n° 14461 | Fiche technique | 45308 caractères | 45308Temps de lecture estimé : 26 mn | 01/07/11 |
Résumé: À la suite d'une connerie, Éric est obligé de renoncer à Francine. Heureusement, il trouve le bonheur avec Candice. | ||||
Critères: fh amour fellation pénétratio mélo -amourdram | ||||
Auteur : Bertrand D Envoi mini-message |
Affalé dans un fauteuil, Éric les yeux fermés, laisse courir ses pensées. Combien de fois s’est-il déjà retrouvé, comme aujourd’hui, dans une salle d’attente d’hôpital ? Cette nuit encore, il est seul, angoissé, attendant des nouvelles. On lui a dit que ce serait probablement assez long, qu’il vaudrait mieux qu’il rentre chez lui. Mais il n’a pu s’y résoudre.
Sa vie a tellement été agitée, perturbée, elle défile dans sa tête à chaque fois dans de pareilles circonstances.
L’année 1973 s’annonce délicate certes, mais le moral est au beau fixe. Le BTS est au mois de juin, ils sont prêts. Oui, parce qu’il faut que Francine et lui réussissent. Ils vont chercher un emploi et pourront ainsi se mettre en couple.
Francine, il la connaît depuis… toujours. Leur premier contact a été un crêpage de chignon en maternelle. Elle lui avait pris son nounours, il a attrapé sa tignasse pour récupérer son jouet. La maîtresse a dû les séparer.
Leurs parents étaient venus habiter depuis peu dans ce nouveau quartier et c’est pour cette raison qu’ils se retrouvaient ensemble.
Naturellement, ils ont poursuivi un parcours scolaire parallèle dans la même école primaire. Leurs rapports n’étaient plus conflictuels, simplement ils n’en avaient pas. Dans le même collège, mais dans des classes différentes, ils ne se voyaient que dans le bus. Et surtout garçons et filles formaient des groupes séparés, se moquant les uns des autres.
Mais, au lycée, ils se sont retrouvés dans la même classe. Pourtant, ils ont tellement changé, qu’ils ne se reconnaissent plus. La gamine longue et maigre du collège, a encore un peu plus grandi, mais surtout a pris des rondeurs, là où il le fallait. Lui a fait une énorme poussée et maintenant la dépasse. Par contre il reste maigre comme un cep de vigne.
Dans le bus, les lycéens peu nombreux, ignorent les collégiens. Les deux se sont dit bonjour le jour de la rentrée et maintenant échangent quelques mots. Éric est très timide et ose à peine parler aux filles.
En première, il a pris un peu de carrure. Il s’est retrouvé auprès de Catherine, une belle fille, renommée pour sa conduite très libre. Éric lui a plu. Et c’est ainsi qu’un beau jour, elle l’a coincé dans une embrasure et lui a roulé sa première pelle. Ébloui, il s’est considéré comme l’heureux élu de sa voisine. Mais celle-ci, comme à son habitude, après une paire de semaines, s’est lassée de ce garçon si timoré, et surtout ne prenant aucune initiative.
Il a été très choqué, vexé même, mais n’a rien dit. Simplement, Francine lui a demandé ironiquement pour quelle raison il avait largué sa partenaire. Alors, un soir d’hiver, à la descente du car, il l’a entraînée dans un coin et lui a montré qu’il savait embrasser. Elle s’est mollement défendue, heureuse au fond d’elle-même qu’il s’intéresse enfin à elle.
Mais Éric est resté prudent. Car le père de Francine est inspecteur de police et très strict sur la conduite de sa fille aînée. Il valait mieux qu’il ignore ça. Par contre, de son côté, il ne se faisait pas de souci, sa sœur aînée, puis son frère avaient ouvert les yeux des parents. D’ailleurs son père, employé de banque, et sa mère étaient assez cool.
Ainsi, à quelques trop rares occasions, ils ont pu échanger quelques caresses. Rien de méchant, un baiser, les mains qui traînent sur les fesses, quelques palpations de seins que Francine repousse, mollement. Par contre, elle a bien pu constater le désir de son compagnon quand il la serre contre lui.
Pendant leur terminale, ils ont continué leurs rapports. Mais à défaut de lieu pour s’isoler et surtout devant les réticences de Francine, Éric n’a guère pu progresser dans ses explorations.
Heureusement tous deux ont réussi leur bac. À cette occasion, Francine l’a invité chez elle pour fêter cet événement. Éric a eu un peu peur de se retrouver face au père, à la réputation si sévère. Pourtant celui-ci l’a bien accueilli, et au sourire un peu narquois, il a compris qu’il était au courant de leur tendre amitié.
Durant les vacances d’été, Éric a eu l’occasion de parfaire son éducation amoureuse.
Avec des copains, ils sont partis sur les bords de la Méditerranée. Un jour, sur la plage, il a remarqué une femme sensationnelle, une vieille d’au moins vingt-cinq ans, avec des seins et un cul formidables. L’intéressée a remarqué ses regards fixés sur son anatomie. Elle lui a demandé s’il pouvait lui passer de l’huile solaire. Ils sont restés l’après-midi ensemble à discuter. Et elle l’a invité à prendre l’apéritif sous sa tente.
Sous le barnum de sa compagne, il faisait chaud. Il a accepté quelques pastis. Au bout d’une demi-heure, il était un peu parti. Elle lui dit :
Quand la fermeture a cédé, elle s’est retournée et il a eu contre lui une magnifique poitrine. Il est resté figé et c’est elle qui a dû lui prendre les mains pour les poser sur ses seins. Puis saisissant son sexe tendu au maximum, elle l’a entraîné sur le matelas pneumatique. Elle l’a embrassé, puis il a profité des seins qui s’offraient. Elle l’a dépouillé de son maillot, a quitté le sien. Couché sur elle, son sexe est venu se mettre exactement en place. Négligeant tout préliminaire, il s’est enfoncé dans ce puits de velours. Excité au maximum, il s’est agité frénétiquement malgré les tentatives de sa partenaire de le ralentir. Et il a explosé, laissant sa maîtresse sur sa faim.
Heureux, mais voyant le regard goguenard de sa compagne, il a compris qu’il avait agi comme un gamin.
Elle l’a allongé à côté d’elle, lui a appris les caresses préliminaires élémentaires qu’il devait prodiguer à une femme. Attentif, il a écouté et appliqué ses enseignements. Quand, comme elle le lui demandait, il a embrassé son buisson, elle lui a rendu la politesse, absorbant le sexe dressé au maximum. Toutefois, en femme expérimentée, elle a évité une conclusion trop rapide. Quand elle s’est sentie prête, elle l’a ramené en position et a guidé sa cadence. C’était le paradis. Bien que sa maîtresse lui tienne la tête à deux mains il a eu l’impression qu’on lui caressait les couilles et le cul. Quand elle lui a laissé la bride sur le cou, il a accéléré et s’est répandu à nouveau en elle.
Se dégageant en se retournant, il a vu une autre fille qui se marrait.
Et ainsi, en deux jours il a acquis ce que d’autres mettent des mois à connaître. Il est vrai qu’à deux femmes expérimentées et entreprenantes, elles lui ont enseigné tout ce que doit savoir un homme. Il est revenu épuisé, mais heureux, rejoindre ses amis.
À la rentrée, avec Francine, ils ont poursuivi leurs études pour obtenir leur BTS. Éric pensait que du moment que tous deux étaient majeurs, il allait pouvoir conclure l’éducation de sa copine, maintenant qu’il était compétent. Mais elle a refusé catégoriquement de passer à l’acte, lui permettant seulement de faire une connaissance complète de son corps. Elle a même consenti un soir où il était trop excité et prêt à la forcer, à le soulager manuellement. Et c’est devenu une habitude.
Un jour, Roland, un copain les a invités à son anniversaire. C’était au mois de mai. Comme à l’ordinaire, chacun apportait quelque chose. Mais le père de Francine n’a pas voulu qu’elle participe, craignant des dérapages dus à l’alcool. Éric y est donc allé seul, avec une bouteille de vodka.
L’après-midi a été formidable, l’alcool coulant abondamment. À un moment, Jacques lui a tendu une cigarette, de celles qu’il avait apportées. La forme était bizarre. Éric n’avait jamais fumé, non par crainte de maladie, mais tout simplement parce qu’avec Francine ils avaient pris cette décision. Pour une fois, loin d’elle, il a cédé. Le goût était surprenant, mais après quelques bouffées il s’est senti merveilleusement bien. Et un moment après, il a accepté avec plaisir de renouveler son geste. Il a quitté la soirée à sept heures, Francine l’attendait derrière le gymnase.
Dès qu’ils se sont retrouvés, ils se sont embrassés. Mais Francine l’a repoussé avec horreur :
Après beaucoup de supplications et surtout la promesse de ne plus jamais y toucher, elle a accepté de le revoir le lendemain. Mais pour ce soir, ce serait abstinence.
Ils se sont retrouvés le lendemain. Mais Francine est restée quelques jours, réservée. Enfin, elle lui a finalement pardonné.
Toutefois leur relation amoureuse ne les a pas empêchés de travailler et d’obtenir tous deux leur diplôme. Fous de joie, ils ont accepté avec joie de se joindre aux autres amis, à la fête organisée pour leur réussite. C’était chez un autre copain, et il y avait même une piscine ! Et surtout le père de Francine était d’accord pour qu’elle participe. Ce serait merveilleux.
Éric s’est demandé quoi apporter, le rayon alcool étant déjà copieusement fourni. Le copain qui recevait lui a demandé de voir avec Jacques pour se procurer un peu d’herbe, cela mettrait de l’ambiance. Il n’a pas osé refuser et s’est donc entendu avec Jacques.
Ce dernier a accepté de contacter celui qui le fournissait, mais il fallait y aller à deux afin de régler la transaction rapidement. Jacques prendra sa voiture, s’arrêtera devant l’immeuble où le dealer officie, Éric ira rapidement jusque dans le couloir où se trouvera le vendeur puis reviendra. Ainsi, ce sera sans danger.
Deux jours avant la fête, ils sont partis dans la ZUP, lieu de la transaction, après dîner vers 21 heures. La voiture s’est arrêtée doucement le long du trottoir, face à l’entrée de l’immeuble. Éric est allé rapidement, a poussé la porte vitrée du hall de l’immeuble. Ils étaient là. Quelques mots, l’un s’est éclipsé, est revenu avec un petit sac. Éric a payé.
Tout à coup, un discret sifflement, les deux jeunes ont filé vers l’escalier, une porte a claqué. Éric a été surpris de les voir disparaître si rapidement, ce devait être la procédure habituelle. Il a enfoui le paquet dans sa poche.
Le claquement brutal des deux battants de la porte derrière lui, l’a fait sursauter. Quatre flics ont fait irruption, deux l’ont immobilisé. Les autres sont partis dans l’escalier. Ils sont redescendus un moment après.
La voiture de Jacques n’était plus là. Il s’était éclipsé en douceur.
Arrivé au commissariat, l’un des agents entre dans le bureau de l’inspecteur. Quelques minutes après on fait entrer Éric. Un homme est en train de taper à la machine à écrire. La lampe éclaire seulement le bureau, le visage reste dans l’ombre.
Il est soigneusement palpé. On pose sur la table tout ce qu’il possède, papiers, mouchoir, mais surtout le sachet de cannabis. Puis les agents sortent de la pièce.
La lampe pivote d’un coup et vient l’éblouir.
Et pendant un moment il égrène tous les renseignements demandés, son interlocuteur frappant le tout sur un imprimé.
Éric indique soigneusement les circonstances qui l’ont amené jusque-là. L’homme l’écoute, le laisse parler. Sa justification développée, son interlocuteur lui dit :
On l’a dépouillé de ses lacets, ceinture, tout ce qui lui permettrait d’attenter à sa vie.
Effondré, Éric est resté assis sur le banc à pleurer. Quelle idée avait-il eu de s’engager là-dedans ? Il vient de tout perdre, son honneur, il ira en taule parce qu’on ne le croira pas, la possibilité d’entrer à la banque comme le lui avait proposé son père qui va être catastrophé de savoir son fils en prison. Et surtout il y a Francine. Il lui a juré de ne plus jamais toucher à la drogue et il se fait prendre comme dealer. Elle va le rejeter, le détester et surtout son père va la conforter dans cette décision. Je suis perdu.
Dans le couloir c’est le va-et-vient des agents, de plaignants ou d’ivrognes. Ils m’ont oublié pense-t-il.
Enfin, vers une heure du matin, un flic vient le chercher.
Il est ramené dans le bureau. L’homme téléphone, le visage toujours dans l’ombre. Éric a peur. Le faisceau de la lampe est à nouveau braqué sur lui.
Le silence s’installe entre eux. Puis une main bascule la lampe, la soulève, éclairant le visage de son interlocuteur. Oh, malheur ! C’est le père de Francine ! Maintenant c’est sûr, il va vouloir se débarrasser de moi et va me charger. Sans qu’il y ait été invité, il s’écroule sur une chaise, se prend la tête entre les mains et pleure. Il marine un long moment avant que l’inspecteur ne s’adresse à lui.
Effondré, comprenant qu’il n’avait pas le choix, qu’il brisait sa vie, il accepte.
Il a récupéré ses affaires, est sorti sans que personne lui fasse de remarque. Il est arrivé chez lui à deux heures du matin. Dans la salle de séjour, son père l’attendait, assis dans un fauteuil.
Alors, il craque et raconte tout à son père. La connerie qu’il venait de faire, son amour pour Francine, son renoncement. Il s’est senti soulagé, il avait partagé ses secrets.
Son père est resté un moment silencieux. Puis il s’est levé, l’a attiré dans ses bras. Aucun autre mot n’a été échangé, mais Éric s’est trouvé beaucoup mieux, son père l’aimait.
Il devait partir effectuer son service militaire au début de l’année suivante.
Il s’est engagé pour deux ans, et quinze jours plus tard, sans jamais être sorti de la maison, il a rejoint une lointaine caserne dans l’est de la France.
À intervalles irréguliers, quand il avait une permission, Éric est descendu voir les siens. Avec une grande émotion il retrouvait ses parents qui lui témoignaient beaucoup d’affection. Mais il sortait peu de la maison pendant son séjour. Après ces retrouvailles, il repartait, réconforté.
Lors de sa dernière visite, à un mois de sa libération, son père l’a pris à part :
Cette nouvelle l’a bouleversé, il a remercié son père de l’avoir informé.
Ainsi, c’était fini. Son amour était définitivement perdu. D’ailleurs, il avait promis de ne plus la revoir.
Éric a sollicité une place dans la banque où travaille son père. On lui a proposé un emploi, mais loin, toujours dans l’Est. Il l’a accepté, cela ne le changerait pas, il viendrait voir ses parents et ceux-ci pourraient monter, son père allait partir en retraite.
Depuis deux ans, il est dans cette petite ville, a lié des relations, s’est fait quelques amis. Le travail lui plaît et son patron est satisfait de lui. Ils ne sont que six dans cette succursale et il règne une très bonne ambiance entre les employés. Particulièrement avec Candice, une fille jeune, mais qui a autant d’ancienneté que lui, n’ayant pas eu d’obligations militaires. Ils discutent souvent. Éric l’a invitée un soir au restaurant. Il l’a raccompagnée chez elle, est entré dans son studio.
Il a tenté un baiser qu’elle n’a pas refusé. Certes, elle n’avait pas la technique des filles qu’il voyait habituellement, mais c’était très agréable. Il a tenté quelques approches et Candice s’est laissé faire. Elle l’a même aidé lorsqu’il a essayé de la déshabiller.
Ils se sont retrouvés sur le canapé. Doucement, elle lui a avoué :
Pour la première fois, il allait dépuceler une fille. Mais plus que l’envie de ce corps magnifique, il éprouvait un sentiment nouveau de bonheur. Certes, ce n’était pas Francine, mais le corps de Candice lui plaisait bien, elle était très belle.
Il l’a caressée, a admiré et honoré ses seins. Elle a roucoulé, indiquant qu’elle appréciait ses caresses. Quand il a glissé plus bas, vers son intimité, il l’a sentie un peu crispée. Il est allé très doucement, tendrement, et ses lèvres, sa langue ont su la détendre. Bientôt elle a gémi et une humidité a révélé qu’elle prenait du plaisir. Elle l’a ramené vers lui, plaçant elle-même le sexe dans sa fente. Puis elle lui a murmuré :
Alors, se réfrénant face à un corps si harmonieux, il a d’abord longuement frotté la fente, puis a appuyé doucement. Un peu de difficulté pour s’enfoncer, une crispation des ongles féminins dans son dos, et il est parvenu à mêler ses poils pubiens aux siens. Il est resté immobile, bien enfoncé. Elle l’a embrassé fougueusement pour le remercier d’avoir été si tendre.
Pendant un long moment il l’a pénétrée, doucement, jusqu’à ce qu’il la sente un peu plus détendue. Et au moment d’éjaculer, il s’est retiré et s’est vidé sur son ventre.
Et elle l’a embrassé avec fougue. Après s’être douchés, ils sont revenus dans la couche. D’ordinaire, il ne reste jamais après l’amour. Mais cette fois-ci, il se sentait ému de la naïveté de Candice. Ils se sont caressés puis ont dormi ensemble.
Le matin, il a été réveillé par l’odeur du café servi par une femme rayonnante.
Il a été ému par ces paroles. Mais pour lui, si la nuit avait été agréable, il ne se sentait pas touché au point de s’engager. Pour le moment, c’était formidable d’avoir une maîtresse aussi gentille.
Quand ils sont arrivés au travail, tout le monde a remarqué le visage rayonnant de la jeune fille, et ils ont compris ce qui s’était passé.
Maintenant assez souvent, le soir ils se retrouvent, chez l’un ou chez l’autre. Candice a beaucoup progressé, elle prend la pilule et maintenant ils partagent énormément de plaisir. Elle lui a rendu la politesse et a accepté de goûter à son sexe. Elle lui dit souvent qu’elle l’aime, mais lui n’a jamais prononcé le mot. Le souvenir de Francine est encore trop vif dans son esprit. Et pourtant, il sait que c’est sans espoir.
La banque a changé de logiciel et les employés doivent faire un stage afin d’être mis au courant. Chaque succursale envoie à tour de rôle un employé à Paris pendant quinze jours en formation. Éric a été choisi pour y partir le premier.
Il est heureux de cette décision. Cela prouve qu’on l’estime, il apprendra et cela lui servira pour une promotion éventuelle. De plus, à Paris, il va pouvoir sortir un peu. En ce mois de mai, il fait beau, il se promènera dans la ville. Et surtout, il va juger s’il peut se passer de Candice, car il ne sait plus quels sont les sentiments qu’il éprouve envers elle : plaisir sexuel ou début d’amour.
On a fourni aux participants la liste des agents en formation. Éric n’en connaît aucun. Venant de toutes les régions de France, cela n’a rien d’étonnant.
Le lundi, comme prévu, il s’est présenté au siège de la banque. On a réuni tous les participants dans un amphithéâtre, on a fait l’appel, puis on a créé deux groupes : pendant que l’un d’eux serait en cours, l’autre travaillerait sur des ordinateurs. La matinée, avec son groupe, il a écouté soigneusement le laïus du formateur. Rien d’essentiel de changé, simplement une autre manière de travailler.
À midi, au restaurant d’entreprise, beaucoup de monde, tous les employés du siège. Self-service, son plateau à la main, Éric cherche une place de libre.
Il a failli laisser tomber son repas. Cette voix, c’est elle, c’est Francine ! Il se retourne, c’est bien elle, souriante. Il ne sait que dire, la suit, ils s’installent.
Ainsi, pendant tout le repas ils ont échangé des banalités. Puis ils sont repartis au travail.
Le soir, Éric a cherché des yeux son amie. Ils se sont rapidement rejoints.
Ils ont partagé le dîner, puis, à pied, il l’a accompagnée jusqu’à son hôtel. Elle l’a invité à monter dans sa chambre, mais en toute amitié a-t-elle précisé.
Assis face à face, Éric a voulu justifier les raisons de son abandon :
Ils ont discuté un moment, puis se sont séparés en s’embrassant sur la joue.
Le lendemain ils se sont retrouvés pour déjeuner. Au cours du repas, elle lui a indiqué qu’il y avait des chambres libres dans son hôtel. Il pourrait venir s’y loger et ainsi ils pourraient se voir plus facilement.
Le lendemain soir, ils sont rentrés ensemble à leur hôtel. Ils ont discuté dans la chambre. Au moment de se quitter, ils se sont embrassés mais leurs lèvres ont dérapé.
Baiser fougueux, déshabillage rapide, ils se sont aimés. Il n’a regagné sa chambre qu’à deux heures du matin.
Et ainsi ils ont vécu ensemble sauf le week-end ou chacun retrouvait les siens.
Le dernier soir, Éric a supplié Francine de divorcer, ainsi ils pourraient se marier. Mais elle a refusé, ne voulant pas abandonner son mari et d’autre part choquer ses parents. Ils se sont dit un adieu définitif.
Sur le chemin du retour, en voiture, Éric a réfléchi. Il venait de connaître un bonheur infini avec Francine, mais tout était fini maintenant. Il devait s’établir, il allait demander Candice en mariage, si elle le voulait bien.
Le même soir, il l’a rejointe, elle l’attendait impatiemment. Après l’amour, il lui a fait sa demande. Elle a poussé un grand cri de joie, lui a sauté au cou. Sa joie était immense, elle était follement heureuse. Bah, se dit Éric, je crois que c’est la meilleure solution.
Depuis le mois d’octobre, ils sont mariés. Ils veulent des enfants, une famille. Éric comprend qu’il a fait un bon choix. Il aime de plus en plus sa femme, elle l’adore. Ses parents ont été formidablement heureux de voir leur fils épanoui.
Et six mois après le ventre de Candice a commencé à s’arrondir. C’est pour le mois de novembre. Tous deux, fous de joie, font déjà des projets pour l’avenir de leur fille : l’échographie les a renseignés.
En cette soirée de la fête d’armistice, Éric est à l’hôpital. Il vient d’amener Candice. Elle souffrait beaucoup et bien que la naissance ne soit prévue que dans quinze jours, ils ont préféré aller à la maternité. La sage-femme l’a examiné, a appelé le gynéco. Éric voulait assister à l’accouchement, mais le docteur lui a demandé d’attendre, ce serait un peu long. Et il est angoissé.
Ça y est, Célia est née, tout le monde est heureux. Certes, l’accouchement a été délicat, Candice est très belle et très mince, mais a un bassin étroit. D’où difficultés, souffrances, mais la maman a tout oublié quand elle a eu sa fille dans ses bras.
Ils ont décidé que Candice resterait à la maison pour se remettre et surtout s’occuper de sa petite. Éric est le plus heureux des hommes, bien que parfois il se dise qu’il aurait bien aimé que ce fût Francine qui fut la maman.
Voilà plus d’un an que Candice joue la femme au foyer et à nouveau son ventre s’arrondit. Éric hésitait, ayant un peu peur, compte tenu des difficultés lors de la première naissance. Mais Candice a voulu à tout prix avoir un deuxième enfant ; ainsi après, lorsqu’ils seraient un peu plus grands, elle pourrait reprendre le travail. Et Éric a cédé.
Pour ce nouveau millénaire, ce sera un garçon. Le choix du roi comme disent les vieux. Pourtant en ce mois d’octobre, Éric est encore à l’hôpital. Mais cette fois-ci, compte tenu des difficultés la fois précédente, le gynéco a décidé de provoquer l’accouchement. Tout le monde sera sur le pied de guerre. Enfin, le docteur arrive : c’est bien un garçon. Toutefois il demande à Éric de le suivre dans son bureau.
Éric a écouté le praticien et surtout a craint pour la santé de sa femme. Il s’est juré d’obéir strictement à ses recommandations.
Le couple est très heureux avec ses deux enfants. Éric, comme le lui a recommandé le docteur, n’a pas importuné son épouse, se contentant de lui prodiguer des caresses. Et c’est elle, quelques mois plus tard, qui l’a interrogé :
Et ils ont repris leurs relations.
Candice est toujours en congé parental. Elle est restée deux ans sans travailler, jusqu’à ce qu’elle puisse placer Aurélien, le dernier, à l’école maternelle.
Aurélien venait d’avoir quatre ans, quand un jour, au travail, Éric a été appelé par son chef d’agence :
Il est arrivé en soirée à l’hôpital. Sa mère était effondrée, son père était en réanimation, il avait fait un infarctus. Sa sœur est arrivée et il les a invitées toutes deux à rentrer à la maison. À nouveau, Éric s’est retrouvé de nuit dans une salle d’attente. Vers deux heures alors qu’il somnolait, un interne est venu le réveiller doucement. C’était malheureusement pour lui annoncer le décès de son père.
Toute la famille a été effondrée. En retraite, il était en pleine forme et travaillait, peut-être un peu trop, au jardin et ne tenait pas compte des douleurs à la poitrine.
La mamie s’est retrouvée seule. Certes ses enfants viennent dès qu’ils le peuvent mais tous habitent loin.
Depuis quelque temps, alors que jusqu’à présent c’était souvent Candice qui provoquait Éric pour faire l’amour, il faut maintenant que ce soit lui qui la sollicite. Et ce soir, il a remarqué une grimace pendant qu’ils s’unissaient.
Il s’est arrêté malgré les invitations à continuer de Candice.
Dans la semaine suivante, il le lui a rappelé plusieurs fois. Ce week-end, il l’a grondé de sa négligence.
À nouveau dans une salle d’attente à l’hôpital. Candice est avec le spécialiste qui l’examine. Il faut attendre. Enfin on l’appelle.
Arrivés chez eux, ils se sont blottis dans les bras l’un de l’autre. Éric a téléphoné à sa mère pour lui demander de venir aider Candice. Naturellement elle a accepté.
Voyant la mine contrariée de son père, Célia a compris qu’il y avait quelque chose de grave à la maison.
Candice leur a expliqué qu’elle était un peu fatiguée et qu’il fallait qu’elle aille se reposer. Mamie allait venir et s’occuperait d’eux. Quand maman sortirait, on irait faire un voyage au bord de la mer.
Mamie est arrivée le samedi matin et Candice l’a renseignée sur les habitudes de la famille. Elle a été hospitalisée le lundi suivant.
À nouveau à l’hôpital le mardi après l’opération. Attente interminable. Le chirurgien est sorti content de lui, l’intervention avait parfaitement réussi.
Depuis deux mois, mamie est là et s’occupe de tout. Maman n’assure qu’une tâche : cajoler ses enfants. Aurélien est très heureux. Par contre, Célia est soucieuse, elle constate que sa mère perd des cheveux. Et du haut de ses huit ans, elle a compris ce que cela signifiait.
Aurélien est tout heureux, les cheveux de maman sont magnifiques, ils sont plus jolis qu’avant. Par contre la perruque de sa mère confirme le diagnostic que Célia avait entrevu.
Maman doit retourner assez souvent pour des visites ou des séjours plus ou moins longs. Elle a terriblement maigri. Éric est effondré. Mamie essaie de consoler son fils et surtout sa petite fille. Célia devine l’issue de la maladie. Candice règle au mieux tous les problèmes matériels et se confie souvent à sa belle-mère. Elle a l’assurance que ses enfants seront aimés et soignés.
Éric est souvent à l’hôpital. Il a presque son fauteuil attitré. Dès qu’elle est hospitalisée, il vient tenir compagnie à son épouse. Il se retrouve dans la salle d’attente et c’est de plus en plus fréquent. Une nuit où il était resté, un interne est venu le réveiller. Il l’a suivi. C’était les derniers instants de Candice. Elle l’a reconnu, lui a dit adieu. Elle avait trente-deux ans.
Il est rentré à la maison. Sa mère l’attendait. À sa mine grave, elle a compris que tout était fini. Ils ne se sont rien dit, n’ont pas fait de bruit. Et pourtant, Célia s’est levée, elle avait deviné. En les voyant tous les deux enlacés, elle a eu confirmation, est venue les rejoindre.
Mamie est avec eux définitivement. Célia est effondrée. Aurélien, avec ses six ans, a compris que maman les avait définitivement quittés. Tous deux cherchent auprès de leur papa et leur mamie du réconfort.
Éric a décidé de quitter cette ville qui leur rappelle de trop mauvais souvenirs. Il a demandé une mutation pour les environs de sa ville natale. Sa demande a été acceptée et il va partir dans six mois, en septembre. Il retrouvera la maison natale.
Pendant les vacances d’été, la famille a déménagé. La villa de mamie est assez grande pour qu’ils logent tous. Les enfants ont été inscrits à l’école. Le CM2 est une année importante pour Célia, l’an prochain elle entrera en sixième.
Éric travaille dans une succursale située à une vingtaine de kilomètres. Il fait le trajet chaque jour et ainsi le soir peut être avec ses gosses. Mamie assure la marche de la maison.
Les enfants ont bien repris le rythme et, en fin d’année, Célia n’a aucun problème pour entrer au collège.
Ils ont passé les vacances en famille, mais ce n’était pas le bonheur habituel.
Le jour de la rentrée, Célia a retrouvé quelques amies de l’école primaire. Et surtout elle a fait connaissance d’autres élèves, dont Estelle, une copine formidable. Elle en parle constamment à la maison. Elle est un peu plus âgée qu’elle.
À la fin du premier trimestre, Éric a tenu à aller à la réunion afin de discuter avec les professeurs. Il est arrivé un peu en retard, la réunion commençant à six heures, l’heure où il finit de travailler. Il entre doucement dans la classe où tous les parents sont réunis.
Puis ce sera la rencontre avec les professeurs. Parmi ceux-ci il aperçoit un de ses anciens collègues. À la sortie de la salle, il l’attend et échange quelques mots. Célia est partie retrouver son amie Estelle.
Il va ensuite rejoindre sa fille qui attend devant la salle où se trouve le professeur de français.
À cet instant, la porte s’ouvre, la petite sort, sa maman la suit. Éric croit défaillir : Francine. Cette dernière lui sourit mais ne dit mot, le professeur attendant le papa.
Éric n’a pas écouté les commentaires, peu importe, les notes sont bonnes. L’entrevue a été rapide et ils sortent. La fillette se précipite auprès de sa copine. Derrière elles, Francine.
Elle est libre, pense Éric. Si elle veut nous pouvons nous marier ! Simplement il y a son père qui ne veut plus me voir, sa fille qui va rejoindre son père. On va en discuter.
Non, ce n’est pas possible, ce serait ma fille ! Devant son air stupéfait, comme si elle avait lu dans sa pensée, Francine lui dit en souriant.
Une main vient se poser sur l’épaule du dormeur. Il sursaute devant l’infirmière.
Il s’est précipité. Francine lui a souri.
En effet, il a quatre enfants, de deux mères différentes qu’il a toutes deux tendrement aimées. Quand ils se sont retrouvés au conseil de classe, ils ont compris que la nature leur accordait une seconde chance. Il lui a demandé sa main sur le champ.
Un peu ému, effrayé même, le lendemain soir, il est allé frapper chez les parents de Francine. C’est le père qui lui a ouvert. Le visage était inexpressif. Il me refuse toujours, se dit Éric. Mais tant pis, qu’il veuille ou non, je l’emmerde, je prends sa fille.
Il l’a suivi, toute la famille était dans la salle à manger, même Estelle.
La maman de Francine a éclaté de rire, et même le père a souri.
Francine dans son coin souriait tranquillement. Estelle frappait des mains :
La discussion est devenue générale, tout le monde souriait, Francine embrassait Éric. Tous étaient d’accord pour cette union, et le père plus que tout le monde. Il avait rapidement compris qu’il avait commis une faute en interdisant à Éric de revoir sa fille. Son gendre ne lui avait pas plu, dès sa première visite. Et Francine ne s’était mariée que pour faire râler son père. Ce dernier regrettait tellement, qu’au retour d’Éric, il voulait aller le voir afin de le décider à épouser sa fille. Mais elle n’avait rien voulu savoir, désirant que ce soit lui qui vînt faire sa demande.
Et quelques mois plus tard, Francine et Éric se mariaient. Elle avait voulu avoir un enfant de lui, portant son nom. Il refusait compte tenu de son âge, trente-huit ans. Mais quand femme veut…
Francine avait avoué à son père qu’Éric était le véritable père d’Estelle. Elle l’a même expliqué à sa fille. Quant au père officiel, se sachant stérile à la suite de la maladie des oreillons, il a compris que son épouse l’avait trompé. Depuis le divorce il n’a jamais versé de pension ni voulu revoir Estelle.
Mais aujourd’hui Grégory est là et tout le monde est heureux.