Une Histoire sur http://revebebe.free.fr/
n° 15419Fiche technique150157 caractères150157
Temps de lecture estimé : 86 mn
25/01/13
corrigé 10/06/21
Résumé:  Qu'y a-t-il au bout d'une graine de folie ? Un peu plus nue, un peu plus vue, Claire cherche toujours son centre de gravité, le coeur de son système solaire. Heureusement Val est toujours là pour elle.
Critères:  ff fépilée plage caférestau exhib nudisme lingerie fmast intermast cunnilingu mélo -consoler -mastf
Auteur : Claire Obscure  (claireobscure)

Série : Voir plus Claire

Chapitre 02 / 02
L'escalier d'Escher

Résumé de l’épisode précédent :


Orpheline, larguée par mon petit ami, j’ai tenté de me suicider.


Sauvée je ne sais comment, je retrouve une forme de but dans ma vie quelques mois plus tard.

Je découvre l’orgasme, nue, la nuit, dans les couloirs de mon immeuble. Incapable de patienter, je réitère l’expérience dans les toilettes de la fac, heureusement sans être vue ! J’ai également obtenu un nouveau boulot, compatible avec ma nouvelle addiction : « testeuse » de nouveaux modèles de lingerie. Madame Delvoix, qui ne se rend compte de rien, m’a ainsi permis de déambuler nue dans sa boutique entre deux essayages !


Mais, trop confiante sans doute après toutes ces expériences réussies, j’ai été surprise sans jupe et sans culotte par une amie, Valérie. Loin d’être choquée, celle-ci m’a prouvé, par l’exemple, qu’elle aussi appréciait le nudisme « en ville ». Emportées par l’excitation du moment, nous avons fait l’amour.


Je suis effrayée… non : paniquée, à l’idée d’être de nouveau abandonnée. Je préfère rompre avant de souffrir, mais je crois alors comprendre que Valérie n’est pas étrangère à mon sauvetage.


Je suis perdue.








Jeudi 6 avril 2012



J’ai repris une vie normale depuis mercredi. Je n’arrive plus à me déshabiller ailleurs que dans ma chambre ou ma salle de bains. Je m’enfonce.

Valérie, que dois-je faire ?

Je ne l’ai plus revue depuis qu’elle est partie de chez moi. Elle avait dit qu’elle serait toujours là. Mais je la comprends. C’est moi que je ne comprends pas.


Je me couche ; je ne sais pas si j’arriverai à me relever. Un espoir peut-être ? Je n’ai toujours pas remis de culotte. Mais cela ne me fait plus rien. Presque rien.



—ooOoo—



Vendredi 7 avril 2012



10 h du matin. Je ne me suis pas levée. Je devrais être à la fac depuis 8 h.

Tant pis.

La sonnerie du portable m’indique que j’ai reçu un message.

Heureusement que le portable est sur la table de nuit : je n’aurais pas eu la volonté d’aller le chercher.


Le message est de Valérie :


Tu veux pas lever tes grosses fesses ? <mode menace on> Si G pas de news de toi ds 5 min., je débarque com ça ds chez toi depuis la fac <mode menace off> Val. PS : les news ont intérêt à être bonnes !


Mais euh… Je n’ai pas des grosses fesses ! Peu importe ; j’appuie sur « suite » pour faire apparaître la photo qui accompagne le message : c’est Valérie, debout, appuyée contre un lavabo et dos à un miroir, complètement nue ; mais elle me cache son pubis de sa main libre. Je reconnais les lieux : ce sont les toilettes de la fac.


Mais elle est folle ! Il y a du passage sans arrêt dans ces toilettes ! Elle va se faire virer, voire foutre en prison ! Et ce sera ma faute !

Je me lève aussitôt, comme piquée par une abeille. Des bonnes nouvelles, il faut que je lui donne des bonnes nouvelles ! J’enlève mon pyjama. Mais une photo de moi dans ma chambre, ça ne suffira pas à la rassurer. Je me rallonge, j’essaie de prendre une pose érotique avec une jambe qui cache à moitié mon sexe et un bras devant mes seins. Je cadre comme je peux l’objectif avec mes mains tremblantes et appuie sur le bouton de prise de photos. Je vérifie le résultat. Hum, on dira que c’était un sourire énigmatique. La pose… Ouais, faut aimer les genoux (surtout le gauche) en gros plan et de profil.


J’envoie la photo à Valérie avec ce message :


<mode menace on> Retire tes menaces et ta main, sinon c’est la dernière fois que tu vois mes poils. <mode menace off>


La réponse arrive à peine quelques secondes plus tard :


Et si j’obéis ?


Mon SMS était déjà prêt :


C’est aussi la dernière fois que tu vois ces poils.


Cette fois-ci, la réponse tarde un peu plus :


Pas sûre de comprendre.


Un demi-mensonge qui me sera vite pardonné, j’en suis certaine :


RDV esthéticienne tt à l’heure !!!! :-) !!!!


Je veux la preuve d’ici 12 h.


Suit une nouvelle photo de Valérie, certes pas dans le lieu le plus érotique qui soit (une cabine de toilettes) ; elle est bien sûr toujours nue, mais cette fois-ci seul un doigt cache son sexe. Enfin, juste sa fente. Je peux ainsi regarder tout à loisir son pubis tout lisse. Je transfère ses photos vers mon mail pour pouvoir les admirer plus tard dans un format plus agréable.

Je sens de nouveau cette chaleur en moi ! Histoire de prouver que je suis une fille simple à comprendre, maintenant, c’est m’habiller qui me pose problème.

Je parviens malgré tout à enfiler une robe, mais pas celle de ma trahison : je l’ai abandonnée dans les escaliers ou le hall d’entrée, je ne sais plus. J’ajoute des chaussures et l’inévitable manteau, tant qu’il ne fait pas plus chaud, et je suis prête à affronter le monde.


Juste avant de passer devant le miroir de l’entrée de mon appartement, je m’arrête. J’allais oublier ma promesse ! Je me déshabille donc de nouveau, envoie un baiser à mon reflet. « T’as vu ça ? lui dis-je en pointant de l’index les poils de mon pubis. Profite : c’est la dernière fois. »


[…]


Me voilà nue et allongée, attendant l’esthéticienne. J’ai eu de la chance (enfin, un vendredi matin à 10 h 30, y a pas foule non plus) et obtenu tout de suite un rendez-vous.

Mmmh. L’esthéticienne va peut-être se demander pourquoi je n’ai pas de soutif. Je lui dirai que je veux qu’elle me fasse aussi les aisselles et que c’est pour ne pas risquer de le tacher. Mouais, ça vaut ce que ça vaut… Je place mes mains en coupe sur mes seins. On a sa pudeur.

Je profite de ces derniers instants de solitude pour regarder mon corps. J’imagine déjà les caresses de Val sur mes seins, ses bisous sur mon nombril, sa langue sur mon clitoris enfin délivré de sa prison de poils. Val… Je t’adore !


[…]


« AÏÏÏÏÏÏE ! OUILLLLLLLE !

Val ! Je te déteste !

SNIF ! MAIS AÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏE !

Faut dire merci et payer en plus, à la fin ? Quoi ? Il en reste encore un peu, là ? NOOOOON ! »


[…]


OUI ! OUI ! OUI ! Oh, que c’est doux. Beau ? Je ne sais pas, il faut que je m’habitue. Vue de dessus, ça me fait bizarre ; et puis c’est encore tout rouge. Une petite photo, peut-être ? L’esthéticienne m’a laissée récupérer, seule. Clic. Avant d’envoyer la photo à Valérie, je vérifie le résultat : c’est pas mal, pas mal du tout. Tout en tapotant sur le portable, je ne peux m’empêcher de me caresser, même si c’est encore douloureux par endroits.


« C’est super doux, je n’arrête pas de me toucher ! Mais comme tu as été méchante avec moi ce matin avec tes menaces, tu devras te faire pardonner pour juste avoir une photo. »


Oh, que je suis sadique ! En plus, à cette heure-ci, Val doit être en plein cours. À regret, j’enfile de nouveau ma robe et vais payer la séance. Devant l’esthéticienne à la caisse, je fouille mon sac à la recherche de ma carte bleue. Je tombe sur l’enveloppe que m’avait donnée madame Delvoix en début de semaine. Il y a peut-être assez ?


OUCH ! Ah oui, il y a assez. Plus qu’assez.



Je lui tends quelques billets pris dans l’enveloppe. Je baragouine un « Au revoir et merci » et m’en vais. Je suis vraiment gênée par la somme que m’a offerte Madame Delvoix. L’équivalent d’une semaine du salaire qu’elle me versait cet été. Il faudra que je lui en parle demain. Là, faut que j’aille au restau U ; avec un peu de chance et beaucoup de recherches, je pourrais tomber sur Valérie.


[…]


J’arrive à la fac avant la fin de son cours. C’est donc joyeuse, trépignante et sautillante – pas trop, quand même : je n’ai pas envie d’offrir ma « nouvelle coupe » au premier binoclard venu – que j’attends Valérie devant la sortie de son amphi.


12 heures moins une : je me prends en photo (presque toute habillée, pour une fois !) devant la plaque portant le nom de son amphi, tenant à la main le ticket de caisse de l’institut de beauté. Message bref :


« La preuve en image ! »


Valérie est dans les toutes premières à sortir. Elle a l’air heureux ! Petit moment de gêne ; comment nous dire bonjour ? Une bise ? Ridicule. Un baiser ? Non, pas encore, pas ici, pas comme ça. Je la serre fort dans mes bras. Je respire l’odeur de ses cheveux, je sens son parfum dans son cou. Elle me rend mon étreinte et me murmure à l’oreille :



Je lui donne le ticket, ce qui est hélas le signal qu’il faut nous séparer. Je l’observe ; non : je la dévore des yeux pendant qu’elle lit. Je suis les lignes de ses sourcils finement taillés ; la courbe de son nez légèrement retroussé m’amène à ses lèvres, pas très pulpeuses, mais si douces… Je descends le regard sur son cou, puis sur sa poitrine. Ah, aujourd’hui elle porte un pull. Le col en V révèle un triangle de peau bien trop petit à mon goût.



La foule des étudiants qui sort de l’amphi coule autour de nous, comme un fleuve aveugle au rocher que nous formons. J’hésite un instant ; je pourrais tout à fait saisir sa main et la glisser sous ma jupe. En me rapprochant d’elle et en faisant assez vite, cela passerait sans doute inaperçu. Non : cela ne va pas avec le plan que j’ai mûri pendant le trajet.



Je m’arrête. À voir son visage qui se ferme, son regard et sa bouche, mes propos lui font mal.



Valérie semble rassurée :



Je prends ses mains dans les miennes et les serre très fort.



[…]


Si ventre affamé n’a pas d’oreilles, je suis sûre aussi qu’on dit moins de bêtises le ventre plein.


Nous avons trouvé un coin assez tranquille dans la cantine : une table contre la baie vitrée, assez éloignée des autres groupes pour ne pas être entendues.

D’un commun accord, nous n’avons abordé aucun sujet sérieux pendant le repas. Il faut que je me lance maintenant. Je cherche mes mots en contemplant les arbres du campus. Du coin de l’œil, je vois que Val attend patiemment que je commence.



Je déglutis péniblement ; c’est pas facile, tout ça.



Le regard de Valérie semble me transpercer, mais elle fait « non » de la tête. Cela ne lui paraît donc pas bizarre de vouloir se foutre à poil tout le temps. D’un autre côté, elle fait pareil ; alors, hein ! Elle ne dit toujours rien. Je reprends donc.



Je regarde Val dans les yeux, en quête d’une compréhension que je crois impossible ; en tout cas, j’y lis de la compassion. Pas de pitié, non : ça, je ne le supporterais pas ; mais il n’y en a pas l’ombre d’une trace. Rien que pour ça, Val, je t’adore.



Des larmes apparaissent au coin des yeux de Val… Merde, je fais pareil.



Je ne regarde plus Val ; j’ai baissé les yeux, mais pas pour cacher mes larmes : elles coulent beaucoup trop pour ça.



Je renifle bruyamment, à la recherche d’un mouchoir. C’est elle qui me le tend.



Val semble accuser le coup. Elle ne trouve pas de mots pour me réconforter. C’est peut-être à moi de le faire.



Je m’arrête ; j’ai pas terminé ma phrase ; je ne sais pas comment dire ce que j’ai sur le cœur. Je préfère être sincère :



Ses mots… ça me chauffe partout.



On a retrouvé le sourire, même si c’est un peu forcé et qu’on sait toutes les deux que c’est assez artificiel.



Nos sourires ne sont plus du tout contraints, maintenant.



Je savoure ma petite victoire. Val sent bien qu’elle n’en tirera pas plus de moi pour l’instant ; et quelque part, je vois bien dans son œil qui pétille qu’elle est heureuse de ce petit mystère et impatiente de découvrir ma surprise.



Je m’exclame alors, à la façon d’un « eurêka » :



Pas facile d’amener le truc. Sa réponse est capitale pour moi, mais je ne veux pas casser notre petite période de bonheur naissant. Pourtant, il faut que ce soit fait, que j’aie la confirmation.



Val expire un grand coup.



Pendant qu’elle parlait, elle a sorti plusieurs pages manuscrites de la poche de son blouson, bien pliées contre son cœur.



Je commence la lecture de sa lettre. Son écriture est petite, toute serrée, comme si elle essayait de caser le maximum de mots dans le minimum de place.

Je n’émets pas le moindre commentaire, ni même le moindre murmure car je vois que Valérie n’ose même plus me regarder. Elle a les yeux baissés, mais je les devine rouges de retenir des larmes.


Les premiers paragraphes me font mal, ravivent en moi de très douloureux souvenirs enfouis depuis des années. Je ne peux réprimer un hoquet en attaquant la deuxième page. Valérie tressaille. C’est moi qui vais pleurer si je continue à lire… Une larme, puis une autre tombent sur cette première feuille. Je les essuie comme je peux. Cette lettre, je veux la conserver intacte. Quatrième page. Je veux crier « Oh non ! » mais je me retiens au dernier moment : je ne sais pas comment ma Val, qui a l’air si fragile en cet instant, le prendrait. Dernière feuille, derniers mots ; soulagement, bonheur.


Je ne sais pas combien de temps ça a duré. Interrompre ma lecture du récit de ma Val ? Jamais je n’aurais pu. Mais là, je ne tiens plus. Je ne dis rien ; je me lève, saisis son menton dans ma main pour la forcer à me regarder dans les yeux, et je plonge ma langue dans sa bouche.

Je me fous des applaudissements et des sifflets des mecs dans notre dos car Val me rend au centuple mon baiser. Je me sépare d’elle avec beaucoup de difficultés.



Val commence à comprendre mon jeu :



Valérie m’accompagne jusqu’à mon amphi. Timidement, je lui prends la main.


[…]


Claire, je sais qu’un jour tu me demanderas de te raconter ce qu’il s’est passé le 24 décembre. Parce que tu finiras par comprendre que j’ai joué un rôle et que je t’ai caché beaucoup de choses. J’espère que tu me pardonneras. J’ai toujours voulu bien faire, mais je n’ai pas toujours su gérer des situations où j’étais totalement dépassée par les événements.


Je ne vais pas commencer au 24 décembre de l’année dernière, mais exactement trois ans avant. Quand nous étions au lycée. On se connaissait à peine. On n’était pas dans la même classe de seconde.

J’ai entendu parler vraiment de toi après les vacances de Noël. Tu étais la seule survivante de toute ta famille. De ce que disaient les journaux à l’époque, tout le chalet où tes parents, ta petite sœur, tes grands-parents et toi étaient a été détruit par une avalanche. Et, toi tu t’en es sortie, juste avec une hypothermie.


Tu étais un peu une légende au bahut, du coup. Moi, je m’en foutais de ça. Je comprenais pas comment tu tenais psychologiquement. En plus, tu as dû te battre pour obtenir ton émancipation. Tu as fini par partir de la ville pour t’installer ici et aller dans un autre bahut. Je connais pas trop les détails de cette époque. Mais j’étais malheureuse de ne rien pouvoir faire pour t’aider. J’étais conne ; j’aurais au moins pu te tendre la main. Il aurait fallu briser ta carapace ; j’aurais dû essayer, au moins. Je m’en suis toujours voulu.


Ensuite, deux ans plus tard, je suis arrivée ici aussi, dans la même fac que toi. Tu avais trouvé un job d’été et un copain. Je t’ai laissée à ta nouvelle vie. J’aurais été… de trop. Un mauvais souvenir, sans doute.


J’ai trouvé du réconfort dans les bras de Pierre. Mais ça n’a pas duré. Je l’ai viré. Toi, tu avais l’air presque heureux. En apparence, en tout cas. Puis ce connard t’a larguée. Juste avant Noël. Tu as semblé tenir le coup. Mais j’étais inquiète.


J’ai dû retourner chez mes parents pour les vacances. Je suis revenue le 24 décembre en catastrophe ; j’aurais dû me douter que cette date était atroce pour toi. J’aurais dû… beaucoup de choses.

J’ai sonné à ton interphone ; tu ne répondais pas. Il y avait de la lumière pourtant chez toi. J’ai réussi à entrer grâce à un voisin. J’ai trouvé la porte de ton appartement entrouverte.

Et puis toi, dans ton bain. L’eau était rouge autour de tes poignets et il y avait des boîtes de médocs dans le lavabo.

Je pleurais et criais ton nom. J’ai enroulé des serviettes autour de tes poignets ; tu respirais presque plus. Mais tu respirais. J’ai appelé les secours. Quand ils sont arrivés, je te tenais dans mes bras, j’essayais de te réchauffer comme je pouvais ; j’osais pas aller chercher des vêtements, je pouvais pas te laisser une seule seconde. Je voulais pas que tu meures seule.


Heureusement, tu devais être déjà complètement partie avec les médocs quand tu as essayé de te trancher les veines : tu avais à peine entaillé la peau. J’ai aussi longtemps réfléchi à la porte que tu avais laissée ouverte. Je me suis dit que, quelque part, tu voulais bien revivre si quelqu’un venait enfin te chercher.


Je passe sur les premières heures d’angoisse à l’hôpital. Oh, ils t’ont sauvée très vite. Les médocs n’avaient presque pas diffusé dans le sang ni flingué ton estomac. Mais tu restais dans une sorte de coma. Tu ne voulais pas revenir, je crois. Alors je suis restée près de toi. Toute la nuit je t’ai parlé. Et tout le matin aussi. Je sais pas ce que je racontais, je voulais juste que tu sois pas seule dans ta tête.


J’ai fini par m’endormir après le repas de midi qu’une infirmière m’avait gentiment apporté. C’était la seule sympa avec moi dans le service, d’ailleurs. Quand t’es pas de la famille, t’es de la merde, dans ces cas-là. Enfin, c’est ce que j’ai ressenti. Je sais, je suis dure avec ceux qui t’ont sauvé la vie.


Et puis, dans l’après-midi, tu m’as réveillée. Tu gémissais. J’ai d’abord cru que tu souffrais. En fait, tu remuais dans tous les sens ; on aurait dit que tu te battais comme si tu étouffais, et puis tu as arraché ta blouse. Tu as donné des grands coups de pieds pour virer le drap. Je savais pas quoi faire ; j’étais debout à côté de toi, complètement inutile. J’aurais au moins pu appuyer sur le bouton d’alerte. Mais non, rien. Tu t’es calmée dès que tu as été nue. Et… tu as commencé à te masturber. Là, dans ton inconscience, tu te donnais tu plaisir. Je t’ai regardée. Tu étais si belle. Et tu avais l’air si heureux. Et tu as joui : je l’ai bien vu aux contractions de tout ton corps. Ton visage rayonnait de bonheur.

Un infirmier est entré ; il m’a engueulée pendant qu’il te rhabillait en hâte. J’ai à peine pu lui expliquer ce qu’il s’était passé ; il m’a pas crue, je crois. Les choses ne se sont pas améliorées pour moi, ensuite. Et ils ont fini par me virer et m’interdire de revenir. Mais plusieurs fois par jour, tu te mettais nue et tu te caressais. Parfois sans jouir ; tu te donnais juste un peu de bonheur, pour toi, rien que pour toi. Et moi je pensais que tu avais bien raison de profiter de ton état pour te reconstituer cette petite réserve de joie.


Après qu’ils m’aient virée, ça a été dur d’obtenir de tes nouvelles. Ils ont fini par te laisser sortir, mais j’avais pas trop de moyens de savoir comment tu allais. Je n’osais pas venir te voir. J’étais liée à deux malheurs qui t’étaient arrivés ; je craignais de te refaire plonger. Tu as parlé à personne de ta tentative de suicide : je ne voulais pas être celle qui te remettrait le nez dedans. Encore une fois je t’ai abandonnée, alors que toi… tu m’avais transformée.

J’ai passé des nuits à te revoir, nue, en train de te caresser sans aucune retenue. Ma décision a été vite prise : je voulais un jour être capable de te donner autant de plaisir pour que tu puisses retrouver le sourire que tu avais dans le coma ; mais cette fois-ci de façon consciente.


J’ai continué à t’observer ; à te surveiller, je devrais dire. J’avais très peur que tu rechutes. Et je savais pas comment te protéger. J’ai pas fait psycho, j’ai pas fait médecine, mais je sentais au fond de moi que la solution pour toi, elle était dans cette nudité insolente et complètement libérée que tu m’avais exposée. Il fallait que je te comprenne mieux pour pouvoir vraiment t’aider un jour. Alors, j’ai fait comme toi. Je me suis masturbée de plus en plus souvent, toujours en rêvant de toi.

Mais ça me suffisait pas, alors je me suis faite épiler intégralement. J’imaginais que c’était toi qui me passais la cire, que c’étaient tes mains sur mon sexe.


Enfin, il y a eu lundi. Je me sentais prête pour te parler un peu plus, essayer de me rapprocher de toi. Je t’ai vue descendre du bus, mais je n’ai pas réussi à te rattraper avant que tu entres dans les toilettes. Je suis restée à l’extérieur ; mais j’ai commencé à m’inquiéter car tu y restais longtemps. J’ai eu peur que tu fasses une bêtise. J’ai poussé la porte et… j’ai vu tes petites fesses toutes nues le temps d’un éclair. Mais quel éclair ! J’avais raison ! J’avais raison ! J’arrêtais pas de me le répéter. Je me suis installée dans les toilettes à côté des tiennes.


Je voyais tes vêtements à tes pieds nus. Je t’ai vue remettre ton jean alors que ta culotte était toujours par terre. J’étais à côté de toi, à un moment où tu étais sans doute heureuse ; j’avais l’impression de partager cet instant avec toi.


Je t’ai revue le soir, au bus. Et j’ai tout de suite vu que tu n’avais plus de pantalon. Je t’assure que je croyais que tu t’étais changée pour une jupe. Pourtant, avec ce que tu avais fait le matin, j’aurais dû m’en douter. Mais c’est parce que je savais que tu n’avais pas de culotte que j’ai cru que tu t’étais changée pour être plus à l’aise. J’ai pas insisté, car vu la longueur de ton manteau, je me suis dit que la jupe devait être micro et que tu craignais que je voie que t’avais pas de culotte. Bon sang, ce que j’ai fantasmé là-dessus toute la soirée… Quand je t’ai vue dans la même tenue le lendemain, je suis devenue folle de désir. J’ai ouvert ton manteau ; je pensais vraiment voir une micro-jupe et, avec de la chance – vu que moi j’étais assise et toi debout – en voir un peu plus. C’était idiot et irrespectueux au possible de ma part. Après, quand je t’ai vue complètement paralysée, il fallait que je te sorte de là. J’ai cru que je t’avais brisée. Je me serais foutue des baffes. Il fallait que je te prouve que t’étais normale, que ce que tu faisais était bien et bon. Alors je t’ai rendu ce que tu m’avais donné à l’hôpital, et j’ai poussé la chance un peu plus loin en te demandant de te déshabiller devant moi. Et là, tu m’as de nouveau prouvé que j’avais saisi ce qu’il y avait de plus profond en toi. Tu m’as fait le plus beau des cadeaux quand tu t’es faite jouir en me regardant. La suite, tu la connais : nous l’avons vécue ensemble et ce furent des heures merveilleuses.



—ooOoo—



Vendredi 7 avril 2012 - vers 17 heures



J’ai terminé de relire – pour la quatrième fois – la lettre de Val.

Avant de me préparer pour la soirée, que j’espère inoubliable, je rends une petite visite à Madame Delvoix dans sa boutique. Elle a l’air d’excellente humeur, vraiment d’excellente humeur. « Tiens, elle aussi, elle est sur son petit nuage. » Je suis heureuse pour elle. Après les civilités d’usage, j’en viens au cœur de mon problème :



Madame Delvoix a l’air à la fois rassuré que je ne veuille pas renoncer à tester ses modèles, mais également bouleversé, comme si elle avait commis un impair impardonnable. Le changement par rapport à son humeur quand je suis arrivée est saisissant ; j’en reste comme deux ronds de flan.



Elle change brutalement de ton et son visage se fait dur :



Je rougis de gêne, et un peu de honte de m’être ainsi fait rabrouer sur une question que je juge purement sémantique.



J’ai l’impression d’assister à un match de tennis de table ; mais du point de vue de la balle.



C’est de la folie ! Et pas juste un grain. Mais qu’est-ce qu’elle a, aujourd’hui ? Je préfère ne plus insister. De toute façon, négocier quand on n’est pas capable d’aligner deux mots de plus d’une syllabe, c’est pas la peine. Je n’en reviens pas de ma chance : je pensais que madame Delvoix s’était trompée en mettant l’argent dans l’enveloppe ! Je voulais lui proposer de le lui rendre, éventuellement en échange de la possibilité de remplacer l’ensemble rouge que j’avais choisi en début de semaine contre quelque chose de plus adapté à mes idées pour ma soirée avec Valérie.


Le rayon Chloé est particulièrement fourni ! Madame Delvoix doit y passer ses week-ends et ses nuits ! Il y a au moins vingt modèles différents, dans la plupart des tailles « classiques ».

Je trouve très rapidement mon bonheur : un bustier noir agrémenté de deux fleurs de lys argentées sur les panneaux. Il peut tout à fait passer pour un « dessus » plutôt que pour un « dessous ». C’est sexy et chic, à mon goût. J’aurai les épaules délicieusement nues, et en me penchant en avant, avec un peu chance, je pourrai offrir un peu de spectacle à Valérie dès le début de la soirée. Le bustier est accompagné d’un string ; mais je crois que celui-ci restera à la maison, ce soir !

Je vérifie combien il me reste dans l’enveloppe. Je cherche alors un cadeau à offrir à Valérie. Les étiquettes de prix sont effectivement… intéressantes.


Je me souviens qu’en début de semaine, Val n’avait pas hésité à laisser deviner son soutien-gorge sous son débardeur. Elle n’aura sans doute pas trop de scrupules à jouer avec un peu plus de transparence que moi. Hélas, le seul modèle qui pourrait correspondre à mon objectif pour le haut est un body, mais c’est à l’opposé de mon espoir pour le bas. J’opte pour une nuisette en soie, couleur bleu marine. Sa coupe, ses bretelles et son décolleté en V assez sage peuvent la faire passer pour une robe.

Il ne me reste plus qu’à essayer le bustier. Pour la nuisette, je la pose juste devant moi en essayant de m’imaginer plus petite de quelques centimètres. Mmhh. Elle serait parfaitement indécente sur moi car elle m’arriverait juste en-dessous des fesses ; mais Valérie sera délicieusement parfaite.


Bon, direction la cabine ! Je repense alors à la phrase de Madame Delvoix : « Enfin, seulement si tu en as besoin ; je ne veux pas te forcer. » J’y vois soudain un double sens qui m’avait totalement échappé. Non. Non, elle n’a pas voulu dire ça ? Elle aurait vu mon manège l’autre jour ?

Circonspecte, j’entre dans la cabine et tire le rideau. Je commence à me déshabiller ; l’absence de dessous me fait gagner du temps !


Madame Delvoix, de l’autre côté du rideau, me demande :



Double sens ?



Moi aussi je peux jouer à ça !



J’essaye de lacer le bustier, mais je m’essouffle vite sans arriver à quoi que ce soit de concret. Tentons une expérience. Là, je suis complètement nue, avec juste le bustier ouvert plaqué contre ma poitrine et mon ventre. Je le repose et enfile le string. Je me saisis de nouveau du bustier et le tiens tout contre moi d’une seule main. De l’autre, j’ouvre le rideau. Comme je le pensais, madame Delvoix n’est plus juste derrière ; elle est retournée au comptoir et me tourne le dos.


Il n’y a personne d’autre dans la boutique. Je sors de la cabine, sans pour autant m’avancer.

D’une petite voix, à peine feinte, j’appelle :



Je scrute attentivement son visage. Elle a un petit sursaut en voyant ma tenue, mais c’est bien un sourire furtif qui apparaît sur ses lèvres. Mer… credi ! J’avais vu juste. Ouh la la…



Et c’est au pas de course qu’elle s’approche de moi.



Bingo : une fois de plus, elle ne me demande même pas de retourner dans la cabine.

En un tournemain, elle m’attache le bustier. Ses mains plongent alors dans mon décolleté et me remontent les seins. Le geste était extrêmement bref et… professionnel ? J’en suis tout de même tout électrisée.



Je note l’utilisation du mot « personne », terme étrangement asexué. Que sait-elle ? Je repense à la lettre de Val, et surtout aux propos qu’elle m’a tenus avant de me la donner. Je suis interrompue dans mes réflexions :



En me disant cela, elle me pousse vers les miroirs situés dans la cabine. Nous pouvons ainsi toutes les deux m’admirer. Je n’ai pas d’autre mot pour qualifier nos regards sur mes reflets.



De quoi parle-t-elle encore ? Ah ! Son regard est fixé sur mon entrejambe. Ouh la la : encore ! J’avais complètement oublié que certains de ses modèles étaient particulièrement transparents. Quand elle va me découvrir en version « petite fille » que va-t-elle penser ? Je rougis.



Je ne comprends pas la dernière référence. Devant mon air interdit, elle ajoute :



J’explose de rire en comprenant l’expression et son origine. Je porte aussitôt la main à la bouche.



J’opine de la tête.



Et c’est reparti !

Je rentre dans le jeu :



Je profite de l’occasion :



En disant cela, elle a le regard qui pétille. Je n’ai peut-être pas beaucoup d’imagination, mais je comprends aussitôt qu’elle n’a pas prévu de terminer seule sa soirée elle non plus.



Elle repart vers son comptoir en chantonnant. Je ne sais pas ce qu’elle espère pour demain ni ce qu’elle va faire ce soir, mais je souhaite silencieusement à cette femme merveilleuse d’avoir tout ce qu’elle mérite. Je réalise qu’en quelques jours je suis passée d’une solitude quasi désespérée à une solitude joyeuse ; et aujourd’hui, j’ai deux personnes qui semblent tenir énormément à moi. Deux amies. Non : Val est déjà bien plus que cela, et Mad… Chloé (même dans ma tête, c’est encore difficile), c’est autre chose. Une grande sœur, peut-être ? Penser cela ravive le douloureux souvenir de ma petite sœur. Non, je n’ai pas le droit d’être triste ce soir. Après avoir payé une somme que je juge un peu ridicule, je quitte la boutique sur un « À très bientôt, Chloé ! » que j’essaie de rendre le plus gai possible. C’est sur le trottoir que les mots que je cherchais pour décrire Chloé et Valérie frappent mon esprit : « anges-gardiennes ». Oui, chacune à leur façon, depuis trois ans ou un an, sont là pour moi, sans que je le sache, et sans que je les aie jamais remerciées.


Je fais demi-tour et cours dans la boutique. Je passe derrière le comptoir et serre très fort dans mes bras une Chloé éberluée. J’enfouis mon cou dans son épaule et je lui dis :



Elle me rend timidement mon étreinte, puis me caresse doucement les cheveux. Elle a quelques trémolos dans la voix :



Chloé est plus grande que moi, et porte comme souvent des talons hauts. Je relève en souriant la tête vers elle :



Elle me plaque deux bisous sur les joues ; ses yeux brillent.



—ooOoo—



Vendredi 7 avril 2012 - 19 heures



Je ne suis pas en retard ! Il est trop difficile de se faire attendre quand le désir est aussi fort !

Je sonne à l’interphone. Val répond aussitôt ; elle devait être collée à son combiné.



Je me sentirais presque vexée si je n’avais pas la joie de lui avoir enlevé un nouveau point.


J’appuie sur le bouton de l’ascenseur. L’affichage numérique m’indique qu’il est justement au quatrième. En l’attendant, je contrôle une nouvelle fois tout ce que j’ai préparé à la façon d’une check-list :

Petit cadeau polisson ? OK ! Manteau : OK ; bustier : OK ; seins toujours bien positionnés ? Check ! Jupe ? OK ! String ? On a un problème, Houston !

Et après, y en a qui disent que j’ai pas d’humour… Je leur apprendrai, tiens ! J’en suis là de mon soliloque fébrile quand les portes de l’ascenseur s’ouvrent.

Val est en face de moi, l’index sur la bouche, la tête légèrement penchée sur le côté. D’une voix de petite fille, elle me dit :



Elle m’attrape par les épaules et me fait entrer dans l’ascenseur ; son coude a déjà appuyé sur le bouton. Je sais pas si c’est sur le bon étage. M’en fous. La porte se referme. Je n’ai pas eu assez de temps pour admirer son corps que Valérie me dévore la bouche ; ses mains sont dans mes cheveux, sur ma nuque, sur mes fesses, sur mes seins. Je subis avec joie chacun de ses assauts ; je ne respire plus : je ne respire qu’elle. Mes mains veulent se poser sur son corps offert, mais l’ascenseur ralentit. Valérie attrape ma main droite, la glisse entre ses cuisses. Je sens une ficelle. Merde ! Soirée Tampax ? Ça tombe mal. Elle entoure la ficelle autour de deux de mes doigts et me fait tirer d’un coup sec. Valérie pousse un petit cri de plaisir et referme ma main sur… mais oui : ce sont des boules de geisha. Je n’en avais jamais vues « en vrai ». Je n’ai d’ailleurs pas trop le temps de les détailler ; Val en a mis une dans sa bouche et pousse l’autre dans la mienne. Plaisir de retrouver son goût de femme sur ma langue, mais le contact « plastique » m’émeut bien moins que mes cunnis, certes encore approximatifs, de mardi.


Elle sort à reculons de l’ascenseur, me tirant par ce lien original. La démarche n’est pas aisée et contrarie mes efforts pour contempler sa nudité. Nous arrivons à son appartement. Valérie nous retire les boules.



J’ai le visage à hauteur de son pubis ; je saisis ses fesses dans mes mains. Valérie résiste :



Je ne dis rien et commence à lui lécher le pubis, à aspirer son clitoris. Je le fais rouler sur ma langue. Encore et encore.



J’introduis ma langue dans sa fente. Mes mains sont toujours sur ses fesses. Je me laisse guider par l’instinct ; mon majeur pénètre son antre bien préparé par les boules de geisha. Je le fais entrer, sortir à plusieurs reprises. Valérie murmure son contentement. Mon doigt est bien lubrifié à présent ; je le fais tourner sur son anus. Je le sens qui se contracte puis se détend. Ma langue se presse de nouveau contre son clitoris, et alors que Val pousse un petit cri, mon doigt s’enfonce en elle. J’ai déjà récupéré à tâtons les boules de geisha de ma main libre. Je les insère d’un coup dans son vagin. Ma bouche s’assure qu’elles sont parfaitement entrées, et j’avale ses lèvres intimes. Avec mes dents, je tire sur la corde puis attrape la première boule qui sort. J’alterne les entrées et sorties de la deuxième boule, toujours avec la première entre mes dents. L’angle d’attaque n’est pas évident et il a le malheur d’accentuer les frottements sur le clitoris de ma belle. Enfin, elle ne se plaint pas.


Mon doigt continue à s’agiter dans le cul de ma chérie. Lui aussi entre et sort, en phase avec la boule. Je la sens au travers de la paroi qui sépare l’anus du vagin. J’insère un deuxième doigt et appuie fortement contre cette paroi à chaque fois que frotte la boule contre le bord opposé. Valérie jouit : je sens les contractions de son vagin et de son anus sur mes doigts. Je les retire pour pouvoir soutenir à deux mains Val qui manque de tomber. Je me relève ; nous nous embrassons. Elle plonge ses doigts dans sa chatte et les ramène, luisants de cyprine, à nos visages. Alors que nos langues se mêlent, ses doigts les rejoignent ; nous les suçons avidement.

L’autre main de Valérie glisse sous ma jupe, à la recherche de mon sexe.

Je me recule, pantelante.



Valérie gémit, frustrée. Ses yeux sont embrumés de passion.



Je suis Valérie vers sa chambre, les yeux rivés sur ses fesses. Je m’éclipse un instant dans la salle d’eau pour me laver les mains. Je retrouve Val, allongée sur son lit. D’une main, elle m’invite à la rejoindre, l’autre ayant déjà trouvé une occupation pendant que faisais patienter tout ce petit monde.

J’attrape sa main tendue vers moi, bien décidée à résister, à reprendre le contrôle de la soirée. Val tire trop fort, je suis trop faible…


Ses seins… Comment ai-je pu oublier ses seins, tout à l’heure ? Je passe des minutes entières à les caresser et à les lécher. Val s’occupe de mes fesses pendant ce temps. D’abord par-dessus ma jupe, qu’elle fait insensiblement remonter ; puis, dès que la voie est libre, une seule main continue de masser mes globes, de glisser un doigt dans le haut du sillon qui les sépare, jusqu’à la naissance de la colonne vertébrale, zone que je découvre hautement sensible. Sa main droite se faufile entre nos hanches emboîtées. Avec difficulté, mais opiniâtreté, elle tire sur le devant de la jupe ; du côté gauche d’abord puis, permutant ses mains, du côté droit. Je l’aide un peu, en profitant pour quitter ses seins et me consacrer de nouveau à sa bouche.


Nos sexes sont désormais en contact.



Nous avions bien sûr déjà pratiqué mercredi cette position toute simple, l’une sur l’autre, frottant nos pubis puis nos clitoris l’un contre l’autre. La sensation est aujourd’hui démultipliée par nos épilations. C’est comme si tout mon pubis était devenu un clito géant, comme si le sien était la plus douce des mains.

Mon orgasme est presque immédiat. Pas très fort, car sans doute trop rapide, il me laisse donc pleinement consciente de mon plaisir et de mes désirs.


La soirée au ciné ? Oubliée ! Que pourrions-nous faire de mieux dans un fauteuil inconfortable, doté d’accoudoirs qui ajouteraient la vexation à la distance ? Le plaisir de craindre d’être vues ? J’ai mon meilleur public sous la main, sous les seins, sous le vagin.

Je veux être vue par ce public ; c’est dans ses yeux que je suis la plus belle.



Valérie ne conteste pas cet ordre. Elle aussi veut me voir nue. Je me mets à genoux devant elle, toujours sur le lit. J’ai les pieds sous mes fesses, les mains sur mes cuisses. J’attends qu’elle me libère. Une position qui – je le vois dans le regard de Val – semble particulièrement érotique.



Elle se déplace sur le lit, toujours lascive et féline, et attrape dans le tiroir de son bureau un appareil photo.



Clic. Le moment est immortalisé. Elle me montre la photo : elle est sublime. Le cadrage est parfait ; le modèle… restera modeste en ne s’estimant pas supérieure au cadrage. Je vois le renflement de mes seins, avides de sortir de leur cage de soie et de velours ; mon pubis, à peine camouflé par le bombé d’une cuisse appétissante, suggère plus qu’il ne dévoile mon épilation intégrale.



Valérie se jette sur mon bustier, mais me l’enlève avec une grande douceur.


[…]



« Désolée aussi Valérie, mais c’est dans ma bouche que je préfère que tu tournes sept fois ta langue. Quant à ta main qui s’agite pour me signaler que tu veux ajouter quelque chose, oui, place-la plutôt ici.

Oh oui ! Je jouis, et tant pis pour les voisins ! »


[…]



Je me contente cette fois-ci d’un sourire béat, et c’est la tête sur son épaule que le sommeil me prend.



—ooOoo—



Samedi 8 avril 2012 - matin - ah non, tiens : c’est l’après-midi



Nous nous réveillons dans les bras l’une de l’autre. Valérie s’étire dans un grand bâillement. Je pose une main sur son sein, comme pour capturer un oiseau. Je penche ma tête sur l’autre sein et souffle délicatement dessus.



Je rougis un peu en disant ces mots. Valérie frémit sous mes doigts.



Je relève la tête vers elle et nous nous embrassons tendrement. Nos langues s’enlacent tout en douceur, et nous nous serrons fort l’une contre l’autre.



Main dans la main, et bien sûr toujours nues, nous préparons ensemble deux bols de café au lait. Je verse le café, Val s’occupe du lait. Je tiens le pain, elle coupe. Je beurre maladroitement au couteau une tartine ; elle beurre adroitement avec un doigt mon intimité.


Le soleil rentre à flots par la porte-fenêtre de la cuisine.



Nous nous regardons en riant. Les mots sont inutiles ! Je pose le petit-déjeuner sur un plateau et je rejoins Val qui me tient la porte ouverte depuis le balcon.


C’est la première fois que je suis vraiment nue en plein-air. La sensation est divine. L’air, encore un peu frais du printemps qui débute, semble jouer avec mon pubis tout lisse. Je frissonne, mais pas de froid. Nous nous asseyons côte à côte à une petite table de jardin. Nous sommes invisibles au monde extérieur, bien cachées par un mur dans cette partie du balcon. Le soleil réchauffe notre peau.

Val pose sa main tout en haut de ma cuisse. Rien de plus. Pas une caresse, juste une douce et chaude présence. Je regarde Val et je lui souris. Tout simplement. C’est instant est parfait.


Nous terminons le petit-déj’, qui nous servira en fait certainement de repas de midi. Val débarrasse la table et me dit de l’attendre deux minutes. Elle rentre dans la cuisine. Je me lève et parcours le balcon, jusqu’à la limite où je pourrais être vue par un voisin. Je fais quelques allers-retours pour le plaisir de la sensation de marcher nue dehors. Je m’imagine ainsi sur la plage, mon bras passé autour de la taille de Valérie.

Val me sort de ma rêverie ; elle nous a apporté des serviettes de bain et des oreillers.



Je prends une serviette et un oreiller et m’allonge sur le dos, les yeux fermés. J’entends Val qui s’agenouille à côté de moi, sans doute sur l’autre oreiller. Quelques secondes passent. Une main frôle mes seins. Elle est légèrement humide. L’autre main la remplace, tout aussi « mouillée ». Le ballet continue ainsi ; Val soupire de plaisir à chaque rotation de ses mains. Quand elle commence à « étaler la crème » sur mon pubis, je la rejoins dans son concert de gémissements. Rapidement, une seule main reste sur mon sexe, puis dans mon sexe.


J’entrouvre un œil : Val nous masturbe à présent toutes les deux. Elle jouit la première. C’est donc avec ses deux mains qu’elle entreprend de me faire rattraper mon retard. Un doigt particulièrement habile me fait pousser un petit cri, pas si discret. J’ouvre les deux yeux sur le ciel bleu sans défaut. Je réalise pleinement la situation : ma petite amie est en train de me masturber en plein jour, dehors, sur son balcon. L’orgasme me prend presque par surprise. Ma main jaillit pour guider celle de Val et lui maintenir les doigts au plus profond de moi.


Comme nous sommes quand même des filles sérieuses, nous passons l’après-midi à travailler nos exams. Comme nous sommes quand même des filles coquines, nous n’utilisons pas le bureau pour poser nos livres et prendre des notes. J’utilise à volonté le pubis et le ventre de Valérie comme support pendant qu’elle lit ; et quand c’est elle qui a besoin d’écrire, je lui prête fort gentiment mes fesses. La qualité de la calligraphie s’en ressent peut-être, mais nous avons ainsi pu faire une découverte scientifique d’importance : le vagin est un encrier très médiocre.


Valérie décide de poursuivre les recherches à l’aide d’une méthode éprouvée : la comparaison terme à terme. Je confirme très vite que le petit canard jaune y est beaucoup plus à sa place qu’un stylo, fût-il à plume. Quant à l’œuf vibrant télécommandé… Si je rate mon exam, je saurai à qui je le dois.



—ooOoo—



Samedi 8 avril 2012 - début de soirée




Je récupère dans le couloir la petite boîte en carton bleue dans laquelle Chloé a soigneusement plié la nuisette et l’offre à Val.



Val connaissait sans doute la boutique et a reconnu le logo de Chloé : deux yeux surmontés d’ailes de papillon. Enfin, je crois que c’est ce que ça représente. Valérie ouvre la boîte :



Pour toute réponse, je lui prends la nuisette des mains et la lui passe. La soie glisse sur la peau de ses seins, cascade sur son ventre puis vient recouvrir son pubis. Et juste un petit peu les cuisses. Peut-être 10 ou 12 centimètres. Je fais tourner Valérie sur elle-même ; ma main effleure ses fesses à travers le tissu. Un tour complet. Ma main arrête Val en se posant sur son pubis. La soie ainsi plaquée épouse sa fente. J’ignore ce qui est le plus doux : les lèvres de son sexe épilé, ou la soie ?



Nous sommes vraiment en phase toutes les deux.



Val termine de jouir en m’embrassant sur la bouche.



Val hoche frénétiquement la tête. Une mèche de cheveux blonds trempés de sueur reste collée sur son front. Je la remets délicatement en place.



Je suis fière et heureuse.



Val s’exécute avec un grand « Haaaa ! » quand la nuisette lui caresse les fesses. Dans cette position, je ne peux manquer de voir sa chatte encore toute ouverte de plaisir. Je fais un pas de côté. Oui… c’est presque décent, vu sous cet angle.



Val est bien incapable de faire autre chose qu’un vague hochement de tête accompagné d’un grand sourire.



Je prends ça pour un oui. La nuisette faisant office de robe, jouons l’originalité et optons pour une jupe. Pas trop longue, bien sûr.



Val a profité de ma fouille de ses placards et autres tiroirs pour récupérer la télécommande de l’œuf vibrant. Puissance maximale ! Val réduit un peu la délicieuse torture.

Je continue, envers et contre tout !



Je lui jette une jupe noire tout à fait en harmonie avec la mienne.



Val ne voit pas ce que j’ai trouvé dans le tiroir, mais elle ne se plaint pas trop, vu que c’est mon cul qui lui bouche la vue.



Val se sent un peu gênée par ma remarque. Son appart’ immense – en tout cas pour une personne seule – dans un immeuble cossu, ses fringues de marque, tout ça lui rappelle sans doute que sa famille est très aisée alors que je ne peux vivre qu’avec une maigre bourse et ce qui me reste de l’héritage de mes parents. Coup de blues. J’aurai pu fermer ma grande gueule, quand même…

Je m’attends à recevoir une petite décharge de l’œuf vibrant. Ce sont les bras de Valérie qui m’entourent soudain. Valérie relève mes cheveux et m’embrasse sur la nuque. Plein de petits bisous tout doux.



Je suis touchée par ses mots, mais je me crispe aussi. Si elle me propose de me donner ou de m’acheter des fringues, je ne vais pas le supporter. Je ne bouge plus, toujours entourée par ses bras. Je ne dirais plus : blottie. J’ai froid, je grelotte.



Il y a cinq minutes, j’aurais fondu en entendant cette question. Là, je reste juste sans voix.



Je grelotte de plus en plus.


[ Blanc ]



[ Gris ]



[ Noir ]


Une voix d’homme. Un drôle d’accent.



[ Noir ]


Je crois que je suis allongée. Retour à l’hôpital ? De nouveau seule ? Où est-ce que j’ai merdé encore ?


[ Gris ]


J’ai froid, si froid… J’étais dans mon bain, je me souviens. Toute ma famille était en bas, autour de la cheminée, préparant Noël. Je me suis isolée. Je découvrais vraiment mon corps pour la première fois. Nue, dans le bain, j’ai commencé à me toucher. C’était bon, c’était chaud…

Et puis le froid, mordant. La sensation d’être ballottée dans tous les sens. L’avalanche, bien sûr. La baignoire qui me protège – un peu – du froid, de la violence. Mais c’est un cercueil. J’aurais dû mourir là-bas avec les miens. J’aurais dû mourir 500 mètres plus loin, entre la neige et l’acier. J’aurais dû mourir trois ans plus tard.


J’entends la voix de madame Delvoix, Chloé, peu importe : « Pour atteindre le bonheur, il ne suffit pas que toutes les conditions soient remplies, comme le plaisir, par exemple. Il faut aussi ne plus en avoir peur. »


Quelqu’un se glisse sous les draps à côté de moi. Son corps se presse contre le mien. Des gouttes de pluie, chaudes, coulent sur mon épaule. Ce corps est chaud. Ce corps, c’est la vie. Ma peur, c’est le froid ; c’est la mort.


« Pourquoi ? Pourquoi je lui fais du mal ? Pourquoi je nous fais du mal ? Assez ! ASSEZ !

Je l’aime. Vite, je dois revenir. Je peux tout rattraper, je peux tout recoller, je peux… »


[ Blanc ]



J’ouvre les yeux ; je suis assise sur le lit de Valérie. Elle est en face de moi. Je suis toujours nue ; elle porte toujours sa nuisette.



Val me regarde, super inquiète. J’attrape ses épaules :



Nous sommes enlacées. Val me tient chaud. Elle essuie quelques larmes qui perlent à ses yeux :



Val me serre très fort.



J’ai l’impression de rejouer la mauvaise scène avec Chloé, mais c’est si rigolo et si facile d’être de ce côté de la table de ping-pong !



Val ponctue chacun de ses mots doux par un bisou : la bouche, les seins, le ventre, le sexe. Elle s’installe alors entre mes jambes ; la couverture la recouvre, mais ne m’arrive plus que jusqu’à mi-cuisses. Ses bras sont sur mes cuisses ; elle pose son menton sur ses mains croisées, appuyées sur mon pubis. Elle peut ainsi me regarder, droit dans les yeux, en louchant quand même un peu sur mes seins.



Val hoche gravement la tête. L’effet sur l’œuf vibrant qui repose toujours dans mon vagin est intéressant.

Je lui raconte tout, du moment où j’ai cru qu’elle appelait à l’aide à sa présence contre moi – sans doute à l’hôpital – en passant par la baignoire et l’avalanche, sans oublier le conseil de Chloé.



Il y a quelque chose qui me semble ne pas coller, mais j’arrive pas à mettre le doigt dessus. Il faut dire que j’en ai dix, pas à moi, qui commencent à danser la salsa sur mon sexe.



Val commence à me lécher la vulve avec application. Je ne crois pas pouvoir jouir, mais je profite de l’instant présent. J’ai l’impression d’avoir vidé un grand coup ma tête. Jeté aux orties tout le noir. Il reste du gris, bien sûr. Mais ça, je peux vivre avec. Surtout avec Valérie à mes côtés.


Je me déplace précautionneusement dans le lit, pour que Val ait toujours mon clitoris à portée de langue. Je lui relève sa nuisette et débute à mon tour un cunnilingus. J’y mets tout mon cœur, alternant les coups de langue sur le clitoris, les lèvres, dans le vagin. Après quelques minutes, nous nous arrêtons pour mieux nous embrasser. Nous avons besoin d’un gros câlin.



Oui : cette femme, je veux vivre avec elle toute ma vie. Elle est faite pour moi. Mais… en quoi suis-je faite pour elle ? Que puis-je lui apporter, à part des larmes, du sexe ? Sans doute un amour envahissant ?



Grand sourire.



Elle me prend dans ses bras. Je lui murmure tout bas :



Elle m’a collé une fessée !



Je bondis hors du lit ; pas envie de me prendre une autre fessée pour lambinage caractérisé. Je ramasse les affaires tombées par terre tout autour de notre nid douillet et compte à haute voix :



Je tourne autour de Valérie ; je suis toujours nue, alors qu’elle porte la nuisette. Val essaie de suivre mes mouvements, mais je passe systématiquement derrière elle. Mes mains se posent régulièrement sur son dos, frôlant le creux de ses reins.



Je délaisse sa croupe pour me consacrer à sa poitrine. Je suis derrière elle ; je colle mon sexe contre le haut de ses fesses. J’explore de nouvelles sensations en le frottant sur la soie. Mes mains passent sous les bretelles de la nuisette. Mes paumes englobent ses petites collines. Du bout des doigts, j’effleure ses tétons.



Réaction de joie à la perte d’un nouveau point ? Simple coïncidence avec les petits pincements dont je gratifie à présent ses tétons dressés ?



Val joue la boudeuse, les bras croisés pour mieux serrer mes mains sur sa poitrine. Cela déclenche, par inadvertance, l’œuf vibrant. Et elle ne l’arrête pas. Tant pis, ou… tant mieux !



Je libère mes mains de la blanche cage de ses bras. Elles glissent le long de son torse, frôlent sa taille, passent voluptueusement le cap de ses hanches pour saisir le bas de la nuisette. Je tire brusquement vers le haut. Val lève les bras au ciel et m’offre de nouveau sa complète et parfaite nudité. La nuisette flotte dans les airs avant de retomber sur lit. Mes mains ont déjà pris position sur sa taille, le bord de ses hanches ; mes doigts effleurent la naissance de son pubis. Le mien semble comme attiré par la raie de ses fesses. Fente contre fente. Mes seins s’écrasent lentement contre son dos.



Val frotte son dos contre mes seins en lents mouvements ; ses hanches se balancent, accentuant la pression de ses fesses sur mon sexe.



Val avance et recule ses fesses, les monte et les descend. Ma fente devient tout humide suite à ce traitement.



Je fais un rapide calcul dans ma tête avant d’annoncer la dernière possibilité.



Val se retourne ; nous sommes face à face, debout, pubis contre pubis. Nos mains reposent sagement sur les fesses de l’autre. Les yeux dans les yeux, nous nous embrassons sur les lèvres. Val parle entre les bisous qui s’enchaînent :



C’est délicieux, ses petits bisous.



Elle joint le geste à la parole, et je confirme ! Ah, le cou descend jusqu’au sein droit, maintenant ?



Mon ventre a droit à son petit déluge de bisous… Le nombril est une zone érogène, en fait !



Petits bisous sur ma fente, à la recherche du clitoris perdu.



Ma demande n’est pas innocente ; je suis tout émoustillée en attendant la réponse.



Val sort de la chambre. Je m’installe sur le lit, caressant d’une main la nuisette provisoirement abandonnée. Val revient, le rouge aux joues, le sourire brillant sur toutes les lèvres.



Je crains le truc glauque un instant.



C’est un peu comme un puzzle. Les pièces sont en train de s’emboîter les unes dans les autres. Le décor commence à être visible ; manque plus que les pièces centrales. Je peux me tromper, mais…



Val attrape mon string, me passe une jambe puis l’autre dedans, le remonte jusqu’aux genoux, s’arrête le temps d’embrasser mon pubis. Je soulève mes fesses ; elle termine son mouvement non sans passer un doigt entre les globes de mes fesses pour bien vérifier que le string est en place. Je m’assois à côté d’elle et elle lace le bustier. Je lui demande de bien positionner mes seins comme me l’a recommandé Chloé. Le geste est moins professionnel ; je ne le regrette pas… J’enfile moi-même la jupe en essayant de donner un peu de glamour à mon anti-strip-tease. Les yeux brillants de Valérie me rassurent sur ma « sexytude ».



—ooOoo—



Samedi 8 avril - 21 heures



Le serveur, très attentionné, a reconnu tout de suite Valérie.



Nous traversons la salle principale du restaurant pour rejoindre les escaliers qui mènent aux étages. Le décor est somptueux. Je suppose que les prix le sont aussi ; mais Val a promis de m’inviter, et je sais que cela lui fait très plaisir après le cadeau que je lui ai fait. « Et puis tu sais, j’avais jamais osé t’offrir quoi que ce soit pour ton anniversaire ; alors, considère que je me rattrape un peu ce soir ! » m’a-t-elle dit pour clore toute discussion.

Les hommes se tournent vers nous sur notre passage ; je lis dans leur regard la même envie que la mienne quand la cuisse de Val s’échappe par la fente de la jupe. Ma douce coquine n’a pas attendu d’être installée pour ôter son manteau et le confier au serveur. Ce que j’ai pris tout d’abord pour une simple velléité d’exhibition « soft », juste pour me chauffer avant la suite, se révèle un coup de maître vicieux puisqu’il m’a alors également fallu laisser mon manteau au vestiaire. Si je suis servie en premier au moins deux fois, la fin de la soirée risque d’être… intéressante. Val ne semble pas du tout inquiète. Alors… je me laisse faire avec une appréhension toute limitée.


Si j’ai moins de succès que les jambes de Val, mes épaules nues et mon bustier ne laissent pas non plus la gent masculine totalement indifférente. Même si je rougis un peu, je m’amuse des quelques regards féminins courroucés.



Nous y retrouvons sur l’unique table la même nappe blanche finement brodée qu’au rez-de-chaussée ; des chandeliers en argent diffusent une chaude et douce lumière, et sur le mur derrière nous, des tableaux de maître représentant les plus beaux paysages de mer au coucher du soleil. Mais ce qui change… c’est le point de vue. La pièce est une sorte de véranda. Trois baies vitrées nous entourent, et le ciel qui perd sa couleur rouge-orangé pour glisser vers le bleu profond du crépuscule révèle ses premières étoiles au travers de la verrière du plafond. Face à nous, la forêt s’étend jusqu’à la mer que je devine à peine à l’horizon. Je n’arriverai jamais à saisir toute la poésie de ce lieu. Je serre très fort la main de Valérie dans la mienne.


Le serveur nous invite à nous asseoir. Les deux chaises supplémentaires sont promptement retirées et posées contre le mur, hors de notre vue, renforçant notre sentiment d’intimité. Je m’inquiète toutefois d’un point : je pensais me mettre dos à un mur ; mais là, nous sommes toutes deux de profil par rapport à l’escalier. La nappe est longue, mais pas assez pour couvrir totalement ma probable nudité jusqu’à la taille. Mes fesses seront clairement visibles pour le serveur. « Aïe, aïe ! Comment vais-je tenir ma promesse ? »

Bien trop occupée par mes pensées, je n’ai pas entendu le début de la discussion entre Val et le serveur.



Le serveur s’en va sans autre commentaire.



Val me fait un grand sourire :



Val me tend ses mains à travers la table ; je les prends dans les miennes. Cette soirée ne va pas se dérouler comme dans mon fantasme. C’est… beaucoup mieux ainsi !

Je me lève, gardant toujours les mains de Val dans les miennes. Je fais le tour de la table et m’assois sur les genoux de Val. Je l’embrasse tendrement.



[…]


Ding ! Nous avons terminé les entrées, et voilà déjà le plat qui arrive. Val m’avait bien sûr servie en premier, et j’avais retiré – après bien des hésitations – ma jupe. C’est donc seulement vêtue d’un bustier et d’un string que j’attends, frémissante et impatiente, la prochaine assiette.

Valérie s’essuie délicatement les coins de la bouche avant de se lever. Elle retire son boléro, me laissant apercevoir les aréoles de ses seins au travers du tissu légèrement transparent du body. Elle passe une main sous sa jupe, par la fente créée par les boutons non fermés. Clac ! Le body rejoint le boléro. Clic ! Un bouton pression saute. La jupe ne tient qu’à peine, par un seul bouton au niveau de la taille. J’admire les seins nus de ma belle. Elle les recouvre en remettant le boléro.



Je mime une profonde tristesse alors que je suis tout excitée par la tenue hautement provocante de Val. Lorsqu’elle revient avec les deux assiettes, chacun de ses pas dévoile l’orée de son sexe et un sein, puis l’autre. La première assiette est bien sûr pour moi. Tout absorbée par le spectacle des seins de Valérie qui s’agitent librement sous le boléro, je ne la regarde même pas. Je me lève à mon tour, enlève mon string et le pose sur le dossier de la chaise de Valérie. Une main inquisitrice se faufile entre mes cuisses, remonte le long de mes lèvres vers le clitoris et termine sa course dans une lente caresse de mon pubis toujours aussi lisse. Je me soumets avec plaisir avant de retourner m’asseoir. Je gémis faiblement au contact du cuir sur mes lèvres épilées et mouillées.


Nous dégustons le poisson en silence, les yeux dans les yeux. Enfin, presque tout le temps.


[…]


Valérie termine son verre de vin blanc. Je la regarde, toujours en souriant. J’entends la sonnerie qui nous indique l’arrivée du dessert. Je sais déjà qui je servirai en premier, les règles de politesse dussent-elles en souffrir !


Nue sous la ceinture, je m’approche du monte-plat ; j’y laisse nos assiettes vides et récupère les coupes glacées. Je sens le regard de Valérie sur mes fesses, et cela me fait chaud partout.

Demi-tour parfait ! C’est que je ne suis pas le genre de filles à se laisser reluquer les fesses ! J’ai beaucoup mieux à proposer.

Je joue quelques instants avec Valérie : alors que je m’apprête à poser une coupe devant elle, au dernier moment je la pose devant ma chaise.



Dès que j’ai les mains libres, je présente mon dos à Valérie ; je me penche légèrement vers l’avant pour mieux faire ressortir mes fesses. Val les caresse puis introduit un doigt dans ma fente. Il n’y reste, hélas, pas très longtemps. Elle a besoin de ses deux mains pour défaire les lacets.

Me voici toute nue, dans un restaurant ! J’ai en plus l’impression d’être en pleine nature.

Je veux m’asseoir de nouveau sur les genoux de Val, mais elle m’arrête :



Clic ! Le dernier bouton saute. La jupe glisse toute seule, révélant son sexe tout serré entre ses cuisses fermées. Je m’assois. Nous nous embrassons ; nos langues se mélangent dans nos bouches tout comme nos jambes sous la nappe. La chaise craque alors que je faufile mes mains sous le boléro. « Non, non, Val, je ne veux pas te l’enlever. Tu es tellement sexy avec… » Je ne parle pas la bouche pleine ; alors, c’est par gestes que je me fais comprendre. Une main en bas de son dos : « bouge pas ». Une main sur un sein en caressant dans le sens des aiguilles du montre ; « profite ; et oui, tu as le droit de mettre tes doigts juste là, bien au chaud ».


Valérie parvient, un peu en aveugle, à prendre une cuillerée de glace. Oups, elle a raté ma bouche : la crème glisse entre mes seins et s’arrête juste au-dessus du nombril, faute de munitions. Ho, voilà les renforts… Le nombril succombe. La taille résiste. Je frissonne. Je ne crains plus le froid ; c’est merveilleux. La cavalerie : je rends les armes ! Passez fiers cavaliers ; gravissez vaillamment cette colline : de l’autre côté se trouve la caverne au trésor. Ah, mais voici la magicienne ; sa bouche prononce quelque formule cabalistique et aspire les premiers soldats, vérifie qu’aucun ne se serait égaré sur les dunes jumelles. Sa langue, comme une baguette magique, poursuit les troupes égarées au fin fond des sables mouvants du nombril. Pas rassasiée, elle continue son chemin vers les trésors enfouis. Je me suis allongée sur la table pour permettre cette dernière manœuvre. Ah ! Les ultimes renforts arrivent en traîtres. Ils envahissent massivement les terres vierges de mon pubis. Quel appétit insatiable il faudra à ma princesse pour venir à bout de cette armée ! Ma compagnie de doigts parachutistes vient l’aider. Ils affrontent vaillamment les troupes glacées, les repoussent dans la dernière tranchée pour mieux prélever leur dîme.


C’est d’un mélange de vanille et de cyprine que je nous nourris à présent.


[…]


Les deux glaces sont terminées. Il va nous falloir penser à rentrer.

Valérie s’est rhabillée ; elle s’apprête à descendre régler l’addition. Je l’attends, toujours nue, comme promis.


Je me balade dans la pièce, m’approchant un peu de la baie vitrée ; les lumières du rez-de-chaussée éclairent la terrasse. Celle-ci est vide : personne pour lever les yeux et profiter du spectacle ! J’avoue que l’idée me dérangerait, en fait. Me promener nue en public, je ne m’imagine le faire que dans un milieu « autorisé ». Je suis persuadée qu’à la plage, je prendrai beaucoup de plaisir cet été. J’espère convaincre Val de m’accompagner. Je suis sûre que cela lui plaira comme idée !

Marcher nue comme je le fais me rappelle mes débuts. Oh, il y a à peine une semaine. Que de changements dans ma vie, depuis ! Si je ne l’avais pas fait, où serai-je aujourd’hui ?


Des pas dans l’escalier ! Je m’affole un peu, mais c’est Val qui arrive.



J’ai enfilé ma jupe ; Val m’aide pour le bustier. De nouveau, des pas dans l’escalier. Ouf ! Je suis… présentable.


Un homme entre dans la pièce, immédiatement suivi par la plus belle femme que j’ai jamais vue. Merde ! En fait, le mec est aussi super canon. Ils se tiennent à présent par la taille ; après nous avoir lancé un regard, ils se regardent dans les yeux avec une admiration et un étonnement mutuel. Je ne peux détacher mon regard de la sublime femme aux cheveux châtain qui tombent en cascade sur ses épaules. Son maquillage parfait souligne ses yeux émeraude ; sa bouche écarlate est pulpeuse juste à souhait. Ses joues sont légèrement rosées. Fard, ou émotion ? Sa robe, de la même couleur que ses yeux, découvre une épaule, s’attache sur l’autre en un fin drapé et met en valeur une poitrine généreuse mais ferme. Un collier d’argent assorti à des pendentifs d’oreilles rehausse encore la beauté du tableau. Un mince bandeau de tissu noir lui ceint une taille fine, et s’achève en nœud dont une boucle descend presque jusqu’à la fente de la robe qui révèle le galbe parfait d’une cuisse légèrement bronzée. La main gauche repose sur cette cuisse nue, révélant presque négligemment un diamant qui brille de mille feux à la lumière des bougies.


J’ai la bouche ouverte. Même si nous nous sommes rhabillées, je suis en fait presqu’à moitié nue devant ces inconnus, et Val à côté de moi ne porte guère plus de vêtements. Mais je suis juste… subjuguée. Subjuguée par Chloé Delvoix, ma patronne, et un peu plus.



Elle est debout en une seconde et saute sur place en lançant les bras en l’air. « Mais, Val, ton boléro avec ton body transparent en-dessous ! » Elle s’en fout et court vers les deux amoureux.

Val a saisi la main de Chloé et admire la bague.



Je ne sais plus où me mettre.



J’avance de quelques pas, consciente de ma tenue assez osée. Bizarrement, ça ne me fait pas la même chose que lors de la traversée de la salle du restaurant.



Karl s’installe à côté de Val ; Chloé se retrouve entre lui et moi. Elle me passe une main sur la joue, tendrement.



J’ai de nouveau l’impression d’être avec une grande sœur.



Val commence les présentations.



Cet accent… je l’ai déjà entendu.



Clic : une pièce de puzzle !



C’est à peine une question.



Val, qui sent bien ma gêne, visible par mes bras repliés sur mes épaules, fait vraiment tout pour me mettre à l’aise :



Karl sourit, un peu mal à l’aise lui aussi. Une caresse de Chloé sur sa cuisse le rassure sur les sentiments de sa belle. Elle ne lui tient aucune rigueur d’avoir des yeux.

Tout va trop vite… « Quelle est cette embrouille ? Val, comment tu connais Chloé aussi bien apparemment ? C’est qui vraiment, ce Karl ? »



J’écoute Val religieusement, les sourcils un peu froncés.



Val lui tire la langue.



C’est apparemment un sketch récurrent entre les deux.



Je fais les gros yeux à Val ! Chloé camoufle son rire avec une serviette. Karl se met aux abonnés absents. Quand Chloé reprend son souffle, elle m’enfonce davantage.



« Tiens, « tulipe » : je l’ai pas encore utilisé, ce mot là, pour décrire ma couleur. Concentrons-nous sur les tulipes. » Val reprend, nullement gênée :



Sous la table, la main de Chloé a pris la mienne ; elle me la serre un peu plus fort. Ce contact est… étrangement rassurant. Comme si elle sentait que j’en veux un peu – un tout petit peu – à Valérie, mais que… je l’aime et que je sais intellectuellement et au plus profond de moi tout ce que je lui dois. À elle, Karl, et sa famille. Chloé, qui est en-dehors du coup – mais au courant – est un pont que je sens solide entre mes émotions contradictoires. À moi d’aller sur la bonne rive.



Chloé intervient :



J’avais juste murmuré. Je reprends, plus fort :



C’est Karl qui m’apporte un début de réponse :



Chloé a aussi sa larme à l’œil quand elle termine :



Val et moi parlons en même temps :



Merde, encore les larmes. On va tous se noyer dedans…



Là, on est en train de chialer, dans les bras l’une de l’autre. Val s’est levée, et nous prend toutes les deux dans les siens, en répétant :



Nous séchons nos larmes. Karl est resté stoïque ; enfin, il essaie !



C’est Chloé qui répond :



Karl confirme les propos de Val.



Tous se tournent vers moi.



Chloé se lance dans la réponse :



Le mot résonne encore étrangement à mon oreille. Mais… ça ne fait pas mal.



Sa voix est toujours très émue.



Distribution de mouchoirs assurée par Chloé. Toujours émue, je m’adresse à Karl :



Complètement bouleversé, Karl m’appelle par mon nom :



Les embrassades de Karl me rassurent. Pleurer ne lui fait rien craindre pour sa virilité. Un homme ; un vrai. Je suis heureuse pour Chloé d’avoir trouvé cette perle rare.

J’en ai fini avec mes questions ce soir ; il me reste toute une nouvelle vie pour les poser. Karl nous fait apporter du champagne, et nous fêtons dignement et dans des larmes de joie la demande en mariage.

Ce moment de bonheur, je le garde. Pour moi. Rien que pour moi. Et pour ma famille.

Ils sont là. Toujours là.



—ooOoo—



Vendredi 29 juin 2012



Il y a quelque chose qui ne va pas entre Chloé et Karl. Et ça ne va pas en s’arrangeant, si j’en crois la mine de plus en plus défaite de Chloé chaque semaine quand je viens faire les essayages.

Pourtant, tout va bien : Val a réussi brillamment sa première année, et je n’ai qu’un module à repasser en septembre. En plus, Karl est doué en algèbre ; il a promis de m’aider tout le mois d’août, après le mariage et le voyage de noces.



Elle a un petit, tout petit sourire. Ses yeux sont cernés, sa peau est pâle. Quel contraste avec la femme joyeuse et pleine de vie du mois d’avril.



Je suis dans le plus simple appareil devant elle, attendant les dernières retouches sur un ensemble bleu cobalt, qui manque sérieusement de fantaisie maintenant que j’y pense. J’écarte les bras le long de mon corps.



Sa voix est lasse, si lasse… Je connais bien ce ton de voix pour l’avoir si souvent pratiqué.



Voyant mon inquiétude, Chloé enchaîne :



Ah oui, une fois que Chloé est lâchée, elle est lâchée. J’ai ouvert les vannes ; je vais pas le regretter, maintenant.



J’ai peut-être là l’occasion de payer une partie de ma dette. De rendre à mes amis, ma famille, un peu de tout ce qu’ils m’ont donné.



La séance d’essayage se termine ; Chloé n’avait réalisé qu’un seul modèle.



—ooOoo—



Mercredi 4 juillet 2012


Début de l’opération Les trois mousquetairesses. Jour M – 11.

« Merde, c’est moche comme nom d’opération. Tant pis. »



J’ai beaucoup discuté avec Val. Elle est d’accord avec moi : il faut agir. Avec son aide de fine psychologue (« J’ai jamais fait psycho ni médecine, mais je donne mon avis sur tout, et ça marche. »), nous avons conçu un plan de bataille.


L’idée m’est venue, et Val l’a adoubée dès samedi soir, lors de notre pique-nique hebdomadaire sur la plage. Tous les samedis depuis maintenant deux mois, s’il fait beau, nous allons à la plage en fin de soirée. Nous marchons le long de la mer, en maillot de bain, main dans la main sur plusieurs centaines de mètres, tant que nous rencontrons des « textiles ». On s’est parfois amusé à compter le nombre de mecs qui avaient un besoin subit de se faire bronzer le dos après notre passage. Surtout quand, après avoir un peu avancé, nous nous mettons « topless ».


Quand le dernier « textile » est à vingt ou trente mètres derrière nous, qu’il ne reste plus que de rares naturistes contemplant le coucher de soleil, nos sacs de plage s’alourdissent de quelques grammes de tissu supplémentaire. Nos mains se lâchent et, dans la lumière rasante, c’est les bras autour de la taille, hanche contre hanche, que nous cherchons un endroit pour poser nos affaires et commencer à manger.

Les hommes qui bronzent sur le dos deviennent moins fréquent. Mais il n’est pas rare qu’ils accroissent la surface de leur peau exposée au soleil.


Nous n’avons jamais été importunées pendant nos pique-niques, mais il est arrivé qu’après nous avoir longuement regardées – en particulier les soirs où nous nous donnons mutuellement à manger et jouons à « oups, j’ai fait tomber un grain de riz » et « oups, non, c’était pas le grain de riz » – des couples se dirigent vers les dunes pour les plus discrets, ou s’isolent tout simplement sous une serviette.


Cela nous amuse et nous excite à la fois. Avec ceux qui ont l’air le plus sympa, nous offrons parfois un spectacle plus croustillant.


Je compose le numéro de portable de Chloé. Elle me répond :



Ambiance…



Je raccroche aussitôt, non sans avoir entendu : « Elles sont folles, toutes les deux ! »



—ooOoo—



Samedi 8 juillet 2012


Opération Drôles de dames : objectif en vue. Jour M – 7.

« Bon, c’est moins littéraire mais plus correct, comme nom d’opération. »



Val klaxonne ; je suis descendue de la voiture et me dirige vers la boutique. Ils ont intérêt à être là tous les deux. J’entre : oui, Karl est dans un coin, et Chloé termine de servir les derniers clients, un couple en fait. « Le sourire, Chloé, le sourire ! Tu veux qu’ils reviennent, tes clients, non ? Merde ! »


Quand les clients s’en vont, je les gratifie de mon plus beau sourire et d’un : « Passez une agréable soirée, Madame, Monsieur ; merci d’avoir choisi Chloé. » C’est un peu too much, mais ils me sourient, satisfaits. Un client heureux, c’est un client qui dépense mieux.


Je fais la bise à Chloé, puis à Karl qui est venu nous rejoindre. Hé ! Ils ont l’air de vouloir jouer le jeu, ce soir. Pas de tête abattue. Bon, pas de gros sourire non plus. Pas grave, ça viendra. Chloé essaie d’avoir l’air enjoué.



Je vérifie leurs tenues : Karl a un pantalon d’été, une chemise à manches courtes et des sandales qu’il porte sans chaussettes. Bien, il est dans le coup. Chloé, mouais… c’est mignon, mais pas adapté pour la plage.


La caisse est faite. Val s’impatiente dehors et klaxonne de nouveau. Je lui fais signe que tout va bien. Chloé nous dit :



Karl rigole un peu et vient se placer entre la vitrine et Chloé.



Chloé commence à s’amuser, j’ai l’impression. Elle enlève son chemisier et nous présente sa poitrine comprimée dans un soutien-gorge d’une banalité affligeante. Dans son sac de plage qui était situé sous le comptoir, elle attrape un simple tee-shirt.



Elle obéit quand même, en rougissant. Ses seins n’ont rien à envier aux miens. Je vérifie que Karl se rince bien l’œil. Mouais. Faudrait que Chloé y mette plus d’émotion et d’envie. Le soutien-gorge rejoint le sac de plage. Je passe le bras par dessus le comptoir et attrape le sac.



Chloé est toujours torse nu, les bras croisés devant ses seins. Je lui jette un regard faussement courroucé en lui indiquant d’un coup de menton Karl. Elle semble comprendre et baisse les bras. Ouais : top sexy, comme attitude.

Je fouille le sac, le fait « malencontreusement » tomber par terre de mon côté. Un coup de pied adroit : le soutif disparaît sous le comptoir. Je récupère un maillot une pièce.



Je ne regarde pas derrière moi ; seul le rayon Chloé m’intéresse pour l’instant. J’ai vite trouvé le maillot idéal. En plus, c’est du sur-mesure pour elle, forcément. Maillot uni blanc, l’avant et l’arrière du slip sont reliés par une mince ficelle, laissant la jambe comme nue de haut en bas. Le soutien-gorge, triangulaire, n’est pas minimaliste mais laisse bien deviner les globes des seins. Deux attaches : une dans le cou, l’autre – originale – se fait au niveau du slip. Il est presque obligatoire de se faire aider pour mettre et enlever le maillot. Un bon boulot en perspective pour Karl, que je mets immédiatement à contribution. Chloé se retrouve donc nue devant nous ; son épilation n’est plus parfaite. Je note de prendre rendez-vous pour elle dès lundi.


Enfin, quand elle enfile le slip de bain, tout poil disgracieux disparaît. Karl, avec ses grands doigts, se bat avec l’attache au niveau du slip. Difficile de faire un nœud ? Ou bien en profite-t-il pour tripoter les fesses de sa future ? Le résultat est sympa : le nœud, sans doute fait trop fortement et avec une longueur insuffisante, contraint le slip à rentrer assez profondément dans les fesses de Chloé. Elle essaie d’ailleurs d’améliorer la situation… Hé, hé : sans succès !


Ah, le côté face est pas mal. Là aussi, le nœud maladroit de Karl nous permet d’admirer sa fente nettement dessinée sous le tissu. Chloé se glisse dans une robe de plage, assez courte et laissant apparaître par bon éclairage son maillot de bain ; j’apprécie. J’affirme que tout est parfait et ramasse le sac, non sans avoir bazardé la petite culotte de Chloé. La femme de ménage va se marrer, lundi matin !

Karl et Chloé montent à l’arrière de la voiture ; je constate avec plaisir qu’ils se tiennent la main. Je pose le sac dans le coffre, à côté du nôtre, plus volumineux en raison du pique-nique. Hop, le chemisier et la jupe de Chloé se retrouvent au fond du coffre. Que je suis maladroite, ce soir !


[…]


Pendant que Val conduit, je lui caresse la cuisse. Tout comme moi, elle porte une petite jupe plissée, bleue marine pour elle, blanche pour moi. Ma main se fait baladeuse et remonte jusqu’au pli de l’aine. Karl, qui est derrière moi, doit voir toute la cuisse de ma bien-aimée. J’espère que cela lui donne envie de faire la même chose à sa promise.


[…]



Val et moi sommes pieds nus ; nous avons enlevé nos tee-shirts et nos jupes et nous marchons, comme à notre habitude, main dans la main. Derrière nous, Karl et Chloé nous suivent à quelques pas. Karl et moi sommes les porteurs de sacs. Je lui ai bien sûr laissé le sac du pique-nique, le plus lourd. La température est élevée ; il transpire rapidement. Ah ! Il se met torse nu. Il me rattrape et place sa chemisette dans le sac. Il rejoint aussitôt Chloé qui se colle à lui. Argh ! Elle a gardé sa robe de plage. Non, c’est bon : elle comprend tout l’avantage du « peau contre peau ». La robe de plage m’est rapidement donnée. Je prétexte un coquillage coincé entre les orteils pour les laisser passer devant nous. Val leur indique qu’il faut encore avancer.



Réponse univoque de trois mousquetaires, puisqu’avec l’appui inattendu mais bienvenu de Karl.


On continue donc notre marche. Val et moi observons attentivement leur façon de se tenir l’un contre l’autre. C’est bon : il y a toujours de l’amour entre ces deux-là.

Chloé se met sur la pointe des pieds et glisse un mot à l’oreille de Karl. Il hoche la tête. Toujours bien, qu’il soit d’accord.



On prend bien vingt mètres d’avance avant de nous retourner, juste pour jeter un coup d’œil.

Karl est en bermuda de bain, à présent. « Pff, il aurait pu mettre un slip, plutôt. Faut vraiment que je fasse tout ! »

Je ne vois pas Chloé, mais c’est normal : les larges épaules de Karl me la cachent. Ah, mais ce sont les bras de Chloé que je vois autour de son cou ! Le bisou ! Le bisou ! Je pousse du coude Val qui est aussi ravie que moi et nous reprenons notre marche.


Nous voici dans la partie où, habituellement, nous enlevons le haut de nos maillots. C’est la partie où textiles et nudistes commencent à se mélanger. D’un commun accord avec Val, nous avions décidé de n’en rien faire ce soir. Je jette quand même un coup d’œil à nos deux tourtereaux.

« Ben merde ! Chloé a fait tomber le haut du maillot ! Ça fait combien de temps qu’elle est topless ? » Je me penche vers l’oreille de Val pour le lui signaler, tout en lui disant de ne pas se retourner.



Nos hauts de maillots disparaissent aussitôt dans le sac. C’est au tour de Val de se retourner discrètement (pour autant qu’on puisse se retourner discrètement sur des gens situés dix mètres derrière). Mue par l’instinct, je tourne la tête aussi.

Chloé et Karl se sont arrêtés pendant que nous avancions et enlevions nos hauts ; ils sont bien à cinquante mètres de nous maintenant. Chloé s’appuie d’une main contre le torse solide de Karl. Son slip est au niveau de ses genoux ; elle lève une jambe, puis l’autre. La voilà toute nue ! Karl et elle se remettent en route. Chloé tient toujours son slip à la main et s’amuse à le faire tourner. La main de Karl est dans son dos, sans doute au niveau de ses fesses.


Val éclate de rire ; je ne tarde pas à faire pareil.



Ce soir, je laisse volontiers le titre à Chloé. J’aurai bien l’occasion de faire mes preuves une autre fois en tête-à-tête ! Je me venge toutefois de cette petite remarque en baissant moi-même le slip de Val et en lui faisant un petit bisou sur le pubis. Je me relève pour que Val me rende la pareille, ce qu’elle s’empresse de faire.



Nous avons toujours une cinquantaine de mètres d’avance quand nous commençons à installer la grande nappe puis les couverts dessus. Quatre serviettes réparties tout autour nous assureront une assise sinon confortable, du moins dépourvue de sable.

Val et moi nous asseyons donc, les jambes à moitié repliées sous nos fesses et préparons les sandwichs.


Les deux tourtereaux arrivent. Karl a lui aussi adopté la tenue exigée pour l’endroit. Bien équipé et bien épilé, de la tête aux pieds. Ah, c’est beau l’égalité homme-femme !

Pas d’érection à l’horizon, ceci dit.

Karl s’installe à côté de Val, en face de moi, et Chloé se retrouve donc entre lui et moi. Elle en profite pour me chuchoter :



Génial : ça marche encore mieux que j’espérais ! On sautera l’étape 2 de l’opération Licorne pour passer directement à la troisième. Je suis une tacticienne de génie. La « N’à-poil’Éon » de l’amour !

« Après manger, faire perdre son contrôle à notre cher Karl ! »


Le repas est rempli de rires, de blagues salaces de très mauvais goût qui déclenchent encore plus de rires ! Quelle différence avec le déjeuner quasi-sinistre de la semaine dernière chez Chloé !

Les dernières miettes sont avalées. Val s’exclame, complètement en-dehors de la stratégie établie :



Val est déjà debout en train de courir ; Chloé se lève et court aussi.



Je peux toujours crier ; leurs fesses me répondent : « Tu nous rattraperas pas ! ».

Karl est plié de rire alors que j’attrape Val et la pousse dans l’eau. Je suis bonne dernière, mais aussi bonne perdante. Dès qu’elle sort la tête de l’eau, moitié riant, moitié s’étouffant, je plonge ma langue dans sa bouche.

J’entends que Karl nous a rejointes. Qu’il a rejoint Chloé. Eux aussi s’embrassent. Nous les laissons les pieds dans l’eau et retournons vers les serviettes.

Val s’allonge, les mains derrière la tête. Un air de défi dans les yeux. Je jette un coup d’œil à nos amoureux retrouvés. Ils ont de l’eau jusqu’à la taille. Soudain, Chloé s’accroche au cou de Karl. Je vois ses genoux sortir de l’eau : ses jambes doivent entourer la taille de Karl. Lui, a ses mains qui doivent soutenir ses fesses. Chloé imprime de lents mouvements de haut en bas à son corps. Ils font l’amour. Le soleil se couche derrière eux.

Val soupire d’impatience. J’exauce son vœu.


Quand, quelques minutes plus tard, Val jouit sous ma langue et mes doigts, Karl et Chloé sont près de nous. Karl est juste derrière Chloé ; ils nous font face tous les deux. Il lui caresse les seins et le sexe. Elle a une main sur son cou ; de l’autre, elle masturbe sa verge située, j’imagine, tout contre ses fesses.


Val se place derrière moi ; nous sommes assises. Ses jambes s’allongent le long des miennes. Je sens son pubis contre mes fesses. Dans un miroir quasi-parfait, Val place ses mains sur mon corps à l’image de celles de Karl sur celui de Chloé.


Quelques instants plus tard, nous voyons le corps de Karl se raidir. Chloé se retourne et s’agenouille pour le prendre en bouche. Pas de doute : l’érection était bien au rendez-vous.


Val a cessé ses caresses ; je décide de ne pas être la seule à ne pas avoir joui, et je continue donc toute seule à me masturber en attendant que Chloé en ait terminé avec son homme. Ah ! Val a compris le message et s’occupe de mes seins. Mon orgasme est rapide et léger. Comme une petite fête de tout le bas du ventre.


[…]


Nous déposons Karl et Chloé chez eux. En quittant la voiture, Chloé – qui ne porte que sa robe de plage sans rien dessous suite à mes manigances – nous gratifie de grandes embrassades et de remerciements très appuyés.

Karl nous remercie à sa façon en précipitant les « au-revoir » ; il n’a qu’une seule hâte : se retrouver seul à seule avec sa femme. Une bosse prometteuse déforme son pantalon. Je sais qu’il est lui aussi nu là-dessous.


Chloé nous envoie mille bises en marchant à reculons vers la porte d’entrée. Un lampadaire, sans doute de connivence, éclaire son corps et se joue de l’opacité très relative de sa robe. Karl court vers elle. Pour lui signaler son indécence ? Pour en profiter en gros plan ?

Chloé hausse les épaules lorsqu’il lui dit quelques mots que nous n’entendons pas. Sa réponse nous est tout aussi inaudible, mais Karl se précipite vers la porte et l’ouvre. Chloé est restée dans la lumière.


Elle nous fait un dernier coucou, puis ses mains saisissent sa robe. Chloé la fait passer par-dessus sa tête.



Elle me jette sa robe dans les bras puis court rejoindre son futur mari qui lui tient la porte ouverte. Elle se jette à son cou ; il l’attrape par la taille et la soulève comme une plume.

La porte se referme sur eux et leur bonheur retrouvé.



—ooOoo—



Lundi 24 décembre 2012


Mon premier Noël en famille depuis… trop longtemps.

Valérie m’a encouragée à écrire tout ce qu’il m’était arrivé. Une nouvelle forme de thérapie, non psychologique, non médicale, à la « Val ». Je m’y suis mise, difficilement d’abord, puis plus facilement ensuite, depuis début décembre. J’ai relu la lettre de Val ; ça m’a aidée à me lancer, je crois. Je crois aussi que Val craint ce nouveau 24 décembre. Elle n’est pas la seule.


Nous allons passer le réveillon tous les quatre ensemble, nous, les « trois mousquetaires ». Loin de la montagne, loin de la mer. Loin de tout risque. Mais je serai près des miens. C’est tout ce qui compte.


J’ai eu une peur irraisonnée en me levant ce matin. Val a passé la matinée à me rassurer, me réconforter.

Karl et Chloé sont arrivés en fin d’après-midi.


Chloé n’a pas l’air dans son assiette. J’espère que tout va bien.

Val débouche une bouteille de champagne et commence à remplir les coupes.

Chloé refuse la sienne. Je commence à m’inquiéter.



Elle ne fait pas durer le suspense :



À cet instant, je crois que je vis mon plus beau Noël.



Maintenant, j’en suis sûre.




FIN



À Paulinette89, pour son À petits pas.

Aux lecteurs de Rêvebébé, pour leurs encouragements sur l’épisode n° 1.

Aux correcteurs, pour le temps passé à traquer les fautes et oublis.

À mes trois mousquetaires, bien sûr !