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n° 15089Fiche technique13211 caractères13211
Temps de lecture estimé : 8 mn
27/07/12
corrigé 11/06/21
Résumé:  Rencontre dans un parking.
Critères:  fh inconnu parking exhib fellation pénétratio confession -voiture
Auteur : Unmotbleu  (Improvisateur amoureux)      
Microscope

Une lumière vacillante parmi des millions d’autres, voilà cette destinée que chacun de nous est censé porter, ou même accueillir ; une flamme vacillante, mais insistante aussi parfois. Des lumières complètement éclatées par la diffraction aquatique. Un paysage urbain infini, constellé et mouvant dans une atmosphère saturée de vapeurs humides et de bourrasques pluvieuses.


Des millions de spots, chaque chambre, chaque pièce, des vies, des existences, des communautés, des solitudes.




Microscope




118 étages de style international, un lieu, rien de plus. Comme pourrait-elle habiter ce volume d’air sans aucune identité. Dire que des milliers d’individus ont occupé cette chambre d’hôtel, ce lit, ont caressé l’écran TV du regard, se sont penchés, ont ouvert puis refermé les tiroirs, pour vérifier : silence, anonymat. Impossible de ne pas tenter de s’agripper aux choses pour s’empêcher de sombrer. C’est naturel d’avoir besoin d’un vrai contact, mais ici, cela est vain, rien n’adhère.


Mais son cœur bat. Elle dirait même que sa poitrine est près d’exploser, que son corps entier s’effondre sur lui-même. Elle plane au-dessus de la ville, mais sait que quelque chose de tangible l’attend, dans les tréfonds. Elle va descendre, s’enfoncer, sombrer.


Tout est programmé. Comme échapper à la mécanique aujourd’hui. Les règles fonctionnelles sont absolues et implacables. Les machines commandent intégralement les existences. Elles jouent la comédie, semblant se contenter de nous accompagner avec politesse et discrétion, elles commandent et organisent. Éteindre la lumière, verrouiller la porte, appeler l’ascenseur, musique d’ambiance, plonger…


Elle l’a trouvé sur le net. Une coïncidence des désirs, un point commun et la possibilité d’une rencontre, un scénario. C’est justement la raison pour laquelle il lui semble habiter un rôle, et qu’elle peut se regarder agir comme au ralenti, en apesanteur, malgré que son corps batte la mesure et que son ventre vibre lui aussi.


Il faut se préparer. Elle voit devant elle ses vêtements soigneusement ordonnés, par ordre d’apparition, par couche, des peaux. Ça l’excite de penser que ce qui va dans un sens, va se rejouer dans l’autre, peut-être dans le même ordre, simplement, mais rien n’est moins sûr dans la violence du sexe.


C’est en effet le but du jeu. L’abandon total. Le chaos.


Elle regarde son corps nu dans le reflet de l’écran de télévision. La légère courbure du verre lui donne une silhouette étrange et magique. Sa peau est très pâle et brille dans la nuit. Elle passe la main sur son ventre, puis son sexe. C’est doux et chaud, vivant. Elle sourit. Mais il est temps, elle doit aller au-devant de son désir, aller le chercher, l’arracher à la banalité du monde.


Elle enfile ses sous-vêtements. Même si la sophistication des dessous la rend parfois mal à l’aise, dans ce cas, elle a opté pour le contraste. Elle sera comme éthérée par le soyeux des matières, par les dentelles et les transparences. Le contact des matières sur sa peau, et surtout cette fragilité et cette finesse, toutes ces sensations envahissent son ventre, prennent leurs aises, occupent le terrain.


Puis vient la robe, croisée sur ses hanches, ouverte entre ses seins, fluide et invisible, malgré son noir intense. Enfin les chaussures, une colonne d’air entre elle et le sol.


Ainsi achevée, même un trait d’Alex Varenne n’aurait pu en retranscrire la beauté vénéneuse.


Le parfum sur le haut de son cou, pour les morsures. Les cheveux, attachés, elle veut qu’il puisse voir son visage quand elle le sucera.


On le devine, ce rendez-vous n’est pas une douce romance, ici rien de domestique, aucune règle n’est écrite et les participants sont joueurs. Le projet est intense et sans fioritures. Elle est prête. L’impact à venir est presque concret maintenant. Elle sent les mouvements de l’air, le son imperceptible de son sang qui bat ses tempes et son ventre.


La porte, le couloir, l’ascenseur. La température est constante, et un léger sifflement électrique occupe l’arrière-plan. Les sons électroniques ponctuent ses gestes, passage des étages, les uns à la suite des autres, on descend, sans fin. Ce moment de chute est emblématique de la situation. C’est une coïncidence entre les choses et leur signification. Le monde s’exprime parfois.


Ralentis, amortis, on se pose dans un chuintement qui dirait : « Vas-y… Vas-y… », les portes s’écartent, l’air s’engouffre, un souffle chaud. Une odeur de carburant et de gaz d’échappement, lourdeur de plomb : c’est le parking du sixième sous-sol.


L’espace est sombre et humide, une caverne. Elle s’avance dans la nuit, sans hésitation, droit devant. Quand son corps disparaît dans l’obscurité, elle se retourne. Les lumières de la porte et de l’ascenseur sont comme des phares perdus dans la tempête, au loin. Dans la nuit, elle devine les mouvements des véhicules aux étages supérieurs, les crissements de pneus, les portes qui claquent, mais ici, c’est le calme, et bientôt la volupté.


Elle perçoit à sa droite, en avant, l’ouverture d’une portière : une invitation. Elle s’approche et devine le véhicule. Lui est là, debout, comme prêt à la conduire quelque part. Est-ce utile de parler ? Tout a été dit, avant.


Elle se place du côté passager, découvre ses jambes pour pénétrer l’habitacle et s’enfonce dans le siège, tournée légèrement vers lui, les cuisses à nu. Elle se penche vers l’arrière, abaisse le siège, les bras lui tombent le long du corps.


Elle ferme les yeux.


Les portes restent ouvertes, l’air du parking est pénétrant, étouffant. Les sons lointains et étranges lui traversent l’échine. Elle perçoit parfaitement les mouvements de l’homme qui s’approche.


L’image électronique qu’elle avait de lui était charmante, mais là, il s’agit d’un corps bien réel, d’une masse tendue par le désir sexuel. Il s’est placé à l’arrière et son visage est tout près du sien. Elle sent sa respiration dans la courbe de son cou, juste sous l’oreille. Les baisers établissent un contact instantané avec son ventre, son sexe. Elle écarte légèrement les jambes, sa respiration se mêle d’un gémissement. La langue de l’homme court sur sa peau, pénètre sa bouche. Elle remonte la main vers ses cuisses et la dépose sur son sexe. Elle appuie doucement, formant des ondes, comme des cercles délicats à la surface de l’eau.


L’homme poursuit ses baisers et attrape ses seins à travers la robe. Il écarte le tissu et les empoigne avec force. Les sous-vêtements sont oubliés, les seins jaillissent. Elle poursuit son mouvement entre ses cuisses, sa bouche est envahie et sa poitrine se tend vers le plaisir ; elle est prise.


Il se déplace vers le centre, caresse son visage et de la main gauche ouvre son pantalon. Il ne porte rien sous le jean et le sexe se détache dans l’air. Il est bandé, assez sombre et mat.


Elle le voit porter sa main à sa bouche et y déposer de la salive. Il prend alors son sexe et commence à le parcourir de haut en bas, très lentement. Elle observe très attentivement le poing serré et aussi la tige de chair qui sort et rentre régulièrement, luisante. Quand il monte, elle voit les bourses suivre, le gland devenir foncé et gonflé. Quand il redescend, la peau s’étire et tout le sexe brille et s’épanouit. Elle est fascinée par ce mouvement régulier. Elle ne regarde absolument pas le visage de l’homme mais son sexe seul.


Quand l’autre main imprime une légère pression dans ses cheveux, elle se laisse aller à l’invitation. Elle approche les lèvres et dépose un baiser juste en dessous du sommet. Elle y donne aussi un coup de langue. L’homme tient le bas de son membre, serré dans son poing et le sommet est sous pression, tendu. Elle-même continue encore à se caresser, mais cette fois, elle a glissé la main sous le tissu de la culotte. Son sexe coule et ses doigts glissent facilement. Elle ne fait que maintenir le plaisir assez près pour en profiter mais un peu à distance, pour ne pas jouir… une tension en diagonale, patiente.


Elle prend le sexe dans son entier, elle l’avale. Elle a toujours adoré s’occuper totalement de la chose, la tenir complètement au chaud, l’envelopper d’une humidité généreuse, comme cela sera le cas quand il baisera son sexe.


Quand la lumière éblouissante a explosé, elle n’a pensé à rien et continué sa tâche. Le véhicule est passé devant eux, tous phares allumés, saisissant pendant une fraction de seconde, l’ombre de leur coït sur le mur du parking, telle un spectacle érotique chinois. Puis la lumière a baissé comme elle était arrivée. La voiture s’était arrêtée plus loin. Les portières ont claqué et les pas se sont rapprochés. Lui n’a prononcé aucun son, mais ses gestes et son regards sont restés précis : continue.


Les pas se sont arrêtés à quelques mètres, on devinait l’hésitation, un temps suspendu. Son regard à elle n’ose bouger. Elle reste focalisée sur le pénis de l’homme.


Il s’est alors retiré de sa bouche, sourire, et s’est assis à l’arrière. Le déshabillage dans l’habitacle est toujours hasardeux, mais c’est le résultat qui compte ! Il est nu, intégralement, et elle le découvre ainsi. Il va jusqu’au bout.


Quand il a contourné le véhicule, elle l’a suivi du regard. Son corps apparaît à peine dans l’obscurité, mais au passage, elle a saisi le regard d’une femme, la voyeuse, pense-t-elle. Elle s’est arrêtée et se contente de regarder, fascinée. Quand l’homme se penche sur elle, entre ses cuisses, elle croise l’inconnue du regard. L’autre, interloquée la questionne et elle, perdue, la rassure, l’invite à la compréhension, justement.


Et il s’est enfoncé en elle, écartant négligemment la culotte. Il est sur elle. Le son de son plaisir résonne dans l’espace, l’emplit d’une ambiance étrange. Elle aussi gémit, c’est irrépressible, et la présence sonore de leurs soupirs les incite à se libérer, et à donner de la voix, comme dans un cercle vertueux.


Elle a monté ses jambes et les a calées sur le tableau de bord et contre la portière. Ainsi, elle peut s’écarteler tout en pressant son corps contre le siège. Elle se bloque elle-même, comme plaquée au mur, pendant que lui dispose. Il pose ses coudes sur le siège, de chaque côté de son visage. Arc-bouté sur elle, il la couvre et emplit l’espace, jouant du bassin avec calme, profitant des sensations de son membre à l’intérieur d’elle. Tournant son regard, elle croise celui de la spectatrice. Elle s’est rapprochée légèrement et son visage dans le cadre de la fenêtre est le miroir abasourdi d’elle-même.


Les coups de reins lancent de douces vibrations dans son ventre. Elle ferme les yeux et caresse la pointe de ses seins ; il est temps de jouir. Dans la nuit de ses paupières, elle perçoit avec acuité les soupirs de l’homme quand il s’enfonce en elle, puis le choc et l’onde de plaisir, sur son clitoris, quand ils frappent leurs pubis, puis sa langue à lui quand il lui lèche les lèvres et pénètre sa bouche, puis les décharges électriques que lancent ses doigts au bout de ses seins. Elle imagine enfin le regard porté sur elle et cet environnement, cet espace immense et plein d’écho.


L’orgasme arrive d’un coup et la foudroie dans son siège. Elle sent que son corps est couvert de sueur. Son sexe palpite quand elle rouvre les yeux. L’homme s’est retiré, elle voit sa main sur son sexe étincelant de mouille. Il se caresse et jouit sur son ventre, dans un cri cassé. Il plonge à nouveau sa bouche sur la sienne et elle sent la semence couler sur sa peau.


Dans l’habitacle, le parfum des plaisirs est puissant et rassurant. L’homme s’est écarté. Il est sur le côté, les yeux clos. Le parking est désert, l’inconnue a quitté la scène, comme un fantôme apeuré.


Elle referme méticuleusement sa robe, sans hâte. Ne pas oublier ses chaussures, elle y tient ! Et les sous-vêtements, idem. Dans un sourire, elle sort du véhicule.


Bye.


Remonter dans sa chambre, elle le sait, c’est fermer cette parenthèse. Revenir. L’ascension, paradoxalement, imprime en elle un mouvement de descente, elle se pose.


Mais elle garde entre ses jambes le poids du désir, celui lourd et enivrant du sexe et dans la tête, des bulles de fraîcheur, celle plus aérienne du plaisir et du rire.


Cette nuit, elle trouvera le sommeil.