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Temps de lecture estimé : 30 mn
28/08/11
Résumé:  Alors qu'on fête dans un restau haut de gamme la réussite de notre petit braquage, les ennuis commencent assez brutalement.
Critères:  fh médical bizarre hotel fdomine fellation pénétratio attache humour policier -humour -policier
Auteur : Gufti Shank            Envoi mini-message
Bad day



Je suis sidéré. J’aurais jamais dû accepter de me laisser traîner là-dedans. Tu parles d’une bouffe expérimentale !


Je regarde très rapidement mes compagnons de table : Lydia et Fred sont parfaitement absorbés dans une quelconque discussion à laquelle je ne capte rien ; Estelle et Seb me regardent avec un grand sourire qu’ils doivent sans doute vouloir réconfortant.


Je replonge les yeux sur la carte que je tiens toujours niaisement et propose une nouvelle réponse à la serveuse :



Malgré moi, j’observe encore à la dérobée la jeune femme qui veut prendre ma commande. Elle est à demi nue et provocante comme personne. Et c’est une bombe qui donnerait envie à n’importe quel frustré comme moi.



Estelle m’a dit ça tout naturellement, comme si on parlait de sortir fumer une clope ou d’aller aux chiottes. Je suis gêné.



Mais elle est ravie, cette greluche ! Elle se contente de me répondre tranquillement :



Non. Je veux pas. Ce sera pareil dans quelques minutes. Ou même dans quelques heures. Ce sera sans doute même pire.



Elle est gentille, Estelle. Gentille, mais un peu pénible des fois. Mais c’est vrai que je suis chiant, là, il faut le reconnaître. Je soupire en avisant deux des plats délirants qui figurent sur la carte et me lance enfin :



Et tout ça avec la légèreté la plus naturelle… Je regarde tour à tour tous mes amis, qui ont l’air parfaitement réjouis, puis fixe à nouveau la serveuse avec des yeux sans doute vides ou au mieux inquiets.



Fred et Lydia ont l’air soudainement soulagés et Seb pousse carrément un soupir de satisfaction.



Sous leurs yeux incrédules, je me lève et m’éloigne. Je les entends beugler derrière moi, aussi fort que la bienséance le permet dans un restau de cette classe. Mais je les emmerde, vraiment ! Et puis s’ils pensent que je vais les suivre dans leurs délires à la con, ils se gourent, je suis pas leur clebs. C’est pas parce qu’on a réussi ensemble ce coup phénoménal que je leur dois quoi que ce soit.


Okay, je suis super riche et c’est grâce à eux, mais je m’en fous. Je continue de me tirer, insensible même à l’ultime tentative de me retenir d’une serveuse presque à poil à moitié cachée derrière ses gros seins. Je sais pas trop où je vais aller, je sais juste que je veux foutre le camp de ce restau de tarés et aller profiter de mon fric comme moi j’ai envie de le faire.


En arrivant vers la porte, qu’un loufiat me tient déjà avec déférence, j’entends un cri, devant moi. Le veilleur tourne aussi la tête juste au moment où un type, un asiatique, entre en courant et en poussant un hurlement strident. Le mec à la porte essaie de le choper, mais le rate.



Le Chinois fonce tête baissée, serrant sur son bide une sorte de sac à dos.



Mais tu parles ! J’ai pas encore envie d’aller me foutre dans une nouvelle embrouille. Je me contente de m’écarter pour laisser passer le sprinter chinois, en lui criant avec subtilité :



Et puis, la seconde d’après, c’est le pingouin qui gardait la porte qui se met à courir comme un dératé pour essayer de rattraper l’autre. Il me frôle en me lançant un regard mauvais dans lequel je peux lire qu’il ne me remercie pas. Avec l’impression de sortir d’un asile, je parviens enfin dans la rue et soupire en me demandant où je vais bien pouvoir aller bouffer un truc normal. Et je me sens d’un seul coup violemment catapulté en avant, à l’instant même où une explosion horriblement assourdissante retentit derrière moi. Je m’éclate la tronche contre une bagnole stationnée.




***




J’ai dû être assommé par le choc ; j’ai été inconscient quelques minutes, semble-t-il. Quand je reprends mes esprits, il y a plusieurs gars penchés sur moi, apparemment soucieux de mon état. Une grosse fumée grise a envahi la rue, il y a des gyrophares partout et des sirènes gueulent dans tous les sens ; mais j’aperçois déjà des dizaines de flics et autant de pompiers qui cavalent partout devant l’entrée du restau.


Enfin, de ce qui reste du restau. Merde ! C’est hallucinant : le bâtiment s’est quasiment effondré ! On dirait qu’il y a eu un tremblement de terre. Je me relève en repensant au Chinois. Ce trou du cul portait une bombe ! Putain, et les autres ! Fred, Lydia, Seb, Estelle… Écartant les gobe-mouches venus se délecter du bordel ambiant, je fonce vers les ruines, mais un flic m’arrête net :



Je me débats, mais un autre costumé vient à son renfort.



Je m’arrête net, les regardant l’un après l’autre. Je suis seulement en train de réaliser l’ampleur du truc.



Ils secouent simplement la tête. Putain, c’est pas vrai, merde !



Je sais même pas pourquoi je leur dis ça. Ça me sort tout seul. Je ferais peut-être mieux de la mouler, mais ça doit être nerveux. Ils me regardent avec deux airs cons.



Je tremble de partout et je commence à réaliser que j’ai très mal au bras et à la tête. Et puis ça coule du sang au-dessus de mes yeux.


Je me retourne et regarde tristement la foule des badauds désormais repoussés à l’écart par un cordon d’autres flics. Et ça y est, la presse a débarqué. Je sens qu’on me prend par le bras.



Je me laisse conduire jusqu’à une ambulance. Et puis je dois retomber dans les vapes.




***




Je me souviens de plus rien jusqu’à la vision de deux nouveaux costumés debout devant moi qui suis couché sur mon plumard d’hôpital triste.



J’essaye de bouger, de me redresser. Mais mon bras me fait toujours très mal et je suis couvert de bandages de partout.



Je peine à sortir du coaltar ; le flic, patient, me rafraîchit un peu la mémoire :



Oui, ça me revient, d’un seul coup. Tu m’étonnes que je m’en souviens ! Les images d’horreur défilent de nouveau à l’intérieur de mon crâne emmitouflé.



J’éclate soudain en larmes, sans même comprendre pourquoi. Sans doute parce que je repense à Lydia, à Estelle, à Fred, et à Seb.



Alors je leur déballe une fois de plus ma grande histoire du sprinter chinois. Ils ont l’air contents.


Et moi, pendant qu’ils notent mes réponses à leurs éternelles dernières questions, je commence seulement à réfléchir. Et à flipper… Le restau qui se fait dégommer juste au moment où on s’y trouve, alors même qu’on vient de réussir un braquage digne du livre des records…


Les poulets m’abandonnent après m’avoir relu et fait signer ma déposition. Je me retrouve tout seul avec ma perfusion et ma paranoïa. Et si cet attentat avait été commandité par ceux qu’on a volés ? Ça paraît gros, mais qui aurait intérêt à faire exploser un restau ? Et à zigouiller des tas de pauvres types innocents ?




***




J’ai fini par me rendormir. Et c’est l’infirmière qui m’a réveillé. Une belle blonde avec des gros seins, un vrai fantasme sur pattes.



Quelle conne !



Elle farfouille vaguement je ne sais quoi dans mon cathéter puis pose attentivement une main sur mon visage. Elle a l’air contente. Et voilà qu’elle ôte le drap qui me recouvre et soulève tranquillement mon espèce de chemise de nuit. Qu’est-ce qu’elle fout, cette cruche ?



Et elle se met tranquillement à me caresser, à me masser doucement les burnes. Même si je capte pas trop, ça marche. Je bande rapidement bien comme il faut et me décide à savourer cette petite branlette. La belle infirmière y met du cœur et s’applique consciencieusement à sa tâche. Je tente de lever le bras pour attraper un de ses gros seins.



Ben bien sûr !



Je me souviens effectivement avoir vaguement lu un jour un truc là-dessus. Mais je savais pas qu’ils appliquaient directement la méthode dans les hostos. Bah, tant mieux pour moi. Surtout avec cette bombe.



Elle me regarde d’un air fripon puis s’exécute tranquillement et se penche pour me pomper sous mes yeux incrédules. Hmmm ! Et elle s’y prend bien, en plus ! Là, pour le coup, je me détends… et je savoure.



La porte de la chambre s’ouvre soudain. Ça doit être un toubib qui vient me prendre le chou. Elle aurait dû foutre un panneau « do not disturb : traitement en cours ». Elle se redresse complètement et se retourne. En fait d’un toubib en belle blouse blanche, c’est un pauvre type en marcel noir et en jeans qui rentre d’un pas décidé. De grosses lunettes à la Top Gun cachent ses yeux. Je recommence à flipper en l’apercevant.



Et en un éclair, il sort un gros flingue, le pointe sur l’infirmière et tire. Blam ! Blam ! Deux détonations. La jolie blonde se prend les deux balles en pleine poitrine. C’est con, elle avait de beaux seins. Et elle s’écroule en arrière sur mon plumard. Dire que je flippe grave est un euphémisme.



Tiens, c’est curieux, y a pas une goutte de sang sur mon drap, ni sur mon corps.



Il lève le flingue vers ma tête. Je me crispe et ferme les yeux.



Je remonte les paupières. C’est l’infirmière qui se relève bravement. Sa voix n’est plus qu’un vague murmure électronique qui semble sortir de son bide. Putain, c’est un robot ! Le connard qui me braque est aussi déstabilisé que moi et la regarde avec étonnement. J’en profite pour repousser vivement sa main, de mon bras valide, et détourner le flingue. Dans un réflexe, il balance une dizaine de bastos qui vont éclater le mur derrière moi en me faisant tomber dessus des kilos de plâtre. Mais je tiens bon, malgré les éclats qui volent.



Le type se recule, récupérant le contrôle de son arme. Mais il n’a pas le temps de s’en resservir : le robot s’énerve soudain et se jette presque sur le gus, qui se met à se contracter curieusement avant de s’écrouler. Je soupire de soulagement.



L’infirmière se tourne vers moi avec ses deux gros trous dans le bide. Son buste n’est plus franchement aligné avec le bas de son corps, ses bras sont agités de convulsions, ses yeux tournent dans toutes les directions et ses lèvres bougent comme si elle parlait, alors qu’elle ne parle pas. Elle est nettement moins belle que tout à l’heure, en fait.



Je sais pas si elle comprend encore grand-chose, en fait. Elle s’approche tout de même de moi et cherche visiblement à attraper de nouveau ma queue, pourtant redevenue redoutablement molle. Mais elle fait n’importe quoi, ses gestes sont désordonnés ; elle me fout soudain un grand coup sur le bide. Cette saloperie de robot est capable de me castrer sans le faire exprès. Je m’écarte vivement et arrache l’aiguille de perfusion.



Je la laisse branler du vent et la contourne pour aller ramasser le flingue du débile étendu par terre, auquel je fous un grand coup de pied au passage.



Je vais attraper mes fringues dans la petite armoire et les enfile aussi vite que possible avec mon bras en carafe et ma tête qui me fait mal de nouveau. Le robot s’est tourné vers moi et tente de s’approcher en chancelant et en zigzaguant.



Je réponds même plus. Je lui dépose gentiment ma chemise de nuit sur la tête ; elle essaie un moment de l’enlever mais se pète la gueule. Bon, allez, j’arrête de m’occuper de cette cruche, il faut que je me tire. Je suis pas en sécurité, ici. Je sais pas trop où j’y serai, d’ailleurs, mais faut de toute façon que je commence par me barrer de cet hosto. Et vu comme ça a été facile pour l’autre connard d’y entrer avec un gros flingue, ça devrait pas être bien dur d’en sortir. Je lui refous justement un grand coup de latte dans les côtes, pour la forme, avant de sortir de la piaule, le flingue coincé entre mon fute et ma taille, recouvert de mon tee-shirt, et avec toujours mon bras dans le plâtre et ma tête emmitouflée.


Penses-tu qu’y aurait un quelconque gugusse ou une autre infirmière qui essaieraient de me retenir ? Deux ou trois me demandent ce que je fais ; je leur raconte que je me promène avant de retourner dans ma chambre et ils sont ravis. Et je sors tranquillement par une issue de secours.


Il faut que je chope un taxi, que je me tire des environs. Ça m’étonnerait que l’autre guignol ait agi seul ; il doit avoir des potes en planque dans le coin. Je marche en baissant la tête d’un air affairé, jusqu’à un gros boulevard. Quand j’aperçois un tacot se pointer, je lève la main à son attention. Il s’arrête ; je monte.



J’en sais rien. Chez moi, mais c’est sans doute pas une bonne idée. Si ces salauds ont été capables de me retrouver à l’hosto, ils doivent déjà avoir fait le vide dans mon appart.



Mais putain, où aller ? Mes potes sont morts ; mon peu de famille doit déjà être surveillée… Les flics ? Mais ça voudrait dire qu’il faut que je leur raconte tout notre super coup. Non merci.



Ça m’est venu d’un seul coup, comme un flash ! Y a que lui qu’a pu nous balancer ! Marco ! Cet enculé de Marco ! Il était seul à savoir. Il nous aura fait suivre, sans doute. Je vais aller lui rendre une petite visite, avec mon gros flingue. Et j’en profiterai pour récupérer les papiers qu’il devait nous faire et le fric qu’on lui avait laissé.




***





Blang ! Un coup en l’air, juste au-dessus de sa tête, ça va peut-être le décider un peu. Deux ou trois bouteilles explosent tandis qu’il beugle en se foutant à plat ventre derrière son espèce de comptoir.



Je commence à compter jusqu’à trois en tirant une bastos à chaque chiffre, faisant exploser une grande partie des alcools derrière lui. Je l’entends brailler. Mais alors que je vais balancer mon quatrième poireau dans les stocks de Marco qui diminuent à vue d’œil, une autre voix, une voix de femme s’élève derrière moi, forte et ferme :



Merde ! J’avais pourtant verrouillé la porte… Je lève mon bras valide, mais sans lâcher mon gun, et pivote doucement.



C’est une belle petite nana brune, en jean et chemisier, qui pointe vers moi une arme à feu, un regard menaçant, et deux gros seins. Derrière elle, la porte du troquet a volé en éclats.



Je m’exécute, laisse tomber mon flingue. De l’autre côté, Marco relève vaguement la tête derrière son rade.



Il se redresse au beau milieu des éclats de verre qu’on l’entend piétiner.



Deux coups de feu retentissent soudain. Je sursaute. Et me retourne à nouveau. Elle vient d’étaler Marco. Sans hésiter.



Contournant le comptoir, je me précipite en direction de l’apprenti cadavre.



Marco agonise, avec deux bastos en plein torse. Un fusil à pompe à côté de lui. Il bredouille en crachant des bulles de sang :



Effectivement, il toussote encore un peu, pousse un dernier râle, et c’est fini.



Je panique à moitié. La nana, parfaitement froide, ramasse mon gun puis s’assoit tranquillement à une table de la salle de bar.



Je la regarde avec inquiétude.



Je pousse un profond soupir. Hallucinant : les flics étaient déjà au courant de tout.



Je soupire de nouveau. Je suis foutu, quoi qu’il arrive. Me faire courser et buter par les mafieux ou bien aller crever dans une taule… Belles perspectives !



Elle lève vers moi son joli minois et ses yeux clairs presque amusés.



Elle me regarde d’un air toujours enjoué. Je pourrais peut-être la maîtriser… ou bien l’assommer pendant qu’elle s’y attend pas… Mais c’est risqué, elle a toujours son gun à la main, et la façon dont elle a descendu Marco prouve qu’elle n’hésitera pas à tirer.



Merde, elle a lu dans mes pensées, ou quoi ? Elle papote un instant dans une sorte de portable, sans doute pour que ses collègues viennent investiguer le bistro. Puis elle reporte son attention sur moi.



En garde à vue, sans doute… Pffff !



Ses yeux espiègles et moqueurs m’inquiètent presque.





***




Après quelques minutes de trajet, la belle inspectrice Johanna Stun me fait descendre de la berline noire impersonnelle qu’elle a conduite à toute allure à travers les faubourgs pourtant encombrés. Elle me passe finalement une menotte et m’entraîne vers l’entrée d’un immeuble minable.



Je garde évidemment le silence.



Je la contemple, abasourdi. Elle m’adresse un sourire mutin et me dévore de ses yeux flamboyants, avant de reprendre :





***





Ça ne m’amuse pas franchement d’être menotté à un fauteuil, surtout avec mon plâtre, mais, oui, ça, à la rigueur, je le comprends à peu près. Ce que je ne capte pas, c’est plutôt pourquoi elle se désape lentement devant moi… Son chemisier, d’abord, qui révèle un push-up noir comprimant ses deux seins merveilleux… Son jean et sa culotte, ensuite… Ses cuisses magnifiques et ses courbes enchanteresses qu’elle effleure en se déhanchant langoureusement…



J’ai beau être convalescent, l’effet est très net. Elle s’approche pour le constater d’une main entre mes jambes, puis continue un instant à se caresser, libérant sa lourde poitrine à quelques centimètres de mon visage, avant de s’agenouiller devant moi pour déboutonner et abaisser mon pantalon.



Je soupire d’envie et de désir.



Elle me suce quelques minutes avec passion, se délectant de mes gémissements d’extase, puis se redresse pour venir s’asseoir à califourchon sur mes cuisses, s’empalant d’un mouvement puissant sur mon sexe qu’elle a maintenu tendu au-dessous de son corps.




***





Je peine à m’en remettre, remarque. L’insatiable inspectrice en connaît un rayon, niveau cul. Et toujours, je peine à gauler pourquoi elle fait ça.



La salope me pique au vif.



Elle prend soudain un air sombre et me répond d’une voix sévère :



Je capte pas, là. Je suis pris d’un grand coup de flippe, même.



Elle éclate de rire devant la tronche décontenancée que je dois lui afficher.



Je suis interrompu par un bruit de porte. Cinq types entrent soudain, affublés de grosses lunettes et d’impers noirs. L’un d’eux, un petit vieux excité qui doit probablement être le chef, se marre en matant ma bite, et m’explique ensuite calmement :



Je déglutis pesamment.



Le type s’avance encore et pointe son couteau contre ma gorge.



Putain ! Merde ! J’ai pas ce fric ! On avait chacun notre part. Aucun ne savait ce que les autres avaient fait de leur pognon.



Et ce disant, il met une main au cul de la belle avant de s’éloigner avec elle vers une pièce voisine. Je regarde l’un après l’autre les quatre lascars qu’on m’a laissés pour compagnie. Ils ont l’air horriblement cons. Je suis presque sûr que je vais passer une mauvaise heure. Et quand je pense à l’autre petit gland qui va aller se taper la bonnasse pendant qu’on va me défoncer la gueule, ou peut-être même le cul…




***





Et putain de merde ! Encore une mandale ! Ces connards ne cognent pas pour rire ! En plus de mon bras dans le plâtre et de mon crâne emmitouflé, j’ai maintenant la tronche en sang, la mâchoire et le bide en vrac, et sans doute des côtes pétées. Et pendant ce temps-là, on entend gémir d’extase dans la pièce voisine. Quand il aura fini de se vider les burnes, le trouduc reviendra sans doute pour m’achever si j’ai rien à lui dire.



Blam ! Et j’en reprends une ! Ces blaireaux doivent être sourds, ou alors ça les éclate vraiment !



Faut que je pipeaute. N’importe quoi, c’est pas grave.



Sblang ! Ils m’en remettent une pour faire passer la question.



Ils s’en foutent. Shlak ! Encore un pain !



Un long râle de jouissance ponctue la scène de manière goguenarde. Ça fait se bidonner les quatre stars du catch. Et quand ils ont fini de se fendre la poire, l’un d’entre eux me remet une taloche, sans doute par acquit de conscience.



Ils se regardent sans savoir s’ils doivent se marrer à nouveau. Du coup ils me remettent une beigne. Mais la porte de la chambre voisine s’ouvre soudain et la splendide Johanna en sort, ne portant qu’une culotte, et s’avance lentement en roulant des hanches. Malgré eux, les gorilles la regardent en bavant.



Elle se caresse la poitrine en passant sa langue sur ses lèvres.



Les quatre parasites se marrent à nouveau comme des baleines. L’un d’entre eux me décoche un ultime coup de latte en me précisant :



Et tandis que face à eux, la greluche continue son cinoche, ils entreprennent de s’avancer vers elle en ouvrant leur ben pour nous gratifier de leur virilité. Mais ils ne devaient pas s’attendre à la suite… Moi non plus, d’ailleurs… En à peine quelques secondes, la bombe sexuelle passe une main derrière son dos, sort un flingue qu’elle avait dû coincer dans l’élastique de sa culotte, et vidant son chargeur dans un délire de détonations endiablées, aligne tout raides mes quatre têtes de nœud qui s’écroulent dans une mare de sang sous mes yeux ahuris.



Elle ne répond rien, pose son flingue sur une commode, où elle prend également les clés des menottes qui me retiennent prisonnier, puis s’approche de moi en prenant soin de ne pas marcher dans les flaques d’hémoglobine par terre.



Sans comprendre, je la regarde s’éloigner vers la chambre où elle s’est tapé le big boss. J’essaye rapidement de faire tourner mes méninges, mais ça patine. Je me lève, avec peine. Ça va être coton : j’ai vraiment mal au bide. Je manque de me croûter au premier pas.



J’attends, donc. En essayant de réfléchir. Se peut-il qu’elle soit vraiment de la police ? Ou d’une bande rivale ? Elle revient finalement, rhabillée de son jean et de son chemisier, un mouchoir à la main avec lequel elle va astiquer le flingue.



Elle s’éloigne de nouveau quelques secondes puis reparaît.



Comme je comprends toujours que dalle, j’insiste :



Elle prend un air pas joice et un autre flingue :



M’épaulant de mon côté valide, elle me soutient jusqu’à la sortie de l’appartement.



Je l’écoute en hallucinant et en tentant de pas me péter la gueule à chaque mouvement. Elle me guide jusqu’à sa berline noire.



Au risque de me faire buter, je préfère ne rien dire quant au fait que je n’ai qu’à peine cinq fois moins.



Elle démarre en trombe.



Elle me lance simplement un regard en coin et un sourire que je ne sais pas franchement comment interpréter.



J’acquiesce.



Je soupire, agacé, chagriné, meurtri de partout, dedans et dehors. Je suis sous la coupe d’une bombe sexuelle qui m’a déjà trois fois de suite retourné la situation de fond en comble. Est-ce que je dois me fier à elle ? Mon silence doit être pesant car elle finit par demander :



C’est la deuxième fois que j’ai l’impression qu’elle lit dans mes pensées. Je réfléchis un instant avant de répondre, pour faire en sorte de ne pas franchement dire non.



Elle éclate de rire.



Elle ne répond pas.



Un moment, de nouveau, elle garde le silence, tout en garant la berline dans une ruelle chic du centre, au pied d’un hôtel avec plein d’étoiles.



Du fric, j’en ai à la pelle, mais je ne vais pas tout de suite le lui rappeler. Si elle a d’autres plans, c’est bien. Elle ouvre la portière après avoir pris soin de cacher son arme dans sa ceinture sous son chemisier. Je m’extrais avec peine de la voiture.



Je suis impressionné par sa capacité à me citer du tac au tac la capitale de la Nouvelle-Zélande… Pendant qu’on traverse aussi rapidement que je le peux le hall de l’hôtel grand luxe sous les yeux ravis des pigeons de la réception, ma belle compagne pianote à toute allure sur son téléphone. Et quand nous sortons de l’ascenseur, au neuvième étage, elle m’annonce :



Je ne me voyais pas quitter le pays aussi vite. Mais après tout… J’acquiesce en souriant. Avec une clé magnétique, elle ouvre la porte d’une immense piaule fastueuse. Je contemple la déco avec respect pendant qu’elle pose son flingue, son portable, ses clés, sur une commode à côté d’un autre revolver.





***




Quelques soins et une bonne séance de baise (un peu douloureuse quand même) plus tard, je me traîne jusqu’à la salle de bains en avisant avec envie la gigantesque baignoire. Derrière moi, Johanna comate sur le plumard XXL.



Elle se lève péniblement.



C’est assez curieux de la voir ainsi, à poil avec ses courbes enchanteresses et son flingue énorme. Elle s’éloigne jusqu’à un coffre-fort planqué dans un mur, qu’elle ouvre en tapotant un code, et en sort plusieurs liasses de billets de cinq cents balles.





***




C’est la température de l’eau qui me réveille. Il fait nuit noire. Il doit être au moins vingt-trois heures. Ça fait bien cinq heures que Johanna est partie et elle n’est apparemment toujours pas rentrée. Je me sèche et me rhabille rapidement. Son absence doit-elle m’inquiéter ? Je décide que non et zone encore un peu devant l’écran 3D de la suite. La sonnerie du visiophone me sort bientôt de ma torpeur ; ma nouvelle copine m’a enjoint de ne pas répondre, mais j’hésite ; elle avait assuré rentrer rapidement. Je finis par accepter la communication. L’image que j’aperçois n’est pas de bon augure : un type en costar et lunettes noirs avec une toute sale gueule.



Le ton avec lequel il parle n’est pas très cordial. Mais c’est surtout à Johanna que je pense. La salope m’a encore trahi !



Mon interlocuteur, en guise de réponse, déplace quelque peu le champ de la caméra de son visiophone et je découvre soudain ma somptueuse compagne entravée, quasi inconsciente, maculée de sang et visiblement passée à tabac. Les ordures ! Ils n’hésitent pas à cogner même une nana.



J’ai le ventre qui se noue encore.



Merde !



Mais c’est trop tard. Le type a rompu la communication. Merde merde merde ! Et les types sont sans doute déjà devant l’hôtel à attendre que je foute le nez dehors. Je cours jusqu’à la fenêtre, mais ne vois rien. Il ne faut absolument pas que je sorte ou je suis un homme mort. Mais Johanna ? Oh et puis merde ! Elle n’a que ce qu’elle mérite… Non… Je ne peux pas la laisser se faire dézinguer comme ça. Elle me plaît quand même, la petite… Et puis, de toute façon, les costumés qui m’attendent ne vont pas lâcher l’affaire comme ça. Alors que faire ? La police ? Mais ce serait devoir tout avouer…



Je sursaute. Putain ! On frappe à la porte. Sans doute l’escorte promise par le gros mafieux, qui devait attendre dans le couloir le feu vert du boss. Je zyeute à tout va dans la turne. Le petit revolver est toujours sur la commode. Je m’en saisis et éteins en hâte toutes les lumières.



Mort de flippe, je me planque derrière un des gros rideaux encadrant la fenêtre, puis déverrouille mon flingue et vérifie qu’il y a des munitions. On cogne encore contre la porte. Je m’arrête de respirer. Et elle vole soudain en éclats…




***




Je sursaute. Je suis toujours dans mon bain, et Johanna me regarde en souriant.



C’était juste un rêve… J’ai du mal à émerger, mais qu’est-ce que c’est bon de savoir que ce énième délire de la journée n’était qu’un cauchemar.



Si j’étais moins mal en point, je crois que je l’attraperais pour la faire tomber dans la baignoire, mais je peine déjà à me redresser.



Elle me tend deux passeports, aux noms de Thomas et Alice Landrin.



Bon, allez ! Je l’attrape quand même pour la faire tomber dans la baignoire ! Ça mérite bien ça…




***




Long Horn, Nouvelle-Zélande, quatre jours plus tard :



Johanna et moi sommes affalés sur le sable mouillé, savourant les rayons du soleil de la fin d’été austral. On vient tout juste de faire l’amour sur cette plage presque déserte, nous roulant à demi dans les vagues chaudes. Elle me caresse les cheveux, je la serre contre moi. Elle est vraiment sublime, et adorable. Je sais que je ne vais plus arriver à lui mentir bien longtemps…



Elle se redresse, plonge dans les miens des yeux inquiets.



Elle paraît surprise, mais pas vraiment alarmée non plus.



Elle soupire et me sourit.



Pendu à ses lèvres, je soutiens avec un brin d’inquiétude son regard profond.



Je l’observe sans comprendre.



Elle se serre encore contre moi et m’embrasse à pleine bouche. Ça le fait plutôt bien. Effectivement, on devrait être heureux un petit moment, ici, tous les deux…