Résumé de l’épisode précédent : Louis a voulu Juliette qui plaisait à Laurent. Laurent a épousé Julienne. Laurent et Juliette découvrent Louis et Julienne au lit et crient vengeance : ils se rapprochent.
- — Une levrette ? Dis, sais-tu que c’est une pratique du bas peuple et de femme soumise ? Je l’ai lu récemment, c’était le résultat d’une étude sérieuse faite par des spécialistes des comportements amoureux.
- — Il y a vraiment des spécialistes idiots ! Et puis, te prends-tu pour une princesse ? Dis-moi ce que tu préfères : que conseillent tes spécialistes ?
- — L’Andromaque !
- — Quoi ?
- — Il est connu qu’Andromaque, la femme du grand héros d’Homère, Hector, « chevauchait son époux » : « Chevaucher », tu comprends ? Lui dessous, couché sur le dos, la verge déployée et elle, assise sur lui, la chatte servant de fourreau à la virilité raide plantée en elle. Dans cette position, l’homme est en situation inférieure, la femme le domine et a la maîtrise du jeu. Si tu lisais un peu, tu le saurais !
- — Tu crois vraiment ces salades. Point n’est besoin de lire pour baiser. Tiens, avant l’invention de l’écriture, comment les hommes et les femmes s’accouplaient-ils ? Hein, c’est une colle. Bon, tu veux me chevaucher ? Va pour l’Andromaque, en selle, jolie cavalière.
- — Je plaisantais, on peut bien blaguer, non ? Quoique… dans cette position, je peux plus facilement me chatouiller le clitoris, je ne suis pas coincée en-dessous de mon partenaire.
- — En levrette, tu n’es pas plus coincée, tu peux te frotter de la même manière, il te suffit d’envoyer une main par-dessous pour t’exciter le haut de la fente.
- — Oui, mais quand je suis sur Laurent, je peux mieux bouger les hanches, j’ai plus de liberté pour creuser les reins, pour trouver comment me pencher afin de trouver l’angle idéal pour que mon clitoris frotte ses poils. Je peux mieux régler la pression contre son pubis et le rythme du mouvement de frottement pour obtenir les sensations que je cherche.
- — Oublie ton cocu. Bien, grimpe là-dessus, domine-moi et règle tout ce que tu veux, pourvu qu’on jouisse. Dans le fond, ça me détendra, je me laisse faire, cool, décontracté. Et puis je verrai mieux ton corps, le balancement de tes nichons. Viens.
Julienne enfourche sa monture, saisit le vit pointé vers les nuages, tâtonne, yeux au plafond, guide la tête vers l’orifice, se balance pour ajuster, un peu d’avant en arrière, un peu sur les côtés.
- — Voilà, hum, je me laisse descendre, ton pieu me fend en deux. Ouha ! Hum.
Louis soulève la nuque pour surveiller la jonction des sexes puis écarte les bras, repose sa tête :
- — Tu as raison, Julienne, c’est bon. Je fais le paresseux, bouge autour de mon piquet, j’adore voir ton nombril qui tourne, tes seins qui tombent et ton visage où je lis la montée de ta jouissance. Manœuvre selon tes sensations, tu m’excites. Oui, frotte ton clito dans mes poils, mes nerfs se tendent. Tu vis autour de mon axe, tu varies les mouvements, continue. C’est fort, mais je sens que je vais durer. Ton cou et le haut de ta poitrine deviennent tout rouges. Ho ! Ne m’arrache pas la queue. Si Juliette… tu lui prêteras tes revues ?
Nous voyons Julienne se démener de plus en plus vite, se pencher sur son partenaire, l’embrasser pendant que sa croupe claque de plus en plus vite sur les cuisses. Elle s’emballe, elle gémit, halète, s’étrangle. Louis lui envoie des claques sur le cul, comme un jockey qui cravache son cheval. Ils s’envoient de nouveau en l’air.
- — Repos, mais après, j’aurai ma levrette ?
- — Et comment, si tu peux encore ! J’aime le sexe dans toutes les positions avec toi. Et si je ne te vois pas parce que tu es dans mon dos, je sens bien tes coups de boutoir, ta bite qui fouraille dans mes chairs et fouette le fond de mon sexe. Tu as raison, je suis une fille du peuple, j’adore la levrette. Approche, je te prépare.
La coupe est pleine : je me retire en tenant Juliette par la main, un doigt sur la bouche. Je suis écœuré de les voir jouer et surtout d’entendre Julienne. Juliette aussi.
- — Le salaud ! « Prude, baise comme un sac de patates. » Comme si j’avais besoin des revues de ta femme pour savoir me comporter avec mon homme. Je vais t’apprendre, pourri. Ma meilleure amie, ton meilleur ami ! Le beau monde ! « Je vais aider mon copain à tapisser » : ce cochon produit la colle pour Julienne !
Elle est remontée !
- — Je n’ai remarqué aucun travail de tapisserie dans vos chambres. Que pensais-tu qu’ils faisaient ?
- — Quand tu m’as dit que Louis allait chez moi, j’ai cru qu’il allait au boulodrome. Quand j’ai vu son vélo, je me suis dit : « à tout coup, Louis et Julienne sont en train de me préparer une surprise pour la saint Laurent ». Julienne adore faire des surprises, c’est une passion chez elle. Je préfère les choses simples et directes, mais je fais des concessions et pour la réjouir, je m’exclame comme un enfant ravi devant la surprise dévoilée : « Oh ! La belle surprise ». C’est ma façon de la remercier de son ingéniosité et des efforts accomplis pour me faire plaisir. Mais aujourd’hui, quelle surprise, en effet. Ça ne lui a coûté ni imagination ni efforts. Ses lectures lui font perdre la tête, développent ses fantasmes et elle les réalise avec notre trop serviable Louis. Attends-toi à lire la guerre de Troie et à devoir imiter Andromaque.
Juliette explose de colère. Elle va droit au vélo de son mari, dégonfle le pneu arrière et emporte la pompe à air pour passer sa rage. Je l’invite à aller faire un tour à bicyclette. Il faut respirer après ces révélations, il faut réfléchir ensemble aux suites à donner. Nous choisissons un endroit isolé au bord du canal.
- — Si je m’attendais à ça ! Et toi ?
- — Comme toi, je suis frappé de stupéfaction. J’aurais dû y penser, la conduite de Julienne m’a fourni des indices, mais je n’ai pas su les déchiffrer. Maintenant je comprends ses récentes migraines à répétition ! Elle se réservait pour Louis et me laissait la portion congrue. Mais quand, sur recommandation de ton mari, elle accepte de coucher avec moi pour me faire porter la paternité de l’enfant de Louis, elle dépasse toutes les bornes. Pour cette surprise, je ne l’embrasserai pas. C’est impardonnable, elle va payer.
- — Moi, je n’ai rien vu venir. J’ai perdu un mari, je perds ma prétendue meilleure amie et toi aussi peut-être. J’ai envie de me jeter à l’eau.
- — Non, Juliette, dans l’adversité, il faut faire face. Je suis ton ami et je souhaite le rester. Nous devons nous épauler pour surmonter ce désastre. Veux-tu m’aider ? Pleure, soulage ta peine…
Juliette essuie ses larmes. Je lui rappelle notre premier baiser avant les mariages. Je regrette d’avoir cédé jadis au caprice de Louis en m’effaçant pour lui laisser conquérir Juliette. La nouvelle l’étonne et la scandalise :
- — Tu étais vraiment amoureux de moi ? Et moi j’étais folle de toi. J’ai cédé à Louis par dépit amoureux quand tu as cessé de me fréquenter. Quelle mauvaise pièce de théâtre. Voilà où ça nous a menés. Tout est fichu. Tu es cocu, je suis cocue, il ne me reste plus que les yeux pour pleurer.
- — C’est un peu tôt, mais ce coup de tonnerre pourrait nous donner l’occasion de tout remettre à plat et de repartir sur de meilleures bases. Dans l’immédiat nous devrions faire alliance pour parer au plus pressé. En premier je veux quitter Julienne, je divorcerai. Que décides-tu de ton côté. Continueras-tu à vivre avec Louis ?
- — Ah ! Non. Jamais de la vie. J’ai envie de rentrer chez moi, de bloquer toutes les portes et de le laisser dehors, dans la rue.
- — Et moi, je rentrerais chez moi, je les surprendrais et je les jetterais à la rue. C’est une solution. Il me reste une question importante, mais délicate. Comment te dire ça ?
- — Parle sans crainte, je crois deviner, mais j’ai trop peur de me tromper. Parle en toute confiance.
- — Pourrais-tu envisager de vivre avec moi après le divorce ? Accepterais-tu de m’épouser ? J’ai commis jadis une erreur, une énorme erreur. Si tu peux me pardonner, ce sera l’occasion de bâtir du solide à deux.
- — J’ai envie de te sauter au cou et de t’embrasser. Mais j’ai besoin de réfléchir à froid. C’est trop brutal. J’ai trop mal au cœur.
Sur cette base nous recherchons le meilleur moyen de nous séparer de nos conjoints infidèles. La séparation devra être une punition pour leur inconduite. Il nous faut du temps. Étrangement notre plan de bataille se construit aussitôt :
En premier nous allons être frappés de malaises pendant une semaine : les amants, délivrés de leurs obligations conjugales, en profiteront pour se rencontrer plus souvent. La mise en place se fera dès ce soir. Le tarot prévu demain sera reporté de huit jours. Ensuite un détective privé, embauché demain samedi, devra réunir des preuves compromettantes à partir de lundi matin. Un instant j’imagine faire muter Louis sur ma tournée, ce qui lui enlèverait la possibilité de retrouver ma femme quand je travaille. Ils se verraient moins mais se désireraient plus et la passion contrariée inventerait des solutions nouvelles. Je renonce à ce projet. Je veux jouer au chat et à la souris, leur filer des coups de pattes, les punir à petit feu. Ils ont sali ce qui était sacré pour moi.
Ensuite, quelle attitude prendre au cours de la nuit de tarot ? Le plus amusant serait de faire perdre Louis : il n’aime pas perdre. Du coup il perdrait ses nerfs, serait désagréable avec Julienne forcément fautive : le spectacle serait réjouissant. Nous envisageons différentes hypothèses de déroulement. Au petit matin un couple sera au lit et… lundi je rendrai visite à Juliette et aussi souvent que ce sera nécessaire, de manière à peaufiner notre plan. Nous sommes complices pour nous venger. Dans une semaine je connaîtrai sa décision. Mais le baiser partagé au moment de la séparation me laisse une indication précieuse. Elle se jettera plus sûrement dans mes bras que dans le canal.
Julienne est câline ce soir, se frotte à moi comme une chatte amoureuse, revêt pour la nuit une nuisette transparente, se promène devant moi, présente son meilleur profil, se déhanche pour séduire, se baisse croupe dégagée. Je vois ce cul où Louis s’est vidé, ce sexe qu’il a martelé. J’imagine la levrette que je n’ai pas voulu voir et toutes les extravagances auxquelles ils se sont livrés. Je repense à leur plan machiavélique pour nous humilier. Elle peut faire le poirier si elle veut : sa migraine doit être contagieuse, j’ai mal à la tête, j’ai mal au ventre. Est-ce que la charcuterie de mon casse-croûte était fraîche ? La question irrite Julienne, elle comprend que ses efforts sont vains, que je ne peux pas dégainer ce soir. De toute façon, elle doit être moulue par des heures de baise avec son amant, demain ou dimanche elle aura l’occasion de me soutirer la semence d’une paternité potentielle. Elle se couche dans mon dos, passe une main et cherche mon sexe. Je grogne avant de laisser grandir l’érection et j’interroge :
- — Est-ce que je t’embête quand tu as tes migraines ?
L’argument la calme définitivement. Le samedi matin, sous prétexte d’aller chez un médecin de garde, je raconte à mon détective privé mon infortune, je lui fournis les photos des protagonistes, je lui confie le double de la clé du cellier, un plan de la maison. Il pourra se contenter de coller à Julienne. S’il filme des ébats lundi matin, il pourra surveiller Louis le mardi matin ou encore le mercredi. Je paie pour une filature de trois jours. Nous nous reverrons le jeudi après-midi. Il dispose d’un matériel sophistiqué particulièrement discret et s’il y a adultère cela ne saurait lui échapper.
Julienne a préparé méticuleusement le médianoche, est allée chez la coiffeuse, a pris un bain parfumé, a mis pour mon plaisir, (sic), un décolleté aguichant, elle veut me faire honneur devant nos amis, surclasser la Juliette de Louis. Elle est éblouissante, parfaitement femme épanouie, heureuse d’avoir un mari aussi beau et gentil… Elle attend surtout son amant. J’ai soudain toutes les qualités du mari idéal. Hélas, les médicaments que ne m’a prescrits aucun médecin sont des bonbons bien cachés et absolument inefficaces, puisque je souffre de plus en plus. Pour comble, vers 19 heures, Juliette téléphone pour se décommander, elle vomit continuellement et elle pense être enceinte.
- — Tu es enceinte ? Ah ! Et de qui ? s’étonne Julienne.
- — Je te rappelle que j’ai un mari, ma chérie. Quelle question !
- — Mais quelle conne, elle aurait pu me prévenir plus tôt. Elle vomit depuis hier soir. Enceinte de Louis, tu te rends compte, Laurent ? Il faudra que tu t’y mettes aussi un jour. Je veux aussi être enceinte. Ça, ma meilleure amie ? Avoir attendu les désagréments pour me mettre au courant de sa grossesse ! Je la déteste.
Juliette a frappé fort, au point le plus sensible. Apprendre à la maîtresse de son mari une grossesse récente, c’est lui infliger les pires angoisses. Le sac de patates va donner un enfant à Louis. La prude l’a devancée, Juliette va lui voler son amant. Il y a de quoi être furieuse. Julienne range ses petits plats inutiles, claque les portes des meubles. Toute cette mise en scène est inutile, elle ne verra pas Louis cette nuit. Elle oublie les efforts déployés pour plaire à son mari, disait-elle, hé hé ! se déshabille et traîne en robe d’hôtesse en attendant de se coucher avec un époux devenu impuissant à cause de sa maladie.
Le dimanche matin mes douleurs s’estompent… Julienne est souriante. Elle a retrouvé sa sérénité. Elle aura calculé que Louis se lassera du gros ventre de Juliette et sera d’autant plus enclin à choyer sa maîtresse pendant la grossesse de sa légitime.
- — Le pauvre Louis va faire ceinture si Juliette est enceinte.
- — Dévoue-toi, propose-lui d’assurer l’intérim si ça te chagrine. Veux-tu ma bénédiction pour coucher avec lui ?
- — Non, mais ! Pour qui me prends-tu ? Je suis ta femme, pas la sienne. Il n’est pas étranger à l’état de sa femme. S’il ne sait pas se contrôler, c’est son affaire.
- — Je me demande bien pourquoi cela te préoccupe autant. Tu es la meilleure amie de Juliette : pendant sa grossesse tu pourrais occuper utilement son mari. Et si un jour tu étais grosse, je serais heureux de trouver l’aide de ta meilleure amie pour me désengorger le cornichon !
- — Bougre de cochon, tu serais prêt à nous échanger comme des objets. Si tu insistes, je vais convoquer Louis et lui rapporter tes propos. Tu ferais une belle tronche, si nous te prenions au mot.
Je relève le défi, je téléphone :
- — Allo, Juliette ? Comment va ? Mieux. Permets que je te félicite. Pourrais-tu me passer l’heureux père ?
Il m’écoute.
- — Louis, mon ami, te serait-il possible de faire un saut chez nous, si l’état de Juliette le permet ? Tu arrives ? C’est très bien.
Julienne hausse les épaules. Je vais la surprendre.
- — Mon ami, te voilà. Nous avons appris avec plaisir que tu allais être père. Tu es mon meilleur ami, nous avons toujours tout partagé. Ainsi nous partageons votre joie, n’est-ce pas ma Julienne ? Félicite le futur papa. Ça mérite une grosse bise.
Une bise des deux amants devant le mari est forcément chaste. Je m’amuse à observer leur embarras. J’embraye :
- — Julienne envie Juliette et souhaite elle aussi avoir un bébé. Or je suis trop mal en point actuellement pour lui donner ce plaisir. Mais Julienne te plaint parce que tu vas être privé de sexe pendant les mois de la grossesse. Vois-tu où je veux en venir ?
- — Absolument pas.
- — Voilà, moi je n’ai pas réussi jusqu’à présent à l’engrosser, toi tu viens de prouver que tu réussissais. Je voudrais te demander un immense service, comme seul un véritable ami est en mesure de le rendre. C’est extrêmement délicat, mais tu es mon ami, n’est-ce pas ?
- — Depuis presque toujours, bien sûr.
- — Accepterais-tu de nous aider à avoir également un enfant ?
- — Attends, que veut dire « aider » ?
- — C’est délicat ; je me jette à l’eau : Voudrais-tu donner ton sperme pour féconder ma femme ? Ce serait une marque formidable d’amitié.
- — Et comment ? Tu veux passer par une banque du sperme ?
- — Ah ! Non. Le mot banque pue ! Tout simplement, comme le prévoit la nature, tu coucherais avec Julienne et tu lui ferais l’amour jusqu’à obtenir le résultat. Bien sûr, il faudrait que tu plaises à ma femme et qu’elle te plaise. Nous en avons parlé et elle se dit prête à me prendre au mot, donc pour elle cela ne pose pas de problème. Et comme je l’aime, j’approuverai sa décision. Selon vos désirs, j’assisterais à votre union pour marquer mon accord, ou je vous laisserais agir à votre guise, seuls dans notre chambre.
Julienne intervient :
- — Louis, dis-moi, mon mari n’est-il pas devenu fou depuis hier soir ? En réalité ce désir d’enfant, né soudain de l’annonce de Juliette, est surtout son désir. Laurent, comment oses-tu bâtir un projet pareil ! Vois l’embarras de Louis. Heureusement, Louis est plus raisonnable que toi. Tu m’imagines vraiment dans les bras de Louis ?
C’est le bal des faux-culs !
- — Imaginer… toi dans les bras de Laurent… toi en train de faire l’amour avec mon ami… Oui, je peux l’imaginer, pourquoi pas pour la bonne cause ? Tu, lui, ensemble, lui en toi, sa semence en toi… toi enceinte de lui ? Ça ne me paraît pas tout à fait impensable ou impossible.
Pourquoi Julienne et Louis baissent-ils la tête avec un rictus similaire ? Moi, je le sais.
- — Louis, je te demande d’y réfléchir, au nom de notre amitié. Julienne te déplaît ? Tu ne pourrais pas faire l’amour avec elle ? Elle est belle ma chérie. Avec un petit effort, non ? Allez, souviens-toi, avant de te laisser attraper par Juliette, tu m’avais assuré que tu étais amoureux de Julienne, oui ou non ?
- — Oh !
- — C’est vrai, Julienne, j’étais amoureux de toi. Laurent t’a voulue, je lui ai accordé la priorité.
Voilà comment on raconte l’Histoire ! Nullement gêné par son arrangement de la vérité, Louis tâte le terrain :
- — Simplement la situation est compliquée. Qui sera déclaré père de l’enfant ?
- — Il n’y a pas de problème. Tu la féconderas en privé, ici, à l’abri du monde et l’enfant de ma femme sera naturellement mon enfant aux yeux du public. Si tu gardes le secret, personne ne le saura. Juliette elle-même pourrait l’ignorer, sauf si tu veux lui demander son avis, ce qui serait plus correct. Et comme meilleure amie de Julienne, je pense obtenir sa bénédiction. L’amitié entre nos deux couples en sortirait renforcée.
- — Misère, quelle surprise ! Vous deux, vous en avez de bonnes ! Je devrai faire l’amour à Julienne, tu me le demandes ? Et toi Julienne, tu ne dis rien ?
- — Tu sais combien j’aime Laurent. Je ne peux rien lui refuser. Alors, s’il veut absolument que nous couchions ensemble, toi son ami et moi sa femme, je suis prête à tout pour lui donner un enfant. Et puis tu n’es pas n’importe qui, tu es aussi mon ami. Ce n’est pas comme si je devais me livrer à un inconnu. J’ai pour toi beaucoup de… d’estime pour toi, beaucoup, oui.
Julienne est toute rouge après cet aveu. Louis est ému de cette déclaration à peine voilée.
- — Au nom de l’amitié, je vais y penser et m’assurer que ma femme ne sera pas jalouse. Quand faudrait-il commencer ? Julienne accepte de coucher avec moi, le plus tôt serait le mieux ?
- — Tu voudrais, Louis ? Oh ! Merci, en mon nom et au nom de mon chéri. Je n’en reviens pas. Laurent jure devant Louis que tu ne me feras pas de crise de jalousie. Tu devras aimer cet enfant, tu ne lui révéleras pas cette combine !
- — Si je propose ce moyen d’avoir un enfant, je serai un bon père. Louis sera son parrain. Tenez, samedi nous nous réunissons ici pour notre tarot. Au lieu de danser, toi ma chérie et ce cher ami reproducteur vous commencerez à faire le nécessaire. Le plus tôt sera le mieux.
Les hésitations de bienséance passées, nous sommes tombés d’accord. Louis parti, Julienne a pris mon menton dans sa main et m’a regardé dans les yeux :
- — Tu es sûr, monsieur mon mari, de ce que tu veux ? Tu ne m’adresseras pas de reproches ? Tu continueras à m’aimer si je fais l’amour avec ton ami ? Tu nous laisseras aller jusqu’au bout de l’expérience, même s’il faut des semaines : attention, j’ai l’impression que Louis m’aime encore. Et admets que je me mette à tomber amoureuse de lui à force de jouir avec lui : tu prends un gros risque.
- — Quel risque ? D’abord tu pourras continuer à jouir avec moi. L’un n’empêche pas l’autre, au contraire, je garderais une chance d’être le procréateur. Je sais que tu m’aimes, j’ai en toi une confiance totale. Tu as toujours été une femme fidèle. Reste à savoir si tu supporteras la multiplication des rapports charnels avec deux hommes. C’est que, pas plus que moi, Louis n’a l’air manchot. Prépare-toi à passer sous deux mâles décidés à te faire le petit, ça va chauffer mon amour. Ensuite jamais mon ami ne me trahirait, jamais il ne me ravirait mon épouse. Son sens de l’honneur, sa conduite irréprochable jusqu’à ce jour sont garants de son comportement futur. C’est un ami formidable, prêt à nous rendre un service énorme, ÉNORME !
- — Mon amour, il faut que je t’embrasse. Finalement cela sera génial d’avoir un enfant. Je t’aime.
Ma femme est heureuse, je vais au-devant de ses désirs les plus cachés, donc je suis le mari unique, le seul digne de son amour. Le soir elle tente une nouvelle approche. Je cède à ses invites, l’embrasse amoureusement, c’était devenu rare, je lui prodigue des caresses, je fais gonfler ses seins, et j’entame des préliminaires prometteurs, je m’amuse à titiller le clitoris, je frotte les grandes lèvres de son sexe, déniche les petites. Julienne semble heureuse, m’encourage du geste et de la voix. Elle sent approcher l’instant où je la prendrai et où je serai sensé faire aussi bien que Louis, certes après Louis je les ai vus copuler, mais une fois suffira pour me rendre père comme l’a suggéré l’amant décapoté.
La supercherie la booste, elle est infiniment tendre, elle reprend les câlins de jeune mariée, y ajoute les astuces apprises dans mes bras, les complète innocemment des pratiques ajoutées par son amant. C’est un mélange détonant grâce auquel elle veut me faire succomber pour me tenir mari et père à sa disposition sans menacer ses amours illicites. Au moment de me faire passer de sa bouche à son sexe, elle me promet une expérience nouvelle : elle souhaite m’offrir sa rose. Je fais semblant de ne pas comprendre, l’oblige à préciser. « On » lui a dit que la sodomie est très agréable et met dans de bonnes dispositions quand on souhaite une grossesse. Hier encore chez la coiffeuse elle a entendu des confidences. Donc elle voudrait faire un essai de « sodomie » avant de me recevoir dans son vagin.
- — Que veux-tu exactement ?
Je fais l’âne pour avoir du foin.
- — Tu manques de vocabulaire, Laurent. Je veux que tu m’encules pour augmenter mes chances de concevoir. Tu comprends maintenant ? Tu dois me prendre par derrière, tu dois pénétrer entre mes fesses. C’est clair ? Je me coucherai le ventre sur un coussin, comme ça, je tirerai sur mes fesses pour te présenter mon cul, comme ça, tu vois ? Et tu me mettras ton sexe dedans. Est-ce que c’est clair ?
C’est clair, mon sperme perdu dans ce puits, celui de Louis gagnera.
- — Attends que je regarde. Je pose ma bite sur ton petit trou et…
- — Et tu pousses.
- — Comme ça ?
Et j’ai poussé, je suis entré, je me suis installé sur les traces de mon ami Louis. Elle a eu beau rire, me rappeler qu’habituellement ce devait être le dessert, je lui sers le dessert immédiatement. Il n’y a pas de code particulier, cela s’apprend tout seul. Je cherche à entrer le plus profondément possible, je recule pour mieux avancer, je me retire un peu pour mieux m’enfoncer et pour bien l’enculer, selon ses propres termes.
- — Comme ça c’est bon, ma chérie. Tu me sens bien ?
- — Oh ! Oui, mais si tu pouvais accélérer et en même temps me chatouiller le con, ce serait meilleur.
Son vocabulaire perd en grâce au contact de Louis, je suis moi aussi influencé par les circonstances.
- — Qu’en sais-tu ? C’est la première fois. Bon j’essaie. C’est mieux comme ça ?
Elle ne se justifie pas, ne cherche pas à montrer qu’elle en sait plus que moi. Déjà elle soulève tout son arrière-train à la fois pour mieux s’offrir à la pénétration mais aussi afin de laisser à ma main plus de latitude pour masturber sa vulve et ses environs. Elle poisse mes doigts. L’intérieur du petit trou est chaud, plus resserré au niveau du sphincter ; elle s’efforce de donner le meilleur accès. Elle l’a réclamé, j’accorde. Ce n’était pas un fantasme, c’est une réalité vécue. C’est agréable. Le plus intéressant consiste à sortir complètement puis à forcer le passage étroit mais élastique. Je sors, je rentre, et chaque fois j’ouvre le trou qui veut se refermer. Julienne apprécie, remue ses fesses, tasse le coussin sous son ventre pour relever le trou du cul. Elle halète, je fourre à grands coups, je m’excite comme elle et je me raidis : je remplis l’ampoule de mon sperme et m’immobilise sur les rondeurs musclées. Quel cul, dirait l’autre. Ce cul recrache un liquide glaireux.
- — Merci, mon chéri, tu as été formidable. J’adore cette pratique, il faudra recommencer. Mais tu dois maintenant essayer de me faire toi-même un bébé. Ainsi j’éviterais le recours à Louis.
Elle se paie ma tête. Elle ne sait pas que je les ai vus en pleine action vendredi et que j’ai entendu leur plan. Le mien aura l’avantage de la clarté. Je viens de donner mon sperme, mais il ne s’est pas dirigé où il fallait. C’est heureux. Je mens :
- — D’accord, j’essaierai. Pourtant pas aujourd’hui. J’ai voulu te faire plaisir, mais mes crampes d’estomac me reprennent. Je suis hors d’usage.
Elle joue la déception. Je ne serai pas père en confondant les portes d’entrée, ricane-t-elle. Elle se renfrogne, je vais sucer un bonbon pour guérir, heureux d’avoir déjoué sa ruse. Je ne tiens plus à être le père de son enfant. Et demain matin, Louis devra pallier ma défaillance. Il se pourrait qu’il l’engrosse avant moi, tant elle jalouse sa meilleure amie. Pour moi, elle peut être chienne si elle veut. Depuis vendredi, elle n’est plus la femme aimée.