Une Histoire sur http://revebebe.free.fr/
n° 15236Fiche technique25633 caractères25633
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Temps de lecture estimé : 18 mn
26/10/12
Résumé:  Cinq histoires sur nos « écoeurements détachés » : recette pour un détachement minute ; un simple « prêt » entre amis ; sexe, mensonge et vidéo ; le tabagisme passif, moteur du désir ? ; auteure érotique, mais avant tout femme.
Critères:  fh fhh collègues jalousie fellation pénétratio #recueil
Auteur : Collectif Antilogies      Envoi mini-message
Co-auteur : SophieF.      Envoi mini-message
Co-auteur : Olaf      Envoi mini-message
Co-auteur : Moscaria      Envoi mini-message
Co-auteur : Hidden Side

Collection : Antilogies
Écoeurement détaché

La collection « Antilogies » regroupe des textes courts (si possible entre 1500 et 7500 signes) mis en ligne sur le forum de Revebebe pendant le mois qui suit une proposition de sujet « antilogique » par un des membres.

Tous les lecteurs peuvent avoir accès au forum : Concours et jeux d’écritures ; Antilogies et autres jeux (ré) créatifs - les textes ou Antilogies - les discussions.








Octobre 2012 – Écœurement détaché




La Douche


par Moscaria



D’abord, trois litres d’eau à température ambiante, puis un litre d’eau bouillante. Ça devrait donner quatre litres d’eau tiède à 40 degrés, calcule Sabine, fouillant méthodiquement le placard sous l’évier. Et c’est la dose exacte pour une cuillerée. Il ne restera plus qu’à poireauter une heure. Le temps de se doucher et ranger le salon pour que tout soit parfait au retour des parents.


Elle se dit, sous la douche, qu’elle n’en a rien à faire. Pourtant, ça la dégoûte. Elle se doutait bien, vu l’allure du lascar, que ça ne durerait pas jusqu’au jugement dernier, mais tout de même, elle ne s’attendait pas à ça. C’est pratiquement comique. Cependant, chaque fois qu’elle veut rire, sa gorge se noue et d’amers souvenirs lui lèvent l’estomac, portant larmes à ses yeux.


Ça n’en vaut pas la peine, se répète Sabine en attrapant le shampooing. Il n’y a aucune honte à éprouver. Elle n’a fait qu’obéir à ses propres désirs. Les ordres du garçon, c’était pour le décor, la mascarade. Comme elle ses bijoux, son rouge à lèvre feu et sa robe moulante. Une expérience partagée, charnelle, ludique, grotesque et immonde. À hurler de rire. À hurler de désir. À vomir. À peine un peu trop loin.


Si seulement le garçon s’était montré, disons… moins enthousiaste, elle aurait certainement mieux géré. Elle appréciait, à l’évidence. C’était sexy. Elle voulait découvrir, ce soir, le goût du sperme. Le regard de ce con la faisait fondre à genoux. Même quand il l’a saisie fermement par les couettes, elle a laissé le gland coulisser dans sa gorge, réprimant stoïquement de violents haut-le-cœur sans jamais ramener ses mains sur le devant.


Mais quand il a juté en enfonçant sa queue, Sabine a senti son ventre se révulser. À chaque soubresaut, de nouvelles lampées lui engluaient la glotte, puis le gland bien glissant poussait tout vers le fond avant d’en rajouter. Sabine ne s’était même pas déshabillée. Accroupie, bien coincée contre un angle du mur, elle laissait cette verge entre ses lèvres s’enfoncer jusqu’aux burnes qu’elle léchait par dessous en étirant la langue. Et elle bavait sa nausée, sans ménager sa robe. Sa belle robe blanche. La robe de sa mère.


Quelle idée, d’emprunter – bien sûr, sans rien en dire – la robe préférée de sa chère maman pour une soirée torride ! À la troisième gorgée, Sabine a tout gerbé, cul par terre, bite en bouche. Elle en avait partout. C’est tout ce qu’elle déplore.


Elle se dit qu’en gardant soigneusement ses distances, ce qui est écœurant peut devenir tentant. Elle a juste besoin de trouver l’équilibre. Et quand elle y repense, ses mains s’égarent suivant ses courbes savonneuses.


Une fois séchée, vêtue de sa serviette, elle essuie le parquet dans le coin du salon puis sort de sa bassine la robe incriminée, victime des ébats. Ce détachant en poudre est vraiment efficace. Après quelques minutes de rinçage minutieux, Sabine est satisfaite. Ses parents ne remarqueront rien en rentrant. La maison est rangée. L’esprit de Sabine, apaisé. Et l’étoffe témoin de ses écœurements, détachée.




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L’ami Nicolas


par SophieF.



Le jeune homme faisait semblant de lire son journal. En fait, il nous écoutait. Nos regards se sont croisés. Il m’a souri mais à peine, plus de ses yeux verts, d’ailleurs, que de ses lèvres qu’ombrageait une moustache un peu ridicule. Julie racontait sa nuit avec un certain Sébastien. Ce qu’il lui avait fait, ce qu’elle lui avait fait. Rien que de très ordinaire, en réalité. Mais trois fois ! Elle prétendait en être encore éreintée. Nous étions à la terrasse du Café du Théâtre, je n’étais pas vraiment obligée d’aller à la fac dans l’après-midi.


Christophe m’avait dit des cochonneries la semaine précédente : tu mouilles salope, tu es une chienne en chaleur, tu la sens ma grosse queue, etc. J’aurais sans doute à peu près joui s’il était resté silencieux mais ça m’a bloquée alors je l’ai largué, il a dit dommage, j’ai répondu pas pour moi, bonjour chez toi s’il n’y a personne comme on dit dans le Berry. Je ne suis qu’une nunuche née dans le Berry il y a vingt ans. Il me faut un peu d’amour, et du respect, je ne demande quand même pas l’impossible ! D’autant plus que je suis bonne fille, j’ai du mal à dire non.


J’ai laissé partir les autres. Le garçon était encore là, il me regardait en douce. Je me suis levée, j’ai marché lentement vers l’avenue Montaigne. Il m’a suivie. Je me suis arrêtée devant la Maison de la Presse. Il s’est immobilisé un peu avant, il n’osait pas me rejoindre. J’ai attendu. Il a fait les vingt ou trente pas nécessaires. Nous étions tout proches, nous regardions nos reflets mutuels dans la vitrine. Au bout de longues minutes, quand il a vu que j’allais partir, il a murmuré quelque chose. Je me suis tournée vers lui, interrogative. Il a dit que j’étais ravissante. J’ai ri et lui ai répondu qu’il n’était pas mal non plus, à part la moustache.


Il s’est engagé à la raser si je le lui demandais. J’ai fait la minaude en lui disant que cela ne me regardait pas. Il en a semblé attristé. Mon cœur a commencé à fondre de tendresse pour lui. Je suis comme ça, pas mal bécasse.


Le lendemain il n’avait pas de moustache et sa lèvre tremblait un peu quand il est venu me retrouver devant la Maison de la Presse. Il était étudiant en droit et n’avait rien dans l’après-midi. Moi non plus. Jardin public, premier baiser, tripotages, ma main sous sa chemisette à caresser ses petits tétons pour qu’il me fasse la même chose. Ça m’a plu.


Alors sa chambre, rue Lamartine troisième étage gauche. Il se prénommait Alexandre, mon conquérant. Des baisers, sa main dans ma petite culotte. Je mouille salope. Puis il me demanda si je voulais boire quelque chose.


À ta bite ! J’aurais pu dire ça. Ça aurait plu à Christophe. Je ne l’ai pas dit, bien sûr, je suis pudique. Et j’avais compris qu’il ne bandait plus. Avant, oui, je l’avais senti contre mon bas-ventre quand il m’embrassait. Attila aux portes de Rome n’y entre pas. J’aurais pu en rire, me sentir humiliée de ne pas être désirée, mais je savais que c’était compliqué et que la bandaison papa ça ne se commande pas. Il a respiré un grand coup, débouché une bouteille de vin, rempli nos verres, parlé de mes études. L’histoire ancienne, c’est intéressant. Mais le droit aussi, non ? Bavardage. Baisers au vin, puis ma main sous sa chemisette à caresser ses petits tétons, il me refera pareil et ça me plaira de nouveau. Sa bouche sur la pointe de mes seins, ma main constatant qu’il bandait, pourvu que ça dure.


Son lit. Nus tous les deux en vitesse. Sa langue sur mon minou trempé. Mes lèvres sur son appareil reproductif très ferme et sans odeur. Je m’étais lavée soigneusement, moi aussi. Il rentre en moi comme Attila dans Ravenne. Non, je rigole, il me possède bien tendrement, attentif à mon plaisir, balbutiant des mots d’amour. Déjà ! Une perle, ce jeune homme timide.


Mes copines me demandant si cette fois c’était la bonne, je répondais qu’on verrait bien. Nous passions nos nuits ensemble, parfois chez lui mais le plus souvent chez moi, question cuisine et ménage. Et voilà qu’il me dit un jour qu’il aimerait bien inviter un copain à dîner, un ami d’enfance, un presque frère qui s’ennuyait tout seul. Mais pourquoi pas si tu crois que ça lui fera plaisir. Ce qui lui ferait le plus plaisir, tu vois, et à moi aussi d’ailleurs, ce serait qu’il s’occupe un peu de toi, qu’il te caresse, par exemple… Mais devant moi, bien sûr ! Ça n’ira pas plus loin si tu ne veux pas, c’est toi qui décideras, mon amour.


Comme sur mon ordi, par une fausse manœuvre, il avait laissé un jour en marque-page "Share your Girlfriend" et "Sell your GF" qui conduisaient aux mêmes vidéos débiles, je n’ai pas été surprise. Les mecs sont comme ça, partageux. Enfin, pas tous sans doute. S’ils nous aimaient vraiment… Mais bon, on verra bien. Comment il s’appelle, ton pote ? Nicolas. Va pour Nicolas.


Un tout gros, déjà du bide, des yeux à fleur de tête, une chemisette sale avec de la sueur sous les aisselles, des doigts boudinés aux ongles en deuil, une gourmette. Sophie, voici Nico. Nico, c’est Sophie, allez, faites-vous donc la bise !


Un parfum écœurant. Des lèvres épaisses entrouvertes sur des dents pas propres. Enfin, j’en étais sûre. Ses mains sur mes hanches de fille maigrichonne, s’il me baise il m’écrase. Il m’embrassa sur les joues mais trop près de mes lèvres. J’avais cuisiné une blanquette de veau, recette de ma grand-mère. Il avait apporté une bouteille de Châteauneuf-du-Pape, 14 degrés d’alcool.


Je fermerai les yeux et les lèvres, il n’aura pas ma bouche, les putes interdisent leur bouche aux clients, je le sais. Mais elles sucent. Sucerai-je ? Pouah ! Ils jacassent. Je présente les choux à la crème. Quelle bonne idée tu as eue là, ma chérie. Tu sais, Nico, Sophie adore qu’on lèche la crème chantilly sur ses petits seins qui sont si sensibles.


Pas faux. Il me l’a fait une fois, un soir de vraie tendresse. Ils sont petits mais bien fermes, les seins de Sophie, Sophie est ravissante, hein, Nico, c’est d’ailleurs en lui disant ça que je l’ai draguée. Allez, Sophie, tu veux bien que Nico t’enlève ton chemisier et ton soutif ? Non je préfère le faire moi-même. Ah oui, un petit strip-tease alors, hein, Sophie ?


J’aurais pu me dévêtir vite fait et les laisser faire, mais non ils voulaient du spectacle ils en ont eu, j’ai même ouvert la fenêtre pour que les voisins d’en face en profitent. J’ai fermé les yeux, j’étais à l’Olympia, des milliers de messieurs libidineux se rinçaient l’œil en regardant la petite Sophie aux seins petits mais si sensibles. Après mes seins ils auront le reste qu’est-ce ça peut me faire.


Je me suis vue déboutonner mon chemisier parme, un à un les boutons, avec un petit geste des doigts. En écarter et refermer aussitôt les pans, vierge effarouchée. L’ôter en leur tournant le dos puis leur faire face en soutien-gorge blanc cassé, bien souple car je le portais depuis au moins six mois, mais lavé souvent et même la veille au soir. Je fus étonnée de voir qu’ils pointaient, mes tétons roses, sans même que je les aie touchés.


Lequel de ses petits messieurs souhaite-t-il dégrafer mon soutif ? Je savais bien qu’Alexandre laisserait ce soin à Nicolas. Il a tenté d’en profiter pour les caresser, mes petits seins tout ronds. J’ai frappé ses mains de la mienne, on ne touche pas, voyons ! Leur tournant de nouveau le dos je l’ai enlevé, ce soutif, je l’ai remplacé par mes mains et je me suis retournée. Ils auraient pu applaudir mais non. Alexandre s’est levé, il a pris mes mains pour les écarter. Regarde Nicolas, regarde les seins de Sophie. Sophie tu veux bien qu’il les embrasse, tes seins, mon ami Nicolas ?


Qu’est-ce que ça pouvait bien me faire qu’il les embrasse, mes seins, son ami Nicolas ? Ce sera écœurant mais je suis détachée de tout cela ils peuvent bien faire de moi ce qu’ils veulent, si ça se trouve Christophe avait raison.




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Fin de partie


par Hidden Side



J’ai rencontré Myriam quelque dix ans plus tôt, lors d’une prestation de service chez un client. Une grande fille plutôt mince, dont les longs cheveux bruns encadraient un visage ovale assez banal, hormis ses magnifiques yeux bleus. Myriam avait – et a toujours – un sourire d’une blancheur nordique. Quand ses lèvres se retroussent, deux adorables fossettes creusent ses joues pâles. Depuis des semaines, cependant, ce n’est plus l’adoration qui éclaire son regard. Et quand, saisis d’une ironie amère, ses traits s’animent, c’est pour former un rictus mordant, plus proche de la rage que de l’humour…


Myriam a changé. Presque du jour au lendemain. Je n’ai pas compris ce qui est arrivé, je n’ai pas non plus réussi à le lui faire dire. Comme si, d’un claquement de doigts, tout ce que nous avions partagé ne comptait plus. Pour retarder les face-à-face muets, écourter les soirées hostiles, j’ai pris l’habitude de travailler de plus en plus tard, ne rentrant qu’après avoir écumé les bars sur ma route…


Me glisser dans la chambre à minuit passé, me déshabiller dans la pénombre, laisser la douche noyer ma colère, ensevelir ma frustration sous ses trombes humides, tituber un moment sous le jet, tête baissée, poings serrés, attendant l’apaisement qui ne viendra pas, qui ne viendra plus. Puis se sécher avant de se glisser entre les draps – linceuls de nos amours mortes – à quelques centimètres seulement de son corps inaccessible et endormi.


C’est dingue ce que deux êtres humains, par ailleurs raisonnables et équilibrés, peuvent s’infliger en silence. Deux personnes qu’une alchimie toute particulière avait unies, et voilà qu’après des années d’insouciance, leur bonheur déraille, la tendresse se mue en indifférence, l’indifférence en aversion…


Je ne me rappelle plus la dernière fois où nous avons fait l’amour. Je me souviens simplement de la meurtrissure que m’avait causée son regard. Un dégoût implacable, lorsque j’avais fait mine de m’approcher. Quand on vous rejette à ce point, sans raison, sans rien vouloir vous dire, il n’y a pas 36 possibilités. Myriam avait quelqu’un d’autre, forcément. Je ne suis pas d’une nature jalouse ni suspicieuse, mais il est des évidences qu’on ne saurait ignorer…


Fuyant mes demandes d’explication, méprisant mes sanglots lamentables, Myriam ne m’a pas laissé d’autre choix que de me confronter moi-même à la réalité de sa trahison. Elle ne voulait pas vider son sac ? Il ne restait plus qu’à fouiller sciemment dans sa vie, dévoiler son abjection de la plus intime des façons.


J’ai commencé par l’ordi. Son compte était barré d’un password inconnu, un obstacle bien maigre pour m’arrêter. Disque dur copié, puis déplombé sur mon lieu de travail. Rien de probant dans ses fichiers, aucune trace d’une relation trouble. Sauf que… Les logs étaient vides, les historiques de navigation siphonnés. Preuve par l’absurde d’un comportement coupable ? Son téléphone, emprunté discrètement, ne m’a pas livré plus de secrets.


Ça commençait doucement à virer à l’obsession… Elle voyait quelqu’un, il me fallait savoir qui, sous peine d’en crever !


J’ai bien pensé à la faire suivre, mais une retenue étrange s’imposait à moi. Je refusais que notre malheur ait des témoins. N’ayant aucune aptitude pour la filature, j’ai écumé les boutiques jusqu’à tomber sur une caméra assez discrète pour se fondre dans le décor. L’engin planqué dans la bibliothèque, son objectif automatique braqué sur le lit, j’ai attendu, fébrile, les images qui pourraient cautériser ma peine…


Durant trois jours, il n’y eu que Myriam à l’écran, espionnée dans son va-et-vient quotidien. Passant et repassant dans le champ de la caméra, tantôt habillée, tantôt nue, allongée sur le lit un livre à la main, étirant le bras pour éteindre, visage calme et détendu comme avant. J’avais oublié à quel point elle était belle, sans ce masque de crispation permanente.


Le quatrième jour, je l’ai surprise en train de se masturber. Le drap aux chevilles, les genoux largement écartés, son index et son majeur tournaient fébrilement sur son bouton, ses deux doigts plongeant par instant dans sa fente avant d’en ressortir trempés. Cette vision m’a mis le feu au ventre. J’ai eu soudain très envie d’elle… jusqu’à ce que je remarque le téléphone crispé dans sa main. Quelqu’un lui parlait, l’excitant à distance, lui faisant l’amour sans même la toucher.


Nous aussi, nous avions usé de ces jeux, un temps… Je n’avais aucun mal à imaginer ses râles dans le combiné, le rythme saccadé de son plaisir croissant. Les yeux rougis, j’ai cliqué au hasard pour fermer la fenêtre et éteindre le PC. Myriam avait quelqu’un, en effet. Restait à découvrir qui…


Le soir même, j’ai fait main basse sur son Nokia, balayant d’un geste rageur la liste des appels entrants. L’écran bleuté me narguait du fond de sa vacuité.



La caméra travaillait pour moi, il me suffisait de patienter. Ça n’a jamais été mon fort, la patience. Quelques jours plus tard, cependant, j’ai fini par savoir. Quel choc !…


C’était un vendredi après-midi ; je revenais d’un stage nullissime à Lyon, où ma boîte avait cru bon de m’envoyer. Sitôt chez nous, je transférai le film des dernières 48 heures sur mon portable. Myriam à son cours d’aquabike, j’étais tranquille pour un petit moment encore. Sautant précipitamment les séquences anodines, je tombai assez vite sur l’objet du délit, horodaté au jeudi soir 20h13. La vache, elle n’avait pas traîné !


La surprise a failli me faire choir de mon siège. Allongée sur le dos, Myriam se faisait ramoner avec brutalité. Le mec qui la tronchait ne m’était pas inconnu… Franck, mon collègue de bureau !



Je le regardais se taper ma copine, incrédule, mais pourtant incapable de détourner les yeux. Agrippant ses fesses à pleines mains, Myriam le guidait aux tréfonds d’elle-même avec délectation. Il s’interrompit subitement, présentant son sexe à la bouche de la traitresse, laquelle le pompa sans hésitation. Une simple partie de jambes en l’air dénuée de tendresse…


Comment pouvait-elle me tromper avec ce type ? Tout ceci était tellement loin de nous, de nos désirs, de nos besoins ! Ça n’avait aucun sens ! Un écœurement détaché s’était instillé en moi ; les images glissaient sur ma rétine, mon cerveau ne parvenant pas à leur accorder la moindre réalité.


Une main sur mon épaule m’a soudain fait tressaillir. Voilà que Myriam était là, observant son double se faire baiser sur l’écran 17 pouces de mon Vaio. Mes joues ont viré au rouge brique. J’éprouvais autant de honte et de culpabilité que si j’étais personnellement responsable de ce gâchis.



Le regard embué de larmes, je la regardai sans comprendre. J’aurais dû me jeter à ses pieds, la supplier… au lieu de cela, terrorisée par sa détermination, j’ai laissé éclater ma colère.





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Fumée passive


par Olaf



Elle fume, moi pas. Elle fume beaucoup, moi pas du tout. D’ailleurs, je suis physiquement allergique à ce genre d’odeur. Ceci dit, sa dépendance tabagique n’a aucune importance, aussi longtemps qu’elle s’y adonne hors des espaces de travail que nous partageons. Sinon, je n’ai rien à lui reprocher. Bien au contraire. Elle est sympa, intelligente, drôle, fine mouche et… gironde.


Super bien foutue, pour être précis. Dans le registre voluptueux, rondeurs assumées, maîtrise des effets qu’elles exercent sur l’homme, jubilation d’en profiter sans chichis lorsque l’occasion se présente. Enfin, à ce que je vois de loin. Parce qu’en ce qui me concerne, elle me fait certes beaucoup d’effet, mais les relents de cendrier qui annoncent son approche m’empêchent d’envisager plus. Dommage…


Dans ces conditions, jamais je n’aurais pu imaginer quelque chose entre nous. Ni qu’elle m’ait eu dans son viseur au point de chercher à le concrétiser. J’ai donc été surpris qu’elle m’alpague au sortir d’une interminable séance de travail. La mine mutine, elle m’a proposé de partager un petit frichti, dans un bistrot sympa de sa connaissance. En habile chasseresse, elle s’est avancée contre le vent, pour qu’aucune odeur de goudron ne m’inhibe. Je n’ai vu que ce qu’elle m’offrait de séduisant et l’ai suivie sans appréhension.


Nous avons passé une soirée délicieuse. Elle a échauffé mes sens de tous ses charmes. Je l’ai poussée à en faire plus encore. Elle ne nous en n’a pas privés. Au sortir de l’estaminet, je ne lui ai rien caché de l’état dans lequel elle m’avait mis. Elle s’est ingéniée à en prendre la pleine mesure. Avant que mon odorat ne sonne l’alarme, elle m’avait déjà tendu ses lèvres. Je me suis jeté sur elles sans arrière-pensée hygiéniste, permettant à nos muqueuses de s’accoler, à nos langues de se trouver, à nos salives de se mélanger. Pas même dégoûté.


Pourtant, objectivement, pour quelqu’un de si sensible que moi, le cocktail de saveurs épicées qu’elle proposait était à gerber. À croire que l’intense pouvoir érotique de cette conjonction me permettait d’aller au-delà de toute répulsion. Je ne m’en suis même pas rendu compte sur le moment. Tout le temps qu’a duré ce premier baiser, j’ai joui sans arrière-pensée de ce que nous partagions, de nos corps qui s’unissaient, des émotions qui montaient en moi, de mon excitation que son abandon décuplait.


En toute autre circonstance, j’aurais été terrassé par un haut-le-cœur à la seule idée de goûter à sa salive de fumeuse. C’est tout le contraire qui s’est produit. Dès la seconde où je suis entré dans ce baiser vorace, quelque chose s’est libéré en moi, une porte s’est ouverte sur un monde inconnu de sensualité, et de plaisirs débridés.


Je l’ai laissée me prendre la main, et m’emmener chez elle, non loin de là. Après, je ne sais plus très bien le détail de ce qui nous est arrivé. Je garde juste en mémoire quelques images intenses, quelques sensations troublantes. D’une manière ou d’une autre, elle a dû débrancher cette partie raisonnable de moi qui, d’habitude, dit non, attention, pas maintenant. Je crois d’ailleurs l’avoir entendue murmurer quelque chose comme « tout, tout de suite et à donf, s’il te plaît ! ».


Après ? Eh bien, disons qu’elle m’a baisé. Savamment, longuement, méticuleusement. Elle n’a plus laissé entre nous une ombre de ce romantisme dans lequel je me complais trop souvent avec mes conquêtes. Nous avons lancé nos corps à l’assaut l’un de l’autre, pour qu’ils se gavent du désir le plus brut, des plus animales pulsions, et nous permettent d’en jouir d’une incomparable manière.


Plus rien d’autre n’eut d’importance que ce que ma queue m’imposait de lui faire subir, que ce cul qu’elle me tendait en suppliant de la remplir jusqu’à la garde. Le besoin de jouir suintait par tous nos pores, par tous nos orifices, avec ce que cela impliquait d’exhalaisons en tous genres. Moi, qui me croyais si fragile de la muqueuse nasale, je me découvris friand du parfum malséant de son corps excité. Comme si la nicotine qui saturait ses émonctoires pénétrait en moi de la plus insidieuse manière. Comme si les miasmes instillés en moi prenaient le pouvoir, sur ma volonté et sur ma virilité.


Je mis alors à bander formidablement, comme rarement auparavant. Mon sang pulsait dans ma queue et la gonflait au-delà du raisonnable. De grosses gouttes de sueur coulaient sur mon torse et sous mes bras. Elle les lécha avec application, sans pour autant cesser de m’exciter par de surprenantes secousses du bassin. Comme un étalon fou de désir pour sa jument, soumis à la violence de son instinct copulatoire, j’ai projeté mon bas-ventre à la recherche de sa vulve. Trouvant entre ses fesses de quoi apaiser mes tensions génitales, je l’ai transpercée d’un impérieux coup de reins. Par sa manière de m’accompagner, de s’offrir, elle me fit abandonner tout reste de civilité. Seule la quête du plaisir compta dès ce moment. Plaisir de posséder, de fouiller, de perforer ses chairs, puis de me vider longuement, en accompagnant chaque saccade de ces bruyants grognements qui caractérisent l’instant suprême du rut.


Sans cesser de m’activer en elle, j’ai contemplé les plus infimes détails de ce que je pénétrais, de ce que je triturais, de ce que je faisais couler, gicler, toutes ces formidables manifestations de vie génitale dont elle me rendait coupable. Longuement, nous nous sommes battus, les chairs frémissantes, épanouies, béantes, sublimées par l’intense désir, impatientes de jouissances toujours plus inattendues, à cette limite de la souffrance que les plus folles pulsions permettent de supporter.


Lorsque faiblissais, elle me reprenait en mains et m’apprenait de nouvelles manières de la mater. Jamais elle ne tenta de se soustraire à mes regards obscènes. Bien au contraire, elle accepta mon souffle rauque, mes mains tendues vers ses plis, vers ses fentes, vers ses bourrelets, qui, par la grâce de mon envie, se transformaient en autant de promesses de félicité. Elle reçut tous ces signes de mon excitation comme autant d’hommages à sa féminité.


Lorsque le moment fut venu, en pleine connaissance et en pleine possession de ses muqueuses, de ses sphincters, de ses plus intimes relâchements, je lui fis subir les derniers outrages. Elle me rendit coup pour coup, jusqu’à ce que nos carcasses s’embrasent. Nous fûmes tétanisés au même moment par de sublimes spasmes, que seul un pur délire érotique peut provoquer. Tétanisés, et beaucoup plus encore, aussi longtemps qu’elle me permit de défunter entre ses cuisses.


Lorsqu’elle eut fini d’extirper la dernière goutte de sperme de mon bas-ventre, lorsqu’elle eut exhalé son dernier cri de jouissance, je m’écroulai sur elle. Juste avant de plonger dans un coma post-coïtal, j’ai senti ses bras se refermer autour de ma taille. J’ai adoré l’odeur si particulière de son haleine lorsqu’elle a posé ses lèvres sur ma bouche. Une étrange tension fit regonfler mon sexe, que je croyais hors-service pour longtemps.


Le tabagisme passif aurait-il des effets inattendus ? Je doute que les responsables de la santé publique et de la prévention en aient évalué la portée à ce jour, ni surtout les mystérieux effets secondaires.