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Temps de lecture estimé : 38 mn
03/08/11
Résumé:  Début des années 1970, une braderie comme tant d'autres, un matin de fin de printemps ensoleillé...
Critères:  fh couple jardin amour vengeance fellation cunnilingu mélo -policier -amourdura
Auteur : Patrik  (Carpe Diem Diemque)            Envoi mini-message
À vendre

Début des années 1970, une braderie comme tant d’autres, un matin de fin de printemps ensoleillé…



Ça fait quelques minutes que ce couple se dispute, sans se préoccuper des badauds qui passent. Elle, une femme plutôt jeune, fine, brune, T-shirt rose, petit short blanc, un cabas informe qui pendouille étrangement à ses côtés ; lui, un homme plutôt mûr, râblé, grosse moustache, pull vert informe, pantalon marron sans âge, sûrement dix ans de plus, voire même quinze.



En rage, elle se saisit d’un petit carton et y trace à coups de traits rageurs un grand « À vendre ». Puis, avec une ficelle, elle se l’accroche au cou, contre son T-shirt rose. Elle raille :



Avec son gros feutre qui rend doucement l’âme, elle ajoute cette somme en bas de la petite pancarte, puis elle croise posément les bras et regarde son compagnon avec un air de défi manifeste. Celui-ci ricane :



Une voix masculine profonde les stoppe dans leurs amabilités :



Impassible, l’inconnu aux courts cheveux bruns sort un billet tout neuf, le tend à Robert interloqué, puis, tout naturellement, tend la main à Varina, toute aussi stupéfaite, qui obéit machinalement, mettant la sienne dans la large paume qui l’enserre ensuite. Elle constate alors que cet homme est plutôt grand, carré, il domine nettement Robert qui semble être écrasé par sa stature.



L’homme garde toujours sa main dans la sienne. Il ajuste ses lunettes de son index et sourit à la jeune femme interloquée :



Et sous les yeux écarquillés de Robert, ils disparaissent dans la foule des chalands. Il faudra un certain moment pour qu’il réagisse, le billet de cent francs toujours dans la main. Il secoue alors la tête, se demandant s’il n’a pas rêvé, mais le siège pliant vide à côté du sien lui indique que non.



--ooOoo--




Toujours la main dans la main, l’acheteur et son achat déambulent dans la braderie. Varina, totalement larguée, suit le mouvement sans résistance.



Elle rougit, bien malgré elle. Elle se reprend :



Et il continue imperturbablement sa route avec une jeune femme complètement dépassée par les événements. De son côté, le dénommé Robert a repris ses esprits, mais il n’ose pas quitter son étal, par peur du vol. Il regarde alors le billet de cent francs qu’il a toujours en main, totalement dubitatif.



Mais voilà, cette fois-ci, Varina n’a pas été mise à la porte, elle a été, purement et simplement, vendue. Ce qui risque de changer la donne…



--ooOoo--




Varina et Carol arrivent à présent à proximité d’une barrière qui indique la fin de la braderie. À peine vingt minutes se sont écoulées depuis l’achat… C’est elle qui prend la parole :



Sans lui lâcher la main, il se penche vers elle et lui demande :



Doucement mais sûrement, ils dépassent la barrière et s’éloignent de la braderie. Elle insiste :



Elle pile sur place, complètement abasourdie.



Elle tape du pied au sol :



Il sourit :



Elle réalise que sa main est toujours dans la sienne. Elle essaye alors de l’enlever, mais il s’y refuse. Elle le fusille du regard :



C’est alors qu’elle ressent un grand frisson malgré le soleil qui darde ses rayons sur elle. Il en profite pour continuer à avancer, s’éloignant ainsi de la braderie. Estomaquée, elle suit le mouvement, puis, prise d’une illumination subite, elle questionne son ravisseur :



Il stoppe près d’une voiture. Sans lâcher sa main, il ouvre la portière arrière et dépose son sac sur le siège. Il se tourne ensuite vers elle et lui dit :



Un petit silence, elle le regarde furieuse, il se contente de l’observer, puis il s’incline légèrement :



Curieusement, elle le croit. Alors elle s’assied à la place du passager avant, le siège sombre faisant un fort contraste avec sa tenue claire, ses jambes et bras nus. Il a un large sourire quand il tourne la clé de contact.



--ooOoo--




Après quelques kilomètres, la voiture s’arrête dans une petite cité. Ils sortent, le soleil brille de plus belle par-dessus leurs têtes.



Ils avancent dans l’allée dallée. Le cabas informe plaqué contre son ventre, elle soupire. Il demande :



Il ouvre la porte, il l’invite de la main à entrer. Avec perplexité, elle hésite. Un dernier regard dehors, des enfants s’amusent, des adultes causent. Elle se dit alors que si elle hurle, il y aura bien quelqu’un pour venir à son secours. Alors elle se décide.



Il se dirige alors vers un très gros meuble métallique et massif à deux portes qu’il ouvre. Elle s’exclame :



Elle répond, un peu sarcastique :



Elle rougit un peu. Il en profite pour lui montrer ce qu’elle peut boire. Elle se décide alors pour un Coca. Il lui désigne ensuite une porte ; peu après, ils sont assis dans le salon, l’un en face de l’autre, la baie vitrée, grande ouverte, une petite brise se faisant sentir.


Elle pose alors son sac informe dans un coin et s’avance ensuite dans le salon.


Détendue, elle dialogue avec lui de tout et de rien. Puis, petit à petit, la conversation glisse sur elle. Varina finit par raconter sa vie, une vie pas très folichonne, de son enfance à Robert ; il l’écoute avec attention. Le temps passe doucement, une bonne heure, presque deux…


Après avoir bu un autre verre et posé celui-ci sur la table basse, elle soupire, toute menue dans le vaste fauteuil orange :



Elle met sa main sur sa bouche, stupéfaite. Elle ne répond pas tout de suite, se contentant d’un sourire coincé. Puis elle reprend :



Il sourit, imaginant la scène. Elle se récrie :



Il rit de bon cœur, elle en fait de même, innocemment. Soudain, inquiète, elle consulte l’heure, elle s’exclame :



Elle écarquille les yeux, elle vient de s’apercevoir que, finalement, elle ne sait pas bien sur quel pied danser. Carol le remarque aussitôt, il se dit qu’il a sûrement une carte à jouer. Mais il ne sait pas bien quand et comment l’abattre, tout est si tergiversant… De son index, il remonte ses lunettes puis il se lance :



Il se lève de son fauteuil et s’approche d’elle et lui glisse :



Elle lève les yeux au plafond, la tête renversée sur le haut du dossier, puis se tourne vers lui :



Elle le regarde fixement, le temps passe. Elle finit par demander :



Elle s’enfonce un peu dans le fauteuil, intriguée :



Il s’approche d’elle, s’asseyant sur l’accoudoir, un bras sur le dossier ; elle recule encore un peu, par instinct.



Elle pèse le pour et le contre. Elle se lève alors pour échapper à sa dangereuse proximité, se plante au milieu du salon ; il se relève, la suit du regard, elle se retourne puis lance :



Elle se pince alors les lèvres, prend son courage à deux mains puis s’approche de lui. Elle le regarde intensément, il a quelques difficultés à rester impassible. Elle met ses bras nus, ses mains derrière son petit short blanc, se dresse sur la pointe des pieds et dépose un petit baiser sur ses lèvres. À son propre étonnement, leurs bouches restent délicatement collées un peu plus que de nécessaire. Lorsqu’ils se séparent, elle ne peut pas décrocher son regard du sien, elle en frissonne et rougit violemment. Alors, prestement, totalement écarlate, elle sort de la pièce en courant. Il reste figé sur place, assez surpris, lui-même.



--ooOoo--




Ça va faire un peu plus de deux semaines qu’elle vit chez Carol. Elle a choisi sa chambre parmi celles qui étaient disponibles. C’est à la sauvette qu’elle est repassée, la première semaine, un mardi, chez Robert, profitant d’une de ses nombreuses tournées dans les bars pour prendre ses affaires et laisser un petit mot sur la table de la cuisine.


Elle a alors constaté que sa vie tenait finalement dans une toute petite valise… Elle en a eu un petit coup de déprime. Elle s’est vite reprise.


Deux semaines que tout va bien. Non, il n’a pas été la surprendre en pleine nuit dans sa chambre, ni dans la salle de bain ou ailleurs. Enfin, pas encore… Oui, il n’hésite pas à faire certaines allusions, gentilles en général, parfois à double sens. Oui, il continue d’évoquer le fait qu’elle puisse rester ici très longtemps, sans payer de loyer, chambre commune. Mais sans plus.


Carol est souvent à la maison, son travail consiste à écrire des programmes de gestion pour gros systèmes. Mis à part quelques rendez-vous et réunions, il peut travailler chez lui grâce à un petit système et deux terminaux.


Un « don » de son principal client, cadeau pas tout à fait désintéressé… C’est un homme assez méticuleux, limite maniaque pour certaines choses, la maison reste toujours impeccable, elle n’a pas souvent à faire de ménage quand elle rentre. Finalement, elle ne s’occupe que de sa chambre. Et parfois de quelques commissions.


Bref, tout va bien, elle se sent plus détendue, calme et sereine. Le dernier samedi, elle a même été faire des emplettes en vêtements divers, des choses qu’elle n’aurait jamais eu l’idée d’acheter, il y a quinze jours.


Maintenant, elle a enfin plus d’argent en main, son « loyer » étant plus que modéré ! D’ailleurs, ça la gêne, elle se sent comme liée, mais impossible de faire entendre raison à Carol, en ce qui concerne un tarif plus actualisé et conforme aux contraintes du marché, la crise pétrolière qui débute entraîne d’ailleurs peu à peu une inflation galopante.


Certaines mauvaises langues prophétisent même la fin des jours heureux. Varina s’en moque, c’est maintenant qu’elle vit enfin ses jours heureux, même si sa colocation avec Carol lui semble particulièrement ambiguë…


C’est à ça qu’elle songe alors qu’elle se regarde dans la glace de la salle de bain, son visage lui parait si différent. Il est vrai que depuis qu’elle habite ici, plein de menus détails ont changé, elle se sent nettement plus libre. Elle s’adresse alors à son reflet :



Ce mercredi en fin d’après-midi, il y a beaucoup d’enfants qui jouent dehors, dans cette cité nouvellement bâtie. La plus vieille des maisons doit avoir cinq ans au plus. Certains jardins sont restés des monticules de terre. D’autres sont déjà des pelouses fournies, comme chez elle, non, comme chez Carol.


C’est en petit short rose et T-shirt blanc qu’elle s’aventure sur la terrasse ; Carol y étant déjà, livre en main, plein de papier listing sur la table.



À présent, ils se tutoient, ça simplifie les choses. Elle jette un rapide coup d’œil sur sa propre tenue :



Il lui tend un verre, elle le remercie, puis s’accroupit à la limite entre la terrasse et le gazon. Elle regarde le bleu du ciel, pensive. Elle entend un déclic d’appareil photo. Elle ne dit rien, elle commence à avoir l’habitude, lui et sa manie de faire des polaroïds pour un oui ou pour un non.


« Capturer l’instant fugace » dit-il. Étrange homme qui semble toujours agir comme si elle pouvait partir demain, alors qu’il sait très bien qu’elle ne veut pas retourner à son ancienne vie.



Elle l’entend qui vient vers elle, il dépose la photo révélée entre ses mains.



Malgré elle, elle rougit. Elle soupire, photo en main :



Elle se lève, lui redonnant l’instantané, puis elle déambule vers le milieu du jardin, sans cheminement bien rectiligne, comme pour apprécier l’instant qui passe. Elle regarde alentour : mis à part quelques routes de légumes au fin fond, tout est occupé par du gazon, diverses fleurs et quelques arbustes. Ensuite, un champ. Il la suit à distance, elle se retourne pour lui parler :



Il se racle la gorge :



Puis, comme très souvent, de son index, il réajuste ses lunettes. Elle s’en amuse :



Elle s’accroupit pour mieux admirer quelques fleurs :



Malgré elle, malgré la bonne humeur ambiante, elle fronce les sourcils. Les parents, ses parents, ce n’est pas un sujet qu’elle aime évoquer, se souvenir par ricochet, même en parlant de ceux des autres. Elle penche la tête pour ne pas qu’il la voit ainsi. Elle fait semblant de s’absorber dans la contemplation des fleurs multicolores.


Il pose sa main sur son épaule à demi-dénudée, elle sursaute un peu. Elle tourne la tête vers lui et lui sourit. Il se penche et, avec un naturel désarmant, il l’embrasse délicatement. Figée, surprise, elle se laisse faire.


Leurs lèvres s’écartent, elle ne réagit toujours pas.



Elle ne répond pas, le regardant au fond des yeux, toujours accroupie au sol.


Carol ne sait pas bien ce qu’il doit faire maintenant. Est-ce le bon moment ? Lui, son domaine, ce sont les machines, des zéros et des uns. Ça, il connaît sans problème. Par contre, en femmes, c’est tout autre chose. En attendant, il pose un genou par terre pour mieux consolider sa position.



Carol en reste tout interdit. Néanmoins, il entoure ses épaules de son bras, l’attire légèrement à lui puis pose ses lèvres sur les siennes. Elle répond à son baiser.


Peu après, ils roulent enlacés dans l’herbe, elle sur lui, lui sur elle, sans que leurs bouches ne se séparent, se goûtant l’un l’autre, se dévorant mutuellement, voracement, éperdument, pour étancher, assouvir leur soif infinie juste après être sortis d’un long désert aride.


Oui, il a soif, tant soif d’elle, elle a tellement faim de lui. Sans égard, il plonge dans son cou et embrasse sa nuque, ses épaules avec passion, elle se laisse porter par le courant, sentant la bouche enfiévrée poser de multiples marques brûlantes sur sa peau frissonnante.


Peu après, son T-shirt blanc voltige dans les airs puis atterrit sans délicatesse parmi les fleurs. Frénétique, son nez plongé entre les seins, il couvre la moindre parcelle de peau de baisers avides. Elle en veut, elle en reveut, elle désire, elle exige cette passion qu’elle inspire, elle veut tout prendre, rien que pour elle !


Tel un loup affamé, Carol la dévore, l’incendie.


Son soutien-gorge suit le même chemin que le T-shirt, mais elle s’en fiche, elle se laisse consumer par les nombreux baisers enflammés, sa chair frémit, son âme vibre, elle vit un gigantesque embrasement.


Ses seins sont mordillés, ses tétons sont croqués, des mains insatiables les caressent, les malaxent. Dans un nouvel ouragan, elle est couverte de baisers du front au nombril, Carol n’oublie aucun coin et recoin entre les deux, aucun répit. Elle en étouffe presque : c’est à la fois si bon et si suffocant !


L’instant d’après, son short rose et sa petite culotte s’évanouissent de concert. C’est à présent une langue agile et fouineuse qui explore son intimité, de longs frissons la parcourent, intenses. Elle plante ses doigts dans la pelouse, tant l’effet est fort, intense, intenable !


Elle pourrait chasser l’intrus qui fourrage en elle impunément, mais c’est trop bon, trop délicieux, trop…


Oh oui, trop !


Elle explose une première fois dans mille gémissements, son corps se cabre, ses muscles tendus à l’extrême font mal, un plaisir et une douleur mélangés… Non, oh c’est trop, trop ! Elle tente d’écarter la tête nichée entre ses jambes, mais une langue vicieuse a d’autres projets pour elle !


Elle a alors un hoquet de surprise quand une chose chaude et humide s’empare à nouveau de son petit bouton rosé et joue impitoyablement avec. Elle suffoque, sa respiration courte, un poids énorme sur la poitrine, elle perd pied, elle aspire autant qu’elle peut l’air qui se refuse à elle, puis comme un arc dont la corde cède soudainement, son corps tressaille violemment, sursaute, mille éclairs dans les yeux, mille piqûres dans les entrailles, elle crie son plaisir, elle le crie longtemps, comme si elle plongeait dans un puits sans fin…



--ooOoo--




Une semaine s’est écoulée, le temps est toujours au beau fixe, ils passent beaucoup de temps dans le jardin. Elle adore ça, elle qui n’avait qu’une vieille maison croulante au fond d’une cour pavée, sans même un mètre carré de verdure, mis à part quelques pots de fleurs rachitiques.


Aujourd’hui, ils viennent de manger dehors. La table débarrassée, Varina fait quelques pas dans le jardin, s’étirant comme une chatte après sa sieste. Carol la regarde, attendri. Mais il sent depuis ce matin que quelque chose la tracasse.


Les yeux perdus dans le vague, elle dit alors :



Elle s’assied à même le gazon :



Elle ne répond pas. Elle frisonne malgré elle. Il s’agenouille à ses côtés, intrigué. Elle se tourne alors vers lui :



Il s’approche d’elle et la serre dans ses bras, elle se laisse aller.



Elle se blottit plus encore contre lui.



Il ne répond rien, il la serre encore plus contre lui.



Elle se laisse aller, lève son visage vers lui et tend ses lèvres…


Il s’exécute aussitôt.



--ooOoo--




Ça n’a pas manqué, l’argent évaporé puisqu’elle ne revenait pas, Robert commença sa politique de harcèlement, passant de l’injure aux larmes avec une facilité confondante.


Le téléphone sonna souvent dans les différents services de l’entreprise où travaillait Varina, il se répandait alors en flots d’injures, de mensonges, d’affirmations outrancières. Personne ne le croyait, tant ses « révélations » étaient trop extrêmes ou monstrueuses, mais le climat s’assombrissait, et Varina en souffrait.


Plus d’une fois, il vint l’attendre à la sortie, plus d’une fois, divers collègues, même une fois la police, durent intervenir. Rien n’y faisait, il revenait toujours à la charge, comme une sangsue assoiffée.


Ses délires escaladaient jour après jour de nouveaux sommets. Varina savait par certaines sources que ses ardoises étaient énormes, que de moins en moins de bistrots et autres bars l’acceptaient.


Doucement mais sûrement, beaucoup de ses connaissances se détournaient puisqu’il n’avait plus d’argent. Sans argent, on n’est rien dans ce monde-là. Rien du tout.


Bien qu’elle le lui cachât au début, Carol ne fut pas long à comprendre. Varina eut toutes les peines du monde à l’empêcher d’aller directement mettre les choses au point avec Robert.


Faisant de grands gestes, Carol est totalement furieux, elle tente de le calmer :



Elle pleure doucement dans le fauteuil, sa tête dans les mains :



Prostrée dans le fauteuil, elle ne répond pas, continuant à sangloter sans bruit. Il s’approche d’elle, doucement, il s’agenouille face à elle, lentement. Elle se jette dans ses bras, se vidant de toutes ses larmes, sans répit, tel un ciel de déluge, sans fin…


Le lendemain, Robert l’agresse, portant la main sur elle…



--ooOoo--




Un petit commissariat de quartier, comme il y en a tant dans ces années 1970, aussi intégré dans le décor qu’une boulangerie, une épicerie, une boucherie ou un café. Un de ces commissariats où le quidam entre pour demander sa route ou simplement tailler une bavette…



Le commissaire soupire :



Le commissaire re-soupire :



Une fois le subordonné parti, le commissaire soupire une troisième fois :



L’avenir allait lui démontrer que si.



--ooOoo--




Le nez en compote, Robert gît par terre, contre le mur ; péniblement, il tente de se redresser. Il s’essuie la bouche et constate que sa manche est ensanglantée. Rageur, il aboie :



Une canette explose sur le mur dans une gerbe de bière, au-dessus de sa tête. Hébété, ses rares cheveux à présent mouillés, il regarde l’inconnu aux cent francs s’approcher de lui à pas lents, étrangement calme. Instinctivement, il se recroqueville, il se doute très bien que ce genre d’individu peut être dangereux, il en sait quelque chose, il a trop participé à des rixes de bar pour l’oublier. Carol campe devant lui, le visage de marbre :



Une claque le fait taire.



Carol lui tourne le dos, prêt à partir. L’autre se remue un peu, rageur et craintif :



Carol se retourne, l’autre se tait aussitôt, se ratatinant tel un rat dans son trou. Après un dernier regard méprisant, il lui tourne à nouveau le dos.



C’est alors que, brusquement, Robert se redresse sur ses pieds, se rue sur lui, empoignant au passage un couteau qui traînait sur la table.



--ooOoo--




Varina vient juste de rentrer. Elle s’étonne de ne pas voir Carol.



Assez intriguée, elle entre dans la cuisine et découvre un petit papier sur le grand réfrigérateur. Elle y lit :



Elle pousse un soupir de soulagement. Elle se sert un verre, songeant d’un coup que Robert n’a rien tenté aujourd’hui. Pourtant, en général, il se fend au moins d’un coup de téléphone incendiaire en fin de matinée ou début d’après-midi. Un répit ?



Elle ouvre la porte de leur chambre. Oui, leur chambre, leur lit… Elle rougit un peu à l’évocation de ce qu’ils ont pu faire dans ces mêmes draps ! Elle n’aurait pas pensé qu’on puisse se laisser tant aller ! Et elle redemande ! Et elle se sent plus légère, plus dynamique, plus belle, plus tout ! Décidément, l’amour, ça a du bon !


Elle ôte ses habits, se change et met une tenue nettement plus décontractée. Puis, une bonne heure passe, elle attend, livre en main dans le salon, que son homme revienne.



Une autre heure passe, elle commence à s’inquiéter : Carol n’a pas pour habitude de traîner dehors, surtout depuis que… oui, depuis qu’ils font chambre plus que commune…



--ooOoo--




Dans un petit commissariat de quartier…



Le chef regarde son subordonné, pensif, jouant avec un crayon :



Le chef se redresse, l’oreille aux aguets :



Un silence, le chef cogite, le subordonné attend.




--ooOoo--




À son travail, Varina eut la visite de deux agents qui lui notifièrent le décès de son ex, puis qui l’interrogèrent pour la forme, prenant au passage une photo d’elle pour le rapport. Une fois ceux-ci partis, sa chef de service, qui avait assisté à l’entrevue, dit simplement :



Varina ne répondit rien, abîmée dans ses pensées, à la fois soulagée et triste.



--ooOoo--




Une petite cité au calme. Une chambre plutôt agitée…


Allongée dans les draps froissés, Varina récupère, les bras en croix. Carol en fait de même, reprenant son souffle, les yeux contemplant le plafond. Puis il bascule sur le côté pour prendre quelque chose sur sa table de chevet. Elle tourne la tête au même moment, et constate à nouveau cette curieuse éraflure, ce trait rouge sous les côtes.



Elle boit à son tour ; faire l’amour lui donne toujours soif, elle qui ne boit pourtant pas grand-chose durant les repas et en dehors. Elle lui redonne la bouteille d’eau. Elle se lève ensuite, il la suit des yeux, son corps nu, ses courbes qu’il adore. Elle regarde dehors à travers les jours du volet roulant. Sans se retourner, elle se met à parler :



Varina regarde alors le plafond, si blanc, si pur :



Elle se tourne vers lui, puis s’agenouille sur le lit, le dominant de toute sa hauteur. Carol la regarde, la tête toujours enfoncée dans l’oreiller, les bras le long du corps. Puis, féline, elle se met à quatre pattes et avance lentement vers lui. Il sait qu’une nouvelle bataille sensuelle et charnelle commence…


Nue, elle s’accroupit sur son bas-ventre, les fesses posées sur la tige encore molle de son amant. Celui sent nettement son intérêt remonter. Elle le regarde, les yeux luisant, la bouche gourmande :



Et il le lui prouva. De fort belle manière…



--ooOoo--




Elle sort de la cuisine, le panier à linge dans les bras. Elle passe à côté de Carol agenouillé dans l’herbe en train de s’occuper des fleurs qui bordent l’impeccable pelouse verte. Elle lance négligemment :



Elle pose le panier dans l’herbe puis lui met quelque chose sous le nez. Il répond :



Elle le regarde d’un air étrange, elle attend un peu, puis elle reprend :



Il soupire longuement, pivote puis s’assied face à elle.



Elle s’assied à son tour dans l’herbe sans le quitter des yeux.



Alors il lui raconte sa visite chez son ex, l’altercation, avant le coup de couteau.



Il se tait, inquiet. Il se demande quelle sera la réaction de la jeune femme. Alors il attend. Elle le regarde toujours, les yeux dans les yeux, comme cherchant à lire en lui. Les secondes filent.


Pour toute réponse, toujours sans le quitter des yeux, elle se relève et dit simplement :



Vivement, il lui attrape le poignet :



À sa grande surprise, Varina lui sourit :



Elle se penche sur lui, lui caresse la joue de sa main libre :



Elle s’éloigne de lui, ayant repris le panier à linge. Quelques mètres après, elle se retourne :



Puis comme si de rien n’était, elle suspend le linge sur le fil.



--ooOoo--




Elle fait glisser ses mains le long de son torse, jouant avec les boucles des poils. Puis, elle se recule sur les jambes de son amant, penche la tête et commence à tracer des fins sillons de salive avec le bout de sa langue. Il soupire d’aise.


Puis sans crier gare, elle se saisit du sexe dressé, l’avale et lui fait subir mille tortures très agréables. Il se cabre sous l’intensité des sensations, les doigts crispés sur les draps. Elle s’active plus encore, infernale, fière de sa puissance, de son ascendance sur son amant, son homme rien qu’à elle, sa propriété privée. Une flamme étrange naît en elle, lointaine…


Carol serre les dents, il a du mal à se contenir face à cette attaque en règle, il lance :



Et elle s’acharne plus sur lui, sa langue chaude et insidieuse sur le gland frémissant, ses lèvres sur la hampe tiède et humide de salive, ses doigts jouant avec des testicules pleins. Elle cherche les grosses veines qui courent le long de la tige de chair, soulignant leurs gonflements, augmentant leurs palpitations.


Il jette sa tête en arrière, il voudrait fuir, mais il ne peut pas, c’est trop bon ! Il sait qu’il a perdu dans cette bataille, il se vengera autrement lors de la prochaine en la faisant crier de plaisir. Néanmoins, il essaye de résister, orgueilleusement, même s’il sait pertinemment qu’il va céder sous peu.


La bouche avide rivée sur son sexe frissonnant, elle sent instinctivement qu’il va craquer, ça la met en joie ; il est à elle ! La flamme est de plus en plus vive, chaude, brûlante. Elle qui n’a jamais connu ce sentiment de possession, de vouloir tout avoir, de tout prendre, égoïstement !


Soudain, serrant le milieu de la colonne de chair, posément, elle tire la fine peau vers le bas, tirant le frein à fond, dégageant absolument le gland écarlate et luisant. Elle s’en empare avidement dans un énorme et suave suçon infernal. La flamme brûle en elle, intense, immense.


Elle se déchaîne, oubliant toute honte, toute retenue. Les barrières cèdent, une première salve éclate dans sa bouche. Radieuse, elle s’en réjouit, accueillant le sperme chaud dans sa bouche insatiable, ses dents carnassières, sa langue voluptueuse qui continue sa caresse insidieuse…


Sensuellement, goulûment, elle savoure, elle avale, reposée, apaisée. Amusée, elle joue avec la tige de chair qui faiblit petit à petit, ses dernières salves lâchées. Elle léchouille distraitement les dernières gouttes de sperme qui suintent du méat rougeâtre. Elle songe alors qu’elle fait l’amour avec l’assassin de son ex ; incongrue, indécente, la flamme reprend en elle, vive, folle…


Il n’en faut parfois pas plus pour raviver le cœur intense d’une jeune femme…



--ooOoo--




Un après-midi de début d’été. La grande ville bruisse…



Varina se retourne et découvre auprès d’elle deux hommes dont l’un est en uniforme de policier. Elle écarquille grand les yeux, étonnée.



Clignant des yeux sous le soleil, il lui sourit. Son subalterne a le regard vide, perdu vers l’infini de la ligne d’horizon. Varina sourit à son tour :



Varina le regarde, légèrement inquiète :



Puis il pivote sur ses talons et s’éloigne. Dubois flotte un bref instant puis trottine sur les traces de son chef. Varina reste figée sur place, dubitative. Elle regarde les deux hommes s’éloigner, jusqu’à ce qu’ils disparaissent dans la foule des promeneurs.


Puis elle caresse son ventre et murmure :