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n° 14851Fiche technique20747 caractères20747
Temps de lecture estimé : 12 mn
08/03/12
Résumé:  Il me faut absolument une excellente note pour passer en deuxiéme année...
Critères:  fh hplusag jeunes inconnu profélève caférestau noculotte -occasion -f+prof
Auteur : Elodie S      Envoi mini-message
Un oral délicat

Certains commentaires sur mon dernier récit m’ont semblé provenir de profs en mal de copies à corriger. Je leur dédie celui-ci…



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J’ai beau faire et refaire mes calculs, la note 15 revient systématiquement. C’est celle qu’il me faut en Culture Générale pour passer en seconde année. Une note difficile à atteindre dans l’absolu, et plus encore pour moi, car ce n’est vraiment pas la matière où j’excelle. Il faut dire que, depuis mon entrée à Dauphine en septembre dernier, j’ai plus pensé à faire la fête et aux week-ends entre copains qu’à mes partiels, et je suis aujourd’hui au pied du mur.


Depuis dix jours, bachotage, chasteté et cafés ont rythmé mon quotidien. Suivant les conseils de certains de mes camarades qui ont mieux assuré que moi durant l’année, j’ai ingurgité quantités de résumés d’ouvrages sur internet, faute d’avoir le temps de les lire en entier. Cela me permet au moins de montrer un ersatz de culture générale… J’appréhende, et pourtant j’ai hâte d’en finir pour partir en vacances au bord de la Grande Bleue.


Le tableau affiché dans le hall d’entrée, donnant l’ordre de passage des candidats, me laisse songeuse : la lettre T a été tirée, je vais être la dernière à plancher, en toute fin d’après-midi ! J’ai largement le temps de rentrer chez moi et de me décontracter dans un bon bain moussant, de me laver les cheveux et de traînasser, loin de toute révision. Histoire de soulager mes neurones avant de les solliciter fortement…


Après un déjeuner frugal, je choisis avec soin mes vêtements : je dois paraître une jeune femme à la mode, dynamique, classe, un peu sexy, surtout si l’examinateur est un homme. Une future cadre supérieure, en somme. Sur un ensemble coordonné blanc à motifs fleuris roses, j’opte pour le traditionnel tailleur gris dont j’ai raccourci l’ourlet sensiblement au-dessus des genoux pour ne pas être trop classique, un chemisier grège et des escarpins mi-hauts assortis. Une touche de maquillage, un léger nuage de Miss Dior, et je suis prête.


Pas facile de se déplacer en scooter, dans ces conditions ! Il est problématique de rester correctement coiffée, avec des cheveux mi-longs, après avoir porté un casque. En plus, une jupe courte vous expose aux sarcasmes et aux coups de klaxon des hommes que vous croisez !


Lorsque j’arrive dans la salle, vers 16h00, les candidats sont encore nombreux à attendre leur tour : la lettre N vient juste de débuter. Je repère Margot, une copine, et la rejoins. D’après les couleurs affichées, nous avons le même examinateur, le rouge. Je lui demande de me renseigner sur son profil lorsqu’elle aura fini. Je regarde les candidats s’approcher les uns après les autres et tirer le petit papier de la couleur leur correspondant indiquant leur sujet, puis rejoindre la salle de préparation, la mimique grave. Ils y resteront une vingtaine de minutes avant d’être passés au grill. Je n’aime pas cette attente, cela me donne le trac.


Je me plonge dans un magazine féminin, histoire de tenter d’éviter le stress qui croît avec l’attente. Margot est appelée, elle disparaît. Visiblement, mon examinateur est plus lent (plus exigeant ?) que les autres, car il reste plus d’étudiants avec des sujets rouges qu’avec d’autres couleurs. Je rejoins Margot dans le couloir, elle a les larmes aux yeux et me glisse d’un ton triste avant de s’éloigner :



Je décide d’ouvrir les trois premiers boutons de mon corsage, selon ma stratégie préétablie. Je sais que mon buste laisse ces messieurs rarement indifférents. Je suis effectivement la dernière à passer, alors que les autres jurys en ont fini depuis une bonne demi-heure. Ma main tremble en lisant l’énoncé qui m’est assigné :


Le plaisir est-il nécessairement physique ?


Je fais rapidement la liste des auteurs dont je pourrais placer les précis plus ou moins bien digérés dans mon exposé : Épicure, bien sûr, Hamilton, Freud, Sade, Hutcheson, Bataille, Spinoza, Montherlant, Rougemont, Marcuse peut-être…


La réponse à la question est bien évidemment non. Mais ma prof m’a dit un jour que nous pouvions parfaitement prendre une position paradoxale, et si nous arrivions à la défendre avec talent, nous avions alors plus de chances d’avoir une note élevée qu’en restant sur une position médiane sans saveur. J’en fais mon parti. J’écris mon argumentation. Début banal, le plaisir purement intellectuel existe, blablabla… Je déroule de manière bateau ce point de vue sur les deux tiers de mon exposé, puis, en la soulignant, j’écris la phrase suivante :


Quel qu’il soit, le plaisir provoque une excitation des nerfs, donc il a une portée nécessairement physique.


J’appelle à la rescousse tous les auteurs dont j’ai des notions, Freud et le cerveau comme organe sexuel majeur en premier, et j’ai tout juste le temps de bâcler une conclusion sur la douleur, antithèse du plaisir, mais qui en donne à certains, et le manque, qui, lui aussi opposé au plaisir, permet de décupler celui-ci.


Je m’assieds face à mon examinateur qui, après un rapide coup d’œil et une esquisse de bonjour, se plonge dans la lecture de mon exposé. Heureusement, j’ai une écriture assez lisible.


Cela me laisse le temps d’inverser les rôles, et de l’examiner au moins visuellement. Il est une véritable caricature du prof agrégé : la cinquantaine, petit, rondouillard, il arbore un costume trois pièces en pied-de-poule, trop étriqué pour lui. Son crâne est dégarni, ses petites lunettes rondes métalliques à la Trotski sont posées tout au bout de son nez aquilin. Curieusement, ses grosses lèvres sensuelles détonnent avec son look d’intellectuel. La maigreur de son cou contraste avec son corps plutôt épais, ses épaules tombent vers l’avant.


Je devine la lassitude de l’examinateur lisant la copie du nième candidat de la journée et qui n’a qu’une envie : se précipiter dans le métro pour rejoindre dans une lointaine banlieue une triste conjointe et une soirée télé en grignotant une pizza. Pourtant, il ne porte pas d’alliance. Ses mains sont longues et fines, presque des mains de pianiste.


Mon examen s’interrompt, car il relève d’un coup la tête, rattrapant je ne sais trop comment ses lunettes emportées dans l’élan. Il me regarde de ses yeux étrangement ocre jaune, j’y lis une lueur d’amusement. Il me dévisage avec soin. Pour la première fois depuis dix minutes, j’ai le sentiment d’exister pour lui. Son regard se fait plus lourd lorsqu’il descend sur mon décolleté soigneusement négligé. Je sens ses yeux y plonger sans vergogne, alors qu’un sourire charmeur flotte sur ses lèvres épaisses. Il me lance :



Il accentue son sourire et me glisse, me regardant droit dans les yeux :



Il se replonge dans mon exposé. J’ai presque réussi à soutenir ses yeux dorés. Je me rends compte que nous nous livrons une sorte de duel, ou plutôt que je suis comme une souris avec laquelle s’amuse un gros matou. Enfin, la ride de lassitude qui lui barrait le front a disparu, ce qui est plutôt bon signe pour moi…


Brusquement, il se lève et, se penche vers moi - ce qui doit élargir nécessairement la perspective qu’il a de ma poitrine - et m’interpelle :



La question est aussi inattendue qu’abrupte. Elle me fait chanceler un instant, je trouve une parade :



Ce n’est pas tout à fait un mensonge, j’ai pas mal zappé cette année, petite provinciale découvrant, loin de sa famille, les joies de la vie estudiantine à Paris.



Ai-je été trop loin ? Il accuse le coup, mais me rétorque :



Il se lève, marche jusqu’à la porte, l’ouvre, scrute le couloir, la referme, rejoint son bureau. Je ne suis pas satisfaite de ma réponse, je sens que je peux me faire descendre sur cette répartie. Après un silence que je trouve bien trop long, il susurre d’un ton poncif :



Ouf, je l’ai attiré là où je voulais, malgré son subjonctif imparfait. J’embraie sur Freud et le cerveau, premier organe sexuel de l’homme, de la complémentarité et de l’interférence entre les deux notions qu’il a évoquées. Mon envolée l’amuse, il m’interrompt cependant :



Je sens naître au creux de mes reins une sensation que je connais bien, cette rosée qui sourd au plus profond de moi lorsqu’un homme m’intéresse. Ne pas se dégonfler, foncer, oser…



Je me lève, un peu théâtralement, et ouvre, avec une lenteur calculée, un à un les boutons de mon corsage, lui dévoilant ma poitrine érigée sous les bonnets de mon soutien-gorge. Je le fixe dans les yeux, il me fixe… dans les seins.



Il se lève, s’approche de moi, frôle mon sous-vêtement à l’endroit du délit, me palpe la pointe d’un sein, et tel un médecin me dicte :



Je n’ai même pas pu voir s’il bandait ! Je ferme mes boutons pendant qu’il range ses affaires. Puis, effrontée, lui lance :



Il éclate d’un rire goguenard, ses yeux dorés s’illuminent, et il me glisse :



Mon visage se décompose, les larmes me montent aux yeux, il s’en aperçoit et me dit :



Il interrompt son geste, m’enveloppe d’un regard sous lequel je me sens subitement presque nue. Il fronce les sourcils, réfléchit et me dit :



Je ne peux évidemment refuser. Je me suis fourvoyée en imaginant son souci de retrouver rapidement son épouse dans une lointaine banlieue. Nous nous retrouvons dehors pour ne pas éveiller les soupçons d’un éventuel retardataire ; il réserve un restaurant par téléphone, me dissuade de repasser chez moi me changer et me convainc de laisser mon scooter que je viendrai rechercher après le diner. Il m’ouvre galamment la portière de sa voiture, pour le moins ordinaire. Le trajet s’effectue dans un curieux silence.


Le restaurant qu’il a choisi est assez luxueux, et comporte de nombreuses petites alcôves assez intimes qui me laissent songeuse. Il s’assied à mes côtés, me compose mon menu, choisit un grand cru et commence à me parler de lui. Divorcé depuis une dizaine d’années, il a deux filles plus âgées que moi, il enseigne en prépa commerciale et à Sciences-Po. Il me dit combien il est lassant pour lui d’entendre toute une journée durant, comme aujourd’hui, des étudiants dégorger des affirmations tirées de livres mal compris car ils ne les ont même pas lus (propos que, bien entendu, je ne relève pas). Ce dîner avec une étudiante ravissante et douéeest un rayon de soleil pour lui.


Il m’interroge sur ma famille, mes goûts, mes motivations. Les mets sont excellents, le service stylé et il n’a de cesse de remplir mon verre d’un excellent bordeaux. Bref, il naît entre nous une certaine intimité, et, lorsque sa cuisse vient s’appuyer contre la mienne, je n’esquive pas le contact.


Au dessert, il poursuit ses travaux d’approche, pose sa main sur mon genou et entreprend une ascension dont je devine aisément le but. Je suis partagée entre un certain émoi, la satisfaction d’être ainsi désirée et l’étonnement d’être ainsi si vite arrivée à faire tomber les barrières de statut qui nous séparaient. Je le prie de rester sage, il me rétorque qu’il n’a pas envie de l’être, mais d’inverser nos rôles. Et, sur un ton de la confidence, me souffle, en me tutoyant pour la première fois :



Il est vrai que les petites fleurs roses qui ornent mon shorty et mon soutien-gorge font plus petite fille qui a grandi trop vite que femme fatale, mais je lui fais remarquer que j’ignorais, lorsque je me suis habillée, nos écarts de conduite, et que l’attentat à la pudeur commis n’avait aucune préméditation. Il éclate de rire et me répond d’un ton rauque, sans transition :



Nos regards s’affrontent, puis, vaincue, je fais glisser mon shorty sous ma jupe et le glisse dans sa main. Il le hume, et me fait part de son attirance pour les petites culottes de femme. Le terme, fort démodé, me fait rire et je lui en fais part. Il ne se gêne pas, la roule sous ses doigts, même devant le serveur dont le sourire ambigu me trouble. Il me réclame la suite, je dois me lever, aller jusqu’aux toilettes pour ôter mon soutien.


Comme mes seins se profilent avec trop de détails, je reviens corsage strictement boutonné et veste de tailleur fermée, et subis ses moqueries. J’y réponds en lui demandant si ce genre de tests relève de la culture générale, et nous partons d’un fou-rire. Je dois lui rappeler à plusieurs reprises que les mains d’un gentleman doivent rester sur la table lors d’un diner. Le nôtre s’achève dans cette coquine ambiance.


Une fois dans sa voiture, ses jeux manuels reprennent de plus belle, et j’ai bien du mal à garder ma féminité à l’abri des regards des conducteurs qui roulent à nos côtés. Bien évidemment, je me retrouve non pas près de mon scooter, mais devant l’ascenseur qui monte de son parking à son appartement. L’ascension se révèle périlleuse, puisque j’y perds veste et corsage, et pénètre seins nus chez lui. Bien que les circonstances ne se prêtent guère à l’observation, je trouve l’ameublement démodé et vieux garçon. Il m’entraîne dans sa chambre, me culbute littéralement sur son lit, et, relevant le dernier rempart qu’est ma jupe, plonge son visage entre mes cuisses à l’accueillante humidité. Le bougre sait admirablement bien jouer de la langue sur mon bouton, et un orgasme puissant me terrasse assez vite.


Lorsque je reprends mes esprits, je l’observe se déshabiller et plier soigneusement ses vêtements. Me remémorant ses observations sur mes dessous, je lui glisse, malicieuse, que moi aussi, j’aimerais l’accompagner pour acheter des costumes et des slips modernes !


Évidemment, tout nu, ce n’est pas un Apollon, pas de tablettes de chocolat mais un petit ventre qui pointe, pas de muscles saillants mais un corps légèrement avachi. Son membre, de taille très moyenne, pointe cependant, et, le tenant dans sa main, il m’aborde galamment. N’en déplaise à celles qui ne conçoivent l’amour qu’avec un centimètre à la main pour mesurer le potentiel amoureux de leur partenaire, il se sert avec brio et vigueur de son viril appendice, et montre une assiduité supérieure à bien des garçons de mon âge.


Visiblement, il aime me faire varier les poses, et je dois me livrer à maintes figures imposées de gymnastique pour satisfaire les caprices de Monsieur. Décidément, je suis plus souple que lui dans les deux sens du mot. Le jeu en vaut cependant la chandelle, et il me conduit à plusieurs reprises aux portes du paradis. Ce n’est qu’au petit matin que mon amant me laisse un peu de répit, et je m’endors dans ses bras, les sens comblés.


Une douce odeur de café me réveille, il me demande de rester nue pour le prendre avec lui. Il est vêtu d’une vieille robe de chambre incroyablement kitsch. Drôle d’impression, que de déambuler entièrement dévêtue, devant un homme que je ne connaissais pas la veille, dans son appartement, une tasse de café à la main. Appelé par son devoir d’enseignant, mon amant interrompt mon spectacle au bout des quelques instants et, d’une petite tape sur la fesse, m’invite à me rhabiller, sans aucun dessous, avec les vêtements qu’il a froissés la veille.


Il me dépose, après un fougueux baiser et un échange de numéros de portable, auprès de mon scooter. En rentrant chez moi, j’ai le sentiment d’un devoir plus qu’accompli… dans tous les sens du terme !


Nous ne nous sommes jamais revus, nous n’avons pas fait les emplettes vestimentaires que nous avions planifiées ; il m’a laissé deux ou trois messages sur mon portable pendant les vacances, alors que je voguais dans les bras d’un beau marin italien…


Je suis passée en deuxième année, grâce à un 18 en culture générale !