n° 15355 | Fiche technique | 24400 caractères | 24400Temps de lecture estimé : 14 mn | 22/12/12 corrigé 11/06/21 |
Résumé: Mélissa, coincée sur son lieu de travail quelques jours avant Noël s'occupe à écrire. Pourquoi pas au Père Noël ? Eh oui, elle ose ! Sylvie l'y encourage. Est-ce une folie de croire que son souhait d'avoir un merveilleux amour-amant ne sera pas exaucé ? | ||||
Critères: campagne travail amour cérébral revede conte délire | ||||
Auteur : Cheminamants (Les pensées nous mènent, là où nos pas imaginent un chemin.) Envoi mini-message |
Je suis là dans mon bureau à écrire sur mon ordi ce qui me passe par la tête et je m’ennuie. Ou plutôt, je suis contrariée. Ça, c’est le minimum !
L’hiver est rude et précoce cette année. À quelques jours de Noël, nous voilà tous coincés par les intempéries. Je précise que sur les hauteurs de Saint-Antonin-Noble-Val, dans le Tarn-et-Garonne, ça glisse et la conduite devient vite dangereuse dans les conditions climatiques extrêmes. En bas, il y a les gorges de l’Aveyron que je rejoins pour parcourir ensuite la quarantaine de kilomètres qui me mènent à Montauban où je bosse. Comme il ne me reste plus aucun RTT à prendre, je n’ai pas d’autre choix que de venir travailler malgré ce temps pourri.
C’est Sylvie, ma collègue et amie qui a trouvé la solution. Hier, elle nous a lancé :
Puis elle s’est tournée vers moi :
Sans hésiter je lui ai répondu :
Puis, au creux de l’oreille, elle me confie :
Je suis donc là, avec mes trois collègues à squatter les locaux de l’agence immobilière pour la nuit, et je suis bien contrariée en songeant à cette fichue batterie.
Le Père Noël ferait bien de penser qu’il n’y a pas que les enfants à satisfaire. Une batterie neuve, pour une jolie dame, ça ne va tout de même pas plomber son traîneau ! Et puis, pendant qu’il y est, il peut aussi penser à ma vie amoureuse. C’est vrai ça, à vingt-huit ans, pas trop moche en petite brunette délurée j’aimerais bien plonger mes yeux dans le regard d’un grand et bel homme… Grand, j’y tiens ! Uhmmmmm…
Il en connaît sûrement des centaines, le vieux monsieur, alors qu’un seul me suffit.
J’ai bien le droit de rêver !
—oooOooo—
Ouiiii… Comme un beau « cadeau à déballer ». Oh ouiiiii… « à déballer »…
Un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, mais… pas trop viiiteee, comme le dit la chanson de Juliette Gréco :
« Déshabillez-moi, déshabillez-moi
Oui, mais pas tout de suite… pas trop vite…
Sachez me convoiter, me désirer, me captiver
Déshabillez-moi, déshabillez-moi… »
J’imagine… Mais laissons-lui ses vêtements pour le moment.
Le Père Noël fera de la place dans son traîneau à l’homme de mes rêves. (sourire : avec ma batterie de voiture sur les genoux !) . Mais pourvu qu’il ne lui mette pas un ruban de bolduc autour du cou ! Un homme, comme belle surprise de Noël, ça oui, mais du respect et de la dignité tout de même ! Ce ne sera pas seulement de la chance et du hasard, car on se sera donné du mal quand même, il faut le reconnaître. Mais oui, mon futur chéri aura lui aussi écrit au Père Noël et nous serons tous les deux gagnants aux castings, encore mieux que sur un site de rencontres !
J’y crois, à la perspicacité du Père Noël.
Les voilà donc tous les deux installés dans le traîneau et mon grand et futur amoureux aura tout juste la place pour ses longues jambes (priorité aux cadeaux !). Ils parleront ensemble, l’un, de la Mère Noël et de son aide précieuse pour les préparatifs et l’autre… de moi ! Il confiera son impatience de me découvrir, de me regarder dans les yeux. Je suis sûre qu’il s’imaginera déjà en face de moi, posant un regard discret sur ma poitrine et rêvant de la blancheur de mes seins puis de la rondeur ferme de mes fesses. Mais il sera assez sage pour se retenir de deviner ce que je cache sur le devant, sous ma robe, dans ma culotte…
Chuuuuut…
Pas la peine qu’il sache que je suis épilée et que mon sexe est d’une extrême douceur sous la main…
Ni que j’aime… tout ça, tout ça…
C’est divin de m’imaginer jouer de mes charmes, surtout que j’ai marqué dans ma lettre au Père Noël, à son intention, quelque chose un peu comme ça :
« Bel et grand inconnu, si vous saviez à quel point j’ai envie de me sentir sexy, ce qui me fait regretter d’être en hiver. Si nous étions aux beaux jours, je pourrais avoir aux pieds mes superbes chaussures noires. Elles sont idéales et je les porte à merveille. Elles cambrent mes jambes bien foutues à donner envie à un coquin de me laisser chaussée en me faisant l’amour… Vous ?
Croyez-moi sur parole, j’en ai de trop rares, mais délicieux souvenirs. Avec des talons de dix centimètres. Hauteur idéale pour vous regarder droit dans les yeux. Je ne veux pas me priver de l’envie de faire la coquette auprès de vous… »
—oooOooo—
Mince, c’est pas juste ! Il y a du bruit pas loin de moi et je reviens à la réalité, installée dans mon bureau en train d’écrire ce à quoi je rêve : Le Père Noël, un amant (tant qu’à faire amoureux, oui, mais avec des « ohhh, que c’est bon ! »)
Pour nous occuper pendant des heures !, une batterie de voiture dans le traîneau ! À mourir de rire ! ou ridicule et minable !… selon les points de vue.
Mais ma vie amoureuse est si vide et c’est misère depuis belle lurette, alors je m’oblige à rester optimiste.
Je veux y croire quand même !
Ce qui est sûr, c’est que je crois à l’amour, même si mon premier essai s’est vu soldé par un divorce. Et je peux résumer ainsi cette histoire d’amour qui n’a duré que quatre ans par : « J’ai eu, je n’ai pas gardé ! ».
Mais pour mon grand bonheur, j’ai ma choupinette de huit ans, mon petit cœur à moi. Cette semaine, elle est chez son père. Quand j’y pense, même à vingt ans, quelle drôle d’idée d’avoir craqué pour cet homme !
Tout le contraire de mon homme idéal…
—oooOooo—
La cata complète ! Sylvie est là ! C’est ma collègue et amie de boulot et ma meilleure amie tout court. Célibataire de vingt-cinq ans et rigolote au possible, elle n’a rien trouvé de mieux que de planter son nez juste au-dessus de ma tête pendant que j’écrivais. Elle s’y connaît en délires et nous en avons vécus, de bonnes rigolades ces dernières années, en femmes célibataires. Toujours là quand ça va et surtout là quand ça va pas, ma Sylvie. Il n’y a pas mieux à espérer comme copine.
Vite fait, ni vu ni connu, j’aurais pu réduire ma page Open Office et faire semblant de…
Car chipie et curieuse, gentiment curieuse, Sylvie ne va pas hésiter une seule seconde à éclater de rire en lisant mes inepties, si je la laisse regarder. Malgré tout ça, à ma grande surprise, je la laisse voir ce que je suis en train d’écrire, et je n’en reviens pas, quand elle me lance :
Sylvie est convaincue que l’idée est bonne et m’en fait part :
—oooOooo—
Dès que Sylvie a tourné les talons, ou plutôt ses petites bottines taille fillette, avec une douce fourrure sur le haut qui ne demande qu’à être caressée, je me suis remise à écrire.
« Cher Père Noël, mon cœur est à prendre et l’amour me manque. Pense à moi si tu rencontres au cours de ta tournée un homme célibataire ou divorcé qui cherche à partager son cœur. Tu as bien compris qu’il doit être hétéro pour me plaire. N’hésite pas à te renseigner auprès de tes connaissances aussi. On ne sait jamais… »
C’est tout ce que j’ai trouvé sur l’instant. C’est une boutade, mais Sylvie a pris cela comme une invitation et elle m’offre un sourire rayonnant, heureuse de cette distraction.
« Je l’espère tellement amoureux, qu’il sera aux petits soins pour moi. Mais j’ai bien vite à lui dire qu’il ne faut pas toujours satisfaire ni écouter les femmes. Si la demande est raisonnable et pour le bonheur des deux, qu’il n’hésite pas alors à me faire plaisir. J’aime les plaisirs, les petits plaisirs tout simples qui font battre le cœur. »
« Tu sais que je suis sensuelle et coquine. Tout à l’heure j’ai évoqué mon plaisir avec les chaussures et les bas. Alors voilà, je l’imagine chevaleresque et tendre, il saura effleurer mes jambes habillées de soie en glissant ses doigts de ma cheville jusqu’à mes genoux qui sont très sensibles. Je lui demanderai de prolonger mon bien-être avec des caresses en petits cercles pour me faire frissonner. »
Sylvie est avide de précision :
« Oui, mais doucement, tout doucement. Et là, pour ne pas écouter mon envie de femme, il devra arrêter. Mon plaisir sera encore plus grand. Il m’offrira son sourire malicieux, et ses yeux charmeurs me feront comprendre qu’il est heureux de me faire patienter. Juste un jeu de séduction et de conquête qui enflamme les corps mais les laisse inassouvis. »
Je donne satisfaction à Sylvie, en continuant :
Je me penche au-dessus de la table et je lui murmure au creux de l’oreille une de mes envies ou un fantasme que je lui propose de vivre avec moi. Je lui souris, je croise mes jambes et relève discrètement et délicatement la dentelle du bas de ma nuisette. Puis lentement je lui dévoile un peu plus mes cuisses. Quand il me dévore des yeux, bien droite, je creuse légèrement mes reins pour attirer son regard sur mes seins qui se redressent fermes et ronds. Je bascule mes épaules en arrière juste ce qu’il faut. Je bouge légèrement, afin que la bretelle de satin glisse jusqu’à mon avant-bras. Tu m’imagines en train de l’aguicher sans que les enfants s’en rendent compte ?
Sylvie est ravie !
Sylvie est entièrement rassurée. Elle constate ma bonne volonté et me le dit :
—oooOooo—
Je suis de nouveau seule devant mon ordi. Et j’ai bien envie de continuer encore un peu. Je pense à ma fille en me demandant comment elle pourra accepter un beau-père. Il faudra bien qu’il l’aime autant que son propre enfant. Je sais bien que mon cœur pour eux deux leur est déjà acquis.
Pendant plus d’une heure les idées me viennent. Et j’écris, j’écris. Tout y passe, comme le baiser torride offert pour le remercier d’avoir appris à nager à ma fille. Moi, j’ai peur de l’eau quand je n’ai pas pied.
Pas de bonheur hors des câlins sans fin du dimanche matin. Les enfants sont bien assez grands pour nous laisser tranquilles, collés devant la télé pendant que nous cocoonons sous les draps.
Et l’amour complice, libre et osé, à faire, à dire, à toucher, à offrir et à recevoir. Partout, sans tabous, avec le respect, toujours le respect.
Dans les escaliers ? Oui ! Prise à la hussarde le dos plaqué contre un arbre en pleine forêt pendant que nos enfants seront en vacances chez l’autre parent ? Oui ! Il y a tant d’essences d’arbres à découvrir… Sous la douche, moi debout penchée en avant ? Oui, bien sûr, car on aura cassé un mur pour agrandir la salle de bain et l’équiper pour notre plaisir.
On trouvera bien une maison avec un petit jardin et une balançoire sans oublier le cabanon pour y ranger nos quatre vélos et la tondeuse. Les rires égailleront les journées et le jet d’eau en pleine chaleur de l’été giclera sur nos tee-shirts légers. Trempés et devenus transparents ils se colleront sur nos peaux. Et après nos jeux sur la pelouse, il nous faudra choisir entre la baignoire à bulles récemment installée, et le bac à douche prévu pour deux, pour nous caresser avec passion. Nous explorerons la moindre parcelle de nos corps et toute la vie à l’intérieur de moi, partout où rentreront ses doigts, sa langue et son sexe.
La boîte à pilules fera partie de notre vie pendant quelques mois, le tout dernier modèle, avant de décider de provoquer la nature et multiplier nos ébats à toute heure jusqu’à ce que mon ventre s’arrondisse. Et je lui demanderai, même là, qu’il me désire encore… Qu’il me désire encore !
« Alors Père Noël, que penses-tu de ma lettre ?
Tu vas t’en inquiéter de ma solitude qui ne pourra disparaître que dans les bras d’un amour-amant ?
Sois sympa, Noël c’est dans quelques jours, alors ne me laisse pas tomber ! »
J’ose, j’ose pas…
Allez, oui ! J’ose !
« Tu trouveras mon adresse sur ma carte de visite, au cas où tu voudrais me prendre au mot.
Merci. »
Signé : Mélissa
« PS : Cherche pour deux, l’homme qui rencontrera mon amie Sylvie sera très heureux avec elle.
S’il te plaît, « grand barbu ». (Ça, c’est de la part de ma copine !) »
—oooOooo—
Je rejoins notre équipe dans la petite cuisine de l’agence immobilière. Sylvie me prend à part pour me demander si ma lettre est finie.
Sylvie est revenue je ne sais pas combien de temps après. Je n’ai pas fait attention, étant trop occupée à profiter de l’apéro avec mes collègues. C’est une équipe sympa. Nous avons partagé toutes les quatre le repas en toute convivialité.
Puis, côte à côte, emballées dans nos duvets, nous avons papoté pendant des heures, Sylvie et moi. Des discussions de filles modernes et malicieuses, chuchotant nos fantasmes de femmes, nos envies de gourmandes.
Courbaturées le lendemain matin, Sylvie est la première levée et s’étire pour émerger.
—oooOooo—
Nous n’en avons plus reparlé et vendredi soir j’ai retrouvé ma fille chérie et nous sommes sorties samedi pour un après-midi ciné. Le week-end est passé si vite. Je ne travaille pas le lundi matin et j’en ai profité pour me reposer. Un petit déjeuner tardif, une douche revigorante, un tour à la boîte aux lettres. J’attrape mon courrier sans le regarder et me voilà partie à la bourre.
Je rejoins l’équipe en début d’après-midi. Eh oui, même le jour du réveillon de Noël, c’est comme ça, je bosse !
Je lis mon courrier dans mon bureau et me précipite la minute d’après, en rage, dans le bureau de Sylvie et lui explose à la figure :
Là, elle écarquille des yeux comme je ne l’ai jamais vu faire. Un régal. Je vois son visage se décomposer au fur et à mesure que je lui montre les « pièces à conviction » :
Sylvie fait la crâneuse, mais il me semble qu’elle rentre dans son fauteuil comme si elle voulait disparaître. Alors en lui faisant croire que je ne décolère pas, je rajoute :
Puis je rajoute, triomphale :
Nous éclatons de rire toutes les deux en même temps.