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n° 14747Fiche technique23000 caractères23000
Temps de lecture estimé : 14 mn
08/01/12
Résumé:  C'est le dîner des sans-culottes, donc en chemise, et sans rien d'autre dessous. J'y vais avec Olivier. Nous y retrouvons Julien et Marion, ce couple d'amoureux... comme nous, d'ailleurs.
Critères:  fh 2couples jeunes extraoffre danser fête amour jalousie noculotte pénétratio nostalgie
Auteur : SophieF.            Envoi mini-message
Le dîner du 14 juillet



J’aime assez cette chemise noire avec un col rouge. Olivier la prend rarement, peu de cravates vont avec et il se croit obligé d’en prendre une depuis qu’il effectue son stage. Antoine est avec lui. Un joyeux luron, Antoine ! Mais il est trop dragueur, il collectionne… Quant à Olivier, s’il veut jouer avec le feu, ce soir, eh bien on verra, comme il dit. Nous sommes ensemble depuis presque six mois. Il me suffit tout à fait, bien que je regarde ailleurs quand même de temps à autre, comme tout le monde. Mais je regarde et ne touche jamais. Ça pourrait donc changer… J’avais peur de lui faire de la peine. J’étais idiote, la preuve !


Elle est bien courte, cette chemise, elle couvre tout juste mes fesses. Si je lève les bras, ou si je me penche… Bon, Olivier l’aura voulu ! Il ne me dit pas où nous allons. Il conduit sa vieille Clio de la main gauche et me tripote de la droite. Je serre les genoux.



Moi ? Bonnet de nuit ? Il sera cocu ce soir et il ne l’aura pas volé, même si je n’ai qu’Antoine à me mettre sous la dent… Je sucerai Antoine devant tout le monde, je serai sa Cléopâtre, Olivier relèvera ma chemise et montrera mon cul à tous ses copains Qui n’en veut, du cul et du minou de la p’tite Sophie, qui n’en veut ? Je mouille à cette idée mais je ne vais pas le lui dire.


Lointaine banlieue, à la limite des champs. De nombreuses voitures sont déjà garées. Olivier me donne la clé de la Clio pour que je l’accroche à la chaînette de ma cheville gauche. Le reste du trousseau a été mis dans la boîte à gants avec son portefeuille. Tout a été payé d’avance. Les consignes sont claires : rien d’autre que nos chemises !



Un hôtel-restaurant, une salle bruyante au-delà du couloir, hommes et femmes sont habillés normalement. Se serait-il trompé d’établissement ? Des gens sourient en nous voyant en chemise. Devinent-ils que nous n’avons rien dessous ? Il parle à un maître d’hôtel qui lui désigne l’escalier, au fond de la salle. Nous gravissons.



En effet, il y en un en bas, qui lève la tête en souriant béatement. Antoine est à l’entrée, avec une brune assez quelconque.



Bises. Olivier se colle contre Virginie. Antoine me serre dans ses bras et appuie son bas-ventre contre le mien. Il ne bande pas, me semble-t-il. Nous allons de groupe en groupe, je ne connais pas tout le monde. Les baisers sont tantôt amicaux, tantôt très proches des lèvres, voire carrément sur les lèvres. Quelques garçons me plairaient, d’autres, moins. Il y en a qui ont de vilains pieds, et des chevilles très épaisses.


La salle est grande, occupée en partie par une dizaine de tables, à six couverts par table, avec des étiquettes. Je vais voir. Je suis entre un certain Jérémy et Julien, que je connais. Olivier est en face de moi, entre Marion et une Laura, inconnue au bataillon… Julien et Marion, qui sont si amoureux l’un de l’autre ! Il y a également, dans un coin, une table sur laquelle on peut trouver des mouchoirs à jeter et une coupe pleine de capotes. Bon. Je retourne vers le groupe, d’autres convives arrivent, toujours accueillis par Antoine et Virginie. On papote, on feint de ne pas s’étonner d’être tous pieds nus et en liquette avec rien dessous.



Une bouteille de bordeaux est au centre de chaque table. Jérémy est donc ce grand brun qui a cherché mes lèvres, tout à l’heure, mais j’ai esquivé. La clé de sa voiture est attachée à son bracelet-montre. Laura est une blonde aux yeux bleus. Olivier va faire le joli cœur… Non, il semble s’intéresser uniquement à Marion, qui a revêtu une chemise grand-père, bien plus longue que la mienne. Il sait qu’elle se croyait frigide avant de rencontrer Julien. Lorsque je le lui ai dit, il m’a répliqué qu’elle essaiera sûrement avec un autre, pour voir si ça marchera aussi. Tentera-t-il sa chance ce soir ? Je ne serai pas bonnet de nuit, dans ce cas, et je ne tiendrai pas la chandelle, mais le cierge qui doit se trouver sous la chemise de Julien. Bien bâti, Julien, costaud… Deux ans de moins que moi, comme Marion.



Tout rouge, Julien ! Il lève ses deux mains pour bien montrer qu’il refuse de vérifier. Mon autre voisin, lui, soulève la nappe, regarde et confirme :



Il tente de relever ma chemise. Je tape sur sa main :



Il relève ma chemise.



Laura sursaute soudain :



Elle regarde Olivier :



Elle regarde Olivier. Les artères de son cou palpitent. Elle doit mouiller de désir pour Olivier. D’ailleurs celui-ci retire son orteil, il me laisse sur ma faim. C’est bien, il l’aura voulu. Il aura Laura, peut-être. Mais moi Julien ! Car il n’a pas enlevé la main que je viens d’aventurer sous la nappe. Mes doigts grignotent sa chemise et je tâte un gourdin de bonne taille. Je sais ce que je voulais savoir, le serveur apporte la viande et les légumes, il faut mettre les mains sur la table et manger, le cœur battant.


Olivier me fait un clin d’œil, il a vu et compris. Tentera-t-il d’accéder au gazon secret de Marion ? Je le souhaite, et lui souhaite de réussir. J’aimerais bien passer la nuit avec Julien… Ou plutôt nous quatre dans la même chambre, dans le même lit… Si je m’écoutais, mon majeur me ferait jouir en un instant, tellement je suis excitée. Mais ce serait dommage. Un peu de patience, Sophie ! Je mange ma tranche de bœuf et mes haricots verts. Trop cuit, le bœuf.



Elle ne répond pas et finit son assiette. Puis sa main droite disparaît sous la nappe, Olivier sourit et je vois sa main gauche disparaître également. Nous nous mettons à rire, Julien et moi. Le serveur emporte nos assiettes, un autre vient avec le dessert, des sorbets à la fraise. Les mains regagnent la table, Jérémy et Laura boudent, ils se sentent de trop et regardent vers les autres tables. Nous mangeons les sorbets, arrive la musique, des blues, quelques couples commencent à danser, Jérémy et Laura vont les rejoindre, la lumière devient faible, très faible.



Il se colle contre moi, je sens son désir contre ma chatte brûlante. Ses mains palpent mon dos, puis mes fesses. Il lui est si facile de relever ma chemise ! Il en déboutonne le haut pour avoir accès à mes seins, sa bouche prend mes lèvres, sa langue cherche la mienne.



La musique cesse. Il faut laisser retomber les pans de nos chemises et regagner nos places. Olivier et Marion se tiennent par la main. Jérémy et Laura vont ailleurs, bon débarras. Antoine proclame que la musique va reprendre sous peu, et que personne ne sera obligé de garder sa chemise. Fusent quelques rires, et des applaudissements. Des bras se lèvent déjà, enlevant les chemises. Les serveurs ont disparu. Des couples s’approchent de la table aux préservatifs.



Nous nous éclipsons. Sans qu’il soit nécessaire de nous concerter, Marion s’installe dans la Clio à côté d’Olivier et moi dans la voiture de Julien. Mais Olivier nous rejoint :



Je me penche et détache la clé, que je lui donne. Il roule lentement, nous suivons. Le feu d’artifice a commencé dans le lointain, place Victor Hugo, sur notre droite. Ma chemise ne recouvre pas mes cuisses. Julien les caresse, il veut toucher plus haut. Je les écarte, ma chemise remonte, il glisse un doigt entre mes lèvres intimes.



Là-dedans… L’expression me fait rire.



Il m’obéit en soupirant. Nous roulons en silence. Il ne faudra pas rater notre entrée dans la chambre. Je pense qu’Olivier aura su entretenir le désir de Laura, elle n’a jamais dû tromper Julien, et ce doit être réciproque, ils semblaient tellement amoureux l’un de l’autre. Mais ils ne se tromperont pas, puisqu’ils seront ensemble !



Olivier se gare, nous aussi. La nuit est douce. Le feu d’artifice balaie le ciel. Digicode, ascenseur, Marion dans les bras d’Olivier, long baiser. Jaloux, Julien ? Sans doute un peu. Et moi aussi, d’ailleurs… Alors je me glisse dans ses bras et lui tends mes lèvres.


Olivier ouvre la porte, prend Marion par la main, l’entraîne vers notre chambre. Julien semble hésiter, je le pousse :



À peine entrée, j’enlève ma chemise, j’arrache celle de Julien, je l’attire au bord du lit.



Il est aussitôt sur moi, et en moi. Deux autres corps basculent à côté de nous.



oooOOOooo




Voilà. Ce fut une nuit avec des moments de pur bonheur… D’abord nos hommes nous baisant en cadence, et regardant tantôt l’une tantôt l’autre, avec amour. Plus tard, revenant de la salle de bain, je vis Marion entre eux deux, une main de Julien sur ses seins, une main d’Olivier sur son pubis, en propriétaire. Comme si j’étais de trop. Mais ils m’ont souri, m’ont dit qu’ils allaient me faire de la place. Je me suis trouvée alors collée contre Marion, seins contre seins, bouche contre bouche, et nos hommes nous prenant par derrière, tantôt l’un tantôt l’autre car ils faisaient le tour du lit, leur bâton bien raide, et toujours avec le même plaisir pour moi, et les yeux chavirés pour elle. Pour la première fois, j’embrassai une fille ! J’ai recommencé plus tard, et nos bouches avaient le goût des spermes de nos hommes, mêlé à celui de nos cyprines.


Nous n’avons pas beaucoup dormi. Un peu quand même, sans bien savoir entre quels bras nous nous abandonnions. Le 14 juillet étant un jeudi, nous sommes restés ensemble le lendemain. Il y eut encore des moments de bonheur, et cette folie de vouloir être à quatre dans la baignoire… Je pensais qu’il nous serait possible de vivre ensemble. Je croyais aimer ces deux garçons autant l’un que l’autre. Une mère aime bien tous ses enfants, on peut bien aimer deux hommes à la fois, pensais-je.


Le soir Olivier a dit que quatre dans le même lit, ce n’était pas « rationnel ». Il a dit : rationnel… Si bien que je suis allée avec Julien dans la chambre d’amis. Olivier et Marion se sont enfermés dans la salle de bains. Nous les y avons remplacés ensuite. J’ai savonné le corps de Julien, il a fait de même pour moi mais je pensais à Olivier qui était avec Marion. Nous avons rejoint la chambre d’amis. J’avais l’impression d’être en visite. Nous avons entendu Marion gémir. Elle a demandé à Olivier d’y aller plus fort, de la défoncer. Elle lui a dit : défonce-moi ! Puis elle a soupiré que c’était bon, si bon…


Nous avons baisé, bien sûr, Julien et moi. Je me suis endormie dans ses bras mais au petit matin, j’étais au bord du lit, j’avais dû avoir trop chaud. Il me tournait le dos. Nue, j’ai fait le café. Alors que Julien dormait encore, Olivier et Marion sont venus me rejoindre, les yeux bouffis. Eux aussi étaient nus, ils se parlaient à voix basse, sans me regarder, j’étais de trop, je suis allée dans la salle de bain, où j’ai un peu pleuré.


Il a bien fallu que j’aille dans ma chambre pour m’habiller. Les draps étaient tachés, d’autres vêtements avaient rejoint la chemise noire à col rouge que j’avais abandonnée sur la moquette.



Il nous arrivait en effet d’en acheter chez le traiteur de la rue Victor Hugo. Mais je n’avais pas l’intention de faire les courses. Je n’avais pas pris les clés de la voiture. Je suis donc allée dans le jardin public du square Michelet. Il y avait de jeunes couples avec des bébés, des garçons et des filles qui courraient. J’ai déjeuné dans le fast-food de la place Carnot. Trois garçons m’ont draguée, ensemble ! Allons, je ne serai pas en peine d’en trouver, quand j’en voudrai, ai-je pensé en refusant gentiment d’aller à leur table.


L’après-midi, j’ai d’abord acheté un chemisier. J’en avais besoin. J’ai fait plusieurs boutiques. Ensuite j’ai visité le musée des arts et traditions populaires de la place de la Libération, en prenant tout mon temps.


Il y avait des textos quand j’ai allumé mon portable :


N’oublie pas d’acheter du tavel.

Un dessert aussi, Marion est gourmande.

Où es-tu ?

On commence à s’inquiéter.

On t’attend.

On mangerait bien sans toi, mais on n’a rien. .

Tu as rencontré quelqu’un ?

Faut-il appeler la police ?

Tu en aimes un autre ?

Tu es fâchée ?

Tu es vraiment fâchée ?

Reviens !

Reviens !


Un message d’Antoine dans ma boîte vocale :



Un autre d’Olivier, qui datait de dix minutes :



Si tu reviens j’annule tout, le SMS du cocu en train de se remarier ! Je n’ai pas pu m’empêcher de rire.


J’ai répondu par un texto :



1 = Oui. 2 = Oui.




Et je n’ai pas éteint mon portable. Il a sonné un quart d’heure plus tard :




oooOOOooo




J’ai repris ma place dans ce lit. Nous n’avons revu ni Julien ni Marion. Ils se sont séparés, nous a-t-on dit. Il m’arrive de regretter d’avoir été aussi mesquine. Je ne sais pas bien ce que je veux. Parfois, quand je fais l’amour avec Olivier, j’imagine que c’est avec Julien. Je ne me trompe pas de prénoms, puisque je dis : mon chéri. Olivier, lui, dit : ma chérie. La vie est quand même bien prosaïque.