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n° 15459Fiche technique10770 caractères10770
Temps de lecture estimé : 7 mn
07/02/13
corrigé 10/06/21
Résumé:  Que va faire Jean-Pierre ? Penser à Jeanne et lui déboutonner son corsage...
Critères:  fh hplusag jardin amour cérébral revede voir exhib nopéné nostalgie portrait
Auteur : Cheminamants  (Entre avant et aujourd'hui)      Envoi mini-message
Puis d'un léger coup de désir, tu soulèves ma jupe...




J’ai besoin d’une envie et d’une pensée tournée vers moi. Juste de ce peu, pour sortir de l’ombre, dans l’attente de lui.


Lui, c’est Jean-Pierre, mon amour de jeunesse, mon amour de toujours. Ce dimanche après-midi d’été, au bord de la rivière, il marche devant moi d’un pas tranquille, songeur et nostalgique pour une promenade au goût d’avant.


Puis il s’est retourné et m’a vue. « Enfin ! » Je reprends vie. Qu’importe qu’il soit un peu surpris ; il m’a souhaitée juste un instant, m’a désirée et je suis là. Il s’interroge sur mon petit air mutin, un je-ne-sais-quoi de déjà-vu. « C’est elle ? ». Il n’est pas sûr.

Et lorsque sa pensée se précise, aussitôt un rayon de soleil m’éclaire, une chaleur douce m’envahit et mes cuisses bronzées s’habillent d’une jupe courte et légère, sa préférée, toute blanche avec ses plis en dentelle. « Veut-il de moi ? Oui. » Alors je m’approche un peu et, d’un mouvement aérien, ma jupe frôle ma peau, comme une caresse pleine de saveurs érotiques.


Puis sa mémoire s’éclaire. Puis arrive un sourire. C’est bien. Et mon chemisier blanc à manches courtes se dégrafe des deux premiers boutons. Je frémis. C’est ainsi ; je suis telle qu’il le souhaite. Dans son regard, je perçois une petite lueur de plaisir. J’en espère un peu plus, mais je suis si souvent évanescente… et le temps n’est pas suspendu à « nous » ; alors, lui et moi, nous profitons de l’instant, simplement.


« Tiens, il a des lunettes maintenant. Ça lui va bien. » Il a vieilli, mais il est beau.

Moi, je n’ai pas changé, à l’image de la jeune et jolie brunette de vingt-huit ans qu’il aime encore comme un fou. Jeanne, sa Jeanne… C’est le nom qu’il me donne, mais ce n’est pas le seul : il y a aussi « ma douce », murmuré dans l’intimité feutrée de notre chambre.


Il reprend sa marche, envahi par le trouble et je l’accompagne, hésitante ; mais il s’accroche à moi, alors je reste à ses côtés.


Je sens le sable du chemin sous mes pieds nus ; c’est agréable. Le soleil darde ses rayons à travers le feuillage des arbres le long de la rive et marbre la peau veloutée de mes bras. Je le laisse à ses pensées ; il me réinvente et me redécouvre, la taille fine, les hanches dessinées en courbes harmonieuses, les fesses bien bombées et fermes. Il retrouve dans mon regard la lueur pleine de douceur quand je l’invitais au temps des caresses et des baisers. Il marche en silence, rêveur.


Un peu plus loin, au croisement des trois chemins, je reconnais la petite fontaine d’eau installée pour les promeneurs. Il s’engage sur le sentier de droite et je comprends qu’il veut me ramener là où nous écoutions le petit orchestre, dans les bras l’un de l’autre. J’aime cette idée. Il soupire en pensant à ce morceau de bonheur volé à la solitude. Il se sent bien. La musique, comme celle d’avant, je l’entends de loin. J’ai envie de courir, d’y être bien vite. Au bout, il y a le kiosque au pied duquel nous dansions si souvent. Mais je reste à son rythme ; il ne se presse pas, mais savoure chaque instant.


Nous arrivons. Il y a quelques badauds, un couple d’amoureux assis sur la pelouse à quelques mètres et des enfants installés sur les marches du petit pavillon de plein-air. Il s’installe sur le banc, juste en face de l’orchestre.


Les oiseaux ont déserté leur nid accroché à la charpente de chêne, et les cinq musiciens jouent leurs morceaux. Les notes s’égrènent pour notre plaisir, comme celles des anciens bals populaires, et ça fait du bien que le temps jadis arrive jusqu’ici aujourd’hui. Il sourit un peu plus, un peu mieux, plus longtemps et fredonne d’une jolie voix, à peine éraillée malgré les années et la solitude à rompre avec personne.


À l’instant, il n’y pense même plus, bien trop occupé par une envie toute nouvelle, celle de me voir danser en suivant la musique. De belles pensées coquines traversent mon esprit… « Jean-Pierre, je vais te montrer à quel point je peux vibrer en sentant ton regard sur moi ».


L’envie de lui plaire chauffe mes veines et je me mets en mouvement. Tout d’abord doucement, je tourne gracieusement sur moi-même, emportée par une valse de Strauss. Les pas cadencés en « 1, 2, 3… 1, 2, 3 » reviennent si facilement que j’en suis étonnée. Je m’enhardis et virevolte, le dos droit, la taille souple, les jambes légères et les bras placés comme si j’étais entraînée par lui, mon cavalier d’antan. Que c’est bon ! Mes cheveux longs caressent mon visage, une mèche se colle sur ma joue. Puis je me balance d’un pied sur l’autre en me tenant sur les pointes pour recommencer à tourbillonner de plus belle. J’ai envie de lui dire « Laissons-nous aller, les autres n’existent plus, il ne reste que toi et moi en plein Juillet », mais je reste silencieuse et songeuse.


« Ahhh… Jean-Pierre, si tu savais comme c’est bon ! Tes yeux sur moi et je me sens encore plus désirable, plus jolie que jamais, plus gracieuse et agréable que ta douce Jeanne. Ne m’embellis pas trop tout de même. ».


Je vibre de tout mon corps, je m’étourdis de bonheur. Il bat la mesure pour m’encourager. Alors je tourne un peu plus vite et ma jupe se soulève. Ma culotte blanche apparaît, éblouissante de promesses. Je m’abandonne à la danse et je resserre mes jambes, puis je toupille si vite que mon sexe habillé du tissu blanc revient sans cesse à sa vue pour devenir le centre de l’attraction charnelle. « Je vois bien que tu trembles devant le séisme qui fissure ta volonté » ; mais les mots ne sortent pas.


Il fait de moi le foyer de la tentation, et les ondes qui me traversent tracent un chemin jusqu’à mon cœur. J’espère qu’il sait tout ça, parce que je ne lui avoue rien. « Si seulement, si seulement… juste un désir de plus venant de toi. » J’espère et j’attends que l’idée le traverse tout entier. « Même pas une envie de t’encanailler pour tordre le cou à l’impossible ? Tu veux bien essayer d’y penser ? »


Je m’arrête de danser, vibrante de la tête aux pieds. Je crois bien que sa réponse est « oui ». Mon désir est exaucé car un bouton de plus vient de sauter. Mon corsage s’ouvre davantage sur la naissance de ma poitrine généreuse, joliment galbée par mon soutien-gorge transparent. Mes tétons se durcissent. « Ouiii, continue ! » et l’espérance résonne au fond de ma pensée.


Je gonfle ma poitrine dans une grande inspiration de plaisir faisant céder le bouton suivant, juste entre mes deux seins. J’offre ma gorge, toute palpitante, prête à être dénudée pour peu qu’il souhaite finir l’effeuillage. « Persévère ; ne ferme pas les yeux pour ne pas me perdre et pour que je puisse me réjouir de ton trouble. Pas besoin de rougir, personne ne peut savoir… que notre possible existe. »


À présent, il rêve de tendre ses mains, et ses doigts toujours habiles se posent délicatement sur les derniers boutons qui n’offrent aucune résistance. Les pans de mon corsage s’ouvrent. Il souhaite que j’ondule des épaules. Je fais cela. Le tissu glisse et les découvre délicatement une à une, puis le chemisier tombe à mes pieds. Je le ramasse en me penchant malicieusement en avant pour lui montrer ma culotte sous la jupe courte.


Puis une petite brise rafraîchit l’air et des frissons parcourent mes jambes encore chaudes et moites d’avoir tourbillonné pour son plaisir. Il me sourit gentiment, ravi de me voir à présent frotter mes cuisses l’une sur l’autre avec sensualité pour calmer les petits tremblements de ma peau. Ma petite culotte descend le long de mes jambes, entraînée par chacun de mes mouvements. Arrivée à mes pieds, je la retire et la glisse dans mon soutien-gorge.


Le vent léger s’arrête enfin. Mes cheveux longs se posent docilement sur mes épaules, ma jupe s’immobilise sagement bien au-dessus de mes genoux. Il n’imagine plus rien et j’ai peur de devoir repartir bientôt, trop vite. J’ai envie de hurler mes pensées, si seulement il pouvait les entendre. « Nooon, pas tout de suite ! S’il te plaît, Jean-Pierre, encore un peu, encore un jeu, une petite coquinerie, pas plus. »


Puis, d’un léger coup de désir, il soulève ma jupe une dernière fois, comme s’il m’avait entendue. « Merci ! » Alors j’attrape au vol le tissu léger et je le garde bien relevé au-dessus de mes fesses en serrant aussi mon chemisier sur mon ventre. Il me laisse partir et je m’éloigne d’une démarche chaloupée. Je me retourne une dernière fois avec grâce pour échanger nos regards. J’emporte avec moi son sourire et je lui offre celui de Jeanne. « Qu’il te tienne chaud pour longtemps, jusqu’à ce que tu me fasses revenir ! »


J’avance lentement pour prolonger son plaisir de me voir de dos, les fesses à l’air. Je me tiens droite, la tête haute, mes cheveux bruns se balancent au même rythme que mes pas. De loin, mes dernières pensées. « Tu es rassuré à présent ? Tout dépend de toi et de tes désirs. Juste une envie, un dessein, et je grimperai à cheval sur toi pour te faire l’amour sur notre lit. Nous y avons partagé fougue et passion dans des jeux érotiques jusqu’à la jouissance. Espère-moi, bien cachée dans cette petite crique pendant nos vacances et je m’allongerai, alanguie et offerte, sur cette plage où nous avons conçu notre premier enfant. Rêve de moi, et je m’assiérai en face de toi sur notre terrasse pour un petit-déjeuner en amoureux ».


« Si tu le souhaites, je peux me tenir debout, tremblante d’émotion devant la mairie, comme le jour où je t’ai dit « oui », il y a cinquante ans ; et tant pis si je garde mes vingt-huit ans figés dans le temps pour toujours. Toi et moi, on a fait comme on a pu depuis que Jeanne n’est plus là. »


« Si seulement, en vieillissant, tu pouvais ne jamais oublier tout cela, pour que je puisse revenir dès que tu penses à moi et que tu me nommes et que tu m’appelles :


« Souvenir ! »