Une Histoire sur http://revebebe.free.fr/
n° 14430Fiche technique21385 caractères21385
Temps de lecture estimé : 12 mn
08/06/11
Résumé:  Il était une fois...
Critères:  humour merveilleux -merveille
Auteur : Zébulon            Envoi mini-message
Fées et Dragons

Il était une fois un pays merveilleux peuplé de Fées, toutes plus jolies les unes que les autres. Les petites créatures voletaient gaiement sous l’œil bienveillant de leur reine, la Fée Cervette. La vie s’écoulait paisiblement dans cette contrée tranquille, rythmée par les rires de Fée Gorgette, quelquefois assombrie par les pleurs de Fée Larmette.


Il arrivait que Fée Fessette soit frappée par un éclair cinglant, généralement à la suite d’une parole déplacée de Fée Languette ou d’une nouvelle maladresse de Fée Senestrette, l’une des deux Fées Manettes. Mais dans l’ensemble chaque nouveau jour était semblable au précédent, baigné de la même joie insouciante.


Mais un beau matin, un évènement inhabituel vint troubler la quiétude du royaume des Fées. C’est Fée Dextrette, l’autre Fée Manette, qui donna l’alerte. Il faut dire que les Fées Manettes étaient réputées dans tout le royaume pour leur curiosité. Elles adoraient parcourir le pays de long en large, s’aventurant même au-delà et ramenant en voyageuses intrépides des trouvailles des autres mondes.


Ce matin-là, Fée Dextrette volait en rase-motte quand elle se cogna dans un obstacle qui n’était pas là la veille, elle en aurait juré. Un peu sonnée par le choc, Dextrette se posa pour contempler cette nouveauté. Elle fut toute surprise de découvrir une petite créature, pas plus haute que trois grains de poussière de fée.



Fée Dextrette reprit son envol à la recherche de Gauchette. Elle n’eut pas à voler très longtemps pour apercevoir la petite fée, exacte réplique de sa sœur.


Dextrette, tout excitée par cette découverte, voleta à toute vitesse pour aller en informer la Reine. Celle-ci accueillit la nouvelle avec étonnement, mais en digne reine qu’elle était ordonna à Dextrette de répandre la nouvelle dans tout le royaume afin que les Fées réservent le meilleur accueil aux nouvelles venues.


Une fois seule, la Reine Cervette s’interrogea longuement sur cet évènement. De mémoire de Fée, on n’avait jamais vu apparaître de nouvelles habitantes. Que signifiait cette apparition ? N’était ce pas le premier signe d’un changement dans ce paysage jusque-là si calme ? Devrait-elle gouverner différemment désormais ? En grande sage qu’elle était, elle résolut d’agir avec pragmatisme. Laissons les choses venir, nous nous adapterons.


Le temps continua à s’écouler, de nouveau paisiblement. Droitette et Gauchette avaient été acceptées dans la communauté, elles grandissaient parmi les autres Fées sans que rien ne vînt troubler la sérénité générale. Reine Cervette continuait de garder un œil sur elles, rassurée qu’elles se soient si bien intégrées.


Puis, à nouveau, un évènement exceptionnel survint. Cette fois c’est Fée Vaginette qui se fit remarquer. Elle d’habitude si discrète, timide même au point d’avoir toujours porté un masque qui lui cachait le visage, se trouva au centre de l’attention par un bel après-midi ensoleillé. C’est Fée Yeuette, survolant l’assemblée comme à l’accoutumée, qui s’écria.



Tous les regards se portèrent instantanément sur la pauvre Fée qui ne savait plus où se mettre. Reine Cervette, attirée par le brouhaha, accourut pour constater que le corps de Vaginette était effectivement devenu tout rouge. Bienveillante, comme à son habitude, elle se rendit à son chevet.



Cervette demanda aux Fées de laisser Vaginette tranquille pour qu’elle se remette. Sage était la reine, car en effet, après quelques jours, la petite Fée timide avait repris son apparence normale. Mais elle n’avait toujours pas quitté son masque.


Quelques semaines plus tard le même phénomène se reproduisit, puis à nouveau quelques semaines après. Cervette conclut que ce devait être une particularité de Vaginette, comme Onglette à qui il fallait régulièrement tailler les ailes sans quoi elles finissaient par se recourber et l’empêchaient de voler. Personne ne devait porter de jugement, il fallait juste accepter les autres Fées avec leurs différences, c’est tout.


Le calme revint de nouveau au royaume des Fées jusqu’à ce qu’un séisme l’ébranle. Cela se passa lors de la baignade. Ce bain était un rituel depuis des temps immémoriaux. Les Fées Manettes tenaient le rôle principal dans cette cérémonie. Senestrette versait de l’eau, Dextrette frottait la fée ainsi mouillée. Le bain se déroulait sous la haute surveillance de la Reine, qui était souvent obligée d’élever la voix pour que chacun de ses sujets passe sous le jet purificateur. Certaines Fées étaient particulièrement récalcitrantes à cet exercice, notamment Oreillette qui se cachait fréquemment derrière Chevette pour échapper à ce qu’elle considérait comme une corvée, ou Yeuette qui détestait être mouillée.


Ce jour-là, donc, la chose arriva quand ce fut le tour de Clitorette. Clitorette avait un statut particulier parmi les Fées. Personne ne l’avait jamais vu faire quoi que ce soit de toute sa vie. Chaque Fée avait une utilité, un rôle à jouer dans la communauté. Mais personne ne savait à quoi servait Clitorette. La Reine avait souvent été assaillie de questions à ce sujet, et force lui avait été de répondre qu’elle n’en savait rien, mais que comme les Fées sont gentillesse et bonté, elles devaient accepter leur camarade telle qu’elle était. Après tout, elle ne dérangeait personne.


Senestrette, qui dans ce rôle n’était pas trop maladroite, versa de l’eau et Dextrette se mit à frotter Clitorette. C’est alors que les ailes de Clitorette se mirent à grandir et à battre frénétiquement. Surprise, Dextrette arrêta ses mouvements. Les ailes de Clitorette cessèrent leur battement. Rassurée, la Fée nettoyeuse recommença son œuvre. À peine avait-elle posé les mains sur elle que Clitorette battit à nouveau des ailes. Qu’à cela ne tienne, se dit Dextrette, il faut que je finisse, j’ai encore plein de Fées à passer en revue.


Elle continua donc, mais agacée par le retard pris dans sa tâche, elle accéléra le mouvement. Aussitôt les ailes de Clitorette prirent plus d’ampleur et leur battement s’accéléra. Et c’est alors que de l’or se mit à tomber en pluie des ailes de Clitorette. Pas de la poussière de fée, non, de l’or, brillant, scintillant, éclatant sous le soleil de cette chaude après-midi. Clitorette poussa un petit cri, ses ailes s’arrêtèrent de battre et reprirent rapidement leur taille normale.


Toute l’assemblée avait assisté bouche bée au phénomène. Seule Vaginette avait manifesté un certain émoi devant ce spectacle. Reine Cervette se précipita aux côtés de Clitorette, regarda le petit tas de métal précieux à ses pieds et s’adressa haut et fort à ses sujettes.



Chacune des fées se regarda, observa sa voisine, et conclut qu’encore une fois la Reine avait raison. Tout était plus beau maintenant.



Suite à cet évènement, la vie au pays des Fées prit une nouvelle dimension de gaieté. Toutes les habitantes virevoltaient, s’amusant d’un rien, sifflotant en décrivant des arabesques dans le ciel éclairé des reflets dorés du trésor qui grandissait peu à peu. Dextrette et Clitorette devinrent les meilleures amies du monde, elles qui auparavant ne se côtoyaient que par obligation. Senestrette était un peu jalouse de sa sœur jumelle, mais Clitorette préférait la fréquentation de Dextrette. Reine Cervette, dans son immense sagesse, et empreinte d’un grand sentiment de justice, confia à Senestrette pour la consoler le soin de s’occuper de Droitette et Gauchette, les autres sœurs jumelles, qui avaient maintenant atteint leur taille de Fées adultes. Cette répartition des tâches faisait régner une harmonie parfaite dans le royaume des fées, dont l’Or s’amoncelait.


Le tableau aurait été idyllique si une autre Fée n’avait pas nourri un sentiment grandissant de jalousie. Vaginette, qui était presque considérée comme une paria du fait de sa pigmentation changeante, s’énervait de voir que toute l’attention et la considération des ses camarades se portaient sur Clitorette. À chaque fois que celle-ci se promenait aile dessous aile dessus avec Dextrette, virevoltant en tout sens, expérimentant des figures de plus en plus audacieuses, tantôt tournoyant, tantôt piquant ou volant en rase-mottes, elle essayait d’attirer leur attention.




Et c’est ainsi que le ver entra dans le fruit, que la pomme fut décrochée de l’arbre. Vaginette avait entendu parler d’un pays voisin, peuplé de Dragons. Les Fées en parlaient de temps à autre avec un sentiment de dégoût, d’abord, puis d’effroi. Mais pour Vaginette maintenant, c’est avec une curiosité mêlée d’espoir qu’elle rêvait de ce royaume étranger. Elle était convaincue que l’aide qu’elle espérait ne pourrait venir que des Dragons, ces créatures étranges et inconnues. Alors, quand l’occasion se présenta, elle fit envoyer une invitation au Roi des Dragons.


C’est par un beau crépuscule de printemps qu’on frappa à la porte dorée du royaume des Fées. Ces dernières prirent peur, qui donc pouvait oser troubler leur quiétude ? Reine Cervette entrouvrit la porte.



Derrière la Reine, les Fées se bousculaient pour voir à quoi ressemblaient ces Dragons dont elles parlaient à mot couvert. Fée Droitette réussit à se placer juste derrière Cervette. Queutus, qui tordait son long cou pour voir au-dessus de la reine, l’aperçut par l’entrebâillement de la porte. Aussitôt il doubla de volume.



Reine Cervette, toute sage qu’elle fût, se dit que le Roi des Dragons avait l’air sûr de lui. De plus, il avait prouvé ses pouvoirs magiques en grossissant subitement. Après tout, il avait peut-être raison, Vaginette pouvait peut-être produire de l’Or elle aussi. Elle ouvrit la porte. Aussitôt Dextrette, curieuse comme on l’a dit, se précipita aux pieds de Queutus.



À ces mots Queutus se rengorgea et prit quelques tours de taille supplémentaires. Fée Dextrette s’envola et entreprit de faire le tour du Dragon. Une de ses ailes le toucha.



Queutus aperçut Gauchette voleter au loin. Il grossit encore.



Fée Vaginette, qui n’avait pas perdu une bribe de la conversation, se sentait tout excitée. Elle ne tenait plus en place, elle avait hâte de rencontrer ce Dragon qu’elle avait appelé de ses vœux. Enfin elle allait tenir sa revanche sur cette prétentieuse de Clitorette ! Elle s’avança d’elle-même d’un vol décidé, bousculant toutes les Fées qui jusque là l’empêchaient de voir le Roi des Dragons.


En le découvrant enfin, elle eut un mouvement de recul.



Joignant le geste à la parole, Queutus déchira le masque de Vaginette d’une ses griffes acérées.



Le Dragon, enserrant la Fée de ses grosses pattes, déploya ses ailes et prit son envol. Vaginette avait ses ailes plaquées par l’étreinte et ne pouvait pas voler d’elle-même. Elle se dit que ce vol n’était aussi agréable qu’elle l’avait imaginé, et elle commença même à ressentir une douleur d’être tenue trop fermement. Mais, heureusement pour elle, le Dragon se reposa bien vite. Il ouvrit grand la gueule et cracha un long jet sur le pays des Fées. Il lâcha Vaginette qui aussitôt étira ses ailes endolories.


Reine Cervette, survolant la scène, apostropha Queutus.



Queutus, dépité par ces paroles sévères, avait repris sa taille initiale. Il quitta le pays de Fées, un peu honteux d’avoir été chassé de la sorte et surpris que la Reine n’ait pas la même conception de l’Or que lui. Il rendit compte à ses camarades Dragons de son aventure parmi les Fées.


Après cet épisode, Vaginette, qui ne pouvait même plus cacher sa honte derrière son masque, fut très mal considérée par ses consœurs. Clitorette reprit ses vols avec Dextrette et le trésor devint plus volumineux chaque jour. Le temps s’écoula ainsi, au rythme des pluies d’Or tombant des ailes de Clitorette.


Puis un beau jour, on frappa de nouveau à la porte du pays des Fées. Reine Cervette s’y rendit.



Cervette fit signe aux Fées de s’éloigner, et Cervus fit de même avec les Dragons. Ce que les souverains se dirent est resté secret, mais à l’issue de leur conversation, la Reine ouvrit grand la porte du royaume. Le Roi appela alors les Dragons un par un, retenant ceux qui voulaient entrer avant leur tour, encourageant les timides qui n’osaient pas s’avancer.


Langus arriva le premier. Il se promena un peu partout, frôlant les ailes d’Oreillette, touchant Nuquette de sa queue, jusqu’à ce qu’il aperçoive Fée Languette virevoltant au-dessus de lui. Il prit son envol et vint la rejoindre. Dès que leurs ailes se touchèrent, ils entreprirent une danse aérienne des plus élégantes. Roi Cervus, qui observait le spectacle, fit signe au Dragon suivant de pénétrer dans le royaume.


Dextrus, le premier des Dragons Manus, entra à la recherche de Gauchette. La Fée, en le voyant au loin, prit de l’altitude pour qu’il la remarque. Le Dragon s’envola à sa rencontre pendant que son frère Senestrus atterrissait à côté de Fée Genouette. Celle-ci appela bien vite Fée Cuissette pour qu’elle se joigne à eux. Les rires cristallins des Fées commencèrent à retentir. Puis Langus, Dextrus et Senestrus esquissèrent une ronde à laquelle ils invitèrent toutes les Fées une à une. Bientôt toutes les habitantes du royaume dansaient en riant avec les trois Dragons.


Seules deux Fées restaient à l’écart. Clitorette et Vaginette observaient la liesse qui s’était emparée de leurs voisines avec beaucoup d’envie. C’est Langus, connu pour sa douceur et sa gentillesse, qui fit le premier pas pour inviter Clitorette dans la danse. Celle-ci hésita quelques instants puis se lança dans la folle farandole. Elle tourna avec Senestrus, frotta ses ailes à celles de Dextrus puis s’envola avec Langus. Le Dragon et la Fée montèrent très haut dans le ciel, montèrent encore et soudain une pluie d’Or tomba sur les danseurs.


Alors, sur un signe de Roi Cervus, Dextrus sortit de la ronde et alla inviter Vaginette restée à l’écart. La Fée enfourcha la queue du Dragon qui attendit qu’elle soit bien installée pour s’envoler. Dans leur ascension, ils croisèrent Langus et Clitorette qui redescendaient. D’un léger coup de queue, Dextrus amena Vaginette jusqu’à ses ailes. Alors la Fée accorda le battement de ses ailes à celui des ailes du Dragon. Ils volèrent ainsi aile dans aile, de plus en plus haut, de plus en plus loin, dans l’azur brillant des mille feux de l’Or de Clitorette.


Tout à coup une pluie d’Or jaillit des ailes de Vaginette. Une clameur monta de l’assemblée des Fées.



Cervus se tourna alors vers l’extérieur de la porte.



Le Dragon, si gros qu’il eut du mal à franchir la porte, déploya ses ailes pour aller rejoindre le couple virevoltant. D’un petit coup d’aile, Dextrus fit passer Vaginette sur le large dos de Queutus. La Fée, un peu fatiguée du vol précédent mais émerveillée du pouvoir qu’elle venait de se découvrir, accorda son battement d’aile à celui de Queutus.


Le Dragon, bien plus fort et puissant que son fidèle compagnon Dextrus, entraîna Vaginette encore plus haut qu’il ne l’avait fait. Ils montèrent si haut que les Fées que ne purent plus les voir. Seule leur ombre minuscule zébrait le sol au gré de leurs circonvolutions. Puis un déluge d’Or se déversa du ciel. Tout le pays des Fées se trouva d’un coup illuminé par les reflets des milliers de poussières tombant en pluie.


Reine Cervette, aile dessus aile dessous avec Roi Cervus, se mit à rire à gorge déployée, aussitôt imitée par toutes les Fées et les Dragons.


Depuis ce jour, les Fées et les Dragons ne se quittèrent plus. On raconte que leur trésor est immense, et que l’Or Gasm y continue à pleuvoir de nos jours.