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n° 14777Fiche technique73156 caractères73156
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Temps de lecture estimé : 51 mn
23/01/12
corrigé 11/06/21
Résumé:  Je vous souhaite de ne jamais avoir à en passer par là...
Critères:  fhhh fsoumise strip fellation fdanus fsodo délire humour
Auteur : Hidden Side      Envoi mini-message
Mon stage chez New Life

J’étais là de mon plein gré, soi-disant. En tout cas, je faisais tout comme. Selon notre conseiller conjugal, c’était ma dernière chance d’éviter le divorce, ma dernière cartouche pour récupérer Nathalie. Malgré les apparences, ma femme, je l’aime. Je ne veux pas la perdre. Simplement voilà, j’ai un peu déconné…


Faut dire que nous les mecs, on est programmés pour être polygames. C’est pas notre faute, si on est victimes de cette saloperie d’atavisme qui nous oblige à foutre tout ce qui porte jupette. Non, j’invente rien. C’est prouvé génétiquement. Disséminer notre sperme dans un maximum d’utérus, engrosser des nanas à tout va, ça reste la meilleure façon de perpétuer notre patrimoine et au final d’assurer la survie de l’espèce. Bon, avec la maîtrise de la contraception, on sait bien qu’on l’atteindra plus, notre but – répandre des bâtards un peu partout sur terre – mais que je sache, le plus court chemin vers l’utérus passe toujours par le vagin, non ? C’est la nature humaine, on n’y peut rien. Mais essayez de lui faire comprendre ça, à Nathalie !


Certes, on n’est plus à l’époque des Mammouths. On risque plus de se faire éventrer par un tigre à dents de sabre en allant chercher sa bectance chez Monoprix. On peut même distiller notre semence tranquille, après le journal de 20 h, sans craindre que bobonne se fasse capturer par une tribu cannibale ou que l’appart soit mis à sac par M. Boudu du troisième. N’empêche qu’il est toujours là, notre cerveau reptilien, primitif, vicelard, dix fois plus rapide que ce putain de néocortex. Cela dit, lui non plus n’est pas le dernier à vous glisser des idées salaces sous le crâne…


Et pour tout arranger, le sexe est présent partout dans nos sociétés, planqué jusque dans les pubs télé et les magazines féminins. Et surtout, surtout, en embuscade sur le net. Un clic malheureux et hop ! Vous voilà propulsé dans la grande vitrine à illusions, le mégadistributeur de fantasmes. Une fois accro, c’est l’escalade, les liaisons dangereuses, le libertinage à tout crin et parfois à tout prix, la déchéance.


En tout cas, moi, c’est comme ça que je suis tombé dedans. C’est vachement pernicieux, ce machin-là ; j’ai commencé tranquille, par de simples images de fesses, et j’ai fini par tromper ma femme sur des sites spécialisés, avec des filles qui ne demandaient que ça, de vraies folles du cul. Je voulais goûter à tout, connaître toutes les jouissances. On m’a diagnostiqué porno dépendant, hypersexuel compulsif et que sais-je encore… J’ai bien essayé de décrocher, mais j’y suis retourné à chaque fois. Et chaque fois c’était pareil, j’étais trop faible pour repousser la tentation.


Alors me voici, comme un con, achevant ma cure au centre de la dernière chance, « une retraite particulière » comme ils disent, qui doit m’aider à faire le point sur moi-même, à maîtriser mes désirs hypertrophiés, à me libérer de ma libido maladive – le tout pour six mille euros les quatre semaines. Eh oui, quand même ! Sans compter que ça m’a bouffé mes RTT et la moitié de mes congés…


Je le revois encore, le thérapeute de ma femme, Jean-Bernard de Montbrison, cet abruti avec son visage de fouine et ses manières sucrées. Voilà ce qu’il lui avait dit, à ma Nathalie, en lui tenant la main d’un air faussement contrit :



Mon épouse l’écoutait religieusement, les fesses posées sur le rebord du fauteuil, les yeux perdus dans ceux du toubib. L’autre a poursuivi son show, la voix vibrante, quasiment la larme à l’œil :



Et c’est là qu’il lui avait glissé sa plaquette merdeuse sur le centre « New Life », dans les Pyrénées orientales. Ils se sont penchés sur la brochure, pratiquement joue contre joue, sans se préoccuper de ce que j’en pensais. Il avait passé le bras autour de ses épaules pour la réconforter. C’est qu’il se la jouait paternel, ce con ! Mais moi il ne me trompait pas, avec ces airs de faux cul. Malgré sa barbe grisonnante et son look de médecin de famille, fallait voir les regards qu’il lui lançait à ma femme, ce vieux gnou ! Il aurait bien profité de sa détresse pour lui filer un bon coup de goupillon…


Quelque part, je le comprenais. Nathalie est du genre agréable à regarder, sans compter qu’elle devait bien avoir vingt ans de moins que lui. Une très belle nana, féminine, brune, élancée, avec tout ce qu’il faut pour remplir les mains d’un honnête homme. C’est à se demander ce qui m’était passé par la tête pour en arriver là !


Je ne suis pas qu’une bite sur pattes, j’ai aussi un cœur. Et même des regrets. C’est pour ça que j’ai accepté de tenter l’expérience, le plus honnêtement possible, en dépit de ma méfiance envers ce type. Et aussi pour prouver à ma femme que j’étais en mesure de changer…



-oOo-




Je me rappelle mon arrivée chez « New Life » comme si c’était hier. Quelle idée d’aller foutre ce stage au sommet d’une montagne ! J’ai bien dû redemander trois fois mon chemin, avant de trouver la route qui menait à ce vieux mas perdu entre Font-Romeu et Andorre. Du coup, j’y suis arrivé à la nuit tombante, sans même prendre le temps de m’arrêter pour manger un morceau.


À ma descente de voiture, un couple est venu m’accueillir. Malgré le froid, ils étaient tous deux vêtus d’une sorte de toge romaine, une tunique claire attachée à l’épaule par des cordelettes. Ils portaient des espadrilles catalanes, avec de longues ficelles noires lacées sur les mollets. Et ils semblaient très jeunes.



J’ai eu envie de répondre : « Ben non, Ducon. Je suis allé ramasser des cèpes dans la forêt, histoire de flâner un peu avant de m’enterrer dans votre trou à rat ! » mais au lieu de ça, je me suis entendu dire :



Là, j’ai failli m’énerver. Six mille euros et même pas un casse-dalle ? Y avait de l’abus au pays de Mickey !



En parlant de miches, la poulette qui accompagnait le jeune en avait de sacrément belles. Sous le drap de lit qui lui couvrait le buste, c’était rond et ça semblait plutôt ferme. Les gentilles organisatrices avaient un look sympa dans le coin, c’était déjà ça ! Quant au type, il m’a regardé d’un air surpris, ne sachant pas trop si je me fichais de sa gueule ou pas.



J’ai donc suivi le couple dans une cour pavée, où des gens déguisés en chanoines traînaient de-ci de-là. Il leur manquait plus que la tonsure ! Leur truc, ça commençait à ressembler méchamment à une secte… Bon Dieu, mais qu’est-ce que je foutais là ?


Un peu à l’écart, il y avait une petite troupe en civil, cinq hommes et deux femmes. Certains d’entre eux tiraient sur leurs clopes avec nervosité. Tous faisaient la gueule, apparemment aussi désolés que moi d’être là, à se les cailler. Ce devait être les « nouveaux »… Le groupe des « anciens » aurait été ravi de se casser d’ici !


Luc a fait les présentations. Attention, ici, tutoiement obligatoire !



Pour tout le monde, j’étais « Patrick ». Je n’ai pas fait l’effort de retenir les prénoms, sauf pour les filles. Ça viendrait plus tard. Les autres ayant déjà fait plus ou moins connaissance, j’ai tapé l’incruste avec les deux nanas. Physiquement, elles n’étaient pas trop mal.


Notre petit groupe s’est alors avancé à l’intérieur du mas, à la suite de Luc. Nous nous sommes retrouvés dans une grande pièce blanchie à la chaux, avec au plafond des poutres noires de suie. En dehors de deux longues tables et de quelques bancs, la déco était réduite au strict nécessaire. Chez New Life, ils faisaient dans le rustique minimaliste…


D’autres gens sont entrés, détendus et très souriants. Ceux-là même que j’avais vus dans la cour, vêtus de leurs longues toges grises. Les futurs « diplômés », probablement. Diplômés en quoi ? En sex-contrôle ? Recordmen d’abstinence ? On s’est poussés au fond de la salle pour leur faire de la place. Il y a eu des murmures dans notre groupe, des petits rires crispés. On les enviait de repartir vers le monde civilisé, de rejoindre leurs familles. Confusément, on savait tous qu’on allait en chier…


La porte s’est ouverte à nouveau et Gandalf le Blanc est arrivé dans son chiton immaculé (en réalité, un post-soixante-huitard décomplexé répondant au doux nom de Rémy Espérendieu). Il n’avait pas sa grande canne noueuse, mais une barbe presque aussi longue que l’original. Le silence s’est imposé aussitôt.


Le grand mage a commencé par s’adresser à nous, les nouveaux :



Un frémissement ému a parcouru la foule, assorti de quelques dénégations respectueuses. Pour tout le monde, ce type semblait être au minimum le messie.



Et les autres déguisés de scander : « New Life ! New Life… » Nous, les nouveaux, on s’est regardés, franchement décontenancés. On était là pour quelques petits problèmes d’addiction, pas pour se faire lobotomiser la tête !



Un peu facile, sur ce coup-là ! Le vieux se dégageait de toutes responsabilités. En gros, pas d’obligation de résultat de la part de New Life.


Perdu dans mes pensées, je n’ai pas écouté la suite de son discours. J’ai soudain vu mes compagnons se diriger vers nos bagages, puis commencer à défaire leurs affaires, là, devant tout le monde.



Pas le temps d’épiloguer. Je n’avais pas encore repéré ma valisette que la petite blonde à côté de moi retirait de son sac un large gode noir. Après l’avoir balancé au milieu de la table, sur un tas déjà conséquent de revues pornos, elle a sorti un tube de lubrifiant, modèle familial, et deux paquets de préservatifs à la fraise. De mon côté, j’ai ajouté à ce monceau d’infamies le supplément trimestriel de « Furax » ainsi qu’une poignée de « Allo Salopes ». Merde ! Avec quoi j’allais me masturber, maintenant ?


Mais c’était pas suffisant… Un déluge de portables s’est soudain déversé sur la toile cirée. Les portables aussi ? Là, j’étais vraiment à poil. J’avais presque envie de chialer.



C’est sûr que comme ça, ça n’allait pas être facile-facile de se branler au téléphone avec Brigitte ou Laetitia…



Aussi sec, mes compagnons se sont mis à retirer leurs fringues. Quelle bande de couilles molles ! Quant à moi, je suis resté bras croisés, refusant de me laisser faire. S’avisant de mon refus, le gourou s’est avancé vers moi.



J’ai été surpris qu’il connaisse mon prénom. Finalement, Gandalf avait un tout petit peu bossé, il avait fait l’effort de jeter un œil à nos fiches avant son speech…



J’ai scruté mes compagnons de misère, cherchant un soutien, une approbation. Rien à espérer de leur côté : ils grelottaient en slip autour de moi, dansant d’un pied sur l’autre en attendant qu’on leur apporte la fameuse livrée du séminariste, la tunique unisexe et les espadrilles en paille compressée.


J’ai alors laissé traîner mes yeux sur Marianne, l’amatrice de sextoys. L’occasion de vérifier qu’elle était bien blonde de partout, avant qu’on ne l’empaquette dans une robe de bure… La jeune femme portait une sorte de cache-sexe arachnéen, guère plus qu’une ficelle autour de la taille. Quand j’ai aperçu son mont de vénus glabre et la conque parfaitement lisse de sa vulve, je n’ai pas pu m’empêcher de triquer. À travers le tissu fantôme, on distinguait même le capuchon proéminent de son clito, orné d’un piercing en forme d’alliance. Un tatouage très suggestif décorait son aine nerveuse, tandis que le bout de ses seins était percé de deux anneaux d’argent. L’image même de la nymphomane dans toute sa splendeur.


Qui était-elle ? Une libertine repentie, une soumise révoltée ? Je n’ai pas eu le temps de m’interroger plus avant. Ça remuait pas mal du côté des futurs diplômés : en un rien de temps, l’un des mecs s’est débarrassé de sa défroque sous laquelle il était nu et en pleine érection. Puis, les yeux fous, il s’est rué vers Marianne, avec l’intention évidente de la pistonner sans autre forme de procès.


Statufiés par cette explosion de violence, nous n’avons même pas pensé à faire un rempart de nos corps à la pauvre blonde, complètement terrifiée. Juste avant que le forcené ne la choppe, deux mecs se sont subitement matérialisés à ses côtés. Musclés, le visage impassible, la coupe en brosse, ils l’ont aussitôt plaqué au sol, avec une clé au bras qui devait faire drôlement mal. La bave aux lèvres, le mec couinait pour qu’on le lâche. J’osais plus regarder, m’attendant d’une seconde à l’autre au claquement sec d’une épaule qui se déboîte ou d’un os qui pète. Sans qu’un seul mot ne soit échangé, ils l’ont relevé et poussé hors de la pièce.



À mon avis, le mec qu’on venait de sortir risquait de ne pas avoir le sien… Ce devait être sévère comme cure, quand même, pour en arriver là !


Finalement, nous avons tous passé l’informe tenue marron du stagiaire – belle couleur de merde ! – avant de nous retrouver autour d’une table dressée pour un apéro sommaire. Sans alcool, s’il vous plait ! Affamé comme je l’étais, je me suis enfilé des tranches de saucisson sec tout en écoutant les conversations autour de moi, trop occupé à mâcher pour participer.


C’est en général là que les gens se lâchent, que les confidences les plus croustillantes se transmettent.



Merde ! Pourvu que dans mon groupe il n’y ait pas ce genre de tarés !



-oOo-




La méthode proposée par Gandalf et ses sbires s’appuyait sur quelques règles simples, dont l’abstinence volontaire et la restriction des contacts avec l’extérieur. Elle impliquait également trois conditions préalables. Tout ça était expliqué en long et en large dans le manuel du parfait disciple, qu’on nous avait distribué après le départ du groupe précédent et demandé d’apprendre par cœur :


1er préalable : chaque participant est réputé s’être inscrit à ce stage de son plein gré. Ça partait mal ; j’aurais jamais foutu les pieds ici s’il y avait eu un autre moyen de ramener ma femme à la maison.


2ème préalable : chaque participant admet qu’il n’a plus aucun contrôle sur ses addictions sexuelles et que sa vie est devenue ingérable. Ben disons que si Nathalie était moins suspicieuse, j’y serais peut-être mieux arrivé, à gérer ma double (voire triple) vie…


3ème préalable : l’objectif primordial de chaque participant est de retrouver le contrôle de sa vie. Tu m’étonnes ! Et aussi celui de ma femme, par la même occasion.


Du côté des règles, ça reprenait grosso modo les interdictions classiques d’une cure de désintoxication :


– Durant quatre semaines, ne pas quitter sans autorisation le périmètre du lieu de stage (fastoche, on avait laissé nos clefs de bagnole à Gandalf et il n’y avait pas un bled à 20 km à la ronde)


– Respect du « couvre-feu technologique » (pas de portables, d’accès internet ni même de pigeons voyageurs)


– Sobriété absolue (aucune incitation à la débauche, ni encouragement, ni participation à aucun acte sexuel y compris avec des personnes consentantes).


– Obéissance : suivre sans discussion les directives et recommandations des encadrants, en qui le stagiaire a toute confiance pour le guider vers le but qu’il s’est lui-même assigné. (Aïe, là il y avait au moins deux ou trois affirmations dont on pouvait sérieusement douter…)


– Tout manquement pouvant se solder par l’exclusion immédiate et définitive, sans que le centre New Life soit tenu de rembourser le moindre centime.



En clair, l’instauration d’une belle dictature… Une discipline militaire s’est d’ailleurs rapidement imposée au centre, contribuant à la ritualisation immuable de nos journées.


On dormait chacun dans notre petite piaule dénudée (le style ambiant chez New Life, assez monacal comme je l’ai déjà dit), les mecs dans l’aile nord, les nanas dans l’aile ouest, plus petite. Le lever avait lieu vers 6 h du mat’ – le bordel monstre, en début de stage ! – puis on était invités à venir prendre notre petit-déj’ dans la salle commune, vêtus de nos robes de bure (le premier jour, je m’étais marré comme un bossu : on aurait dit une bande de séminaristes autour d’un Chaussé aux Moines !)


Bien que copieuse, la nourriture n’était pas top – thé et café à profusion, pain noir et beurre salé. On avait droit également à notre dose de « compléments alimentaires », des petites pilules censées nous aider à gérer le manque (anxiolytiques, antidépresseurs et probablement antibandaison). Ensuite on nous dirigeait vers les douches collectives (unisexes, malheureusement), où on nous laissait une demi-heure pour nous récurer.


Vers 7 h 30, on assistait à notre premier « groupe de parole », assis tous en cercle autour de Gandalf. En gros, une psychothérapie collective où l’on devait se flageller pendant des plombes sur ce qui nous avait conduit au culte du toujours plus. Et il y avait une séance de ce genre tous les matins ! Je ne vais pas vous infliger les détails, mais c’est sûr qu’on ne se sentait pas très fiers de nos embrouilles de couples, de nos relations tordues et des exploits commis dans nos boîtes respectives…


Marianne, par exemple, nous a avoué avoir fait le tour de tous les cadres de sa société avant de se faire surprendre sous un bureau. Dommage pour elle, le patron de la boîte, c’était son mari, et forcément elle s’était fait lourder comme une malpropre. La petite blonde jouait à celle que ça fait marrer, mais on sentait bien qu’au fond d’elle-même elle en avait gros sur la patate.


Quand nous avions suffisamment exprimé notre honte et notre dégoût de nous-mêmes, Gandalf nous laissait enfin nous traîner jusqu’à nos cellules, où l’on restait prostrés jusqu’au déjeuner.


À midi, retour à la salle commune pour une bouffe macrobiotique sans saveur (la vache ! Ils auraient pu au moins nous filer du pinard et du fromage, avec ce qu’on casquait !). Après ce qu’ils avaient le culot d’appeler un « repas », on sortait dans la cour accompagner les fumeurs, dragouiller les nanas du groupe, taper la discussion à propos de tout et n’importe quoi pourvu que ça n’ait aucun rapport avec le stage.


Il y avait divers ateliers l’après-midi : Yoga, relaxation, méditation et même poterie. Ce qui me plaisait le plus, c’était le cours de poterie avec la belle Deborah. Je ne vais pas vous raconter d’histoires, j’avais vraiment flashé sur cette fille. Pendant qu’elle nous montrait comment mouler des vases et d’autres saloperies, je m’imaginais derrière elle, les bras autour de sa taille, en train de lui tripoter les nichons.


Le troisième jour, alors qu’on était seuls dans l’atelier, j’ai glissé une main dans sa tunique. Elle ne portait pas de soutif. Sous mes doigts, c’était ferme, chaud et super doux. Là, malgré les médocs, je peux vous dire que j’avais une érection carabinée.


Elle s’est laissé faire un moment, puis, pas émue pour deux sous, elle m’a dit :



J’ai été soufflé ! C’était bien la première nana à réagir aussi peu, en se faisant palper la viande. Et pourtant, je m’étais appliqué à fond, je lui avais servi tout mon art : elle aurait dû grimper au plafond et y rester accrochée par les mamelles… Ben non, elle avait juste refermé sa tunique comme si de rien n’était.



Il y avait eu un gros blanc entre nous. Ma première réaction était de la plaindre, cette pauvre fille. Un corps pareil et incapable d’éprouver quoi que ce soit ! Jusqu’à ce que je remarque son sourire paisible, son air satisfait. C’était elle, en fait, qui me prenait en pitié…


À partir de ce jour-là, j’ai opté pour le cours préféré des meufs, le Yoga. Marianne et Anne-Sophie le pratiquaient en survêt’ moulant – le seul moment où on les voyait autrement qu’en burka. Rien qu’à les regarder se contorsionner, je fantasmais comme un malade ! (Vous m’auriez dit ça un mois plus tôt, j’aurais été plié de rire)


Bref, l’après-midi se passait cahin-caha. On pouvait lire dans la petite bibliothèque ou bien regarder des DVD. Évidemment, que des trucs sans intérêt… Enfin, à tour de rôle, on avait droit à une consultation avec le psy du centre. La fameuse « prise en charge individualisée », mentionnée en gros et en travers sur la plaquette New Life.


Une sale ordure, ce psy ! Il me rappelait Jean-Bernard la fouine, le thérapeute de ma femme. Et moi qui avais été assez con pour lui parler de ma mère (Mathilde, une divorcée au caractère bien trempé, qui nous avait menés à la baguette, mes frères et moi) ! Depuis cet épisode, cet ahuri ne cessait de me jeter à la figure mon complexe d’Œdipe tardif et ma soi-disant homosexualité refoulée, provoqués selon lui par cette Mater Familias abusive et castratrice. Comme tous les pornophiles, je détesterais les femmes en mon for intérieur (bien sûr !) et verrais dans la pornographie le moyen idéal de les rabaisser au rang d’objets sexuels, statut dégradant tout autant que rassurant… En résumé, un beau monceau de conneries !


Finalement, pour nous remettre de toutes ces émotions, nous avions droit à un repas du soir aussi dégueulasse que celui du midi.


À la décharge de Gandalf, lui et ses assistants partageaient la même pitance infâme. Comme si être privé de sexe ne suffisait pas ! Anne-So – qui s’était vite imposée comme l’intello du groupe – avait sa petite idée là-dessus :



Vers 21 h, le grand Maître décrétait le couvre-feu et il nous fallait regagner nos piaules respectives, où nous étions consignés pour la nuit. Nous avions gentiment été informés qu’un système d’alarme défendait l’accès aux chambres des filles. En substance, on nous faisait confiance… mais sans perdre de vue la nature de nos addictions.



-oOo-




Le surlendemain de mon arrivée, j’avais enfin pu téléphoner à Nathalie. Je l’avais trouvée maussade et distante, comme à l’accoutumée. Non que je m’attende à ce qu’elle saute de joie – lorsqu’on vit séparés depuis deux mois, on a perdu ce genre d’illusions – mais j’aurais aimé quelques paroles d’encouragement, un effort même superficiel pour me témoigner un peu d’intérêt.


Après dix minutes de conversation (ou plutôt un long monologue de ma part, où ma femme ne semblait vouloir répondre que par « oui », « non » ou « mmmh » à mes questions et commentaires), j’avais eu droit à une phrase complète de sa part :



Pas même un « bisous… », ou à la rigueur un conventionnel mais plus froid « Je t’embrasse ». Non, congédié purement et simplement, avec cet énigmatique « j’ai du monde à la maison ». La garce !


Qui donc pouvait se trouver à la maison à 20 h passées ? Sa mère ? Oui, ça ne pouvait être que ça… Ma belle-mère habitait le quartier – une exigence de Nathalie lorsqu’on avait acheté le pavillon – et passait régulièrement voir sa fille. La vioque ne m’avait jamais vraiment porté dans son cœur (un courtier en assurances, rien à voir avec un avocat ou un médecin !) et n’était pas la dernière à colporter des ragots sur mon compte.


Au lieu de gamberger inutilement, je m’étais accroché à cet accord tacite avec Nathalie : « Tu te soignes pour de bon, et ensuite on voit si on reprend notre vie d’avant… » JE devais faire les efforts, ELLE ne s’engageait à rien. Soit, c’était toujours mieux que de se faire présenter les papiers du divorce.


De toute façon, je savais qu’elle allait me reprendre, même si elle ne voulait pas l’admettre devant moi. Pourquoi me pousser à claquer 6000 euros – dont la moitié lui revenait de droit – si elle avait vraiment eu l’intention de me jeter ? Il lui fallait juste avoir l’assurance que j’allais arrêter mes conneries.


J’ai raccroché le publiphone avec un long soupir. Marianne qui passait à ce moment-là dans le hall m’a demandé si tout allait bien.



Inutile de préciser, j’avais abordé ma situation matrimoniale le matin même. Ce ravissant bout de blonde a alors serré ma main entre les siennes sans rien ajouter. Ça fait du bien parfois, un simple contact dénué d’arrière-pensées…



Marianne m’a fermement tiré à elle :



Tu m’étonnes… Pour une fois qu’il y avait une bonne nouvelle !


Je lui ai emboîté le pas aussitôt, espérant avoir une place tout près d’elle pendant le film. Sait-on jamais, une salle obscure, un film cochon… J’allais peut-être pouvoir la doigter en toute discrétion !



-oOo-




Ah ! La fameuse séance de cinéma porno… Seuls les mecs étaient concernés, au grand dam de Marianne, d’Anne-So et de moi-même. Mais vu de quoi il s’agissait, les filles ne perdaient rien au change. Un vrai truc de sadiques ! Ils appelaient ça la « désensibilisation contextuelle », le cœur même de la méthode New Life. Sans ça, tu valides pas le stage. Et moi, le stage, j’avais plutôt intérêt à me le faire homologuer, rapport à Nathalie !


Alors, quand ils ont demandé qui était volontaire, tu parles si j’ai levé la main. Sauf qu’avant la projection, on avait oublié de te dire que tu serais équipé comme le gars dans « Orange Mécanique », l’adepte de l’ultra violence subissant un lavage de cerveau. Tu te retrouvais bardé d’électrodes, les tétons crochetés avec des pinces métalliques, le sexe emprisonné dans un développeur pénien, obligé d’avaler une pilule censée te filer la gerbe. Et là, on t’envoyait les images.


D’abord ils te passaient des séquences « éducatives », pendant quinze minutes environ. Des prostituées témoignant de leur calvaire : souteneur sadique, privation de liberté, passes à la chaîne, violence de rue, racket et bagarres entre filles… Avec des gros plans sur les estafilades, les cicatrices, les traces de coups, les corps fatigués, malades. Et puis aussi des gamines asiat’, habillées en bimbos, la clope au bec, le rouge à lèvres, fardées comme des cadavres. Huit, neuf ans, dix tout au plus, l’air hagard, l’horreur au fond des yeux. En alternance, les photos des pédophiles qui les avaient violées, une petite planchette à matricule entre les mains. Ça te coupait net l’envie de rire…


Après ça, on te diffusait le film. Au début, très soft : un mec et une nana se baladant à travers champs, main dans la main, se bécotant à qui mieux mieux. Séquence suivante. Elle, étendue dans l’herbe, à moitié déshabillée. Lui, les yeux rieurs, lui caressant la poitrine. Ils s’aiment, ils sont heureux, c’est génial, tout va bien. Puis ils se désapent, s’enlacent, s’embrassent avec plus de passion pour finir par faire l’amour à la papa (genre années 70, quoi). Tu commences à te détendre (ou à te tendre, c’est selon), bref tu bandes gentiment.


Et là, changement de décor : d’un seul coup, une partouze enragée, un gang bang de folie ou bien une double péné bien hard. Tu te mets à bander comme un beau diable, la bave aux lèvres, tel le violeur multirécidiviste à la remise des prix… Et Bing ! Sans prévenir, on te balance une décharge dans les pec tellement strong que t’as l’impression qu’un tisonnier chauffé à blanc te tord les tétons ! Un peu plus bas, la pompe à vide se met en devoir de t’arracher la queue…


Au moment où tu penses que tu vas plus tenir, les choses se calment à l’écran et la torture s’arrête. On te montre des scènes de la vie quotidienne, une salle d’attente pleine de monde, un couple qui s’engueule dans la rue, une file de gens au supermarché. La nausée s’installe. Puis soudain, ça reprend : deux lesbiennes se gougnottent à fond, s’enfilant des godes incroyables dans tous les trous et paf ! Quelqu’un enfonce le buzzer à Julien Lepers et tu te choppes du 220 direct dans les mamelles. Cette fois, c’est plus la bave que t’as aux lèvres, c’est une bonne vieille gerbe ! Et ça recommence, encore et encore, « on/off » comme ça pendant une heure…


Vous voulez connaître la meilleure ? On était censé y passer toutes les semaines. Rien que d’y penser, ça nous filait mal aux seins.



-oOo-




À la pause de 13 h le lendemain, Anne-So m’a pris à part pour que je lui raconte la séance de cinoche. On parlait à voix basse, comme deux conspirateurs. Quand j’ai eu fini, elle avait l’air à la fois excitée et en colère :



C’est la première fois que j’entendais cette expression, mais ça collait parfaitement à ce qu’on avait vécu : une tentative pour nous faire décrocher du porno en associant douleur et dégoût à des images X.



Anne-So avait élevé la voix jusqu’à quasiment crier. J’ai jeté un coup d’œil inquiet aux alentours ; personne ne semblait faire attention à nous.



Avant que je ne puisse lui demander des détails, Anne-So avait tourné les talons. Lorsque j’ai fait mine de la suivre, je me suis aperçu qu’on nous observait. Gandalf, accoudé aux baies vitrées de la salle commune !


Depuis quand était-il là, et qu’avait-il entendu notre petite conversation ?



-oOo-




Deux jours plus tard, alors qu’on finissait notre petit-déj sur la terrasse, je me suis rendu compte qu’Anne-So manquait à l’appel. Avait-elle fait le mur après avoir trompé la vigilance des G.O. ? Marianne semblait au courant de quelque chose, et visiblement elle mourrait d’envie de partager son secret. Dès que nous nous sommes retrouvés entre nous, je l’ai interrogée sur l’absence de sa camarade.



Cinq paires d’yeux ont immédiatement convergé vers notre mascotte blonde.



Je restais dubitatif de mon côté. Les relations équivoques avec son père, sa haine contre cette mère qui faisait semblant de ne rien voir mais couvrait tout… Il y avait de tels accents de vérité dans sa voix ! OK, il s’agissait d’une intello et elle en savait plus long que quiconque sur la prise en charge et le traitement des addictions sexuelles. Mais rien ne prouvait qu’elle se soit infiltrée parmi nous pour pondre un papier à sensation.



« Changer les prénoms… » Cette simple phrase a suffi à répandre la terreur dans mon esprit. Et si Anne-So était réellement journaliste ? Et si elle déballait nos thérapies de groupe pour faire mousser son papier ? J’imaginais déjà le titre de l’article : « Mon stage chez New Life », avec un luxe de détails graveleux sur nos vies et ce qui nous avait conduits jusqu’ici… Merde ! Et moi qui n’avais avoué que le dixième de mes turpitudes à Nathalie ! J’imaginais ma femme en train d’apprendre le reste, en lisant un magazine chez son coiffeur ou son esthéticienne…




-oOo-




J’ai fini par trouver mon rythme au milieu de mes compagnons. Le déballage matinal n’était plus aussi humiliant, et il y avait cette impression réconfortante de ne pas être seul face au cycle infernal de la concupiscence (un joli mot tiroir à lui tout seul), du passage à l’acte et du sentiment de déchéance post-coïtal.


Bien qu’elle continuât à me faire magistralement la gueule, je téléphonais à Nathalie deux fois par semaine. Toujours insensible à mes demandes de pardon, mes excuses tardives, elle continuait néanmoins à prendre mes appels. C’était un lien ténu, mais un lien quand même.


Puis, vers le milieu du stage, tout a basculé. C’était en pleine nuit, je faisais un rêve érotique où ma femme, pour une fois, me taillait une pipe d’enfer (c’est dire l’envie que j’avais de la retrouver !) quand on m’a brutalement secoué par l’épaule.



Je me suis hissé sur un coude pour voir qui parlait. Le quelqu’un en question me foutait sa lampe en pleine poire.



La torche a basculé pour éclairer les trognes hilares de Ludo et Christian.



Pour toute réponse, Christian a brandi une paire de pinces coupantes.



Et là je me suis rappelé que Christian bossait dans une fabrique de systèmes d’alarme. Ces cons-là avaient neutralisé les capteurs protégeant la piaule des filles !


L’afflux brutal d’adrénaline et de testostérone m’a complètement réveillé. Une sensation de chaleur familière m’est remontée des couilles à l’estomac, s’emparant soudain de ma volonté. Gambergeant à toute vitesse, j’ai pensé à Nathalie, aux efforts pour la récupérer, à mon envie de retrouver le droit chemin…



Je me suis levé, habillé machinalement. Après tout, un strip-poker c’est pas la mort, non ?



-oOo-




Marianne nous attendait, en effet. Allongée sur le pieu, on aurait dit Shéhérazade envisageant de se laisser séduire par le Sultan, le grand Vizir et même le maraudeur de passage. Ses grands yeux nous étudiaient d’un regard chargé de désir, deux billes d’écume et de saphir brillant d’un feu insatiable, qui témoignait de l’état de sa cheminée. Elle était maquillée et fardée comme une poupée version gonflable.


Trois mecs, une fille, des tas de possibilités.



Puis elle s’est levée, a commencé à onduler en dénouant ses cheveux. Elle oscillait sur place sans cesser de nous fixer, tenant sa crinière relevée bras au-dessus de la tête, bouche entrouverte. Par moment, un petit bout de langue impertinent humectait sa lèvre supérieure. Je me sentais dans la peau d’un charmeur de serpents envoûté par son propre crotale…


L’excitation jouait de la harpe le long de ma colonne vertébrale ; je dégoulinais littéralement. Marianne a lâché sa toison pour défaire les premiers boutons de son chemisier. Ses boucles dorées sont retombées en pluie sur ses épaules, dans un ralenti surnaturel. Wouah ! La texture de sa chevelure, épaisse et soyeuse ! Je crois que j’aurais pu jouir rien qu’en entortillant une de ses mèches autour de ma bite.


Du côté des garçons, ça commençait à s’agiter sévère. Ludo avait retiré son chandail, Christian son pantalon, dévoilant une érection qui tendait son boxer comme un diable à ressort. Quant à moi, j’étais incapable de bouger ou d’ôter les yeux de cette paire de seins magnifiques, empaquetés dans un soutif aussi noir que l’âme de sa propriétaire. Bon Dieu ! Qu’est-ce qu’elle allait prendre, la pauvre ! Quinze jours d’abstinence, un trio de mâles en rut, ça allait être monstrueux !


Toujours entraînée par cette petite musique qu’elle était la seule à entendre, Marianne balançait des hanches. Et, dans le même mouvement, faisait glisser sa jupe sur ses cuisses dorées. Centimètre par centimètre, elle a dévoilé un string en dentelle ajourée, déjà marqué d’une belle tache d’humidité. On a eu un nouvel aperçu de son mont de vénus à travers le tissu transparent, une belle colline glabre surplombant le capuchon de son clito, lui-même traversé par un anneau d’argent. Je m’imaginais déjà en train de passer ma langue dans ce bijou, tiraillant ses chairs ruisselantes pour l’obliger à m’ouvrir la source de son plaisir…


Pendant ce temps, elle continuait sa danse du ventre sans s’occuper de nous. Ludo, complètement à poil, à présent, s’est glissé derrière elle et a posé la bouche à la jointure de sa clavicule et de son cou, lui embrassant la gorge avec l’empressement d’un vampire.


Soudain tremblante, la jeune demoiselle – qui avait sciemment choisi de se laisser baiser à mort ! – a fermé les yeux, avant d’égarer ses doigts dans la tignasse de son bourreau. Un long râle a franchi ses lèvres ourlées, comme si l’autre salaud lui suçait directement la chatte au lieu de lui mâchouiller la carotide. S’il ne l’avait pas retenu par la taille, elle se serait effondrée à ses pieds…


Il lui a glissé un mot à l’oreille. Obéissante, Marianne a lâché la queue qu’elle branlait d’une main leste pour dégrafer son soutien-gorge, nous faisant profiter d’une vision enchanteresse. Ses obus ont quitté leurs logements, exposant des bouts turgescents, rouge vif, raides comme des petites phalanges. D’une longueur obscène, cette chair dressée était martyrisée par des boucles de métal, qui la transperçaient de part en part.


J’avais eu l’intention de n’être que spectateur. Sincèrement. Mais en voyant les tétines bandées de cette salope, j’ai senti mes résolutions m’abandonner comme de l’eau filant entre mes doigts. Je ne voyais plus en Marianne l’orpheline ballottée de famille en famille, internée chez les bonnes sœurs, avide du regard des hommes et de leur reconnaissance, prête à tous les sévices pour ne pas risquer à nouveau l’abandon… À cet instant-là, il n’y avait plus qu’une pute magnifique en manque d’amour !


Ludo, lui, ne perdait pas le nord. Un sourire sadique aux lèvres, il s’est mis à tirer sans ménagement sur les nichons de notre victime consentante, allongeant ses mamelons aux limites de la rupture. La bouche entrouverte sur un cri muet – on ne savait s’il s’agissait de douleur ou de plaisir – notre blonde de choc se pâmait. Pendant que les anneaux la suppliciaient, écartelant ses seins tels des crocs de boucher, Marianne avait enfoui la main dans sa culotte pour se masturber comme une folle.



Nouvelles paroles murmurées à l’oreille de Marianne, qui s’est exécutée, faisant glisser le string à ses pieds. Puis qui s’est mise à quatre pattes sur le pieu, sans chichis. Le cul bien haut, cambré vers nous, les fesses écartées à deux mains.



Sous nos yeux écarquillés, il a enfoui d’un coup quatre doigts dans l’intimité de Marianne, sans aucune préparation – index et majeur dans l’anus, annulaire et auriculaire dans la chatte. C’est entré aussi facilement qu’une fiche électrique dans une multiprise. Je me suis soudain rappelé l’énorme gode que j’avais vu dans la valisette de la petite blonde. À force de pratique, notre amante partagée devait être capable de performances hors du commun…



Tel un automate, Christian s’était avancé la queue à la main.



Puis, gardant ses phalanges bien au chaud, Ludo s’est penché vers Marianne pour lui demander son avis.



Voyant qu’elle ne réagissait pas, il lui a assené une grosse claque sur les fesses. Marianne a gémi faiblement, avant de répondre :



Puis, à Christian :



Ils ont commencé à faire coulisser leurs doigts dans ses orifices, le regard halluciné, les lèvres crispées, l’air aussi absorbé que s’ils entrelardaient une volaille. Je devais avoir les mêmes yeux qu’eux, la même expression débile du mec obnubilé par ses fantasmes tordus, préoccupé uniquement de jouir, le sabre au clair, le gourdin bien arrimé, la lance en avant…


Une nausée pernicieuse était en train de m’envahir. C’était mal ! Nous ne devions pas…



Prise de frénésie, Marianne remuait les hanches à toute vitesse, pompant furieusement les mains qui lui dévissaient sans pitié les entrailles. Dans le même temps, elle hululait une bouillie de mots où s’entremêlaient les expressions les plus crues.


J’ai ravalé mon envie de vomir, fait le tour du lit en me défroquant, puis j’ai avancé ma timide érection vers cette harpie. Je me sentais dans la peau du type qui s’apprête à jeter sa viande aux lions. Marianne s’est hissée sur les coudes, le menton tendu, ouvrant grand la bouche pour que j’y enfourne ce qui me passait par la tête. Je me suis contenté d’y glisser ma queue, encore un peu mollassonne – forcément, avec toutes les pastilles dont on nous gavait… Elle a refermé les lèvres sur mon membre, m’immergeant dans la fournaise moelleuse de sa bouche. Heureusement, il lui restait assez de lucidité pour ne pas y mettre les dents.


Tandis que je la pistonnais avec mon glaive émoussé, elle me fixait par en dessous, ses beaux yeux bleus, presque révulsés, accrochés à moi. Me voyait-elle vraiment, ou n’étais-je qu’un fugace prétexte à ses propres fantasmes, Dieu sait quelle combinaison d’amants à grosses bites, qui peut-être avaient failli avoir sa peau à force de la mettre ?


Je ne sais pas ce que les autres trafiquaient derrière l’horizon bombé de son postérieur – je voyais juste le poignet de Christian coulisser entre ses fesses – mais ça semblait lui faire de l’effet. Elle a soudain cessé de balancer son corps d’avant en arrière, a bloqué ma queue bien au fond de sa gorge et s’est mise à souffler par le nez, tout en poussant des grognements sourds. Agités de trémolos, sa langue et son palais me faisaient un massage localisé, compensant l’effet de ses molaires verrouillées sur mon gland.


Son premier orgasme depuis deux semaines, avec en guise de bâillon ma pine en caramel mou… Autant dire que je n’osais plus bouger d’un poil !


Marianne a recraché ma bite et s’est mise à haleter, luttant pour recouvrer son souffle, la tête juste au niveau de mon pubis. J’en ai profité pour enfouir mes mains dans la masse de sa chevelure, électrisé par les boucles compactes. Il y avait autre chose en elle qui me faisait envie… Je me suis penché en avant pour saisir l’un de ses seins, rond et lourd, cherchant à tâtons le bijou qui le crucifiait. J’avais à peine eu le temps de tirer deux ou trois fois sur l’anneau qu’une nouvelle « réaction en chienne » se déclenchait chez ma partenaire.


Sa bouche s’est mise à chercher ma bite, sa langue faisant rouler mes couilles, enveloppées par la chaude pellicule d’air de sa respiration oppressée. Elle était aussi avide de me pomper qu’un petit veau sous la mère (comparaison un brin osée, j’avoue, mais le sexe est animal avant tout). Pendant quelques instants, je lui ai giflé les joues avec mon membre, l’empêchant de le gober à son aise. Marianne a fini par s’emparer de ma queue, entamant aussitôt une série de succions à défaillir de bonheur. Mais ça ne me suffisait pas. Je l’ai agrippée fermement par la crinière, guidant ses mouvements pour qu’ils soient bien amples. Dans le même temps, des mains nerveuses la tenaient par les hanches, amplifiant les allers et retours sur ma pine. Pendant que je m’efforçais de la baiser par la bouche, Christian la sodomisait sèchement, un rictus sauvage figeant ses traits.


Toujours docile, notre esclave sexuelle s’est remise à osciller d’avant en arrière, parcourant toute la longueur de mon manche avec ses lèvres bien serrées. L’anatomie féminine étant bien faite, nous profitions de ce mouvement de balancier pour nous faire cajoler à contretemps. Tandis qu’elle le prenait bien à fond dans le rectum, le bout de ma bite s’échappait presque de sa bouche. Puis, après une longue glissade, c’était l’inverse : sa bouche revenait enserrer ma colonne jusqu’à la base, alors que le gland de Christian se retrouvait à ballotter à l’entrée de ses fesses.


Pour mieux sentir chaque centimètre de nos bites happé par ses orifices, nous lui faisions faire la navette le plus lentement possible, ce qui la rendait quasi folle. Elle tremblait, elle luttait pour accélérer le mouvement. Peine perdue, nous la tenions, qui par la nuque, qui par les hanches…



Ludo était venu se placer à mes côtés, attendant sans doute que je gicle pour prendre ma place. Il n’en a pas eu le temps. Toujours concentrée sur ma bite, Marianne a lancé sa main à l’aveuglette, se saisissant du chibre disponible. Elle tenait enfin quelque chose qu’elle pouvait actionner à son rythme !


Frustrée par notre indolence, elle s’est mise à le branler à toute vitesse, son poing pistonnant la bite de Ludo avec une rare férocité. Sans nous concerter, Christian et moi avons aussitôt accéléré le mouvement, à la grande joie de la poulette empalée sur nos manches. Le résultat ne s’est pas fait attendre. Alors qu’elle essorait Ludo avec le talent d’une professionnelle, celui-ci a laissé échapper un râle et s’est mis à gicler dans ses cheveux, en longues saccades béates.


À la vue des jets poisseux s’écrasant sur les boucles blondes de notre délicieuse camarade, une décharge de lubricité m’a tendu en avant… Et j’ai explosé sur sa langue, inondant sa gorge de ma semence. Quelques secondes plus tard, c’était Christian qui poussait un hennissement de zèbre (une vraie ménagerie, je vous dis !) avant de se caler en elle bien à fond et de lui asperger les boyaux de fluide assainissant.


Et c’est là que le rêve a brutalement viré au cauchemar… La porte de la chambre s’est ouverte à la volée et Gandalf est apparu, la barbe en bataille, sanglé dans une robe de chambre lie de vin qui n’était pas sans rappeler le teint de son visage. Il nous a dévisagés d’un œil noir, dans un silence éloquent.


On a bien tenté de balbutier quelques explications, mais franchement, la situation parlait d’elle-même…



-oOo-




Le lendemain matin, Gandalf a reporté la psychothérapie de groupe pour nous recevoir dans son bureau l’un après l’autre. Depuis l’irruption du gourou dans la chambre de Marianne, on n’avait pas eu l’occasion de communiquer. On nous avait tenus au secret, comme une bande de criminels empêchés de s’entendre sur une même version des faits.


J’étais dans mes petits souliers. Pire que ça, je faisais carrément dans mon froc ! Cette connerie risquait tout simplement de me coûter ma place dans le stage. Pour moi, c’était la pire catastrophe qui soit, l’anéantissement définitif de mon mariage ! Par la faute de Ludo et Christian, je me retrouvais pris la main dans le sac, piégé comme un rat !


Comment j’allais les soigner, ces deux-là ! Ils allaient ramasser, les enfoirés ! Sauf que je n’ai pas eu le loisir de baver sur leur compte, le grand Maître m’a convoqué en dernier.


J’avais eu près d’une heure pour mettre au point ma stratégie : dire toute la vérité, énoncer les faits bruts, tels qu’ils s’étaient produits. Au courant de rien, innocent comme l’agneau, on m’avait tiré du lit pour une simple partie de cartes (OK, de « strip-poker » – c’est vrai, entre quatre obsédés du cul, y avait toutes les chances que ça dégénère). Une fois la partouze lancée, je n’avais rien pu faire, étant moi-même tétanisé par ce qui se passait autour de moi.


J’étais prêt à tout pour prouver mon envie d’être soigné, jusqu’à me mettre à genoux devant le vieux barbu pour qu’il m’épargne. Tout, pourvu qu’on ne dise rien à Nathalie et qu’on ne me renvoie pas chez moi illico !


Finalement, Luc et Deborah sont venus me chercher. La jeune femme avait l’air désolé pour moi. C’est elle qui m’a annoncé l’exclusion de Marianne et Ludo. Pour Christian, c’était encore en débat. Évidemment, les décisions du Maître étaient applicables dans l’instant, sans possibilité d’appel. J’ai trouvé ça dégueulasse : c’est quand même Christian qui était à l’origine de tout ce gâchis ! Sans ses compétences techniques et sa fixation sur la petite blonde, rien ne serait arrivé !


C’est donc en état de choc que je suis entré dans le bureau de Gandalf, un voile gris devant les yeux. Au moment de m’asseoir, je me suis soudain rendu compte qu’il n’était pas seul. Installé à la droite de Dieu, cette fouine de psychologue me fixait avec autant de sympathie qu’un étron grouillant d’asticots.



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Mon compte était bon. Le psy doutait franchement de ma motivation à changer et, pire, il avait réussi à persuader Gandalf que j’étais irrécupérable. Pour lui, je n’étais qu’un queutard terrifié à l’idée de perdre sa femme, prêt à toutes les compromissions pour passer entre les mailles du filet.


À ma grande honte, je dois bien admettre que cette ordure n’avait pas tout faux…



Je n’ai pas essayé de savoir s’il plaisantait. Le mot humour ne semblait pas faire partie de son dictionnaire.



Dans sa bouche, le terme « moyen » devenait presque insultant. Lui, par contre, était un salopard de tout premier ordre !



Gandalf pleurait de rire devant l’énormité de mes propos. Le psy, lui, demeurait silencieux. Il a fini par prendre la parole, d’une voix prudente et mesurée, tout en flattant pensivement sa petite barbichette.



Ce type me flanquait la trouille. Mais soudain, il paraissait moins affirmatif quant à l’incurabilité de mon cas. Ce qui pouvait se révéler décisif pour la suite.



Le psy m’a jeté un regard impatient, comme à un microbe s’inquiétant du traitement qui va l’éradiquer. Puis, martelant chaque mot, il a daigné développer en termes choisis :



C’était assez proche de mes propres théories. Je me suis toutefois abstenu d’approuver, ça aurait pu être contre-productif…


Gandalf a repris la parole :



Les deux compères ont ergoté dix minutes avant de tomber d’accord sur le principe d’une thérapie et le choix d’un protocole. De mon côté, j’acceptais d’être leur cobaye à condition qu’on ne dise rien à ma femme et qu’on ne rallonge pas la durée de la cure. C’est ce dernier point qui semblait surtout poser problème.



Gandalf paraissait surpris. Comment !? Le gourou n’était pas au courant de ce qui se tramait dans sa propre secte ? C’est le psy qui risquait de passer un sale quart d’heure !



J’ai eu soudain très mal aux seins !



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Évidemment, j’ai dit oui. Pas le choix ! Ils m’ont fait signer un tas de décharges, m’ont confiné en isolement jusqu’à la fin de la cure, à l’écart des autres. Le psy me tournait sans cesse autour, comme une mouche à merde. Bizarrement, depuis qu’on lui avait donné l’autorisation de bidouiller mon cerveau, il était beaucoup plus sympa avec moi. Comme un gosse excité par un nouveau jouet, j’imagine.


On m’a gavé de séquences vidéo sur l’adultère, en me branchant des pinces électriques un peu partout (et pas seulement sur les tétons !). J’ai dû avaler des tonnes de pilules, à en être malade comme un chien. Les derniers jours, l’idée même de me rendre aux séances biquotidiennes de training mental me filait de l’urticaire, des sueurs froides, une tachycardie de chevreuil acculé par une meute de chasseurs.


Le plus spectaculaire, à la fin du traitement, c’était les griffures et les ecchymoses sur tout le corps. Impressionnant mais pas grave du tout. J’ai même fini par m’en réjouir, imaginant que ça pourrait jouer en ma faveur auprès de Nathalie, un élément supplémentaire pour la convaincre de me reprendre. Je m’y voyais déjà : le retour triomphal du mari volage devenu women-proof, définitivement guéri par sa traversée de l’enfer, un périple accompli pour la seule femme qui compte, la sienne !


Je ne serais plus jamais en mesure de la tromper, la simple évocation du mot « infidélité » jouant pour moi le rôle d’un crucifix brandi à la face des lycanthropes. Même les créatures les plus bandantes de l’univers ne parviendraient plus à me faire dévier de ma route (peu importe que ce soit par les vertus d’un conditionnement médical, et non par ma force de caractère). J’essayais de m’en réjouir, me disant que j’avais fait le bon choix. Débarrassés de mes problèmes d’inconstance, nous allions retrouver notre vie de couple, mener enfin à bien notre projet d’enfant…


Lorsque les pinces crocodiles cessaient de grésiller sur ma peau et qu’on me diffusait du bonheur conjugal prêt à consommer, je fermais les yeux pour y substituer mon propre film : Nathalie et moi nous promenant le long de la Garonne, embarquant pour des destinations ensoleillées à mille lieues de nos soucis, faisant l’amour au pied d’un chêne, sur la nappe à carreaux d’un repas champêtre…


Qu’il est bon d’aimer sur ordonnance !



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Enfin, le jour « J » ! Voilà près d’une heure que je file sur l’autoroute. J’ai dépassé Foix, j’arrive bientôt sur Toulouse. Le Mas est loin derrière moi. Tout ce qui compte, c’est que ce soit terminé ! J’ai mon certificat de cure dans la boîte à gants, avec l’attestation de Gandalf et du psy. C’est écrit en toutes lettres : je suis guéri. GUÉRI !


Je me sens comme un étudiant sur la route des vacances, après une brillante réussite aux examens…


Ils m’ont fait la surprise de me libérer ce matin même. Évidemment, il n’était pas question que je participe à la remise officielle des diplômes. Deborah m’a raccompagné jusqu’à la voiture pour me souhaiter bonne chance. Au moment de lui faire la bise, une impulsion m’a traversé l’esprit : « Vas-y, touche-lui les seins une dernière fois. De toute façon, elle s’en fout ». J’avais à peine esquissé un geste qu’une douleur atroce me traversait les doigts. La voilà, ma confirmation : mes envies n’ont pas disparu. Simplement, entre elles et le monde extérieur, il y a à présent un filet électrique à 10.000 volts…


Je n’ai pas encore appelé Nathalie. J’envisage de lui faire la surprise en arrivant bien en avance sur l’horaire, armé d’un gros bouquet et de ses chocolats préférés. Avec le maigre espoir que cela suffise à rattraper le dernier coup de fil, aussi glacial que les précédents.


Arrêt sur une aire d’autoroute pour refaire le plein. Au moment de payer, je passe devant un présentoir qui déborde de revues pornos. Sans réfléchir, je tends la main vers le dernier « Penthouse ». Ma vision se trouble aussitôt, des crampes me tordent le bras, je suis à deux doigts de tomber dans les pommes. Les gens dans la boutique me zieutent avec inquiétude, craignant sans doute que je me mette à gerber. Dès que je repose le magazine, ça va un peu mieux.


C’est pas un filet de protection dans ma tête, c’est carrément la brigade antigang !


Je me dépêche de payer, saute dans la voiture et démarre en trombe. Tout ça commence à me faire flipper ! Comment je vais faire, moi, si je peux même plus fantasmer ?


Je ralentis un peu sur la quatre voies avant d’imaginer Nathalie à poil, m’offrant une vision quasi gynécologique de sa chatte, exposée en grand entre ses cuisses écartées : rien ne se passe, pas la moindre douleur, le plus petit symptôme… Je repense alors à Laetitia, offerte dans la même position, ses gros seins aux aréoles sombres n’attendant que mon bon plaisir, les lèvres de son con dégoulinant de jus. Une grosse embardée manque de m’envoyer dans le décor.


Putain ! Cette saloperie de conditionnement fonctionne à plein tube ! Ce truc est en train de censurer mes pensées les plus intimes ! On m’avait rien dit de tout ça, chez New Life ! Jamais je n’aurais imaginé que le contrôle soit aussi strict !



C’est ce que je fais durant les deux heures qui suivent, me jouant mille scénarios avec ma femme dans le rôle principal. Rouler m’a toujours filé la gaule, et après un mois d’abstinence (ou presque), je peux vous dire que j’ai la tête farcie d’idées explicites ! Naviguant entre passé et futur, je me remémore nos baises des débuts, quand aucun de nous deux ne semblait pouvoir se rassasier de l’autre. Je revois nos soirées passées sous la couette, sa bouche vissée à ma queue, nos polissonneries en plein air, les hôtels clandestins à la pause-déjeuner…


Me voilà enfin arrivé à Clermont. Une halte rapide chez le fleuriste, un saut au rayon chocolats chez Auchan, et en un rien de temps je me retrouve devant notre pavillon. Petit serrement de cœur en appuyant sur la sonnette. Ça va bientôt faire trois mois qu’elle m’a foutu à la porte.


Quelques secondes s’écoulent dans le calme d’un début d’après-midi sans voitures. Pas un bruit dans la maison. J’insiste, plus lourdement cette fois. Toujours rien. Peut-être qu’elle est sortie faire les courses ? Pas grave, j’ai toujours mon double.


Impossible d’enfoncer la clef en laiton dans la serrure, malgré mes efforts laborieux. J’examine, incrédule, le barillet récalcitrant, vérifie qu’il s’agit de la bonne clef, m’énerve sur la poignée qui persiste à me refuser l’entrée… Et finalement, j’admets l’inadmissible. Cette salope a fait changer la serrure !


Je tambourine à grands coups de poing sur le battant de la porte, avant d’y balancer un coup de pied rageur, m’écrasant le gros orteil…



Le père Étienne, comme on le surnomme dans le quartier, est accoudé à sa bêche, au coin de la clôture qui sépare notre villa de son jardin. Il me fixe avec un air que je n’aime pas du tout.



Je suis trop estomaqué pour réagir. L’autre tire une enveloppe cornée de sa salopette.



D’un hochement de tête, je le remercie pour la lettre (il l’a ouverte, évidemment). Je n’ose pas dégoupiller l’enveloppe qui va réduire ma vie en miettes. Je ne me rappelle pas avoir jamais eu la bouche aussi sèche…



Patrick,


J’ai failli écrire « Cher Patrick », par habitude je suppose… Mais ça n’aurait pas été franc de ma part. Honnêtement, il n’y a plus rien de cher à mon cœur quand je pense à toi.


Ces dernières semaines m’ont fait réfléchir. Je pensais qu’il suffirait que tu changes pour que l’on puisse recoller les morceaux. Mais à présent, je sais que ce qui s’est brisé entre nous ne pourra pas être réparé. Je ne pourrai plus retrouver la confiance, la tendresse, l’amour que j’avais pour toi, ou plutôt pour ce Patrick que j’ai connu un jour. C’est ainsi, il faut l’accepter (avoue que tu y as mis du tien).


Tout à fait entre nous, je n’ignorais rien de ce que tu faisais, va ! Tu étais tellement peu discret. Simplement, je ne voulais rien connaître de tes sordides histoires… Je ne sais pas si ce stage t’a permis d’évoluer. Ce que je sais, en tout cas, c’est que moi je ne suis plus la même. Mon regard sur moi-même a changé. Jean-Bernard m’a aidé à ouvrir les yeux sur la femme que j’ai cessé d’être, occultée par ce rôle d’épouse docile et « affectivement dépendante », comme tu te plaisais à le dire.



Fumier de Montbrison ! Je vois enfin clair dans son jeu. Il nous a manœuvrés comme des gosses, m’envoyant au diable pour pouvoir tranquillement séduire Nathalie, lui faire oublier son manque de charisme en montant en épingle mes travers. Le baisemain obséquieux, les confidences sur canapé, voilà comment il les emballe, ce mou du genou !


La suite est du même tonneau. Nathalie m’explique avoir succombé à l’amour comme d’autres sont touchées par la grâce, à quel point Jibé est un être rare et sensible, la beauté magnifique de leur rencontre, les sentiments mutuels qui les lient. M’avoir cocufié pendant la cure ne la gêne évidemment en rien. Ça doit même être une douce revanche pour l’épouse « affectivement dépendante », tellement brisée par mes incartades et mes mensonges.


Quant à la fin de la lettre, c’est un véritable festival : ils quittent Clermont-Ferrand pour « Punta Negra », sur la Costa del Sol, afin de s’aimer en toute tranquillité dans la garçonnière de l’autre con. Ça doit être là qu’il rapatrie ses conquêtes, les clientes en mal d’amour qui lui tombent toutes cuites entre les bras.


Mais c’est dans ses dernières lignes que Nathalie m’assène le coup de grâce :


Je sais que les élans de Jean-Bernard sont sincères. Nous n’avons rien projeté d’officiel, mais je veux être libre si tel devait être le cas. Je lui appartiens désormais, tu comprends ? Ce qui m’amène à la suite logique de tout ceci : j’exige le divorce. Tu trouveras ci-dessous les coordonnées de mon avocate, elle prendra contact avec toi pour lancer la procédure. Tu ferais mieux de te trouver un conseiller juridique avant mon retour à Clermont, et un bon. On m’a dit qu’elle était redoutable.


PS : J’ai failli oublier ! Ne perds pas ton temps avec le serrurier, j’ai donné toutes tes affaires au Secours Catholique.



Salope jusqu’au bout ! J’hésite entre lacérer sa putain de lettre et l’agonir d’injures sur son portable. Mais je suppose qu’elle doit filtrer ses appels…



C’est une tête au carré que je vais lui faire à cet imbécile, s’il continue ! Et puis soudain, ce qu’il vient de dire me frappe de plein fouet. Si Nathalie me quitte, alors il n’est plus question de fidélité entre nous… Comment est-ce que mon conditionnement va réagir à ça ?



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Mal, très mal je suis. Ça fait six mois maintenant que j’ai pas tiré mon coup. Impossible d’approcher une nana sans que ça finisse en syncope. Peux même plus me branler. C’est simple, dès que je touche ma bite, mon corps entre en éruption. Depuis mon passage chez New Life, ma vie sexuelle repose dans un coffre-fort inviolable dont seule Nathalie détient la clef !


Me voilà marqué à jamais par une fidélité épidermique à mon ex. Ce serait presque drôle si ce n’était pas aussi horrifique… Le conditionnement qui devait me détourner de l’adultère s’est transformé en véritable fixation ! Comme si mon esprit avait subi une altération indélébile, une sorte de « tatouage mental » me rendant allergique à toute présence intime autre que la sienne.


J’ai menacé Gandalf et son psy de les traîner en justice s’ils ne me rendaient pas ma liberté d’action. Ils m’ont ri au nez, me rappelant que je m’étais engagé par écrit à ne pas les poursuivre en cas d’échec du traitement. Je les ai alors implorés de me tirer de là. Et voilà ce que m’a répondu le psy :



Cet enfoiré avait ri à l’autre bout de la ligne. Il avait ri ! Comme si ce calvaire vécu par sa faute se résumait à une aimable plaisanterie !



Cet échec ne me laissait plus le choix, il fallait que je récupère ma femme !


J’ai donc tenté de convaincre Nathalie, par tous les moyens : supplications, promesses, chantage au suicide, colère, menaces contre elle et son Jules. Sans succès. Il ne me restait plus qu’à parier sur l’essoufflement de cette idylle de pacotille. Le temps n’a rien arrangé à l’affaire, l’hiver s’est enfui sans que Nathalie ne se lasse de son thérapeute adoré…


Il y a deux jours, ils sont repartis pour l’Espagne. Je n’ai eu aucun mal à suivre la 600 SL noire de Jibé ; même sur l’autoroute, il se traînait comme un papy. S’il est aussi performant au pieu, c’est bien la peine que Monsieur de Montbrison baise ma femme !


Deux jours que je me bourre de cachetons pour ne pas dormir, deux jours que je les piste, surveillant à la jumelle les alentours de la villa. Pas de gardes du corps, pas de système d’alarme. Pas très prudent tout ça, mon petit Jibé !


Je pose mon Beretta 92 le temps de me resservir un café, allongé d’un peu de rhum. Je ne sais pas encore ce que je vais faire. Ces temps-ci, tout se brouille dans ma tête. Mais s’il y a bien une chose dont je suis certain, c’est que je vais remettre la main sur Nathalie !


Je vais la récupérer, d’une façon ou d’une autre…




– FIN –