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Temps de lecture estimé : 29 mn
14/07/12
Résumé:  Seule dans mon coin, verre en main, je contemple, dubitative, tout ce petit monde qui s'agite.
Critères:  fête amour cérébral revede mélo -coupfoudr -amourpass
Auteur : Patrik  (Carpe Diem Diemque)            Envoi mini-message
Bérénice et le chat

Seule dans mon coin, verre en main, je contemple, dubitative, tout ce petit monde qui s’agite. Je me demande bien pourquoi j’ai accepté de participer à cette soirée ludique organisée par Valérie, ma copine d’enfance. Soyons plus précise, c’est en réalité Pascal, son mari, qui est à l’origine de tout ceci ; en effet, c’est un fou fanatique de jeux de société et de jeux de rôle, et il a réussi à contaminer sa femme depuis un bon petit bout de temps.


Valérie a très fortement insisté, elle s’est même payé le culot de téléphoner à ma mère pour faire mieux pression sur moi ! Ah, je vous jure, je ne suis pas aidée ! Je secoue la tête et je contemple l’autre bout de la pièce, surtout ma copine et son mari.


Quand je les regarde tous les deux, je les envie, j’en jalouserais même Valérie ! Elle au moins, elle a réussi à la fois sa carrière et sa vie sentimentale. Moi, j’ai la sale manie de tomber amoureuse des cas sociaux ou d’hommes mariés qui ont bien oublié de me dire qu’ils n’étaient plus célibataires !



Je sursaute. Face à moi, un homme à peu près du même âge que moi, Maximilien, je crois, si je me souviens bien des présentations de tout à l’heure. Je me demande bien pourquoi il m’adresse la parole…



Ah zut, je parle toujours trop ! Oh et puis zut, au point où j’en suis ! Avec le maximum d’innocence dont je suis capable, je poursuis, l’air de rien :



Un court silence. Je relance la conversation :



Maximilien me regarde en souriant :



Il recule d’un pas et me contemple sans gêne. Je demande, un peu agacée :



Il sourit, un peu penché sur moi :



Nous sommes interrompus par Pascal qui vient à nous :



Je me tourne vers Max – tiens, je l’appelle déjà Max – et je lui dis :



Et nous voici partis vers nos places. Nous serions même à deux doigts d’y aller bras dessus, bras dessous. C’est justement ça qui m’inquiète…


Je n’ai pas bien retenu le nom du jeu auquel nous participons tous – une histoire de Cheyenne ou de coyote, un truc comme ça – mais il est simple : nous avons autour de la tête un serre-tête avec une fiche sur le front. Chacun d’entre nous ignore le mot ou le personnage écrit sur sa propre fiche, mais les autres le connaissent. Le but du jeu est simple : il faut découvrir qui on est, le tout agrémenté de divers interdits. Je reconnais que c’est prenant et que nous avons de bonnes parties de plaisir ! Je ne regrette pas d’être venue et mon voisin, Max, n’est pas le dernier à me faire rire. Bref, je suis bien, c’est devenu assez rare, ces derniers temps !


Après la quatrième ou cinquième partie, Pascal se lève et annonce :



L’explication dure moins de deux ou trois minutes. C’est un peu vache, cette règle, mais je sens que ça ne va pas être triste ! Surtout qu’il semble que les cartes de gage contiennent des textes assez croquignols ! On nous remet à chacun une carte vierge pour y écrire un gage de notre convenance, en plus de ceux qui sont déjà prévus. Puis nous nous lançons tous dans la suite du jeu.


Il y a déjà eu quelques gages, et pas des moindres. Souvent des trucs idiots mais assez réjouissants, comme la balle à faire passer à quelqu’un d’autre et sans les mains, ou le coup de la banane… Oui, je sais, du con, même du très con, mais du rigolo, et c’est tout ce que je demande actuellement.


Ah zut ! Je viens de faire une faute, un oubli, en réalité, de ma part ! Ah zut de zut, c’est idiot ! Bon, tant pis, c’est le jeu… Max a un grand sourire :



Houla que je n’aime pas sa tête ! Il a d’abord ouvert de grands yeux, puis un large sourire. Non, je n’aime pas ça. Pas du tout !



Les autres se marrent, il n’y a pas de quoi !



Et les voilà repartis de plus belle à se fendre la poire ! Il n’y a vraiment pas de quoi ! Bande d’obsédés, va ! J’ai une envie folle de leurs taper dessus, surtout sur Max en particulier !


Je lui prends de force la carte. J’écarquille les yeux :



Les autres nous regardent, intrigués, Pascal intervient :



Pascal essaye de me prendre la carte, je l’éloigne de sa main, mais, hélas, Max me la repique vicieusement par-derrière puis la donne à Pascal. Celui-ci écarquille à son tour les yeux :



Pascal prend son air le plus sérieux, bien qu’il réprime une certaine envie de rire ou de ricaner. Il se redresse de toute sa taille et lance, d’un ton docte :



Tout le monde me regarde, amusé, un petit sourire en coin !



Je serre les poings, il va bien falloir que je m’exécute, mais je ne suis pas prête d’oublier ! Oh ça, non ! Tu as beau être un chat, Max, je te réserve un chien de ma chienne !


Je me raidis comme une planche à pain, je ferme les yeux, la bouche en cul de poule et j’attends.


Je n’ai pas attendu longtemps mais, le moins que je puisse dire est que… enfin bref…




--ooOoo--




Mis à part l’incident du bisou qui m’a quand même considérablement troublée, et bien plus que je ne veux l’admettre, le reste de la soirée se déroule sans problème, je suis vraiment contente d’être venue, l’ambiance est bonne et je m’amuse sans retenue.

Finalement, ma maman a bien fait de me pousser à y aller. Elle qui se désespère de me voir toujours seule dans mon coin, surtout avec mes hommes mariés jamais libres.


Maintenant, c’est la pause, je m’approche du buffet, histoire de remplir mon estomac qui réclame. Ma ligne, je m’en fiche, sauf à l’approche du départ sur la plage, mais dans l’ensemble, je n’ai pas à me plaindre. Bien sûr, il y a plus anorexique que moi, mais il y a nettement plus enveloppée aussi. Je fais simplement attention à ne pas abuser de certains aliments et c’est tout. Du coup, lors des soldes, je peux faire emplette de tailles à prix massacrés, même s’ils ont tendance à ne liquider que les tailles fillette !


Puis je m’éclipse dans la cuisine pour avoir un peu de calme. Je les aime bien, Valou et son mari, mais, là, j’ai envie de souffler un peu…



Alors que j’attaque mon blanc de poulet sauce curry, mon péché mignon, Valérie entre dans la cuisine, elle se rapproche de moi :



Elle me coupe, son index sur la joue :



Elle s’élance pour aller chercher le paquet des gages. Pour moi, c’est du lointain et je préfère oublier (quoique… il embrasse bien, il faut le reconnaître), mais quand Valou a quelque chose en tête, impossible de la dévier de son but. Elle revient, consultant une à une toutes les cartes, puis s’arrête, un sourire étrange sur les lèvres :



Elle me dévisage d’un air à la fois amusé et embêté, deux cartes en mains. Je le regarde, intriguée, mon blanc de poulet à présent fini :



Je sens quelqu’un derrière moi, c’est Max. Il se met entre elle et moi et dit doucement :



Max pose ses larges mains sur mes épaules, ça me fait un drôle effet, je frissonne malgré moi. Il me sourit faiblement :



Valérie se retient de sourire, Max est mi-figue, mi-raisin, et moi, j’hésite :



Sans que je comprenne ce qui m’arrive, il m’attire à lui, et sous les yeux écarquillés de Valou, il m’embrasse posément. Moi, je suis comme changée en statue de pierre, tellement je suis surprise !


Néanmoins, je dois reconnaître que… que c’est agréable… Mais ce n’est pas le propos ! C’est du viol caractérisé qu’il me fait là ! N’empêche que je n’arrive pas à réagir !


Mais, là, pas moyen, rien, nada, niet, nicht !


Peu après, il me relâche, je suis toujours aussi stupéfaite, à la fois de ce qu’il a fait mais aussi de mon absence de réaction. Valérie s’est discrètement éloignée, me laissant seule avec ce satyre du dimanche ! J’essaye de réagir :



Je m’adosse au mur, les jambes sciées. En effet, quand il drague, il n’y va pas par quatre chemins ! C’est du direct, du TGV !



Je rougis fortement, j’ai très bien compris.



Je serre les poings, très fort :



Toujours adossée au mur, je détourne la tête. J’aimerais bien y croire, moi aussi mais mes récents déboires me retiennent. Max semble s’en douter, il continue :



Je souris. Et ce fut ma perte…




--ooOoo--




J’ouvre les yeux, le soleil est déjà là. Le plafond se tapisse de centaines de taches dorées, dehors, il fait beau, j’aime les matins de week-end quand ils sont ainsi. Nous sommes samedi, premier jour de mon bref repos de fin de semaine.


Juste à côté de moi, Max dort, je le regarde, il est beau, tout simplement. J’observe son visage, ses lèvres qui se sont promenées sur tout mon corps, ses yeux qui m’ont dévorée, son nez qui a été me fouiller, son menton qui s’est niché…


J’ai perdu contre lui, mais je ne le regrette pas, du moins, pas encore. Je me fiche, là maintenant, si notre amour naissant sera une brève aventure ou sera nettement plus long et durable. Je m’en fous : je suis bien, merveilleusement bien, reposée et comblée.


Max n’est pas le premier homme qui se glisse sous mes draps, qui profite de mon corps, qui entre en lui, mais c’est bien le premier avec qui je me sens si bien, si complète ; je ne sais pas comment le dire autrement, je n’ai jamais été très bonne en français : une complétude.


Il ouvre les yeux, je me reflète presque dedans. Il tend la main vers ma joue, ses doigts caressent ma peau, son contact est agréable, électrisant par petites touches. L’instant d’après, je me retrouve dans ses bras ; il est bien décidé à me faire subir à nouveau les derniers outrages ! Et moi, je n’ai absolument rien contre !


Tout est possible quand on aime !




--ooOoo--




Un voyage à travers la campagne. Nous arrivons dans un petit village. C’est moi qui conduis, j’aime ça. Il m’indique quelque chose, j’arrête la voiture. Sa maison, celle qu’il possède ici en France.



Je ne sais pas quoi dire, je serre sa main dans mes doigts. Nous entrons dans cette petite maison. Je découvre les lieux tandis qu’il s’active ici et là. Peu après, il s’effondre dans le vieux canapé. Je le rejoins. Un certain silence. Je lui demande alors :



Il soupire :



Une pause…



Je me sens un peu gauche. J’aimerais lui dire quelque chose, mais quoi ? Je serre sa main dans la mienne. Je brise le silence :



Il m’attire dans ses bras et m’embrasse fiévreusement ; mes idées noires s’évanouissent, je suis heureuse.


Tout est possible quand on aime !


Il se redresse, et juste avant de sortir de la pièce, il dépose un baiser sur mes lèvres :



Je mets mon nez partout, ça va vite, la maison est minuscule, en effet. Minuscule mais chaleureuse. Je crois comprendre ce qu’a pu ressentir sa mère quand elle a pu trouver un havre de paix… Oui, je comprends très bien et je veux que ça ne s’arrête jamais. Jamais !


Blang !


Surprise, je lève le nez. On aurait dit que quelque chose est tombé, là-haut. Je me demande s’il faut aller voir. Je laisse passer un peu de temps, la vue est si belle à travers la petite fenêtre…



Je n’ai rien compris à ce que Max a crié mais ça ressemblait à une sorte de juron. Surprise, je grimpe au grenier. Au milieu de la petite pièce qui sert de fourre-tout, je découvre Max accroupi par terre, face à un carton éventré, ses ficelles explosées, une lettre en main, le menton contre la poitrine. Inquiète, je me penche sur lui avec tendresse :



Il éloigne la lettre, ça pique ma curiosité :



Trop tard, je lui arrache presque cette lettre des mains, ça me rappelle un souvenir, celui de la carte de gage que je ne voulais pas faire. Un gage si bénin par rapport à toutes les cochonneries que nous pouvons faire à présent.


Il tente de me reprendre la lettre :



Il essaye toujours de me reprendre la lettre, je pivote sur moi-même, la lettre presque sous les yeux, un nom m’accroche, je bloque sur place, je pense avoir rêvé. Je me sauve vers l’autre pièce, son ancienne chambre, près de son lit, celui de son enfance. Max ne me poursuit pas tout de suite. Je lis attentivement le passage en question, les mots dansent sous mes yeux ; ce n’est pas possible, je rêve, là ! Je vais me réveiller ! Je me laisse tomber lourdement sur le sommier qui vibre :



Il s’assied près de moi. Je lève mes yeux humides vers lui :



En toutes lettres, écrites noir sur blanc sur ce papier vieilli, le fameux notable avec lequel sa mère a fauté, le père biologique de Max, c’est son nom, c’est son adresse, c’est mon père !


Je me jette dans ses bras, je suis anéantie : j’aime mon propre frère ! Ce salaud de père indigne, jusqu’au bout, m’aura pourri la vie ! Pourquoi, pourquoi ? Mais qu’avons-nous fait pour mériter une chose pareille ? Je vais me réveiller, c’est un mauvais roman, c’est un très mauvais téléfilm !


Mais je suis toujours dans les bras de Max, je suis toujours en train de sangloter tandis qu’il me console maladroitement ; il doit être aussi perdu que moi ; nous vivons exactement la même chose, c’est effrayant, c’est… innommable !


Je le regarde :



Je me redresse, il le faut !



Je le regarde tristement :



Je me retourne, et sans qu’il ait pu esquisser un geste, je dévale les escaliers. Je monte précipitamment dans la voiture, je démarre en trombe ; il est juste derrière moi, il crie mon prénom, mes yeux embués de larmes, je ne veux rien entendre.


Je sais qu’il a essayé de me chercher durant toute la semaine où j’ai disparu. Un seul mail dans lequel je lui écrivais ma ferme résolution d’en finir, définitivement, rien qu’un seul, le plus pénible, le plus traumatisant de ma vie.


Il essaya bien de me faire fléchir, ma réponse fut glaciale ; il abandonna… momentanément…




--ooOoo--




Une autre semaine, un mois, deux, puis trois passèrent. Lui au loin, si loin vers cette Argentine que je ne connaîtrais jamais, cet autre continent que j’aurais tant aimé découvrir avec lui, contre lui. C’est un de ses nombreux SMS qui me l’apprit :



Au début, il a bien essayé de me contacter ; téléphone, SMS, mail, lettre…


Mais j’ai tenu bon malgré le fait que je mourrais d’envie de me jeter dans ses bras. Alors je me suis engloutie dans mon travail. J’ai eu des tas de remords, de regrets, avec, entre autres, celui de l’avoir planté là, sans voiture. J’étais vide, morte en moi, mais je vivais quand même, ou si peu. Une sorte d’automate aux ressorts internes brisés. Du matin au soir, après des nuits sombres, vides, si froides. Glaciales.




--ooOoo--




On sonne à la porte, je vais ouvrir. À peine ai-je entrebâillé celle-ci qu’elle s’ouvre violemment, me plaquant contre le mur. Une poigne de fer encercle mon poignet, quelque chose claque, je me retrouve dans la salle à manger, sans avoir compris ce qui s’est réellement passé. Je reprends mes esprits, j’ai un choc : il est là, face à moi.


Mes mains sont moites, ma bouche est sèche, mon corps me hurle de me jeter dans ses bras, il est encore plus beau que dans mes souvenirs, plus protecteur encore ! Il remplit tout l’espace, tout mon espace !


Il prend la parole :



Il s’adosse au mur :



Il est rageur, je serre les poings, j’essaye de contrôler ma voix :



Je hurle presque, je veux qu’il parte, qu’il foute le camp, sinon… sinon, il va tout casser, tout détruire le faible édifice que j’avais construit pour l’oublier. Il essaye de se calmer :



Je me rattrape de justesse. Mais il a parfaitement compris et il s’approche dangereusement de moi, je tente de reculer mais il m’agrippe fermement le bras.



Il m’embrasse de force, je voudrais partir, m’échapper, mais je n’y arrive pas, mes jambes s’y refusent, mon corps dit le contraire de ce que je voudrais faire, ma peau se colle à la sienne, ma bouche se rive à la sienne, je veux partir, je veux m’enfuir !


Un dernier sursaut, je me décolle de ses lèvres, échevelée, le souffle court. Je le regarde :



J’ai l’impression d’être coincée dans une boucle temporelle ! Je soupire, toute tremblante :



Il me regarde au plus profond de moi. Une fissure.



Quelque chose monte en moi, comme si quelqu’une d’autre prenait ma place dans mon propre corps, comme si je me dissolvais dans une autre personnalité. Je m’accroche à lui, comme si ma vie en dépendait, je m’agrippe à lui, à lui en arracher les vêtements :



Dans la lézarde, une lueur là-bas… Il me regarde, interloqué :



Toujours cette lueur qui verse mes craquelures… quelque chose qui me sauvera…



Les sourcils froncés, il essaye de se dégager, il tente de reprendre le contrôle d’une situation qui lui échappe et qui m’échappe aussi. Je le retiens comme je peux, désespérément, agrippée à lui :



La lueur devient plus ample, irradiante, un nouveau soleil qui se lève…



Je m’agrippe encore plus à lui, mes doigts comme des serres, le soleil qui lève en moi, qui brûle en moi :



Ce soleil est trop fort, trop intense… peut-être que… À moitié hagarde, je le regarde bien en face :



Il me regarde gravement mais avec amour, tant d’amour, je n’en ai jamais vu autant de toute ma vie. Il me répond les yeux dans les yeux :



Il me regarde intensément ! Tout est alors si chaud, si brûlant, si lumineux ; je peux, je le sens, je veux saisir ma destinée. Je tremble, impossible d’arrêter. Je claque des dents ; froid de ma vie, chaud d’un avenir…


Un long silence, le plus long de ma vie. Il redit :



Incendie, fournaise, les vannes du ciel grandes ouvertes. Nous avons fait l’amour sur le canapé dans la lumière, dans cette si vaste lumière… Passionnément, désespérément, follement.


Follement !




--ooOoo--




Il arrive parfois que, sous le coup de l’émotion, d’un grand choc, notre délicate horloge cervicale ait les rouages qui se détraquent. C’est par ces mots que Max est venu m’expliquer sur mon lit d’hôpital ce qui s’était passé.


Il est là, près de moi, c’est tout ce qui compte : lui, que lui !


Les joues en feu, toujours un peu assommée par les traitements, je l’entends me raconter que durant l’amour, j’étais devenue un fauve furieux, griffant, lacérant, mes ongles dans la peau pour qu’il ne parte pas. Cinq fois, dix fois, plus même, nous avons fait l’amour, j’en voulais toujours plus, je voulais tout de lui, je me suis même jetée à plusieurs reprises sur lui, et j’ai fait des choses… comment dire… pas racontables, du moins, pas tout de suite.



Il se racle la gorge :



Il murmure quelque chose à mon oreille, je deviens rouge pivoine. Je me tortille sur place, affreusement gênée ! Je bafouille :



Il s’arrête, se demandant s’il doit poursuivre…



Silence. Je reprends d’une petite voix :



Il ne répond rien, un large sourire aux lèvres. Il m’embrasse, je me laisse complètement aller, j’aime tant son contact, sa chaleur ! Sa simple présence chasse tout, lave tout, m’offre une nouvelle virginité immaculée ! Je l’aime tant !


Oui tant ! Je me coule contre lui…

Oui que lui…

Rien que lui…




--ooOoo--




Personne d’autre ne saura. Tant que nous serons ensemble et en vie, personne ne viendra entre lui et moi. Je me fiche de la morale, elle m’a assez pourri la vie, étant jeune, je me fiche de ce qu’il faut faire, je me fiche s’il est mon demi-frère ou quelqu’un d’autre : il est celui que j’aime, celui avec qui je construis ma vie jour après jour, celui qui est mon avenir, celui de mes enfants qui seront aussi ses enfants, des nôtres. Je me fiche de la génétique, de la légalité ou non de s’aimer.


Je suis face à lui, de part et d’autre de notre grand lit, je sais que je désire cet homme, c’est tout ce qui compte. Je sais qu’il me désire tout autant, et c’est la seule chose qui importe !


Dehors, il faut toujours chaud, j’ai laissé mes blocages, tous mes a priori dans ce lointain pays qu’on appelle ici Francia. Ici, en Argentine, je suis libérée, je suis un petit animal qui veut vivre, vivre avec lui, rien que lui !


Et puis…


Et puis, tant pis si j’ai « légèrement » disjoncté ! Surtout de cette façon si… Néanmoins… quelque part, j’aurais une très bonne excuse si je sors par la suite des sentiers battus…


Hum, hum, ce n’est décidément pas une mauvaise idée, ça…


Je suis face à lui, à quatre pattes sur notre grand lit, comme un fauve vers sa proie, je sais que je désire férocement cet homme, mon homme, c’est tout ce qui compte. Je sais aussi qu’il me désire passionnément, et c’est bien là la seule chose qui importe !