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n° 15263Fiche technique9097 caractères9097
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Temps de lecture estimé : 7 mn
10/11/12
Résumé:  Pensées, gestes et perceptions d'un homme.
Critères:  #québec #nonérotique #aventure #policier
Auteur : MarkTen      Envoi mini-message
97 secondes




Après l’événement, le superviseur commence à rédiger son rapport. Avec l’écriture, il revit ses pensées, ses gestes et tout ce qu’il a perçu. Partons de la première communication.



C’est Paul qui parle, je sens un peu d’excitation dans sa voix, lui et son compagnon Bob sont en civil, ils sont si contents de faire le quart de nuit en civil.



Tiens, mes joyeux lurons ne sont pas loin. Quelle niaiserie Dan et Pete vont encore lancer après l’arrestation ?



Je suis le 1-85 qui est mon indicatif d’appel, je me retrouve suivre le 1-5 et nous arrivons du nord par la rue St-Dominique. Le véhicule suspect passe devant nous, suivi par le 1-150.



Les suspects sont arrêtés au feu rouge, sur la gauche une auto stationnée, le 1-150 est arrêté derrière, le 1-5 se place directement devant lui, bloquant ainsi le passage, moi je couvre le côté droit des suspects. Ainsi il est en boîte, aucune porte de sortie. Les quatre agents descendent de leurs véhicules, Bob ordonne aux suspects de descendre de voiture. Je demeure dans ma camionnette et observe ce qui se passe.


Bob a ouvert la portière du conducteur, il tente de le faire sortir, il le tire par le bras, il ne réalise pas que celui-ci porte sa ceinture de sécurité. Paul, de son côté, tente aussi de convaincre la passagère de sortir, il n’a pu ouvrir la portière verrouillée. Je ne vois pas la figure du suspect, il porte un chandail rouge avec les manches relevées sur les avant-bras, un jean bleu. La passagère est jolie, vingt ans, cheveux longs, blonds, porte un chandail noir avec col en V. Pete s’avance afin de donner un coup de main à Bob, Dan comme d’habitude, sourit devant les difficultés de ses compagnons.


Contre toute attente, le conducteur décide de forcer le barrage, en marche arrière, il emboutit l’auto 1-150 et la pousse sur environ cinq mètres, Bob et Pete ont juste le temps de se reculer afin d’éviter d’être happés par la portière ouverte. À ce moment, je me dis que le ciel vient de nous tomber sur la tête.


Passant en marche avant, le conducteur fou fonce directement vers le 1-5, Dan est sur sa trajectoire, il est figé sur place. Immédiatement, j’embraye, enfonce l’accélérateur en donnant un coup de volant vers la gauche, je percute l’aile avant droite du suspect qui est dévié sur l’auto stationnée. Le policier a pu battre en retraite, il m’en doit une, celui-là.


Le suspect n’a pas lâché l’accélérateur, son véhicule et le mien crissent des pneus. Lui tente de se frayer un passage tandis que je le pousse sur l’auto en bordure du trottoir. J’espère que le suspect réalise qu’il est coincé, qu’il va cesser de résister à son arrestation, je vais devoir expliquer pourquoi j’ai enfreint une procédure en causant un accident volontaire.


La pression est trop forte, le véhicule stationné monte sur le trottoir, laissant un espace pour le suspect. Celui-ci contourne le véhicule 1-5 en passant sur le trottoir et prend la fuite vers le sud, en sens inverse sur la rue St-Laurent. Je le suis de près, ça y est, je suis parti pour une poursuite automobile.


À peine quinze mètres de parcourus, bang, il frappe face-à-face le 1-151 qui arrivait sur les lieux. Convaincu que l’auto du suspect est hors d’usage, j’arrête à droite de celui-ci à environ trente centimètres. Pierre et Jean, descendent, ils sont sonnés, mes deux analytiques vont sûrement prendre plusieurs secondes pour comprendre ce qui vient de se produire. La passagère suspecte descend à son tour, elle est affolée, ne sait trop comment réagir, je surveille ses mains, ce sont les mains qui tuent. Ok, elles sont vides.


Le suspect fait marche arrière, la jeune fille est coincée entre les deux véhicules. Par frottement, elle roule sur elle-même. Je ne peux que la regarder pirouetter sans arrêt, ses longs cheveux frappent ma fenêtre. Le suspect arrache une partie de la carrosserie de ma camionnette sur le coin arrière gauche. Toujours en marche arrière, il fauche Bob qui se retrouve sur le coffre de l’auto, je peux lire la peur sur sa figure, la fille titube vers le trottoir. Paul tire un coup de feu en direction du suspect, Je constate que les gars ne comprendront jamais qu’une balle de 150 grains ne peut arrêter un véhicule de près de deux tonnes.


Je me retourne, par la lunette arrière vois le suspect en direction ouest sur la rue Maisonneuve. Bob est toujours sur le véhicule, je ne voudrais pas être à sa place.

D’une violente manœuvre, je fais pivoter mon véhicule de 180 degrés, pas de boum, je n’ai rien accroché. Le suspect s’est arrêté brusquement dans un angle de 90 degrés sur la rue, Bob est projeté au sol, une chance qu’il roule sur la pelouse, c’est moins douloureux que sur l’asphalte.


En même temps, le suspect et moi décollons vers l’ouest, une poursuite s’engage, je pense à mon lieutenant, il va encore crier :



Tiens, Bruno et Bruno, ils venaient faire les curieux, ben ils vont participer maintenant. Mon véhicule a des problèmes, l’embrayage semble coincé, le suspect prend de l’avance, la procédure interdit au 1-8 de me dépasser sauf si je l’autorise.



Le 1-8 me dépasse, je réussis à entrer la bonne vitesse, rejoins l’auto patrouille. De mon point de vue, je trouve qu’ils gardent une trop grande distance entre eux et le suspect.



Nous roulons tellement vite que Bruno donne sa position qu’à chaque deux intersections. Le suspect nous distance, tous les feux de circulation sont aux verts, inconsciemment je parle à haute voix :



Cette rue est en pavé, c’est très glissant, nous sommes chanceux, encore une fois tous les feux de circulation sont au vert. Après deux intersections la rue se termine en T, le suspect tente un virage à droite, il dérape, percute une rétrocaveuse qui se trouve là. J’ai un pincement à l’estomac, outch ! ça vient d’arrêter sec pour lui, il doit être blessé.



Le jeune homme réussit à s’extirper de l’auto démolie, pas croyable ! Il n’est même pas blessé. Les deux Bruno descendent de voiture en même temps que moi, je vois Jacques et Donald du 1-1 qui arrivent de l’est en courant. Le jeune suspect se dirige en courant vers eux, je suis convaincu que l’on va l’attraper dans quelques secondes. Il change de direction et entre dans un garage souterrain. Je suis un peu découragé, ce garage est immense, il va nous faire courir longtemps.


Le garçon court au centre du passage immédiatement suivi par Jacques et Donald qui eux longent chacun un mur, Bruno et Bruno sont à deux pas derrière et sont plus vers le centre de la descente, moi je suis en plein centre, ainsi tout le monde a une vue directe sur le suspect en fuite. J’ai dégainé mon arme comme les agents du 1-1, par habitude, je vérifie qu’ils n’ont pas le doigt sur la détente afin d’éviter un coup de feu accidentel, les Bruno se contentent de suivre.


Soudain, sans arrêter de courir, le suspect fait demi-tour, brandissant un couteau, il se dirige directement sur sa droite vers Jacques. Je pointe mon arme, commence à tirer sur la détente, une tête de policier apparaît dans ma ligne de tir, j’arrête mon geste, pointant vers le plafond. Pendant ce temps, des coups feu sont tirés par les agents du 1-1, j’ai eu le temps de compter un minimum de cinq bangs. Le jeune homme s’écroule sur Jacques le faisant chuter avec lui. Je pense que Jacques est peut-être blessé, il se relève, signifie que tout va bien. Un coup d’œil au suspect, je ne crois pas qu’il va survivre. En quelques pas de course, je sors du tunnel, par radio, je demande une ambulance.



C’est terminé, je vois l’un des Bruno qui court vers le jeune homme, une trousse de premiers soins à la main. Plusieurs véhicules patrouille arrivent, il faut que je m’occupe de Jacques et Donald, les prendre en charge, le périmètre de sécurité à monter, je jappe des ordres.



Le sergent écrit depuis longtemps, il explique comment en quatre-vingt-dix-sept secondes, sur une distance de 1,4 kilomètre, une personne est décédée de quatre blessures par balle, une jeune fille et trois policiers ont été blessés, trois véhicules détruits et deux autres lourdement endommagés et que sept coups de feu ont été tirés. Parfois, il a l’impression que le temps s’écoule au ralenti, pourtant la bande audio ne ment pas : entre la première communication et la dernière, il s’est écoulé une minute et trente-sept secondes.