Peur de vieillir et de ne plus plaire : le premier faux pas
Il fait beau, il fait bon, je suis d’humeur gaie. Attablé pour le repas de midi au restaurant de La Cloche, j’ai commandé. En attendant, je lis les grands titres du quotidien local. En une, l’histoire du mari qui a voulu empêcher sa femme de partir avec son amant. Il s’est accroché à la voiture. Sur cinq kilomètres le ravisseur l’a traîné, le malheureux a lâché prise, il est mort dans le fossé. L’épouse infidèle aurait demandé à plusieurs reprises au conducteur d’arrêter le véhicule. Dans quel monde vivons-nous ? Je repense à Sacha Guitry : « Si tu veux punir celui qui te prend ta femme, laisse-la-lui ».
Je n’irais pas m’accrocher à la voiture ! De toute façon j’aime ma femme et elle est folle de moi, après dix-huit ans de mariage comme aux premiers jours. Ce matin en m’embrassant, Colette m’a demandé d’aller prendre mon repas de midi au restaurant, car elle devait recevoir des amies pour une réunion de vente de lingerie féminine. C’était jour de congé de la bonne et elle ne pensait pas avoir le temps de préparer le repas.
- — Ne t’inquiète pas, je ne ferai pas de dépenses exagérées, peut-être juste des dessous affriolants pour t’exciter un peu, mon amour !
Un groupe bruyant s’installe dans le box situé dans mon dos. Ils doivent être trois ou quatre dont un bavard très en verve. Un vantard, le type qui a tout vu, tout lu, tout connu, qui réduit les autres au silence en imposant sa voix forte. Cette conduite impolie a généralement le don de m’énerver. Mais dans le contexte actuel, je prête l’oreille. Il amuse la galerie avec une histoire de cocu.
- — Bon, comme je vous le disais, il y a un mois, dans un grand magasin, j’aperçois une grande brune, une femme élégante, sûre d’elle, racée, belle, pleine de charme. Des hanches… une taille…. des jambes : « la femme », dans toute sa splendeur. Elle est chargée, je m’approche et lui propose mon aide pour porter ses achats. À ce moment j’aperçois de petites rides aux commissures des lèvres et de petites pattes d’oie aux yeux. Ma belle inconnue n’a plus vingt ans, plutôt le double. Mais une esthéticienne habile a maquillé son visage et la silhouette reste jeune. Elle me sourit avec grâce, me remercie et me tend le paquet le plus lourd.
- — Ah ! Ah ! Ah ! Tu t’es fait avoir. Au lieu de faire une fixation sur les croupes, lève les yeux, tu éviteras les vieilles.
- — Attends la suite. Elle arrive à une voiture rutilante, une grosse Mercédès. Je dépose ses achats dans le coffre. La dame me regarde avec bienveillance : « Les jeunes hommes comme vous se font rares », déclare-t-elle. Pour me remercier elle m’offre un verre chez elle. Qui aurait refusé ? À l’arrivée, je joue encore au boy dévoué, je décharge, je porte. Alors là, il faut voir la maison. Je m’extasie, ça la fait rire. À ma question elle répond que la bâtisse, son petit parc et les dépendances ont été évalués récemment entre sept et huit cent mille euros. L’intérieur est égal à l’extérieur, j’ouvre de grands yeux. Elle rit aux éclats de me voir aussi ébahi. Je l’amuse en exagérant mon étonnement.
- — C’est dans tes rêves ! Le château de la belle au bois dormant. Arrête ton boniment.
- — Tu ne me crois pas ? Je vous montrerai la demeure, c’est rue du Bourbonnais, pas très loin d’ici, au numéro douze.
- — Arrête ton charre. Tu vas une fois chez une dame distinguée et apparemment riche et tu reviens avec le nom de sa rue et son numéro ! Tu es un véritable annuaire ! Après toutes celles que tu prétends avoir conquises.
- — Qui te dit que j’y suis allé une seule fois ? J’y vais régulièrement, ça vous en bouche un coin, les amis.
Cette fois j’écoute avec le plus grand intérêt. Le douze de la dite rue, c’est chez moi. Je devrais remercier le galant porteur, mais une chose m’intrigue : il prétend avoir fait plus d’une visite. Or je ne l’ai jamais rencontré. C’est un vantard.
- — Nous buvons un premier verre, la dame en verse un second. Je lui trouve un air triste. On dirait une femme qui s’ennuie. Ingénument je la questionne sur ses occupations. De réceptions en dîners, du théâtre à l‘opéra, elle mène une vie toute simple. La malheureuse a de quoi se plaindre. Son mari a une très bonne situation, mais, hélas, il est très souvent absent ou fatigué, c’est le revers de la médaille. L’argent, je dois la croire, ne fait pas toujours le bonheur. Elle préférerait un mari plus présent, plus attentionné. Au troisième verre, la confidence me surprend. Et il y a de quoi, elle se laisse aller à des confidences indiscrètes. Le cadre est puissant au travail, l’époux l’est moins au lit. Il est un tantinet mou de la queue, n’est plus aussi entreprenant, ce n’est plus le jeune homme fougueux des débuts. Parfois il est fatigué, trop absorbé par ses affaires. Elle roule des yeux, devient mélancolique. Elle donnerait cher pour avoir un mari plus vigoureux et plus porté sur la chose. Au quatrième verre, elle me dévisage, pose sa main sur mon bras. Confidence pour confidence, elle voudrait que je lui parle de ma vie sentimentale. J’invente une rupture récente qui m’a brisé le cœur. Elle me plaint. « Un si charmant garçon. Cela ne devrait pas être permis ! » Elle a posé ses deux mains sur les manches de ma veste, me regarde pleine de compassion, avance sa tête et me console d’un baiser. Un baiser ventouse sur la bouche. Je sentais venir le coup. Une mal baisée en quête d’amour, une chance à saisir !
- — Et alors, et alors, Zorro est arrivé, hé, hé, persifle un des convives. Tu affabules comme d’habitude.
La moquerie ne le démonte pas :
- — Vous me connaissez. Il y a mon charme naturel, c’est vrai ; il vient d’opérer. De plus il y a l’alcool qui me donne du courage, il y a le luxe autour de moi, il y a cette femme mûre, prête à tomber de l’arbre comme une pomme dans mes bras. Si le mari est un peu « couilles molles », moi je suis en pleine possession de mes moyens. Alors arrive ce qui devait arriver. Nos bouches ne réussissent pas à se quitter ; comme elle, je m’accroche. Peu importe son âge, je me lance. Mes mains explorent le buste par-dessus la soie de la blouse. Quand elles attaquent la poitrine encore ferme mais volumineuse, la dame se met à roucouler, dit oui. Je pousse mon avantage, je maintiens le baiser, je caresse le ventre légèrement bombé. Ses yeux font warning, s’écarquillent ou se plissent. Elle se tend, pousse vers moi son bassin, ouvre les jambes. Ma main descend, épouse la courbe du bas-ventre. Elle mord ma langue, s’arrache au baiser, m’entraîne vers un escalier, nous aboutissons dans une grande chambre au mobilier classique. Elle m’agrippe et me dit d’un ton suppliant : « Prends-moi. J’ai envie de toi. Baise-moi ! » La grande dame devient catin, défait mes boutons, se retrouve en lingerie fine, me pousse à ses genoux, exige que je baisse sa petite culotte trop étroite, fait jaillir ses seins glorieux. La taille est fine, les jambes bien dessinées, le tronc de cône des cuisses bien en chair mène au sexe. J’ai une surprise, entre les grandes lèvres écartées, tombent comme deux escalopes étirées deux petites lèvres plutôt trop grandes, déformées par des accouplements répétés ou malformées à l‘origine. Si le mari n’est pas gaillard, d’autres, comme moi, doivent voler au secours de ce sexe gourmand. Je surmonte ma déconvenue et me laisse tirer sur le lit. Elle termine mon déshabillage et se jette comme une affamée sur mon sexe déjà largement déployé.
- — Vantard !
- — Tu veux le voir.
- — Non, on te croit ! Raconte.
- — Vous devinez la suite. Je lui rends la politesse. Son sexe est agréablement lavé et parfumé. J’embouche les petites lèvres, elle tressaille, referme sa bouche sur mon gland et se met à me branler en connaisseuse. Elle me suce mais s’impatiente, réclame que je la possède maintenant. C’est un ordre. Elle se jette sur le dos, prend ses mollets en main, écarte ses brancards tendus vers le plafond et attend l’envahissement en me souriant. Eh oui, je pose quéquette à l’entrée, de deux doigts j’ouvre la voie, je pénètre en milieu humide et chaud. Elle plaque ses mains sur mes fesses, me tire en elle et s’exclame : « Vas-y. Je suis à toi, ne te retiens pas, défonce-moi. Ouiiih. Oh ! Toi, comme tu es fort. Allez, bouscule, frappe plus fort, fais-moi jouir. Vas-y, ne me ménage pas, rudoie-moi. J’aime ta force et ton ardeur. » Elle n’arrête plus de m’implorer, de m’encourager à lui faire mal, à lui faire du bien. C’est un moulin à paroles intarissable qui frise la vulgarité à certains moments. Elle se met à crier, entre en transes, donne de violents coups de reins, se tend en arc pour mieux ressentir ma bite. Je lui touche le fond, c’est fameux : « Tellement meilleur qu‘avec le mari. » Elle en veut encore, il lui en faut plus. Je suis prisonnier de deux cuisses solides, de deux bras serrés dans mon dos. Son vagin tète mon « gourdin », elle supplie, veut un orgasme, rue, sue et finit par retomber inerte, quand je lâche les vannes et inonde de sperme son ventre brûlant. Un rapide tour à la salle de bain, quelques baisers d’amoureuse folle. Elle a pris son pied mais ne veut pas être surprise : il faut que je parte avant le retour du mari. Mais je dois promettre de revenir le lendemain, même lieu, même heure.
- — C’est une nymphomane un peu dingue. Tu y es retourné ?
- — Qu’aurais-tu fait à ma place ? Le lendemain, nous n’avons bu qu’un verre, nous n’avons pas perdu de temps. Je me suis habitué à la forme particulière de son con. Elle s’est montrée encore plus hardie, plus ardente, plus sûre d’elle aussi. La glace rompue, rassurée par mon retour, elle m’a déclaré qu’elle m’aimait. Et chaque jour de semaine nous nous retrouvons chez elle ou à l‘hôtel. La différence d’âge lui convient, enfin elle jouit comme elle ne le faisait plus. Mon plaisir, nos coïts la comblent de bonheur. À mon contact, elle retrouve sa jeunesse, elle voit renaître une sexualité un peu oubliée. Elle se déclare folle de moi, va divorcer pour vivre avec moi. Elle a en vue un appartement qui sera notre nid d’amour. Elle a signé le compromis de vente devant moi hier.
- — Tu vas vivre avec une cougar ? Les jeunes nénettes vont te manquer. Tu n’as jamais été fidèle, tu ne tiendras pas le coup.
- — Bien sûr, je vais vivre avec elle, au moins aussi longtemps qu’il le faudra pour la plumer. « Alouette, gentille alouette ». Pour que son mari ne la retrouve pas, elle va mettre l’appartement à mon nom. Elle vivra chez moi incognito, ça l’amuse, l’idiote si généreuse. Elle me paie un appartement. Qui dit mieux ? Il faut savoir utiliser sa queue à bon escient !
- — Désormais, je t ‘appellerai « le castor »
- — Ce n’est pas un beau début ça ? Si elle divorce, ils vendront la villa : ça vaudra le coup de partager sa part. Et pour se venger de l’ennui de son mariage, elle a décidé de vider le compte en banque, les carnets ou livrets d’épargne. Le seul ennui, c’est qu’elle ne peut pas liquider les actions et obligations. Ça ne fait rien, un appartement, du fric à volonté, ça vaut bien quelques efforts. Un coup de bite par ci, un coup de queue par là et j’entendrai tomber la « money ».
- — Oh ! Le veinard. S’il te faut des vacances nous te remplacerons dans les bras de ta vieille.
- — Quelques rides, mais ma chérie, Colette, a encore de beaux restes. Après tout, quarante ans c’est encore jeune. Il suffit de la voir baiser pour s’en convaincre. Enfin, elle a commencé ses valises pour le déménagement. Elle me les a montrées dans une chambre où le cocu ne met jamais les pieds.
J’ai écouté, je n’en reviens pas. Mon portrait n’est pas flatteur. Je n’aurais jamais cru possible cette trahison de ma Colette. J’ai passé dix-huit ans à vouloir la rendre heureuse, à lui offrir le confort et le luxe, et en réalité je ne suis pas aussi nul au lit. Ni rapide comme un lapin, ni mou comme un chewing-gum. Elle a voulu se faire plaindre ou le type derrière moi brode pour se faire valoir. Elle n’a pas su trouver mieux que de m’abaisser aux yeux de son amant. Avec ce bavard indiscret, je ne vais pas tarder à être la risée de la ville.
- — Tenez, je vais l’appeler. Attendez, il faut faire le 06 25 77 41… Vous allez l’entendre.
Plus de doute, c’est le numéro du mobile de Colette. Est-ce possible ? Je tombe de haut et ça fait mal. Je bous intérieurement, j’essaie de me rassurer, mais ce récit est convaincant. La description de la maison, les détails anatomiques, la forme des nymphes de ma femme, sa façon de faire l’amour avec passion et jusqu’à son besoin d’être fortement défoncée sont trop près de la réalité, ce gars a vu la nature de mon épouse, il a couché avec elle, à n’en pas douter. Comment Colette a-t-elle pu ? Et cette histoire d’appartement, il doit lui faire de l’effet : acheter au nom du garçon. Est-elle devenue stupide ? Il téléphone :
- — Allo, ma Colette chérie, c’est Émile. Bisous, bisous, bisous… Tu vas bien mon amour ? Tu récupères, tu as été merveilleuse ce matin. Ha ! Tu as les reins en compote ?… Oh ! Tu me flattes. Oui, je sais, formidable… Oui, je t’adore, tu me rends fou… Moi aussi. Je recommencerais volontiers ce soir… Tu es sûre ?… Pas possible, mais demain ? Ah ! Bonne nouvelle, ton mari part en voyage pour quarante-huit heures… bien évidemment… oui… oui. Le propriétaire t’a donné les clés… quoi, répète, ce n’est pas vrai ! Chouette alors. On déménage pendant l’absence de ton vilain… Tu es sûre, demain ou après-demain au plus tard… Parfait mon cœur… C’est ça, on rattrapera le temps perdu. Mais oui, je t’aime. Tu as rendez-vous dans huit jours chez le notaire… l’appartement ?… à mon nom… ça me gêne un peu,… tu ne devrais pas. Tu prends des risques… parce que tu m’aimes ! Ah ! Bon, si cela te fait plaisir. Oh ! Merci amore mio ! Je t’aime comme un fou. Te quiéro, ti amo, ich liebe dich, I love you… Enfin si tu penses que c’est mieux ainsi, je viendrai signer… Oui, je ferai comme tu voudras… Ah ! Tu as pris rendez-vous à la banque ?… dans quatre jours seulement. Ils sont débordés ?… Tu peux te présenter sans rendez-vous peut-être. Oui, je t’aime. C’est bien. Tu penseras aussi à ouvrir un compte dans un autre établissement, à ton nom, si… Quand tu auras rassemblé tous les avoirs, tu sais les livrets ou comptes à terme, etc. tu feras un chèque ou deux en direction de ton nouveau compte. Mais oui, plus tard… si tu l’exiges nous ouvrirons un compte joint… Non, je ferai comme tu voudras. Eh oui, moi aussi… une petite souris pour voir la tête de ton cocu quand il découvrira son compte à zéro… Oui, je t’embrasse, mon tendre amour, sur la bouche, sur les tétons, sur ton délicieux berlingot… Ah, ma queue te manque déjà ? Mais oui, elle t’appartient…. Tu essaieras, après quatorze heures aujourd’hui….. Merci, y a pas de quoi… je suis là pour te conseiller, c’est bien normal. Bisous ma chérie adorée…
Il a raccroché, toute la table applaudit la prestation.
- — Alors, vous avez compris. La vieille me bouffe dans la main, à coups de queue je vais la faire grimper sur un nuage et ensuite, à moi le magot. C’est pas beau ça ? Le mari voyage et je déménage, youpi !
À ma place j’enrage. Le serveur s’inquiète de mon manque d’appétit. J’accuse des aigreurs d’estomac et ce n‘est pas une invention. Le hasard m’a servi une soupe infecte. Ma femme aurait séduit un gigolo ou un gigolo aurait séduit ma femme. Ce point n’est pas clair : la poule a fait l’œuf ou l’œuf a fait la poule…. Ma femme serait sur le point de me quitter, de vider mes comptes, de partir vivre avec le jeunot, dans un appartement qu’elle lui paierait pour échapper à mes poursuites et finalement divorcerait pour obtenir sa part sur notre maison. Et le gigolo la saute avant de la plumer. Il plumera la poule aux œufs d’or et s‘en ira avec les œufs… Colette a donc une cervelle de poule pour son conseiller et amant. La fameuse réunion de ce matin m’a expédié au restaurant et m’a fort heureusement permis de tout apprendre. C’était un rendez-vous amoureux entre ma femme et ce morveux. La lingerie ? Elle s’est fait déshabiller ! Et moi je serai le pigeon.
Il se vante :
- — J’en viens. Je l’ai mise sur les genoux, me susurre-t-elle au téléphone, je l’ai crevée de plaisir, réduite en chienne en chaleur. Je la tiens par le sexe, elle est insatiable. Plus je la bourre, plus elle exige. Un jour, avant de disparaître je vous l’offrirai. Je lui banderai les yeux, pour jouer. Elle me prendra pour un dieu, si nous la baisons tous les quatre en silence. Ce sera le feu d’artifice d’adieu.
Ils pourront découvrir les flammes qui incendient un ventre de quarante ans. Pendant qu’il continue à épater la galerie avec le récit de ses galipettes dans mon lit ou dans des chambres d’hôtel, je me lève, ajuste mes vêtements, je dévisage le vantard, je saurai le reconnaître. À ma demande, le patron les prendra en photo, une photo d’un groupe joyeux qui a mis de l’ambiance pendant le repas.
Pour moi le directeur de la banque a accepté immédiatement de trouver un trou dans son emploi du temps de l’après-midi. Je lui ai mis le marché en main, il a étouffé quelques « hésitations » ou scrupules pour ne pas perdre ma clientèle. J’ai fait état de difficultés ou de divergences dans mon couple, de projets dispendieux de Colette et de la nécessité de protéger nos biens. Notre compte joint a été fermé, j’ai signé pour Colette, comme souvent. Elle me fait confiance pour les affaires et pour la tenue de nos comptes. Elle dispose du nécessaire, ou plutôt elle a disposé du nécessaire jusqu’à aujourd’hui. Mais les plans de son coquin m’obligent à prendre des précautions : il a trop parlé, moi je ne me laisserai pas plumer. Cocu à l’évidence, je ne serai pas le dindon de la farce.
J’ai rattaché tous les autres comptes à mon nouveau compte dans l’établissement. Mon interlocuteur a préféré cette solution ; un bon client qui aurait pu verser son argent dans une autre banque, la simple évocation de l’idée a suffi à trouver la solution la meilleure pour les deux parties. J’ai téléphoné à ma secrétaire. Elle prépare mes dossiers pour mon voyage. Je suis rentré chez moi. Yvonne, la bonne, me regarde bizarrement, comme si elle avait une révélation à me faire. Je la croyais en congé. Elle se contente de me signaler que madame est sortie. La pauvre se sent prise entre deux feux, ne sait pas qui l’emportera. Elle a certainement observé les visites fréquentes d’un jeune homme très familier avec madame. Que la bonne m’apprenne les infidélités de ma femme serait une humiliation supplémentaire. Son regard compatissant suffit à me rassurer sur ses préférences. Je ne l’interroge pas pour ne pas augmenter son embarras ou ses craintes de perdre son emploi. Que m’apprendrait-elle de plus ?
La chambre « où je ne mets jamais les pieds», je la trouve. De lourdes valises y sont alignées. Il y a même la précieuse ménagère reçue de mon parrain en cadeau de mariage ! Tout est prêt, Colette a bien l’intention de se volatiliser, en douce, sans me prévenir, en profitant de mon voyage.
Je relis mon contrat de mariage, enterré dans un classeur depuis dix-huit ans. Mon père m’avait dirigé fort heureusement vers une séparation de biens, alors que par amour j’aurais demandé la communauté universelle et le partage en parts égales en cas d’une séparation inimaginable puisque j’étais amoureux. L‘amour m‘a rendu aveugle. Heureusement, ce midi au restaurant je n‘étais pas sourd. J’ai bien fait de suivre les conseils judicieux de mon père. L’improbable, l’inimaginable se produit. Colette, peu au fait et amoureuse de moi à cette époque se moquait de ces détails. Elle m’aimait, je l’adorais, nous serions unis pour toujours. Elle court au-devant d’une déception proportionnelle à la taille de son adultère et de ses plans machiavéliques.
Elle rentre, les cheveux défaits, le maquillage brouillé, avec un mal de tête dû à la cohue dans les rues et les grands magasins, dit-elle. La réunion du matin ? Elle s’était trompée de date, s’excuse de m’avoir envoyé au restaurant. Une fois n’est pas coutume et j’ai certainement fait un bon repas. Elle se sent horriblement fatiguée, je ne peux pas savoir à quel point ! Après une douche bienfaisante, elle ira coucher sans manger. Ils se sont retrouvés à quatorze heures quelque part dans une chambre d‘hôtel.
- — Tu ne trouves pas que je prends de l’embonpoint, mon chéri ?
Le « chéri » peu disposé à flatter sa femme adultère, la déçoit :
- — Oui, tu prends du ventre. À quarante-cinq ans, c’est un peu normal. Quel sport pratiques-tu en dehors de nos trop rares relations sexuelles ?
J’ai touché ! En plein dans le mille. Elle me fixe, embarrassée. Elle m’a beaucoup négligé depuis un mois. Pensait-elle que je ne m’en apercevrais pas ? Elle s’interroge certainement. D’où me vient l’idée de cette pique ? La bonne ? Un voisin, un ami qui l’aurait vue entrer dans un hôtel avec son amant ? Je marque un point, mais sa passion nouvelle la pousse à contre-attaquer.
- — Rares, trop rares ? Il ne tient qu’à toi d’en augmenter la fréquence mon amour. Moi, je suis toujours disponible.
- — Dans ce cas, avant de te délaisser pendant quarante-huit heures, je vais immédiatement me livrer avec toi à une séance de gymnastique sexuelle du meilleur effet sur tes formes en expansion. Faisons l’amour plus souvent et tu conserveras ta ligne si précieuse pour plaire aux hommes.
- — Oh ! Toi. Que vas-tu imaginer ? Tu as l’esprit mal tourné. Je ne veux plaire qu’à toi. Amore mio, te quiero, i love you, ich liebe dich.
Je connais la chanson, elle singe involontairement l’amant. Il est dans sa tête, influence ses paroles. Il m’est désagréable de l’entendre réciter ces fadaises. Ce matin, elle s’est envoyée en l’air avec son Émile et d’après l‘amant, ce fut un combat homérique, une course d‘endurance, un sommet de ses expériences les plus crues. Je suis prêt à parier que, cet après-midi, elle n’a pas pu résister à une piqûre de rappel et qu’elle sort des bras de son gigolo. Il avait répété « quatorze heures » au téléphone. Il met les bouchées doubles, le but est trop proche pour ne pas entretenir la flamme. Il avance à marche forcée et ses conseils intéressés pénètrent mieux par le vagin que par les oreilles. Elle doit être persuadée désormais de faire le bon choix. Ma décision de faire l’amour la surprend, mais sa dernière réplique l’engage. Elle aura été gâtée aujourd’hui. Je me lève et l’embrasse amoureusement, Judas à mon tour. Est-ce que je lui fais horreur ? Elle dissimule parfaitement si c’est le cas.
Dans la salle de bain où je l’accompagne sur le champ, ma présence paraît toutefois la troubler et je m’amuse à faire monter la pression en m’étonnant de l’absence de petite culotte.
- — « Jamais je ne pourrais me promener les fesses à l’air », répètes-tu. Tu as eu un accident ? Tu l’as perdue en courant ? Tu l’as donnée à une pauvre fille qui n’en avait pas ? Un violeur te l’a arrachée ?
- — Oh ! Tu en fais un plat ! J’ai tout simplement voulu savoir si mes préjugés n’étaient pas ridicules. Eh bien, je me suis sentie bien comme ça, cul nu. Ma réponse te satisfait. Ou…
- — Un instant j’ai imaginé le pire.
- — À savoir, mon pauvre chéri ?
Son aventure la rend condescendante avec son cocu devenu « son pauvre chéri ».
- — Par exemple, tu aurais pu te la faire voler par un amant, ou la lui laisser en souvenir après une rencontre mémorable, une de ces parties de trou du cul inoubliable avec un type monté comme un âne, jeune et plein d’ardeur.
Cette fois, elle ne peut pas endiguer le flot de sang qui rougit violemment son visage. Sa conduite est-elle découverte, ses plans vont-ils tomber à l’eau, est-elle au bord du précipice ? Elle avale difficilement sa salive et je vole à son secours. Peut-être n’est-il pas trop tard pour la ramener à moi.
- — Je suis idiot. Comment pourrais-je te soupçonner d’avoir un amant, toi, ma femme adorée ? Certes tu ne m’as pas beaucoup fait l’amour ces derniers temps. Un trou d’air ne signifie pas qu’il n’y a plus d’air. Tu m’as toujours aimé, témoigné de l’affection. Tu es femme de parole, tu m’as juré fidélité. Pardonne ces soupçons indignes qui ont effleuré mon esprit. Tu es incapable de me tromper. Viens, embrasse-moi.
Sous la douche, elle insiste longuement sur sa toilette intime. Se sent-elle souillée, sale ? Elle ne veut pas oublier à ce niveau les traces du récent passage d’un étranger. Je suis taquin à dessein :
- — Tu as raison de bien laver ces endroits trop délaissés. Chasse toutes les toiles d’araignées. Pardonne ma négligence.
Elle rit, rit jaune. Est-ce que je sais d’où elle vient ? Je n’avais jamais parlé d’amant à son propos, jamais aussi bien observé sa toilette, ni fixé ce sein marqué d’une étrange tache sombre comme un suçon. Elle est visiblement contrariée et inquiète. Nu, contre son corps nu et légèrement tremblant, je l’étreins avec la conviction de pouvoir la sauver des griffes du petit escroc qui veut la plumer, je la serre à l’étouffer. Dix-huit ans d’amour, elle ne peut pas faire une croix dessus à cause d’un égarement passager. Il doit lui rester autre chose dans le cœur que « mou de la queue » ou « couilles molles ». Dix-huit ans, c’est autre chose qu’un instant de fatigue. Je n’ai pas le souvenir d’une panne. Et tout le reste, ça ne compte plus ? Ce n’est rien à côté d’une belle gueule de crapule ou d’un baiseur intéressé ?
Au lit, je me surpasse. Elle trouve les préliminaires de bonne facture, mais ses gémissements immédiats confirment que ses lèvres, sa vulve, l’œillet même de son anus ont beaucoup servi, hier, aujourd’hui. Elle ne veut pas l’avouer, comment le pourrait-elle ? Si elle tient à moi, elle ne peut pas me parler de ses erreurs. J’ai tenté de la mettre à l’aise, sans succès. Quoi qu’il en soit, je tiens à lui laisser le souvenir d’un mari et d’un amant à la hauteur. Je la pénètre, je vais, je viens, je la prends avec force, je la possède avec amour. J’envoie un nouveau signal, sur la peau vierge du deuxième sein, de façon symétrique, ma bouche en ventouse imprime un suçon jumeau de celui d’Émile. Saura-t-elle les distinguer face à un miroir ? Quand, trop rapidement, elle simule un orgasme, je me modère, je veux durer, joindre l’endurance à la vigueur, opposer la maîtrise de mes sens à la fougue d’un jeune trop pressé.
Je lime calmement, je prolonge l’acte, je le pimente d’effleurements à géométrie variable, mes mains sont partout, frôlent, pressent, pincent, pourquoi pas ? Émile l’a décrite « un peu maso ». Je suis inventif, chaleureux, patient. Elle s’est dite toujours disponible pour moi, je la sers vaillamment, longuement, amoureusement, je dispose de son temps, de son corps. Ses orgasmes sont lents à venir, l’abus de plaisir tue le plaisir. Mais qui parlerait ici d’abus ? Pas moi, je n’en suis qu’au début. Elle ? De quels abus se plaindrait-elle ? Mes changements de positions, d’allures, mes déclarations réitérées d’amour indéfectible doivent jeter le trouble dans son âme perdue. Réussirai-je à semer le doute, à éveiller des remords, à ressusciter de l’estime et de l’amour pour moi dans ce cœur égaré ? Je pioche avec espoir, je creuse, je bourre, je bouscule, je conduis au plaisir, j’embrasse, j’aime. Avec des efforts, elle me dit qu’elle apprécie, se demande pourquoi nous n’utilisions plus ces recettes, cette ardeur. Elle se réjouit de ce regain d’intérêt et de forme. Nous sommes faits l’un pour l’autre, je ne devrais jamais en douter. Elle me remercie, fait des vœux pour notre avenir commun. S’il n’y avait pas ces valises et le grand coffre, je pourrais la croire sincère.
Au matin, pendant que Colette cuve sperme et fatigue, reins brisés par tous ses excès, incapable d’ouvrir un œil, je disparais. Pas bien loin, je m’enferme dans mon bureau, la pièce voisine de ma chambre. Je veux voir, être sûr, savoir si mon retour en grâce du soir influencera la conduite de ma femme ce matin. Quand Colette émerge, assez tard, elle expédie Yvonne avec une longue liste de courses. À son retour la bonne rangera les achats et pourra rentrer chez elle. Restée seule elle téléphone brièvement :
- — La route est libre, tu peux venir, la porte est ouverte, tu me trouveras sous la douche.
J’entends, je ne vois pas. Un bruit de moteur, la porte d’entrée se referme.
- — Hello, Colette, tu es là ? Je monte ? Mon amour ?
Cette voix est gravée dans ma mémoire depuis hier. Émile a ses entrées chez moi ! Voilà une première certitude. L’appel téléphonique lui était adressé. Colette suit son plan, deuxième certitude. Et son rire m‘écrase le cœur, avec des éclats de voix joyeux :
- — Non, attends, tu me chatouilles, laisse-moi le temps de m’essuyer. Oh ! Non, je vais mouiller les draps. Émiiiile, hihihihi, non. Haaaaaaaa. On va prendre du retard. Fais attention, à force tu me tues. Sors tes doigts de là, regarde, mon sexe doit être tout irrité, tu abuses, aïe ! Non… fou, mais si je t’aime, ooooooooh.
Je devine, il l’a culbutée sur le lit et lui donne du courage pour le départ. À pas de loup, je vais les épier. Cette fois, je le constate de visu, je suis cocu. Il n’a pas bluffé, j’ai la preuve sous les yeux. Cheveux défaits, étalés autour de la tête, bras rejetés par-dessus, yeux clos sur son plaisir, ventre ondulant nerveusement, traversé d’ondes irrégulières, cuisses ouvertes en V, Colette déguste son premier cunnilingus de la journée.
Deux bras maintiennent l’écart des cuisses pour laisser la place à une chevelure noire à peine mobile : Émile suce, Émile lèche, Émile fouille de la langue, Émile s’impose et par petits cris rauques de plaisir teinté d’énervement ou de douleur, Colette fait connaître sa reddition. La tête de l’acteur oscille entre les chairs blanches. Les mains tirent sur les muscles pour immobiliser le bassin. Ce bavard n’a pas seulement la langue bien pendue, sa langue est habile et provoque des contractions : la quadragénaire exercée par dix-huit années de mariage ne réussit pas à se contrôler. Elle se contorsionne mais n’échappera pas à la bouche qui boit son jus d’amour. Et ses lamentables cris de plaisir augmentent la ténacité de son mâle. Pour respirer, il relève la tignasse puis replonge au festin de cyprine. Elle demande un répit, il ajoute un index. Le doigt trempé dans le sexe, glisse vers le bas.
- — Excuse-moi, mais un doigt dans le cul, va stabiliser ton ventre.
- — Oh ! Non, mon amour, tu me fais mal. Pas ton doigt, mais ta bouche.
- — Comment ? Tu as fait des adieux à ton mari ? Il t’a… Ne me dis pas que…
- — Mais non, il est trop vieux, il ne peut plus. Il est sans envie. Non, toi tu es increvable. Tu devrais un peu me ménager.
- — Regarde ma bistouquette, vois dans quel état tu l’as mise, tu ne veux pas que je la range dans mon slip. Je brûle d’envie. Tu dois la soulager. Il faut que je te baise.
- — Ça n’irait pas avec la bouche pour l’instant ? Tu adores la fellation ! Je veux te sucer le nœud.
- — Je veux bien une gâterie, mais ne te fais pas d’illusion. Aujourd’hui est un grand jour, à marquer d’une baise exceptionnelle, c’est le premier jour de notre nouvelle vie. Bouche ou pas bouche, ma chérie, il faudra y passer. Ma bite sera mon glaive pour trancher les liens anciens entre ton ex, ta maison, ta vie passée et la femme nouvelle que tu deviens. Désormais tu es à moi, je veux te posséder dans tous les sens du mot et te baptiser avec mon foutre dans ton ventre de femme aimante et soumise. À jamais je veux te marquer de mon sceau, tu ne peux pas refuser cette prise de possession. Si tu ne te donnes pas, je refuse de te prendre et de t’enlever. Choisis !
Le discours est alambiqué, mais clair. C’est un marché, il commande, elle se soumet ou il la prive de sa jeunesse, du plaisir auquel elle a pris goût et de la réalisation de son rêve de vie nouvelle. Le changement fait rêver les foules et pour Colette le changement, c’est maintenant. Elle a dû en rêver : les voyages, les sorties, les vacances sont devenus des événements d’une banalité affligeante. Le saut dans l’inconnu avec un jeune amant, c’est nouveau, c’est excitant. Si elle ne se soumet pas, adieu le renouveau, les folles nuits d’amour. Elle ne peut plus se passer de ce qu’il a su rendre indispensable, elle veut VIVRE, vivre jeune. Elle choisit, elle se soumet elle se met à quatre pattes sur le matelas, avance vers la verge tendue de l’homme debout au bord du lit. Sa main gauche saisit le membre érigé, le tient et la bouche ronde l’aborde pour un baiser sur le gland décalotté par le glissement de la main. Elle lève les yeux vers la face de son nouveau jeune maître, guette la réaction de son coup de langue, sourit de contentement. Émile se concentre sur l’événement, dit :
- — Va, suce, tiens-moi au chaud.
La bouche ouverte progresse sur le cylindre, s’arrête. Les yeux de Colette rivés sur le visage fermé expriment l’adoration, elle sait le bien qu’elle prodigue, elle remercie du don reçu.
Colette entame l’enfournement complet, par paliers de plus en plus profonds. Elle y met tout son cœur, suce dévotement, lèche avec amour, les yeux débordants de reconnaissance
- — Maintenant, fais demi-tour.
Subjuguée, comme hypnotisée, elle exécute le mouvement aussitôt, présente ses fesses à hauteur du chibre durci par sa bouche et attend l’ordre suivant.
- — Par pure bonté, je te laisse de nouveau le choix : je te baise en con ou je t’encule ?
- — Comme tu voudras mon amour. Je t’appartiens.
La réponse n’est pas terminée, le pieu est parti, a disparu. Colette hurle de douleur. Le ventre d’Émile est collé aux rondeurs des fesses. Le retrait cause une plainte pitoyable.
- — Quelle poule mouillée. J’ai compris, donne-moi ton cul, ça ira mieux.
Il monte sur le lit, un pied de chaque côté de la croupe, il plie ses genoux, vient poser sa tringle menaçante à la verticale au-dessus du trou sombre, touche les rides de l’anus, descend encore, fore un passage dans la voie étroite. Colette n’a jamais aimé l’introduction rectale. À mon grand étonnement, je ne l’entends pas protester, et je vois le rouleau disparaître progressivement dans les intestins. Succèdent alors les traditionnels mouvements de haut en bas et de bas en haut, au gré du cavalier attentif aux réactions de sa monture. La pauvre Colette piaffe, elle n’a pas fini d’avaler des couleuvres et de subir d’incessantes pénétrations. Sa passion pour les bites passera plus vite que les envies d’Émile ou de ses copains. À moins qu’elle ne se défasse trop vite de ses biens et de la protection illusoire qu’ils lui assurent. Plus de fric, plus d’amour, c’est son triste destin. La bouche amère, je me retire, prends mes affaires et je m’éclipse sans bruit pour échapper aux hurlements d’amour. C’est l’heure de mon TGV.
Puisqu’elle doit m‘abandonner et quitter le domicile conjugal, j’ai prolongé de deux jours mon séjour dans la capitale. J’ai voulu me consoler, me changer les idées, cesser de broyer du noir. Une soirée cabaret, un passage à l’opéra, rien n’a chassé la boule qui me serre la gorge. J’ai vu sans intérêts de belles créatures. Je suis inconsolable. Comment a-t-elle pu s’en aller sans un mot ? À ses yeux, je ne valais même plus un adieu ?
Ce lundi, je rentre chez moi. Yvonne est là, yeux baissés, je l’interpelle. Je fais celui qui ignore sa propre infortune.
- — Yvonne, savez-vous où est madame ? Est-elle sortie ?
La bonne me fait signe, me guide vers la cuisine et parle à voix basse.
- — Madame est revenue ce matin, en pleurs, ne m’a pas adressé la parole et s’est enfermée dans sa chambre. Elle a fait déposer tous ses bagages dans la remise. Elle refuse boisson ou nourriture. Samedi elle a chargé des valises dans une fourgonnette, m’a embrassée, m’a remerciée pour mes bons et loyaux services, m’a recommandé de veiller sur vous et, toute joyeuse a sauté dans la cabine, a embrassé sur la bouche le conducteur. Et ils sont partis. Je me disais bien que ce jeune homme venait trop souvent en votre absence, c’était louche. Ils passaient des heures dans la chambre et ça faisait des bruits… Que monsieur me pardonne, je n’aurais pas dû écouter. Mais quand madame jouit, il est difficile de ne pas entendre.
Si je n’avais pas entendu la conversation au restaurant, si je n’avais pas vu de mes yeux le coït dans ma chambre, les quelques paroles d’Yvonne « quand madame jouit » suffiraient à m’éclairer sur la débauche de Colette.
- — Prenez congé cet après-midi. J’aimerais être seul avec ma femme. Nous avons à régler la situation. Je compte sur votre discrétion.
Je fais semblant de téléphoner depuis le vestibule, je parle bien fort intentionnellement, à un interlocuteur imaginaire pour que Colette m’entende et sorte de la chambre où elle s‘est cloîtrée. Mon confident s’appelle Personne : je tiens le combiné, je n’ai composé aucun numéro.
- — Allo, tu vas bien ? Ça y est, je suis revenu. Peux-tu me rejoindre ? Chez moi, oui.
Comment, tu ne m’entends pas bien ? La liaison est mauvaise… Oui je vais parler plus fort… Ça va mieux comme ça ?
À l’étage une porte s’est ouverte. Je tourne le dos à ma chambre. Je continue comme si je n’avais pas entendu, je braille :
- — J’ai une nouvelle terrible à t’annoncer. Ma femme a quitté la maison, samedi, elle s’est enfuie avec son gigolo. Si, si… Non, je ne plaisante pas… Non, non, elle n’est pas partie en croisière, ni chez sa mère… Oui, elle me quitte définitivement. Elle avait emballé ses affaires et avait caché les valises et la malle dans une chambre : je les ai vus. Pendant mon séjour parisien, elle a embarqué tout ce qu‘elle possédait et elle a disparu en même temps. Viens me consoler, on discutera et on boira un coup. Non, je ne la regretterai pas, ou peut-être si, je ne sais plus… Nous ne faisions pratiquement plus l’amour. Son jeune amant la comblait sans doute, elle n’avait guère besoin de son mari pour se donner du plaisir. Son embonpoint récent m’avait coupé l’appétit.
C’est une basse vengeance, une petite vacherie mesquine pour lui rappeler qu’elle n’a plus vingt ans. Hélas, je ne suis pas saint Parfait, je suis écorché vif : après cet abandon, je ne suis pas de bonne humeur. Tant pis si elle n’apprécie pas le compliment. Elle a droit à des retombées. Il serait temps pour elle de s’interroger pour savoir si ses soupirants s’intéressent à son physique, à sa belle âme ou à son fric. Je reviens à son aspect ;
- — Elle pratiquait le sport en chambre avec son godelureau, ce n‘était pas suffisant pour garder la ligne. J’ai vu leurs ébats dans mon lit, avant de partir : un crève-cœur… Intervenir ? Ça l’aurait braquée davantage contre moi… La foutre à la porte ? Tu en as de bonnes, elle se serait plainte de maltraitance. Ces images de l’œuvre de chair dans mon lit, du mélange furieux des corps unis, en transes, m’ont poursuivi pendant quatre jours. Comment effacer de ma mémoire ses soupirs, ses halètements, les plaintes heureuses de ses orgasmes et ses mots d’amour pour l’autre ?
Et même si je la sais présente dans mon dos, de retour parce qu’abandonnée, je n’oublie pas qu’elle est partie sans espoir de retour avec le truand. Ça n’a pas duré, mais elle ne comptait plus se montrer. Elle est revenue faute de mieux et ne parlera pas de sa fugue avortée. Si la bonne ne fait pas de zèle, ne la dénonce pas, Colette peut espérer garder secrète sa triste et lamentable aventure. Je continue à donner le change, à laisser croire à ma femme attentive que j’ignore son retour. En réalité c’est elle, mon interlocutrice au téléphone… Pour le reste je fais les questions et les réponses. Colette peut imaginer les questions en se référant à mes réponses.
- — Voilà, tu penses comme moi : si elle revient, ce sera remplie de rancœur, contrainte et forcée à la suite du refus d’Émile de la prendre en charge. Pendant environ un mois elle a vécu dans la perspective d’un amour neuf et d’un avenir loin de moi. Pendant un mois elle s’est envoyée en l’air en cachette environ une ou deux fois par jour. Pendant un mois elle a rêvé de liberté, elle s’est efforcée de paraître jeune et désirable pour son baiseur plein de la fougue de la jeunesse. Il incarnait le plaisir flatteur d’être désirée encore et le bonheur de jouissances renouvelées à un rythme fou. Il était le feu de paille de quelques jours. J’étais la braise sous la cendre, le banal, le quotidien, la vieille habitude usée au fil des années, le mari aux surprises moins fréquentes, j’étais un fardeau depuis dix-huit ans. J’ai été dans son esprit le gêneur, l’obstacle à vaincre, le mari à quitter. On ne nourrit pas de tels projets le cœur rempli de bienveillance…
Je fais semblant d’écouter
- — Je sais, je ne suis pas la ruine qu’elle a pu imaginer. J’ai encore de beaux restes. Cela ne l’a pas retenue pourtant. Supportera-t-elle demain de devoir retomber dans sa vie antérieure ? Mon contact physique retrouvera-t-il grâce après les délices de l’adultère ? Supportera-t-elle un retour à une vie de couple normale avec moi ? Ne suis-je pas devenu, par comparaison avec le sémillant Émile si serviable, si enjoué, si désintéressé en apparence, à l’opposé, un vieux barbon quadragénaire, trop pris par son travail et trop soucieux d’assurer ses lendemains….
Je respecte une pause, mon interlocuteur est sensé parler
- — Non, je n’exagère pas. Le fait même d’avoir mis mes avoirs à l’abri des calculs de ce gars prêt à s’enrichir en me volant momentanément ma femme et en la « plumant » définitivement selon ses déclarations, va jouer contre moi, le mari comptable forcément avare. Car je l’ai mise en position très désagréable de découvrir la vraie nature de l’amour du profiteur économiquement frustré depuis, dépité certainement et soudain beaucoup moins amoureux. En effet la conversation édifiante à l‘autre table au restaurant m’a révélé un personnage. Cet Émile est coutumier du fait. Il séduit une femme fortunée, pas trop moche, dans le doute à l’approche de la ménopause, moins sûre de ses charmes. Cette fois, pour mon malheur, il a eu la chance d’en dénicher une plutôt belle.
Ça, c’est pour me racheter un peu.
- — Il lui dit ce qu’elle souhaite entendre, la rassure sur sa beauté impérissable, couche, et quand il sent l’odeur de l’argent, il la pousse au divorce, l’enlève et va plumer sa proie loin du mari. Le renard quitte le poulailler avec une poule dans la gueule et va la dévorer loin du chien de garde.
Colette n’interrompra pas la conversation si je la tiens en haleine, elle veut savoir la suite. Je suis un peu sadique, j’alterne mon exposé et les temps de silence :
- — Comme tu dis, c’est un gigolo de la pire espèce. Me pardonnera-t-elle de lui avoir indirectement infligé la révélation de son erreur de jugement ? Pourra-t-elle admettre d’avoir choisi le mauvais cheval, après la démonstration cruelle provoquée par le blocage des fonds ?… Elle m’accusera : « Si tu n’avais pas été aussi pingre, Émile aurait continué à m’aimer »… Elle n’osera peut-être pas le dire, ce serait gonflé, tu as raison. Mais le penser ? Le ciel t’entende, puisse-t-elle voir son Émile tel qu’il est réellement, au lieu d’attacher de l’importance à ses prouesses sexuelles uniquement. Je crains de la voir attendre toujours le retour du preux chevalier si follement épris d’elle…
Ma femme reçoit sans doute ces remarques. Elles remuent le couteau dans la plaie de son abandon tout frais. J’essaie de lui ouvrir les yeux. Elle doit comprendre à quel point elle a été piégée après son premier moment d’égarement. Elle n’est ni la première ni la dernière à succomber au charme d’une belle gueule, aux flatteries d’un beau cœur ou aux promesses d’une séance d’amour inégalable. Je poursuis mon monologue, entrecoupé d’arrêts pour écouter des remarques de l’amie ou ami virtuel :
- — Si je suis triste ? Oui et non, elle ne m’aimait plus, elle a choisi de me quitter. Je n’ai pas voulu la retenir de force, pourquoi rester ensemble quand l’amour a foutu le camp… quand un autre la foutait. Je suis malheureux mais soulagé aussi de ne plus avoir à surprendre ses galipettes de salope infidèle.
Les périodes de compréhension sont parfois suivies d’éclats de colère mal dominée. Certains souvenirs me torturent :
- — Elle a osé, dans notre lit… J’aurais aimé plus de franchise. Après dix-huit ans de vie commune, un adieu et une larme sur les bons moments vécus à deux auraient été bienvenus. Elle aurait pu y mettre les formes. Elle a tout oublié, elle a voulu m’ignorer, je me sens lamentable, humilié…. Oui, comme tu dis.
Après un long silence, j’enchaîne :
- — Averti à temps, avant mon départ j’ai pris avec mon banquier des mesures pour protéger mon argent et le sien. Tu te rends compte, elle a acheté un appartement au cœur de la ville, pour couler le parfait amour avec cette petite frappe. Mon banquier m’a ensuite appelé à Paris pour m’annoncer qu’elle tentait de prélever une grosse somme sur notre compte. Elle voulait d’abord liquider toutes nos économies, vider les comptes. Puis elle a baissé ses prétentions. Alors quand il lui a annoncé la clôture récente du compte joint, elle s’est trouvée mal. Revenue à elle, elle a reçu comme je l’avais ordonné mille euros seulement pour finir son mois. Furieuse, elle a claqué la porte et s’en est allée dans une fourgonnette.
J’entends un glissement de pas dans l’escalier, je l’ignore :
- — Je connaissais son plan, Émile avait expliqué à la tablée comment il la dépouillerait de son argent, je le cite : « Une fois que tu lui as pris sa culotte, elle ne voit pas partir son fric. Tu lui chatouilles la tirelire et la monnaie tombe, tu ramasses et tu cours ». Quelle délicatesse ! Colette a-t-elle été conquise par ce style canaille ? Il avait accès à la fente de la tirelire de l‘épouse. Pour lui, Colette écartait volontiers les cuisses. J’ai vidé et transféré notre argent à la banque, faute de pouvoir empêcher utilement le séducteur bien-aimé de mettre sa clé dans la fente de ma femme. L’opportuniste a dû être déçu de ne pas voir tomber l‘argent. Autant de coups de verge, autant de coups de reins, autant de sueur pour mille euros au maximum. Je ris lorsque j’imagine sa déconvenue et la violence de sa réaction. Ma pauvre Colette n’a certainement pas échappé au rappel de son âge et de ses défauts révélés par sa maigre fortune. Elle examinera son bijou pour savoir s’il est vraiment aussi répugnant qu’Émile le lui a dit, comme il l’avait raconté à ses copains à table. Riait-il encore, comme au restaurant, en parlant des escalopes pendantes de la vulve de Colette ? Le sagouin aurait-il eu pitié de sa victime désargentée ? Il est permis d’en douter.
Colette devrait comprendre pourquoi je l’avais financièrement bridée. C’était dans son propre intérêt. Mais, l’amour rend aveugle. Je ne suis pas sûr du résultat. Je reprends mon faux dialogue
- — Tu peux venir, j’ai donné congé à la bonne. Je n’ai pas fini de rire malgré mon malheur. Colette a signé un compromis pour l’achat de son nid d’amour. Elle veut mettre la propriété au nom de ce petit escroc. Tu penses, mine de n’y pas toucher, il ne poursuit qu’un but : s’enrichir aux dépens des vieilles qu’il gruge. J’aurais cru ma femme plus prévoyante, plus avisée. Mais l‘amour… Heureusement, j’ai pris des précautions. Avec quoi va-t-elle payer le notaire ? Et le zozo ne va pas être content à l’énoncé de sa fortune : mille euros ! Si elle espérait obtenir une part sur la vente de la maison, en cas de divorce, si elle croyait attacher son amant avec des billets de banque, elle va tomber des nues quand mon notaire lui lira et expliquera le contenu de notre contrat de mariage, puisque chacun reprendra les biens apportés lors du mariage. J’ai hérité de la villa de mes parents, elle aura nada si je la vends un jour.
Colette écoute sans se manifester. J’évite la scène de ménage et les reproches qui m’empêcheraient d’exposer toute ma pensée si nous nous affrontions. Elle se tait pour connaître tout ce que je peux dire au mystérieux interlocuteur. Elle ne se sent pas en position de force.
- — Elle est partie pour divorcer… si, j’ai entendu son petit ami le dire lundi au restaurant. Son gigolo y était, racontait son aventure en détails à ses copains et j’ai tout entendu : comment il la baisait, comment il savait la persuader avec sa baguette magique, quel avenir il lui réservait. Il rêvait tout haut de lui piquer sa fortune. Cela restera un rêve.
Je noircis le tableau à dessein :
- — Finalement, elle me fait de la peine. Le vaurien va la larguer vite fait, elle va se retrouver à la rue, sans travail, à la merci du premier venu. Acceptera-t-elle mon aide, ne sera-t-elle pas trop fière pour reconnaître une erreur ? Et si elle a trop honte, osera-t-elle revenir ? Certaines femmes adultères ne croient pas à la possibilité du pardon et se perdent.
Je me gratte le crâne puis je réponds :
- — Je l’aimais et je n’aurais jamais pris ces précautions, si je n’avais pas surpris sa trahison. Je l’aimais de tout mon cœur, comme au début de notre rencontre. J’allais mettre tous nos biens sur son nom, prendre une grosse assurance vie en sa faveur… J’aurais eu tort… Physiquement ? Avec un peu de sport elle aurait pu me plaire jusqu‘à la fin de ma vie. Il y avait juste les lèvres internes de son bijou qui dépassaient. Mais je m’en accommodais depuis toujours. Par contre l’Émile, au restaurant en faisait des gorges chaudes, disait préférer l’enculer… Ça va se savoir en ville, car l’oiseau ne brille pas par sa discrétion… Aussi crûment, oui. Les jeunes n’éprouvent aucun respect. L’autre salopard s’en moquait ouvertement auprès de ses copains et il leur avait même promis de la leur livrer pour examen et pour usage. Ils pourraient la baiser l’un après l’autre et en groupe si son défaut ne les dégoûtait pas.
Petite pause. Je tourne en rond, je me répète, mon propos est désordonné à cause du trop-plein d’émotion. Je me ressaisis :
- — Pourquoi ne pas lui révéler cet aspect repoussant de ce cochon ? Regrettera-t-elle de ne pas être livrée à ce groupe pour une partie chaude ? Craindra-t-elle au contraire les atteintes à sa bonne réputation ? La balance a deux plateaux. Je lui fournis gratuitement des éléments de réflexion sans en avoir l’air, donc sans avoir l’air d’un juge. L’accusation n’est pas directe, n’humilie pas, c‘est mon souci, car ma rage tombe peu à peu. Je ne sais pas pourquoi, mais je l’aime encore ma vieille.
Je ne l’appellerai plus jamais « ma vieille ». Promis. C’était un mot affectueux, l’aurait-il blessée, tournée vers la génération suivante ?
- — Jusqu’à la dernière minute, j’ai espéré qu’elle ne partirait pas, j’ai pensé qu’elle m’aimait encore un tout petit peu, juste assez pour éviter de tomber dans les pattes de ce minable voyou… Que voulais-tu que je fasse, je ne pouvais pas l’enchaîner. Je l’aimais trop pour lui enlever sa liberté. Non, non, l’argent libère, mais je n’ai pas gagné le mien pour qu’un gigolo s’en empare en la dépouillant. Ce que je vais faire ? Chercher une jeunette qui me rendra l’illusion de revivre ma propre jeunesse, dis-tu ?… Non. Je suis trop déçu… Plus jamais ça… Ah ! Si elle revenait… est-ce que je l’accueillerais ?… Je l’ai tant aimée, je crois que je lui sourirais et que je la prendrais dans mes bras et que je lui ferais l’amour comme un fou.
Une main se pose sur mon épaule. Colette, dans mon dos demande :
Je lui tends l’appareil, personne au bout.
- — Mais il n’y a personne. Tout ce discours, c’était pour moi ? Je l’ai senti. Tu savais que j’étais dans la chambre ? Dis c’est vrai, j’ai de l’embonpoint et tu ne trouves plus mon sexe attirant ? Je suis désolée.
Est-ce tout ce qu’elle a retenu ?
- — De quoi es-tu désolée ?
- — Tu t’es moqué de moi. Mille euros. Ce matin, quand Émile a entendu que j’étais fauchée, il m’a ri au nez, m’a traitée de « grosse vache » et m’a conseillée de me faire opérer le con pour être moins moche et plus appétissante si c’est possible. Il était furieux, a déclaré que j’étais la plus conne des connes et m’a ramenée avec mes valises. Il les a débarquées sur le trottoir et m’a fait un bras d’honneur en m’insultant.
- — Tu es là, c’est le plus important
- — Je suis rentrée, mais j’ai tellement honte. Que vais-je devenir ? Tu me tiens par le porte-monnaie.
- — Parlons-en. Je suis disposé à t’aider à vivre sans moi. Tu as signé un compromis d’achat pour un appartement ?
- — Je n’ai plus rien à te cacher, j’ai entendu, tu sais tout. Oui, mais je ne pourrai pas le payer.
- — Je veux bien reprendre cet achat à mon compte, à la condition de changer le nom du bénéficiaire. J’en serai le propriétaire pour que tu ne puisses pas le donner à un Émile ou à un autre gigolo et tu me verseras un euro de loyer par mois. Tu y vivras libre de tes mouvements, tu y recevras qui tu voudras, tu y feras ce qui te plaira, tu meubleras selon tes goûts et possibilités. Pendant six mois, je te verserai de quoi subvenir à tes besoins essentiels. Tu auras tous loisirs pour te trouver un emploi. Le juge des divorces statuera ensuite.
- — Ah oui ? Tu veux divorcer ? Tu viens de dire que tu m’aimais encore. C’est normal, Mon Dieu !
- — Maintenant, si tu m’aimes encore un peu et si tu veux rester avec moi… tu as le choix. Mais tu travailleras, tu gagneras de quoi alimenter ton propre compte en banque et si un jour tu veux me quitter pour un autre, tu ne dépendras plus de moi.
- — Je serai encore assez belle pour toi ? Tu me feras encore l’amour ?