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n° 15323Fiche technique40820 caractères40820
Temps de lecture estimé : 23 mn
07/12/12
Résumé:  Pour un jeune homme, faire les vendanges peut être l'opportunité de bien des initiations.
Critères:  fh hh hplusag jeunes campagne cérébral voir intermast fellation hsodo init confession -prememois -inithh
Auteur : Francalli            Envoi mini-message
Vendanges

En ce milieu des années 70, je saisis l’opportunité de « faire les vendanges », travailler quelques jours chez un viticulteur de la région. J’avais un grand besoin d’argent, et j’avais entendu parler de la bonne ambiance qui régnait parmi les nombreux jeunes gens, garçons et filles, qui y participaient. Je ne pourrais faire ce travail que pendant une semaine, juste avant la rentrée, mais c’était mieux que rien.


Les modalités avaient été organisées par mon père, avec un viticulteur qu’il connaissait, à vingt-cinq kilomètres de notre maison d’été. Il fut convenu que j’irais le matin, à vélo, et que le soir, mon père me récupérerait en voiture après son travail. J’étais un peu surpris de ne pas rester sur place pendant les cinq jours que devaient durer les vendanges, mais mon père me dit que le viticulteur préférait cela. Je ne compris qu’après coup pourquoi, la réalité s’avérant très différente de la joyeuse fête étudiante que j’avais imaginée.


Je commençai le mardi. Levé très tôt, j’étais à l’heure. On me présenta succinctement à l’équipe, pour l’essentiel composé d’un groupe de travailleurs algériens, hommes et femmes. Des jeunes gens comme moi, je n’en vis que deux autres, un garçon et une fille. Nous nous entassâmes dans une remorque tirée par un tracteur, qui nous amena au bord de la vigne. En chemin, entre deux cahots, j’appris que Marie-Laure et Serge étaient frère et sœur, qu’ils étaient tous deux en vacances chez le voisin du vigneron, et s’étaient trouvés enrôlés sans vraiment être volontaires.


Le groupe se mit à travailler de façon très coordonnée et efficace, fermement mené par un chef d’équipe d’une trentaine d’années qui distribuait les tâches, et rabrouait les moins courageux – c’est du moins ce que j’interprétai, ne comprenant que très peu leur langue. Il se souciait peu des trois plus jeunes, ayant sans doute évalué notre capacité au travail à peu de chose, quoiqu’il arrive. C’était assez vrai pour mes deux comparses peu enthousiastes, mais de mon côté je faisais de mon mieux. Notre tâche assignée, de moindre valeur, consistait à chercher et récupérer les grappes oubliées par le reste du groupe – les plus petites.


À midi, j’étais déjà fatigué, et affamé. Pour manger, je m’assis à côté de Marie-Laure et de son frère, un peu à part des autres. J’appris que Marie-Laure avait un an de moins que moi. Je l’avais observée pendant la matinée. Très petite, elle était mignonne, avec des cheveux bouclés, et des formes déjà bien marquées qui semblaient, lorsqu’elle se baissait, vouloir faire exploser un pantalon en velours trop serré… Son frère, Serge, avait mon âge, ressemblait beaucoup à sa sœur – plus petit que la moyenne lui aussi, les mêmes cheveux bouclés, un visage fin et des traits délicats.


Je m’efforçai d’engager la conversation avec Marie-Laure. Complexé au long de mon adolescence par mon apparence, et en particulier par un corps que je trouvais trop androgyne, j’étais encore vierge, mais depuis peu faisais de réels efforts pour ne pas le rester. La perspective de rencontrer des filles n’avait pas peu joué dans mon insistance à faire les vendanges. En l’occurrence, il n’y avait qu’une fille accessible, mais elle me convenait bien. Sa petite stature me faisait me sentir grand et fort, alors que j’étais de taille moyenne, et poids léger. Restait à risquer les premiers pas, sans trop attirer l’attention de son frère. Heureusement celui-ci, maussade et l’esprit ailleurs, ne semblait guère se soucier de quiconque. Marie-Laure riait facilement, j’eus l’impression de l’intéresser, à défaut de lui plaire. La pause était assez longue – la plupart des ouvriers faisaient une brève sieste après le repas. Elle proposa de me montrer les environs, proposition que je saisis au vol, et que Serge – à mon grand plaisir – déclina.


Marie-Laure me montra les alentours immédiats, un bosquet, un champ de maïs – elle ignorait le nom de ce qui y poussait – le chemin ramenant à la ferme… Pure citadine, elle avait une attitude ambiguë envers cet environnement, qui pour elle était un peu mystérieux, et surtout ennuyeux, un point de vue que je partageais sur le moment. Elle dut bien se rendre compte que c’était elle seule qui m’intéressait, mais n’en laissa rien voir, alors que rassemblant tout mon courage, je parvins à glisser que je la trouvais « vraiment pas mal », ce qui la fit rire.


Nous revînmes sur le lieu du repas. Mohsine, le chef d’équipe, discutait avec Serge, toujours isolé du groupe. Je soupçonnai fort que celui-ci était en train de se faire réprimander pour le peu de cœur mis à l’ouvrage le matin, car il avait les joues empourprées. En m’approchant, je me raidis et me préparai mentalement, me disant que si la réprimande s’adressait collectivement à nous trois, ce serait plutôt injuste – j’avais la nette impression d’avoir ramassé plus de raisin que les deux autres réunis.


Mais il n’en fut rien. À ma grande surprise, en nous regardant tour à tour, Mohsine nous dit, dans son français imparfait :



Il fixa Marie-Laure, que je vis légèrement rougir, se redresser, puis s’appuyer sur une jambe, créant un léger déhanchement… Consciemment ou non, elle prenait une attitude qui la valorisait au mieux, une pose de séduction. C’était très exactement le genre d’attitude que j’aurais aimé lui voir un peu plus tôt, alors que je la complimentais, plutôt que de traiter mon approche en plaisanterie.


Visiblement, elle était beaucoup plus sensible à l’intérêt d’un homme mûr. Je regardai Mohsine. Sa stature, son attitude, révélaient son calme, son autorité, sa confiance en lui. J’eus un coup au cœur. Cet homme n’était peut-être qu’un étranger, chef d’équipe d’ouvriers agricoles, mais je n’avais aucune chance d’approcher son assurance, son autorité naturelle, sa virilité, sa prestance physique. Détournant les yeux de Marie-Laure, Mohsine croisa mon regard, mon admiration envieuse, plissa les yeux, puis me sourit avec une réelle chaleur, à peine, peut-être, teintée d’ironie…


Le travail reprit. Maussade, et de plus en plus fatigué au fur et à mesure de l’après-midi, je ne m’amusais pas. J’accueillis la fin des travaux avec plaisir.


Rentrés à la ferme, et une fois le contenu de la remorque de raisin englouti par le pressoir, le groupe se sépara. Marie-Laure rentra chez le voisin qui l’hébergeait. Les hommes s’assirent par terre, autour d’un thé – et de quelques bières –, pendant que les femmes gagnaient un bâtiment en bois qui, je l’appris, abritait les douches. Les hommes les utiliseraient à leur tour un peu plus tard. J’attendais mon père, Serge s’assit à côté de moi – un peu à ma surprise. Toutefois, il ne me dit que quelques mots. Moins fatigué que moi, il semblait nerveux, regardant le groupe d’hommes qui discutaient.


Mon père arriva, je le rejoignis avec mon vélo, que je chargeai dans le coffre. En partant, je fis au revoir à Serge, maintenant debout, qui semblait attendre quelque chose.


Le lendemain s’avéra peu différent. Courbatu, je fis néanmoins mon travail avec application. Mohsine coordonnait son monde, maintenant constamment la pression. Peut-être influencé par les sons âpres de sa langue, je le trouvais dur, trop dur, calme, mais donnant l’impression d’être capable de violence. Je surpris Marie-Laure, à plusieurs reprises, en train de le regarder. Mohsine nous avait ménagés, son autorité s’exprimant de façon très protectrice vis-à-vis de nous trois. Je soupçonnais que la raison de fond de son attitude était de plaire à Marie-Laure… et cela semblait marcher.


Le midi, j’essayai de nouveaux angles d’approche, auxquels j’avais réfléchi dans la matinée. Ma conversation avait tendance à être un peu trop sérieuse, Marie-Laure décrochait parfois, je m’efforçais de corriger le tir, avec un relatif succès. Durant notre promenade, elle me laissa lui tenir la main, le temps de l’aider à enjamber un fossé… et quelques secondes de plus. Contrairement à ma plus grande crainte, car je ne me sentais pas de taille, Mohsine ne parut plus du tout s’intéresser à elle et ne vint pas nous voir pendant la pause.


Je progressais petit à petit, au long de la semaine. Marie-Laure, je le découvris assez vite, avait ses propres complexes. En échec scolaire, elle en était gênée vis-à-vis de moi… Conscient que ma motivation principale était le désir, et rien que le désir, et que je ne la reverrais sans doute pas après ces vendanges, je m’efforçais d’éviter tout ce qui la mettait mal à l’aise. Ma solide expérience campagnarde des animaux, oiseaux et insectes, et des plantes s’avéra le terrain le plus sûr, car elle s’en montrait curieuse.


En rentrant, nous traversâmes le champ de maïs… Je jouai à l’attraper, elle se laissa faire avec bonne volonté, me laissant toucher son corps, l’enlacer un bref instant, comme par jeu. Le frémissement que je ressentis chez elle m’excita au plus haut point. C’était de bon augure…


Marie-Laure ne regardait plus Mohsine. J’en étais soulagé, et en ressentais même une petite vanité. Je ne pus m’empêcher de l’exprimer, en ayant quand même la prudence de retourner la situation.



Marie-Laure me regarda en coin, et eut un petit sourire.



Je me demandais si c’était du lard ou du cochon. Avait-elle juste voulu dire que le fait que nous passions presque tout notre temps libre ensemble l’avait découragé ? Mais il m’avait semblé percevoir une certaine ironie…


Le jeudi, nous restâmes assis dans le bosquet, sur un tronc d’arbre, un long moment, avant que je ne prenne mon courage à deux mains, m’approchant doucement avant de l’embrasser. Elle se laissa faire… deux secondes, avant de se raidir, se dégager et me dire :



Qu’elle ait envisagé la chose me parut, déjà, une victoire extraordinaire. Mais la seconde d’après, je réalisai à quel point j’étais naïf et imprévoyant. Elle ne prenait pas la pilule, et moi… je n’avais rien. Je ne pus que lui promettre de ne pas profiter de la situation, ce qui parut la rassurer.


Nous rejoignîmes le groupe, main dans la main. J’étais partagé entre un prodigieux sentiment d’accomplissement et une frustration intense – pas seulement intellectuelle, je pouvais à peine marcher tant la contention sanguine s’avérait douloureuse.


Le vendredi, Marie-Laure me fit à nouveau promettre de ne pas profiter de la situation. Puis, alors que je retenais mon souffle, elle déboutonna lentement mon short, avec quelques difficultés. Lorsque mon sexe érigé jaillit, elle eut un moment d’hésitation, puis commença à le caresser. Au bout de quelques secondes je réalisai que j’étais prêt à jouir… et que j’allais asperger Marie-Laure, qui se tenait toute proche, et bien imprudemment droit dans la trajectoire. Je l’arrêtai bien vite, plaquai ma propre main. J’eus un bref spasme, une éjaculation immédiatement interrompue, insatisfaisante.


Nous en restâmes là… Embarrassé, je n’eus pas la présence d’esprit de lui proposer de lui rendre sa caresse. Je ne savais pas comment m’y prendre, mais j’aurais pu essayer. Je n’avais pas à avoir honte de ma maladresse, elle-même n’en savait guère plus que moi.


Ce soir-là, en rentrant à la ferme, le vigneron m’annonça avoir reçu un coup de téléphone de mon père : à cause d’une contrainte de travail, il serait en retard.


Je m’assis pour l’attendre, à côté de Serge, qui me dit attendre que la place se libère pour prendre sa propre douche. Les hommes succédèrent aux femmes dans le bâtiment en planches. Alors que les premiers commençaient à sortir, Mohsine apparut, sortant du pressoir, et gagna lui aussi la douche.


Je regardais ces mouvements. À cause d’une vieille histoire, les douches collectives exerçaient sur moi une fascination un peu trouble.


Les hommes sortis un à un, Serge se leva, et gagna à son tour le bâtiment. Il me jeta un bref regard, et je réalisai qu’il avait les joues rouge vif – comme à sa sœur, cela lui arrivait au moindre embarras.


Je me demandai pourquoi… Et pourquoi Serge prenait-il sa douche là, plutôt qu’à la ferme des voisins, toute proche, où allait Marie-Laure ? Peut-être celle-ci y passait-elle trop de temps… ou peut-être prenait-elle toute l’eau chaude, ou passait tout le temps dans la salle de bain à laver son fameux pantalon de velours trop serré – elle arrivait tous les matins avec le même, propre, n’en ayant sans doute pas d’autre qu’elle ait voulu sacrifier aux rudes contraintes des vendanges. Je réalisai alors qu’un homme n’était pas encore sorti : le dernier entré, Mohsine.


Intrigué, je fis à pied le tour du bâtiment. J’entendais le ronflement du chauffe-eau à mazout, et l’eau qui s’écoulait par une évacuation à l’aspect provisoire mais correctement raccordée à ce qui semblait être un tout-à-l’égout. Je regardai de plus près et vis deux planches disjointes, tout en bas, près du tuyau.


Sachant que le bruit de l’eau et du chauffe-eau couvrait mon approche, je m’allongeai pour me mettre au niveau de la fente. Après avoir collé l’œil, je découvris une scène qui me coupa le souffle.


À genoux devant Mohsine, Serge s’activait de sa bouche sur son sexe érigé. Mohsine était appuyé à la paroi à ma droite. L’eau coulait sur son torse… Tous deux étaient à, à peine plus d’un mètre de moi.


La scène dura un temps qui me sembla infini, Mohsine mit sa main sur les cheveux de Serge, repoussant sa tête. Sans une parole, celui-ci se releva, puis s’appuya, face à la paroi… Son corps était blanc, et il révélait une érection dont la dimension, comparable à la mienne, me parut surprenante par rapport à sa petite stature.


Mohsine s’approcha de lui. Il tenait d’une main un tube, dont il sortit un liquide qu’il introduisit entre les fesses de Serge… s’aidant de ses doigts. Je vis Serge fermer les yeux… une main sur son sexe.


Mohsine était en érection – son sexe différent, plus court mais beaucoup plus épais.


C’est sans surprise, mais néanmoins le souffle coupé, que je vis Mohsine se coller à Serge, plier les genoux, puis commencer à le pénétrer. Un tâtonnement, puis un lent mouvement continu qui arracha à Serge un jappement – le seul bruit de lui qui ait couvert celui de l’eau.


Mohsine s’immobilisa un long moment, avant que j’aperçoive ses hanches, toutes proches, amorcer un lent mouvement giratoire – il ne faisait pas vraiment glisser son sexe, mais rythmiquement pressait pour accentuer sa pénétration.


Les yeux fermés, la bouche entrouverte, Serge se laissait faire. Sa main caressait son propre sexe. Un temps plus tard, Mohsine accéléra sa cadence, finissant par un grognement qui révéla qu’il déchargeait… Serge, au même instant, éjacula, son sperme projeté avec force sur la cloison.


Tous deux restèrent un long moment, Mohsine caressant la tête de Serge, lui soufflant quelques mots. Lorsqu’ils se séparèrent, je vis que son sexe dégorgé était de lui-même ressorti. Celui de Serge, encore à demi érigé, avait encore des spasmes, de plus en plus distants, des gouttes de son sperme s’écoulaient…


Serge se tourna vers Mohsine, et le savonna – peu de temps, d’un geste brusque, si brusque que je me demandais tout à coup s’il avait perçu ma présence, Mohsine l’interrompit, arrêta l’eau.


Pendant que le bruit du chauffe-eau décroissait graduellement, il était grand temps pour moi de m’éloigner en faisant le moins de bruit possible.


Je connus ensuite l’une des soirées et des nuits les plus agitées de mon existence, mon cerveau surexcité subissant un déferlement d’images et de sensations.


Je n’étais pas moralement choqué de ce que j’avais vu : j’avais grandi dans un environnement tolérant, dans une des périodes les plus libérées que notre société ait connu. Le choc que j’avais reçu était autre. Mon total manque d’expérience ne m’empêchait pas d’avoir une connaissance sexuelle assez complète, bien que théorique. La première partie de la scène, la fellation, m’avait mis mal à l’aise, la seconde partie, la pénétration de Serge, m’avait, sans ambiguïté, excité. J’étais au fait qu’un garçon pénétré pouvait prendre du plaisir, et avais pu l’imaginer… mais rien ne m’avait préparé à voir, aussi en détail, la forme de ce plaisir, ni à sa violence, ni sa durée.


Je me rappelais avec acuité une autre découverte, bien des années avant. J’avais pour la première fois quitté le giron familial pour une colonie de vacances. La première douche collective avait été une dure épreuve – embarrassé par ma nudité, je m’étais réfugié dans un coin, me cachant au mieux. Lors de la troisième ou quatrième douche, m’étant nettement enhardi, j’étais resté en pleine lumière. J’avais une érection… à la mesure de ma taille de l’époque, provoquée par ma propre nudité, je n’ai aucun souvenir d’avoir même regardé les autres corps nus autour de moi. Soudain, un garçon plus grand s’en était offusqué, essayant de me frapper d’un coup de pied, manquant heureusement sa cible. J’étais cloué par la surprise, pendant qu’il me traitait avec mépris. Francis, le plus grand des garçons, s’était interposé, lui rappelant que je n’étais qu’un gamin…


Durablement marqué, je m’étais rapproché les jours suivants de Francis, recherchant sa protection, d’ailleurs très efficace. Il dominait tous les autres d’une tête, et plus personne n’osa se moquer de moi.


La dernière nuit, tout le dortoir était endormi quand je fus réveillé par une présence se glissant dans mon lit. C’était Francis, qui me fit signe de me taire, avant de se serrer contre mon dos. Je ne comprenais rien à son jeu, qui semblait être de m’immobiliser sous lui et d’essayer de descendre mon pantalon de pyjama, et, en me débattant, je le déséquilibrai. Le bruit qui s’ensuivit, suivi de quelques mouvements dans le dortoir, le fit fuir précipitamment.


Le lendemain, je rentrai chez moi. L’été suivant, de passage pendant quelques jours chez des amis de mes parents, je dévorai certains articles du Larousse en vingt-deux volumes que ceux-ci venaient d’acquérir : ceux sur les avions qui me passionnaient, mais bien sûr aussi tous ceux sur la sexualité. Je compris ce qui s’était passé, et ce que Francis avait probablement tenté de faire, du moins sur le plan de la mécanique sexuelle. Pour les autres aspects, ceux du désir suscité, en particulier, je n’en compris que les très grandes lignes.


L’événement, bien qu’enfoui au fond de ma mémoire, m’avait marqué. J’expliquais ce qui s’était passé par mon aspect physique. Francis n’avait rien d’un homosexuel – ou plus exactement du stéréotype de l’homosexuel tel que l’environnement me le projetait. J’en avais conclu qu’il avait confondu mes fesses trop rondes avec celles d’une fille. Cela avait durablement étayé mes doutes, nourri le manque de confiance en moi lié à mon aspect.


Quelques mois avant les vendanges, j’avais participé à une « soirée découverte » au club de plongée local, qui s’entraînait à la piscine, en soirée. J’étais intéressé, mais vite rebuté : il y avait trop d’adolescents comme moi, attirés par la soirée, j’avais à peine pu approcher les équipements, la file d’attente pour faire une brève plongée de cinq minutes était trop longue.


J’étais assis sur un banc, à l’écart, quand un membre du club était venu me voir. Un peu froid mais amical, il m’avait expliqué que cette foule était très inhabituelle, et que si je m’inscrivais au club, j’y trouverais un environnement bien plus calme et propice à l’apprentissage.


Peu de temps après, j’avais rencontré l’homme, à nouveau à la piscine. Celle-ci étant située juste en face du lycée, j’y passais le temps lors d’un trou de deux heures dans mes cours, plus par défaut qu’autre chose. La nage me passionnait peu, et j’étais une fois de plus sur un banc dans un coin.


Après m’avoir demandé si je m’étais inscrit – je ne l’avais finalement pas fait à cause du montant – et m’avoir exprimé son regret, assez directement, l’homme m’avait fait comprendre son intérêt pour moi, ou plutôt, vu les circonstances de nos rencontres, pour mon corps en maillot de bain. Mal à l’aise, j’avais fait semblant de ne pas comprendre, et il n’avait pas insisté.


Une fois de plus, je me sentais gêné de mon aspect, mais d’une gêne ambiguë, car en même temps, je m’étais senti bizarrement flatté d’avoir plu à un homme qui m’était supérieur en âge, en expérience, en prestance, en virilité… À ce moment de ma vie, je n’avais plus aucun doute sur mon orientation sexuelle, car les filles me rendaient fou de désir, mais cela n’empêchait pas l’existence d’autres fantasmes. Ce qui avait été une crainte s’était progressivement transformé en curiosité, un désir honteux.


Cette nuit-là, dans un demi-sommeil, je m’imaginais dans la douche avec Marie-Laure. Marie-Laure à la place de Serge, moi à la place de Mohsine. Ce n’était pas la première fois que je rêvais de la prendre ainsi – ses merveilleuses fesses rondes étaient une source d’inspiration particulièrement riche, et nourrissaient mon imagination. Mais la scène vue dans la douche précisait nettement le fantasme, et j’imaginais avec délice mon sexe écartant ces deux globes, se frayant son chemin… Dans mon rêve, au moment où je jouissais en elle, Marie-Laure avait la même expression de visage que Serge, au moment où il avait joui. La ressemblance entre les deux rendait la vision très troublante.


Puis mon semi-rêve dériva. J’étais devenu Marie-Laure… ou du moins étais dans son corps, et me voyais, me sentais, moi, ou plutôt un double utilisant mon corps. Je voyais ainsi mon propre sexe, érigé, en face de moi, et en ressentais le désir. Nous étions toujours sous la douche, l’eau ruisselant sur nous. Puis tout d’un coup, je m’aperçus que mon double était maintenant privé de pénis, que celui-ci était là, entre mes jambes. J’avais le corps de Marie-Laure, ses seins, ses fesses, mais pas son sexe, remplacé par mon propre pénis. J’étais frustré(e), réalisant que mon double n’allait pas pouvoir me pénétrer…


Et puis soudainement, je sentis une présence derrière moi, puis un sexe se frayant impérieusement son chemin au plus étroit, entrant en moi – moi, Marie-Laure. Je tournai la tête en pensant trouver Mohsine mais je découvris Francis – la sensation physique, s’accentuant, me réveilla alors, me trouvant tout surpris d’être seul.


Dans sa scène finale, le rêve n’était pas une nouveauté – de façon récurrente, au fil des ans, j’avais imaginé ce qui serait arrivé si Francis avait réussi à me pénétrer, au point parfois, le temps facilitant la reconstruction du souvenir, de me demander si ce n’avait pas été le cas. Les fois où j’en avais rêvé, me retrouver sexuellement excité au réveil avait été un plaisir honteux pour moi. Dans les derniers mois, l’homme de la piscine s’était souvent, en pensée, substitué à Francis.


Le lendemain, samedi, était le dernier que je passerais avec Marie-Laure : le dimanche la verrait reprendre, avec Serge, le train pour Paris. Je devais pour ma part travailler un jour de plus.


À midi, nous nous glissâmes au creux du bosquet qui nous servait de refuge. Fatigué, j’avais pourtant un désir plus fort que jamais. J’avais maintenant une idée, et surtout une image, très forte, en tête. C’était le dernier jour… cela passerait, ou pas, je n’avais plus rien à perdre.


Lorsque Marie-Laure, comme la veille, glissa à nouveau sa main, dégageant mon sexe, je glissai ma main vers son pantalon, fis sauter le bouton.


Marie-Laure se contracta visiblement.



Elle me regarda longuement, puis soupira. Soudain décidée, en gestes rapides, elle se mit à genoux, finit de se déboutonner, puis avec une ondulation d’une prodigieuse force érotique, entreprit de descendre le tissu si serré… Son slip blanc descendit avec.


J’étais appuyé sur un coude et la voyait de dos… Enfin, ce n’est pas son dos que je regardais. Sa prodigieuse beauté callipyge, en cet instant, était l’unique objet de mon désir.


Marie Laure se rassit, à côté de moi. Je vis sa toison. Après un moment d’immobilité embarrassée, je me rappelai ma déclaration et avançait ma main. Lorsque je la touchai, Marie-Laure soupira, ferma les yeux brièvement, puis les rouvrit. J’essayai de caresser… quelque chose, mais ses jambes étaient serrées. Son expression trahissait un mélange d’excitation et d’anxiété – mais celle-ci était la plus forte. Ses yeux étaient fixés sur mon sexe, toujours dégagé de mon short, et violemment érigé.



Marie-Laure sembla hésiter, puis, toujours assise, repoussa son pantalon et son slip de quelques centimètres, pour se donner un peu plus de liberté – mais clairement, elle ne voulait pas en avoir trop… Avec une certaine difficulté, je descendis un index, lui fis mal par maladresse, réessayai… et tout d’un coup atteignis une zone magique, d’une prodigieuse humidité.


Marie-Laure eut un soubresaut, avec un cri étranglé… et referma les jambes. J’étais désarçonné, me demandant ce que j’avais fait de mal. Ce n’est que bien plus tard que l’expérience m’apprit qu’en cet instant, Marie-Laure avait surtout eu très peur d’elle-même.


Marie-Laure enfouit sa tête dans ses genoux, qu’elle tenait serrés dans ses bras.


L’idée fixe qui m’avait animé depuis la dernière nuit revint en force.



Elle me regarda avec incompréhension. Je m’enhardis, ayant préparé à l’avance une petite flatterie – mon inexpérience n’était pas assez immense pour m’en faire ignorer l’efficacité.



Marie-Laure me regarda, les yeux froids, et me répondit :



Je faillis, un instant, lui dire que la chose ne semblait pas faire grand mal à son frère, et qu’après tout ils étaient du même sang. Mais cette révélation n’était guère envisageable, et puis je me rappelai le tube que Mohsine avait utilisé dans la douche, et le fait que je n’avais rien…. J’étais une fois de plus condamné par mon imprévoyance.


Je ravalai mes intentions. J’étais un peu désemparé.


Marie-Laure s’en rendit compte – et sans doute en fut un peu rassurée. Elle avait maintenant compris que je ne pousserais jamais mon avantage au mépris de ses propres souhaits.


Elle se pencha sur moi. Je crus un moment qu’elle allait prendre mon sexe entre ses lèvres et me raidis – je n’étais pas suffisamment égoïste pour ne pas tenir compte du fait qu’entre mon vélo du matin, le travail physique, et surtout le désir accumulé qui rendait l’objet en permanence suintant, la chose demanderait une abnégation certaine. Et puis il y avait mon ambiguïté, mon empathie permanente pour le côté sexuellement féminin de mon propre être. À l’inverse de la pénétration, imaginable et imaginée, la fellation me répugnait.


Finalement, elle me prit dans sa main. Instruit par l’expérience, je l’aidai à pointer dans la direction opposée à elle-même et à ses vêtements. Comme la veille, il ne lui fallut guère de temps, ni un talent particulier qu’elle n’avait d’ailleurs pas, pour me faire jouir – violemment, la décharge n’étant cette fois pas inhibée. Physiquement soulagé, je réalisai que je n’avais guère envie de lui rendre la pareille. Marie-Laure, elle, maintenant allongée sur le dos, semblait attendre. Sans que je m’en rende compte, à un moment donné son pantalon était descendu à ses chevilles, et ses jambes étaient entrouvertes.


Surmontant mon état de satisfaction égoïste, je tentai de reprendre ma caresse. J’approchai de nouveau ma main, mais la combinaison de ma maladresse et d’une motivation vacillante m’empêcha de retrouver l’endroit magique. Au bout d’un moment je renonçai, pendant que Marie-Laure, sans mot dire, se rhabillait.


Je gardais de ces minutes un sentiment ambigu – le soulagement d’avoir, enfin, eu une forme d’acte sexuel avec une fille était quand même très fort. Ma maladresse avait été très embarrassante – plus ou moins consciemment je fis la comparaison avec la scène de la veille, dans la douche, où la scénette orchestrée par Mohsine avait été jouée rondement, sans hésitation, sans fausse note, et au final sans frustration pour aucun des deux acteurs, dont le plaisir avait été synchrone. Je comprenais quand même que je serais capable de faire mieux, avec une fille, un jour… peut-être dès la prochaine fois que j’en aurais l’opportunité. Au final, la plus cruciale partie de mes doutes s’était bel et bien dissipée.


Le soir, Serge partit avec Marie-Laure – cette fois il ne resta pas à attendre près de la douche. Mon père arriva juste au moment où Mohsine, à son habitude, sortit du pressoir avec retard. Il s’immobilisa sur le seuil, se tourna vers moi et me dit :



Un instant figé sur place, la fulgurance de la vision de la veille un instant dans mon cerveau, je me repris et répondis que mon père m’attendais, que je n’avais pas le temps. Mohsine reprit, en me regardant.



J’hésitai de longues secondes avant de répondre, me demandant s’il voulait dire qu’il avait découvert que je l’avais observé avec Serge. Il me regardait avec une grande attention, observant jusqu’au plus petit détail de ma réaction, mon attitude. J’étais rouge de confusion, et finis par un demi-aveu.



Je courus vers la voiture.


Le lendemain, dimanche, était le dernier des vendanges, mon dernier jour de travail. Le lundi était la rentrée des classes.


J’avais un peu mieux dormi, les visions érotiques de la veille s’étaient focalisées – plus aussi folles, plus aussi variées. Marie-Laure était partie, j’en avais fait mon deuil, plus facilement, plus rapidement que je l’aurais imaginé deux jours plus tôt. Nous n’avions pas échangé d’adresse. Elle m’avait permis de franchir une étape, importante. Les événements anciens de ma colonie de vacances n’étaient pas oubliés, et avaient même été ravivés par la scène de la douche – le passé avait probablement joué un rôle dans mon comportement de voyeur. Mais ils avaient maintenant une importance différente, mis dans une perspective bien plus adulte par tout ce qui s’était passé en à peine plus de vingt-quatre heures. J’avais gagné en confiance en moi, et cela m’apportait une liberté, un courage qui me faisaient évaluer différemment une autre expérience, dont je jaugeai les deux côtés de la balance : crainte contre curiosité, honte contre désir, inexpérience contre confiance en l’expérience de l’autre.


Le matin, le désir était toujours bien là. Physiquement, la satisfaction partielle de la veille n’était pas grand-chose face à ma jeune vitalité.


À midi, je mangeai, silencieusement, seul. Mohsine s’approcha de moi.



Je fis oui de la tête. J’avais attendu l’opportunité de lui parler, mais néanmoins les mots que j’avais préparés, sans rapport évident avec sa question, eurent du mal à sortir.



Je me forçai à croiser son regard et ajoutai :



Mohsine me regarda, calmement.



Je ressentis un mélange complexe de frustration et de soulagement. J’avais osé, ce dont je me sentais fier, cela n’avait pas marché, l’impossibilité m’enlevait aussi une crainte.



Je ne m’y attendais pas, étais moins prêt que ce que ma déclaration avait pu laisser croire. J’eus un moment de peur, de doute. En l’occurrence, c’est l‘autorité naturelle de Mohsine qui emporta la décision. Pour moi, le plus simple, le flot naturel des événements, était de m’en remettre à lui…. Et d’obéir sans discuter.


Je repris donc la route du bosquet – je m’arrêtai sitôt hors de vue, pour que Mohsine me retrouve facilement.


Il me rejoignit, marchant d’un pas rapide. Sans s’arrêter, il me fit signe de le suivre et s’engagea dans le champ de maïs, à grands pas, sans se retourner. Je le suivis docilement. Il s’arrêta brusquement et se retourna. Je m’étais figé. En me voyant si proche de lui, il sourit. Je compris qu’il avait voulu éprouver ma détermination.



Je hochai la tête négativement.



Terriblement nerveux, je ne parvenais pas à parler, ce qui m’amena à mimer une réponse ambiguë : un oui hésitant, suivi d’un non.


Mohsine haussa un sourcil, une expression fermée sur son visage. J’eus peur qu’il s’irrite de mes hésitations. Peut-être influencé par le souvenir fugitif de Marie-Laure se dénudant, la veille, j’eus alors une impulsion qui me surprit moi-même, en révélant la force sous-jacente de ma détermination. En trois gestes rapides, j’enlevai short et slip, les laissant tomber par terre….


Mohsine sourit. Il passa sa main sur mon sexe érigé, puis sur mes fesses – ce qui me fit frémir. Toujours face à moi, il déboucla sa ceinture, ouvrit son pantalon.



J’obéis… un contact dur et doux, presque soyeux. Pourquoi la sensation était-elle différente de ce que je ressentais en prenant mon propre sexe à pleine main ?


Mohsine, sans mot dire, appuya sur mes épaules, et je tombai à genoux. Je me retrouvai en position de faire ce que je n’avais pas envie de faire… mais avais été assez stupide pour ne pas le dire clairement. Et il y avait autre chose, une acceptation, une sombre fierté, un besoin d’assumer jusqu’au bout ce rôle que j’avais accepté. Mi-résigné, mi-troublé, j’ouvris la bouche…


Ce ne fut pas une révélation… Plutôt un soulagement, de ne pas être incommodé, ni ressentir de dégoût exagéré. Je me rappelais les yeux fermés de Serge, dans la même situation, l’excitation évidente qu’il en retirait. Mohsine perçut, à coup sûr, mon manque de qualification, et sans doute ma réticence. Mon érection était en train de tomber progressivement. Au bout de deux minutes, il m’arrêta.



La question était sans ambiguïté. Ma réponse, une fois de plus non-verbale, et précédée d’un instant d’hésitation, le fut tout autant. J’étais à nouveau très, très dur…


Mohsine me contourna, vint derrière moi.



J’obéis, la gorge sèche, pleinement conscient de l’indécence de ma position, mais en cet instant, l’assumant pleinement. Et puis, se contenter d’obéir était si simple….


J’entendis le bruit un peu trivial d’un tube que l’on presse, puis un liquide froid. J’étais lucide, conscient que Mohsine ne perdait pas un instant – soit parce que la pause n’était pas infinie, soit parce qu’il ne voulait pas me donner le temps de changer d’avis, ou un peu des deux. Mais cela me convenait.


Il vint contre moi, passa un bras sous mon ventre pour assurer ma position et sa prise. De l’autre main, il me força à écarter un peu plus les jambes, puis je sentis son sexe qui se pressait… pas très précisément au début, puis tout d’un coup, beaucoup plus, une douleur fulgurante.


Je gémis, il s’immobilisa, se retira légèrement, atténuant la douleur. La forme de son sexe, qui n’atteignait sa pleine largeur qu’à mi-distance du gland, lui permettait cette progressivité.


Je m’efforçai de souffler doucement, acceptant la présence.


Il commença à pousser doucement, progressivement, par petits coups. Je n’avais pas trop mal, mais quand même un peu, et la possibilité du plaisir n’était, pour moi, plus là – même quand Mohsine me caressa de sa main.


Il réalisa probablement mes limitations de débutants. Il n’était pas homme à renoncer à son propre plaisir, cependant, et accéléra son mouvement, me ramenant à une douleur vive.


Puis il se retira… et l’instant d’après je perçus le jet de sperme atteignant mes fesses nues.


Mohsine resta un moment, plié au-dessus de moi, soufflant dans mon cou. Puis il se mit sur ses talons, sortit un mouchoir de sa poche, et m’essuya.


Je me rhabillai en silence. Mohsine me dit :



Mohsine avait un corps très sec, mais je compris parfaitement ce qu’il voulait dire.


Mohsine fila vers les autres, que je rejoignis à mon tour, après avoir passé dix bonnes minutes seul, à réfléchir aux événements de la semaine. Je ne me sentais ni mal, ni honteux, ni, c’est sûr, satisfait. Je faisais la part des choses.


L’après-midi se déroula sans autre incident.


Dans la voiture, sur le chemin du retour, j’étais calme, très calme, et toujours perdu dans mes pensées. En montant, j’avais montré à mon père les quelques centaines de francs gagnées pendant la semaine.



J’avais eu le temps d’y penser.