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n° 14552Fiche technique26061 caractères26061
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04/09/11
Résumé:  Un petit village normand, isolé sur la côte, a la malchance d'être pillé par les Vikings chaque année, le jour de la Saint-Enselme. Particulièrement concernées, les demoiselles du cru gèrent à leur manière ces guerriers barbares venus du Nord...
Critères:  fffh exercice historique pastiche délire humour -historiqu -contes
Auteur : User UnKnown      
Le jour de la Saint-Enselme

Un doux soleil printanier, à peine tempéré par une brise fraîche et vivifiante venue du large, irisait de ses premiers rais les toits de chaume du petit village. Les branches des pommiers en fleurs s’agitaient d’un mouvement ample et débonnaire tels des bras saluant l’arrivée de la belle saison, tandis que, juchées sur icelles, le roucoulement des hirondelles témoignait de la renaissance ineffable du cycle de la vie.


La plaine verdoyante, grassement arrosée par les nuages normands au cours de l’hiver, luisait de rosée, s’incurvait en pente douce, offrant plus bas son flanc minéral aux rouleaux affectueux d’une mer rieuse. Au milieu de l’écume charriée par les vagues, deux drakkars reposaient paresseusement, à peine importunés par le clapotis du ressac.


Sur le petit chemin pierreux menant au village, les derniers défenseurs achevaient de se faire tailler en pièces, tandis que leurs camarades moins courageux avaient depuis belle lurette laissé leurs armes pour s’enfuir vers l’intérieur des terres. La plupart de ces braves paysans appartenaient à cette seconde catégorie, plus habituée au labour de la terre qu’à sa défense. Le traditionnel raid viking de la Saint-Enselme avait poussé les habitants en âge de porter les armes à une circonspection remarquable, les plus impétueux étant promis à une gloire aussi rapide que posthume.


Tandis que le fracas d’une bataille perdue d’avance couvrait le gazouillement des oiseaux, à l’intérieur des chaumières, on se préparait avec fatalisme à l’inévitable dénouement. De mémoire d’ancien, jamais Saint-Enselme ne s’était passée sans que le village ne fut mis à sac. Désormais, la coutume voulait que l’on laisse les huis ouverts, les chevillettes tirées et les bobinettes cherrées, afin de préserver les portes de l’ire des haches nordiques. Le blé pillé repoussait, l’or se regagnait, la vertu des villageoises n’était déjà qu’un lointain souvenir, mais l’économie locale ne pouvait supporter annuellement la perte de ces belles pièces de chêne ouvragé.


Dans la plus petite des maisons, un peu à l’écart du village, trois damoiselles, toutes sœurs, attendaient, assises dans la pièce commune sur de rustiques escabelles. En vérité, c’étaient de belles et bonnes Normandes, jeunes assez pour n’avoir point encore pris époux malgré qu’elles fussent toutes trois dans leurs vertes années. Leur père travaillait durement aux champs pour payer une dot qui terminait chaque année dans les coffres des drakkars, exemple qui montrait autant le courage au labeur de ces rudes paysans que leur regrettable absence de sens commun.


Par un curieux hasard, l’aînée était rousse, la seconde brune, et la cadette blonde, particularité que le père, fort pieux et point trop sagace comme on le vit, préféra attribuer à la bienveillance de Saint Grégoire, patron du village, plutôt qu’à la mignardise de son épouse. Laissées là seules par la pusillanimité des galants du village, à la merci des mœurs barbares des féroces guerriers vikings dont elles n’étaient séparées que par les étoffes légères de leur habits du dimanche, elles déployaient des efforts surhumains pour se composer une expression acceptable de frayeur.


La cadette, que l’on appelait Lison, triturait nerveusement ses jupes en se dandinant. Eu égard à sa jeunesse, on l’avait mise les années précédentes en sûreté, en attendant qu’elle puisse à son tour partager le fardeau collectif des femmes du village. C’était céans sa première Saint-Enselme, et cette perspective faisait battre la chamade à son petit cœur, lové sous un corset ajusté au plus près, et briller ses grands yeux couleur d’azur.


Annette, la seconde, était aussi brune de peau et de poil que Lison était claire, sa naissance s’étant déroulée l’année suivant le passage d’une caravane mauresque dans le bourg normand. Ses œillades savaient mieux que quiconque embraser le cœur des nombreux soupirants qui se pâmaient, jour après nuit, à la vue de son accorte silhouette, charnue où il le fallait et en quantités suffisantes. Sous le prétexte de ne point gâter sa tenue, elle avait coutume de traverser la grand-rue boueuse en soulevant bien haut l’ourlet de son jupon, laissant entrevoir le galbe fuselé d’un mollet appétissant.


Ilse, l’aînée, était une grande et forte normande, au poitrail fier et arrogant dont le frémissement en cette belle matinée de printemps ne pouvait être causé par la fraîcheur de l’air. Rousses étaient ses boucles cascadant sur ses blanches épaules, ferme sa croupe de paysanne rompue aux travaux des champs et aux amourettes sur les bottes de foin.


Le bruit de la bataille cessa, les oiseaux eux-mêmes retinrent leur souffle. Bientôt par cet huis surgirait l’insatiable marée nordique, des hommes qui après une longue traversée à des centaines de lieues de leur foyer n’aspiraient qu’au légitime butin de leur expédition. Dignement, un peu trop peut-être, les pastourelles relevèrent la tête. Telle était la tradition : les vaincus, malgré tout leur cœur, devaient tendre aux vainqueurs leurs culs.

La forte carrure d’un Viking apparut dans l’embrasure. Fier, conquérant, arborant une hache immaculée dont il n’avait apparemment point eu besoin d’user, il s’adressa à la cantonade d’une voix forte, teintée de l’accent rauque de ses contrées natales.



Ses cheveux étaient longs, blonds comme les blés, collés à son torse nu par une fine pellicule de sueur. Il était bâti tout en force, les muscles découplés, le poitrail imberbe à peine gâté par la cicatrice d’une griffure d’ours. Les pucelles eurent un bref mouvement de recul, en voyant comment l’étranger était ainsi attifé, avant qu’Annette ne s’enquière, avec une moue mi-déçue, mi-soulagée :



Cette question parut désarçonner quelques instants le fier guerrier. Pendant que son drakkar fendait les eaux glacées, sous les rugissements du vent qui soufflait en tempête, il s’était imaginé les villes mises à sac, les toits de chaume s’embrasant, les cris des femmes que l’on forçait, les ruisseaux de sang coulant sur le pavé.



Le silence qui s’ensuivit ne fut troublé que par la flatulence d’un goéland qui croisait au large, tandis que les deux parties tentaient de faire bonne figure dans ces instants de gêne où l’on ne sait si la tradition doit l’emporter sur la bienséance.



Dans le feu de sa tirade, la noiraude s’était redressée, toisant le Viking qui la dominait d’une bonne tête, gonflant sa poitrine d’une bravade sans doute exagérée. Ilse lui adressa un regard courroucé, ne quérant pas que son droit d’aînesse fut ainsi outrepassé.



Entre la belle et le pillard, il ne restait plus guère que l’espace d’un avant-bras. Ce fut suffisant pour que Lison, ne désirant point être en reste, s’y interpose, le verbe furieux.



Interloqué, Sven toisa ce petit bout de femme, dont le laçage de la cotte touchait presque le torse du guerrier, aux cheveux blonds soulevés par la houle d’une légitime colère. Il hésita, ne sachant sur qui jeter son dévolu.



Et, joignant le geste à la parole, elle alla prestement s’étendre sur le large matelas de son sis dans un coin de la pièce commune. Elle se redressa sur un coude et remonta sa jupe jusqu’à mi-jambe, dans une posture de défi. Sven se désintéressa dès lors des deux autres et, posant sa hache à double tranchant contre le mur, il se dirigea d’un pas leste vers le lit. D’un geste vif, il délaça le corset d’Ilse, découvrant deux tétons de fort belle taille, d’un blanc laiteux piqueté de taches de rousseur, qui s’agitaient sous les halètements prénuptiaux de la jouvencelle. D’un autre, il retroussa son jupon, écartant la main qui protégeait symboliquement l’endroit qu’une feuille de vigne eût dû cacher, et se mit ensuite à son ouvrage.


Ilse était une créature solide et raisonnable, dont l’esprit n’était point souvent incommodé par la vision des choses de la vie, contrairement à ce que l’on trouve d’usage chez les personnes de son sexe. Elle avait vécu maintes festivités où, sous prétexte d’honorer un des saints du calendrier, les villageois, troublés par leurs libations, se livraient à des excès que le curé devait réprouver le dimanche en prêche. Pléthore de fois lui avait-on conté fleurette à l’ombre d’un pommier, fut-il bourgeonnant, en fleurs ou en fruits.


Ces errements n’étaient que douce brise comparés à la tempête qui s’abattit sur elle. Tout soudainement, elle se fit l’effet d’une embarcation soumise au bon vouloir des flots. La première lame l’arracha au rivage avec une puissance inouïe, son cœur manquant de chavirer sous la force de l’assaut. Comme elle le put, elle se cramponna au bastingage, laissant la mer en furie déferler sur elle, la faisant tourbillonner comme un vulgaire fétu de paille.

Le navire, solidement bâti et rompu à la mer, tenait bon, mais était ingouvernable, laissé entre les mains d’une puissance supérieure qui décidait se son sort. Ses cales prirent l’eau, ne pouvant rester sèches bien longtemps dans pareil maelström.

Tout l’art de la navigation d’Ilse ne lui fut d’aucune utilité pour s’orienter : la barre, devenue folle, dictait sa propre conduite. Le corps de la jouvencelle était soulevé par la houle au rythme d’une marée démente dont le fracas couvrait les cris.


Non loin, par pudeur, Annette et Lison s’étaient retournées à demi, les mains sur les yeux, prenant soin de ménager un espace suffisant entre deux doigts pour ne perdre miette du spectacle, se rongeant les poings de ne pouvoir assister au grain que depuis la falaise au loin, et non voguant sur les flots impétueux.


Jamais gros temps n’avait paru si délicieusement long à Ilse. Quant il lui semblait que la mer allait mollir, ce n’était que prélude à des vagues plus hautes encore, suivies de creux à lui couper le souffle. Ballottée en tous sens par son tyran d’eau, elle perdit de vue le rivage, le regard rivé dans la mer d’un bleu profond qui lui causait de si fougueux tourments.


Son bateau à la dérive connut mille péripéties encore ; des vagues colossales l’engloutirent en entier, laissant en se retirant leur goût de sel ; des courants chauds léchèrent sa coque ; des rafales de vent firent gémir son gréement, fouettèrent sèchement ses voiles, en dégrafèrent la plupart. Enfin, dans un ultime effort, tous les éléments s’unirent pour porter l’estocade et faire sombrer ce fier navire qui avait si bravement résisté. Un ouragan titanesque fit pleuvoir un déluge sans précédent, le clapot se fit tourbillon, le ressac mur d’eau. Les entrailles de la mer se mirent à gronder, puis le ciel, et la foudre frappa dans un coup de tonnerre, jaillissant sur le mât, parcourant toutes les nervures du bateau, de la proue jusqu’à la poupe, une foudre aveuglante, assourdissante, tétanisante.


Quand Ilse recouvra ses esprits, elle était échouée sur la grève. La mer, redevenue douce, s’était retirée, ne laissant pour preuve de son tumulte passé que quelques traînées d’écume.

Se redressant avec difficulté, elle remit un peu d’ordre dans sa tenue, avec l’impression fugace d’avoir été piétinée par un troupeau de sangliers. Les deux sœurs la regardaient bouche bée, ne sachant quoi dire, tandis que Sven farfouillait parmi les écuelles pour trouver quelque pitance. Le grand Viking jeta son dévolu sur un cuissot qui traînait par là et qu’il entama de bon appétit, sans que sa nudité ne le gênât outre mesure. Ilse essayait tant bien que mal de relacer son corset avec ses doigts tremblants afin d’y enfouir quelques pouces de son imposant poitrail. La cloche du village sonna huit heures. Au loin, on entendit le cri étranglé d’une femme qui s’abandonnait, la lavandière à en juger par les sonorités.


D’une voix hésitante, Lison prit la parole :



La bouche pleine, le Viking rétorqua d’un ton offusqué :



Annette prit le bras de Sven, le traînant d’autorité vers le lit, écartant sans ménagement Ilse qui maugréa, avant d’installer le géant blond à plat dos. Elle-même s’assit à son chevet.



Ce faisant, elle apposa ses mains graciles sur le torse du beau nordique, cherchant à stimuler la circulation du fluide vital par des mouvements circulaires de l’index et du médius, se penchant avec une mine soucieuse sur son patient qui ne perdit miette du spectacle qui s’ensuivit.



Elle n’eut qu’un grognement pour toute réponse, qu’elle perçut comme un signe encourageant.



L’accorte rousse et la paillarde brune se mirent donc à palper de conserve à des endroits que la décence interdit de nommer.



Après la pluie venait le beau temps, et la prodigieuse averse qui s’était déroulée sous le toit de chaume avait fait place à un ciel clair, où les nuages annonciateurs de la prochaine pluie se faisaient rares.

Les joues de Lison s’empourprèrent en voyant le spectacle. Sa première Saint-Enselme, et ses sœurs plus âgées prenaient les choses en main ! Contenant sa colère, elle se dirigea d’un pas décidé vers la couche où elles étaient alanguies.



Et, sous le regard ébahi de ses sœurs, elle interrompit leurs savantes palpations pour effectuer un tout autre labeur.


Chère lectrice, je ne veux point choquer vos chastes oreilles que je sais délicates en vous contant par le menu ce que fit Lison. Ne voulant risquer ni la damnation que me coûterait le récit de tant diaboliques actes, ni, plus cruel encore, votre désaveu, je ne piperai mot. Sachez seulement que les Normandes, qui sont d’ordinaire des créatures fort girondes, furent estomaquées par la paillardise dont fit montre la plus jeunette, et qu’en peu de temps Sven le Viking fut tout à fait dispos.


Ce qui devait s’ensuivre s’ensuivit. Ce fut Annette, la plus diablesse des trois, qui eut à subir, contrainte et forcée, la brutale mise à sac de sa vertu par l’impitoyable guerrier. Avec un courage admirable, elle s’offrit en lieu et place de sa sœur cadette qu’elle voulait protéger, acte de bravoure dont Lison parut lui tenir grief. Modeste de nature, Annette ne s’embarrassa point de grands discours : il lui suffit de retrousser ses jupes jusqu’aux hanches et de s’étendre de tout son long sur la couche, offrant bien haut sa croupe charnue aux indicibles tourments du géant blond.


Lison, vexée par cette rebuffade, en pleura presque de dépit, tandis qu’Ilse tança vertement sa sœur pour son effronterie. Sven eut un haussement d’épaules contrit en croisant le regard trouble de Lison, regard où elle crut lire que les faiblesses de la chair n’empêchaient point les élans du cœur.

Craignant tout soudain, mais un peu tard, pour son honneur, Annette supplia, le fessier toujours tendu :



Soit que le Viking fut d’une complexion cruelle, soit qu’il fut particulièrement adroit pour deviner les secrètes pensées du beau sexe, il ne tint aucunement compte des suppliques d’Annette. Quelles mœurs barbares ont ces pillards venus du Nord, prompts au massacre et à la rapine, qui viennent trousser nos filles et nos compagnes à rebours de ce que la Nature exige ! La sauvagerie de ces êtres blonds et musculeux, cheminant toujours le poitrail au vent, en devient indicible lorsqu’elle touche aux femmes, créatures chastes et délicates incapables de se soustraire à leurs sévices quand bien même elles le voudraient. C’est ainsi qu’après Ilse vint Annette, quoi que d’une tout autre manière.


Jamais encore Sven n’avait chevauché créature plus sauvage. À peine eut-il commencé à la monter qu’elle se mit à ruer en tous sens, comme possédée par un feu intérieur que le guerrier se faisait fort d’attiser. S’agrippant à sa crinière pour ne point verser, il tenta d’imprimer sa cadence et de maîtriser l’emballement de sa monture. La sage jouvencelle s’était muée en une pouliche frénétique, hennissant sous les saillies de son étalon, ce dernier ayant fort à faire pour la maintenir en place. La tête haute, l’encolure droite, les naseaux frémissants, tirée par la bride mais pas seulement, Annette faisait front de tout son être, donnant toute la mesure de sa fougue, bien décidée à ne se laisser monter par un cavalier qui ne le mériterait point. Durant cette cavalcade sans selle, son séant monté à cru commençait à lui cuire, battu en cadence par les remuements de la queue. Ce fut un spectacle dantesque dont le vacarme couvrit même les vagissements de Jehanne la Ribaude, pourtant réputée pour ses fort peu pieux chants, aux champs son époux partant quand elle s’époumonait au pieu. Ilse s’était prestement ôtée du matelas, de crainte de recevoir une ruade, et masquait de ses mains les yeux de Lison sans s’appliquer toutefois le même traitement.


La résistance d’Annette fut aussi héroïque que sans espoir, la Nature n’ayant point doté damoiseaux et damoiselles des mêmes choses ni en proportions équivalentes, ces dernières se complétant toutefois fort bien. Les apparences sauves, elle se cabra une ultime fois, le souffle court, le poil luisant, la robe tachetée, avant de s’écrouler, domptée.


Il y eut à nouveau un long silence au cours duquel chacun revint à lui et chacune à elle, silence qui fut derechef brisé par un goéland qui trouva spirituel de barytonner du cul. Le doux visage de Lison s’était mué en allégorie de l’impatience, sa face étant humide de frustration comme d’autres la fesse de plénitude. Cette fois-ci, Sven semblait fort las, bien que les signes qui l’indiquassent ne furent point à lire sur sa figure.



Sven l’eut fait volontiers, et allait répondre en ce sens quand retentit le son d’une corne. C’était le chef ennemi qui rappelait toute sa horde. La face fière et énergique du Viking se mit alors à exprimer un désarroi sincère.



Bien que gâtée par la vision de Sven renouant ses braies devant Annette débraillée, la glose du Viking émut Lison jusqu’aux larmes, faisant chavirer le cœur que la pucelle avait fort sensible.



Elle tendit au Viking une bourse de monnaie sonnante et trébuchante, qu’il commença tout d’abord par refuser.



Ce à quoi Sven répondit par un grand rire, qui fut repris en chœur par Ilse et Annette, les yeux pétillants de joie. Le visage de Lison commença enfin à s’éclairer, et elle se mit à rire à son tour, un rire de ces rires pleins de gaieté qui fait tinter les cœurs, qui fait sourire les âmes, qui illumine la vie.



Sven resta tout d’abord interloqué, pensant en son for intérieur ne plus jamais avoir l’heur de revoir sa belle, la seule pour qui il eut réellement éprouvé du désir, la seule qu’il n’eut pas entreprise, par la force des choses.

Les deux sœurs la morigénèrent tout d’abord.



Il y eut des larmes, des rires, des embrassades. Les deux sœurs qui restaient serrèrent Sven contre leur corps, un peu plus longuement que de raison, et bien trop longuement pour un homme qui vient de forcer deux des filles de la maison, en enlever une troisième et rapiner les richesses du logis.



Ainsi fut fait. Lison trouva place tel un baluchon sur l’épaule de son aimé, adressant de grands signes d’adieu à ses sœurs, restées sur le seuil, qui agitaient leurs mouchoirs de fine batiste.


Dans tout le village, sur le pas des portes, les femmes en tenue légère, fort peu incommodées, saluaient leurs amants d’un jour en criant à tue-tête dans l’air pur de cette belle matinée printanière :