Une Histoire sur http://revebebe.free.fr/
n° 14513Fiche technique46564 caractères46564
Temps de lecture estimé : 27 mn
15/08/11
Résumé:  Un jour en un pays lointain, par dépit puis par goût, une jeune femme s'abandonne à la débauche...
Critères:  fh fhh hplusag piscine voyage vengeance exhib noculotte fellation cunnilingu pénétratio confession -occasion -extraconj
Auteur : Annie-Aime      Envoi mini-message
Folies sous les tropiques



La question me tarabuste depuis que j’ai accepté de suivre mon époux. Nous sommes de passage à Dakar et l’idée lui est venue de profiter de l’opportunité pour faire un saut à Saint-Louis, juste le temps d’un week-end, en vue de saluer un vieil ami.


Le soir même de notre arrivée dans la métropole du nord Sénégal, l’ami qui nous héberge, célibataire le temps d’un été, nous emmène dîner au « club ». C’est l’un des points de ralliement des Européens et des notables de la ville.


L’établissement tient du tripot autant que du restaurant. À l’intérieur, les tables s’organisent. Le poker semble le jeu le plus prisé. L’ami se fait corrupteur. Je ne suis pas intéressée. En revanche mon mari cède au dessert malgré sa promesse. L’addiction au jeu est encore la plus forte. Puis-je m’opposer ? Sans aucun doute, mais je ne le fais pas. N’empêche que je lui en veux malgré tout.


Sur la terrasse, il n’y a plus grand monde. Tous sont rentrés, ils vont boire et jouer jusqu’à l’aube. Beaucoup de ces types trompent ainsi leur solitude et goûtent la débauche pendant que bobonne et les enfants se ressourcent en Europe.



oooOOOooo



Quelques jeunes gens, blancs pour la plupart, restent néanmoins à l’extérieur. Ils m’adoptent gentiment quand ils me voient désœuvrée. J’erre ici et là parce que je ne sais que faire et ne suis pas du tout pressée de rentrer. Pourquoi le serais-je ?


Les jeunes gens, garçons et filles, sont infirmières, toubibs, anesthésistes, et que sais-je encore. Tous appartiennent au corps médical et sont affectés à l’hôpital de la ville et je ne sais où, au titre de la coopération, ou bien pour Médecins du Monde ou peut-être MSF.


L’ambiance est joyeuse. Nous esquissons quelques pas de danse, mais l’enthousiasme manque. Les hommes qui ne dansent pas si bien, se font prier, ils craignent le ridicule.


Qui suggère le bain ? Je ne sais pas, mais à mon sens cela importe peu. Pourquoi le bain ? Cette question est peut-être plus pertinente, mais je ne sais pas mieux y répondre. Et à tout prendre on s’en fout parce que ça ou autre chose, c’est du pareil au même. En la circonstance, j’aurais dit « amen » à n’importe quelle proposition.


D’ailleurs, je saute, nous sautons tous dans le bassin comme les moutons de Panurge. Beaucoup sont à poil. Moi, je garde ma culotte. La pudeur sans doute, l’inconséquence assurément, parce que plus tard elle me fera défaut.


La soirée accroche ainsi et se poursuit dans une boite de nuit, pas loin. La salle est bondée. Les couples se bousculent sur la piste. Par ici, l’élégance est de mise. Ma tenue s’apparie tout à fait. Je porte une petite robe sexy à fines bretelles, taillée dans un tissu fluide à reflets métalliques, coupée à mi-cuisse. Le dos est nu. L’audace du décolleté qui plonge jusqu’au nombril est tempérée par une broche qui le pince sous la poitrine.


Tout bien pesé, on vit très bien sans culotte. On s’habitue vite. L’audace m’émoustille et contribue à m’embrouiller la caboche. L’atmosphère, les lumières, la musique, la danse, le brouhaha, l’alcool, la fumée, les odeurs, la frénésie, ces corps à demi nus et moi-même qui le suis aussi, tout cela m’enivre. Je perds la raison. Je fais des choses puériles que je préfère ne pas raconter. Satan et ses sbires rôdent dans les parages.


Comment me retrouvé-je dans la rue au bras de ce type ? Je ne sais pas, vraiment pas. Mes souvenirs de ces moments sont nimbés de brouillard. Il me souvient que j’ai eu des hésitations. Pourquoi ? Allez savoir…


Moctar est pas mal de sa personne et interne de son état, en poste dans l’hôpital où travaillent mes nouvelles amies, infirmières. Elles me l’ont présenté ainsi que quelques autres types d’ailleurs.


Pourquoi Moctar ? Pourquoi pas lui ! Autant demander à la loterie nationale pourquoi tel numéro est sorti plutôt qu’un autre. Si je le savais, à moi les billets gagnants et je ne serais pas à Saint-Louis ni avec Moctar. Qu’allons-nous faire ? Pardi, la soirée était d’enfer, pas besoin d’être sorcier pour deviner la suite… Ma tête déborde d’allégresse tandis que nous allons tous les deux d’un bon pas en direction de son appartement.


L’autre goujat n’a plus sa place dans mon cœur ni dans mes pensées. Ce sagouin avec lequel je suis venue à Saint-Louis. Ce salaud qui m’a abandonnée comme une capote embrenée. Ce con qui préfère jouer aux cartes plutôt que me baiser. Celui-là même qui passe la nuit à téter ses paires et ses brelans en rêvant de couleurs, de quintes flush et de carrés d’as.


Pendant ce temps, moi je rafle la mise.


L’esprit de vindicte n’aurait-il pas soufflé sur les braises ? Peut-être, au début tout au moins, puis le désir a pris la relève et dès lors mes pas ne sont plus guidés que par l’espoir de félicité.


Arrivée à la chambrée, j’apprends que mon interne co-loue avec un anesthésiste. Dans ce pays, la colocation est aussi courante qu’ailleurs parmi les célibataires pas trop argentés, explique-t-il, et pour l’occasion mes lascars partagent non seulement le studio, mais aussi le lit. Il me vient à l’idée qu’ils sont pédérastes. Ben non, pas le moins du monde, c’est les circonstances, parait-il. Il me semble comprendre que la promiscuité est provisoire.


Bah ! La couche est suffisante pour nous trois, n’est-ce pas ? Je plaisante ! Mon état d’esprit est loin d’être aussi relax que je vous donne à croire : le type dort à poil sur le lit quand je pointe le museau à l’entrée de la pièce. Je montre un peu d’irritation, d’autant que le logement est petit et le bordel peu engageant.


L’endormi se réveille sur ses entrefaites. Moctar joue l’embarrassé, l’autre fait l’ahuri mais le climat reste néanmoins débonnaire. De mon côté, les vapeurs d’alcool sapent mon jugement autant que mes tergiversations. Du reste la situation ne manque pas de piment. Mon humeur s’adoucit. Je n’ai pas trop l’envie ni le courage d’en faire un fromage, comme on dit, si bien que je mets de l’eau dans mon vin. L’importun se fait petit.


Néanmoins, il est là et plus encore dans mon imagination à m’emmêler les terminaisons synaptiques. L’obsession embobine mes derniers neurones encore lucides pendant que Moctar me fait une lichette : l’autre bande-t-il ? Cette question corrompt mon esprit et instille un poison dévastateur dont les effluves lubriques m’échauffent la bile. L’intrus fraye ainsi sa voie dans mes pensées pendant que je fricote avec mon gaillard. Mes délires d’ivrognesse se révèlent un stupéfiant stimulant. Je me découvre des trésors d’énergie et un appétit insoupçonné pour le sexe. Suis-je folle ?


Ma prise est douée, un véritable pur-sang. Après chaque étreinte, je ravigote la bête et nous repartons pour la suivante. Le score ? Plus que je n’ai jamais fait et ce n’est pas fini. La tierce présence nourrit mon fantasme, entretient les feux et alimente pire que jamais ces divagations qui dépravent mon esprit. L’importun, l’intrus, le tiers n’est plus si fâcheux ni si pudique. Il prend plus d’aise et affiche une érection formidable.


Comment en vient-on au triolisme ? Très naturellement. Il me prend en levrette pendant que je taille une pipe à mon étalon. L’entrée en scène du deuxième larron ne me surprend pas. La tractation entre les deux mâles m’a alertée, bien qu’ils usent d’une langue que je ne comprends pas. Mais peu m’importe ! Qu’ils me négocient comme de la viande ou qu’ils soupçonnent mon désir et veuillent me plaire, je suis barbaque, je suis fournaise, je suis tout ce que l’on voudra et la nouvelle donne me convient très bien. Mes orgasmes atteignent une intensité inédite. Une transmutation étrange opère qui fait que je me dédouble. Mon âme pétrie de félicité plane sur une orbite stellaire tandis que sur Terre mon corps se démène tel celui d’une harpie féroce, ruinant les satyres. Mécanique quantique ou sorcellerie ?


Les pauvres ! Ils n’en peuvent plus. Tous deux s’endorment tandis que je me remémore les événements de cette nuit torride. Le hic : nous n’avons pas utilisé de préservatifs.


Comment peux-tu penser qu’un toubib va te contaminer ? S’est indigné l’interne quand je lui ai soumis ma préoccupation. Mon ultimatum fit long feu ; pas de capotes ; ce fut donc la déroute. Sans doute que mon repli résultait moins des assurances qu’on me donnait que du désir qui brouillait ma raison.


Toujours est-il que j’avais pris des risques. Mais tout bien pesé, ces risques ne concernaient que moi. Charles ne me touchait plus. J’avais espéré changer cet état de fait en venant à Saint-Louis. La déception chassait l’espoir : Monsieur préférait les cartes.


Le retour ne me soucie pas trop. Je prévois d’inventer quelques balivernes et à tout prendre je suis prête à aller au clash tant je suis remontée. Suis-je coupable ? Et alors ! La responsabilité est partagée. Mon esprit vagabonde ainsi…


Des pensées plus libidineuses surviennent aussi. Mon sexe meurtri frémit encore de tant de débordements : j’en ai pris plein le cul si j’ose m’exprimer ainsi. Encore qu’aucun n’ait eu l’idée du petit trou et c’est aussi bien, parce qu’ils l’auraient explosé tant les braquemarts sont du gros calibre. Ces dernières cogitations préludent au sommeil.


Une odeur de café me réveille. Les rayons du soleil percent au travers des persiennes. Ma bouche est poisseuse. Des croûtes séchées collent un peu partout autour de mes lèvres, sur mes cuisses, sur mon pubis, mon ventre et même dans mes cheveux. La sueur, le musc et le stupre mêlent les odeurs un peu suries avec des effluves marins.


Ma chatte épanouie bâille comme jamais. Les lèvres sont encore outrageusement gonflées. Le clitoris singe l’impudence d’un pénis érigé. La vulve bée comme le gosier d’un piaf qui attend la becquée. L’orifice vaginal, encore largement dilaté, dévoile une grotte tapissée de vermillon. La note chaleureuse modère l’éclat des chairs humides qui chatoient des rouges irisés comme un énorme rubis sous la lumière du néon. Le miroir mural me renvoie l’image de cette fleur monstrueuse qu’on pressent carnivore, nichée dans l’abri entre mes cuisses. Ce phénomène n’a rien de commun avec le minou que je connais. Les couleurs sont vives et les volumes extraordinaires. Un monstre !



oooOOOooo



Boubacar, le co-loc, a ramené des croissants. Il me souhaite le bonjour et me tend un verre de jus d’orange, lequel est bienvenu. Le liquide dévale mon gosier ; il titille agréablement mes papilles. Je n’ai pas dormi plus de deux heures, mais je me sens bien. Je dévore le petit déjeuner qu’ils ont préparé puis file dare-dare sous la douche.


Moctar, toujours aussi attentionné, se préoccupe de mon transport. Il a sollicité un collègue, un pharmacien, locataire dans le même immeuble et fort opportunément propriétaire d’une moto. Le jeune homme rapplique tandis que je finis de me sécher. Je ne joue pas les fausses pudeurs. Il ne me déplait pas de déambuler nue parmi les trois hommes. N’allez pas croire que j’ai l’habitude ! Ado, j’étais même plutôt pudique. Mais à vrai dire, jamais auparavant je n’ai connu une telle situation.


Du reste, que puis-je faire d’autre ? La porte du petit cabinet de toilette a disparu si tant est qu’elle n’ait jamais existé. Mes vêtements sont éparpillés un peu partout. Disons que les circonstances autant que mon plaisir dictent ma bravade. Mes inhibitions ne sont pas mortes mais j’imagine qu’elles se planquent, tapies quelque part, et n’osent pas pointer le nez en terre étrangère. Et en définitive, elles me foutent la paix. Je me délure en toute liberté. Cela ne manque pas de piment… Des picotements caractéristiques agacent mon périnée. Il ne faudrait pas beaucoup pour me convaincre de m’allonger à nouveau.


Les mâles ne semblent pas d’humeur libidineuse. Ils débattent dans leur langue incompréhensible. Tant pis pour eux ! J’enfile ma robe, chausse mes escarpins, clipse mes boucles d’oreille, ferme mon bracelet puis mon collier avant d’attraper mon sac à main. Un dernier coup de peigne. Je suis prête. Bisou ! Bisou ! Les adieux larmoient un peu. Nous reverrons-nous ? Pourquoi pas !


J’enfourche la bécane. Le soleil commence à grimper à l’horizon mais le trafic automobile est encore clairsemé. L’air de la course s’engouffre sous ma robe et caresse délicieusement mon épiderme. Aucun de nous n’a de casque. Privilège ou inconscience ? L’Afrique tout simplement. Le corps du pilote perfuse la chaleur dans le mien. J’enlace sa taille. Il est vêtu d’une tenue traditionnelle, formée d’une tunique en toile de coton imprimée, portée sur un pantalon assorti. Le tissu léger ne fait pas obstacle aux échanges. Je sens sous ma paume la crispation des pectoraux. Je promène ma main et tâte d’un toucher léger, indécis, la fermeté des muscles. Des idées me traversent l’esprit.


Décidément, je ne pense plus qu’à ça. Je suis persuadée que j’ai fait plus de folies durant mon séjour à Saint-Louis que pendant toute ma vie antérieure. À ce stade, je ne suis plus à une bêtise près. Son sexe est dur. Je le caresse. Il me laisse faire cinq minutes puis il prend les choses en main. Il dénoue le lien de son pyjama et guide ma main. Le phallus chaud, presque bouillant, palpite par saccade dans ma paume. Ce machin me semble encore plus dur et plus gros que celui des deux autres, lesquels donnent déjà du crédit à ces légendes qui vantent la gloire des mâles africains. J’agace le méat, lisse le gland, astique la hampe et joue ainsi tandis que le bitume défile. Je continue aussi quand on quitte l’asphalte et qu’on bifurque sur la piste, mais il m’y faut plus de virtuosité.


Mon pilote évite les trous, contourne au plus près les mares, mais la navigation — et le confort aussi, deviennent autrement difficiles. De part et d’autre, la piste est bordée par les murs d’enceinte derrière lesquels on devine, plus qu’on ne voit, les parcs et les villas. De temps en temps de petits bosquets forment un maigre îlot de verdure que l’on doit contourner. Mon pilote s’arrête sous l’ombre d’un grand arbre au tronc torturé.


La rue est déserte, silencieuse. Pas un passant, pas un véhicule sinon quelques voitures immobiles et inoccupées, garées ici et là. Le seul être vivant — encore qu’on puisse douter, est un bougre allongé, inanimé, protégé du soleil sous un abri de fortune, situé non loin de nous, à moins de vingt pas, près de l’entrée d’une villa. L’homme enroulé dans son boubou est resté immobile. Il n’a pas bougé un cil depuis notre arrivée.


Ce type autant que sa natte et son chapiteau de toile se fondent dans le décor ambiant, poussiéreux, pâle copie d’un western mexicain. La Toyota de notre hôte est également garée dans les parages mais je ne la reconnais pas de suite. Pas plus que je ne reconnais l’endroit. Pourtant, j’y débarquai, guidée par notre hôte, pas plus tard que la veille au soir, en compagnie de mon mari.


Ceux qui ont parcouru les dédales d’une banlieue résidentielle d’une grande ville africaine peuvent comprendre ma confusion. Et ici c’est encore pire sous la poussière et le sable qui banalisent toutes choses. Bref, je suis rendue mais n’en ai pas conscience.


Mon guide cale sa moto puis me saisit par la taille avant de me donner le baiser de ma vie. Il œuvre avec une fougue à couper le souffle. Il me faut remonter à l’adolescence pour me remémorer tant d’impétuosité. Sa langue fouine, explore et vérifie chaque recoin avec grand soin. Tandis que nos appendices buccaux font connaissance, ses mains ne sont pas en reste. Elles caressent mes fesses, dénudent mes seins, tripotent le téton…


De mon côté, je reprends le phallus en main et poursuis mon ouvrage. La fraîcheur du matin, le silence presque absolu, la luminosité éblouissante et ce linceul d’éternité qui couvre toutes choses, depuis les murs des enceintes jusqu’au gardien et aussi le feuillage de l’arbre sous lequel nous nous sommes garés, créent une sensation d’irréalité.


Plus rien ne compte que lui et moi…


La suite est inéluctable. Son pyjama et son slip gisent à ses pieds. Le sexe est dressé, fier et arrogant. Le mâle retrousse alors ma robe jusqu’à la taille. Sûr de sa force, il me soulève sans peine et m’adosse au tronc. J’écarte les cuisses autant qu’il m’est possible, mais sa prise ne m’autorise pas grande manœuvre. Il me pénètre d’un coup et commence les va-et-vient dans la foulée.


L’intrusion est brutale, à couper le souffle, mais dans le même temps tout mon être appelle le supplice. Aucun tourment n’est assez vif ; aucune bourrade n’est trop bestiale que je ne veux encaisser. Ma réponse s’apparie au rythme de l’homme. J’en rajoute un peu, soucieuse de son plaisir. Quand la hampe de son phallus est profondément enfouie, je contracte mes abdominaux et les muscles de mon vagin, comme pour retenir la verge en mon sexe ce qui incidemment et à mon sens devrait produire un massage du gland du plus bel effet. Ma sœur aînée, experte en la matière, m’a enseigné le truc. Tous les mecs avec lesquels je l’ai essayé en raffolent. L’orgasme m’emporte un peu avant qu’il n’éjacule. Son membre crache peu après ; il tressaille longtemps jusqu’à m’embrouiller les tripes.


Des idées bizarres me traversent l’esprit. Le risque d’être surprise ne me soucie pas un seul instant. Pire, la partie obscure de mon âme brûle de donner le spectacle de mon indignité. Ma déchéance m’excite tant et plus, et la pensée d’en rester là m’est insupportable. Je veux poursuivre. Je décide de requinquer la bête et prends position. Lui prend mes tempes entre ses paumes et accompagne le rythme pendant que je lui taille la pipe. La turgescence reprend de la vigueur. Je m’emballe pour ce jouet remarquable qui me semble plus gros et plus dur que tous ceux des hommes que j’ai connus. Cette comparaison me divertit fort et me donne encore à penser à ces légendes pas si fantasmagoriques qui me trottent dans la tête. L’évocation me communique encore plus d’entrain s’il se peut. L’organe est chaud, vivant et l’épiderme est souple et doux. Le gland bien dégagé luit sous les rayons du soleil.


Le mâle piaffe, me redresse et me place en position, les mains en appui sur le siège de la moto. Il me prend en levrette et m’enfonce pour de bon. J’ai failli m’affaler avec la motocyclette. Du coup je lève le nez, mon regard croise celui du gardien qui zieute la scène avec des yeux incrédules. Moi-même, j’ai du mal à y croire. Il me plait pourtant qu’il me mate. Je suis vraiment folle !


Le garçon n’œuvre pas longtemps, il est quasi mûr. Il crache sa semence. Le sexe palpite dans mon ventre. Le sperme coule le long de mes cuisses. Un dernier orgasme m’emporte encore. Je récupère affalée, à plat ventre, sur le siège de la bécane.



oooOOOooo



Un bruit de moteur. La voiture passe alors que je tergiverse, réticence à rajuster correctement ma tenue, comme il se devrait. Incrédule, le chauffeur me reluque, moins préoccupé de son chemin que par mon cul. L’exhib n’est pas le résultat d’une volonté délibérée de ma part, la fatalité s’en est mêlée. Je bute sur des contraintes très pratiques. Je suis souillée mais je ne voudrais pas pour autant cochonner ma robe ; or je n’ai rien pour nettoyer : une équation dont la solution n’est pas évidente.


Un souci d’hygiène passablement puéril mais je me vois mal rentrer avec un vêtement maculé, témoin de mes turpitudes, même s’il est raisonnable de supputer que le risque d’être démasquée est quasi nul, car notre hôte et Charles sont probablement déjà au lit, en train de roupiller. Malgré tout, j’aime autant ne pas présumer de ma chance et donc je mégote le rhabillage, quitte à m’exhiber.


Du coup, c’est encore le cul à l’air que je m’apprête à remonter en selle : je vais immanquablement saloper le siège de la moto, ai-je pensé cyniquement sans imaginer un seul instant mon aveuglement.



La réalité me tombe sur le râble d’un seul coup alors que le gardien fait des signes en retour. Sans doute m’a-t-il reconnue ; peut-être a-t-il perçu des bribes de notre conversation. Je pique un fard pas possible ; je me liquéfie.


Les adieux sont plutôt froids. La moto vrombit, s’éloigne, disparait. Faux jeton ! Adieu !



oooOOOooo



Me voilà seule face au gardien, et fort embarrassée. L’homme n’en prend que plus d’importance.



Il me recommande de parfaire ma toilette et le dit sans forfanterie, avec réserve et même avec des égards.


Le décalage est pour moi encore plus grand. Je me sens une « moins que rien ». Je n’ose pas le regarder et en même temps je suis éberluée par les manières du bonhomme, sa prévenance incongrue. Il parle de surcroît un français dont la clarté et la fluidité détonnent, autant de particularités que l’on n’attend pas chez un gardien. Bizarre…


Je n’ai pas souvenir de l’avoir aperçu la veille à mon arrivée mais cela ne m’étonne guère vu l’obscurité qui s’installait au moment, sans compter que j’étais pas mal déboussolée… Trop de choses nouvelles, trop d’exotisme…


L’homme insiste, m’invitant à nouveau à franchir le seuil. Mille pensées m’assaillent. Son opinion m’importe désormais alors qu’il y a seulement un instant je m’en fichais comme de l’an quarante. Je bafouille… Que dire ? Que faire ? Il y a aussi ce secret que nous partageons : va-t-il moucharder ? Je reste coite.


C’est terrible ce que je peux être godiche. Je suis incapable de soutenir son regard, je me glisse dans l’entrebâillement, tête baissée, honteuse. Le parc et les abords de la piscine sont déserts ; la villa est silencieuse. Personne en vue, j’aime autant, bien que je n’aie pas grand-chose à craindre de mon époux, mais à tout prendre je préfère éviter un affrontement inutile, l’épreuve n’est jamais agréable, ni pour lui, ni pour moi.


Dans la chambre, Charles ronfle. Je prends une douche et m’allonge à son côté. Trop d’événements, trop de nervosité, je ne parviens pas à m’endormir… Inutile d’insister, je ne dormirai pas. Je revêts un maillot, un bikini, embarque une serviette et file à la piscine.


Peut-être devrais-je parler au gardien ?


L’eau me fait du bien. Je nage assez longtemps puis sors, m’allonge sur un matelas, décidée à abandonner mon corps à la caresse du soleil. Le gardien choisit cet instant pour apparaître. Il balaie nonchalamment l’allée centrale. Je le surveille, plus du tout si pressée de l’apostropher. Pourquoi tant d’indécision ? Est-ce le soleil et la langueur qu’il suscite ou bien le fruit de cette pudeur que je ressens, nouvelle autant qu’insolite ? C’est bien la première fois que je me soucie autant d’un domestique ! Pour sûr, ce type est pour moi une énigme avant d’être une menace. J’ai l’intuition que je n’ai rien à craindre de lui, qu’il ne bavassera pas sur mon compte.


Suis-je naïve ? Basta, on s’en fout. Je me dois de réagir, de me rebeller, de récupérer mon self-control. Mes pensées s’égarent, je me remémore… Les souvenirs raniment les braises, soufflent la rébellion. Ne suis-je pas une adepte du bronzage uniforme ? Le gardien peut-il me voir ? Qu’importe, il a vu pire ! Je me débarrasse du haut ; je n’ose pas enlever la culotte et me contente de la rouler sur mes hanches, la réduisant à la portion congrue. Je m’apprête à me lever pour aller chercher l’huile solaire, oubliée à quelque distance, quand le cerbère, devançant mon intention, me tend le flacon.



Ce type me déconcerte. Je l’avais relégué, presque oublié et voilà que de nouveau il m’impose une proximité embarrassante. Moi que d’habitude on qualifie de libérée, voire d’effrontée, je suis pour l’occasion une petite fille intimidée, honteuse et irritée de ressentir ces sentiments mortifiants. Je me sens gourdasse.


La gêne me dicte une conduite irraisonnée, je fuis, je file et pique une tête dans le bassin. Cela me donne le temps de récupérer mon sang-froid. Je nage quelques brasses avant de me sécher et oindre comme il se doit. Entretemps, le gardien a disparu. Je ne le reverrai plus de la journée.


Grasse matinée oblige, midi est bien sonné quand les hommes daignent montrer le bout du nez.


Puisqu’il faut une explication, autant faire simple. Je prétends que j’ai dormi ici même ; comment ne m’ont-ils pas vue ? Naturellement, j’ai la réponse.



Imparable ! Personne ne conteste et on en reste là.


Nous passons à table. Je mange une salade et de l’eau. Les hommes préfèrent des grillades et du vin. Au café notre hôte expose son projet. Il propose à mon intention une balade sur le fleuve avec son bateau. Pourquoi pas ?



oooOOOooo



Nous remontons le fleuve jusqu’au parc National du DJOUDJ, une réserve animalière remarquable. Un nombre impressionnant d’oiseaux de toutes tailles et d’une grande beauté défile sous nos yeux. Les flamants élégants, les canards de toutes sortes, les outardes pataudes et des milliers d’autres espèces dignes d’intérêt. Les gazelles, les phacochères aussi abondent.


J’arrête ! Je crois inutile de m’étendre davantage. Je suis persuadée que ce n’est pas pour lire un conte bucolique que vous avez poussé votre lecture jusqu’à ces lignes.


Ne quittez pas l’écoute ! J’ai encore des choses à raconter.


En cours de parcours, notre aimable guide dégotte une plage en face de laquelle il jette l’ancre. L’endroit est désert et malgré tout avenant. Pendant que les hommes fument en buvant de la bière, j’ose me baigner nue, mais pas très longtemps, car il est tard.


Nous rentrons, il fait presque nuit - précisons toutefois que la nuit tombe assez tôt sous les tropiques et pour ainsi dire à l’heure de fermeture des bureaux. La fatigue commence à me peser sur les épaules. Je dîne avec les hommes puis file au lit. À mon réveil au cours de la nuit, personne. Un mot sur le chevet m’invite à ne pas m’inquiéter : ils participent à un tournoi de poker. Grand bien leur fasse ! Je me prépare un sandwich et embarque une bouteille de soda puis je vais consommer tout ça sur la terrasse.


Une petite brise souffle une fraîcheur agréable. La chaleur du jour s’est depuis longtemps estompée. Je folâtre sous les grands arbres, m’apeure de l’ombre des géants plus que de l’obscurité et de fil en aiguille atterris près de la piscine alors que j’ai presque terminé mon casse-croûte.


L’envie de piquer une tête me tarabuste – notez que c’est une façon de parler parce que je ne veux pas mouiller mes cheveux fraîchement lavés. Je forme donc un chignon sur ma nuque et ce faisant, lorgne à droite et à gauche. Personne alentour, pas même le gardien. Le peignoir en soie glisse tout seul et tombe à mes pieds. Je me laisse couler. La caresse de l’eau est délicieuse. Je nage et fais la planche alternativement pendant un quart d’heure, puis je vais m’allonger toute humide sur l’un des matelas.


L’homme rapplique dans la foulée, il me tend une serviette pour me sécher. Décidément, c’est une perle ce type ! Sa prescience est toutefois le moindre de mes étonnements. Il m’a habituée à ce prodige. En revanche, l’autorité du bonhomme est nouvelle. Il porte un uniforme irréprochable, plis impeccables, képi vissé sur la tête, fourragère à l’épaule, col d’un blanc immaculé et nœud de cravate on ne peut plus militaire, boutons briqués, épaulettes à galons, des souliers noirs astiqués qui brillent de mille feux et par-dessus tout une barrette – non, je corrige, une plaquette de décorations multicolores, d’une dimension démesurée.


Je reste sans voix, passablement interloquée et accepte machinalement la serviette. Il tient encore dans ses mains un petit baluchon, qu’il dépose au sol avant de prendre un « garde-à-vous » surprenant. Ensuite, il attend ainsi, immobile.


Que veut-il ? Que faut-il faire ? Repos, Colonel. Mes hésitations l’amusent. Il sourit, relâche et corrige ma bévue. Il n’était pas colonel. Il a pris sa retraite de la Légion étrangère avec le grade de capitaine. Pour moi qui n’y connais rien, cela ne change pas grand-chose, le bonhomme n’en reluit pas moins avec beaucoup d’éclat, au propre comme au figuré. Je voulais questionner le maître de maison à son sujet, cela ne s’est pas fait, je regrette.


Qu’est-ce donc qui a conduit ce type au gardiennage ? Le paradoxe m’intrigue de plus en plus.


Il y a de l’inconvenance de ma part à rester nue face à ce type tiré à quatre épingles et de surcroît domestique dans cette maison. En ai-je seulement conscience ? Non, je suis sur une autre planète. Je pourrais bien sûr vêtir mon peignoir mais cela ne me vient pas à l’esprit si tant est que j’aie encore mes esprits et de toute façon il me faudrait me lever, ce qui serait, semble-t-il, présumer de mes forces.


Avant que j’aie réagi, le « colonel, capitaine, gardien » s’assied à mon côté sur le matelas et déballe son baluchon, lequel contient des bijoux et une liasse de billets. Il pousse le tout vers moi.



La requête qui suit est emberlificotée et maladroite. En clair, il me donne tout ça pour coucher avec moi. Vous sursautez. Moi pas ! Je n’y vois ni impudence, ni incongruité, parce qu’à aucun moment il ne m’a manqué de respect, parce que sa demande est plus une supplique et une prière, parce que son humilité est émouvante, parce que la tenue magistrale ajoute une aura extraordinaire au point d’ailleurs qu’on en oublie la modestie de son état et parce que, enfin, la fortune qu’il m’offre est visiblement considérable. Je n’ai pas besoin de compter. C’est cent fois le prix d’une passe dans les meilleurs quartiers, fut-elle aux Champs Élysées. Suis-je vénale ? Que cet homme m’évalue à ce prix me flatte. Suis-je anormale ? Devrais-je m’offusquer ? Désolée, cela ne me déplait pas du tout et tant pis si vous me trouvez cupide, débauchée, salope et tout ce que vous voulez. Le fantasme de la pute m’inspire…


Le bonhomme me regarde, il attend ma réponse. J’hésite, signe que je récupère la raison, mais comment dire « non » sans le peiner ?


Je réalise seulement que je suis nue mais cette fois, à l’encontre de ce que je ressentais dans la matinée, aucune gêne, aucune pudeur ne me déstabilise. Au contraire, une certaine chaleur et des picotements dénoncent combien je suis émoustillée. Pour autant, je ne saurais dire « oui » ; et « non » pas davantage. L’homme attend sa réponse, sans montrer d’impatience.


C’est la lueur dans ses yeux qui me convainc, une lueur qui trahit son intelligence et son immense désir et tout cela baigne envers et contre tout, dans une ambiance de respectabilité indéniable. C’est proprement incroyable. Tous ces mots qui ne sont pas dits ; sa passion qui transpire… Argumentation implacable ; mon ego chavire. Je me suis approchée et sans un mot ai commencé à déboutonner sa vareuse.


Ce sexagénaire garde un corps d’athlète. Tout juste est-il un peu empâté à la taille, mais rien de méchant, pas même des poignées d’amour. Le ventre est plat. L’épiderme est souple et lisse. Les muscles déliés jouent sous la peau. Les fesses sont fermes, charnues, rondes et appétissantes à souhait. Tout le contraire du postérieur avachi de mon mari, ce vieillard, lequel pourtant est au moins dix ans plus jeune que ce bonhomme.


À mon ébahissement, le sexe en érection surpasse celui du pharmacien. Du moins, c’est mon impression. Je veux vérifier, le mignarder, mais il ne m’en donne pas le loisir. Le mâle se place entre mes cuisses et entreprend un cunnilingus. J’ai toujours aimé être sucée. Il a saisi mon clitoris et suce et aspire tant que le sang afflue ce qui grossit et raidit singulièrement ma petite turgescence. Entre deux souffles il trafique de la langue et balaie ma fente de haut en bas et de bas en haut. D’autres fois, il agace l’orifice de l’urètre ou il lui prend l’envie d’engouffrer sa langue dans l’orifice vaginal et d’y fourailler aussi loin qu’il lui est possible. Son nez écrase mon clitoris gonflé, et en joue et l’irrite jusqu’à provoquer un émoi presque insupportable. Je bave, gémis et n’en peux plus. Je bêle et supplie pour qu’il me monte, mais il m’ignore. Mon bassin soutient une sarabande insensée. Mes supplications et mes appels deviennent plus stridents. Il daigne enfin m’honorer.


Il me pénètre précautionneusement tandis que je lance mon bassin à l’assaut sans craindre l’empalement. Il semble comprendre le message et mon besoin de sensation plus bestiale. Il enfouit d’un coup son bazooka. Je gueule mon plaisir et relève mes cuisses autant que possible pour lui permettre d’aller plus profond. Mon enthousiasme galvanise le sien. Il m’astique à un rythme d’enfer. Je perds la tête. Des salves d’orgasmes me laissent haletante. Des idées insensées naissent qui affolent ma libido. Mes hallucinations enfantent des billevesées. Je suis fécondée. Je porte. Si ce n’est pas le fils de Dieu, c’est l’enfant du diable. Mais où donc vais-je pêcher toutes ces divagations ? Mon esprit déraille. Mon corps ne m’obéit plus. Mes abdominaux et les vasoconstricteurs du vagin prennent leur ordre avec le phallus qui envahit mon ventre. Des sensations inédites bouleversent mes entrailles. Le piston formidable brouille mes tripes. Certaines fonctions en sont affectées. Ma vessie comprimée multiplie les signaux tandis que les boyaux maltraités occasionnent un état nauséeux, mais ces menus désagréments se dissolvent dans les vagues de volupté qui déferlent et bouleversent mon être tout entier.


Un feu de ce calibre ne crache pas des vétilles. Les salves de semence brûlantes et percutantes me projettent sur une orbite stellaire.


Fichtre ! Le vieux est solide. Les psys, les toubibs et autres charlatans de même acabit racontent des histoires quand ils disent que la taille du pénis n’importe pas. Je témoigne du contraire. L’homme roule sur le côté. Je le rejoins, et reste lovée contre son flanc. Nous reposons ainsi sans mesurer le temps. La nuit est claire. De temps en temps le cri d’un oiseau perce le silence.


La paix et la sérénité !


J’envisage de remettre ça et entreprends de ranimer la flamme, mais il s’oppose. Il m’embrasse, un baiser léger, du bout des lèvres, chaste, puis il se lève et s’éloigne.


Seule, pleine de la semence qu’il a larguée, je me suis touchée comme jamais je ne l’ai fait auparavant, des heures durant je recommence jusqu’à ne plus pouvoir toucher mes chairs tuméfiées puis je m’endors comme une masse. Je n’entends pas Charles quand il rentre. Je le vois au matin, il ronfle à mon côté. Je ne me souviens pas avoir rejoint mon lit. Mon sexe est encore baveux de tous mes excès. La cyprine mélangée de sperme a ruisselé le long de la raie et poisse mes fesses. Mon épiderme et mes doigts fleurent des senteurs musquées rehaussées d’effluves suris et d’un bouquet marin.



oooOOOooo



En début de matinée, je rapporte les présents et l’argent au gardien. La chose ne va pas d’évidence parce qu’il ne veut pas. Je croyais l’avoir convaincu de garder au moins l’argent, mais de retour à l’hôtel à Dakar, je découvrirai dans mon sac le paquet contenant un magnifique bracelet en or ciselé en sus de la liasse intacte.


Décidément, ce type reste une énigme !



oooOOOooo



À Dakar, la mission est presque terminée, mais les formalités de clôture se succèdent néanmoins, sans discontinuer et sans me laisser le temps de souffler.


La nostalgie du week-end à Saint-Louis n’en est pas moins là. Le jour du retour vers Paris, l’embarquement sur le vol Air France étant prévu très tard le soir, je libère mon après-midi au prétexte de faire des emplettes. Je caresse des projets fous, inavouables. Les scénarios sont nombreux que je ne peux raconter.


Ma quête est naïve. Je veux être baisée, bestialement baisée, une dernière fois avant de rentrer.



oooOOOooo



La baise ? Quoi de plus courant ? Et pourtant ce n’est pas si simple qu’on croit.


Déjà les préparatifs m’ont pris des heures, surtout la toilette, non pas que ce soit long en soi, mais j’ai tellement tergiversé. Au final, j’ai opté pour une tenue assez sexy, mais pas trop courte parce que j’ai fait l’impasse du dessous. L’audace m’a plu parce qu’elle m’a déjà réussi. L’artifice est moins pour émoustiller les mecs que pour m’échauffer le sang.


L’ambiguïté me porte aux anges. Mon éducation chrétienne souffre un délicieux martyre.


Mais ce n’est pas tout, encore faut-il dégotter le bon partenaire. J’ai parcouru le marché Sandaga, un marché réputé de la capitale sénégalaise, de long en large et d’avant en arrière, et suis revenue dix fois à la charge, sans parvenir à dénicher le candidat idéal ou à tout le moins potable. Aucun ne me fait flipper. Pire même, mes bonnes dispositions du départ, savamment entretenues tout au long du trajet en taxi, s’étiolent et disparaissent : les types sont trop gros, trop maigres, trop coincés, trop classe, trop sales, trop arrogants… Trop tout, quoi !


Si d’aventure l’un de ces avortons signifie un intérêt déplacé, je l’enguirlande de belle manière et fuis au plus vite s’il n’y suffit pas. Même les loubards qui montrent des velléités de me coincer n’y parviennent pas.


Si je traîne encore dans les environs, c’est parce que mon échec n’est pas digéré, mais j’ai compris que mon affaire n’est pas gagnée. La Voie lactée se mérite. Ne monte pas qui veut. La propulsion orgasmique exige un carburant magique, dont la production met en œuvre une alchimie très complexe.


« Satan ! Je donne mon âme au diable pour tirer un coup », ai-je maintes fois imploré.


Qui est à l’écoute ? Méphistophélès le sophiste, Lucifer l’ange déchu, Hadès le maître des enfers, Satan le corrupteur d’Ève ou simplement quelques diablotins facétieux ? Qu’importe ! Je vais être exaucée. Je veux y croire. Dès lors, mon âme ne m’appartient plus, mais qui est mon maître ? Je parie pour Satan.



oooOOOooo



Je suis épuisée d’avoir tant erré. La déception m’a lessivée. J’entre dans un café de l’avenue du président Pompidou, également connue sous son ancienne appellation d’avenue William Ponti. Je prends place à une table et commande un chocolat. Mon intention est de faire le point et balayer les miasmes fétides. Je suis mûre pour rentrer à l’hôtel. L’échec que je comprends mieux et ma naïveté que je comprends moins alimentent mes réflexions. Je suis passablement énervée et m’agite, mais sans intention, et aucunement celle d’aguicher le jeune serveur qui me regarde. J’ai pu montrer mon cul par inadvertance, mais c’est vraiment, vraiment tout à fait involontaire.


Avec le recul, il me semble que j’ai effectivement remarqué son manège, mais sur le moment je ne réagis pas parce que mon esprit n’est déjà plus à Dakar.


Le besoin d’uriner survient. Je demande mon chemin. Il me conduit lui-même. L’itinéraire est extrêmement tarabiscoté. Une porte, un couloir sombre, un escalier, un autre couloir bordé de portes, un salon, un troisième couloir avant d’enfin parvenir au but. Naturellement, je nourris des doutes bien avant d’arriver à cette salle de bain luxueuse. Il m’a rassurée expliquant que les sanitaires du rez-de-chaussée ne sont pas dignes d’une dame de ma condition. Qui connaît l’Afrique saura que l’explication tient la route. On atterrit donc dans l’appartement d’un oncle opportunément absent, lequel au demeurant est le propriétaire de l’entreprise. Je n’ai pas passé la porte que le gamin m’immobilise contre le chambranle et derechef s’affaire pour retrousser ma jupe.


La précipitation du jeune homme ne masque pas ses hésitations que je devine. Sa force et sa détermination ne sont pas telles que je ne puisse pas renverser la situation. Je suis sans crainte et en oublie jusqu’à l’envie de pisser. Le désir m’enflamme d’un seul coup. C’est fulgurant, incompréhensible, irrésistible. Le gamin pressent ma soumission, il me libère le temps de dégager son attirail. J’ai tôt fait d’enlever mon top et ma jupe. Je suis nue. Stop ! Capote ! Je m’offre le luxe d’être raisonnable. Il furète dans son portefeuille. Il en a une, une seule, que je déballe et que je glisse moi-même en place. J’œuvre sans précipitation, avec ravissement. Tous ces jeunes qui m’ont donné du plaisir, et le vieux aussi d’ailleurs, étaient dotés d’attributs remarquables.


Du temps où Charles m’honorait encore, je devais me contenter de beaucoup moins. Sans même parler de la rigidité qui n’avait rien de comparable. Celui-ci, comme les autres, m’émerveille, il est si raide, si dru, si fier. Qu’arrive-t-il ? Une malfaçon ? Mon ongle ? Je ne sais. Toujours est-il que la protection est percée, inutilisable. Le jeune piaffe, impatient de repartir au boulot autant que de tirer son coup. Il jure ses grands dieux qu’il est sain. Est-ce mon désir ? Ma culpabilité ? Probablement les deux. Je cède.


Le jeune mâle procède à la manière du pharmacien, empoigne mes fesses et m’adosse le cul sur une commode assez basse. Il se positionne et me pénètre du même élan sans ultimatum, propulsant son phallus d’un coup de reins violent qui ébranle mon bassin et déstabilise le meuble. D’emblée il lance les va-et-vient, mais de manière maladroite, précipitée. Je peine à trouver mon souffle autant que le rythme. Je suis débordée par tant de fougue. C’est un lion ! Un sauvage ! Il me blesse. Il me fait mal, mais pas assez que je n’en veuille pas encore davantage. Je serre les lèvres sans parvenir à étouffer tout à fait mes gémissements. Jamais auparavant, je n’ai soupçonné autant que ce jour mes tendances sadomasochistes. Je veux le faire bénéficier de mon traitement spécial, mais sincèrement c’est impossible. La moitié du temps, je contracte à contretemps mes abdominaux et les vasoconstricteurs. Je risque la déchirure et lui n’y gagne rien.


Je relâche mes muscles et m’abandonne à la charge sauvage. Mon corps et toutes mes entrailles tressautent au rythme des assauts. Ma transe n’en proclame pas moins un début d’indépendance ; tous mes sens postés à l’affût, un premier orgasme me ravage avant qu’il n’éjacule…


Puis il lâche ses bordées.



J’entends vaguement qu’il me demande de baisser le son : Monsieur prétend que je beugle. Le petit rigolo ! Il se gargarise.


Pour sûr c’est Satan qui m’a baisée. Je reconnais sa griffe.




- - - - - - - - - -





(Ces délires dont je vous fais le récit furent publiés une première fois sur RVBB en mars 2009. La critique fut pour le moins contrastée. Il m’est venu l’envie de donner droit aux principaux reproches. J’espère avoir redressé la barre, au moins en partie.)