n° 15253 | Fiche technique | 12786 caractères | 12786 2200 Temps de lecture estimé : 9 mn |
04/11/12 corrigé 11/06/21 |
Résumé: Dame Alix, chassée de son château, se réfugie avec sa servante chez sa cousine Dame Clémence... La découverte d'un secret va déclencher des rapports de D/s. | ||||
Critères: ff soubrette historique -historiqu | ||||
Auteur : Courtisanne Envoi mini-message |
Tirée par deux bœufs, une lourde charrette de foin, aux roues pleines, brinquebale sur le chemin. Une fourche sur l’épaule, un lourd paysan trapu dirige l’attelage, claquant de la langue pour inciter les lents animaux à avancer. Si l’on s’approche d’assez près, on distingue un léger gémissement qui s’échappe du foin qu’elle transporte.
En observant bien, on peut voir le foin animé d’un mouvement propre et, discrètement, un visage féminin apparaître à l’arrière : c’est Dame Alix, qui regarde au loin la lourde fumée noire qui monte de son château, là-bas, presque à l’horizon.
Lorsque les bois masquent la demeure seigneuriale et que le danger semble passé :
En grognant, l’homme retient les bœufs, descend de la charrette et vient vers sa maîtresse :
Avec sa fourche, le paysan dégage habilement le dessus du tas. Alix repousse quelques gerbes qui masquaient un autre corps féminin : une jeune femme, sans autre vêtement qu’une chemise déchirée, laissant apercevoir un sein nu. Sur ses jambes, on aperçoit de larges traînées de sang.
Dame Alix déchire son surcot et en donne un morceau à Bénezet :
Puis elle se penche sur la jeune femme :
Les yeux s’entrouvrent et le corps tressaille :
Bénezet arrive avec le linge dégoulinant d’eau. Alix lave les jambes d’Asceline puis, très délicatement, le bas-ventre complètement couvert de sang.
Le voyage se poursuit, lentement. Asceline, dans les bras de sa maîtresse, raconte son martyre :
Alors, elle se soulève péniblement sur les coudes pour remercier Bénezet qui hausse les épaules et esquisse un vague sourire en grommelant, puis se laisse doucement bercer par les cahots du chemin.
Le soir venu, ils s’arrêtent près d’un petit bois dans lequel ils se réfugient. Sans dire un mot, Bénezet s’enfonce sous les arbres pour revenir quelque temps après avec un lapin qu’il dépouille et fait cuire sur un petit feu de branches mortes.
Puis, c’est la nuit à la belle étoile, les deux femmes collées l’une à l’autre et enroulées dans les quelques vêtements qu’elles portaient. Heureusement, le foin leur tient chaud.
Mais Dame Alix ne dort pas. Elle pense à cette épouvantable journée. Ah, si son cher époux n’était pas parti défendre le tombeau du Christ, rien ne serait arrivé ! Que lui importait que les infidèles fassent le siège de Jérusalem ! Aussitôt, elle se morigène : voilà que dans sa détresse, elle est prête à accuser le Tout Puissant de tous ses maux ! De toute évidence, le diable faisait des affaires ce jourd’hui !
Ce qu’elle voudrait, ce sont les bras puissants et doux de son époux et non le corps mince et tremblant de sa servante. Pauvre Asceline, qui lui avait sans doute sauvé la vie !
Alertée par ses cris, elle avait immédiatement compris la situation et n’avait eu que le temps de prendre la lourde ceinture chargée de pièces d’or, qu’elle portait maintenant à même la peau, avant de s’engouffrer dans le souterrain du château qui ressortait plus loin dans la campagne. Là, bien cachée parmi les buissons, elle avait attendu Bénezet qui, selon les instructions de son maître, devait la rejoindre avec la charrette en cas d’attaque du château. Dame Alix avait ensuite envoyé son serf à la recherche de sa fidèle servante Asceline.
En cette fin de printemps, les nuits sont courtes et l’aube arrive sans qu’Alix n’ait pu fermer l’œil. Qu’importe, elle aura tout le temps de dormir durant la journée, bercée par le balancement du chariot : la route est encore longue.
En partant pour la croisade, Tancrède de Séverac – l’époux d’Alix – avait rejoint Hadrien Pons de Guénan, son cousin germain, afin de réunir leurs forces. C’est chez ce dernier que se rend Alix, pour demander l’hospitalité à Dame Clémence, l’épouse d’Hadrien, le temps de trouver le moyen de reconquérir son château.
Une journée passe, puis deux autres encore. Le soir, ils ont été logés dans un monastère puis dans l’humble hutte de serfs qui les ont accueillis comme des rois. La dernière nuit, comme la première, s’est passée à la belle étoile.
Tandis qu’ils descendent vers le Sud, l’air se fait plus sec et embaume les simples qu’Alix cultivait en son jardin : thym, romarin et sauge. Mais ici, en Provence, la moindre parcelle d’air en est saturée.
En ce début de juin 1188, on recherche déjà l’ombre des chênes lièges et des oliviers, ou bien l’abri des rochers où pousse le buis à l’odeur si rafraîchissante.
Enfin, la haute tour du donjon de Guénan apparaît à l’horizon. Aussitôt le pont-levis franchi, Alix se laisse glisser dans les bras de sa cousine, accourue aux cris de ses gens.
En quelques mots, Dame Alix raconte l’attaque du château par les troupes du seigneur voisin, et comment elle a pu échapper à un probable enlèvement. Aussitôt, Dame Clémence donne des ordres :
Puis les belles Dames, soutenant la petite servante, fourbue et couverte de poussière, se dirigent vers le logis. Dame Alix veut s’occuper elle-même de sa servante, et elle renvoie celles du château.
Elle lui ôte sa chainse sale et déchirée, puis l’aide à enjamber la cuve de bois. Asceline ferme les yeux, et savoure les sensations que lui procurent la chaleur de l’eau… et les mains nues de sa maîtresse, parcourant sa peau endolorie.
Tout en lui prodiguant ses caresses, cette dernière se souvient du jour de leur rencontre : sa mère la lui avait offerte pour ses quinze ans. Entre ses doigts, à force de cajoleries et de punitions, la fillette maigrelette et sauvage était devenue une jolie jeune femme, docile et de bonne compagnie…
Elle lui savonne les cheveux et le corps avec un mélange de cendre et de suif, s’attardant sur les seins, titillant les mamelons, les faisant rouler entre ses doigts, les pinçant légèrement afin d’éveiller le désir chez sa servante : il faut absolument que cette dernière oublie le viol, pour être à nouveau disponible pour sa maîtresse.
Ses mains expertes descendent maintenant sur le ventre, qu’elles massent, puis sur le pubis. Écartant les lèvres tuméfiées, les longs doigts blancs de la châtelaine s’insinuent dans le vagin de la jeune femme, lui arrachant quelques gémissements lorsqu’ils ressortent pour s’activer sur son clitoris…
Après avoir délicatement séché le corps encore tremblant du plaisir reçu, Dame Alix lui applique un onguent à base de soucis et de tamier, afin d’apaiser ses douleurs, car elle est couverte de griffures et de contusions. Enfin, elle la parfume et lui fait revêtir un bliaud propre et doux.
Lorsqu’elles entrent dans la salle commune, Dame Clémence fait servir un vin chaud et fort épicé à ses hôtes. Dans le gobelet d’Asceline, elle a fait ajouter de l’hysope et de l’armoise, qu’elle connaît pour être des plantes abortives.
Colin est revenu de Séverac avec de sombres nouvelles : les flammes ont ravagé toute une aile de l’imposante bâtisse et la suie qui recouvre tout est plus noire que l’enfer.
Les serviteurs libres du château, qui ont pu échapper à l’attaque, sont allés chercher travail ailleurs et les serfs, ne pouvant quitter la terre à laquelle ils sont attachés, ont été livrés pendant plus d’un mois aux attaques incessantes des hommes d’Eustathe qui violaient vieilles femmes et jeunes filles et raflaient bêtes et nourriture.
Si Colin, à force d’obstination, a été reçu par le représentant du Comte de Toulouse, dont Tancrède de Séverac est le vassal, il n’a pas obtenu protection des personnes et des biens : il manque nombre de chevaliers, partis en croisade.
À Guénan, la vie s’organise. Tôt le matin, après avoir donné des ordres aux cuisines, les deux jeunes femmes font ensemble le tour du château et de ses dépendances : étables et écuries, forge et petits ateliers artisanaux où l’on fabrique le pain et la charcuterie.
Alix aide ensuite sa cousine à s’occuper de son jardin : il faut arracher les mauvaises herbes, repiquer les plants dans les carrés de simples, aller au puits tirer l’eau pour l’arrosage, et elles sont vite en sueur, tant il fait chaud. Mais c’est un travail indispensable dont dépend la vie de tous.
Puis, après avoir vérifié les comptes du domaine avec son régisseur, Dame Clémence reçoit paysans et gens d’armes pour écouter leurs doléances et régler les éventuels litiges.
Au début, Dame Alix s’est faite discrète, puis, peu à peu, elle s’est mise à participer, donnant son opinion, puis des directives.
Clémence est contente de la présence de sa cousine qui la soulage de bien des tracas inhérents à la gestion d’un domaine, en prenant bien souvent l’initiative – elle semble née pour donner des ordres – mais elle est parfois contrariée par cette propension à commander sans cesse.
Alix, de son côté, est souvent agacée par ce qu’elle considère chez Clémence comme une sorte de passivité devant les événements de la vie : depuis le départ de leurs époux pour la Terre Sainte, c’est à elles que revient la lourde charge d’administrer leurs domaines, et c’est une bonne occasion de montrer la force de caractère des femmes ! Et puisque son fief est pour le moment perdu, elle se doit d’aider sa cousine du mieux qu’elle peut.
Les après-midi sont consacrées aux travaux d’artisanat. Il faut filer la laine, la carder, la tisser pour en faire des mantels, des tentures et des couvertures : ni les maisons des manants, ni le château ne seront chauffés cet hiver.
Et c’est aussi la saison pour préparer onguents et pommades contre les gerçures, élixirs contre la toux et autres remèdes que Dame Clémence administrera à ses gens, en cas de besoin.
Mais c’est aussi l’occasion de bavardages et de chants. Et s’il reste du temps, Dame Clémence confectionne des pigments naturels à base de plantes, d’insectes ou de minéraux, pour pouvoir s’adonner à sa passion lors des longues journées d’hiver : l’enluminure.
Dame Alix, elle, pense à ses gens qui vont souffrir de disette, à la façon dont elle pourrait reconquérir son domaine, à l’argent qui lui manquera pour reconstruire la tour sud, si Tancrède tarde à rentrer…
De son côté, Asceline a du mal à prendre ses marques : au début, elle aurait bien aimé participer à la vie des autres servantes, les aider dans leur travail, rire avec elles : cela lui aurait permis d’oublier plus facilement…
Mais très vite, elle s’est aperçue que les femmes ne font pas trop attention à sa présence, et surtout que Mahaut, la servante attitrée de Dame Clémence, se méfie d’elle. A-t-elle peur de perdre sa place, d’être remplacée ? C’est absurde !
Désœuvrée, elle prend l’habitude de traîner dans le château en écoutant les propos des unes et des autres.
C’est ainsi qu’elle s’est rendue compte que Dame Clémence passe de longues heures à prier dans la chapelle. Elle l’a aussi souvent surprise en train de s’essuyer discrètement les yeux avec une fine toile de batiste : sans doute est-elle angoissée à l’idée que son époux ne soit tué en Terre Sainte, ou pire, ne meure lors du voyage du retour…
Elle s’en est ouverte à sa maîtresse qui l’a tout d’abord rabrouée : c’est très vilain d’espionner ainsi celle à qui elles doivent le gîte et le couvert !
Mais après quelques jours, autant pour s’amuser que par curiosité, Dame Alix lui ordonne de lui rapporter fidèlement les moindres faits et gestes de Mahaut et de la châtelaine. La petite servante devient ainsi, au fil des jours, son âme damnée…
Le début de ce texte a été écrit en collaboration avec Dame Hélia, qui a subitement disparu de ma vie…
NDLR : Du coup, ce qui devait être une série n’a jamais été terminé, ce qui est dommage