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n° 14608Fiche technique40764 caractères40764
Temps de lecture estimé : 24 mn
12/10/11
corrigé 12/06/21
Résumé:  En confiant la réalisation de mon meilleur fantasme à une horticultrice, j'étais loin d'imaginer où cela allait nous mener.
Critères:  fh ffh hplusag fplusag fagée inconnu jardin fdomine fellation pénétratio attache -hff -hsoumisaf
Auteur : Olaf      Envoi mini-message

Collection : Mais où sont donc les chaussettes orphelines ?
Horticole toi-même

Parfois, les choses de la vie se produisent d’étrange manière. Un temps, on pense gérer. Gérer sur le fil, certes, mais en gardant le contrôle. Puis, pour un rien, tout bascule. Il ne reste alors qu’une fraction de seconde pour choisir entre quitter ou doubler.


En ce qui me concerne, je suis plutôt du genre à quitter dès que les risques dépassent ma capacité à faire front. Sauf lorsque je ne vais pas bien. Dans ces moments-là, j’ai tendance à doubler. Ce qui me précipite dans des aventures impossibles.


Je ne devais pas aller bien du tout lorsque j’ai rédigé mon annonce sur un forum libertin. Je me souviens vaguement avoir voulu sortir d’un douloureux marasme par un coup d’éclat. Comme une envie de suicider une partie de ma vie qui ne me correspondait plus, un besoin de déménager de ma trentaine agitée. D’où cette phrase sans doute incompréhensible pour le commun des mortels :


Jeune femme, aux allures faciles mais à la réalité difficile, prête à réaliser le fantasme de qui partage sa conviction qu’un fantasme ne devrait jamais se réaliser.


Pas sûre de me souvenir aujourd’hui de ce que j’ai voulu dire alors. Peu importe, je n’ai pas eu le temps de corriger le tir. Dix minutes plus tard, une réponse tombait déjà dans ma messagerie.


Je suis partant, pour autant que vous me laissiez l’exclusivité de votre réalité. Votre prix sera le mien, aussi longtemps que vous vous consacrerez à mon fantasme.


Voilà l’exemple même de la perte de contrôle. En une phrase, le piège se referme. D’abord, il écrit l’exclusivité. Bon, je n’avais pas l’intention de répondre à des dizaines de correspondants, mais s’il croit pouvoir mettre la main sur ma vie et mes émotions, il est à côté de la plaque. Dans ce registre, j’ai déjà trop donné. Ceci dit, ma vie sentimentale est actuellement à ce point morne, qu’un peu de nouveauté ne me ferait pas de mal.


Sauf qu’il parle de prix et ça, c’est rédhibitoire. S’il pense rapports tarifés ou escort-girl, il se plante le doigt dans l’œil. Exclu d’entrer dans ce genre de relation. Rien que le fait qu’il y pense me pousserait plutôt à l’envoyer balader.


S’il n’y avait pas ses derniers mots. Une étonnante manière de dire se consacrer à mon fantasme, plutôt qu’un impératif réaliser mon bon plaisir. J’aime cette formulation qui me laisse une certaine liberté, en fait. Pour prendre le temps de découvrir, de mettre en scène, de préparer la rencontre et tout ce qui peut l’agrémenter.


En quelques échanges virtuels, Laurent me donne l’impression d’être assez attentif et fin d’esprit pour lire entre les lignes. Vais-je refuser un petit plaisir à un homme qui lit entre mes lignes ? Si, en plus, il ne fait pas que lire, mais qu’il désire s’attarder à parcourir mes incohérences, cela pourrait avoir un certain charme.


Intriguée, je double.



oooOOOooo




Réaliser le fantasme de qui pense qu’un fantasme ne devrait pas se réaliser ! Trop fort comme provocation. C’est une invitation à tous les possibles. Ne peut être complètement inintéressante une femme qui rédige un tel message. Vu le désert relationnel que je traverse, pourquoi ne pas me prêter au jeu.


Même si je m’avance beaucoup en me supposant capable de me prêter à un jeu quelconque avec une femme actuellement. Depuis que la mienne m’a plaqué, je suis en cale sèche. Il faut dire qu’en me laissant sur le carreau au motif que j’étais irrémédiablement incapable de m’occuper d’elle, elle m’a salement cassé.


Rétrospectivement, je veux bien reconnaître que je n’étais pas particulièrement attentif à ses désirs. Mais ce n’était pas très élégant de partir avec un autre et de le présenter après coup comme un modèle de partages et d’échanges harmonieux en tous genres. Me laisser seul avec les papiers du divorce m’enfonçait déjà bien assez.


Depuis, je suis incapable d’amorcer la moindre relation. Avec Geneviève, ce sera peut-être différent. En se proposant de prendre mon fantasme à son compte, elle m’ouvre une porte de sortie. Ou d’entrée, dans un semblant de relation.


À lire sa réponse à mon message, je l’imagine déjà en train de regretter son imprudence. Elle doit me supposer à l’affût, guettant la moindre ouverture pour pénétrer dans sa vie et exiger mon dû. Il va falloir que je gère mes impatiences.



oooOOOooo




Ce type est dingue, mais d’agréable manière. Avant que j’accepte de l’accompagner dans son délire, il faudra qu’il m’explique la raison de son fantasme. Je m’attendais à tout, sauf à ce qu’un mec veuille se consacrer à la satisfaction de mes moindres désirs. Je rêve.


Je flippe aussi pas mal. Parce ce que cela m’impose justement de préciser mes moindres désirs. Et ça, il y a un bail que j’en ai perdu l’habitude.


Allez ma fille, ce n’est qu’un jeu, rien qu’un jeu. Cette fois, tu vas jusqu’au bout. Et le bout, c’est juste de l’autre côté de la porte de ce bar.



C’est vrai qu’il est mignon. Malgré les années de vol. Cinquante, cinquante-cinq ? Mettons la cinquantaine, chaleureuse et souriante.


J’aime bien sa voix, aussi. Et sa manière de parler, d’hésiter d’une phrase à l’autre, comme pour exprimer plus exactement ce qu’il ressent. Un homme qui cherche à exprimer au plus juste ce qu’il ressent, ça vaut le détour, non ?


Son regard n’est pas désagréable non plus. Intimidant, au début, mais attentif. Et très doux, lorsque je lui permets d’en découvrir un peu plus de mes charmes. Un regard qui donne envie de se dévoiler.


Il ne manque pas d’humour par-dessus le marché. J’aime assez cette forme d’autodérision et sa manière tortueuse de parler de ses expériences, décrivant d’amusante manière ses échecs et ses réussites. Riche nature ou personnalité complexe ? Les deux, sans doute.


C’est ce que nous buvons qui me fait cet effet ou il est vraiment en train de me faire planer ? Je me sens bien avec lui. J’ai envie de lui donner matière à m’écouter.


Il faut que j’arrête de le regarder si ouvertement. C’est son fantasme que je suis censée réaliser, pas les miens. Même si, précisément, son fantasme c’est de réaliser les miens. Enfin, pas tout à fait, mais quand même un peu. Si j’ai envie.


Question d’envie, aucun doute, elle est déjà très présente. Envie de sa douceur, de lui faire confiance. Et pourquoi donc ? Aucune idée. Mais il est déjà trop tard pour reculer. Aucune fausse note entre nous jusqu’à présent, je me sens juste bien avec lui. Il y avait si longtemps… J’en arrive presque à envisager des trucs fous à lui proposer.


Ne pas m’emballer. Surtout ne rien précipiter. Mais si, à minuit, je ne redeviens pas courge…



Il embrasse légèrement mes mains pour prendre congé. Suranné mais délicieux.



Je le laisse me prendre entre ses bras. Pas de cul entre nous, mais qu’est-ce qui m’a pris de fixer cette limite ? Blottie contre lui, je regrette déjà cette clause stupide. Ne changerai-je donc jamais ?



oooOOOooo




Ce que je ressens aussi longtemps qu’elle est entre mes bras ressemble à ce qui ponctue un orgasme partagé. Pas de cul entre nous, qu’elle a dit ingénument, avant de s’abandonner et de m’offrir bien plus intense. Rien de plus troublant pour commencer notre jeu. Si ça peut la rassurer, je veux bien, au début…


C’est que cette nana est une bombe. En une soirée, elle vient de plonger à pieds joints là où je ne voulais plus accepter personne avant longtemps. M’occuper d’elle à son retour de boulot ? Ce n’est pas un fantasme, mais une page blanche à écrire. Même si, à bien y regarder, cela pourrait ne pas être une sinécure. La belle semble particulièrement sensible. À la moindre contrariété, c’est sûr, elle va retourner dans sa coquille. Rien n’est jamais acquis avec une femme comme elle, sans cesse sur la défensive.

Je passe la journée à imaginer son repos de la guerrière. En prévoyant un bain parfumé, puis un massage suivi d’un repas léger, je ne prends sans doute pas assez de risques. Mais quelque chose me dit que tout va se jouer dans l’échange qui accompagnera ces attentions toutes simples. Elle veut prendre en mains la suite de la soirée. Si elle est en confiance, elle arrivera peut-être à se révéler.


Elle arrive peu après dix-huit heures. Compte tenu de la circulation, elle n’a pas traîné. Son impatience est de bon augure. Je lui fais visiter mon appartement avant de lui servir à boire et de faire couler son bain, parfumé de quelques essences lénifiantes.


Lorsque tout est prêt, après quelques gorgées de mon cocktail maison, elle me prend par la main pour que je l’accompagne à la salle de bain. Avec un naturel désarmant, elle se déshabille et plonge voluptueusement dans l’eau chaude, non sans m’avoir laissé admirer sa nudité.


Elle me sort de mon mutisme admiratif en commençant par raconter quelques détails de sa journée, comme le ferait une compagne de longue date. Je me prends au jeu. Petit à petit, je découvre quelques bribes de sa vie. À travers elles, ses manières de la vivre, de réagir à ce qui l’entoure.


Elle me laisse découvrir son corps au hasard de quelques gestes alanguis, comme elle me permet d’appréhender un peu d’elle au gré de ses anecdotes, de ses coups de cœurs et de ses coups de gueule. Ce que nous échangeons est totalement insignifiant. Ce qui passe d’elle à moi, en revanche, est incomparable. Par son naturel, elle m’envoûte, me lie à elle. Ai-je jamais ressenti ce genre d’émotion avec une autre femme ? Ai-je jamais été capable d’autant d’attention ?


Soudain, elle met fin à cet amical bavardage et sort de l’eau. Elle se sèche rapidement avant de traverser l’appartement, nue. Un bref instant, elle semble hésiter entre le sofa du séjour et mon lit. Elle finit par s’allonger sur le sofa, le ventre et les seins impatients de profiter du massage promis. Avec toute autre qu’elle, je tenterais ma chance et je chercherais à la troubler par d’excitantes caresses. Elle me remet sur le droit chemin d’un simple regard avant que je trébuche. Je n’insiste pas et lui offre un vrai long massage, sans l’ombre d’un effleurement déplacé. Juste une remise en forme, relaxante et revigorante.


Un échange qui suffit néanmoins à me mettre hors de moi. Son corps, qu’elle abandonne entre mes mains avec la plus totale impudeur, me rend dingue. Je comprends mieux maintenant le sens de son interdiction. Rassurée, elle peut s’offrir à moi comme elle n’arriverait pas à le faire en me laissant plus de liberté. De la sorte, elle me réapprend l’envie de la découverte, le plaisir de simples échanges peau contre peau, avant d’aller plus loin. Mais nous n’en sommes pas encore là.


Ou plutôt, c’est précisément avant d’en arriver là qu’elle décide de mettre fin à cet apéritif sensuel, non sans avouer à quel point je lui ai fait du bien. Elle ajoute, en se rhabillant, que j’ai mis son ventre en feu, ce qu’elle n’a plus laissé aucun homme faire depuis des siècles. Un baiser léger sur mes lèvres me fait sortir de ma torpeur et me pousse à retourner à mes fourneaux.



oooOOOooo




Je ne saurais dire ce qui m’a le plus troublée, de ses mains pétrissant mon corps ou de l’évidente progression de son envie. Je n’avais pas souvenir que l’odeur d’un corps d’homme puisse changer à ce point sous l’effet de l’excitation. Ni combien cet état pouvait être contagieux.


Ce qu’il a provoqué en moi est trop fort. Je vais le faire mariner encore un peu, mais sitôt le repas terminé, je l’emmène vers mon jardin d’Éden. Le deuxième fantasme que je lui réserve a maintenant pris forme. Je veux contempler sur son visage la lente montée du plaisir, jusqu’à la jouissance. Puis la partager avec lui, les yeux dans les yeux.


Le repas qu’il nous sert est délicieux. Rien de très compliqué, mais tout est agréablement apprêté. Pourquoi n’a-t-il pas su partager cela avec son ex ? Mystérieux cercles vicieux de la vie quotidienne. Je ne veux rien savoir de trop précis, mais ce qu’il m’a raconté de son échec correspond si peu au soin qu’il prend à s’occuper de moi. Bien sûr, je suis nouvelle et il doit se montrer sous son meilleur jour. Je ne ressens pourtant aucune faille, aucun décalage entre ce qu’il fait, ce qu’il dit et ce que j’aperçois de lui, au détour d’un geste ou d’une attitude plus spontanée.


C’est tout simplement bon d’être à ses côtés. J’en viendrais presque à m’imaginer en train de lire ou de travailler à une chambre de distance de lui, m’attendrissant sur les infimes signes de vie qu’il ne manquerait pas de donner. Je ne me reconnais plus. Il faut que je réagisse ou je vire bobonne. Allez, retour au fantasme !


Je crois déceler un brin d’inquiétude dans sa voix lorsqu’il prétend être prêt à me suivre dans mes plus sombres turpitudes. J’aime cette impression de le tenir à ma merci. Quelle idée de vouloir se mettre à mon service, sans restriction. Quelle étrange forme d’expiation.


Je l’emmène en voiture, pour traverser plus rapidement la ville. Nous arrivons vers vingt-deux heures à l’hôtel de l’Ange, notre point de chute pour la fin de soirée. Le nom l’amuse. Je ne lui en dis pas plus. D’autant que ce n’est pas de ce côté de la rue que se trouve le plus important. Mais il le découvrira bien assez tôt.



oooOOOooo




Contrairement à ce que le nom laisse supposer, rien d’angélique à cette auberge. C’est visiblement un lieu de rencontre entre nanas. Tenu par deux nanas et fréquenté par des nanas. Je ne vois que deux autres hommes, à vrai dire. Geneviève propose que nous nous installions sur un canapé face à une des tables basses plutôt qu’au bar. Avant de prendre place, elle va déposer un bout de tissu sorti de son sac à main dans une boite posée sur le comptoir. Quelqu’un a écrit AUTANT QU’ELLES SERVENT À QUELQUE CHOSE en lettres majuscules sur le carton. C’est à n’y rien comprendre.


Elle s’arrête pour saluer deux copines à une table voisine avant de revenir vers moi. J’en profite pour observer les femmes présentes. Elles affichent toutes quelques années d’expérience, pour rester galant. Qui sont ces femmes ? Probablement en majorité des délaissées, veuves ou autres amputées du plaisir. Elles semblent avoir en commun une farouche volonté de ne renoncer à aucun agrément de la vie. Des incertitudes sont certes visibles dans le dessin des corps. Les paupières sont lourdes de trop de nuits sans sommeil. Le grain des peaux a perdu de sa finesse. Rares sont les bouches encore pulpeuses, les seins gonflés ou les fesses bien fermes. Qu’importe, toutes ces beautés un peu fanées font preuve d’ingéniosité pour se présenter sous leur meilleur profil. Aucune vulgarité, aucun ridicule, juste une habile et discrète mise en valeur de ce qui peut séduire encore.


Car c’est sans doute bien de cela dont il est question ici. Un formidable espoir de rencontre, un désir à peine voilé de partage sensuel. Qu’importe la faiblesse de la chair, aussi longtemps que les désirs restent indomptables. Qu’importe la raison, lorsque le ventre réclame son lot de réjouissances.


Voilà pourquoi je perçois depuis notre entrée une indéniable atmosphère de sensualité dans ce coin de purgatoire. La plupart de ces femmes, qu’en d’autres lieux je ne remarquerais pas, se révèlent particulièrement présentes, sensuellement parlant. Rien qui ressemble à l’intense appétit amoureux d’une Vénus genitrix, ni à la voluptueuse plénitude d’une femme mûre. Ce n’est plus là que se trouvent leurs charmes. Ce qu’elles ont de troublant réside plutôt dans une forme de gourmandise dont elles ne se cachent pas. Une envie d’émois raffinés que leur corps gardera jusqu’à la dernière heure. Une forme d’impatience aussi, qui transpire dans leurs gestes et dans leurs rires, malgré l’ambiance détendue et feutrée.


Étrange atmosphère, formidables attentes. De quelle manière Geneviève souhaite-t-elle que j’y réponde ? Et si ce n’était là qu’un simple passage obligé. Vers quoi ? Elle ne m’en dit pas plus, préférant se serrer tout contre moi. Avec des gestes de chatte, elle me pousse à reprendre notre échange où nous l’avions interrompu à la fin du massage. Elle me provoque même ouvertement, sans s’occuper des autres femmes et de leurs regards envieux.


L’une d’elles s’enhardit à nous interrompre. Au moment de reprendre souffle entre deux baisers, nous découvrons à côté de nous cette jolie cinquantenaire aux cheveux gris coupés courts, habillée d’une longue robe blanche, presque transparente. L’agréable chaleur de la nuit d’été ne suffit pas à expliquer la légèreté de sa tenue. Elle s’approche et dépose un truc informe sur la table. À y regarder de plus près, il s’agit de trois chaussettes orphelines, nouées entre elles d’étrange manière.


Geneviève semble comprendre le message et invite la femme à se joindre à nous. Je ne m’attendais pas à cela. Qu’est-ce qui peut bien la pousser à mettre ainsi fin à nos ébats ? Un marché vient-il de se conclure dans la plus parfaite connivence féminine.


L’inconnue reste quelque temps à notre table, bavardant avec nous de choses et d’autres. Elle en profite visiblement pour me dévisager avec de moins en moins de retenue, ce qui m’autorise à l’observer en retour. Je me surprends à la trouver belle. Désirable, même ! Ses mains surtout semblent avides d’effleurer, de palper, de caresser, de pétrir. Ce que sa robe ne recouvre que très imparfaitement ne semble pas en reste. Je jette un regard sur Geneviève. Aucune trace de jalousie. Au contraire, mon intérêt un peu trop soudain pour Ariane semble l’amuser.


Quelques habituées commencent à quitter le bistrot. Celles qui sont venues accompagnées partent les premières. Sur un clin d’œil, Geneviève et Ariane mettent fin à notre conversation. Comme pour laisser la place à d’autres réjouissances. Bon sang, mais qu’est-ce qu’elles viennent chercher dans un tel endroit ?



Elle pose l’argent de nos consommations sur la table, se lève et sort. Nous traversons la route et marchons quelques dizaines de mètres en direction d’une station-service désaffectée, glauque et taguée de haut en bas. Après en avoir fait le tour, nous entrons dans un vaste jardin par une porte dérobée. Depuis la route, rien ne laissait supposer la présence d’un tel bijou horticole derrière les haies mal entretenues.


En fait de jardin, il s’agit plutôt d’un petit parc. Un chemin sinueux le traverse de part en part. Des espaces arborisés ont été créés entre les méandres du sentier, à l’abri des regards. Geneviève me fait visiter l’ensemble du labyrinthe, sans me donner d’explication sur les panneaux accrochés ça et là, sur lesquels je distingue des visages d’hommes en extase. Je soupçonne ma guide d’être à l’origine de cette décoration. Peintures ou photos, d’où tient-elle l’expérience de si nombreuses jouissances masculines ?


Entre deux bosquets, nous entrevoyons sur notre gauche un couple tendrement enlacé, puis, un peu plus loin, trois femmes et un homme engagés dans d’intenses joutes érotiques. Malgré la nuit, il me semble reconnaître des visages et des corps aperçus dans le restaurant. Les gémissements ne laissent aucun doute sur le plaisir qu’ils prennent à assouvir leurs pulsions érotiques.


Juste avant d’arriver en fin de parcours, Geneviève me guide vers un havre de volupté inoccupé. Les buissons, taillés avec soin, se combinent harmonieusement avec des arbres d’essences diverses. Je distingue une étrange construction de bois dans la pénombre. De l’autre côté de la protection végétale, un homme râle de plaisir en lutinant sa compagne. À leurs côtés, deux femmes accompagnent leur performance des mains et de la bouche. Dans cet Éden, l’homme semble être pur instrument de plaisir. J’ai connu pire comme fantasme à satisfaire.



oooOOOooo




Même si j’ai participé pour une bonne part à l’agencement de ce jardin et que j’en ai profité à l’occasion, je jure sur le troisième sein de Minakshi que je ne suis pour rien dans ce que les copines en font cette nuit. Parce que là, c’est parti très fort. Pauvre Laurent, je le sens de plus en plus troublé. Il est temps de lui lâcher la bride. Il tente d’ailleurs d’obtenir quelques explications pendant que je l’aide à se déshabiller.



Je guide Laurent vers la construction faite de branches entrelacées, dont je suis probablement la seule à connaître les possibilités érotiques. Je lui montre comment s’y placer. Une fois ses pieds et sa main droite attachés, il est obligé de basculer contre l’avant, la tête reposée sur son bras gauche pour être confortable. Il se trouve ainsi à la limite du déséquilibre et incapable de voir qui lui procure quelle sorte de plaisir. Pour l’avoir essayé, je me souviens que c’est une expérience particulièrement sensuelle.


C’est d’ailleurs probablement la raison de sa soudaine excitation. Il faut dire que dans la position dans laquelle je l’ai installé, le moindre frémissement de sa verge est bien visible. Il n’empêche, ce qui se dresse devant lui dépasse de loin le simple frémissement. Cela n’a pas échappé à Ariane, qui sort de je ne sais quel coin caché pour nous rejoindre. Sans plus attendre, elle s’agenouille devant Laurent et prend délicatement son sexe en main. Après un long instant de contemplation, accompagné de quelques baisers du bout des lèvres, elle se met à l’ouvrage.


Sans vraiment la connaître, je sais cette femme très gourmande et toujours prête à déguster quelque virilité passant à portée de main. Mais là, ce qu’elle offre à Laurent dépasse tout ce que je pouvais imaginer. Elle a une manière incomparable de caresser le sexe qui se tend vers sa bouche, de provoquer le mâle pour mieux percevoir ses désirs et les assouvir l’instant d’après. Sa maestria me fascine.


Laurent répond à la moindre stimulation. La position précaire dans laquelle il se trouve le force à contracter les muscles de son ventre et quelques autres encore, beaucoup plus intimes. Les attouchements d’Ariane sont ainsi infiniment plus excitants. À chaque fois qu’elle fait pénétrer la tige dans sa bouche, je peux sentir dans mon propre corps les vagues de plaisir qui montent entre les reins de Laurent. Ses gémissements en témoignent. Ariane n’est pas en reste, qui doit se sentir pénétrée de bien d’autres manières encore à chaque bouchée.


Il faut que j’apaise les fourmillements de mes mains. Je m’approche de notre otage et commence à masser ses fesses musclées. Assez pour augmenter l’excitation que lui procure Ariane, sans dépasser pour autant la fragile limite au-delà de laquelle la maîtrise de son plaisir nous échappera. Attentive aux moindres changements de chaleur et de moiteur de sa peau, je passe et repasse dans les endroits les plus sensibles de son agréable anatomie. Je me gave de son odeur de mâle, qui me fait fondre en un rien de temps. Il y a vraiment quelque chose de très fort entre le corps de cet homme et le mien.


Je me suis abandonnée à la douceur de l’instant. Il me faut du temps avant de réaliser qu’Ariane s’efforce de calmer le jeu. Elle doit sentir à quelques tensions intimes que Laurent ne résistera plus longtemps et tente de repousser l’imminente explosion par des manœuvres de diversion. Pas facile après avoir mis à ce point le feu aux entrailles de l’homme.


Il comprend notre intention, mais n’est visiblement pas prêt à renoncer à la félicité que la fellation d’Ariane lui a fait entrevoir. Il me cherche pour m’amadouer, sans savoir vraiment qui est entre ses jambes ou contre son dos. Pour brouiller les cartes, je m’agenouille à côté de ma compagne de jeu avant de répondre à ses questions.



Pauvre frustré. Au moins, pendant qu’il se plaint, son excitation n’augmente pas. C’est déjà ça de gagné. En revanche, la proximité de sa queue si volumineuse m’excite autant qu’Ariane. Après un regard de connivence, nous nous autorisons encore un discret duo sur sa tige. Nous frôlons le dérapage lorsque nos langues se croisent et que je découvre le goût salé de la salive de ma partenaire. Après un baiser fougueux tout contre la pointe de Laurent, je m’étonne moi-même de trouver encore la force de me relever, malgré mon trouble.


Il était temps ! Arc-bouté sur son perchoir, notre mâle souffle comme un phoque et tente désespérément de retenir une formidable explosion. Un bon point pour lui, qui s’efforce de respecter mes exigences jusqu’à la limite du supportable. Ariane est nettement moins facile à convaincre. Elle doit avoir pris autant de plaisir à sa fellation que Laurent. Sa longue robe, retroussée jusqu’au haut de ses cuisses, cache ce qui se passe en elle. Mais je n’ai plus aucun doute sur son état lorsque je la vois plonger sa main entre ses cuisses, puis s’allonger sur l’herbe pour se caresser plus à son aise.


Comme je la comprends, comme j’aimerais pouvoir en faire autant. Laurent, en revanche, ne résiste pas à l’envie de découvrir à quoi ressemble sa bienfaitrice. Levant la tête autant que sa position le lui permet, il découvre Ariane allongée à ses pieds, offerte. L’effet est immédiat. Sa queue se dresse à nouveau dans le vide et frémit au rythme de mouvements de la main d’Ariane. J’ai peur que le long gémissement qui s’échappe de ses lèvres ne lui porte le coup de grâce. Déjà, un violent orgasme secoue la femme dans tous les sens. Brave Laurent, qui arrive à garder contenance tout en se régalant du spectacle. S’il savait à quel point mon excitation s’apparente à la sienne…


Je détourne les yeux pour éviter de céder à la tentation de m’allonger tout contre ma complice et de l’imiter. Je réalise alors que nos voisins ont fini leur bacchanale et que la place derrière le bosquet est libre. Il était temps. Je commence à détacher Laurent pendant qu’Ariane profite des dernières vagues de plaisir, les yeux mi-clos, la bouche ouverte, comme en attente d’un long baiser. Je propose à Laurent de lui offrir ce petit plaisir. Je dois cependant intervenir lorsqu’elle tente d’attirer son visage contre ses seins, son bassin collé contre le ventre de l’homme.



oooOOOooo




Putain, quel pied cette nana m’a fait prendre ! Quelle bouche, quelle langue, quelle technique ! À chaque coup de reins, j’avais l’impression de plonger dans de la lave en fusion. C’est mon corps entier qu’elle a excité en s’occupant juste d’un petit bout de moi. Si c’est comme ça que Geneviève entend me faire réaliser son fantasme, je suis preneur. Plutôt deux fois qu’une. Sauf que là, il semble y avoir changement de camp. Que peut-elle bien avoir derrière la tête ?


J’aide Ariane à se relever avant de suivre Geneviève dans une autre partie du jardin. Je profite de ce qu’elle nous tourne le dos pour glisser mes mains sous la djellaba de ma bienfaitrice et caresser les pointes dressées de ses seins. Elle s’enroule immédiatement contre de moi, ses cuisses glissées de chaque côté de ma jambe. Elle me tend ses lèvres. Je plonge et l’embrasse comme un dément. Il faut que Geneviève monte sérieusement le ton pour que nous acceptions de nous séparer. Et maintenant ? Dans l’état dans lequel nous sommes, à quelle partie va-t-elle nous convier ?


Nous nous retrouvons là où le quatuor s’ébattait tout à l’heure. La végétation est assez semblable au reste du jardin. Il y a en revanche un amusant lampadaire, alimenté en énergie solaire, et un meuble de jardin en forme de main. Ariane, en connaisseuse, va directement se lover dans le creux de la pièce de bois, prête à m’accueillir en elle. Il lui suffit de changer ses jambes de place pour offrir une autre manière de la pénétrer. Dans le même temps, tout le reste de son corps est accessible aux caresses. Qui a bien pu mettre au point un si fantastique instrument de jouissance ? Je comprends mieux les feulements et les cris de plaisir des autres visiteurs.


D’un clin d’œil bienveillant, Geneviève m’accorde enfin toute liberté. Si je suivais mes pulsions viriles, je m’emparerais d’Ariane à l’instant et mettrais en quelques coups de reins un voluptueux point d’orgue à la partition que nous avons jouée à quatre mains. L’envie me prend pourtant de lui offrir quelque chose de plus, en espérant satisfaire ainsi pleinement les désirs de Geneviève. Je ne suis pas sûr de tenir le coup, face à ces deux beautés déchaînées. Mais si nous arrivons à ajouter un peu de raffinement à nos jeux, excités comme nous sommes, nous devrions atteindre une intensité de plaisir incomparable.


Geneviève nous pousse au vice en aidant Ariane à retirer sa robe. Je peux enfin découvrir le corps de cette femme plus toute jeune, mais que l’excitation rend particulièrement troublante. À quatre mains, nous parcourons ses courbes et ses rondeurs, nous attardant là où notre fantaisie nous pousse. Ariane en redemande et s’ouvre à nos caresses comme une fleur aux rayons du soleil. Elle devient même rapidement exigeante, réclamant d’être prise plus rudement et surtout plus profondément. Les cuisses largement écartées, elle s’impatiente de me sentir plonger dans son vagin délaissé. Juste avant que je commette une imprudence, Geneviève me tend une capote, dont une réserve doit être cachée dans un montant du meuble de jardin.



oooOOOooo




Il y a quelque chose d’infiniment troublant dans le regard que pose Laurent sur Ariane. Loin d’éprouver la moindre jalousie à l’idée qu’il va s’enfoncer en elle et lui donner un plaisir qui me manque depuis bien longtemps, il me semble sentir de doux liens se tisser entre nous. Je fais cadeau à ma copine de la volupté de l’homme qui m’accompagne ce soir. En échange, elle s’offre à lui et lui fait découvrir des plaisirs inédits. Dont je profite, en satisfaisant ma passion de collectionneuse d’éphémères masques d’extases masculines. Ainsi me permet-elle, en quelque sorte, de partager la jouissance que Laurent va lui procurer. Notre conjonction est fortuite, mais ce qui se trame entre nous est unique et particulièrement jouissif.


Dès l’instant où je pose mes mains sur Ariane, que Laurent vient de pénétrer, je sens les premières vagues monter dans son ventre et envahir le mien. La beauté de ce couple en train de baiser me fait chavirer. Qu’importe que ce soit son ventre à elle et non le mien qui profite de la queue bien tendue de notre homme. Tout le bien qu’il lui fait me traverse à chacune de leurs imbrications. De toute façon, après ce que j’ai découvert de lui cette nuit, je ne suis pas prête à le laisser disparaître de ma vie. Ce qu’ils vont se donner, je vais m’en emparer à pleines mains et le partager avec lui au centuple, dès que je pourrai me retrouver seule entre ses bras.


Déjà une délicieuse tension crispe mon ventre, de très agréables sensations glissent sous ma peau avant d’aller se nicher à l’extrême pointe de mes seins. J’associe Ariane à ces plaisirs en suçant longuement ses tétons. Laurent s’empare maintenant de ses hanches et s’active en elle de toute la vigueur de ses reins. Une vague de chaleur monte dans mon sexe, que je sens s’ouvrir plus encore sous l’irrésistible envahissement. Comme ils sont beaux mes deux cavaliers de l’Apocalypse, chevauchant ventre contre ventre vers un océan de volupté. J’écarte instinctivement les jambes pour mieux me laisser pénétrer par le mâle qui se démène entre les cuisses d’Ariane. Sa tête ballote de droite et de gauche à chaque poussée virile. Plus l’orgasme approche, plus elle se laisse aller entre les mains qui plient son corps à leur convenance.


Elle gémit de plus en plus fort. Je plonge ma langue dans sa bouche. Imitant Laurent, je la fouille longuement, profondément. Il accompagne maintenant sa pénétration d’une intense stimulation de son clitoris. Une sensation presque douloureuse me surprend, puis je me détends et m’abandonne à la douce violence de cet attouchement. Déjà, je distingue les premiers signes de perte de maîtrise sur le visage de Laurent. Je caresse du bout des doigts les mêmes crispations que je vois naître sur les lèvres d’Ariane. Chaque geste, chaque tension, chaque secousse que nous éprouvons se communique immédiatement aux deux autres. Main dans la main, nous nous approchons de quelque chose d’incroyablement fusionnel.


Sentant le moment venu, je me serre contre Laurent, pour pouvoir profiter de son odeur lorsqu’il nous fera jouir. Ma main sur le ventre d’Ariane, je peux partager ce qui se précipite entre eux. Mon ventre se creuse, les premières lancées montent de mon sexe jusqu’à mon cœur qui se déchaîne. Ariane ouvre grande la bouche pour inspirer une dernière bouffée d’air avant l’apnée orgasmique. Laurent tend son bas-ventre, comme pour aller chercher encore plus profondément tout ce qu’il va déverser dans le giron d’Ariane.


L’orgasme me tétanise à l’instant où le visage de Laurent se transforme. Comme jamais, ce que ses yeux et tous les muscles de sa face révèlent de son plaisir met le feu en moi. Au point d’arriver à ressentir contre les parois de mon propre vagin les pulsations de son sexe en train de se vider dans le ventre d’Ariane. Leurs cris couvrent les miens, nos corps tremblent violemment, en proie à la plus formidable jouissance qui m’ait été offerte à ce jour.


Laurent finit par s’effondrer sur Ariane, qui le serre amoureusement entre ses bras. Un ravissant sourire orne ses lèvres charnues, ne laissant aucun doute sur sa satisfaction virile. Je me blottis contre lui pour me saouler de son odeur et de sa chaleur. Ariane, épuisée, ferme les yeux, bercée par les dernières secousses qui parcourent nos corps. Longuement, nous restons enlacés, incapables de mettre fin à un partage d’une telle intensité.


J’ai mis beaucoup de moi dans ce jardin. Mais jamais je n’aurais pu imaginer y découvrir autant de sortilèges. Aucun doute que la nature de Laurent, tout comme la générosité d’Ariane y soient pour beaucoup. Après ce que nous avons partagé, j’ai déjà plein d’idées pour le transformer et l’enrichir de nouvelles constructions, plus stimulantes les unes que les autres.


Quitte ou double ? Ce qui vient de nous arriver me donne furieusement envie de doubler. Mais contrairement à mes habitudes, sous le coup d’un agréable bien-être. Qui sait si je n’arriverai même pas à donner à Laurent l’envie de m’inspirer pour faire de ce jardin un agréable lieu perdition ? Quant à Ariane, pourquoi ne reprendrait-elle pas l’hôtel de l’Ange. À moins qu’elle envisage de se lancer dans le recyclage des chaussettes orphelines !