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Temps de lecture estimé : 49 mn
19/12/12
Résumé:  Suis-je candauliste ? Je le croyais, je n'en suis plus aussi sûr.
Critères:  fhh fhhh cocus hotel caférestau boitenuit danser voiture fsoumise jalousie noculotte pénétratio double sandwich fsodo -fhh
Auteur : Annie-Aime  (Hallucinations d'un décérébré (selon ma femme))      Envoi mini-message
Suis-je candauliste ?

Suis-je candauliste ? C’est mon fantasme. Ne vous trompez pas, ce n’est pas autre chose qu’un fantasme, une utopie que je caresse de temps à autre pour m’exciter.


Je ne sais pas comment cela m’est venu. Un beau jour je me suis rendu compte que l’idée m’excitait. Faut dire qu’avec ma nana ce n’est pas tous les jours feu d’artifice. Ça arrive, bien sûr, mais une fois l’an, comme la Saint Jean, alors que moi je suis en feu tous les jours, à longueur d’année. Résultat : je joue le pompier et me tape une queue en imaginant ma douce en train de se taper un mec. À la longue, ça laisse des traces, je me pose des questions sur moi, sur elle.



Il suit une flambée d’enthousiasme puis elle se laisse à nouveau bouffer par le boulot, les gosses, la maison, les projets, les amies et je ne sais quoi d’autres, jusqu’à perdre ces élans qui donnent du sel à nos ébats.


Les films pornos ? Nous avons essayé, ça marche ! Mais il ne faut pas en abuser non plus sinon j’ai le même retour que pour la littérature érotique.



Notez en passant que j’ai parlé de littérature, je me cultive. Je vous laisse deviner quel est mon site préféré, je l’ai mis en favoris sur Gogol. C’est sans doute sur ce terreau que mes fantasmes ont commencé à se développer.



Au début la seule idée qu’Annie puisse me tromper m’épouvantait, j’en avais la chair de poule et des soupçons absurdes pendant plusieurs jours. Il m’a fallu du temps pour apprivoiser l’hypothèse mais le fait est que je peux désormais caresser la perspective avec plus de sérénité.


Évidemment, ce serait le pied si je partageais mon fantasme avec ma chérie. Pour cela, il faudrait que je lui parle. J’ai essayé. C’est difficile, j’appréhende qu’elle ne se rie de moi et le contraire ne me fait pas moins peur : qu’elle y prenne goût et c’est la porte ouverte à tous les débordements, les plus délicieux comme les plus effrayants.


Je vois très bien le topo : on joue d’abord avec des concepts et on passe ensuite aux travaux pratiques. Et si elle préférait l’autre ? Autant dire que le risque est grand de surpayer le plaisir escompté. Du reste, on peut se poser la question : est-ce bien un plaisir ? Ou bien un supplice, un supplice délectable mais un supplice quand même.


Tout bien considéré, je n’ai pas du tout envie de mettre mon titre en jeu : je suis et reste le meilleur amant de ma femme, quand bien même je serais nul au pieu.


Bien sûr, il y a beaucoup d’égoïsme – et peut-être de l’aveuglement – de ma part à prétendre ainsi à l’exclusivité, alors que je suis convaincu de ne pas être un partenaire à la hauteur mais l’alternative est par trop menaçante. Donc, profil bas.


Avez-vous noté que je reconnais être un piètre amant ? Des fois quand même, je me trouve bien bon de prendre ainsi tous les torts sur moi, je n’ai pas même d’éléments de comparaison, ça fait des années que je n’ai pas couché avec une autre femme. Mais je dois me rendre à l’évidence, qu’elle ait des torts ou pas, ne change rien au fait que je ne sais pas trouver son point G. J’aimerais pourtant beaucoup la faire grimper aux arbres. Si seulement je savais quel est son fantasme.


Ah si j’avais la clé ! Je la conduirais droit au paradis. En outre, de connaître ses faiblesses m’encouragerait à lui dévoiler les miennes. Je vous l’ai dit, l’aveu est une épreuve que je redoute et dont j’espère trop pour ne pas craindre l’échec et son cortège d’humiliation. J’en tremble rien qu’à l’idée d’être la risée de ma conjointe et peut-être des copines en prime.


De toute façon, je n’ai pas cette putain de clé… Je ne désespère pas tout de même, tout le monde a son jardin secret, reste à dénicher le sien. Je sonde à droite, à gauche et à l’improviste… Ma quête me conduit souvent sur les terres de mes propres obsessions.



Ben oui, je ne peux pas m’empêcher de jouer avec le feu.


Je laisse refroidir et repose la question après quelques jours. Faut savoir être patient.



L’utilisation du verbe « baiser », assez inhabituel dans sa bouche, et le ton avec lequel elle l’a prononcé, m’alertent, je comprends qu’elle pourrait baiser ou plus clair : qu’elle peut me tromper. Je m’en doutais mais qu’elle me le dise franco, ça fait mal. J’attendais qu’elle me renvoie sur les roses comme la fois précédente, pas qu’elle m’ouvre le champ des possibles. Encore que le corollaire n’est pas banal, cela ravigote quelque peu mon fantasme.


Du coup, j’ai du carburant pour quelques temps et il se passe d’ailleurs du temps avant que je remette le fer au feu. Je le fais façon faux-cul à un moment où ma femme navigue à portée alors que je suis en train de lire un texte, une histoire de sandwich bien grasse et bien cochonne.



Ce n’est pas malin, je vous l’accorde, mais peu importe, le vrombissement de l’aspirateur couvre mes paroles. Malgré tout, elle a dû ouïr quelque chose, elle tourne vers moi un masque interrogateur.



Coïncidence, Annie choisit ce moment pour couper l’électricité, l’écho de mon emphase résonne dans le silence qui suit l’arrêt du moteur.



Son assurance donne à penser qu’elle est au fait du sujet. Elle a donc tout entendu. Je n’ai pas trop le temps de me poser plus de questions, elle est déjà dans mon dos, en train de lire par-dessus mon épaule sur l’écran du moniteur. Elle ne parcourt pas plus d’une vingtaine de lignes puis elle lâche un commentaire succinct.



Une moue de dédain ourle divinement ses lèvres. Il y a aussi autre chose, une ombre dans son regard, de la langueur dans le timbre de sa voix, un je ne sais quoi que je ne sais pas interpréter.


L’épilogue du soir est plus explicite. Et coloré à souhait, c’est l’arc-en-ciel, la voie lactée. Encouragé par ce regain d’enthousiasme et soupçonnant la relation causale, je pousse mon avantage :



Je suis pris de court, incapable de décrypter le sens caché de son interrogation. Je vois surtout l’ouverture pour me confesser comme j’en ai toujours rêvé.



Elle entreprend de grimper sur moi, me couvre de son corps. Ensuite, les yeux dans les yeux, elle me fait une offre époustouflante sur un ton égrillard que je ne lui ai jamais connu :



Avant que j’ai réagi, elle s’empare de mes lèvres et m’embrasse avec fougue…


Un fiel de panique percole lentement à l’intérieur de mes entrailles tandis que sa langue fouille mon palais. Qu’aurais-je pu répondre ? Que j’ai peur d’avoir mal compris. A-t-elle vraiment parlé de partouzer ? Moi, je ne veux que partager mon fantasme, pas plus.


Ma femme est une catin. Il me faut plusieurs jours pour digérer le scoop puis la routine aidant, je relativise. Mon fantasme reprend de la vigueur et finalement, tout rentre à peu près dans l’ordre à ceci près que je vis désormais dans la terreur d’être réellement cocu. Étrangement cette crainte aiguise encore plus mon excitation.


L’épreuve a au moins forgé une certitude : je l’aime toujours et même plus que jamais. La seule idée de la perdre me rend fou.


On s’achemine vers la fin de l’année scolaire, le boulot ne manque pas : les exams, les corrections, les programmes… Ce qui me laisse moins de loisir pour ruminer ma condition de cocu en puissance.


Encore qu’en écrivant cela, j’ai le sentiment d’être présomptueux, rien ne me garantit que je ne porte pas déjà les cornes.




ooo000ooo




Comme chaque année à la fin des classes, les beaux-parents ont pris les gamins avec eux. Nous sommes seuls, Annie et moi, elle me conte sa journée.



On en reste là. Elle réapparaît après sa douche, drapée dans une serviette.



Je ne sais par quelle magie, je soupçonne instantanément de quoi il s’agit : ce n’est pas des candidats au baccalauréat dont elle veut parler, ce ne peut pas être autre chose que des postulants pour la partouze. Cela ne me réjouit pas du tout, j’ai machinalement pris l’air bouché de celui qui ne comprend pas.



Est-ce son instinct ? Elle sait que je sais, son œil noir me le dit. Elle redémarre sur le thème principal sauf que la conviction ne fait plus vibrer le timbre de sa voix.



Je note la baisse de tonus sans en faire plus de cas. En revanche l’écho de l’info :



Je réalise que nous sommes à l’orée d’une querelle et que je n’y suis pas pour rien. Ma hargne et ma jalousie tombent d’un coup, je me sens idiot.



Le temps reste néanmoins couvert. Le lendemain.



Croyez-le ou non, je suis déçu, frustré même, je m’étais fait à l’idée de rencontrer ce type, et plus si affinités…

Quoi qu’il en soit c’est foutu. Du reste, les temps ne sont plus aux batifolages, les enfants vont rentrer…


C’est l’occasion pour saluer les mamans, et mon épouse tout particulièrement, dont le dévouement suscite mon admiration. Je ne m’en sens que plus coupable, incapable d’autant d’abnégation. Ne vous y trompez pas, j’adore mes enfants, je donnerais ma vie pour eux, mais j’ai beau jeu pour parader en conjuguant au conditionnel alors que mon épouse sans mot dire, conjugue au quotidien.




ooo000ooo




L’ambiance à la maison est un peu tendue. Annie fait la gueule, elle ne me parle plus que par interprète interposé.



Ma mauvaise humeur a pris le pas. Pourtant, je sais par expérience que cette stratégie n’est pas la bonne, aussi, pris de remords.



Une ébauche de sourire apparaît sur son visage. Bon signe, pensé-je, rasséréné. Mais ce n’est qu’au terme du troisième jour que je récolte les fruits de ma bonne volonté. La grâce qu’on m’accorde, met fin à la continence, mais ce n’est pas pour autant l’absolution. La pénitence dure longtemps puis un soir d’automne, un brin romantique, un peu nostalgique, alors que nous chavirons dans la tendresse, j’apprends le fin mot de l’histoire.



Mes sentiments sur le coup mêlent l’ahurissement, l’appréhension et l’espoir. Je découvre une femme infiniment plus délurée que je ne croyais. Je le soupçonnais bien sûr, et déjà depuis quelques temps sauf que maintenant il n’y a plus aucun doute.


Mais avant tout, l’aveu ravive mes espoirs de débauche qui ne m’ont jamais quitté, et le pendant indissociable, la crainte d’être le dindon de la farce. Ou le cocu de l’affaire si vous m’accordez l’expression, tout à fait de circonstance pour quelqu’un qui aspire à être cocu.



La sélection des candidats s’avère effectivement être un nœud crucial, inextricable même. Noël s’annonce, sans que nous l’ayons démêlé. J’en viens à exposer mon incompréhension.



Je vous avoue qu’en mon for intérieur, je suis un peu dans le même état d’esprit. Après m’être frotté à la réalité, la recherche de candidats m’apparaît bien ardue et un peu trop glauque à mon goût et si je ne me décourage pas malgré tout, c’est moins pour le résultat que pour brasser de l’air. Ben oui, on vit sous air conditionné, notre complicité n’en est que plus intense et notre union plus solide. Au lit, tout va bien, je suis bien au chaud, sans craindre l’hiver.


Il y a pas mal de monde sous la couette, nous, bien sûr, et toute la cohorte des candidats malheureux, tout au moins ceux dignes d’un peu d’intérêt. Il y a aussi ce vieux gode qui n’a jamais tant servi. À tel point d’ailleurs qu’on a estimé utile de lui commander un remplaçant, plus fiable, plus gros aussi.


Un nouveau pas est franchi, le jour où je décide de baptiser notre cheptel. Comprenez bien qu’avec un tel troupeau, on ne s’y retrouvait plus, le vieux restant en renfort quand bien même le nouveau ait pris son service.



Ma suggestion n’est pas innocente, je ne vous en dis pas plus, sachez cependant que j’en sais plus que vous n’en savez sur l’animal que je prends en référence. C’est d’abord une plaisanterie, une manière de taquiner Annie sur un présupposé penchant pour l’exotisme.



N’ai-je pas écrit que je passe l’hiver au chaud ? Rectification, l’hiver est torride et le printemps aussi. C’est le bonheur.


Un bonheur nourri de perversité. On n’imagine pas assez ce que cela veut dire. La perversité est une drogue dont on ne se défait plus. Elle vous bouffe à petit feu, réclamant toujours davantage. Annie n’a pas l’air étonné quand je lui recommande d’appeler Damien.



Dois-je dénoncer mes informateurs placés en des lieux stratégiques ? Je ne parlerai pas, même sous la torture. Je peux seulement vous dire que de mon côté, je ne suis pas resté inactif. Avant de faire mon offre, je me suis auparavant assuré que comme l’an passé Damien et Jean-Yves ont reçu les convocations. J’ai ainsi appris qu’ils sont encore, comme l’an passé, sur les listes des examinateurs pour surveiller les épreuves du baccalauréat dans un des lycées de notre belle capitale régionale. Cette précision est à destination des éventuels chinois férus de logistique.


J’ajoute que comme l’an passé, comme tous les ans, belle-maman et beau-papa emmènent les gamins en vacances avec eux. Comme l’an passé, comme tous les ans, on exécute nos tâches… La vie est un éternel recommencement.




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Un an auparavant, jour pour jour, je faisais capoter un projet dont j’ai porté le remord tout ce temps. Ce soir est le grand soir, je rattrape le temps perdu. Gueuleton au restaurant, c’est moi qui régale.


Annie a revêtu une petite robe courte, genre bustier, taillée dans une étoffe légère à motifs imprimés de sequins dorés sur fond noir et recouverte d’un voile de tulle, lequel ajoute au caractère aérien qui se dégage de l’ensemble. Et pour parfaire cette impression céleste, elle est perchée sur des escarpins bridés à la cheville et dotés de talons interminables.



Elle n’en accepte pas moins mon compliment et virevolte devant moi pour me remercier. La jupe, pincée haut sous la poitrine, se déploie, ébauche une corolle, dévoilant les gambettes et livrant accessoirement un flash révélateur sur le dessous.





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Jean-Yves nous attend au bar de l’hôtel. Annie l’embrasse, il me serre la main et m’invite à prendre place dans un fauteuil. Mon épouse s’installe dans le canapé en vis-à-vis, notre hôte s’assoit près d’elle.



L’homme m’a l’air sympathique, le physique est agréable. Les manières comme la voix dénotent de l’éducation et du savoir-vivre, autant qu’on peut en juger en si peu de temps.



Les vieux poncifs ont la vie dure. À décharge, on ne peut pas dire qu’on démarre sur les chapeaux de roues. La conversation est passablement laborieuse, nous en sommes à la météo quand Damien pointe sa dégaine de don-juan. D’emblée, je flaire la tornade.


Le type est grand, plus d’un mètre quatre-vingt, il me rend dix bons centimètres, bien bâti, belle gueule, grande gueule même, il gouaille.



Je ne sais pas où me mettre. Par chance, le bar est désert mais je suis sûr qu’il n’aurait pas moins gueulé s’il y avait eu du monde. D’évidence Annie l’a bien briefé. Je reprends place dans mon fauteuil. Damien de son côté s’encastre à côté d’Annie.



Ce type est proprement insupportable, je me demande comment Annie a pu en tomber amoureuse. Et j’ai encore rien vu, il attaque bille en tête.



Celle-ci semble d’abord réticente, puis elle s’abandonne et rend le baiser. Elle ne montre pas plus de résistance lorsque Damien entreprend de caresser sa cuisse et remonte doucement vers la hanche puis la fesse, donnant ce faisant à voir plus qu’il n’aurait été convenable si nous n’étions pas entre nous. Le mâle ne s’y attarde pas longtemps et abandonnant en l’état le désordre qu’il a créé, il s’en va glisser les doigts et la main toute entière dans le bustier, du côté qui lui est le plus accessible, dégageant dans la foulée, d’un simple mouvement du poignet, l’intégralité du sein tout en continuant à le pétrir avec constance. Tout ceci, sans jamais interrompre son baiser, bien entendu.


L’entrée en matière à la hussarde n’est pas trop pour me plaire. De même, j’aurais autant aimé qu’Annie ne se montre pas d’emblée aussi soumise. Je ne sais pas ce que je veux, allez-vous dire et vous aurez bien raison.


Je ne sais qui des deux, demande grâce le premier, toujours est-il que les lèvres se séparent. Damien rengaine ses mains, rajuste la position. Annie reprend son souffle, le sein toujours à l’air. Elle les a plutôt menus mais bien plantés, bien formés, presqu’arrogants, d’une couleur laiteuse qui tranche avec le hâle de la gorge. Le tétin, affiche une nuance rosé sur un brun légèrement plus clair que le brun de l’aréole alentour. Il luit et pointe hardiment. Des qualificatifs désobligeants me viennent à l’esprit, du ressort de l’effronterie et de l’impudence. Et peu importe que le pauvre tétin ne soit qu’un bouc émissaire, il est bien aussi impudent et effronté que sa propriétaire.


Ne craignez rien ! Juste un peu de mauvaise humeur, avec moi les choses ne sont jamais aussi claires qu’on croit.


Aucun d’entre nous n’ignore plus la couleur de son string, sauf le serveur bien sûr, du moins peut-on le supposer, Annie ayant rajusté précipitamment sa tenue au moment où il entrait dans la pièce. Tout au plus a-t-il vu le sein qu’elle donnait encore à voir, vision fugace avant qu’elle ne remette en place le bustier dérangé.


Le garçon n’en montre rien en tout cas, il s’enquiert de nos besoins. Nous passons commande.


Après que le serveur a tourné les talons, je devine que le grand dadais en prépare une autre.



Mon épouse encaisse, regarde Jean-Yves, hésite, revient vers Damien, puis moi, quêtant mon aval. Je garde un masque impassible, soucieux de lui laisser l’entière responsabilité de ce qu’elle va faire. Son œil ne me lâche pas, se fait suppliant. Ma position devient intenable. Naturellement, elle aura mon assentiment, un imperceptible clignement des yeux. Comment faire autrement puisque tout ceci, c’est moi qui l’ait voulu. Il serait bon que je me mette ça dans le crâne une bonne fois pour toutes.


Annie se tourne vers le Noir et se pend à son cou. Elle lui roule une pelle comme elle en a le secret à ceci près que je croyais ce genre de galoche réservé pour ma pomme. L’autre s’enhardit, enserre la taille de ma dame puis engage une main baladeuse sur la voie défrichée par son illustre compère. Le string n’a jamais tant paradé. Copieur jusqu’au bout des ongles, le mâle pousse toujours plus loin le plagiat. Sans doute est-il plus rapide, il a déjà le sein en main et lui aussi pétrit et triture sans se lasser.



Ils en sont là quand le serveur revient avec notre commande mais le spectacle n’entame en rien le flegme de ce dernier, lequel poursuit son service comme si de rien n’était. Les autres aussi poursuivent leur ouvrage, se sont-ils même rendus compte que le garçon était là ? En temps ordinaire, j’aurais réagi, condamnant l’exhibition inopportune, mais les temps ne sont plus ordinaires. Et au vrai, je n’en suis pas à un gus prés.


Qu’en est-il de Damien ? Il a accroché un sourire niais au coin des lèvres. Son regard est braqué sur le visage d’Annie. Celle-ci affiche une mine extatique, un peu bête, concentrée qu’elle est sur la jouissance que lui dispense le Noir pendu à son sein. Elle a cessé de gémir mais on devine qu’elle fait effort. Deux quenottes, au demeurant fort mignonnes, chevauchent la lèvre inférieure. Cela pour dire qu’elle se mord les lèvres.


Mon épouse n’a sans doute pas conscience du spectacle qu’elle offre, pas plus qu’elle n’a conscience que l’allaitement n’a que trop duré. Damien en revanche, commence à ronger son frein. C’est lui qui met fin à la tétée, invitant les deux partenaires à préférer l’apéritif qui nous a été servis.


Le tétin a beaucoup souffert. Il est extraordinairement gonflé, infiniment plus volumineux qu’il n’est d’habitude et hypersensible aussi. L’ogre en fait la mortifiante expérience quand il s’avise de vouloir à son tour croquer le téton martyrisé. Le pauvre Damien en est pour ses frais. Pour une fois qu’elle n’est pas docile, j’en conçois une reconnaissance pour le moins saugrenue.


Quoi qu’il en soit, la fièvre d’Annie n’est pas contestable. Je devrais me réjouir alors que je ressens surtout de l’humiliation. Et sa docilité vis-à-vis de son ex en rajoute encore.




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Nous ne sommes pas longs à vider nos verres. Personne n’éprouvant le besoin de boire à nouveau, nous envisageons de rejoindre le restaurant. Il n’est pas très loin, je propose d’y aller à pied en flânant le long du fleuve.


Nous sommes en chemin, je prends un peu d’avance pour être seul. J’ai besoin de calme pour faire le point et comprendre ce qui me reste en travers de la gorge. C’est la condition pour dissiper un reste de jalousie intempestif et par suite retrouver un semblant de sérénité plus en rapport avec mon rôle de producteur de l’événement.


Il ne m’est pas difficile de distancer les autres, ils traînent, sacrifiant à ces jeux de potaches que je n’ai jamais prisés. Toutefois, je ne souhaite pas prendre plus d’avance qu’il ne faut, aussi je reviens sur mes pas quand je m’aperçois que le groupe fait du sur place assez loin à l’arrière.


Une fois de retour à portée, je mesure mieux de quoi il retourne. Le trio chahute, Annie est couchée, dos sur le parapet de protection, à l’aplomb de la Garonne. Elle se débat, rien de méchant cependant, ses rires démentent mes craintes. Les deux guignols semblent avoir fort à faire pour la maîtriser. Jean-Yves bataille, bras emmêlés, Damien est quasiment couché sur les jambes d’Annie…



Ce n’est que lorsque je suis plus près que je comprends ce qu’ils font vraiment.


Le bustier n’est plus en place, les seins sont à l’air. Le string est sur les cuisses que Damien s’évertue à immobiliser. De sa main libre, il fait glisser le linge chaque fois un peu plus loin. Il est déjà au-delà du genou, puis le mollet, les chevilles, l’une, l’autre…


Je suis encore trop loin, avant que j’aie pu m’interposer, le sous-vêtement n’est déjà plus récupérable. Le petit papillon rose volette au-dessus des flots, puis amerrit en douceur, vogue un moment avant de disparaître emporté par le courant.


Le calme signe la reddition d’Annie. Soumise, elle se prête au baiser de Jean-Yves, dont la main s’affaire sur l’un ou l’autre sein, agaçant le tétin, le vierge aussi bien que le supplicié, lequel au demeurant, me semble avoir retrouvé une tournure plus humaine. Damien de son côté, a enfoui son museau entre les cuisses écartelées. L’une d’elle est dressée en appui sur son épaule, l’autre balance dans le vide. Ce n’est pas le grand écart mais pas loin et même si la position n’est pas idéale, il n’en butine pas moins avec zèle, produisant des bruits de succion dont l’effet est carrément cocasse.


L’intermède ne dure pas. Sans doute n’y suis-je pas pour rien vu que j’ai un peu exprimé ma mauvaise humeur, m’alarmant du danger. En tous cas, le chef rameute la troupe. Annie ne semble pas faire cas du dessous perdu. Moi si, je regimbe, arguant le gaspillage, prétexte fallacieux qui ne leurre que moi. Damien me rabroue :



On en apprend tous les jours. Cette soirée est instructive à plus d’un titre.


Les révélations du mouchard sont-elles en cause ? Annie lui tourne le dos et vient se lover contre mon flan, se fait chatte. Quêterait-elle une absolution qu’elle ne s’y prendrait pas autrement.





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À l’approche du restaurant l’humeur de ma belle est de nouveau joyeuse tandis que les deux autres renâclent. Ils trouvent le chemin un peu long. Annie les rejoint, s’intercale entre eux, enlace chacun par la taille, de ses bras roulés, à droite, à gauche.



Elle ne me rejoindra pas, je le sais. Damien a retroussé la robe, il pelote et triture le fessier sans qu’Annie ait seulement fait mine de se rebeller. Aux bribes de la conversation que je perçois, je devine que le grand dadais invite le Noir à explorer de pareille manière. Ce qu’il fait d’ailleurs, un battoir presqu’aussi imposant rejoint le premier. Ne croyez pas qu’il va y avoir guéguerre, il se partage équitablement le territoire, chacun sa fesse.


Comment expliquer que je prenne mon pied au spectacle du cul de ma femme ainsi pris en mains. C’est proprement incompréhensible et pourtant bien réel, j’ai fichtrement envie de me taper une queue sur le champ. Je n’en fais rien, bien sûr. Nous sommes en vue du resto.




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Annie attend face au panneau d’affichage, dans une posture légèrement courbée, probablement pour mieux déchiffrer la carte. Sa tenue mal réajustée, forme une grimace, livrant par là une parcelle terriblement suggestive du postérieur nu. Jean-Yves est à son côté, étudiant pareillement les menus. Quant à Damien, il est resté légèrement en retrait, il m’attend.



Je le regarde, surpris mais pas hostile, pressentant plus ou moins le sermon. Fidèle à son image, il fonce tête baissée.



Et je ne vous dis pas tout. En résumé : il me somme d’être clair et m’impose par-dessus le marché un cérémonial humiliant autant que ridicule, où il est question de chienne, sa chienne qui doit lui obéir au doigt et à l’œil, ou quelque chose de ce genre dont il me trace une épure, verbale s’entend.



Entre-temps, Jean-Yves et Annie nous ont rejoints. Je lorgne vers elle, quêtant son aide.



La traîtresse !


Si c’était aussi facile ! Jamais je ne comprendrai pourquoi les choses sont si compliquées pour moi alors qu’elles sont si simples pour elle. Bien sûr que je veux continuer. N’empêche que ça me tord les boyaux. Chuis maso…



Il sursoit sans mot dire. En un sens, il a raison, faut que je prenne mes responsabilités. Mais si je suis d’accord pour assumer, il y a encore cette cérémonie d’intronisation grotesque qu’il entend m’imposer.



Le maître me fait grâce de mes tergiversations, il passe à l’étape suivante, la confirmation d’Annie.



La finaude m’a renvoyé la balle, accentuant la condition, de telle sorte que chacun comprend :



La balle est à nouveau dans mon camp, Damien se charge d’ailleurs de me le rappeler, insistant pour qu’on en finisse. Je suis d’accord.



Plus que marre de son cinéma !



Il est hilare. Annie a deviné ce qu’il sous-entend, pas moi.



Deux contre une et même trois contre une quand Jean-Yves ajoute sa voix, ma pauvre épouse n’a aucune chance de faire valoir son point de vue. Paraît qu’elle est douée pour l’exhib, j’ai déjà eu un avant-goût, on me promet le plat de résistance.




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Dès l’entrée, notre mentor jette un œil rapide alentour, je le vois faire. J’en ai fait autant, soucieux de vérifier qu’il n’y ait pas de têtes connues.


La salle est vaste, la perspective est cassée par une juxtaposition de niveaux, redistribuant l’espace pour créer des aires à caractère plus intime. La décoration sur fond de boiseries et l’éclairage tamisé s’associent pour fonder une ambiance feutrée, propice aux turpitudes.


Notre mentor intervient auprès du maître d’hôtel, la table réservée ne lui convient pas, il manigance pour qu’on nous en attribue une autre, qu’il a repérée, sur un niveau intermédiaire en surplomb de la salle principale.



Il aura gain de cause, cela ne fait aucun doute, de nombreuses tables ne sont pas occupées.


Connaissant son dessein, on comprend le choix de Damien, l’emplacement est dans l’axe d’une tablée de cinquantenaires. Ils seront la cible, nos victimes. Je devine qu’Annie aussi a compris. Elle les observe et les étudie, comme s’il était primordial de s’imprégner de l’image de chacun d’entre eux. Ils sont six, tous sanglés et cravatés, sans doute des cadres en goguettes ou un séminaire de VRP ou bien je ne sais quoi.


Comme les acteurs au théâtre, nous dominons notre public. Comme eux, sur notre estrade, nous allons faire le spectacle. On ne pouvait rêver un emplacement mieux situé, les gugusses seront aux premières loges. Certes l’angle de vision est un peu étroit, le pilier réduit considérablement la largeur du champ de vison. Qu’à cela ne tienne ! On déplace discrètement la table, juste un peu, pas grand-chose, histoire de grappiller quelques degrés d’arc. Ajouter par-dessus le savant calcul du maître et le tour est joué, nous avons la place idoine. Damien invite Annie à s’y installer.


S’il vous soucie de connaître le plan de table, une table ronde, sachez que Damien prend place à la gauche d’Annie, Jean-Yves à droite, et moi-même après ce dernier, mais ce n’est pas ça qui importe. L’important est la cinquième place. Celle-ci doit impérativement rester libre afin qu’il n’y ait pas d’interférences dans le couloir dégagé, de telle sorte que les spectateurs puissent reluquer à loisir si l’envie leur en prend.


Ils sont déjà alertés, déjà aux aguets. Annie a éveillé leur curiosité. Comment pourrait-il en être autrement après l’examen trop accentué, pour ne pas dire insistant, auquel elle s’est livrée ?


La perspective de donner ma femme en pâture aux voyeurs m’émoustille délicieusement, plus que la séquence de l’hôtel où ma jalousie interférait désagréablement. Ici, rien de tout cela, pas d’aigreur, juste l’effervescence et ma queue logée trop à l’étroit.


De temps en temps, Annie m’adresse des regards de connivence. J’ai du mal à me faire à cette donzelle inconnue dont on m’a vanté l’audace. Elle me sourit, je lui souris en retour. Cet échange à distance me laisse un goût amer, je nous trouve pitoyable. Je voudrais la prendre dans mes bras, l’emmener chez nous et lui faire l’amour toute la nuit.


Mon relatif flottement ne dure pas, il s’évanouit dès lors que le cirque commence.


Monsieur Loyal sonne le tocsin. Le battoir formidable ouvre la fourche et se met à l’ouvrage. Les couinements assourdis mais répétés donnent à penser que l’opération n’est pas aussi indolore qu’elle devrait. À moins que ce ne soit du plaisir. Comment savoir ? D’où je suis, je ne peux rien voir sinon les expressions sur le visage d’Annie et l’agitation à la table des autres. Tout compte fait, ceux-là ont plus de chance que moi.


Damien passe la main, Jean-Yves prend la manœuvre puis à nouveau Damien. Le public est turbulent. Moi je ne vois toujours rien sinon qu’elle dodeline de la tête, suppliant la pause. Je n’y tiens plus, je veux savoir, je veux voir. Je quitte ma place et me poste près d’elle. Annie devine ma présence, elle prend ma main dans la sienne et la garde. Ce geste m’attendrit, une bouffée de reconnaissance chasse les restes d’amertume qui subsistaient.


Je vous avoue que le spectacle n’est pas différent de ce que j’attendais. Cela en est presque décevant. Certes, la robe est largement retroussée mais je doute que le public puisse mieux voir pour autant vu que la main de Damien masque l’essentiel. À se demander ce que reluquent les autres badauds.



Il me tend sa main breneuse. Les doigts sont luisants de glaire et autres sucs. L’odeur est forte. Je me soumets à l’injonction du bout de la langue, réticent à faire davantage, ce jus n’est pas ma production. Je ne reconnais pas ce millésime.


Vous imaginez sans doute que ma douce profite de l’entracte. Que nenni ! Jean-Yves a aussitôt pris la relève.


Il semble malgré tout qu’une issue se profile. Annie respire de plus en plus fort, son agitation est extrême, son bassin sacrifie à une rythmique révélatrice, quête désespérée pour absorber le doigt fouisseur. Puis il vient ce moment où le gémissement enfle et se perpétue pianissimo avant d’expirer lentement. Ensuite, c’est la détente.



Je n’avais pas même conscience qu’on postulait pour le livre des records.



Annie relâche, bras ballants, fourche ouverte, offrant à son public un minou que j’imagine écarlate et béant. Les veinards ! Je voudrais être avec eux. Avec eux, je me repaîtrais de concupiscence contagieuse autant que d’images salaces.



Elle a basculé sa chaise et éponge l’abondante sécrétion à l’aide de sa serviette de table.



Sitôt dit, sitôt fait, elle rafle au passage nos propres serviettes. Il semble que je sois le seul à m’alarmer : ne peut-on craindre que les gugusses se méprennent et croient à une invite ?



Quand je fais mine de rejoindre Annie, Damien me retient.



L’attente est assez longue, Je suppose que ma conversation avec Jean-Yves ne vous intéresse pas. Je comprends. De toute façon, on ne se dit pas grand-chose.


Si c’est calme chez nous, en revanche ça bouge en face. Je lorgne, histoire de vérifier. Aurais-je tort ? Damien aurait-il raison ? Ces histoires dans les toilettes ne seraient-elles que des légendes ? En tous cas mes craintes n’étaient pas fondées. Les six bonhommes s’apprêtent à quitter les lieux, nous adressant un signe ironique au passage.



Maintenant, la séance de nettoyage m’apparaît vraiment très longue. Comme moi, Jean-Yves s’impatiente aussi. Damien remonte le premier.



Je m’y attendais, n’empêche que ça fait drôle. Une question primordiale entre toutes, me brûle les lèvres mais je la retiens malgré tout, par pudeur : Annie était-elle vraiment demandeuse comme il le laisse entendre ? Du feu coule dans mes veines. Je ne suis pas le seul à l’avoir saumâtre.



Annie rapplique sur ces entrefaites, elle se poste dans mon dos, ses mains sur mes épaules.



Je sens sa joue contre la mienne et peu après ses lèvres sur les miennes. Son sein est écrasé sur mon épaule. Je n’esquive pas son baiser et lui rends même, espérant du même coup, dissiper les aigreurs de mon nouveau statut. En fait, mon infortune n’est pas si pénible. On s’en fait un monde et au final… J’ai tellement envie. L’idée de descendre à mon tour me traverse l’esprit. Mais le maître ne l’entend pas de cette oreille.



Annie est l’obéissance même. J’avoue que ça m’agace toujours, mais je fais avec. Elle rejoint sa place et sans attendre l’invite entreprend d’évaluer la vigueur de son voisin, caressant de haut en bas puis de bas en haut, l’entrejambe de celui-ci. De ma place, je suis aux premières loges, je suis fasciné, j’ai l’impression de reluquer une pute en train de vérifier la marchandise. Cette pute est-elle mon épouse ? Une personne peut-elle être multiple à ce point ?


L’autre, bon matou, se laisse faire. Il tend sa bedaine pendant qu’Annie déboucle la ceinture puis il rentre son ventre pour lui faciliter la tâche quand elle en vient à désagrafer le pantalon. Après, ce n’est plus qu’une histoire de zip avant qu’elle glisse sa main dans l’interstice, puis sous le slip où elle s’affaire un moment. Je devine qu’elle le branle. Il a fermé les yeux, sans doute pour mieux savourer la caresse.


Après un moment Annie décide d’extraire l’engin. Elle le déploie et le dresse tel l’obélisque, avant d’entamer des mouvements de la main, en va-et-vient sur la hampe. Il est plus long, plus gros que le mien, je l’examine avec curiosité et un soupçon de jalousie. Je l’imagine ferme et dur, le gland est d’un noir uniforme, brillant et humide.


Annie a-t-elle remarqué mon intérêt ? Je ne sais, toujours est-il qu’elle capte mon regard. Nous restons un moment yeux dans les yeux. C’est moi qui baisse les miens. Elle turbine toujours, le piston coulisse, dans sa paume déployée autour de la hampe.


D’instinct, je sens qu’Annie m’observe toujours. Docile, je m’enferre à nouveau dans les rets de son regard et la suis dans son mouvement pour emboucher le membre. Le gland disparaît lentement entre ses lèvres. Ses yeux ne me lâchent pas pour autant, nos regards sont enchaînés l’un à l’autre. Pour cela, il lui a fallu imprimer une torsion sur le manche, lequel me paraît énorme dans sa main qu’elle a plutôt menue.


Son œil rieur ne me quitte pas davantage quand elle se met à agacer le méat du bout de sa langue. Elle a adopté une position, joue contre la bedaine du Noir, qui lui permet d’opérer plus commodément sans me lâcher des yeux. Je n’y vois nulle arrogance mais au contraire de la complicité, de la tendresse et… plus paradoxal : une caresse, ne riez pas, cette sensation est tangible à tel point que j’ai presque l’impression que c’est à moi qu’elle prodigue la pipe.


Je sens sa main distendre les chairs sur la hampe pour faire saillir le gland et mieux en goûter la saveur à petits coups de langue. Je sens la chaleur de son palais lorsqu’elle en vient à emboucher… Je sens…


Elle ne me regarde plus, elle est toute entière concentrée sur sa besogne. L’intégralité du membre est engloutie dans sa bouche, j’imagine que le gland doit lui écraser la glotte. Ses lèvres impriment un mouvement de faible amplitude, de haut en bas, tandis que sa main manipule et triture les boules comme pour en pressurer les sucs.


Malgré tout, l’effet de mimétisme fonctionne toujours, je ressens comme elle, les raidissements du mâle annonciateurs d’une prochaine éjaculation. Elle accélère son action sur la hampe, exaltant ma propre excitation. Je prends soudain conscience que je me caresse par-dessus le tissu du pantalon. Mon sexe est tendu comme jamais et je suis sur le point d’éjaculer.


L’autre aussi éjacule, les geysers puissants pulsent par jets intermittents. Les tirs percutent Annie en pleine face, dans la bouche et sur le nez. Aurait-elle connu les lois de la balistique que cela n’aurait rien changé, elle ne s’est pas garée. Cela ne semble pas spécialement l’incommoder.


La suite tient de la magie. Le bout de langue pointe, tel un bernard l’hermite sortant de sa coquille – en un sens l’escargot conviendrait mieux comme image mais avouez que c’est moins ragoûtant – bref passons… Je disais donc que le bout de langue pointe, s’allonge, retrousse, applique trois ou quatre petits coups gourmands en haut, en bas, à gauche, à droite et il n’en faut pas plus, le pourtour des lèvres est parfaitement propre. Il en va du reste tout pareil, encore qu’il y faille un peu les doigts. Je n’en reviens pas de la voir se régaler ainsi. J’ignorais qu’elle aimait, j’aurais même parié le contraire, n’ayant jamais éjaculé dans sa bouche, ou alors une ou deux fois… je ne sais plus, on passe toujours à autre chose avant…


Depuis un moment déjà, je n’ai plus droit à son regard, l’autre si, j’imagine qu’elle le fait pour le narguer, le provoquer ou simplement pour lui plaire, je ne sais, mais du moins ne le quitte-t-elle pas des yeux tout le temps qu’elle s’active et nettoie d’une langue agile, le produit de son éjaculation. Le gourdin y passe en entier. Car, c’est à nouveau un gourdin qu’elle tient encore et toujours en main.


Personne ne peut nier que c’est de la belle ouvrage. Et tout le monde peut mesurer combien ma dame est consciencieuse. Et têtue aussi, je suis placé pour savoir : la voici tentant vainement d’introduire le bout de sa langue dans l’orifice de l’urètre alors que tout un chacun vous dira que c’est tâche impossible.


Elle ne s’acharne pas et s’en va user son appendice le long de la nervure longitudinale, qu’elle lèche de haut en bas et de bas en haut, deux ou trois fois, avant de s’en aller jouer avec les boules. Annie adore les tripoter, je le sais, s’aidant de sa langue, pour mieux les happer entre ses lèvres.


Moi, j’ai sali mon boxer, bien involontairement, je vous l’assure. Ce n’est pas mon habitude, ni mon plaisir. Cela m’incommode, je disparais en vue d’aller nettoyer les dégâts.


À mon retour, tout est rentré dans l’ordre. Le Noir est rebraguetté, Annie est en train de terminer son dessert. La suite, rien de plus simple : mon épouse descend se refaire une beauté pendant que je vais régler l’addition.


Après quelques minutes, Annie remonte, elle est pimpante et fraîche comme si rien n’avait été. Elle décline le bras de Damien pour se pendre au mien. À cet instant, je l’aime plus que jamais.




ooo000ooo




Il est tôt, pas tout à fait minuit, la nuit est claire. Pas de surprise tout le monde est d’accord pour rejoindre la boîte. Rectification : tout le monde sauf moi mais je me tais de peur d’être ridicule. Pour dire la vérité on l’avait envisagé, je ne suis donc pas pris au dépourvu mais après tous ces événements, j’espérais vaguement que le projet allait tomber à l’eau.


On va fatalement rencontrer des gens connus, le coin est réputé repaire d’enseignants, Encore qu’en cette période, ils seront sans doute plus rares. Malgré tout, cela ne laisse pas de m’inquiéter. Que vont faire les guignols ? Et Annie ? Autant d’impondérables qui font que je fais dans mon froc. Ouais, je sais, mon boxer n’est déjà pas tout net, mais quand même…


La boîte, je connais, elle est semblable à beaucoup d’autres. La salle est bondée, duraille pour trouver de la place. Et comme de juste, faut qu’on tombe sur des collègues, ils nous font un peu de place. Jean-Yves reste debout, ce n’est pas du racisme, juste qu’il n’y a pas beaucoup de place. Je propose mes genoux à Annie.



Certes, il a une meilleure place mais je ne vois pas ce transfert d’un bon œil. Annie pressent mon souci.



Déposant dans le même temps, un bisou sur ma joue, avant de rejoindre son poste.


Je suis un peu rasséréné. Je n’aimerais pas, mais pas du tout, qu’ils se livrent devant nos collègues, au genre d’exhibition dont ils m’ont parlé. Damien est aussi en pays de connaissance, on peut donc présumer qu’il aura à cœur de rester discret mais rien n’est moins sûr avec lui. Je m’attends à tout.


Un peu plus tard, une de nos amies m’entraîne sur la piste. C’est un rock, on parle peu mais néanmoins.



Vrai que le carnet de bal d’Annie est assez chargé. Même en cette période, les collègues ne manquent pas dans les parages, surtout des jeunes. Tous savent qu’elle adore danser, elle ne quitte plus la piste. Vrai aussi que d’ordinaire j’en prends ma part plus souvent qu’à mon tour mais d’ordinaire il n’y a pas Damien ni Jean-Yves.



Alors là ma jolie t’en as trop dit, tu vas vider ton sac.



Avec cette commère, c’est sûr que tout le monde va bientôt le savoir.


Après ça, vous comprenez pourquoi je fais la queue pour avoir mon tour. Par chance, j’ai droit à un numéro de faveur. C’est un slow, je m’autorise des privautés auxquels je n’ai pas trop droit d’ordinaire. Bizarre, pas de rebuffades aujourd’hui. J’accentue ma pression sur la fesse et lui en fais la remarque. Elle rit.



Pour toute réponse, elle me serre davantage contre elle et guide ma main dans l’entrejambe poisseux.



Le mot est nouveau dans sa bouche, tout au moins je ne l’y connaissais pas. Il n’en est pas moins savoureux et très explicite. Je suis un brin timoré, on se refait pas.



Pas de souci de lubrification, l’endroit l’est abondamment. Je pars à la recherche du clito et le repère, le roule, l’écrase, l’étire et le martyrise comme jamais je n’ai osé. Annie se mord les lèvres.



Je me fais plus léger. Pas plus de trente secondes.



Faut savoir ce qu’on veut ! Ma Dame veut des sensations, j’y vais franco, elle se mord à nouveau les lèvres, probablement pour ne pas crier mais elle ne se dérobe pas pour autant. Au contraire, elle offre son bas-ventre au supplice… Une idée me traverse l’esprit.



Je ne sais pas si c’est la branlette ou le fait d’être nue mais j’ai tendance à croire qu’elle aime les deux. Je poursuis la branlette avec encore plus d’ardeur.



Là, elle marque un point, elle n’a pas tort. J’ai d’autres questions mais je m’abstiens. Je sens chez elle un soudain raidissement, la main qui boulonne est en même temps plus humide. Bientôt le soupir exhalé me donne quitus de mon pressentiment. Elle a joui.



Je n’ai pas chronométré mais à vue de nez – à cheval sur deux slows – on ne doit pas être loin du record de l’autre guignol.


Ce n’est pas fini, Annie m’entraîne à sa suite.



Nous sortons. À l’extérieur, la pénombre est plus épaisse, le ciel s’est couvert, une brise légère, agréable, chasse les miasmes, apportant un peu de fraîcheur bienvenue.


Plus loin… Le grand portail d’entrée est fermé. Il condamne le passage vers le parc arboré où Annie pensait se réfugier… Les alentours ne sont pas moins déserts, juste moins discrets. Ils font malgré tout notre affaire, et m’acculant contre la grille de clôture, ma dame passe à l’action. Ses intentions sont limpides et ma queue dans sa main approuve tout à fait.


Pourquoi juge-t-elle indispensable d’enlever sa robe ? Les pierres paraît-il, elles sont agressives pour le tissu, nous prenions appui sur le muret, support des grilles. Moi, je crois autre chose.



N’empêche, moi à sa place je n’aurais pas osé. Ce qui au demeurant ne change rien au fait que je suis aveugle ou bien qu’elle est sacrément dissimulatrice. Je lui en fais la remarque, elle me renvoie la balle.



Le baiser scelle la paix. On reprend où on en était restés, position du cadenas, jambes en étau autour de mes hanches et cul en appui sur le muret. Le moteur a cependant un peu refroidi. Rien de grave, l’aiguille du thermomètre remonte vite pour se caler dans la bonne zone.


Je ne vais pas m’étendre, on aborde un domaine très privé. Sachez cependant que des manifestations pas du tout discrètes me rassurent quant à ma capacité à donner du plaisir. Je précise tout ça parce que certains pourraient se demander, vu ce qu’on raconte. Ben non, je vous le dis, la litanie des « oui » à la tonalité crescendo, associée à la frénésie nouvelle, ne permettent pas de douter, nous sommes en bonne voie. Sur le point d’exploser.



On n’est pourtant pas à Marseille. Ma douce ne se démonte pas pour si peu.



J’obéis, mais si Annie a assez d’élan pour se propulser au septième niveau, ce n’est pas mon cas. Une fois qu’elle a pris son pied, j’en suis à pilonner une poupée gonflable. Ce n’est pas le bon pied, je laisse tomber sans le prendre.



Celui-là, il est né pour me pourrir la vie.


Jean-Yves se précipite, il a tôt fait de brandir le gourdin, prêt à bastonner. Mais avant ça, il la place en levrette, Annie obéit, docile, montrant encore cette soumission qui me hérisse. J’ai envie de tout arrêter, de lui dire :



Trop tard ! Le Noir l’a déjà pénétrée, il est rentré d’un coup. Puis il s’est mis à bourrer avec force et à coups précipités sans s’émouvoir des glapissements qui saluent chacune de ses poussées. J’ai été tenté de m’interposer puis je me suis rendu compte que comme d’habitude, mes craintes étaient ridicules.


Les cris se muent en une complainte continue dont la tonalité – je dois le reconnaître – n’est pas aussi terrifiante qu’elle ne m’avait paru de prime abord. Si j’avais encore des doutes, son implication suffirait à les dissiper. La main de mon épouse, glissée dans le passage entre ses cuisses, caresse les bourses du mâle. Il est de surcroît manifeste qu’elle bande ses muscles avant chaque bourrade, pourquoi serait-ce, si ce n’est pour mieux les encaisser ? Je comprends qu’elle prend à nouveau son pied. Mais parbleu ce pied-là, fait la taille cinquante. Ma gorge se serre, mon estomac aussi. Avec moi, elle n’a jamais bramé aussi fort, Il n’y a qu’avec les godemichets qu’on parvient à ce niveau de décibels et encore.


Je ne sais si c’est un pur hasard ou bien le raffut qui les rameute, toujours est-il que la bique et son mari pointent le nez. Damien a aussi compris l’enjeu mais il est trop tard, tout au plus pouvons-nous nous poster en paravent. Cela aurait sans doute fonctionné avec n’importe qui, pas avec elle. Me reconnaissant l’exécrable fouineuse en rajoute.



Faut croire que je ne le suis pas assez. La donzelle n’a aucune crainte. En revanche, elle montre beaucoup de curiosité, tentant de nous déborder et tendant son cou de girafe dans l’espoir d’apercevoir qui sont ces gens que nous couvrons. Y parvient-elle ?



L’interjection marque l’indignation, mais nous n’en saurons pas plus, la dame tourne les talons et s’en retourne à petits pas précipités en embarquant le mari au passage.


Sûr que la réputation d’Annie n’en sortira pas indemne. Et la mienne non plus par-dessus le marché. Demain tout le monde saura que mes cornes sont solidement plantées.


Pendant ce temps, les deux autres continuent leur cirque. Le Noir pistonne toujours, son rythme est cependant plus lent, probable qu’il ménage ses forces, qu’il fait durer. Si la cadence des va-et-vient est plus faible, l’amplitude en est plus grande, le gourdin sort davantage presque à déchausser avant de repartir en sens inverse, coulissant toujours à faible vitesse, prenant son temps, longtemps, et pénétrant totalement, aussi loin qu’il est possible jusqu’à buter au plus profond, occasionnant chaque fois un hennissement, plus strident que celui d’une jument pendant la saillie. À cette allure, je suis sûr qu’il peut tenir des heures. On n’est pas tiré d’affaire.


Damien a posé son cul sur le muret et fume tranquillement. Je préfère m’éloigner pour tromper mon impatience et ne plus entendre hennir.


Quand je m’en retourne, ils se sont enfin désaccouplés.




ooo000ooo




En chemin pour revenir vers l’hôtel, je glisse faussement flatteur :



Pas très flatteur pour moi, mais je l’ai cherché.


Elle ne sait pas encore à propos de la visite d’Hélène. Je n’ai pas le cœur de gâcher son plaisir.




ooo000ooo




La chambre est petite et pauvrement équipée, une seule chaise, au surplus inutilisable car encombrée d’affaires. J’avoue me sentir quelque peu mal à l’aise, je n’attendais pas une piaule aussi minable. Je pose mon cul sur une petite table, installée dans un angle, c’est encore là que je gêne le moins. Damien et Jean-Yves rapprochent les deux lits jumeaux, qu’ils essaient de solidariser avec des liens de fortune. Pendant ce temps, Annie fait toilette.


Il vient enfin ce moment où je suis le seul textile de la pièce, les trois autres sont en tenue d’Ève, vautrés sur le lit – ou les lits, devrais-je plutôt écrire. Le flottement est perceptible, chacun cherche ses marques puis Damien comme à l’habitude va diriger la chorégraphie.



Annie se tourne en position ventrale, écarte les genoux, soulève les fesses et cambre les reins de telle sorte à faire saillir le postérieur et dégager la rondelle dont Damien accentue encore l’ouverture en écartant de ses mains les deux globes fessiers. Il a tôt fait de voir la situation.



Tu m’étonnes ! Cela fait déjà pas mal de temps que le fac-similé homonyme visite le conduit presque tous les jours et des fois pas qu’une fois. À la longue, ça laisse des traces. Bien entendu, je n’ai pas l’intention de le détromper mais c’était sans compter sur ma chère et tendre.



Sympa de pas m’avoir impliqué. Je la reconnais bien, toujours cash, on se refait pas.



La conne ! Je vois le coup qu’elle va me dénoncer, dire que c’est ma faute si le fantasme s’est ancré dans sa tête comme un ténia dans l’intestin. Ouf ! Elle renonce, son centre d’intérêt s’est déplacé entre-temps. Le Noir a en effet manœuvré pour mettre son bazooka à portée…


À mon soulagement, Annie s’en saisit et entreprend de le mignarder. Tant qu’elle tétera le gourdin, elle ne dira pas de conneries, me pensé-je en mon for intérieur. Ensuite, je m’accorde quelques instants pour faire une rétrospective, débriefant et évaluant les éventuelles répercussions. À mon sens, il n’y a pas le feu. Dans l’histoire, le plus grand blessé est mon amour-propre, je m’en accommoderai.


Ma réaction est ridicule autant que puérile. Qu’ai-je à craindre ? Que mon image en sorte un peu ternie parce je ne veux pas paraître le manipulateur que je suis…


Pendant ce temps, Damien a terminé son boulot, faut dire qu’il n’avait pas grand-chose à faire vu que la dilatation du col était déjà avancée, il a simplement prodigué quelques coups de langue puis il a appliqué ensuite une grosse noix de vaseline. L’affaire en est là, prête pour la pénétration mais il s’en garde parce que son plan ne prévoit pas les choses dans cet ordre. Il presse son copain d’en finir avec ses gamineries et l’invite à prendre place pour les choses sérieuses.


Paraît que la technique est protégée par un copyright, alors pas de détails sensibles. Croyez pas que Damien m’en impose, mais enfin… Vous le connaissez, il me rend dix centimètres et quinze kilos, chais pas trop si je suis de taille à l’affronter.


Cela dit, je dois reconnaître qu’il est bel homme, le genre Apollon, tablette de chocolat, fesse ronde et tutti quanti. Je le regarde tandis qu’il harangue les deux autres en train de manœuvrer pour prendre position. Son copain, Jean-Yves, est plus rond, plus bedonnant, même s’il a aussi belle allure. Celui-là s’est mis sur le dos, obélisque à la verticale. Annie fait en sorte de venir s’y empaler, elle prend son temps, prenant soin de bien ouvrir sa vulve avant d’y loger le gland puis elle descend lentement, régulièrement sans à-coup. La hampe du gourdin, disparaît peu à peu, comme avalée dans les entrailles de mon épouse.


Annie reste un moment clouée sur sa selle, les fesses posées sur les roubignolles du Noir, puis elle se décide à faire un essai. Non pas un galop, juste un petit trot, deux ou trois aller-retour tout au plus, de faible amplitude de surcroît. Elle laisse échapper des ahanements qui signent son effort, un peu à la manière du « han » des bûcherons. Ensuite elle s’affale sur l’encolure, poitrine écrasée sur le poitrail du Noir et dans le même temps remonte au plus haut ses genoux de telle sorte à offrir son postérieur.


Jean-Yves n’est pas inactif, il s’est saisi à plein battoir du fessier d’Annie et par ce moyen il veille à ce que celle-ci reste solidement embrochée sur son pal. Quand il le faut, il libère quand même la piste. Vous le devinez, c’est le moment où Damien entre en lice. Il le fait posément, présentant son dard à l’entrée du conduit.


Le spectacle n’est pas sans beauté. J’avoue une certaine fascination pour ce pieu prêt à percer le cul de ma femme même si je sais que l’introduction sera facile. Elle l’est effectivement, l’enfouissement du gland est rapide. Dès ce moment les choses sont un peu différente, ce n’est pas tant que le chibre ne coulisse pas ou mal, du tout ! Ce serait même plutôt facile de côté-là mais il y a que les répercussions sonores sont assez déconcertantes.



Damien reprend… Les vocalises aussi. Il décide de passer outre et poursuit sa pénétration. Les trilles vibrent de plus belle. Le phénomène est proprement ahurissant pour les deux compères. Pour moi un peu moins, vu que j’ai déjà assisté à semblables récitals quand elle fait joujou avec ses quéquettes en plastique.


Dans ces cages à lapins – tel l’hôtel où l’on est – les cloisons ne sont pas plus épaisses qu’une feuille à cigarette, fatal que les voisins aient vent de nos turpitudes. Les locataires officiels de la chambre étant trop occupés, je décroche pour eux le téléphone.



Madame, messieurs, tenez-vous le pour dit !


Seulement voilà… Elle a beau se mordre les lèvres jusqu’au sang, il vient un moment où elle s’oublie et le hululement prend son envol, enfle et… gel momentané de l’action et un corollaire inattendu : après quelques épisodes de ce genre les membres dits virils ne le sont plus autant, ce n’est pas la honte mais néanmoins déjà préoccupant.


On en convient tous, impossible de poursuivre dans ces conditions. Je ne sais lequel fait la suggestion, toujours est-il que la solution prend forme dans la bouche d’Annie.





ooo000ooo




Quand on est en pleine action, une suspension de séance est toujours casse-couille. Celle-là n’échappe pas à la règle, pour Damien en tout cas, il somnole sur le siège passager. L’âge sans doute, il ne doit pas être loin des cinquante plombes, non c’est trop, quarante-cinq peut-être… En revanche sur les places arrières le chahut est du genre joyeux, on ne dirait pas qu’elle a trente-trois ans et lui pas loin de vingt-six. Ils sont comme des gamins, comptant les points. L’enjeu ? Si je savais.


Je les guette dans mon rétro et jette parfois un coup d’œil furtif mais chaque fois c’est la même mêlée inextricable de bras et de jambes. Les cris et rires ne sont pas plus intelligibles. Ces deux-là s’entendent comme larrons en foire, mais cela ne m’enchante pas. Du reste, cela fait un moment que je m’en alarme, pour tout dire, depuis qu’il l’a tronchée après moi au sortir de la boîte.


Si seulement ils se foutaient à poil et tiraient un coup et puis basta, je pourrais comprendre, en place de ça, ils se chamaillent comme des ados, débraillant un peu plus des tenues déjà passablement dépenaillées. L’un est en passe de perdre sa chemisette, l’autre n’est pas mieux lotie avec un bustier qui lui sert de ceinture.


Je vois bien qu’ils se cherchent et cette comédie n’est qu’un prétexte pour se trouver. Qu’ils se trouvent et qu’on en finisse… Moi c’est le prétexte qui me tourmente. S’ils finissent par s’assagir, cela ne me rassure pas pour autant, j’observe le reflet de leurs visages dans mon rétroviseur, ils s’embrassent, un de ces baisers fous où chacun veut bouffer l’autre.


Au feu suivant, je cède à la curiosité et plus que la curiosité, il me faut voir, comprendre… Ils sont enlacés et se bécotent et se caressent. Plus de robe, elle est je ne sais où, chiffonnée sans doute, remisée quelque part mais pas sur elle en tout cas. Lui a perdu sa chemise, il est torse nu, ceinture ouverte, débraguetté. Je m’enquiers bêtement :



L’imagination n’est pas mon fort. Ils m’ignorent.


Damien est sorti de sa torpeur, il m’observe, je le sens, je devine qu’il m’a percé à jour.



Il ne me rassure pas du tout, au contraire. Je hoche néanmoins la tête sans rien dire, ma façon de le remercier pour la discrétion et l’humanité dont il fait preuve et qu’au demeurant, je n’attendais pas du tout de sa part.


Arrivés chez nous, je gare mon véhicule devant le portail d’entrée, histoire de gagner du temps mais après coup, je regrette de ne pas être rentré dans la cour.



Elle est entièrement nue, mis à part les escarpins. L’autre est sur ses talons, tout aussi peu présentable si ce n’est qu’il a encore son pantalon. Ils ont repris leur chambard de potache, verbe haut, rire facile, au risque de réveiller le quartier.


Je leur intime de faire silence mais sans illusion. Inquiet je scrute les alentours, au demeurant sans rien voir ; cela ne me rassure qu’à moitié.


Je n’ai pas plus vu quand le Noir a embarqué sa comparse sur son épaule et pourtant elle y est ! C’est un fait. Et il entend l’y garder, administrant des claques sonores sur le fessier à portée quand elle se montre turbulente. La naïade s’esclaffe en retour. À se demander si elle n’a pas fumé la moquette…


Je me dépêche d’aller déverrouiller la porte d’entrée, non pas tant pour cacher mon code d’entrée au regard de nos amis que pour soustraire au plus vite ce spectacle par trop compromettant, à la vue d’un éventuel voisin frappé d’insomnie.


Je me demande si on a bien fait de venir à la maison ?




ooo000ooo




Le retour au bercail est pour moi rien moins que triomphant. Jean-Yves a posé sa charge. Le couple attend, enlacé, bras dessous, bras dessus à la façon des amoureux. Annie colle à son jules, c’est mon impression, on la croirait en visite. Une bouffée de colère m’empourpre le visage, je prends le parti de fuir.



Ces menues tâches me donnent le temps de reprendre mes esprits.


Il n’y a plus personne au salon quand j’y reviens. Je les retrouve dans notre chambre à coucher, sur le lit conjugal. Mon épouse cavale son destrier, déjà enchâssée sur son pivot, genoux ramenée sur ses flans et cul offert. Elle se trémousse doucement, comme on fait parfois pour exalter la sensation. Damien s’apprête à percer, le gland posé sur la rondelle. Je devine qu’il attend que le bassin se stabilise avant de pousser plus loin.


La beauté de la scène que j’appréciais tantôt ne m’apparaît plus autant évidente. Au contraire, je prends tout à coup conscience que ce spectacle, dans cette chambre, sur ce lit, qui me sont tous deux si familiers, m’est devenu insupportable. Je tourne les talons et m’en reviens me réfugier au salon où je me sers une nouvelle tasse de café. Je n’ai pas vidé ma tasse que le concert commence, d’abord pianissimo puis les cuivres. Mon cœur s’affole, des larmes perlent, de rage plus encore que de chagrin.


Damien a laissé ses cigarettes sur la table du salon, je m’en empare. Ce n’est pas dans mes habitudes, je ne fume pas d’ordinaire, dix cigarettes tout au plus, tout au long de ma vie, celle-ci sera la onzième. Incapable de supporter plus longtemps la sérénade je m’en vais la fumer à l’extérieur.


J’ai la bougeotte, impossible de rester en place, je m’en vais errer dans les allées du jardin. Tout m’insupporte, le râteau que je jette au loin, le dahlia qui souffre ma colère, mon mégot que je jette rageusement parce que la fumée me brûle la gorge. Mes pas m’amènent insensiblement sous les fenêtres de notre chambre à coucher. Les volets sont descendus, je ne peux rien voir mais l’écho de l’aubade est parfaitement perceptible.


Les variations de timbre, de rythme, sont autant d’indices qui stimulent mon imagination. La reconstitution n’est pas difficile, pas même volontaire, machinale, automatique, je vois mon épouse sur notre lit, emboîtée sur le Noir, ramonée par l’autre. J’essaie de chasser cette image destructrice de mon esprit mais en vain, ma gorge se serre, ma queue me fait mal.


La pulsion, une envie irrépressible, je baisse le futal et prends mon membre en main. La fraîcheur me dispense un soulagement immédiat. J’entreprends de me branler, pas longtemps, je crache assez vite ou plutôt je me vide, car c’est du genre pétard mouillé sans orgasme. La fatigue sans doute.


Vous dire ce qui m’alerte, l’instinct je pense, toujours est-il que je lève les yeux, mon voisin est à l’étage, accoudé à son balcon, en train de m’observer. Pas loin de cinq heures du mat, la lune brille au travers d’une éclaircie, l’homme est hilare, il me fait un signe de la main avant de disparaître. La honte !


C’est mon jour aujourd’hui, je les collectionne.




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Dans la chambre les autres en ont fini. Damien a roulé sur le côté, il semble dormir. Annie est encore affalée sur le Noir, ils sont tous deux immobiles. En deuxième instance, je m’aperçois qu’elle bouge imperceptiblement. Je réalise qu’elle lui mordille l’oreille. Ce n’est pas de nature à dissiper ma mauvaise humeur. Je m’en reviens au salon et m’allonge dans le canapé. Je crois avoir dormi, au moins sommeillé.


Des cris me réveillent. Ils ont remis ça, je le sais. Maso, comme à mon habitude, je me déplace jusqu’à la chambre, elle est à genoux sur le lit en position de levrette, lui est debout au bord du lit, il la pilonne à grande bourrade, comme je l’ai vu faire tantôt près du parc. En dépit du raffut, Damien paraît dormir, en tous les cas il est toujours immobile. Immobile n’est pas le bon mot, plutôt cadavérique, ce qui n’empêche pas ce corps apparemment sans vie de soubresauter au même rythme que le lit, sous l’impulsion des bourrades du Noir. Je m’en reviens vers mon canapé, récupérant au passage des boules Quies, que je me fourre sur le champ dans les conduits auditifs.


Désolé pour le lecteur, j’en ai marre. Marre de tout et je tombe de sommeil. Bonne nuit.




ooo000ooo




C’est ma femme qui me réveille. Elle m’écrase de tout son poids, au demeurant supportable. Elle est encore nue et exhale des remugles de luxure assez désagréables. Je garde les yeux clos et ne dis rien, elle m’embrasse partout sur le visage.



Après un moment de silence.



Nouveau moment de réflexion.



Me croirez-vous quand je vous dis que je suis heureux, heureux de retrouver la routine, heureux de retrouver ma femme même si elle schlingue d’enfer…