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n° 14936Fiche technique8345 caractères8345
Temps de lecture estimé : 6 mn
29/04/12
Résumé:  Une incroyable relation épistolaire.
Critères:  f h bizarre telnet collection amour cérébral confession -internet
Auteur : Scorpiondeluxe            Envoi mini-message
Une relation épistolaire

Aujourd’hui, je vais vous raconter une histoire qui, aussi extraordinaire qu’elle puisse paraître, est… totalement véridique.



Tout a commencé l’an dernier.


Marié depuis huit ans, au creux de la vague professionnellement, l’année de mes 40 ans, j’avais besoin « d’air », comme on dit, dans ma vie de couple. Une certaine lassitude et surtout une totale absence de surprise dans notre quotidien (malgré mes nombreux efforts qui tombaient tous à plat…) me poussèrent à faire un peu comme tout le monde, finalement : m’amuser en m’inscrivant sur un site de rencontre. Pas un site de rencontre particulièrement « hot », non, un simple site comme il en existe tant. Une « accroche » un peu tape-à-l’œil, une photo avec mon grain de beauté en forme de cœur (ça aussi c’est véridique…), bref une belle entrée en matière…


J’ai commencé à chatter avec de nombreuses femmes, des dialogues tantôt coquins, tantôt existentiels, mais toujours avec cette légèreté et ce besoin de « jouer », de tomber dans ce jeu de séduction, celui de l’amour et du hasard…


Ne dit-on pas d’ailleurs que « le hasard fait bien les choses » ?


C’est une certaine Catherine (appelons-la comme ça…) qui vint alors bouleverser mon existence.


En quelques mots, elle sut m’attirer dans ses griffes, par des traits d’esprit que je n’avais alors jusque-là pas trouvés chez mes autres interlocutrices… Piano, piano, de fil en aiguille, nos mots devenaient poèmes et une belle relation épistolaire commença à se former entre elle et moi, avec une subtilité, un raffinement que je n’avais alors jusque-là pas connu. Elle se disait originaire de Bretagne, dans la trentaine, architecte, habiter dans les beaux quartiers de l’Ouest parisien (pas loin de chez moi…), divorcée, sans enfants, indépendante, avec une grosse berline allemande… Bref, le parti idéal !


L’échange de nos photos par mail, l’échange de nos voix au téléphone, tout commençait à me porter dans un rêve éveillé, à part ce doux bémol : je n’étais pas encore divorcé et elle me disait que je devais d’abord clarifier ma situation avant que nous puissions envisager d’aller plus loin… Peu à peu, elle envahissait ma vie, me laissant de nombreux SMS entre ses rendez-vous, m’appelant dans la journée, me lisant des poèmes de sa composition dans des messages en pleine nuit… Cette relation virtuelle commençait à me plaire ! Je répondais par de longues missives plus enflammées les unes que les autres, respectant ainsi son désir « d’épistolaire ».


Puis vint le moment des caresses au téléphone (je ne suis pas adepte des webcams…). Quelle délicieuse sensation de caresser une femme au son de la voix ! De lui effleurer doucement l’esprit, histoire d’éveiller ses sens… De la sentir se caresser, de la sentir souffler de plus en plus fort, haleter, gémir… De lui dire des mots de plus en plus osés et pervers, histoire d’accélérer le mouvement… Quel plaisir de sentir cette jouissance mutuelle, comme cette douce sève qui monte du fin fond de nous pour exploser dans un râle, un cri de jouissance, un orgasme ! J’adorais quand elle me disait :



Tout en entendant les floc-floc de ses doigts qui allaient et venaient dans sa chatte… ou bien :



Quand ce n’était pas :



Bref, tout d’une belle salope.


Les jours, les semaines passant, vint le moment de se rencontrer… Et c’est là que les choses commencèrent à se gâter. Elle ne vint pas au premier rendez-vous, prétextant s’être blessée sur un chantier… Puis, alors qu’elle continuait de me harceler de messages, de mails, de pleurer au téléphone en me disant qu’elle ne pouvait plus se passer de moi, je commençais à être sérieusement accro et, bien sûr, ma femme commença à avoir des soupçons, même si je niais entretenir une liaison « réelle », ce qui était la stricte vérité, puisque tous nos échanges étaient virtuels…


Le deuxième rendez-vous fut annulé lui aussi, puis le troisième… Pendant que j’étais inondé de ses messages (combien de SMS quotidiens !), de ses mots (combien d’appels de jour comme de nuit !) et de ses larmes où elle me disait m’aimer à la folie mais que sa rupture « compliquée » et ma situation personnelle où j’étais encore marié l’empêchaient de me rencontrer…


Les semaines, les mois passèrent et s’installa alors une sorte de relation presque masochiste entre nous. D’un côté, elle adorait faire l’amour avec moi au téléphone, elle adorait me « tenir » en m’envoyant des mots crus par téléphone et d’un autre côté… elle refusait catégoriquement toute rencontre. De mon côté, la situation devint vite invivable avec ma femme si jalouse et si possessive, qui ne faisait aucun effort pour me retenir, ce qui nous amena à nous séparer.


Je pris alors cette séparation avec mon épouse comme un feu vert, un signe du destin, que décidément je voulais refaire ma vie et poursuivre avec cette mystérieuse femme. Pourtant elle se refusait encore et toujours à moi, ne serait-ce que pour prendre un simple verre et un simple café « entre quatre-z-yeux »…


Je commençais alors à m’impatienter et à avoir de forts doutes… C’est vrai au bout de six mois, me tenir ainsi, même si elle m’apportait plus d’attention et d’amour que je n’en avais jamais reçu en huit ans de mariage, je commençais à trouver le temps long… Je la pressais, je la suppliais de me laisser cette chance de nous rencontrer, ne serait-ce que quelques instants… Mais mes efforts restaient lettre morte.


Vint alors mon quarantième anniversaire, début novembre 2011. Je lui proposai un rendez-vous sur une plage en Bretagne, à Quiberon… Plein d’espoir qu’elle puisse enfin accepter mon invitation… Mais mes espoirs furent douchés comme cette pluie bretonne qui cinglait sur mon visage… Bien sûr, elle prit un malin plaisir à m’appeler en pleine nuit pour me souhaiter mon anniversaire, se caresser « bien à fond » comme elle se plaisait à me le dire, me tourmenter une fois de plus, à prendre son pied une fois de plus sous l’indécence de mes mots et le vocabulaire très cru que l’on employait pour aller jusqu’à notre jouissance…


Ce fut la fois de trop. Sur le chemin du retour, au bout de neuf mois de cette relation, je n’en pouvais plus. Je commençais sérieusement à déprimer et à perdre le sens des réalités. J’appelai un ami bien placé dans la police et lui demandai de trouver qui se cachait derrière ce téléphone…


Les jours passèrent, elle devenait de plus en plus distante, prétextant beaucoup de travail… Je devenais fou à l’idée qu’elle puisse me mentir, entamer une nouvelle liaison alors qu’elle ne m’avait jamais laissé la chance de la rencontrer… Je commençais sérieusement à péter les plombs…


Puis, mi-décembre, alors que j’étais vraiment déprimé, comme on peut être amoureux intensément d’une femme… sans pouvoir la posséder véritablement, mon ami policier m’appela et me dit la vérité…


La vérité ? Cette femme était en fait une mythomane cinquantenaire qui vivait en province, sans emploi…


Savoir la vérité aurait pu me tuer. Savoir la vérité, au fond, m’a sauvé.


Je pris mon téléphone et de quelques SMS acides, je lui jetai la vraie vérité en pleine figure.


Elle ne me répondit jamais.


Ce n’est que quelques semaines plus tard quand je lui envoyai un laconique « POURQUOI ? » que j’ai compris que même s’ils prennent leur source dans le virtuel, les sentiments au fond sont toujours bien réels…