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Temps de lecture estimé : 10 mn
29/04/12
Résumé:  Céline demande de l'aide à Daphné dans un parking. Les deux jeunes femmes vont se découvrir l'une l'autre une complicité et une attirance qu'elles ne croyaient pas avoir pour les personnes du même sexe...
Critères:  ff jeunes inconnu parking amour revede voir init nonéro portrait -coupfoudr -initff
Auteur : Amélie      

Série : Les amoureuses

Chapitre 01
Le coup de la panne



Daphné allait s’engouffrer bien tranquillement dans sa voiture, comme tous les matins, pour aller travailler, quand cette fille l’avait accostée pour lui demander de l’aide. De l’aide en mécanique, à elle qui n’y connaît absolument rien ! Enfin, elle pouvait toujours prendre cinq minutes, après tout elle était en avance et n’aurait pas aimé se faire refuser de l’aide dans le même cas.



Les deux femmes marchèrent seulement quelques dizaines de mètres dans le parking de la résidence universitaire. Daphné se demandait ce qu’elle allait bien pouvoir faire.



La jeune fille rentra dans sa voiture, tourna un coup de clé et l’on entendit résonner dans le parking le bruit affreux du démarreur qui essayait de lancer le moteur sans succès.



La jeune fille se leva et laissa sa place à Daphné, qui se glissa dans la voiture et commença par reculer le siège car elle était sensiblement plus grande que la conductrice habituelle. Le premier tour de clé produisit exactement le même effet que celui de la jeune fille. Le second aussi. Pendant ce temps, la jeune fille avait l’air de se décomposer littéralement sur place. Elle pâlissait un peu plus à chaque coup de clé.


Au troisième, Daphné essaya de donner un coup d’accélérateur en même temps car il lui semblait se souvenir d’un film où elle avait vu le héros faire ça. Elle sentit une légère différence dans le son produit par le véhicule. Elle recommença de façon plus appuyée et, après quelques hésitations, le moteur finit par se mettre en route.



Et, ne laissant même pas le temps à Daphné de répondre, Céline s’engouffra dans sa voiture et, frôlant de peu un pilier, elle sortit par la porte du garage et disparut aussi soudainement qu’elle était apparue dans la vie de Daphné.


Un peu surprise par le départ précipité de Céline, tout comme par son invitation, Daphné retourna vers son véhicule la tête remplie de pensées confuses et éparses. Cette rencontre l’avait laissée désorientée et surtout en retard pour son travail.




Après une journée de travail somme toute banale, Daphné revint au parking qu’elle sous-louait dans la résidence étudiante de Céline, en se demandant bien de quoi elles allaient pouvoir parler. Elle se dit qu’elle allait juste accepter le verre qu’on lui proposait et s’éclipser dès que possible pour éviter de tomber dans l’embarras d’un long silence pesant qui ne manquerait pas d’arriver, elle en était sûre.


« 309, 310, 311, ah ! 312 ! Voilà, c’est là, se dit Daphné. Bon, un peu de courage, après tout cette fille est plus jeune que toi, tu n’as aucune raison d’appréhender une trentaine de minutes avec elle, ne sois pas idiote, en plus tu es plus grande qu’elle et puis elle n’avait pas l’air bien dégourdie ce matin ! Oh, mais qu’est-ce que je raconte, moi ? Pourquoi suis-je autant à cran à cause d’elle ? Bon allez, cette fois tu sonnes, tu lui souris quand elle t’ouvre, tu bois un coup et tu t’en vas poliment pour manger un petit morceau chez toi en regardant ta série préférée… pffff… allez… »


Daphné réussit à poser un doigt tremblant sur la sonnette du n° 312 et après un petit instant, la porte s’ouvrit sur un grand sourire à peine voilé de quelques mèches châtain foncé :



Et Céline s’empressa de mettre la veste sur la seule chaise du petit studio qu’elle habitait depuis un peu plus de huit mois. Daphné jeta un regard d’ensemble à la pièce. Elle en eut vite fait le tour : la kitchenette, tout de suite à gauche en rentrant, un bureau avec une chaise, une table basse avec une petite télé posée dessus, un lit une place complètement recouvert de coussins multicolores et aux tissus variés, un placard et une petite bibliothèque remplie de livres et de BD. Pas très folichon mais l’accueil et l’aisance de Céline firent s’envoler toutes les idées étranges et toutes les angoisses de Daphné en quelques secondes.



« Il y a quelque chose chez cette fille qui fait se sentir tout de suite à l’aise, j’ai déjà l’impression d’être importante alors que je la connais à peine », se dit Daphné à elle-même.



« Qu’est-ce qui la rend si radieuse, elle doit avoir des crampes à la mâchoire, ce n’est pas possible ! »



« Et puis elle a quelque chose de rafraîchissant, de vivifiant… »



« Hein ? Qu’est-ce qu’elle a dit, là ? »



Et Céline expliqua longuement et passionnément les subtilités de ce travail plutôt inconnu de Daphné qui savait, elle, tout juste coudre un bouton, mais aimait s’habiller à la mode. L’entrain et les sourires de Céline étaient communicatifs et Daphné se surprenait à s’intéresser réellement à ce que lui racontait la jeune fille.


Puis ce fut au tour de Daphné de parler de son travail d’interprète, d’expliquer en quoi consistaient ses journées au consulat italien et, bien qu’elle n’ait pas l’impression de mettre beaucoup d’emphase dans son récit, Céline avait l’air vivement intéressée par ce que Daphné lui expliquait et posait souvent des questions pertinentes, pleines de bon sens et de finesse, qui rendaient la jeune fille de plus en plus agréable aux yeux de Daphné. Une complicité se nouait entre les deux femmes.


Un peu plus d’une heure s’était déjà écoulée et Daphné n’avait plus du tout envie de rentrer chez elle. Le tutoiement s’était imposé naturellement. Le sujet du travail avait été remplacé par un autre puis par un autre et encore un autre, juste pour le plaisir de continuer à parler ensemble et de se découvrir des points d’intérêts identiques avec des perceptions différentes mais souvent complémentaires. Daphné s’étonna des nombreux voyages faits par Céline et Céline envia la vie bien ordonnée et l’ouverture d’esprit de Daphné.


Cette dernière lui parlait de ses lectures, variées aussi bien dans les styles que dans les auteurs, quand elle finit par demander à Céline si toutes ses BD étaient à elle ou à son petit ami.



Sur ces paroles, elle prit quelques albums à divers endroits de la bibliothèque et vint s’asseoir à côté de Daphné pour les lui montrer. La jeune fille faisait défiler les pages des albums que Daphné avait posés sur ces genoux. Daphné n’avait jamais été très attirée par la bande dessinée, lui préférant les livres dont l’histoire est plus fournie, plus détaillée et plus longue, mais la passion de Céline était communicative, et même si elle n’allait pas courir acheter le rayon BD de la Fnac demain, elle appréciait de laisser ses yeux naviguer d’un personnage à l’autre, distinguant les contours, devinant les reliefs grâce aux ombres placées judicieusement par certains auteurs. Elle commençait déjà à avoir des préférences dans les différents styles de BD présentés.


Au détour d’une page, Daphné commenta une silhouette de femme particulièrement bien sculptée dans une position très suggestive. Céline lui confia vouloir ressembler à ce personnage et envier ce corps magnifique. Elle avait dit cela avec une légère tristesse dans la voix et Daphné eut l’impression que la flamme qui animait la jeune fille, jusque-là si joyeuse, avait disparu, qu’elle s’était refermée sur elle-même, perdue dans ses pensées.



Ces mots étaient sortis plus vite et avec plus de spontanéité qu’elle ne l’aurait souhaité. Elle sentit la chaleur lui empourprer le visage. Elle aurait voulu rectifier ses propos mais sentit que tout ce qu’elle pourrait dire ne ferait qu’ajouter à la confusion.


Céline aussi avait rougi légèrement en remerciant Daphné. Un long silence gêné s’ensuivit, pendant lequel Daphné se demandait comment retrouver un peu de légèreté. Au lieu de ça, les mots lui échappèrent une nouvelle fois et elle s’entendit demander ce qui pouvait bien rendre Céline si taciturne et triste d’un seul coup.



Après plusieurs tentatives, Céline finit par expliquer qu’elle était tombée amoureuse d’un homme d’une trentaine d’années, qu’il s’était marié peu de temps après leur rencontre et que, même s’il avait des sentiments pour elle, il était éperdument amoureux de sa femme et qu’il n’avait pas l’intention de la quitter, ni même de la tromper. Depuis, à chaque fois qu’ils se voyaient, elle se disait que si elle l’avait rencontré plus tôt, ou bien si elle avait réussi à le séduire, peut-être que si elle avait été plus jolie, plus sexy…


Ces derniers mots avaient été tout juste articulés, prononcés si bas que Daphné s’était levée pour suivre la fin de l’explication. Maintenant, elle sentit l’envie de prendre Céline dans ses bras, d’arracher cette tristesse de ses épaules, de la piétiner et de la déchiqueter, d’anéantir tout ce qui pourrait assombrir le visage qu’elle goûtait depuis presque deux heures. Elle essuya délicatement les larmes qui coulaient sur les joues de la jeune fille et l’attira vers elle, délicatement.


Elles étaient debout au milieu de la pièce. Daphné étant plus grande, surtout avec ses talons, elle avait appuyé la tête de Céline sur son cou et celle-ci se laissait réconforter, les bras le long du corps. De temps à autre, une larme coulait de sa joue et allait se réfugier entre les seins de Daphné.


Parsemé de mots tendres et de paroles de réconfort, ce contact leur sembla durer une fraction de seconde alors qu’elles auraient aimé qu’il durât une éternité. Après avoir noté son numéro, s’être assurée que Céline se sentait mieux et, ayant refusé plusieurs fois son invitation à dîner, Daphné partit en promettant de l’appeler demain pour avoir des nouvelles. Résistant à l’envie de sentir et de toucher Céline, elle lui dit au revoir sur le pas de son studio et ne lâcha son regard que lorsque la porte de l’ascenseur se referma.


Une fois dans sa voiture, elle sentit son cœur battre à toute vitesse et un sourire incontrôlable déforma ses lèvres tandis qu’elle essayait tant bien que mal de calmer le tremblement qui l’empêchait de mettre la clé dans le contact. Elle n’avait aucune envie d’attendre le lendemain pour rappeler Céline. En fait, elle avait même envie de remonter immédiatement sous n’importe quel prétexte pour passer encore quelques secondes ou même quelques minutes, ou plusieurs heures avec la jeune fille. Elle sentait que son cœur s’effondrait sur lui-même, elle avait le souffle court et ses pensées ressemblaient de plus en plus aux étincelles d’un feu d’artifice.


Elle ne savait plus quoi faire quand, soudain…