Les jeux télé doivent être utilisés avec modération.
Nous étions restés encore enlacés, et pourtant nos corps étaient bien repus – allongés nus sur les draps froissés, la lumière de l’après-midi, oblique, éclairant de côté la fumée des cigarettes (les meilleures, celles « d’après »), les rideaux de la fenêtre bougeant légèrement sous une brise bienvenue pour nous rafraîchir…
Je me demandais ce qui faisait de Ben, et de loin, le meilleur de mes amants. Certes, il savait me faire jouir, mais justement : ce n’était pas très difficile d’y arriver, mon corps ayant, depuis belle lurette, été étonnamment réactif. Jeune fille, j’en étais un peu honteuse : il suffisait parfois qu’un regard me frôle pour qu’échappant presque à ma volonté, ma convoitise s’allume – vraiment : j’en devenais comme « brillante », réellement, et ce n’étaient certes pas les propositions qui manquaient dans ce cas. J’évitais les danses trop lascives, je tentais de garder des distances – mais rien à faire : mon corps trop facilement ému me conduisait généralement dans des lits – et des bras, grands ouverts ! Jeune femme désormais, j’avais appris à m’assumer – et puis j’avais rencontré Ben, qui me comblait…
Pour une gourmande, et j’en étais une, être comblée est en fait assez rare. Non seulement il faut que l’appétit y soit, mais encore que le mécanisme mystérieux du plaisir vous remplisse à ras bord – et seul Ben m’apportait cela. Sa bite n’était pourtant pas surdimensionnée, son ardeur réelle à mon égard avait déjà été égalée par d’autres amants, mais voilà : lui me comblait, voilà, et je voulais savoir pourquoi :
- — Pourquoi suis-je si bien avec toi, Ben ?
- — Tu me le demandes, Ludivine, après ce que je viens de te faire ? Je crois que je le sais, moi, pourquoi tu te sens bien… Pardi, je t’ai fait jouir par tous les bouts, non ?
- — Mais ce n’est pas de cela que je voulais parler… Oui, bien sûr, je te le confirme, tu sais me prendre, mais je ne me lasse pas de toi, alors que des autres… Tu sais, d’habitude, je change souvent de mecs. Pourquoi est-ce différent ?
- — C’est qu’en fait, ma jolie, tu as un peu peur de moi, voilà. Tu sais que si tu me laisses tomber, je t’emmènerai vite fait à Fort Couillard !
- — Fort Couillard ?
- — Ne fais pas semblant de ne pas comprendre et s’il te plaît, laisse ta main où elle était : j’aime bien, même quand je suis parfaitement détendu, que tu la poses ainsi sur ma queue, en caressant doucement mes couilles. Alors, si tu veux que nous jouions à Fort Couillard, il faut d’abord que tu me promettes que tu écouteras jusqu’au bout, en restant comme tu es, tout contre moi, et à poil, hein.
- — Bon, je te le promets, mais dis-moi ce que c’est que ce « Fort Couillard ». Une parodie de l’émission pour enfants, Fort Boyard, c’est ça ?
- — En plein dans le mille, ma jolie Ludivine, mais Fort Couillard, ce n’est pas un endroit pour les enfants… Plutôt pour les jeunes femmes comme toi, avec tes longues jambes, ton petit cul haut perché, tes nichons splendides, et puis ces grands yeux qui semblent si innocents, même quand ils s’agrandissent bizarrement…
- — Arrête tes compliments et raconte-moi plutôt l’histoire de ton Fort, là.
- — Ah ça, je savais que cela allait t’intéresser. Mais tu sais, c’est bien connu : il s’agit d’un endroit, tout à fait comme l’autre, celui de la télévision. Sauf que les épreuves, dans les cellules, sont d’un genre un peu spécial… Et qu’une fille comme toi aurait sûrement un peu de mal à gagner les défis…
- — Mais de quels défis s’agit-il, bon sang ?
- — Ne t’agite pas comme ça, ferme les yeux plutôt, et détends-toi. Imagine ton arrivée à Fort Couillard : tu es dans un zodiac qui fend la mer à toute vitesse, tu as une équipe qui te filme, la seule petite différence c’est le costume – pas de survêtement sportif à Fort Couillard, mais plutôt une petite tenue : un tee-shirt au tissu fort mince, qui te moule bien les seins, impossible qu’ils durcissent sans qu’on le voit, et puis un mini-short avec deux fermetures éclair, une devant, une derrière. Pratique, non ?
- — Tu me vois vraiment habillée comme ça ?
- — L’important, ma jolie Ludivine (et au fait, regarde : il suffit que je les frôle et elles durcissent rudement vite, tes aréoles), c’est que toi tu y consentes. Parce que ce n’est que le début !
- — Raconte-moi donc la suite, alors…
- — C’est que les épreuves et les cellules changent à chaque fois : la production fait bien les choses. Déjà, la décoration du Fort… Des statues érotiques partout, des godemichets dans des niches qui s’allument quand tu passes devant, des techniciens, des assistants, en boxers-shorts bien moulant, du genre à bien dessiner ce que tu aimes le plus chez les hommes, et puis une sorte d’ambiance générale… Tu croises des assistantes, ils appellent ça comme ça là-bas, vraiment bien balancées, presqu’aussi bien que toi, et toutes vêtues comme pourrait le souhaiter les plus difficiles à contenter : des petits bustiers serrés, des soutien-gorge en dentelle mais qui s’arrêtent juste sous la pointe des seins, des ceintures moulant les tailles de guêpe, celle-ci avec un petit tablier, un gros nœud derrière mais rien d’autre, ce qui donne évidemment envie de toucher un peu ce joli cul et d’y glisser le tien, de nœud…
- — Mais je croyais que Fort Couillard était l’endroit où je devais passer des épreuves, et voilà qu’à t’entendre, on croirait que tu y passes ta vie !
- — C’est que c’est ta première épreuve là-bas, ma jolie petite braise, si tu t’ennuies avec moi au point de vouloir me quitter. Je t’emmène à Fort Couillard et là, c’est toi qui devras choisir…
- — Choisir ?
- — Oui, dans la première salle, on te présentera des femmes, et tu devras m’en choisir une – attention, il faut que cela soit celle qui me fera bander le plus, et j’aurais déjà fait mon choix. Si tu te trompes, tu seras punie. Si tu sais choisir celle qui me plaît le plus, eh bien, tu auras le droit de la regarder faire à la télé… Franchement, c’est mon épreuve préférée. Imagine que la fille sache vraiment bien y faire : eh bien, il faudra que je me retienne, même si elle me suce à faire fondre l’Himalaya, même si elle me pompe le dard comme une déesse, quand je la prendrai en levrette…
- — Mais c’est horrible pour moi, Ben ! Pendant ce temps-là, si je comprends bien, je suis en dehors, à regarder l’écran de contrôle, à t’entendre baiser dans la cellule avec une autre, et il faut que je te demande de te retenir ?
- — Oui, jusqu’à ce que la clepsydre qui rythme les épreuves arrive au bout, alors, tu dois me crier de sortir… De tout, comprends-tu : de la fille et de la cellule. Mais tu peux me faire confiance : je resterai peut-être jusqu’à la dernière seconde, mais je me serais retenu. Quand je sortirai, j’aurai peut-être la queue dressée jusqu’à la lune et mouillée de cyprine, mais je n’aurais pas déchargé…
- — Comment auras-tu fait ?
- — J’aurais pensé à toi, mon petit chaton, et à ce qui t’attend dans la seconde cellule. Parce que ce sera ton tour ensuite !
- — Qu’est-ce qui m’arrivera ?
- — Eh bien, une épreuve particulièrement difficile et en même temps, qui devrait t’ôter toute envie d’envisager même de me quitter…
Pendant toute cette conversation, je ne quittais pas des yeux le visage si particulier de Ben, qui a les pommettes saillantes, des paupières lourdes sur un regard vert… Je devais l’avouer : le jeu d’imaginer Fort Couillard était particulièrement excitant. Je sentais comme des frissons dans mon dos, à l’idée que cela pourrait vraiment exister. Je m’y voyais presque, quoi, toute tremblante devant la porte qui allait s’ouvrir sur l’inconnu…
- — Non, me dit alors Ben, pas l’inconnu, Ludivine. Les inconnus… Tu te vois, entrée dans la cellule ? Les assistantes commencent par te désaper, et puis elles t’attachent les poignets par une chaîne, qu’elles passent dans un anneau scellé au plafond, et puis elles t’écartent les chevilles et les fixent elles aussi : te voilà écartelée, au milieu de la pièce, sans aucune défense… Et, touche finale, tu as les yeux bandés et tu dois rester ainsi, sans savoir ce qui va t’arriver. Qu’en penses-tu ?
- — C’est trop cruel, je n’ai pas mérité ça Ben, mon Ben, mon amour ! Je crois que je t’appelle, que je crie ton nom…
- — Va, ne t’en fais pas ma Ludivine, ce ne sera pas un jeu aussi cruel que cela. Certes, quatre hommes masqués vont entrer, et certes, tu ne pourras pas les empêcher de te toucher là où ils le veulent. Spécialement, évidemment, ton si joli petit entrejambe, sous ta fine toison, là où ton bouton d’amour se dresse, tiens un peu comme maintenant sous mes doigts… Mais aussi ton con, ils seront parfois deux ou trois à y tremper les doigts, pendant que l’un prendra ta bouche et y fourrera sa langue, que l’autre te tripotera le bout des nichons, que le troisième, derrière toi (et tu auras beau bouger et gigoter sous la chaîne, tu n’y pourras rien), t’écartera les fesses en les pétrissant… Tu ne pourras plus m’appeler, parce que tu auras toujours la bouche pleine, soit avec une langue, soit avec autre chose : godemichets, ou bien la bite d’un des mecs qui montera sur une chaise pour être à la bonne hauteur et te l’enfoncer…
- — Mais c’est horrible, tu me promets une torture Ben, non, ce n’est plus une épreuve mais une punition ton Fort Couillard !
- — Pas le droit de protester, ma jolie, sinon je t’envoie au père Fourre-la-moi ou au nain Passe-la-moi-Partout ! De toute manière, même manipulée ainsi, il faudra que tu gardes ton calme. Parce que, parmi les quatre mecs qui s’occuperont de toi ainsi, il faudra que tu en désignes un. Les yeux bandés, eh oui. Rien qu’à sa manière de te palper, de te caresser, de te lécher… Et si tu ne te trompes pas, celui que tu auras choisi sera celui que moi-même j’aurais choisi pour toi. Tu vois ? Dès que la clepsydre est vide, on te détache, on te demande de désigner la bite qui te convient le mieux sur les quatre qui continuent à t’entourer : et si tu montres la bonne, tu as gagné ma chérie !
- — Qu’est-ce que j’ai gagné au juste ?
- — Eh bien, cela dépendra de ton état. Après la petite séance, d’après toi, comment te sentiras-tu ?
- — Comment veux-tu que je le sache ? J’aurais eu horriblement peur, évidemment, avec tous ces inconnus, cette crainte…
- — Mais au fond, ils ne t’auront fait aucun mal, pas même une petite fessée, voyons. Allez, dis la vérité ma Ludo…
Je dus reconnaître qu’il avait raison : l’épreuve décrite m’avait bien plus excitée que torturée ! Pendant son récit, mon corps frémissait à l’idée d’être ainsi à la merci du désir de quatre hommes, surtout en restant assez lucide pour choisir le bon… Et je ne pouvais mentir à Ben, car, nue dans ses bras, il m’avait caressée pendant tout le petit jeu et savait bien que mon sexe s’était humidifié, pendant son récit…
- — Bon, d’accord, j’avoue : je pense que j’aurai choisi le bon, et que je serai si émue, si excitée par la peur et par les sensations reçues que j’aurais envie de baiser comme une folle…
- — Tu vois, c’est ça l’effet Fort Couillard. Parce que figure-toi que, lorsqu’on t’enlèvera ton bandeau, tu t’apercevras que j’étais parmi les quatre mecs. Et, vois-tu, je te connais si bien que c’est moi que tu auras choisi…
- — Rien de moins certain, mon Ben chéri. Comment peux-tu être si sûr de toi ?
- — D’après toi ?
Je le regardais : il me souriait, et tenait sa bite dressée et dure à la main… Nous venions de passer un après-midi déjà bien rempli, mais il nous avait suffi de jouer pendant quelques minutes à son « Fort Couillard » pour que le désir renaisse. J’étais aussi excitée que si tout cela avait vraiment existé. Et lui bandait de nouveau, aussi fort que s’il s’était retenu avec la première assistante, s’il m’avait caressée, léchée, embrassée et palpée avec trois autres mecs, et qu’il avait senti mon désir aussi fort que le sien…
Pendant que nous nous enlacions de nouveau, en riant à l’idée de toutes les épreuves que l’on pouvait imaginer à Fort Couillard, je me sentais de nouveau en paix : je savais pourquoi c’était lui que je préférais. Pas seulement son sexe, la manière dont il se servait de sa queue dans mon con ou dans mon cul, la façon dont il déchargeait quand je le suçais de la manière qu’il aimait (en le pompant profondément, puis en ressortant ma langue et en le léchant de haut en bas), ou dont il faisait durcir mon clitoris et me faisait mouiller : tout cela était décuplé par l’imagination qu’il y mettait, et qu’il me communiquait…
Car sous ses doigts, les cuisses ouvertes, offerte à toutes ses proposition, j’étais décidément prête à partir n’importe quand, pour gagner avec lui le Fort Couillard !