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n° 15307Fiche technique9725 caractères9725
Temps de lecture estimé : 6 mn
27/11/12
Résumé:  Lors d'une corrida, un jeune homme fait connaissance d'un couple peu ordinaire.
Critères:  fhh hplusag inconnu jardin voir pénétratio conte -occasion -couple+h
Auteur : Samuel      Envoi mini-message
Corrida




Juan avait pris place au bord de l’arène. Dans les rangées qui sont plus chères parce que protégées du soleil. Il venait toujours seul à la corrida. C’est un spectacle qui ne se partage pas. Il nous confronte à la mort et à la bête. Seulement, ce jour-là, les taureaux n’étaient pas à la hauteur, ou les matadors un peu endormis. Juan se désolidarisa à la fois de la mise à mort laborieuse et des quolibets qui montaient des tribunes ; il se mit en quête d’une bière. Il ne put cependant se détourner complètement du spectacle et il monta dans les travées en regardant derrière lui. Il manqua de perdre l’équilibre et, se rattrapant de justesse à la rambarde, il se trouva face à face avec une femme toute en rouge qui lui souriait derrière ses lunettes de soleil. Une femme, ou plutôt une jeune fille, accompagnée de son oncle ou de son père. Un homme un peu âgé, mais qui présentait bien. Alors qu’il revenait avec son verre de bière, Juan remarqua que les deux personnes lui souriaient maintenant, ce qui le troubla un peu. Il savait pertinemment qu’il n’avait jamais vu ni l’une ni l’autre. Il reprit sa place et suivit distraitement l’exécution bâclée d’un animal peu en train. Il se retourna à plusieurs reprises et à chaque fois il eut droit à un sourire de la jeune femme et même, la troisième fois, à un geste amical de son mentor.


La corrida se terminait dans une quasi-indifférence. Juan décida de se lever avant la fin pour sortir en même temps que la femme en rouge. C’est dans la cohue qu’ils firent connaissance.



Cette dernière réplique était du monsieur, qui s’appelait Don Luis. Ils marchèrent un peu jusqu’à leur voiture. Un chauffeur les attendait qui ne s’étonna pas de la présence d’une troisième personne. Il ouvrit les portières. Les jeunes montèrent derrière et le vieux devant, à côté du chauffeur, s’occupa de mettre de la musique : un quatuor de violoncelles. Puis il descendit le pare-soleil de façon à profiter du miroir qui lui permettait de voir ce qui se passait derrière. Il souriait alternativement à Odette et à Juan qui avait entrepris une petite conversation.



Elle souriait avec malice et quand elle se penchait vers Don Luis pour lui caresser la nuque, elle laissait voir un sein. Et elle savait bien qu’elle laissait voir un sein.


Le restaurant est une petite république à lui tout seul. La république de San Angel. Des arbres qui vous isolent du reste du monde, des jets d’eau et des fontaines qui soupirent, des tableaux surréalistes sur les murs. Quand Juan sortit de la grande salle pour aller se laver les mains, Don Luis le suivit et en profita pour lui expliquer qu’il était un aficionado, mais qu’il était à chaque fois déçu par les courses de taureaux.



Juan apprécia le bon mot. Au retour des toilettes, Don Luis fit observer qu’il y avait de superbes femmes dans ce restaurant. Puis il s’éloigna pour saluer quelques connaissances. Juan en profita pour relancer la discussion avec Odette.



Don Luis revenait siroter son martini. Puis, il se leva et regarda Juan dans les yeux.



Sur la banquette arrière, Odette se serra contre lui et elle lui laissa sa bouche. Don Luis, le regard rivé sur le petit miroir, n’en perdait pas une miette. Juan ne pouvait dissimuler une réelle inquiétude quant à la suite des événements. Quand la voiture se stabilisa face à une demeure imposante, la jeune fille sortit rapidement en disant qu’elle allait se changer. Les deux hommes entrèrent dans un grand salon. Une odeur de bois précieux confirmait la richesse des lieux.



Il lui fit choisir un havane et lui apporta un verre de vieux whisky. Le silence se fit et Juan restait très impressionné.



C’est peu de dire que Juan fut surpris par ce tutoiement impromptu.



L’esprit de Juan était dans la plus grande confusion. Il ne savait plus s’il avait bien fait d’accepter cette invitation. Il ne savait pas comment il allait réagir dans une situation aussi peu prévisible. Une seule chose était sûre désormais : Odette était dans sa chambre et attendait sa réponse. Un seul petit sourire de sa part fut le signal, comme celui d’une acceptation. Il y eut un signe de connivence évidente entre Don Luis et la jeune fille, qui descendit presque aussitôt les cheveux dénoués, dans une chemise de nuit de dentelles. Juan se leva pour aller à sa rencontre, mais elle vint d’abord donner un baiser à Luis. C’est lui qui l’accompagna jusqu’au jeune garçon dans un cérémonial qui semblait réglé par un metteur en scène. Il les emmena ensuite dehors dans une cour fermée, recouverte de sable et éclairée de flambeaux. Dans la douceur de la nuit andalouse, ils s’embrassèrent.


La ceinture de la chemise de nuit se délia. La toison noire apparut à la lumière des torches. Juan en resta interdit. Don Luis le débarrassait de sa veste, puis de sa chemise. Ça devenait gênant pour le jeune homme qui craignait que l’aristocrate ne s’invite à la noce. Il se sentit soulagé quand il le vit s’asseoir dans un fauteuil comme un spectateur au théâtre et allumer un nouveau cigare. Les deux jeunes amants s’étendirent sur le moelleux tapis de sable et roulèrent l’un sur l’autre. Don Luis suivait les ébats avec des jumelles en ivoire. Il scruta avec un plaisir contenu la pénétration qu’il apprécia en connaisseur. Parfois, Juan oubliait sa présence et il était tout à sa jouissance. Mais aussitôt il tombait sur ce regard malicieux et il perdait son sang-froid. Odette faisait tout pour qu’il ne soit pas crispé ; elle se donnait à lui sans réticence, sans calcul, sans pudeur. Il la retourna et contempla la chute de ses reins. Il la pénétra de nouveau et il entendit un sifflement admiratif et un grognement de satisfaction derrière lui après plusieurs positions assez classiques, mais réalisées avec une certaine maîtrise. Don Luis n’était pas au théâtre, il était bel et bien à la corrida et il sortait son mouchoir blanc pour dire combien il appréciait le spectacle… Odette se pressa contre Juan et lui murmura dans un souffle :



Certes on qualifie parfois la pâmoison qui suit l’acte d’amour de « petite mort », mais le jeune fut néanmoins impressionné par cette expression. Il se jeta sur le corps proche de l’orgasme de sa partenaire. Elle cria, pleura un peu et s’immobilisa sous les applaudissements de Don Luis qui s’était levé. C’est alors qu’un cheval entra dans la cour. Un cavalier vêtu de noir en descendit qui lia les pieds de la femme et, comme un taureau mort dans l’arène, Odette fut tirée jusque dans l’obscure remise qui jouxtait la bâtisse principale. Don Luis s’approcha de Juan, lui mit sur les épaules sa cape et lui dit dans un sourire :