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n° 14508Fiche technique7304 caractères7304
Temps de lecture estimé : 5 mn
07/08/11
Résumé:  Le théâtre érotique dans les années 70.
Critères:  fh cinéma exhib pénétratio humour -travail -lieuxpubl
Auteur : Samuel            Envoi mini-message
Faire l'amour sur scène



Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans…


J’avais accepté à cette époque une mise en scène dans un théâtre érotique. La patronne-matrone m’avait prévenu : il fallait faire semblant, mais il fallait aussi que le public en ait pour son argent. Le spectateur, qui acquittait son billet pour un bon prix, devait être convaincu que les comédiens faisaient vraiment l’amour alors qu’ils se contentaient de mimer l’acte sexuel.


Une comédienne demanda un jour pourquoi on ne pouvait pas réellement baiser, ce qui lui paraissait plus simple, car elle n’avait pas de grandes aptitudes pour le mime. Il lui fut répondu que l’établissement ne tenait pas à payer une TVA de 33% au lieu de 18%. « Ça ne fait rien, avait répliqué un comédien, je te finirai en coulisses ». Donc nous utilisions tous les artifices pour rendre crédibles les pénétrations. Ainsi, par un jeu de miroirs la fellation semblait évidente alors que l’actrice n’avait en bouche qu’un godemiché d’un réalisme étudié avec veines apparentes. Le sperme qui se répandait ensuite sur son ventre avait la texture d’un shampoing.


Le spectateur d’un théâtre érotique est souvent honteux d’être là ; à la rigueur, il veut être bien être au premier rang, mais il n’ose pas s’aventurer sur scène. Il reste à sa place, celle du voyeur. Il se cache en entrant et en sortant du théâtre. Surtout il est préoccupé par sa propre érection. Il veut s’abandonner à la lubricité, mais il doit aussi éviter l’implosion dans le slip, qui lui gâcherait toute la soirée et le pantalon en même temps. Alors, il est facile à berner. Parfois un couple venait, mais on sentait tellement que la femme avait été traînée là quasiment de force et qu’elle ne demandait qu’à sortir.


De temps à autre aussi, une équipe de rugby, un enterrement de vie de garçon, mais les gars étaient en général tellement avinés qu’ils ne se rendaient compte de rien. Et puis, quelques Japonais, qui critiquaient peut-être, mais dans leur langue. Bref, on pouvait leur donner des simulacres sans risquer d’être accusé de contrefaçon ou de publicité mensongère. Et la magie faisait le reste, les éclairages, la musique, l’odeur d’encens (pour éliminer celle du shampoing), les dialogues crus. Eh oui, tout était cru, même le texte. Les actrices sont là aussi pour que le public ait l’impression qu’elles sont à portée de main baladeuse. Si, à la sortie on avait interrogé les spectateurs, tous auraient déclaré qu’ils avaient assisté à des scènes de copulations répétées et de fornications osées. Et la matrone-patronne était contente.


À la même période, je jouais une pièce de théâtre qui, sans être classique, n’avait rien de particulièrement érotique. À un moment dans la pièce, le personnage féminin venait s’asseoir sur mes genoux et me racontait ses malheurs, notamment ses disputes avec sa mère. Nous l’avions déjà jouée à plusieurs reprises et, entre temps, cette actrice était devenue ma copine. Un soir, après la représentation, nous étions restés au théâtre et nous avons fait l’amour sur scène. C’est un fantasme assez répandu chez les comédiens. Pleins feux et musique de Vivaldi à fond la caisse. Puis nous nous sommes endormis sur place.


Le matin, Martine me dit qu’elle avait adoré la soirée, mais que son fantasme serait de baiser en pleine représentation. Je lui proposai bien le spectacle érotique, mais elle me répondit que d’une part ce public-là ne l’intéressait pas et que d’autre part elle savait que nous faisions semblant. Je lui suggérai alors la scène de ses malheurs avec sa mère. Elle durait suffisamment. Il fallait simplement que nous jouions derrière le bureau et non devant. En effet, un petit bureau était le seul décor de la pièce, et si nous étions assis derrière, personne ne pourrait se douter de notre activité sexuelle. Pour dire la vérité, le premier soir, ce ne fut pas possible. Le public était clairsemé, difficile, amorphe. Il fallait toute notre concentration pour livrer un vrai combat et assumer la représentation avec conviction.


Mais le soir suivant, des spectateurs jeunes et enthousiastes nous incitèrent à aller jusqu’au bout de notre fantasme. Le moment venu, Martine qui jouait le rôle de cette pauvre fille en querelle familiale, venait se plaindre et, après quelques mots de consolation, je l’invitais à s’asseoir sur mes genoux. Elle souleva sa robe, m’enfourcha et je sentis vite son clitoris humide sur mon pénis gonflé. C’était un premier pas. Il restait à procéder à l’introduction. Je la soulevai un peu sur la phrase :



Je sentais mon sexe s’enfoncer dans le sien de plus en plus mouillé. Puis elle se mit à jouer :



Elle est ensuite descendue tranquillement de mes genoux et elle est allée en coulisse, comme cela était indiqué dans la mise en scène. Elle put ainsi s’essuyer discrètement. J’avais la tâche difficile de continuer la pièce en me rhabillant comme je pouvais, pendant ce court monologue :



La représentation se termina sans accrocs et à la fin plusieurs spectateurs nous ont dit combien ils avaient trouvé émouvante la scène de la dispute avec la mère. Aucun ne s’était douté de rien, bien évidemment. Même les machinistes n’avaient rien remarqué d’anormal. Nous sommes au théâtre et personne ne va imaginer une seconde que nous avons fait l’amour en pleine représentation. Et à l’inverse, dans le théâtre érotique, personne ne va jamais croire que les acteurs font semblant.


Nous l’aurions bien refait une autre fois, mais il se trouve que nous nous sommes séparés pour une sombre histoire de cachets moins élevés que prévus.