée qu’elle laisse tomber ses courses et s’appuie contre la porte de son appartement.





Acte 3, scène 6


Mercredi, 11 h 56, le bureau d’Esha et Joe



Joe et Esha sont attablés autour du bureau de celui-ci. Sa collègue lui verse un peu de café. Il a les yeux rivés sur la lettre, posée près des dossiers sur lesquels ils bossaient.



Joe — J’arrive pas à y croire.

Esha — C’est peut-être une mauvaise blague, ou un mec frustré qui voulait coucher avec elle, et qu’elle aurait éconduit. C’est possible, non ?

Joe — Non. Pas possible. Pas après… les détails qu’il me donne.

Esha — Ah ?

Joe (prenant la lettre et lisant) — Elle est vraiment trop bonne, ta femme. Sa cicatrice m’excite.

Esha — Elle a une cicatrice ?

Joe — Ouais. Juste au creux des cuisses.

Esha —Vous aviez des difficultés ces derniers temps ?

Joe — Non. C’était parfait sur tous les plans. Je comprends rien. (Il s’empare de son portable.) Il faut absolument que je lui parle.

Esha — Tu devrais peut-être attendre un peu…

Joe — Non. Ce serait trop dur, sinon. Mais… (Il hésite.) Tu te rends compte ? J’ai peur de l’appeler. (Il inspire profondément.) Bordel, comment elle a pu me faire ça ? (Il compose le numéro de Fatima et porte le téléphone à son oreille.) Allo ? Viens dans le parc en face de mon bureau pour treize heures. Il faut qu’on parle. (Il raccroche rapidement sans lui laisser le temps de dire quoi que ce soit.) Oh putain !


Il dépose son portable sur le bureau et enfouit son visage dans ses mains. Esha se lève et vient le prendre dans ses bras.





Acte 4, scène 1


Mercredi, 13 h 09, Un parc



Fatima est assise sur un banc, complètement paniquée. Elle ne fait que consulter sa montre en guettant l’arrivée de son mari. Ce dernier arrive et elle se lève aussitôt. Les deux se font face. Joe a les yeux baissés.


Joe — J’ai reçu une lettre anonyme aujourd’hui.


N’ayant plus de force dans les jambes, Fatima se laisse aller et s’assoit sur le banc. Son époux reste planté debout à fixer ses chaussures.


Fatima (d’une petite voix) — Olivier. L’un des mecs du déménagement. Sept fois. Jamais dans notre lit, Joe. Jamais.


Joe ne répond pas, trop choqué pour cela. Il essaie de parler mais n’y parvient pas, ressemblant à un homme qui essaierait d’embrasser un fantôme.


Fatima (levant ses yeux vers lui) — Tu ne veux pas venir t’asseoir ?

Joe — Non.

Fatima — Regarde-moi au moins.

Joe — Je peux pas.

Fatima — Je te dégoûte ?

Joe — Oui ! Bien sûr ! (Du coup, il la foudroie du regard.) Pourquoi ? Pourquoi tu m’as fait ça ? Et dire que ce matin, pendant qu’on baisait, tu étais encore pleine de son sperme !


Il se détourne en tremblant. Fatima se plaque la main sur la bouche.


Joe (le dos tourné à sa femme) — Pourquoi ?

Fatima (lentement) — Je…

Joe — Je ne te satisfaisais plus ?

Fatima — Non, ce n’est pas du tout ça.

Joe — Tu trouves que ça n’allait plus entre nous ?

Fatima — Non.

Joe (se tournant et hurlant) — Mais alors pourquoi ?

Fatima — Je sais pas. Je crois que… je… je m’ennuyais.

Joe — Tu quoi ?

Fatima — Je sais que c’est une excuse affreuse…

Joe — Tu t’ennuyais donc tu t’es dit qu’un enfoiré de lascar allait pouvoir te distraire à grands coups de bite ?

Fatima — Écoute-moi.

Joe — C’était meilleur qu’avec moi ?

Fatima — Non.

Joe — Mais alors pourquoi ?

Fatima — Laisse-moi finir. Après, tu pourras faire ce que tu veux, me frapper, m’insulter.

Joe — Comme si c’était mon genre…


Il vient finalement s’asseoir, à l’autre bout du banc. Elle se tourne vers lui.


Fatima — On a pris une certaine routine depuis notre mariage.

Joe — Bordel, cela fait que trois ans ! Et tu me parles déjà de routine ?

Fatima — Pas vraiment une routine, mais… une habitude de vie.

Joe — Bah désolé ! T’aurais peut-être été plus comblée avec un taliban !

Fatima — Mais laisse-moi finir ! Tu crois que je suis fière de moi ? Hein ? J’en suis pas fière ! Je donnerais n’importe quoi pour revenir en arrière !


Joe se tait.


Fatima — Prends-moi la main, s’il te plaît.

Joe — J’peux pas.

Fatima — Bon. Je suis très heureuse avec toi, ça fait sept ans qu’on est ensemble, mais là, ces dernières semaines… Je sais pas… Je me trouvais vide. Pas à cause de toi, non. Mais… sans boulot… seule a la maison à t’attendre…

Joe — Non. Je t’ai jamais dit de rester seule sans sortir.

Fatima — C’est pas ce que j’ai dit. J’essayais de… Je sais pas… De faire quelque chose… Que tu sois fier de moi… Mais plus j’essayais de combler le vide, plus je n’y arrivais pas. Et puis j’ai croisé ce mec par hasard.

Joe — Et direct, paf, tu t’es fait tronchée ?

Fatima — Ne soit pas si vulgaire, Joe.

Joe — Si je veux ! Bordel, excuse-moi de pas te faire mener la grande vie, je gagne que mille cinq cents euro par mois ! Désolé de pas te distraire assez pour que tu n’aies pas à me tromper !

Fatima — Je suis désolée. Je sais pas pourquoi j’ai fait ça, et bordel, j’ai même pas joui une seule fois !

Joe — Je m’en fous. Je me doute bien que tu vas pas me dire « Joe, je t’ai trompé parce que je m’ennuie au pieux avec toi, avec un mec mieux monté. » Je pourrais sans doute pas encaisser.


Il se lève et fait quelque pas en lui tournant le dos.


Fatima — Je suis désolée.

Joe — Désolée ? Et moi donc…

Fatima — Joe, je t’aime. Crois-moi ou non, mais je n’ai jamais cessé de t’aimer. Et ce depuis sept ans. Je sais que tu n’as plus confiance en moi.

Joe — Tu aurais confiance à ma place ?

Fatima — Je sais.

Joe — Non. Tu ne sais rien. Il y a quelques jours, Esha m’a fait des avances. Elle m’a dit qu’elle m’aimait. Et tu sais ? J’ai pas pensé une seule seconde à en profiter, à répondre à ses avances. Parce qu’à ce moment-là, devant moi, il y avait ton visage. Toi qui m’attendais. Toi, qui m’as toujours attendu. J’ai jamais songé une seule seconde à te tromper. (Il se tourne et la regarde.) J’ai eu tort ! J’aurais dû le faire !


Il fait demi-tour et s’en va. Fatima le regarde partir sans essayer de le retenir. Et se met à pleurer sans bruit.





Acte 4, scène 2


Mercredi, 13 h 47, le bureau d’Esha et Joe



Esha travaille toujours sur le dossier lorsque Joe entre, livide. Elle lâche son stylo et se lève pour venir à sa rencontre ; mais il l’esquive et va s’asseoir directement.



Esha (d’une petite voix) — Alors ?

Joe — Je… (Il ravale un sanglot.) Je… n’y crois pas.

Esha — Je ne sais pas quoi te dire, Joe.

Joe — Il n’y a rien à dire. Allez, passe-moi ce putain de dossier. Je suis encore bon à ça, alors autant s’y mettre.


Esha se rassoit en face de lui.


Joe — J’appréhende déjà de rentrer ce soir. Tu te rends compte ? C’est grave, on dirait que j’ai peur.

Esha — Je comprends. Tu veux dormir à la maison ?


Joe la regarde avec surprise.


Esha — Sans arrière-pensées aucune.

Joe — T’es dingue!

Esha — Non, je t’assure, c’est dit sans mal. Parce que j’ai confiance en toi. Tu es un homme bien. Malgré ce que je t’ai dit, tu es resté fidèle à ta femme. De nos jours, c’est rare. Et là, c’est elle qui te fait faux bond. Je sais que tu profiteras pas de la situation. Et moi non plus. Je sais que tu l’aimes.

Joe — Si je l’aime encore ? J’en sais rien. Je crois pas. J’en sais rien.

Esha — Tu sais, ça ne peut pas disparaître d’un coup. C’est normal.

Joe (avec un rire amer) — L’être humain est vraiment une saloperie.


Esha ne répond pas.


Joe — J’ai envie de partir, de tout plaquer. J’ai envie de fuir.


Comme s’il avait eu une révélation divine, le visage de Joe s’éclaire.


Joe — Tu m’as parlé d’un poste à Grenoble ?

Esha (soudain livide) — Oui.

Joe — Laisse-le-moi.

Esha — Joe…

Joe — Je t’en supplie. Je veux y aller.

Esha — Fuir, tu crois que c’est vraiment le mieux ?

Joe — Pour moi, oui.


Elle soupire et se prend la tête dans les mains.


Esha — Donc je vais perdre mon super collègue. Génial !

Joe — Et moi, je perds ma femme et ma collègue. Tu veux qu’on échange ?


Elle ne répond rien.


Joe — Laisse-moi ce poste, Esha. J’ai plus rien, ici.

Esha — Tu agis sur un coup de…

Joe — Oui, parce que sinon, je crains de ne pas agir du tout.





Acte 4, scène 3


Mercredi, 20 h, une chambre d’hôtel.



Portant toujours ses vêtements de travail, Joe s’est installé dans une chambre d’hôtel. Esha est assise sur un fauteuil en face de lui. Il est au téléphone, les yeux clos.



Joe — Elle ne répond pas… Au fond, ça m’arrange. Je sais même pas pourquoi je la préviens… Je… Allô ? C’est moi. Je rentrerai pas. Je rentrerai plus. Je veux qu’on divorce. (Il éloigne soudain le portable de son oreille et se met à pleurer.) Et je partirai après le divorce.


Il raccroche et jette le portable sur le lit, avant de s’y effondrer. Sa collègue se lève et vient le prendre dans ses bras en lui tapotant dans le dos.


Esha — Courage. Courage. Je ne te laisserai pas tomber. Je suis là.

Joe — Va t’en. Laisse-moi seul.





Acte 4, scène 4


Mercredi, 20 h, la chambre de Joe et Fatima



Le portable de la jeune femme, posé sur la table de nuit, se met à sonner. Au bout de la troisième sonnerie, Fatima arrive en courant et s’en empare. Elle décroche fébrilement.



Fatima — Joe ? Je… Attends ! Mais… Non !!! Non, je t’en supplie ! Il faut qu’on se parle, qu’on…


Elle jette son portable contre le mur en hurlant. Elle s’écroule sur le lit et sanglote.





Acte 4, scène 5


Vendredi, 15 h, l’extérieur du palais de Justice



Plusieurs mois ont passé et aujourd’hui, les deux époux viennent de divorcer. Ils traversent la rue ensemble jusqu’à la voiture de Fatima. Elle fait halte devant la portière du conducteur et regarde son ex-mari. Ils ont tout les deux une mine épouvantable.



Fatima (d’une voix fatiguée) — Ton train est à quelle heure, demain ?

Joe (las) — Neuf heures dix.

Fatima — Ok.


Ils se regardent un petit moment.


Fatima — Bon, je suis de nuit ce soir, je vais aller dormir un peu.

Joe — Tu as raison.


Mais aucun des deux ne se décide à partir. Fatima ouvre la portière.


Joe — Bon… Je te laisse.

Fatima — Oui.

Joe — Prends soin de toi.

Fatima — Avant de monter dans le train, tu peux m’appeler, demain matin ?

Joe — Non, je pense que c’est pas la meilleure chose à faire.

Fatima — Rassure-toi, je n’ai plus une seule larme.

Joe — Moi non plus.


Elle monte en voiture et Joe tourne les talons.



Fermeture de Rideau.



On entend le bruit de la voiture qui démarre.



Ouverture de rideau





Acte 5, scène 1


Jeudi, 16 h 51, un magasin de vêtements



Fatima erre dans les rayons, jetant un œil ici et là. Elle a beaucoup maigri et ses cheveux sont plus longs qu’avant. Son visage est marqué par la douleur de son divorce. Sans grande conviction, elle s’empare d’un haut lorsque son regard est attiré par quelqu’un.

Joe se trouve juste devant elle, une chemise à la main.

Ils se figent l’un en face de l’autre, complètement pris au dépourvu.


Joe — Fatima ?

Fatima — Joe ! J’y crois pas. Qu’est-ce que tu fais à Paris ? Je croyais que tu avais encore deux mois à faire là-bas ?

Joe — Ouais. Je suis parti plus tôt. Là-bas, c’était pas terrible.


Un long silence s’installe.


Joe — Comment ça va ?

Fatima — Bah… je me suis habituée au travail de nuit. Tu es revenu quand ?

Joe — Y a une semaine.

Fatima — Ok. Et tu loges où ?

Joe — Chez Vincent, il me dépanne.

Fatima — Ah, c’est bien. (Elle baisse les yeux sur sa chemise.) Noire. Ta couleur fétiche.


Joe sourit.


Joe — Toi, t’as sacrément fondu.

Fatima — Ouais.

Joe — Et toi, tu me racontes, quoi de neuf ?

Fatima — Rien. J’ai rien à dire de spécial. Je bosse la nuit. Je dors le jour.


Joe hoche la tête. De nouveau, les deux ex époux se contemplent un long moment.


Fatima — C’est bizarre de te revoir, là, comme ça… Esha va bien ?

Joe — Oui. Elle était contente que je rentre.

Fatima — Ah, vous n’étiez pas ensemble ?

Joe (surpris) — Non, pas du tout. C’est ma collègue, c’est tout. J’ai personne.

Fatima — Ah… ok… Moi non plus.


Nouveau long silence. Fatima regarde son haut.


Fatima — Bon, je vais aller payer ça.

Joe — Moi aussi.

Fatima — Tu es pressé ?

Joe — Non. Je faisais les boutiques, histoire de me changer les idées.

Fatima — Moi aussi.

Joe — Tu… veux qu’on se pose autour d’un café ?

Fatima — Oui. Avec plaisir.


Ils se dirigent vers les caisses.



Fermeture du rideau.