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Temps de lecture estimé : 15 mn
14/01/12
corrigé 12/06/21
Résumé:  Paul et Marie vont enquêter, tous frais payés, sur une affaire de loup-garou dans un petit village perdu du nord du Québec ; et ce dans le cadre de leur émission de télévision "Les chasseurs d'entités".
Critères:  fh voyage voiture fellation fantastiqu québec -humour -fantastiq
Auteur : Ingyt            Envoi mini-message

Série : Le loup-garou de Sainte Marie des Bois

Chapitre 02 / 08
En route pour le bout du Monde

Résumé : Paul et Marie vont enquêter, tous frais payés, sur une affaire de loup-garou dans un petit village perdu du nord du Québec, et ce dans le cadre de leur émission de télévision Les chasseurs d’entités. Ils acceptent, sans croire à ces histoires d’homme-loup, tout simplement pour avoir l’occasion d’aller passer une belle semaine de vacances ensemble, en automne et en amoureux dans un magnifique coin de pays loin de la grande ville.







Mardi matin – 10 h 46 – en route pour le bout du monde



L’Abitibi-Témiscamingue a une superficie de deux fois la Belgique à ce qu’il paraît et on allait se perdre là-bas, au royaume des mines, des pêcheurs et des bûcherons. Wow !


Marie me faisait déjà une pipe en traversant le parc national de La Vérendrye entre les Hautes-Laurentides et l’Abitibi. Huit heures de montages, de lacs et de rivières. Une main sur le volant l’autre sur sa tête, j’en savourais chaque instant en écoutant de la musique arabe à la radio. Il ne faut jamais manquer une occasion d’enrichir sa culture.


Sa bouche chaude et humide allait et venait et laissait s’écouler pas mal de salive jusque sur mes couilles. Génial. J’adore conduire en grimaçant comme ça.


J’étais en train de caresser sa nuque quand une grosse oie sauvage sortit soudainement du bois en volant en rase-mottes au-dessus de la route. Paniqué, j’agrippai le volant à deux mains, j’allais la heurter de plein fouet, pas moyen de l’éviter. Je m’y étais résigné en souriant tristement, mais elle remonta au dernier moment et me fit de gros yeux mauvais en passant à deux pouces du pare-brise comme un avion de chasse. Je fis une petite embardée en rentrant la tête dans les épaules, mais le gros Hummer de l’armée que j’avais acheté usagé l’an dernier quand j’avais connu Marie et gagné à la loterie, tenait bien la route. Je l’avais fait repeindre en noir et on y avait apposé des autocollants sur les côtés. Le nom de l’émission et le visage de ma belle rousse. Ma conception.


Marie fut secouée d’un côté et de l’autre. Hum !



Elle rit prenant un petit air découragé.



Elle s’était fait des petites lulus aujourd’hui, je trouvais ça extrêmement bandant comme toujours et elle le savait. On aimait se faire plaisir mutuellement et le plus souvent possible. Le couple parfait, c’était nous. Pas une seule chicane en un an de vie commune. Des petites sautes d’humeur parfois, mais rien de bien sérieux.



Oufff…


Et elle y mit le paquet, donnant de la tête en agitant la langue, au point où je fis quelques nouvelles embardées avant de décharger abondamment dans sa jolie bouche en la sentant avaler aussitôt écrasant mon gland contre son palais.


Petit Jésus que c’était bon !


Je lâchai sept ou huit jets de sperme les yeux pleins d’eau et complètement crispé.

Elle me suça encore un peu pour bien me vider les couilles et se redressa en s’essuyant la bouche avec un kleenex, la face toute rouge et tout sourire.



Pas croyables, ces Japonais, et drôle de fille, ma grande bombe.



Encore des petites grimaces de ma part et cela la faisait sourire en plus.



Par le rétroviseur j’apercevais l’oie sauvage qui volait derrière nous comme une enragée. Marie regarda et sourit.



Mais au fond de moi je me disais que l’oie devait m’en vouloir d’avoir failli l’écraser. C’est possible ça ? Ou bien elle s’amusait à nous suivre tout simplement ? Probablement, mais ça m’énervait.



Elle se l’essuya et jeta le kleenex dans le sac-poubelle derrière mon siège puis se refit une beauté.



Elle rit.



Elle plissa la bouche et les yeux, figée, signe qu’elle réfléchissait.



Elle aimait bien se moquer de moi, ma belle bombe, et je le lui rendais bien quand l’occasion se présentait.



Je soulevai les sourcils, « ah les femmes, qu’est-ce qu’on ferait sans elles ! »



Je plissai les yeux, songeur, avant de répliquer :



J’eus droit à une jolie grimace avant qu’elle se remette du rouge en souriant.


L’oie derrière semblait me fixer et c’en était troublant et soudain, deux autres apparurent derrière elle, puis trois et d’autres encore. Toute une envolée d’oies sauvages nous suivait à présent. Ben voyons ! Je roulais pourtant à 110 km/h, la limite permise ni plus ni moins. C’était ma devise. Mais comme l’outarde avait, Dieu seul sait comment, appelé du renfort, j’appuyai sur le champignon. Mais elles volaient, alors elles coupaient dans les détours et les côtes, pas moyen de les distancer. Merde ! Je voyais déjà les petits os d’une outarde dans un bac en métal sur le comptoir de Dorine, et Marie riait.




12 h 10 – Pause-café



Je décidai d’arrêter à une petite halte routière pour aller aux toilettes, manger quelque chose et boire un bon café chaud mais surtout pour me débarrasser de ces damnés volatiles qui me tapaient sur les nerfs.


Les oies continuèrent en criant. Ouf ! Mais j’avais tourné au dernier moment et sur les chapeaux de roues pendant que Marie hurlait cramponnée au tableau de bord. Une fois stationnés, elle me toisa méchamment en sortant du camion et les oies revinrent comme des enragées nous tourner autour, on dut courir tête baissée pour nous réfugier dans le restaurant sous le regard étonné des clients. Il ne manquait que ce bon vieux Hitchcock et ses petits chiens.


Une fois sorti des toilettes et assis à une petite table de la cafétéria avec Marie occupée à signer des autographes tandis que la plèbe m’ignorait comme toujours, je vis mon beau Hummer couvert d’oies sauvages avec plein de gens qui filmaient l’étrange phénomène. L’une d’elles semblait me fixer en déféquant sur mon beau camion.



Outch !



Je vis une petite fille de cinq ans environ qui me regardait tandis que sa mère se faisait poser avec Marie.



Je lui fis mon plus beau sourire à la Clint Eastwood histoire de l’effrayer.

Elle partit en riant avec sa mère.



Je me contentai de sourire.


On mangea un hamburger fade avec des frites surgelées presque encore surgelées.

J’avais troqué ma pipe trop dangereuse contre des cigarillos comme mon idole. Je m’en mis un dans la bouche distraitement en cherchant mes allumettes de bois dans mes poches.



Je soupirai, me contentant de le mâchouiller en fixant la maudite outarde qui donnait de furieux coups de bec sur mes gros phares à brume tout neufs installés sur le toit.



Un gros camionneur barbu bien sympathique, trop heureux de rendre service à ma belle grande rousse hyper sexy en jean noir moulant et veste de cuir ajustée à la taille comme sur les affiches de l’émission, effraya les outardes avec une barre de fer pour qu’on puisse rembarquer dans mon 4x4. On fila à toute allure, filmés et photographiés de toute part et elles suivirent. Marie était morte de rire au téléphone avec sa tante, mais moi, ça commençait à m’énerver sérieusement.

Mon Hummer avait une longue cabine fermée et Marie était à l’arrière et filmait le cortège de volatiles pour le montrer à Pierrette. Tous les véhicules que l’on croisait nous klaxonnaient. Je roulai sur une grosse bosse, Marie vola dans les airs et tomba sur le cul.



J’allumai mon cigare avec l’allume-cigarette les yeux mauvais et fixes et me brûlai une narine en roulant sur une autre bosse. Marie cria et… boum !



Gros soupir.



Mais je continuai en fixant la route comme un enragé. Gros soupir de ma blonde. Encore un gros soupir et un autre.

La connaissant bien maintenant je savais que là, elle allait se fâcher et ça, ce n’était pas bon.

Je levai le pied en jetant un coup d’œil à mon ennemie qui ralentit aussi avec ses compagnes. Pas croyable !

Je me forçai à penser à quelque chose de zen en tirant sur mon cigare.


« AK 47… Outarde rôtie pleine de trous. Hi ! Hi ! »


Shit !


« Deux cerises sur une fesse. Oh ! »



Elle sourit, ouf !



Gros sourire.



Marie rit comme une folle un bon moment les yeux pleins d’eau.



Son rire couvrit un moment le piaillement des maudites outardes et son téléphone se mit à sonner et sonner…


Maudit YouTube !




15 h 06 – Un petit lunch



Une fois sortis du parc national, arrivés en Abitibi, on mangea à Amos dans un petit resto sympa rempli de ces damnées décorations d’Halloween. Encore là, on avait dû courir à l’intérieur. La serveuse et la population locale n’avaient jamais vu d’outarde dans la petite fontaine publique juste en face du resto, de l’autre côté de la rue. Des enfants leur jetaient des miettes de pain et nous, on devait les fuir. Gros soupir en dévorant ma poutine pas mal délicieuse d’ailleurs.


Encore un attroupement autour de Marie qui se fit poser et poser, puis avec la propriétaire. Celle-ci allait placer fièrement cette photo derrière le comptoir à côté de celle de Nathalie Simard, de Greta l’avaleuse de sabres et de Céline Dion. Navrant !


L’homme invisible mâchouillait son cigare et buvait du café tiède en lisant dans le journal local la triste histoire de Kilko le clown qui avait explosé avec sa maison. Une célébrité locale qui, avait-on découvert par la suite, possédait un laboratoire clandestin dans son sous-sol. Il fabriquait sa propre extasy qu’il revendait par la suite dans les foyers de l’âge d’or où il donnait des représentations. Wow !


On reprit la route en suivant les indications du GPS avec notre escorte qui n’avait pas eu le temps de nous attaquer en sortant du resto, trop occupée qu’elle était à manger du pain. Encore quatre heures de chemin non pavé à faire en plein bois et qui nous amenait au bout du monde. Après l’Abitibi, au nord du Québec il n’y avait que montagnes, lacs, rivières et forêts jusqu’à la toundra arctique, la baie d’Hudson, puis le pôle Nord. La civilisation s’arrêtait ici. Enfin, celle à laquelle on est habitués, nous, les gens du sud.


Plus tard, Marie prit le volant, conduisant menton en l’air comme la plupart des femmes le font et lunette sur le bout du nez, qu’elle devait mettre pour conduire ou lire tandis que j’admirais le paysage. Les bouleaux, les érables et les trembles avaient revêtu leurs couleurs d’automne au travers des sapins et des épinettes noires et le ciel était d’un bleu éclatant sans un seul nuage, c’était magnifique. Parfois on croisait des Amérindiens à face rouge roulant en plein milieu du chemin sur des véhicules tout-terrain, ébahis par nos infatigables outardes. Des Cris ou des Algonquins sans doute.


Une heure plus tard la poussière soulevée par le camion avait fini par décourager les oies apparemment, en tout cas, elles avaient disparu ou c’était à cause des autochtones, plusieurs leur avaient tiré dessus. Ils s’étaient passé le mot avec leurs téléphones. Marie avait pesé sur le champignon dès les premiers tirs en rentrant la tête dans les épaules tout comme moi.


Petit Jésus !




18 h 48 – Lac des trois îles



Nouvelle pause-pipi, trois heures plus tard, devant un lac superbe qui s’étendait à perte de vue. Le vent froid du nord me fit rentrer mon petit oiseau assez vite et rentrer bien au chaud dans le camion tout aussi vite. Marie mangeait un sandwich en grimaçant derrière le volant.



Je le mis dans la main tendue.

Elle l’ouvrit et me regarda en plissant les yeux.



Je pris une bouchée de sandwich et grimaçai aussi. Wash ! Je le jetai par la fenêtre, une mouette sauta dessus avant qu’il ne touche le sol. Tant pis pour elle ! Je souris et m’ouvris une bonne boisson énergisante aux canneberges de Nouvelle-Écosse.



Mon sandwich tomba sur le capot, quelques secondes plus tard la mouette tomba à son tour sur la grève et roula sur le dos. Ses petites pattes s’agitèrent un peu, puis plus rien.

Oups !



Tous les deux dehors les doigts dans la gorge. C’était très romantique.


Une heure plus tard, on reprenait la route, toujours vivants, mais un peu pâles avec du Deep Purple à fond la caisse. Doing it tonight.


Yes !




20 h 18 – Toujours en plein bois



« Sainte Marie des Bois, 20 km », indiqua un panneau rempli de trous de balle. « Pas d’armes à feu », avait dit le maire-pas-de-goût-pas-de-culture. Enfin.

La nuit était tombée et ça devenait monotone et je bâillais la tête appuyée contre la vitre.



Bang ! Boum ! Hurlement !


Quelque chose de gros et de sombre roula sur le capot puis le pare-brise et disparut par-derrière.

On cria tous les deux en rentrant encore la tête dans les épaules tandis que le camion zigzaguait dangereusement sur la route.

Marie freina à mort en dérapant la face toute crispée. Le camion finit par s’arrêter de travers dans le chemin et on se regarda puis on regarda le pare-brise couvert de sang, mais encore intact.



Elle se rangea sur le bas-côté de la route, coupa le moteur et mit les clignotants d’urgence.



Je pris une lampe de poche avec le logo de notre émission gravé dessus et sortis nerveux en vérifiant le ciel étoilé. Pas d’outarde enragée, le silence total, juste de belles aurores boréales multicolores. Je ne vis qu’un peu de sang dans le gravier loin derrière en tapant sur la maudite lampe de poche qui ne cessait de s’éteindre et crus voir quelque chose s’enfuir dans le bois. Mes couilles rapetissèrent en éclairant les sapins. Mais, même avec la lune, je ne pus pas voir ce que c’était, mais c’était gros, ben gros. Tant pis.

Je vérifiai le camion, tout semblait correct, mais il y avait du sang partout.

Un peu énervée, Marie me laissa le volant et on repartit.



Petits yeux méchants de Marie.



Là, c’est moi qui lui fis la grimace pendant qu’elle riait.


Entendre son rire me fit chaud au cœur tandis qu’on descendait une côte à faire peur au plus endurci des champions de rallye. D’un côté une haute montagne boisée, de l’autre un précipice au fond duquel s’écoulait une rivière. J’allumai mes phares à brouillard au cas où, en me cramponnant au volant, les mains moites, priant pour ne pas croiser un de ces camions de bois ici.







vocabulaire :



(ma) blonde : (ma) copine, même si elle n’est pas blonde

(tout) croche : (tout) de travers

des lulus : coiffure réunissant les cheveux en deux touffes de chaque côté de la tête

marchette : déambulateur (appareil pour aider à la marche les blessés ou les personnes âgées)

maudit ! : (juron)

niaiser : taquiner

pis : puis

poutine : plat de fast-food, au Québec. Frites, fromage, sauce brune

sacrement ! : (juron)

sasquatch : sorte de yéti, au Canada

tabarnouche ! : (juron)