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n° 15308Fiche technique58910 caractères58910
Temps de lecture estimé : 35 mn
28/11/12
Résumé:  Par désœuvrement une quadra prend un jeune amant. Trop beau pour être honnête, le gigolo compte la plumer. Par hasard le mari entend. Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage : à vérifier.
Critères:  fh fagée jeunes couple inconnu fsoumise hdomine cérébral revede noculotte lingerie fsodo mélo -extraconj
Auteur : Bleuet
Cougar, proie facile



Peur de vieillir et de ne plus plaire : le premier faux pas




Il fait beau, il fait bon, je suis d’humeur gaie. Attablé pour le repas de midi au restaurant de La Cloche, j’ai commandé. En attendant, je lis les grands titres du quotidien local. En une, l’histoire du mari qui a voulu empêcher sa femme de partir avec son amant. Il s’est accroché à la voiture. Sur cinq kilomètres le ravisseur l’a traîné, le malheureux a lâché prise, il est mort dans le fossé. L’épouse infidèle aurait demandé à plusieurs reprises au conducteur d’arrêter le véhicule. Dans quel monde vivons-nous ? Je repense à Sacha Guitry : « Si tu veux punir celui qui te prend ta femme, laisse-la-lui ».


Je n’irais pas m’accrocher à la voiture ! De toute façon j’aime ma femme et elle est folle de moi, après dix-huit ans de mariage comme aux premiers jours. Ce matin en m’embrassant, Colette m’a demandé d’aller prendre mon repas de midi au restaurant, car elle devait recevoir des amies pour une réunion de vente de lingerie féminine. C’était jour de congé de la bonne et elle ne pensait pas avoir le temps de préparer le repas.



Un groupe bruyant s’installe dans le box situé dans mon dos. Ils doivent être trois ou quatre dont un bavard très en verve. Un vantard, le type qui a tout vu, tout lu, tout connu, qui réduit les autres au silence en imposant sa voix forte. Cette conduite impolie a généralement le don de m’énerver. Mais dans le contexte actuel, je prête l’oreille. Il amuse la galerie avec une histoire de cocu.



Cette fois j’écoute avec le plus grand intérêt. Le douze de la dite rue, c’est chez moi. Je devrais remercier le galant porteur, mais une chose m’intrigue : il prétend avoir fait plus d’une visite. Or je ne l’ai jamais rencontré. C’est un vantard.



La moquerie ne le démonte pas :



J’ai écouté, je n’en reviens pas. Mon portrait n’est pas flatteur. Je n’aurais jamais cru possible cette trahison de ma Colette. J’ai passé dix-huit ans à vouloir la rendre heureuse, à lui offrir le confort et le luxe, et en réalité je ne suis pas aussi nul au lit. Ni rapide comme un lapin, ni mou comme un chewing-gum. Elle a voulu se faire plaindre ou le type derrière moi brode pour se faire valoir. Elle n’a pas su trouver mieux que de m’abaisser aux yeux de son amant. Avec ce bavard indiscret, je ne vais pas tarder à être la risée de la ville.



Plus de doute, c’est le numéro du mobile de Colette. Est-ce possible ? Je tombe de haut et ça fait mal. Je bous intérieurement, j’essaie de me rassurer, mais ce récit est convaincant. La description de la maison, les détails anatomiques, la forme des nymphes de ma femme, sa façon de faire l’amour avec passion et jusqu’à son besoin d’être fortement défoncée sont trop près de la réalité, ce gars a vu la nature de mon épouse, il a couché avec elle, à n’en pas douter. Comment Colette a-t-elle pu ? Et cette histoire d’appartement, il doit lui faire de l’effet : acheter au nom du garçon. Est-elle devenue stupide ? Il téléphone :



Il a raccroché, toute la table applaudit la prestation.



À ma place j’enrage. Le serveur s’inquiète de mon manque d’appétit. J’accuse des aigreurs d’estomac et ce n‘est pas une invention. Le hasard m’a servi une soupe infecte. Ma femme aurait séduit un gigolo ou un gigolo aurait séduit ma femme. Ce point n’est pas clair : la poule a fait l’œuf ou l’œuf a fait la poule…. Ma femme serait sur le point de me quitter, de vider mes comptes, de partir vivre avec le jeunot, dans un appartement qu’elle lui paierait pour échapper à mes poursuites et finalement divorcerait pour obtenir sa part sur notre maison. Et le gigolo la saute avant de la plumer. Il plumera la poule aux œufs d’or et s‘en ira avec les œufs… Colette a donc une cervelle de poule pour son conseiller et amant. La fameuse réunion de ce matin m’a expédié au restaurant et m’a fort heureusement permis de tout apprendre. C’était un rendez-vous amoureux entre ma femme et ce morveux. La lingerie ? Elle s’est fait déshabiller ! Et moi je serai le pigeon.


Il se vante :



Ils pourront découvrir les flammes qui incendient un ventre de quarante ans. Pendant qu’il continue à épater la galerie avec le récit de ses galipettes dans mon lit ou dans des chambres d’hôtel, je me lève, ajuste mes vêtements, je dévisage le vantard, je saurai le reconnaître. À ma demande, le patron les prendra en photo, une photo d’un groupe joyeux qui a mis de l’ambiance pendant le repas.


Pour moi le directeur de la banque a accepté immédiatement de trouver un trou dans son emploi du temps de l’après-midi. Je lui ai mis le marché en main, il a étouffé quelques « hésitations » ou scrupules pour ne pas perdre ma clientèle. J’ai fait état de difficultés ou de divergences dans mon couple, de projets dispendieux de Colette et de la nécessité de protéger nos biens. Notre compte joint a été fermé, j’ai signé pour Colette, comme souvent. Elle me fait confiance pour les affaires et pour la tenue de nos comptes. Elle dispose du nécessaire, ou plutôt elle a disposé du nécessaire jusqu’à aujourd’hui. Mais les plans de son coquin m’obligent à prendre des précautions : il a trop parlé, moi je ne me laisserai pas plumer. Cocu à l’évidence, je ne serai pas le dindon de la farce.


J’ai rattaché tous les autres comptes à mon nouveau compte dans l’établissement. Mon interlocuteur a préféré cette solution ; un bon client qui aurait pu verser son argent dans une autre banque, la simple évocation de l’idée a suffi à trouver la solution la meilleure pour les deux parties. J’ai téléphoné à ma secrétaire. Elle prépare mes dossiers pour mon voyage. Je suis rentré chez moi. Yvonne, la bonne, me regarde bizarrement, comme si elle avait une révélation à me faire. Je la croyais en congé. Elle se contente de me signaler que madame est sortie. La pauvre se sent prise entre deux feux, ne sait pas qui l’emportera. Elle a certainement observé les visites fréquentes d’un jeune homme très familier avec madame. Que la bonne m’apprenne les infidélités de ma femme serait une humiliation supplémentaire. Son regard compatissant suffit à me rassurer sur ses préférences. Je ne l’interroge pas pour ne pas augmenter son embarras ou ses craintes de perdre son emploi. Que m’apprendrait-elle de plus ?


La chambre « où je ne mets jamais les pieds», je la trouve. De lourdes valises y sont alignées. Il y a même la précieuse ménagère reçue de mon parrain en cadeau de mariage ! Tout est prêt, Colette a bien l’intention de se volatiliser, en douce, sans me prévenir, en profitant de mon voyage.


Je relis mon contrat de mariage, enterré dans un classeur depuis dix-huit ans. Mon père m’avait dirigé fort heureusement vers une séparation de biens, alors que par amour j’aurais demandé la communauté universelle et le partage en parts égales en cas d’une séparation inimaginable puisque j’étais amoureux. L‘amour m‘a rendu aveugle. Heureusement, ce midi au restaurant je n‘étais pas sourd. J’ai bien fait de suivre les conseils judicieux de mon père. L’improbable, l’inimaginable se produit. Colette, peu au fait et amoureuse de moi à cette époque se moquait de ces détails. Elle m’aimait, je l’adorais, nous serions unis pour toujours. Elle court au-devant d’une déception proportionnelle à la taille de son adultère et de ses plans machiavéliques.


Elle rentre, les cheveux défaits, le maquillage brouillé, avec un mal de tête dû à la cohue dans les rues et les grands magasins, dit-elle. La réunion du matin ? Elle s’était trompée de date, s’excuse de m’avoir envoyé au restaurant. Une fois n’est pas coutume et j’ai certainement fait un bon repas. Elle se sent horriblement fatiguée, je ne peux pas savoir à quel point ! Après une douche bienfaisante, elle ira coucher sans manger. Ils se sont retrouvés à quatorze heures quelque part dans une chambre d‘hôtel.



Le « chéri » peu disposé à flatter sa femme adultère, la déçoit :



J’ai touché ! En plein dans le mille. Elle me fixe, embarrassée. Elle m’a beaucoup négligé depuis un mois. Pensait-elle que je ne m’en apercevrais pas ? Elle s’interroge certainement. D’où me vient l’idée de cette pique ? La bonne ? Un voisin, un ami qui l’aurait vue entrer dans un hôtel avec son amant ? Je marque un point, mais sa passion nouvelle la pousse à contre-attaquer.



Je connais la chanson, elle singe involontairement l’amant. Il est dans sa tête, influence ses paroles. Il m’est désagréable de l’entendre réciter ces fadaises. Ce matin, elle s’est envoyée en l’air avec son Émile et d’après l‘amant, ce fut un combat homérique, une course d‘endurance, un sommet de ses expériences les plus crues. Je suis prêt à parier que, cet après-midi, elle n’a pas pu résister à une piqûre de rappel et qu’elle sort des bras de son gigolo. Il avait répété « quatorze heures » au téléphone. Il met les bouchées doubles, le but est trop proche pour ne pas entretenir la flamme. Il avance à marche forcée et ses conseils intéressés pénètrent mieux par le vagin que par les oreilles. Elle doit être persuadée désormais de faire le bon choix. Ma décision de faire l’amour la surprend, mais sa dernière réplique l’engage. Elle aura été gâtée aujourd’hui. Je me lève et l’embrasse amoureusement, Judas à mon tour. Est-ce que je lui fais horreur ? Elle dissimule parfaitement si c’est le cas.


Dans la salle de bain où je l’accompagne sur le champ, ma présence paraît toutefois la troubler et je m’amuse à faire monter la pression en m’étonnant de l’absence de petite culotte.



Son aventure la rend condescendante avec son cocu devenu « son pauvre chéri ».



Cette fois, elle ne peut pas endiguer le flot de sang qui rougit violemment son visage. Sa conduite est-elle découverte, ses plans vont-ils tomber à l’eau, est-elle au bord du précipice ? Elle avale difficilement sa salive et je vole à son secours. Peut-être n’est-il pas trop tard pour la ramener à moi.



Sous la douche, elle insiste longuement sur sa toilette intime. Se sent-elle souillée, sale ? Elle ne veut pas oublier à ce niveau les traces du récent passage d’un étranger. Je suis taquin à dessein :



Elle rit, rit jaune. Est-ce que je sais d’où elle vient ? Je n’avais jamais parlé d’amant à son propos, jamais aussi bien observé sa toilette, ni fixé ce sein marqué d’une étrange tache sombre comme un suçon. Elle est visiblement contrariée et inquiète. Nu, contre son corps nu et légèrement tremblant, je l’étreins avec la conviction de pouvoir la sauver des griffes du petit escroc qui veut la plumer, je la serre à l’étouffer. Dix-huit ans d’amour, elle ne peut pas faire une croix dessus à cause d’un égarement passager. Il doit lui rester autre chose dans le cœur que « mou de la queue » ou « couilles molles ». Dix-huit ans, c’est autre chose qu’un instant de fatigue. Je n’ai pas le souvenir d’une panne. Et tout le reste, ça ne compte plus ? Ce n’est rien à côté d’une belle gueule de crapule ou d’un baiseur intéressé ?


Au lit, je me surpasse. Elle trouve les préliminaires de bonne facture, mais ses gémissements immédiats confirment que ses lèvres, sa vulve, l’œillet même de son anus ont beaucoup servi, hier, aujourd’hui. Elle ne veut pas l’avouer, comment le pourrait-elle ? Si elle tient à moi, elle ne peut pas me parler de ses erreurs. J’ai tenté de la mettre à l’aise, sans succès. Quoi qu’il en soit, je tiens à lui laisser le souvenir d’un mari et d’un amant à la hauteur. Je la pénètre, je vais, je viens, je la prends avec force, je la possède avec amour. J’envoie un nouveau signal, sur la peau vierge du deuxième sein, de façon symétrique, ma bouche en ventouse imprime un suçon jumeau de celui d’Émile. Saura-t-elle les distinguer face à un miroir ? Quand, trop rapidement, elle simule un orgasme, je me modère, je veux durer, joindre l’endurance à la vigueur, opposer la maîtrise de mes sens à la fougue d’un jeune trop pressé.


Je lime calmement, je prolonge l’acte, je le pimente d’effleurements à géométrie variable, mes mains sont partout, frôlent, pressent, pincent, pourquoi pas ? Émile l’a décrite « un peu maso ». Je suis inventif, chaleureux, patient. Elle s’est dite toujours disponible pour moi, je la sers vaillamment, longuement, amoureusement, je dispose de son temps, de son corps. Ses orgasmes sont lents à venir, l’abus de plaisir tue le plaisir. Mais qui parlerait ici d’abus ? Pas moi, je n’en suis qu’au début. Elle ? De quels abus se plaindrait-elle ? Mes changements de positions, d’allures, mes déclarations réitérées d’amour indéfectible doivent jeter le trouble dans son âme perdue. Réussirai-je à semer le doute, à éveiller des remords, à ressusciter de l’estime et de l’amour pour moi dans ce cœur égaré ? Je pioche avec espoir, je creuse, je bourre, je bouscule, je conduis au plaisir, j’embrasse, j’aime. Avec des efforts, elle me dit qu’elle apprécie, se demande pourquoi nous n’utilisions plus ces recettes, cette ardeur. Elle se réjouit de ce regain d’intérêt et de forme. Nous sommes faits l’un pour l’autre, je ne devrais jamais en douter. Elle me remercie, fait des vœux pour notre avenir commun. S’il n’y avait pas ces valises et le grand coffre, je pourrais la croire sincère.


Au matin, pendant que Colette cuve sperme et fatigue, reins brisés par tous ses excès, incapable d’ouvrir un œil, je disparais. Pas bien loin, je m’enferme dans mon bureau, la pièce voisine de ma chambre. Je veux voir, être sûr, savoir si mon retour en grâce du soir influencera la conduite de ma femme ce matin. Quand Colette émerge, assez tard, elle expédie Yvonne avec une longue liste de courses. À son retour la bonne rangera les achats et pourra rentrer chez elle. Restée seule elle téléphone brièvement :



J’entends, je ne vois pas. Un bruit de moteur, la porte d’entrée se referme.



Cette voix est gravée dans ma mémoire depuis hier. Émile a ses entrées chez moi ! Voilà une première certitude. L’appel téléphonique lui était adressé. Colette suit son plan, deuxième certitude. Et son rire m‘écrase le cœur, avec des éclats de voix joyeux :



Je devine, il l’a culbutée sur le lit et lui donne du courage pour le départ. À pas de loup, je vais les épier. Cette fois, je le constate de visu, je suis cocu. Il n’a pas bluffé, j’ai la preuve sous les yeux. Cheveux défaits, étalés autour de la tête, bras rejetés par-dessus, yeux clos sur son plaisir, ventre ondulant nerveusement, traversé d’ondes irrégulières, cuisses ouvertes en V, Colette déguste son premier cunnilingus de la journée.


Deux bras maintiennent l’écart des cuisses pour laisser la place à une chevelure noire à peine mobile : Émile suce, Émile lèche, Émile fouille de la langue, Émile s’impose et par petits cris rauques de plaisir teinté d’énervement ou de douleur, Colette fait connaître sa reddition. La tête de l’acteur oscille entre les chairs blanches. Les mains tirent sur les muscles pour immobiliser le bassin. Ce bavard n’a pas seulement la langue bien pendue, sa langue est habile et provoque des contractions : la quadragénaire exercée par dix-huit années de mariage ne réussit pas à se contrôler. Elle se contorsionne mais n’échappera pas à la bouche qui boit son jus d’amour. Et ses lamentables cris de plaisir augmentent la ténacité de son mâle. Pour respirer, il relève la tignasse puis replonge au festin de cyprine. Elle demande un répit, il ajoute un index. Le doigt trempé dans le sexe, glisse vers le bas.



Le discours est alambiqué, mais clair. C’est un marché, il commande, elle se soumet ou il la prive de sa jeunesse, du plaisir auquel elle a pris goût et de la réalisation de son rêve de vie nouvelle. Le changement fait rêver les foules et pour Colette le changement, c’est maintenant. Elle a dû en rêver : les voyages, les sorties, les vacances sont devenus des événements d’une banalité affligeante. Le saut dans l’inconnu avec un jeune amant, c’est nouveau, c’est excitant. Si elle ne se soumet pas, adieu le renouveau, les folles nuits d’amour. Elle ne peut plus se passer de ce qu’il a su rendre indispensable, elle veut VIVRE, vivre jeune. Elle choisit, elle se soumet elle se met à quatre pattes sur le matelas, avance vers la verge tendue de l’homme debout au bord du lit. Sa main gauche saisit le membre érigé, le tient et la bouche ronde l’aborde pour un baiser sur le gland décalotté par le glissement de la main. Elle lève les yeux vers la face de son nouveau jeune maître, guette la réaction de son coup de langue, sourit de contentement. Émile se concentre sur l’événement, dit :



La bouche ouverte progresse sur le cylindre, s’arrête. Les yeux de Colette rivés sur le visage fermé expriment l’adoration, elle sait le bien qu’elle prodigue, elle remercie du don reçu.



Colette entame l’enfournement complet, par paliers de plus en plus profonds. Elle y met tout son cœur, suce dévotement, lèche avec amour, les yeux débordants de reconnaissance



Subjuguée, comme hypnotisée, elle exécute le mouvement aussitôt, présente ses fesses à hauteur du chibre durci par sa bouche et attend l’ordre suivant.



La réponse n’est pas terminée, le pieu est parti, a disparu. Colette hurle de douleur. Le ventre d’Émile est collé aux rondeurs des fesses. Le retrait cause une plainte pitoyable.



Il monte sur le lit, un pied de chaque côté de la croupe, il plie ses genoux, vient poser sa tringle menaçante à la verticale au-dessus du trou sombre, touche les rides de l’anus, descend encore, fore un passage dans la voie étroite. Colette n’a jamais aimé l’introduction rectale. À mon grand étonnement, je ne l’entends pas protester, et je vois le rouleau disparaître progressivement dans les intestins. Succèdent alors les traditionnels mouvements de haut en bas et de bas en haut, au gré du cavalier attentif aux réactions de sa monture. La pauvre Colette piaffe, elle n’a pas fini d’avaler des couleuvres et de subir d’incessantes pénétrations. Sa passion pour les bites passera plus vite que les envies d’Émile ou de ses copains. À moins qu’elle ne se défasse trop vite de ses biens et de la protection illusoire qu’ils lui assurent. Plus de fric, plus d’amour, c’est son triste destin. La bouche amère, je me retire, prends mes affaires et je m’éclipse sans bruit pour échapper aux hurlements d’amour. C’est l’heure de mon TGV.



Puisqu’elle doit m‘abandonner et quitter le domicile conjugal, j’ai prolongé de deux jours mon séjour dans la capitale. J’ai voulu me consoler, me changer les idées, cesser de broyer du noir. Une soirée cabaret, un passage à l’opéra, rien n’a chassé la boule qui me serre la gorge. J’ai vu sans intérêts de belles créatures. Je suis inconsolable. Comment a-t-elle pu s’en aller sans un mot ? À ses yeux, je ne valais même plus un adieu ?


Ce lundi, je rentre chez moi. Yvonne est là, yeux baissés, je l’interpelle. Je fais celui qui ignore sa propre infortune.



La bonne me fait signe, me guide vers la cuisine et parle à voix basse.



Si je n’avais pas entendu la conversation au restaurant, si je n’avais pas vu de mes yeux le coït dans ma chambre, les quelques paroles d’Yvonne « quand madame jouit » suffiraient à m’éclairer sur la débauche de Colette.



Je fais semblant de téléphoner depuis le vestibule, je parle bien fort intentionnellement, à un interlocuteur imaginaire pour que Colette m’entende et sorte de la chambre où elle s‘est cloîtrée. Mon confident s’appelle Personne : je tiens le combiné, je n’ai composé aucun numéro.



Comment, tu ne m’entends pas bien ? La liaison est mauvaise… Oui je vais parler plus fort… Ça va mieux comme ça ?


À l’étage une porte s’est ouverte. Je tourne le dos à ma chambre. Je continue comme si je n’avais pas entendu, je braille :



C’est une basse vengeance, une petite vacherie mesquine pour lui rappeler qu’elle n’a plus vingt ans. Hélas, je ne suis pas saint Parfait, je suis écorché vif : après cet abandon, je ne suis pas de bonne humeur. Tant pis si elle n’apprécie pas le compliment. Elle a droit à des retombées. Il serait temps pour elle de s’interroger pour savoir si ses soupirants s’intéressent à son physique, à sa belle âme ou à son fric. Je reviens à son aspect ;



Et même si je la sais présente dans mon dos, de retour parce qu’abandonnée, je n’oublie pas qu’elle est partie sans espoir de retour avec le truand. Ça n’a pas duré, mais elle ne comptait plus se montrer. Elle est revenue faute de mieux et ne parlera pas de sa fugue avortée. Si la bonne ne fait pas de zèle, ne la dénonce pas, Colette peut espérer garder secrète sa triste et lamentable aventure. Je continue à donner le change, à laisser croire à ma femme attentive que j’ignore son retour. En réalité c’est elle, mon interlocutrice au téléphone… Pour le reste je fais les questions et les réponses. Colette peut imaginer les questions en se référant à mes réponses.



Je fais semblant d’écouter



Je respecte une pause, mon interlocuteur est sensé parler



Ça, c’est pour me racheter un peu.



Colette n’interrompra pas la conversation si je la tiens en haleine, elle veut savoir la suite. Je suis un peu sadique, j’alterne mon exposé et les temps de silence :



Ma femme reçoit sans doute ces remarques. Elles remuent le couteau dans la plaie de son abandon tout frais. J’essaie de lui ouvrir les yeux. Elle doit comprendre à quel point elle a été piégée après son premier moment d’égarement. Elle n’est ni la première ni la dernière à succomber au charme d’une belle gueule, aux flatteries d’un beau cœur ou aux promesses d’une séance d’amour inégalable. Je poursuis mon monologue, entrecoupé d’arrêts pour écouter des remarques de l’amie ou ami virtuel :



Les périodes de compréhension sont parfois suivies d’éclats de colère mal dominée. Certains souvenirs me torturent :



Après un long silence, j’enchaîne :



J’entends un glissement de pas dans l’escalier, je l’ignore :



Colette devrait comprendre pourquoi je l’avais financièrement bridée. C’était dans son propre intérêt. Mais, l’amour rend aveugle. Je ne suis pas sûr du résultat. Je reprends mon faux dialogue



Colette écoute sans se manifester. J’évite la scène de ménage et les reproches qui m’empêcheraient d’exposer toute ma pensée si nous nous affrontions. Elle se tait pour connaître tout ce que je peux dire au mystérieux interlocuteur. Elle ne se sent pas en position de force.



Je noircis le tableau à dessein :



Je me gratte le crâne puis je réponds :



Petite pause. Je tourne en rond, je me répète, mon propos est désordonné à cause du trop-plein d’émotion. Je me ressaisis :



Je ne l’appellerai plus jamais « ma vieille ». Promis. C’était un mot affectueux, l’aurait-il blessée, tournée vers la génération suivante ?



Une main se pose sur mon épaule. Colette, dans mon dos demande :



Je lui tends l’appareil, personne au bout.



Est-ce tout ce qu’elle a retenu ?