n° 14699 | Fiche technique | 8052 caractères | 8052Temps de lecture estimé : 6 mn | 13/12/11 |
Résumé: Un couple parvient à faire l'amour sans se toucher. | ||||
Critères: fh ff hh couple cérébral anulingus nopéné hsodo humour -humour -couple | ||||
Auteur : Samuel Envoi mini-message |
Ils avaient déjà fait l’amour avec toutes les variantes possibles. Enfin, presque toutes. À deux, ils avaient fait l’amour à trois. Mais aussi à Troyes, en pleine ville, devant deux badauds et un bedeau. Ils avaient fait les portes cochères et les capots de Buick, les toilettes publiques et privées. Ils l’avaient fait aussi sous l’emprise du Pernod et de la Tequila, sous l’effet du tabac à priser comme de la coke. À vingt-six ans, il leur semblait qu’ils avaient tout essayé, même les positions des Indiens guatémaltèques avant l’arrivée de Christophe Colomb.
Alors ce soir, Patricia et Laurent sont allongés sur le lit, les yeux au plafond. Patricia se lève et met de la musique : Plays for lovers (Mile Davis). Elle se déshabille et reprend sa pose. Laurent se lève à son tour, coupe la musique et se met nu en expliquant qu’il faut le silence. Impérativement le silence. Ils sont immobiles comme deux personnes mortes. Il reprend la parole et dit qu’il faut laisser les mains le long du corps, surtout ne pas toucher son ou sa partenaire. Elle s’exécute et précise que l’important maintenant est de ne plus bouger. Il s’agit de faire l’amour dans cette position. Tout viendra de l’esprit.
Le pénis de Laurent est à peine gonflé ; il repose sur son ventre et bouge très légèrement au fil de la pensée. Patricia observe et lui signale que sa queue se manifeste en roulant un peu sur la gauche. Il lui répond qu’il y a aussi d’imperceptibles mouvements des testicules. Elle dit qu’elle commence à ressentir une minuscule pression de son vagin. Aussitôt, elle observe un léger décalottage du gland chez son voisin. On peut même dire que le pénis commence à décoller. Patricia ferme les yeux ; elle sent comme un picotement, peut-être une humidification de ses membranes, mais elle ne peut pas vérifier. Elle constate que sa respiration n’est plus aussi calme. Elle demande si elle peut se gratter les cuisses. Il lui est répondu brutalement qu’il n’en est pas question. En plus, elle se fait réprimander car cette interruption de la tension a pour conséquence de faire retomber le membre de Laurent, flasque, dans sa pose initiale. Tout est à refaire.
Mais Patricia inconsciemment entrouvre les lèvres, et son amant imagine qu’elle s’approche de son sexe. Aussitôt, le plaisir le gagne, ce qui se traduit par quelques soubresauts du pénis qui se gonfle. Patricia confirme qu’elle mouille ; cette fois, elle le sent parfaitement. C’est modeste, mais c’est un début. À ce moment de l’action, Laurent va tromper Patricia et penser très fort à Mélanie. C’est une amie qu’il voit peu, mais à chaque fois, elle a le chic pour lui faire une fellation à base de glaçons, qui reste une énigme pour lui, mais qui réussit toujours à le laisser pantois. Sa verge est désormais à l’horizontale.
Patricia ne dit rien, mais elle est sûre qu’il pense à Mélanie. Pour arriver à ça aussi vite, il faut vraiment qu’il y pense. Alors, puisque c’est comme ça, elle prend dans ses souvenirs la quéquette de Roland. Elle a un goût incomparable la quéquette de Roland. Elle ne sait pas ce qu’il fait avec, mais elle est unique, indescriptible… Et à partir de là, elle ressent un doux filet de cyprine couler le long de ses cuisses. Elle l’avoue à Laurent qui constate avec plaisir l’ampleur prise par son membre, et tout cela sans qu’on l’aide autrement qu’avec l’imagination. On peut considérer qu’il est maintenant au maximum de son volume. Patricia le voit bien ; sa coulée augmente et va se nicher dans le creux des fesses. La sensation est unique. Désormais, elle se sent bien. Elle laisse le désir la prendre. Elle gémit sourdement. Laurent est au comble de la tension. Vont-ils arriver à l’orgasme ensemble ?
Malheureusement, ils sont vite obligés de constater que l’excitation retombe. Ils sont arrivés à un palier de plaisir, mais faute de pouvoir utiliser les mains ou les lèvres, ils ne peuvent pas aller plus loin. Patricia voudrait abandonner, ou plutôt s’abandonner dans les bras de son voisin de lit. Mais Laurent est têtu, il veut pousser l’expérience le plus loin possible. Il faut plus de concentration, tel est son diagnostic. Elle lui dit qu’elle ne peut pas plus. Il lui demande de faire un effort, d’accepter une nouvelle tentative.
Le problème est qu’il faut tout reprendre depuis le début. Patricia demande une pause. Elle va boire un verre d’eau. Elle n’a pas droit à une autre boisson ; Laurent est formel. Il ne faut aucun excitant, sinon l’expérience n’a plus de valeur. Elle revient et reprend sa position sur le lit. Et tout repasse par sa tête et particulièrement la quéquette de Roland, qu’elle visualise parfaitement, et même le goût de son sperme, qu’elle a léché jusque sur ses bourses. Si Laurent savait cela ! Mais après tout, c’est lui qui veut à tout prix qu’on continue ce petit jeu, alors il faut bien prendre l’excitation où elle peut. La première fois, Roland lui a dit qu’elle avait une bouche de suceuse. Elle se souvient qu’elle avait été fière de ce compliment. Aujourd’hui, elle trouve tout cela un peu ridicule, évidemment. Il devait dire la même chose à toutes ses conquêtes, ce saligaud. Mais c’est vrai que dans la fac, la quéquette de Roland, toutes voulaient y goûter. Il devait bien y avoir une raison…
Laurent, de son côté, a refait tout son cinéma avec Mélanie. Il se souvient de la fois où elle lui avait mis un doigt dans l’anus pour qu’il éjacule plus vite. Il sent encore cet index intrusif… Bref, après bien des efforts sur leurs esprits et seulement sur leurs esprits, ils sont revenus au même niveau d’excitation maximum de tout à l’heure. Mais comment aller plus loin ? Et il faut faire vite, parce qu’ils savent aussi que cet état est passager, que tout peut s’arrêter en quelques instants, et qu’il est hors de question de reprendre une troisième fois.
Alors que de nouveau la cyprine coule dans la raie culière, Patricia ressent un léger tremblement. Elle se souvient, à la manière de la madeleine de Proust, d’une caresse identique. Oui, maintenant, elle retrouve la situation. Une copine, Mélanie, lui avait bouffé le cul sans prévenir, un jour qu’elles révisaient ensemble. Brusquement, elle lui avait baissé son collant et lui avait fait ce qu’on appelle une feuille de rose. Elle avait entré sa langue dans son anus et avait tourné, tourné… Cette scène n’avait pas eu de suite ; aucune des deux n’y avait jamais fait allusion. Mais ce soir, sur ce lit, c’est la langue de Mélanie qui lui procure un orgasme et une jouissance étonnante.
Laurent profite de son halètement quasiment pornographique pour bander derechef, mais il n’arrive pas à éjaculer, malgré tous ses efforts. C’est alors que lui revient le souvenir d’un soir dans les douches du club de judo. Il ne restait plus que Roland et lui. Pour rire, ils se sont pris dans les bras. Puis, d’un seul coup, Roland l’a retourné par un osotogari splendide, et il a senti son petit trou forcé tout en douceur, mais forcé quand même. Et c’est ce souvenir cuisant qui lui revient maintenant et c’est cette sodomie imprévisible qui lui vaut à l’instant une éjaculation spectaculaire. Ils resteront ainsi des longs instants les yeux clos, dans un bonheur qui les bouleverse.
Une fois à table, les deux amants se disent qu’ils s’aiment tellement fort qu’ils n’ont même plus besoin de se toucher pour faire l’amour. La prochaine fois, ils se coucheront sur deux lits séparés, puis dans deux pièces différentes, enfin – ce sera le summum – ils resteront habillés. Patricia et Laurent ont découvert l’union céleste de deux esprits purs.