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n° 15219Fiche technique26139 caractères26139
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Temps de lecture estimé : 19 mn
17/10/12
Résumé:  Épouse infidèle pousse son mari à des aventures.
Critères:  #vengeance #adultère fh humilié(e) voir odeurs cunnilingu pénétratio humour
Auteur : Bleuet  (époux)
Concours d'infidélité

Voir un type sortir de ta maison en surveillant les alentours, comme un voleur qui ne souhaite pas être vu, le voir sauter dans sa voiture et démarrer en vitesse, puis après une courte attente rentrer chez toi et trouver ta petite femme en train « d’essayer des sous-vêtements neufs », en soutien-gorge mais avec une culotte à l’envers (le derrière devant), les joues anormalement rouges et les cheveux tassés à l’arrière de la tête, ça te donne à réfléchir. Ne rien laisser paraître, faire comme si tu n’avais rien vu, comme si tu ne remarquais rien, et réussir à dire d’une voix égale :



Ça dénote une sacrée maîtrise de soi ou un j’m’enfoutisme souverain. Je viens de voir, j’ai constaté, je n’ai rien dit. Marie ne juge donc pas nécessaire de donner des explications ; elle part vers la salle de bain en déclarant :



Elle doit rire en son for intérieur lorsqu’elle appuie sur le mot « excellente » ! Je suis gentil garçon, mari aimable et aimant, aux petits soins pour l’élue de mon cœur. Marie a tort de me considérer comme un naïf, aveugle et ridicule et de rire sous cape des cornes qu‘elle greffe sur mon front. Elle pousse le bouchon un peu loin aujourd’hui. Elle sort peu après, peignée, la culotte à l’endroit, mais marquée d’une tache d’humidité à l’avant, l’esprit encore plein des souvenirs de son « excellente journée », ravie de me rouler impunément dans la farine. Trop heureuse, elle est distraite et cache mal les traces de ses récentes occupations coupables. Cette tache est un indice troublant. Ma femme ne souffre pas d’incontinence d’urine. La marque vient d’un vagin trop arrosé, débordant de sperme avec retard ou trop vite nettoyé. Elle vient à moi, me donne mon bisou : elle s’est parfumée, ses joues ont repris leur teint habituel.



Marie est de bonne humeur, heureuse et conciliante, un peu plus que d‘habitude. C’est normal après une journée qualifiée d’excellente avec tout ce qui peut se cacher sous le mot et qui doit me passer à dix mille pieds au-dessus de la tête, pense-t-elle certainement. Je n’ai rien dit, donc je ne sais rien ! Si je ne sais rien, elle a eu raison de précipiter le départ de son coquin. Ils ont eu chaud, mais pas vus, pas pris ! Il y a un bon dieu pour les amoureux. Le fuyard ne doit pas être étranger à ses bonnes dispositions. S’il lui a donné du plaisir comme je peux le soupçonner, Marie se réjouit et sa joie se déverse sur le cocu inoffensif. Voilà une retombée positive de son état de femme comblée : pour une fois j’échappe à la corvée des courses et à la visite à une belle-mère qui a du mal à admettre le départ de sa fille bien aimée avec un mari. Tant mieux.


Je fais le curieux. Le lit généralement tiré avec soin offre un aspect inhabituel, le couvre-lit a été jeté à la va-vite. À terre, sur le côté dépasse un bout de nylon ; du pied je dégage une paire de collants. Étrange, Marie est méticuleuse à l’extrême, cet oubli ne lui ressemble pas. Elle a vraiment eu peur d’être surprise dans les bras de ce type pressé de quitter les lieux juste avant mon retour. Le lave-vaisselle contient deux verres à liqueur. Ils ont trinqué à ma santé, osera-t-elle le dire ?


Un magnifique bouquet de roses rouges décore la table du salon. Faut-il être sûr de soi pour laisser des signes aussi visibles et révélateurs de sa visite : un représentant offre rarement des fleurs. Ce monsieur bien élevé ne vient pas les mains vides, sait faire plaisir à ma femme mais fait preuve d’une dose d’inconscience surprenante. Dans la salle de bain, sur la tablette devant le miroir, le flacon de parfum de marque côtoie sa boîte d’emballage. Une promotion ? Même en promotion ce flacon doit coûter une fortune : Le brave homme n’est pas radin quand il veut séduire, je doute fort qu’il ait fait cette dépense pour faire plaisir au mari.


Je m’apprête à enlever le carton de luxe pour le jeter dans la corbeille, il en tombe une carte de visite de Lucien Drelin, adresse et téléphone « Avec mes compliments et mon amour ». A-t-on idée de laisser des traces aussi compromettantes derrière soi ? Serait-ce un V. I. P. immunisé contre les colères des maris jaloux des quartiers populaires ?


Enfin, dans la cuvette du WC surnage une capote anglaise qui n’a pas suivi le cours de l’eau. Les activités des amants ont été interrompues à la dernière minute et dans la précipitation, je ne vois pas d’autre explication à la présence d’autant de marques du passage d’un amant. Inutile de réfléchir longtemps pour savoir ce qui s’est passé dans ma maison cet après-midi. Ou bien c’est de la provocation ou bien c’est de l’inconscience. Après tout, Marie veut peut-être me pousser au divorce pour se débarrasser de moi. Elle étale sa liaison et espère me voir fuir.


Marie revient, harassée, « sur les rotules ». Les grandes surfaces la fatiguent, elle a dû se reposer chez maman et elle ne tardera pas à se coucher et à dormir ! Elle s’éclipse sur un rapide bisou parfumé après une longue caresse à ses roses auxquelles elle sourit en coin. C’est la cerise sur le gâteau ou la signature en bas du constat d‘adultère. Plus que les achats, le visiteur l’a fatiguée : elle n’est pas disponible pour moi. Tout s’enchaîne, je ne compte plus. Les galipettes de la journée avec l’inconnu suffisent. Au lit, le mari n’aura rien ce soir en dehors du classique dos tourné. Mes observations m’ont coupé l’appétit sexuel ; qu’elle dorme.


Du lundi au jeudi, je suis passé sans m’arrêter devant chez moi. Rien à signaler. Je me suis fait du mouron pour rien, trop prompt à imaginer le pire. J’ai bien fait de garder pour moi des élucubrations déshonorantes pour ma chérie. Le vendredi, la voiture de Lucien Drelin stationne dans ma cour, devant le garage ! Je prends deux ou trois photos, avec la plaque d’immatriculation et la maison en fond puis je m’en retourne au boulot.


Ce soir, je dois plaindre Marie victime d’une terrible migraine. Peut-être due à l’odeur forte de nouvelles roses fraîches ? Encore une promotion ! Ou à ce nouveau parfum très prononcé ? Les roses fanent et se remplacent, quant au parfum, je remarquerai plus tard que le nouveau flacon a une forme originale ; Marie aurait-elle l’intention de commencer une collection de flacons des meilleurs parfumeurs ? Marie attribue son malaise aux conditions atmosphériques instables ! Je n’insiste pas pour lui prodiguer des signes de mon amour, on n’importune pas une femme incommodée.


Le vendredi suivant la place devant mon garage est occupée. Le monsieur a son jour et son heure. Ce soir la migraine accablera inévitablement cette femme débordante d‘amour pour son amant, repue, rompue. À croire que les migraines observent des cycles réguliers et que les cocus pratiquent l’abstinence en observant les mêmes cycles. Je pourrais remercier le ciel de n’avoir permis ces douleurs que depuis peu de temps. Je devrais me montrer tendre et attentif aux désirs de la malheureuse souffrante, en bon petit mari. Pourquoi ne me demande-t-elle pas aussi de remercier le bienfaiteur qui me fait bénéficier d’une nuit de repos supplémentaire ? Bien sûr Marie ne pourra pas m’expliquer pourquoi après une « excellente journée » elle subit ces douleurs à l’heure du coucher de soleil.


J’enrage. Je dégonfle les quatre pneus et je me rends à l’adresse du monsieur. La dame qui m’ouvre sa porte est une jolie créature, un peu plus âgée que moi ou Marie. Je lui trouve une certaine distinction. Je lui montre des photos de sa voiture, je commente l’image, je fais part de mes constatations. La pauvre se tient l’estomac, conclut comme moi que je suis cocu et découvre qu’elle partage mon sort. Un coup d’œil au miroir du vestibule la rassure, ses cornes ne se voient pas. Mais elle a tout à craindre de la rumeur. Imaginez la tête de ses meilleurs amis découvrant l’infidélité du pendard. La sacro-sainte réputation… L’humiliation serait insupportable. À son tour, elle enrage :



Je hausse les épaules, l’air navré d’avoir heurté une belle âme.



Il n’y a pas de temps à perdre. La chambre à coucher est meublée richement. Luce veut me tutoyer. Elle a parfaitement compris ma démarche. Pour prouver son accord, elle quitte son polo et expose les corbeilles fournies de son soutien-gorge, m’invite à le dégrafer. Deux secondes elle hésite, mais me sourit en faisant tomber sa jupe. Elle se jette sur son lit, se tourne sur le dos :



Je ne suis qu’un imbécile de mari fidèle, porteur de cornes. Je n’ai rien de ces conquérants, tombeurs professionnels. Luce est plus déterminée que moi à se venger et me tend les bras. Je chasse mon accès soudain de timidité et je vais m’allonger contre elle. Ce n’est pas une torture. Luce est belle, bien roulée, appétissante. Je dévore des yeux ces chairs bien nourries de sportive entraînée, soignées, entretenues avec soin, luisantes mais veloutées au toucher ; je palpe la douceur d’un sein, je l’embrasse amoureusement à sa demande. Autant je commence à détester Marie, autant je me mets à désirer ce corps de femme plaisant sur lequel je retrouve l’odeur suave du dernier parfum de Marie. Malin ce monsieur Drelin, il transporte de l’une à l’autre les mêmes fragrances. Si le contact de son épouse me charge de son parfum, Marie n’y verra que du feu : Lucien tu n’y as pas pensé. J’approuve la claire décision de Luce de trouver avec moi une compensation à ce que ma femme lui dérobe. Elle attend de moi affection, dévouement et amour charnel. Elle ne mâche pas ses mots et me promet de se donner corps et âme.



Il y a cinq minutes j’étais petit, sans intérêt, sans importance, méprisé et humilié par la conduite de ma femme. Je me sens soudain beau, grand, fort, aimable. Désirable. J’attrape des ailes. Cette bouche est nouvelle, nos lèvres fermées s’entrouvrent, se cherchent, s’apprivoisent. Luce est plus hardie, sa langue passe les obstacles, vient jouter contre la mienne. Ses yeux rient de ma timidité ou du bonheur simple de se sentir comprise. J’ose une caresse sur le sein le plus proche, paume à plat.



Je m’enhardis, je m’accroupis et j’emprisonne ses seins dans la double coupe de mes mains. Les aréoles granuleuses se parent de deux tétons qui gonflent au toucher. La tentation est forte, je veux y goûter et j’y porte les lèvres.



Luce renverse la tête et me présente spontanément les pointes à dorloter. Des soupirs et des bruits de gorge m’encouragent. En hâte, je termine de me dénuder. Il lui reste la culotte confortable, elle soulève son bassin et m’invite à l’en délivrer. La tâche est plaisante, je découvre les bouclettes brunes de sa toison pubienne et la coquetterie d’une taille soignée du maillot. Luce s’amuse de ma curiosité devant son sexe dévoilé. Pour me convaincre de sa bonne volonté, elle disjoint ses cuisses bien en chair, dévoile la vulve, deux grandes lèvres bombées et un sillon fuyant entre les fesses jumelles.


C’est un univers nouveau, semblable mais si différent pourtant du sexe de Marie. Chacune a un aspect particulier. Il y a autant de différence entre deux sexes de femme qu’entre deux visages. Mon culot, né de ma colère rentrée, me vaut de voir l’intimité d’une autre femme. C’est une découverte dont je rêvais. Jamais je n’aurais osé demander un tel don. Ce fruit mûr demande à être exploré, choyé, visité, en surface et certainement jusque dans ses recoins les plus secrets. Plongé dans ma contemplation, je suis ramené sur terre par une main posée sur ma verge. L’accord est parfait, Luce attend la suite, elle y tient. Mes doigts prennent possession des lieux, mes pouces ouvrent les pétales roses, les lèvres intérieures suivent le mouvement, forment un losange de chairs humides aux teintes luisantes.



Le compliment me vaut un encouragement : je me penche et je dépose un baiser au cœur de cette crevasse appétissante. L’odeur m’enivre, j’embrasse mieux, je promène ma langue de bas en haut, de la pointe je creuse le pli dans sa longueur. Mais je sais où je dois porter mon attention : là, en haut. Au sommet, sous sa capuche de chair grossit un petit pois rose et brillant. D’un index je le débusque, je le fais jaillir hors de sa cachette et de la langue chargée de salive je le flatte, le flagelle à petits coups. Luce manifeste aussitôt son contentement de la voix et par le jeu de ses muscles qui se tendent pour mieux offrir son clitoris à mes soins. Il y a longtemps que son mari ne lui a fait pareille fête, il est toujours pressé de la pénétrer et d’expédier le devoir conjugal.


Agit-il de même avec Marie ? Je n’en sais rien, il faudra que je les épie, car si Marie couche avec lui, elle doit lui trouver un avantage. Comblée par son amant, Marie, j’y pense maintenant, ne montrait plus guère d’intérêt à l’amour avec moi, avant la découverte de son infidélité. Depuis quinze jours nous ne nous sommes pas touchés, ni embrassés vraiment avec passion : jamais elle ne s’est plainte de ma réserve, jamais elle n’a réclamé une caresse comme elle le faisait de façon spontanée. Nous n’échangeons plus que de rapides bisous conventionnels sur les joues. L’inconnue dont je lèche et suce le bouton montre plus de plaisir que ma femme n’en témoignait depuis un certain temps. La différence est frappante, j’y puise une force nouvelle.


La mise en bouche a plu, Luce a su réveiller mon désir par des pressions sur ma verge. Au passage elle m’a pris en bouche, a savouré mon gland et elle me guide, lubrifié, vers son sexe préparé. Elle ne cherche ni complications ni acrobaties. Le plus prosaïquement du monde, elle m’attire sur son corps. Elle n’est ni grosse ni trop mince, elle est confortable, chaude, douce et ferme au toucher, désireuse de plaire et d’être aimée. C’est elle qui présente mon pénis épanoui à l’entrée de l’antre où elle m’attend. Les premiers centimètres franchis, elle juge bon de placer ses mains sur mes hanches et elle facilite la pénétration profonde en s’accrochant à moi et en projetant son ventre vers le mien.



Immobile au-dessus d’elle, j’ai le loisir de fixer ses yeux. Ils sont grand ouverts, mais j’y lis une forte concentration. Sur ma verge gonflée, le vagin se contracte, serre et libère, serre encore, j’ai l’impression d’être entre plusieurs lèvres en mouvement. Pourtant nous gardons la position. Luce veut savoir si je sens « ses anneaux » autour de mon pieu. Elle est heureuse de sa démonstration et de la joie de ma réponse. Ce regard plongé dans le mien, cette complicité des « laissés-pour-compte » qui nous a mis en présence, donnent à notre union charnelle une dimension émouvante. Nous sommes bien liés ensemble, nos sens communient, nous nous plaisons, nous nous embrassons. Et ce long baiser nous enivre.


Ne parlons pas d’un coup de foudre, j’ai l’impression de découvrir l’amour et ses gestes. L’immobilité favorise le rapprochement des cœurs et donne aux corps une sensation extraordinaire, nous ne formons qu’un corps en fusion. Collés l’un à l’autre, nous parvenons au plaisir. J’éjacule et Luce reçoit mon jaillissement en chantant son bonheur, tétanisée, tendue comme un arc sous moi. J’ai été surpris d’exploser ainsi, sans les frottements du va-et-vient, sans la bousculade des corps énervés. Nous restons dans cette position pour en épuiser le charme et reprendre des forces avant de procéder de façon plus classique. Luce est une amante tendre, douce, terriblement efficace. Nous nous retrouverons.


Au moment où j’arrive à proximité de ma demeure, je vois Lucien s’installer dans la cabine d’une dépanneuse, à côté du conducteur. Marie n’assiste pas à la scène, mais quelques voisins curieux retournent à leurs occupations. Naguère quand je revenais en retard, ma femme me demandait où je m’étais perdu. Cette fois je reçois un bisou mais j’ai mouvement de recul.



Elle hausse les épaules et sourit à un souvenir. Si ce n’était que le parfum.



J’ai rencontré Luce. Le vendredi Lucien culbute ma femme, je fais l’amour à la sienne. Hélas, il y a eu du grabuge chez eux. L’absence répétée de la voiture, victime d’un malfaisant, a déclenché la colère de Luce, malgré son désir proclamé de continuer à vivre notre liaison. Qui donc s’amuse à dégonfler régulièrement les pneus de la voiture de Lucien ? Ce n’est pas moi, je le sais. Je passe devant ma cour, je ne m’arrête pas : le travail est déjà fait. Un voisin observateur veut-il protéger mon couple ? Ce voisin m’aurait vu faire et voudrait voler à mon secours ? Un autre amant jaloux tente peut-être d’évincer son rival ? Si ma femme a un amant, pourquoi n’en aurait-elle pas deux. Il n’y a que le premier pas qui coûte.


Luce excédée a déclaré à son mari qu’elle savait où il forniquait, avec qui il s’amusait, dans quel vagin il s‘épanchait : la rumeur publique et quelques bonnes amies l’avaient informée. Désormais, le moindre faux pas du mari sera sanctionné : elle se sent assez jeune pour prendre un amant, et elle en a pris un. S’il récidive, elle en reprendra d’autres… De plus elle demandera le divorce et s’en ira avec sa confortable dot. Elle lui interdit tout contact avec sa « Marie ». Enfin elle refusera de faire l’amour avec un porc. Il n’a qu’à se masturber pendant les trois prochains mois. Mais le revers de la médaille de son intransigeance me prive de nos rencontres. Plus de Marie pour Lucien, plus de Luce pour moi. L’obligation de rentrer à l’heure imposée au mari volage rend impossible ma présence à son domicile.


Gérant de l’entreprise qui appartient à son épouse, Lucien prend l’avertissement au sérieux. Le hasard veut que le facteur me remette la lettre de rupture destinée à ma femme. L’idiot a indiqué le nom de l’expéditeur au dos de l’enveloppe. Ni une ni deux, je fonce chez lui. Il est en déplacement. Luce et moi nous retrouvons au lit avec joie. Je lui laisse la missive : le mari verra sa punition doublée, et devra éviter de voir Marie ou de lui écrire. Il doit se savoir sous surveillance et se méfier de la menace d’un mari jaloux qui a lu son courrier et qui est venu avec des intentions criminelles. Par chance Luce a réussi à calmer le cocu furieux porteur de la lettre compromettante en payant de sa personne ou, si Lucien préfère, « à la sueur de son front. » L’expression a intrigué Lucien, il a failli faire une crise de jalousie.


Depuis la disparition inexpliquée de Lucien, Marie est de plus en plus nerveuse. Je laisse passer la lettre de Luce, par laquelle ma maîtresse, comme convenu sur l’oreiller avec moi, menace mon épouse de la dénoncer à son mari (moi !) si elle s’avise de reprendre contact avec Lucien. Ce jour-là, je lui trouve les yeux rougis par les pleurs. Un cil dans un œil, c’est une explication plausible, un cil dans chaque œil, ce n’est vraiment pas de chance. Par pitié, à plusieurs reprises j’expédie mon devoir conjugal, le cœur n’y est plus et pour cause. D’ailleurs mon plaisir est ailleurs : Luce me rencontre avec plaisir à l’hôtel. Puis Lucien reprend sa place. Les choses rentrent dans l’ordre.



À quelques mois de là, je dégonfle les quatre pneus d’une voiture en stationnement devant ma maison. Je sais ce que je fais, je n’ai besoin de personne. Marie a donc repris un amant. Je piste la dépanneuse jusqu‘au garage, puis l’amant probable de ma femme jusqu‘à sa demeure. Renseignements pris, je me présente chez lui dès le début de sa visite suivante dans mon lit. Sa charmante femme voit la photo de l’auto devant ma maison, entre dans une colère démesurée, jure que le salaud paiera sa trahison, me demande de l’aider à se venger, s’offre à moi. Elle n’a pas besoin de me violer, je suis consentant puisque j’ai moi aussi un motif…


Nous nous envoyons joyeusement en l’air, les larmes de plaisir succèdent aux larmes de rage ou de dégoût. Un nouveau sexe se livre, sans pudeur, de nouvelles saveurs me remplissent la bouche, je fourre mon nez d’abord et mon membre ensuite dans un abricot suave, chaud et volcanique. J’en sors épuisé, mais capable encore d’indiquer à ma nouvelle conquête la façon de ramener l’infidèle à la raison. Sans la nommer je cite la procédure suivie par Luce. Et Marie, dans les jours suivants prétend souffrir d’une conjonctivite, ses yeux ne cessent pas de pleurer. Le soir même je la guéris en envoyant quelques giclées de sperme dans ses yeux.


Pourquoi faut-il que je dégonfle à cinq reprises encore les quatre pneus de voitures en stationnement irrégulier devant ma porte de garage ? Un type dans mon lit gonfle ma femme. Bassement je dégonfle ses pneus. Ensuite, chaque fois Marie tremble à l’idée que je pourrais revenir avant le départ du queutard en panne de voiture dans ma cour et que je pourrais m’étonner de la présence de la voiture dans notre domaine privé. Je m’arrange pour revenir trop tard. C’est facile : chaque fois je dois consoler les malheureuses épouses surprises d’apprendre leur infortune.


Jamais je n’ai connu auprès des femmes un succès aussi prompt. J‘énonce les faits, la citadelle tombe. Toutes me disent qu’elles m’aiment, mais la défense de leur réputation et leur amour propre les conduisent irrémédiablement à laisser exploser leur rancœur. Le règlement de compte entre époux met fin à notre liaison.


Heureusement Marie observe quelques semaines de deuil après chaque disparition inexplicable de l’amant ramené à la raison par la colère vengeresse de sa femme. Sinon je ne pourrais pas suivre le rythme. L’ardeur au déduit d’une femme qui se sait trompée est nettement supérieure à celle d’une épouse sage. Sa rage à vouloir se venger me livre des guerrières déterminées, passionnées, gourmandes, épuisantes. De plus, sorties des limites du couple, elles me réclament des positions, des gestes qu’elles n’osaient pas exiger de leur légitime, elles sont débridées et insatiables.


Cependant le dernier passage du dépanneur a éveillé la curiosité de Marie. En réalité un voisin lui a demandé si j’avais un deal avec le garagiste. De sorte que Marie me pose une question alarmante :



Elle a omis de préciser qu’ils stationnaient dans notre cour. En toute malhonnêteté je jure, la main sur le cœur, que je n’y suis pour rien. D’ailleurs sa question contient la réponse, je n’ai pas le don d’ubiquité… Ainsi, mais je garde la réflexion pour moi, quand je crapahute dans un lit avec la compagne de l’amant de Marie, je ne peux pas être à la maison pour chasser l’intrus qui la baise. Mes maîtresses donc m’épuisent. Afin de ne pas ébruiter l’infidélité du mari, elles tiennent, pour accomplir leur vengeance, à se servir de moi « celui qui est au courant » mais qui n’a pas intérêt à divulguer ses activités extra-conjugales. C’est « Je te tiens, tu me tiens par la barbichette ». Chacun devine que la barbichette en question se situe entre les jambes et que « tenir » est un verbe impropre. Je perds des kilos. Mon emploi du temps se complique, il faut jongler avec les absences du footballeur, du maître-nageur, de l’entrepreneur, du maçon, du peintre en bâtiment, du réparateur de télé, de l’installateur sanitaire ou du courtier en assurances. Par bonheur les épouses des amants successifs de Marie ont des règles chaque mois, ça me fait des vacances !


Branle-bas de combat, à la maison : ce soir nous recevons. Luce, sans dévoiler sa véritable identité et ses liens avec Lucien, a persuadé Marie d’organiser une réunion de vente de produits de beauté. Nous accueillons outre Luce, six dames dûment convoquées et chapitrées par moi. La réunion permettra aux épouses trompées de faire incognito la connaissance de leur rivale. Au cours de la soirée chacune racontera comment elle a réussi à ramener dans le droit chemin un mari dévoyé par une certaine Marie. Elles relèveront qu’il s’agit de la même dévergondée, tournée en ridicule parce qu’elle n‘est pas capable de retenir ses amants. Ou elle baise mal, ou elle est moche, ou… Les suppositions se succèdent, toutes aussi humiliantes pour la malheureuse délaissée. Les invitées installées, je juge incongrue la présence d’un homme dans ce club féminin car les histoires de cocu, de femmes infidèles sont pour moi sans intérêt. Qu’elles veuillent m’excuser, je m’éclipse.


Depuis quelques mois, je ne trouve plus de voiture sur l’aire de stationnement de ma cour. Les louanges de ces dames à propos de leur consolateur, qu’elles n’ont pas nommé par discrétion, m’ont valu la considération de Marie, heureuse de n’avoir été ni reconnue ni nommée par ses victimes, mais assez futée pour tout comprendre. Les dames ont retrouvé leur vertu, moi aussi ! Impressionnée par mes succès auprès de ces femmes, ma femme m’éblouit par ses inventions amoureuses. Elle en a appris des positions, des mots d’amour, au cours du défilé de ses amateurs de sexe ! Chaque bisou devient baiser ardent. J’ai désormais de bonnes raisons de lui acheter des roses rouges, des parfums ou de la lingerie coquine. Parfois je trouve un peu de malice dans son regard. Il est un sujet que nous n’abordons jamais, pourquoi parler de ce qui fâche ?


Le silence est d’or.