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n° 15498Fiche technique31758 caractères31758
Temps de lecture estimé : 18 mn
27/02/13
corrigé 30/05/21
Résumé:  Un peu de cruauté, pour changer ? Nos « cruelles festivités » : désorienter la concurrence, profiter (bassement) d'une bonne copine, être l'exécuteur familial des hautes oeuvres et, enfin, traquer la copie conforme d'une jeune femme en pleine forêt...
Critères:  fhh 2couples oncletante forêt amour fsoumise nopéné échange fouetfesse nonéro nostalgie policier sf -sf -jeux
Auteur : Collectif Antilogies      Envoi mini-message

Collection : Antilogies
Cruelles festivités

La collection « Antilogies » regroupe des textes courts (si possible entre 1500 et 7500 signes) mis en ligne sur le forum de Revebebe pendant le mois qui suit une proposition de sujet « antilogique » par l’un des membres.


Tous les lecteurs peuvent avoir accès au forum pour participer ! : Concours et jeux d’écritures ; Antilogies et autres jeux (ré)créatifs – les textes ou Antilogies – les discussions.






Février 2013 – Cruelles Festivités



Sommaire :


Roulez jeunesse !, par OlivierK

Suzanne et Valérie, par Agerespectab




Roulez jeunesse !


par OlivierK



J’entends les flonflons de la fête foraine. Je serais bien incapable de me souvenir de ce que j’ai mangé à midi mais ce qui s’est passé peu après la Libération n’est jamais sorti de mon esprit.


J’étais amoureux de la blonde Isabelle, amoureux comme on sait l’être au sortir de l’adolescence. Mais maladivement timide. Je la voyais à la messe. D’abord une gamine au physique ingrat, un échalas trop tôt monté en graine, puis une ravissante jeune fille, chrysalide devenu papillon en quelques semaines.


J’étais en terminale dans ce lycée où j’ai enseigné si longtemps ensuite. Lui aussi. Moi en lettres, lui en mathématiques. Nous mangeons à la même table.



Il ne m’a pas reconnu. Il ne reconnaît pas sa fille quand elle vient, rarement d’ailleurs, lui rendre visite. Je m’amuse à lui dire que c’est sûrement sa fiancée, je fais mine d’être jaloux. Il soupire qu’il est rangé des voitures, et depuis bien longtemps.


L’infirmière vient de fermer ma fenêtre. Un coup sec sur ma porte et elle entre. Elle est très belle. Je le lui dis. Elle me gronde, mais sans acrimonie :



Mais elle me sourit. Alors je continue :



Elle a raison. Elle est bien trop jeune. Isabelle était encore plus jeune. J’avais vu, quelques jours auparavant, les derniers soldats allemands quitter la ville ; puis des maquisards arriver. Des miliciens sur le toit de la mairie, la serveuse du Café de la Gare courant au milieu de braillards qui l’avaient tondue. Elle qui avait de si jolis cheveux ! C’était la première fois que je voyais une femme nue, les poils de son pubis étaient aussi noirs que ses cheveux perdus, ses seins ballottaient, ronds et blancs, aux tétons roses.


Où étaient-ils passés, les forains, pendant l’Occupation ? Toujours est-il qu’ils étaient là, sur la place de la préfecture, le premier dimanche de septembre. Je me suis juré ce jour-là de conquérir Isabelle ou de lui faire comprendre, au moins, que je l’aimais. Je la voyais quand nous déambulions, nous les jeunes, sur la place Michelet. Garçons et filles séparés, évidemment, mais quelques-uns osaient parler plus fort, lancer des œillades et des sourires. Des filles riaient bêtement, d’autres rougissaient. Isabelle me regardait parfois. Il était à côté de moi, comme en classe. Il était moins timide, lui. Un jour, au théâtre municipal, il s’était isolé avec une fille brune, dans une loge ; ils avaient les lèvres rougies et gonflées quand ils nous avaient rejoints.


La nuit venue, je l’ai rencontré devant les autos-tamponneuses. Isabelle était dans l’une d’elles. Il a sauté dans une autre et s’est amusé à la heurter. Elle en riait. Ils sont allés ensuite devant la chenille. La musique était forte, l’allure rapide. La toile était abaissée, cachant les passagers. Quelles possibilités de baisers et de tripotages ! J’ai pensé que c’était le moment de tenter ma chance. Isabelle m’a regardé, en souriant un peu. Mais il était à côté d’elle. Je n’ai pas bougé. Ils se sont installés sur un des sièges de la chenille.



Je les ai revus, de loin, pendant les longues vacances qui précédèrent mon entrée à la faculté des lettres, à Lyon. Ils se tenaient par la main, ils s’embrassaient dans les coins sombres. J’ai appris, vers Pâques, qu’elle était enceinte et qu’il était à Clermont-Ferrand. Je ne sais pas ce qu’elle est devenue. Il m’est arrivé, cette année-là, de rendre visite aux prostituées de la rue des Archers. Puis la vie a passé.


J’irai avec lui, demain, à la fête foraine. Pas le soir, bien sûr, car la porte sera fermée. En début d’après-midi. La garde-chiourme voudra nous empêcher de sortir.



Je promettrai de le ramener. Elle nous laissera passer. Nous ferons le tour de la place, plusieurs fois.



Il a oublié que nous nous sommes tutoyés pendant presque trois-quarts de siècle. Je lui parlerai d’Isabelle.



Je le ferai asseoir sur un banc. Je rentrerai après quatre heures de l’après-midi. La garde-chiourme aura été remplacée par une autre, qui ne s’étonnera pas de me voir seul.


À l’heure du dîner on ira le chercher dans sa chambre. La directrice ronchonnera, appellera le commissariat de police, en s’excusant une fois de plus. On le trouvera sur son banc, à l’heure où les forains commencent à crier « Roulez jeunesse ! » Il ne se sera même pas rendu compte qu’il commençait à faire un peu froid.


La garde chiourme se fera vertement tancer, le lendemain. Elle me mettra en cause :



Je sais bien ce que je répondrai :




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L’anniversaire de Manon


par SophieF.



Je n’aurais jamais dû laisser Laurent partager ma chambre. Il prend sa part des tâches ménagères, bien sûr. Il est gentil, il m’aime, nous faisons l’amour souvent, je l’aime aussi mais je me sens trop captive. Douce prison que celle des deux bras d’un garçon amoureux, diraient certaines, et je pense à Chloé par exemple, qui me confiait encore à midi qu’elle voudrait bien un mec, un mec pour elle toute seule. Pourtant j’aimerais parfois faire la fête et même, de temps à autre, finir la nuit dans d’autres bras que ceux de Laurent, mais j’ai peur de lui faire beaucoup trop de peine.



Il ne veut pas m’en faire la surprise, il veut être sûr de me plaire.



Aveuglée par ce foulard, jouer à Colin-Maillard, toucher et être touchée, embrasser et être embrassée, laisser d’autres mains que les siennes me tripoter…







Qu’ils sont lourds, ces garçons… Inutile de perdre mon temps à expliquer. Nous sommes dans la salle des archives, je laisse Julien, comme assez souvent désormais, dégrafer mon soutif, bécoter mes seins, glisser un doigt dans ma petite culotte, et je palpe son sexe qui me semble gonflé à souhait. Mais je suis bien obligée de le repousser :










Chloé m’offre un paréo et Julien… encore un foulard Hermès ! Bises de remerciements. Champagne. Pour ce que je désire, quoi de mieux que d’ouvrir le petit coffret que nous avons acheté, Laurent et moi, en riant comme des baleines à cause de sa ringardise évidente : 500 questions et défis coquins ? J’ouvre donc au hasard et je lis à voix haute : Cap ou pas cap ? Montrez votre nombril et laissez chaque joueur mettre un doigt dedans. Je relève mon chemisier, Laurent avance son index, puis c’est Julien et enfin Chloé.



Elle finit par cesser de les peloter et prend une autre fiche : Laissez votre voisin ou voisine vous pincer là où il (ou elle) veut. Pince, Laurent !


En souriant, il fait mine d’hésiter :



Et il lui pince la cuisse, bien timidement.



Je ne l’avais pas invitée pour cela… Julien, en riant beaucoup, pince le bout du sein gauche de Chloé.



Elle ôte son chandail et dégrafe son soutien-gorge, qu’elle lance sur un fauteuil. Sûrement bien plaisants pour les deux garçons, ces nichons ronds et fermes, plus gros que les miens, les tétons déjà gonflés. Forcément !



Elle s’adresse à Laurent. Il pince, gentiment, d’un côté puis de l’autre.



Elle se tourne vers Julien :



S’il en veut, en effet ! Je commence à être furieuse. Quant à Chloé, elle est déchaînée :



Elle les lance, lit le rouge : Lécher. Puis le blanc : Bouche.



Elle veut glisser sa langue entre ses lèvres, il les entrouvre sans se faire prier.



Ils s’embrassent pour de bon. Julien ne me regarde même pas.



Il lit le résultat : Embrasser… poitrine. Petits bisous sur les mamelons de Chloé. Puis il tète carrément ! Juste au moment où je vais dire que c’est quand même à moi de jeter les dés, elle les donne à Julien, qui les lance et lit : Lécher… fesses. La voilà aussitôt debout, qui soulève sa jupe. Julien lèche, en essayant même de glisser sa langue sous la petite culotte. Laurent veut sa part, Chloé ne demande pas mieux. Puis elle lui tend le coffret. Mordre… sexe. Il fait mine de le faire, par-dessus le slip, et se relève tout rouge.



À pleines dents ! Et ça dure, et ça dure… Elle reprend quand même le coffret. Masser… pieds.



Elle rit et se trémousse, sa courte jupe remonte, ils regardent sa petite culotte très humide qui ne va pas tarder à disparaître, je présume. En effet. Lécher… sexe, lit Julien. Et voilà qu’elle les prend par la main et les entraîne tous les deux vers mon lit !


Drôle d’anniversaire !



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Suzanne et Valérie


par Agerespectab



Coup de sonnette en ce dimanche matin 30 décembre. C’est Valérie, dont je vous ai déjà parlé. Pour ceux qui ne s’en souviennent pas, il s’agit de ma nièce chérie, également ma filleule. Elle a aujourd’hui près de vingt ans, elle est préparatrice en pharmacie. Je suis quant à moi un célibataire endurci ayant largement passé la quarantaine. Nous nous embrassons puis elle déclare :



Suzanne est sa patronne, pharmacienne et propriétaire de l’officine. Elle a également été son maître d’apprentissage, cela fait donc quatre ans qu’elles travaillent ensemble. C’est une petite femme brune très douce, d’environ cinquante ans, qui m’a donné jusqu’ici l’impression d’avoir pour Valérie une grande affection. Elles ont toujours paru très complices et je suis intrigué :



Ses yeux sont soudain pleins d’eau.



Il faut préciser ici que Valérie a décidé, un beau jour, que je serais l’exécuteur des hautes œuvres. Pourtant sa maman n’a jamais négligé d’élever correctement sa diablesse de fille et lui a fait rougir son popotin chaque fois que nécessaire. Par quel mystère a-t-elle décidé que cette tâche m’incombait désormais, à sa majorité…


Je lui prends la main et l’entraîne vers le canapé.



Je claque son postérieur avec résolution une vingtaine de fois. Elle couine et proteste :



Je termine avec dix grosses claques supplémentaires qui amènent les gros sanglots. Je la redresse et la prends dans mes bras pour la câliner :



Elle est repartie retrouver son copain qui saura sûrement la consoler.


Vers treize heures Marie-Thérèse, sa maman, vient me rejoindre et nous partons déjeuner. Bien entendu je lui raconte tout ce que je sais et elle complète avec ce qu’elle a appris de son côté.


Marie-Thérèse est la maman de Valérie, veuve de mon frère tué en Afghanistan. Marithé en a été foudroyée de chagrin et, bien qu’amoureux transi, je ne me suis jamais permis de troubler son veuvage.


Après de nombreuses années au cours desquelles nous avons entretenu tous deux des relations affectueuses, sans plus, elle est tombée dans mes bras, par le truchement d’une aventure que j’ai déjà racontée.


Le lendemain lundi est le 31 décembre. J’appelle la pharmacie vers 10 heures et Suzanne me répond. Je l’informe de ce qui s’est passé chez moi la veille, en insistant sur la sévérité dont j’ai fait preuve. Je me crois malin d’ajouter :



J’apprendrai plus tard ce qu’il est advenu. Nous devions fêter le réveillon, Marithé et moi, mais un coup de fil en fin d’après-midi m’informe qu’il y a changement ; elle ajoute que je peux la rejoindre quand je le souhaite, et de me munir de mon flacon d’huile à l’arnica. Elle me racontera tout :


Après la fermeture de l’officine, Suzanne a sorti de son sac un robuste martinet du temps jadis et lui a administré posément une trentaine de cinglades qui lui ont embrasé les fesses comme elle ne l’avait jamais connu. Marithé m’assure que le spectacle actuel du postérieur de sa fille est désolant. Elle précise que Valérie ne tolère présentement aucune visite, ni la mienne ni celle de son copain Adrien tant elle a honte, et d’ailleurs Marithé me remercie vivement d’avoir amené mon flacon miracle, dont elle s’empare en filant vers la chambre de sa fille.


Le premier janvier, nous nous sommes réunis, Adrien et moi, autour de la table de Marithé pour un repas de fête, auquel Valérie a assisté assise sur deux coussins douillets. La pauvre avait triste mine, sans maquillage, en peignoir. Au café, avec Adrien, elle s’est laissé cajoler sur le canapé mais sans pouvoir conserver bien longtemps une position et ils sont montés dans sa chambre. Adrien est redescendu une demi-heure après et tout le monde a compris qu’elle refusait de lui montrer l’étendue des dégâts.


Plus tard, Valérie m’a précisé que sa patronne n’avait rien d’une chiffe molle ni d’un mollusque. Elle m’a confirmé avoir passé sa soirée de réveillon chez sa mère, dans sa chambre couchée sur le ventre, en rêvant tout en pleurant à sa belle tenue de soirée, un petite robe noire en soie pas mal au-dessus des genoux mais sans trop montrer les jarretières de ses Dim noirs et ses talons en vernis noirs, autant de trésors qui n’ont pas quitté les placards ; et pour seule consolation la tendresse de sa maman qui lui a pommadé ses fesses et la satisfaction d’avoir été pardonnée par sa patronne.



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Je t’attends au fond des bois…


par Hidden Side



(Attention, âmes sensibles s’abstenir !)


Cela fait quelques heures qu’elle observe cette cabane paumée en pleins bois. Aussi paumée qu’elle, à vrai dire. La jeune femme grelotte sous sa mince chemise en flanelle, passée dans un jean flottant sur ses hanches. Une tenue plutôt inappropriée pour cette fin octobre. Depuis son évasion, elle a beaucoup maigri. Compréhensible, quand vous errez depuis des jours dans une forêt immense sans presque rien à vous mettre sous la dent. Elle a essayé d’attraper des truites dans l’onde glacée des ruisseaux, comme le lui a appris son grand-père, et, étonnamment elle a fini par en serrer une dans son poing. Un poisson indolent, engourdi par le froid de l’automne, aussi faible qu’elle-même. Bientôt, elle n’aura plus assez de forces pour échapper à ceux qui la traquent. Alors elle a consommé le poisson cru, se forçant à ne pas vomir.


Ce dernier repas commence à dater. Elle brûle de mettre la main sur quelque chose de plus consistant et de plus « civilisé ». Mais sa véritable urgence, c’est d’alerter les media. L’espoir a fini par surgir sous la forme d’un chemin forestier : une simple piste à travers les arbres. Elle l’a suivie, s’attendant à déboucher sur une route, prête à arrêter le premier véhicule venu. La piste l’a menée à la cabane au fond des bois. Cul-de-sac…


Un vieux Dodge est garé à quelques mètres (verrouillé, bien sûr – aucune clé à l’horizon). La cahute doit être occupée, mais par qui ? Des hommes à eux ? Elle n’ose pas s’approcher. Désespérée mais pas stupide ! Il suffit d’attendre que les occupants décampent. Pourvu qu’ils bougent vite… Elle ne supportera pas une nouvelle nuit dans la froidure des sous-bois.


Soudain, des grincements dans la bicoque l’avertissent d’un déplacement. À peine le temps de se dissimuler derrière les arbres que la porte s’ouvre. Le bruit des clés qui bataillent, une portière qui claque, puis le réveil en fanfare du Dodge, rugissant à pleines soupapes. Le véhicule s’ébranle, écrasant les aiguilles de pins tapissant l’allée avant de disparaître. Si ses occupants décident de faire demi-tour, elle ne pourra pas les louper. C’est déjà ça.


Elle s’approche lentement, tendue et farouche, les doigts crispés sur une grosse pierre aux arêtes vives. Elle n’hésitera pas à tuer s’il le faut. Au point où elle en est, on est prêt à tout pour ne pas se laisser prendre. Sa main pèse sur la poignée. Verrouillée. Bon signe, il n’y a probablement plus personne à l’intérieur…


Pas de temps à perdre : dans un fracas de vitre brisée, le caillou traverse une fenêtre. Le cadre débarrassé de ses fragments acérés, elle se glisse à l’intérieur. Comme prévu, la baraque est vide. Un bonheur ne venant jamais seul, un présent inestimable trône sur le guéridon du salon : l’émetteur radio qu’elle se désespérait de trouver ! Signe de sa joie, un rictus sauvage déforme ses traits. Elle a gagné, le cauchemar est sur le point de prendre fin !


Alors qu’elle s’avance vers l’émetteur, décidée à mettre un terme à ce calvaire, des effluves délectables lui chatouillent les narines. La torture de son estomac vide l’emporte temporairement sur sa volonté, et, malgré elle, ses pas l’entraînent à la cuisine. Petite pièce sommaire où l’attend une surprise de taille : un rôti à peine entamé, nageant dans son ragoût de carottes et de pommes de terre. Vision exquise aux yeux d’une pareille affamée !


Négligeant toute prudence, la jeune femme s’attable, saisissant le quartier de viande avec la ferme intention d’ingurgiter autant de calories que faire se peut. Après avoir bâfré sans vergogne, elle remarque un téléviseur dans un coin de la pièce. Ça fait si longtemps qu’elle est coupée du monde… Elle cède à la tentation d’allumer la lucarne magique, goûtant un instant, un bref instant, la normalité d’un monde oublié ! Sur le petit écran, des enfants déguisés en vampires toquent aux portes pour obtenir leur ration de friandises. Dépassant la fatigue qui embrume sa réalité, elle réalise que c’est aujourd’hui la fête d’Halloween. Déjà…


Mais si elle est ici, ce n’est pas pour guigner sa part de bonbons, c’est pour faire éclater la vérité ! Toutefois, sa fatigue se mue en torpeur, empêchant son esprit d’entendre cette pensée alarmante : « Tu es comme Gretel dans la maison de la sorcière… Fuis avant que le piège ne se referme sur toi ! »


Trop tard. Avant de pouvoir se demander si la viande n’est pas bourrée de narcotiques, elle est happée par le sommeil.



***



La sensation d’un contact dur et glacé la réveille brutalement. Elle se redresse, des picotements dans la nuque, froidement consciente de la situation : pendant qu’elle dormait, le maître des lieux est revenu. À présent, il la braque avec un flingue qui n’a rien d’un joujou.



Ce type lui fait penser à un père Noël patibulaire : longue barbe jaune sale, gros ventre pesant, front dégarni luisant de sueur. Elle-même doit ressembler à une clocharde. L’autre doit sûrement la considérer comme telle…



Elle lui raconte tout, espérant que la franchise dans sa voix fera la différence : les festivités au centre, la proposition du directeur de lui faire découvrir leur travail sur la téléportation, le prototype où il la convainc d’entrer, le grand éclair blanc avant de se retrouver dans une cage sombre à l’autre bout du bâtiment. Séquestrée et maltraitée durant des semaines, objet d’expérimentations abominables, violentée à plusieurs reprises.



Tout à coup, la porte d’entrée s’ouvre, laissant pénétrer un homme au sourire sardonique.


Jake Spencer ! Comment a-t-il fait pour la retrouver ? Le père Noël était simplement censé la retarder, comprend-elle alors. Elle bondit vers la fenêtre, sentant plus qu’elle ne voit le mur en rondin exploser tout près de son épaule. La jeune femme zigzague entre les arbres, tandis que Spencer ajuste son tir. Une boule de feu la frappe soudain entre les omoplates, la projetant au sol dans un jaillissement de chair et d’os éclatés.


Sans se presser, le tueur s’approche.



Un temps d’arrêt, puis un claquement définitif secoue les bois.



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