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Temps de lecture estimé : 20 mn
01/04/13
Résumé:  Estelle, la standardiste du bureau, nous a demandé de piéger son homme volage...
Critères:  fh extracon travail vengeance cérébral photofilm confession humour -extraconj
Auteur : Elodie S      Envoi mini-message
L'arroseuse arrosée



Enfin midi et demi ; Daphnée entre dans mon bureau. Assistante du Directeur Commercial, elle est ma meilleure amie, et nous nous retrouvons avec plaisir pour déjeuner ensemble presque tous les jours où nos patrons respectifs nous laissent suffisamment de temps pour nous restaurer. Physiquement, nous sommes très différentes, mais nous nous entendons à merveille. Grande blonde aux yeux bleus, style scandinave, elle me domine de douze centimètres avec son mètre soixante-quatorze. Mais elle est si mince qu’entre tour de poitrine et tour de hanche, je lui reprends horizontalement ces douze centimètres, moi, la latine, aux cheveux sombres et aux yeux couleur noisette… Qui ne ressemble pas s’assemble !


Nous partageons tous nos secrets les plus intimes, et j’ai connu l’homme avec lequel je vis depuis un an, Mathieu, grâce à elle car il est le meilleur copain du sien, Kevin, dont il partage la passion immodérée du foot.


Nous trouvons une table un peu isolée dans un coin de la cantine afin de pouvoir papoter en toute tranquillité sans être importunées. Mode, beauté, couple, projets de vacances, potins du bureau et autres : nos sujets de discussion sont variés et typiquement féminins. Un moment de vrai répit pour deux assistantes de direction surexploitées par leurs boss !


Patatras ! Estelle, la standardiste, vient s’asseoir à nos côtés. Elle a la mine plus sombre que jamais. De ma taille mais encore plus plate que Daphnée, elle ressemble à une paysanne montée à la capitale, mal fagotée, aux traits vulgaires, rarement souriante. En général, nous faisons tout pour l’éviter, bien que nous partagions une certaine commisération pour cette fille à peine plus âgée que nous qui a déjà deux gamins en bas âge.



La réponse d’Estelle nous plonge dans un abîme de perplexité et je croise le regard interloqué de Daphnée, aussi surprise que moi par ces propos sur la qualité d’un divorce. Aujourd’hui, cela nous semble une simple formalité. Ma copine finit par lâcher :



Nous terminons notre repas, notre intimité habituelle évanouie, en essayant de divertir un peu notre standardiste par des railleries en lui confiant que nous nous sentons nous aussi trompées par la passion immodérée et non partagée de nos hommes pour le ballon rond. Enfin, non partagée sauf lorsque c’est David Beckham qui le manie !



—ooOoo—



Plus d’une semaine plus tard, Estelle nous rejoint comme précédemment à la cantine. Le coup d’œil échangé avec ma copine traduit aisément notre agacement pour cette nouvelle intrusion inopportune dans notre séance de confidences quasi quotidienne. Estelle paraît avoir repris un peu d’assurance, et nous l’interrogeons sur l’évolution de ses relations conjugales.



Nous échangeons toutes deux un regard effaré. La demande nous laisse sans voix, et nous poursuivons notre repas dans un silence plus qu’inhabituel entre nous. Lorsqu’Estelle se lève enfin, Daphnée lui glisse à voix basse :



Lorsqu’elle s’éloigne et que nous nous levons à notre tour, je dis à mon amie :





II – Le plan de Daphnée



Le lendemain, accaparée par mon boss à la réalisation d’une importante présentation à des banquiers, je me fais monter un sandwich sans pouvoir retrouver Daphnée à la cantine. Le jour suivant, impatiente d’avoir l’explication de son énigmatique pourquoi pas, je lui propose de nous retrouver à l’extérieur dans une pizzeria, ce qu’elle accepte d’un air amusé.


Pendant près d’une heure, elle m’explique que, finalement, la demande d’Estelle n’a rien d’extravagant, que c’est un menu service, fort important pour elle, que nous pouvons le lui rendre sans peine, que nous savons bien que nos hommes, lorsqu’ils accompagnent le PSG en déplacement, ne sont pas avares d’entorses passagères à leur devoir de fidélité envers leur compagne ; bref, que celle qui se dévouera fera preuve sinon de charité chrétienne, au moins d’humanisme.


À bout de contre-arguments, je lui rétorque :



Cette réponse me déplaît, car moi, sa meilleure amie, je me retrouve à ses yeux l’égale d’une fille que nous méprisons un peu.


Le lendemain, à l’instigation de Daphnée, nous nous retrouvons avec Estelle à la cantine à l’heure où la plupart des employés ont fini de déjeuner. Avec une mine de conspiratrice, elle nous dit :



Je suis sidérée par la précision machiavélique du plan de ma copine pour hameçonner Lucien. Estelle, après un moment d’hésitation, accepte la proposition, et Daphnée me glisse :



Avec une certaine appréhension, j’informe, la veille du jour fatidique, à toutes fins utiles, Mathieu que je profite de sa soirée foot pour sortir avec Daphnée. J’attends son départ pour enfiler une petite robe noire, toute simple, assez décolletée, sans soutien-gorge dessous, et une paire d’escarpins à talons hauts. Puisque je suis en compétition, autant mettre mes atouts spécifiques en valeur sans avoir l’air d’une naine. Mon amie vient me chercher avec sa voiture ; elle a choisi un tailleur rouge carmin très chic, et me complimente sur ma tenue.


Arrivées à la brasserie, nous retrouvons le fameux Lucien et Estelle au bar. Elle fait les présentations, et son homme nous enveloppe d’un regard appréciateur. Il est de ma taille (avec mes talons) et a le physique passe-partout d’un fonctionnaire des impôts qu’il nous annoncera être plus tard. Il est aussi mal habillé qu’Estelle, qui s’est ce soir risquée à un ensemble rose fuchsia du plus mauvais goût. Avec une galanterie maladroite, il nous propose un apéritif alors qu’Estelle nous annonce qu’elle devra malheureusement nous quitter après celui-ci, car un de ses fils est souffrant et que Lucien lui a promis d’être sage avec nous.


À son départ, nous rejoignons le restaurant, beaucoup moins intime que le bar. Nous sommes assises toutes deux sur la banquette et, face à nous, nous sentons sur nous le regard de plus en plus appuyé de Lucien. Il pavane comme un coq dans une basse-cour. Bien que la conversation soit des plus banales (nos histoires du bureau, son boulot aux impôts, les gamins qui l’exaspèrent, etc.), il essaie de faire des mots d’esprit souvent peu heureux et Daphnée minaude de plus en plus. Au dessert, la conversation se fait plus intime et il nous demande carrément si nous dormons seules dans nos lits. Nos réponses jettent un froid certain, et ma copine doit en rajouter dans son rôle de séductrice pour retrouver une certaine intimité entre nous. Elle va même jusqu’à se pencher vers lui pour lui montrer le pendentif, soi-disant d’origine inca, qu’elle arbore. Lucien n’hésite pas à le saisir et à le soupeser un bon moment dans sa main. Vexée, je me penche à mon tour pour lui exhiber la perle qui orne mon décolleté. Il la fait longuement rouler entre ses doigts, tout en accentuant progressivement le contact de ses phalanges sur le flanc de mes seins. Je feins l’indifférence ; je sais que, côté poitrine, j’avance des arguments sensiblement plus lourds que ma copine.


Je sens le genou de Daphnée heurter ma cuisse, comme pour me signifier de ne pas trop en rajouter. Comme mon tourmenteur, en affirmant vouloir estimer le grammage du bijou – peut-être par déformation professionnelle, pour en estimer la valeur – tente de soulever le frêle tissu de ma gorge, je saisis sa main, la laisse un bref instant collée contre mon sein, puis la repousse. J’invoque l’assurance de son épouse sur sa prétendue sagesse. Visiblement, il n’en a cure : ces jeux plus ou moins innocents ont donné un coup de fouet à sa libido de mâle, et monsieur nous propose de finir la soirée en boîte. Nous déclinons l’invitation, mais acceptons un dernier verre au bar. Visiblement, ma perle et/ou ma gorge lui ont fait de l’effet, et il profite de l’absence momentanée de Daphnée, partie se refaire une beauté, pour tenter une nouvelle exploration tactile de mes attributs. Je le repousse avec une certaine mollesse et il glisse dans mon décolleté son numéro de portable avant le retour de mon amie. Je disparais à mon tour pour me rafraîchir et constate à mon retour que mon amie, elle aussi, a droit à des attentions soutenues. Notre homme se reprend en m’apercevant, et peu après nous le quittons sur des promesses de revoyure proche.


À peine dans la voiture, Daphnée m’assaille :



Nous partons d’un joyeux fou-rire ; me voilà transformée en appât pour la pêche à l’homme…




III – Les travaux d’approche



Évidemment, le lendemain, Estelle se précipite sur nous à la cantine et nous interroge sur le déroulé de notre réunion de la veille. Daphnée, dont je découvre avec étonnement les talents de metteur en scène, reste vague et nous informe sur le ton de la confidence qu’elle a besoin de réfléchir à la suite de notre plan de libération matrimoniale d’Estelle.



—ooOoo—



Quelques jours plus tard, elle m’enjoint d’appeler Lucien pour lui fixer un rendez-vous le jour choisi, où nos hommes suivent leur équipe pour un match à Lyon. Je lui fais part de mon refus ferme et définitif de recevoir Lucien chez moi et de coucher avec lui. Prenant une mine ennuyée, elle me propose de nous recevoir chez elle et de limiter le don de ma personne à quelques caresses d’adolescente. Je ne lui cache pas mon doute de pouvoir résister aux assauts du bonhomme en rut, prêt au viol ; mais, une fois de plus, elle me rassure en me disant qu’elle sera là, dans la pièce à côté, prête à intervenir à tout appel à l’aide. Je finis par lui céder, une fois de plus…


Évidemment, lorsque j’appelle Lucien pour lui proposer de venir dîner, seul, chez Daphnée, il ne se fait guère prier. Ma copine demande à Estelle d’accepter, sans broncher plus que nécessaire, le bobard qu’il va lui raconter (un déplacement en province) et nous imaginons toutes deux avec délice la mâle satisfaction de notre contrôleur des impôts, savourant par anticipation sa bonne aubaine avec deux femmes tombées sous son charme.



—ooOoo—



Le jour venu, j’ai quand même une certaine appréhension. Sur les conseils de mon amie, je la joue mi-BCBG mi-sexy, avec un tailleur gris plutôt court et un chemisier blanc dont la soie assez transparente laisse clairement deviner mon soutien-gorge de dentelle blanche. Bien entendu, elle a insisté pour que je porte ma perle aux pouvoirs attractifs certains, et que je donne à mon prétendant l’impression d’une soumission totale jusqu’au dénouement de notre mise en scène. Tout en préparant le dîner, Daphnée m’indique la chambre d’amis, où je suis censée opérer. Les murs en sont tapissés d’un tissu rouge qui lui donne une étrange atmosphère. En déplaçant une litho du mur, elle me montre une petite fenêtre à travers laquelle elle pourra photographier mes écarts de conduite depuis sa chambre. Je la supplie de ne prendre qu’une ou deux photos ; elle me rassure et me réitère qu’elle interviendra dès que mes cris trahiront l’empressement déplacé de Lucien.


Lorsque celui-ci sonne à l’interphone, elle s’approche de moi, me relève une mèche et ouvre deux boutons de mon corsage, révélant largement mon pendentif et le liseré de dentelle blanche des bonnets de mon soutien-gorge !


Lucien apparaît, dans son costume toujours aussi étriqué. Il a un bouquet de tulipes rouges à la main (fleurs sans parfum ni caractère que j’abhorre) et, après avoir salué Daphnée et remis son cadeau, s’approche de moi en me dévorant des yeux comme si j’étais un caramel tropical. Il pose directement ses mains sur mes hanches pour me claquer deux bises baveuses en se frottant contre moi. J’ai du mal à contrôler un mouvement de recul.


Heureusement, mon amie nous appelle au salon, où l’apéritif est servi. Elle s’installe dans un fauteuil, nous laissant le sofa, côte à côte. Après avoir débouché la bouteille de champagne et rempli nos flûtes, mon promis lève sa coupe en ma direction et me lance en me fixant d’un œil égrillard :



Il s’affale tout contre moi et lance un bras pesant autour de mes épaules ; sa main se pose directement sur mon sein droit. Je croise le regard de Daphnée et y lis une insistante recommandation d’éviter toute esquive. Je laisse donc ses doigts m’envelopper sans préalable. Lucien arbore cette assurance de ces petits mâles prétentieux et sûrs d’eux ; me voilà dans le rôle de la femelle consentante ! Après bien des papouilles et deux flûtes de champagne, mon amie nous propose de passer à table. Je trouve un instant de répit en l’accompagnant à la cuisine chercher les plats. Elle me reproche à voix basse d’avoir un comportement d’iceberg et me suggère de me montrer quand même, un peu plus participative !


À peine assise à table, la main de l’homme vient se poser sur mon genou et l’enveloppe, tel un propriétaire. Je laisse faire, et ses doigts atteignent vite l’ourlet de ma jupe. Par chance, celle-ci est droite et assez serrée, handicapant sa mâle progression. Je me dis qu’à ce rythme, mes Dim-up vont bientôt filer. Heureusement, le dîner préparé par Daphnée est très savoureux, et je me permets une allusion qui provoque son hilarité en affirmant que son velouté se savoure à deux mains, à laquelle elle répond, narquoise, que le velouté n’est pas seulement dans les bols ! Honnêtement, je ne participe guère que par onomatopées à la conversation animée ente les deux autres convives ; j’ai l’impression d’être ce soir une potiche galante, une pouliche flattée par son palefrenier. La main inquisitrice tente de reprendre son ascension en s’acharnant vainement sur mon ourlet. De guerre lasse, je me soulève un peu ; comme surprise par cette trop facile reddition, elle hésite, puis en profite pour s’infiltrer à la limite de mon panty. J’aurais au moins sauvé une paire de bas !


Afin d’immobiliser l’intrus, je serre les cuisses autant que je peux. Le ballet des doigts sur mon ventre s’arrête par la force des choses. Mais je sens ce poids incongru tout contre mon minou, et j’éprouve un sentiment trouble. Heureusement, alors que je n’en peux plus de rester ainsi contractée, le dessert me donne une superbe occasion de me lever…


Je reprends mon souffle à la cuisine. Je me rends compte que, malgré moi, je suis un peu humide d’avoir enserré si longtemps une main contre mon intimité. Après m’être rincé le visage, j’apporte le dessert que j’avais acheté. En entrant dans la salle à manger, j’entends Daphnée évoquer la porte du fond à gauche et les deux convives se taisent tout d’un coup. Je rougis en imaginant aisément ce dont ils parlaient, puisque c’est celle de la fameuse chambre d’amis !


L’ascension vers mon mont de Vénus recommence vaillamment. Mais le combat repart de nouveau à zéro, et l’étroitesse de ma jupe heurte à nouveau les volontés impérialistes de mon conquérant. Je ne veux pas qu’il puisse sentir qu’il m’a fait un peu fondre… Je lui échappe à nouveau, insistant auprès de Daphnée pour desservir seule. Je ne me presse pas pour ce faire, pendant que mon amie met une musique genre dernier slow avant fermeture, tamise la lumière et présente à Lucien sa collection de digestifs. À mon retour, je constate que trois verres sont servis, d’un très vieil Armagnac selon Lucien. Je n’ai guère l’habitude de ce genre de boisson… Je m’étouffe à la première gorgée, provocant la réaction hilare des deux autres buveurs.


Daphnée suggère à Lucien de m’inviter à danser. Le diable s’exécute et je m’abandonne dans ses bras. Il me serre à m’étouffer, ses mains courent sur mes fesses, sans souci pour ma jupe qui remonte. Je ferme les yeux, et répète une fois de plus la scène dans ma tête : sortir son sexe, le caresser, le prendre dans ma bouche s’il insiste trop, puis m’enfuir vers Daphnée dès sa jouissance venue… Mon cavalier s’excite, je sens son désir croître contre mon ventre. Il m’embrasse goulûment, sa langue m’investit, une de ses mains s’est glissée sous ma jupe et me pelote vigoureusement la fesse. J’entrouvre un œil et cherche désespérément mon amie ; elle a disparu. Me voilà au pied du mur ; j’échappe à son étreinte et lui murmure, en lui tendant la main, un faible viens




IV – La concrétisation



À peine le pas de la porte franchi, Lucien me culbute sans ménagement sur le grand lit au couvre-lit de velours rouge et m’y couche sur le dos. M’enserrant le ventre entre ses genoux, il se penche vers moi et s’attaque sans ménagement aux boutons de mon corsage dont certains sautent avec un claquement sec. Il sort un de mes seins de sa prison de dentelle et le gobe goulûment. Je me dois de reprendre absolument le contrôle de la situation, et glisse une main vers sa virilité qui frappe contre mon nombril. Un grognement satisfait me rassure sur l’opportunité de mon geste, et il se soulève pour me faciliter l’accès à son orgueil viril. Plus respectueuse que lui des vêtements boutonnés, j’ouvre la cage de l’oiseau et en caresse la peau. Il s’étire, long et fin, légèrement recourbé, d’une taille plus soutenue que je ne l’aurais pensé. Il grogne à nouveau et, m’attirant vers lui, m’extrait de mon corsage, s’attaque maladroitement à l’agrafe de mon soutif qui finit par céder dans un craquement lugubre. De sa bouche, de ses mains, il assiège ma poitrine ; en un soudain éclair de lucidité, j’essaie d’imaginer comment je pourrai bien justifier à Mathieu les marques rougeoyantes que son traitement gourmand laissera sûrement sur le grain de ma peau !


Malgré ses mâles assauts mammaires, je poursuis mes investigations manuelles, découvrant son objet du prépuce jusqu’aux bourses. Sans quitter ma poitrine, il se soulève un peu, fait glisser d’une main pantalon et caleçon, puis remonte ma jupe sur le haut de mon ventre et se repose enfin les fesses sur le haut de mes cuisses. Je sens à travers mon panty son sexe qui bute sur le mien, mais ne parviens pas à détourner de la main ce contact brûlant que je souhaite éviter. Et, bien malgré moi, cette pression me trouble ; mes stoïques résolutions de circonscrire nos ébats au strict minimum fondent comme neige au soleil au fur et à mesure de l’avancement de l’intrus qui repousse mon dessous dans ma grotte intime. D’un seul coup, je cède toute résistance ; l’homme s’en aperçoit, me couve d’un regard vainqueur, se relève, enlève ce qui nous reste de vêtements (que son slip kangourou, modèle année 60, est horrible !), soulève mes genoux, m’inspecte au plus profond et pose son épieu à l’entrée de ma fente. Dans les jeux amoureux, l’activisme parfois remplace le savoir-faire !


Son dard me pénètre ; mes muqueuses l’accueillent en se faisant moelleuses. Il a posé mes genoux sur ses épaules et me pénètre en ahanant. Je le sens bien en moi ; il coulisse, me pistonne. Le plaisir monte, me torturant le ventre, je ne suis plus qu’un corps beaucoup trop sensuel, l’onde me submerge, je griffe sa peau, les draps, je crie des mots sans suite, l’orgasme me submerge. Je m’effondre, anéantie de plaisir.


Lorsque je reprends conscience, je sens le regard de mon nouvel amant, debout au pied du lit, qui me caresse le corps. Son pieu est érigé, obscène témoin humide de moi et rigide de sa retenue. Je me rends compte qu’il n’a pas joui, et que je vais devoir de nouveau vibrer sous ses assauts. Telle une crêpe je suis retournée, attirée à la limite du lit. J’enfouis mon visage entre mes bras, remonte ma croupe vers le mâle et attends, offerte, ses outrages. À nouveau, mon étalon approche son mandrin de mes lèvres intimes, caresse mon petit trou d’un doigt inquisiteur, puis m’embroche d’un seul coup. La cavalcade reprend ; je suis une catin, toute dévouée au mâle. Sans que je le veuille vraiment, une de mes mains s’en va, glissant entre mes cuisses pour envelopper les bourses de celui qui m’assaille. Elles sont lourdes de vie, de plaisir, de semence… Les siennes m’empoignent les hanches comme pour s’assurer que je ne m’échappe pas aux grands coups qu’il m’assène. Et lorsqu’il hurle, qu’il se déverse en moi en torrents de jouissance, je l’accompagne de mes cris de démente. Nous nous effondrons tous deux, emmêlés l’un dans l’autre, corps comblés, ruisselants de sueur. Je sombre dans un coma d’extase et de bonheur.


Par trois fois, dans la nuit, mon fougueux étalon se remet à m’aimer. Par trois fois dans la nuit, j’embarque pour Cythère.




V – Des conséquences imprévues



Le jour filtre à travers les rideaux lorsque je reprends conscience. La douleur dans mes reins me rappelle cruellement mes écarts de conduite. J’ai la peau des pommettes, des lèvres, des seins, du ventre et des cuisses rêche des souvenirs virils laissés par mon amant. Je sens une présence : Daphnée m’observe, dans une robe de chambre rose, un large sourire sardonique barrant ses lèvres fines. L’homme auquel j’ai cédé a déjà déserté notre théâtre de débauche.



Je suis furieuse contre moi-même. Ma sensualité débordante m’a fait craquer pour un type qui ne me plaît même pas, et j’ai largement dépassé les bornes que je m’étais fixées.


Je me traîne piteusement jusqu’à la salle de bain, où les cernes mauves et les marques sur mes seins me prouvent cruellement mes abandons faciles. Une douche cathartique me rend un peu plus pure, et un maquillage lourd masque mes frasques nocturnes. Mes dessous sont fichus ; mon amie m’ouvre ses réserves de lingerie. Évidemment, nos morphologies sont si différentes que nous avons du mal à trouver maille qui m’aille. Seul un body noir, pour le moins extensible, arrive à me couvrir de manière adéquate, bien que saucissonnant mes rondeurs. J’emprunte aussi un sweat-shirt sans forme pour recouvrir mon buste. J’ai un look décalé, avec mon tailleur noir.


Après un café avalé dans un silence étrange, je file avec Daphnée vers nos boss respectifs. La journée est une torture pour moi : j’ai l’impression que toute la boîte se rend compte de ma nuit d’avilie. Rentrée chez moi, je prétexte une forte migraine pour minimiser mes contacts avec Mathieu. Heureusement, il ne voit rien, planant sur le nuage de la victoire de son équipe fétiche.



—ooOoo—



À plusieurs reprises, dans la quinzaine qui suit, je reçois des SMS ou des appels enfiévrés de Lucien, auxquels je me garde bien de répondre. J’évite nos déjeuners habituels avec Daphnée, et tout contact avec Estelle. Je les aperçois parfois, ensemble, à la cantine ; elles doivent épiloguer sur ma conduite indigne ! Ce n’est que lorsque les séquelles sur ma peau ont disparu que j’accepte de faire à nouveau l’amour, sans plaisir, avec Mathieu. Mais une question me taraude : les photos prises par Daphnée lors de ma nuit d’orgie.


Je me fais violence, et finis par renouer avec nos déjeuners communs. Je lui pose la question ; elle me répond avec naturel :



J’insiste pour savoir si elle en a gardé un double ; elle m’affirme que non. Peu à peu, je retrouve ma sérénité, prête à classer l’affaire dans le dossier d’une folie passagère. L’oubli a des vertus certaines… Le train-train habituel reprend et nous évitons soigneusement, l’une et l’autre, d’aborder le sujet.


Il resurgira d’une manière que jamais je n’aurais pu imaginer.



—ooOoo—



Un soir où je rentre, harassée par une journée particulièrement active, je trouve Mathieu qui m’attend avec une froideur inhabituelle et me lance, d’un ton sans réplique :



Il me pousse vers un fauteuil, branche son ordinateur, reste debout derrière moi, les doigts méchamment crochetés sur mes omoplates. Sidérée, j’obtempère. Apparaît sur l’écran un couple sur un lit ; l’homme est assis sur la fille, on ignore les visages. Mais je reconnais tout de suite les murs tapissés de tissu rouge et le couvre lit, de velours rouge aussi. Ce n’étaient donc pas deux ou trois photos, mais une vidéo ! L’homme est courbé vers sa partenaire ; on le sent aisément lui lutiner les seins. Un voile noir m’étreint, je cherche à me lever. Mathieu m’en empêche avec fermeté. L’homme se relève : mon visage apparaît ; je me laisse dévêtir avec concupiscence. Je distingue ma main, accrochée au pénis du gars, qui l’attire lubriquement vers ma félicité. J’éclate en larmes, demande pardon, supplie, rue, mais Mathieu me maintient sans broncher devant l’horrible écran. Je suis incapable de dire la durée de cette torture abjecte ; au moins une bonne heure, mais les images sont formelles : j’en veux et en redemande, dans toutes les positions !


Lorsque s’achève la séance, j’entends la voix lointaine de Mathieu m’affirmer sèchement :



Dans un état second, je réunis ce que j’ai de plus cher. Mathieu me pousse sur le palier, claque la porte. Je reste un long moment prostrée, incapable de réagir. Heureusement, aucun voisin ne se manifeste. Vers vingt-deux heures, j’appelle Daphnée et, entre deux sanglots, la supplie de venir me chercher. Après un moment d’incrédulité, elle réalise que ce n’est pas une comédie de ma part et vient à mon secours. Je lui tombe dans les bras ; elle m’emmène chez elle. Je croise Kévin, qui visiblement m’évite. Son copain a dû le mettre au courant. Mon amie m’installe avec deux somnifères dans la fameuse chambre rouge que je retrouve, seule cette fois. Le lendemain, sur les conseils de Daphnée, je me fais porter pâle au bureau. Je reste trois jours prostrée, ne sortant pratiquement pas de la chambre dont les murs me semblent se rappeler encore de mes langoureuses galipettes. Je reprends peu à peu ma vie professionnelle ; Mathieu refuse tout contact. Les serrures de mon ex-appartement ont été changées, et je ne peux y pénétrer. Daphnée intervient auprès de Kévin et, par son truchement, je reçois l’autorisation de venir un dimanche matin chercher mes effets qui y restent et un petit secrétaire offert par ma grand-mère auquel je suis très attachée.




VI – La découverte du pot-aux-roses



Il est environ neuf heures lorsque nous sonnons, Daphnée et moi, à la porte de mon ex-nid d’amour pour achever mon déménagement définitif. La porte s’ouvre, et je découvre avec ébahissement Estelle, à peine vêtue d’un petit déshabillé prune qui aurait été sexy si ce n’était pas elle qui le portait, sur le pas de la porte. Aussitôt, deux garnements, dont les serviettes nouées au cou témoignent par leurs nombreuses taches d’un petit déjeuner en cours, surgissent de la cuisine. Je suis abasourdie, incapable de répondre au bonjour plutôt distant formulé par Estelle. Que fait-elle dans cette tenue, à cette heure, avec ses deux garçons, dans ce qui fut chez moi ? Je suis incapable de me rendre à une trop claire évidence : elle a pris ma place auprès de Mathieu.



En effet, toutes mes affaires forment un tas hallucinant juste devant ce qui fut ma chambre. Nous enfournons les vêtements dans les valises que nous avons apportées. Je risque un coup d’œil par l’huis de la porte entrouverte. Mathieu dort, nu, sur notre lit, en diagonale comme à son habitude. Je distingue même son sexe qui dépasse de sa toison fournie ; il est velu comme un ours. Je détourne le regard, prise d’une rage froide, termine le remballage, prends le secrétaire qui trône dans le salon et vide les lieux, sans un mot pour cette traînée d’Estelle dont je réalise seulement maintenant la double personnalité. J’ai été son jouet, certes, mais que peut donc lui trouver Mathieu, elle qui n’a ni seins, ni fesses, ni charme, ni même féminité ?


Cela fait plus de quinze jours que je squatte chez Daphnée. Bien qu’elle ne m’en parle pas, je me rends bien compte que cela ne peut durer, surtout à cause de Kévin, qui a pris résolument le parti de son copain Mathieu et me regarde comme si j’étais la pire des traînées.


Je vais devoir vite chercher un studio pas trop loin du bureau, me dis-je en rentrant de celui-ci… Mon portable sonne, c’est Lucien, cette fois ; je vais lui répondre !




VII – Épilogue



Un petit air de printemps flotte dans la chambre, en ce samedi matin de juin. Entièrement nue, je vais chercher le café et l’apporter à celui dans les bras duquel j’ai dormi, et pas seulement dormi. Depuis que je lui ai imposé une séance de coupe plus moderne chez le coiffeur, je le trouve beau, avec son torse entièrement glabre, ce qui me change de Mathieu. Même en sous-vêtements, avec les slips modernes et colorés que je lui ai offerts, même habillé avec la nouvelle garde-robe que je lui ai conseillée. En plus, il a une grande qualité pour un homme : il n’aime pas le foot… Il ouvre un œil et hume la bonne odeur du café. Je dépose le plateau sur la table de nuit et me pelotonne entre ses bras. Mes lèvres lui closent la bouche avant même qu’il ne proteste. Je tends la main vers son membre endormi : j’ai envie qu’il m’emmène à nouveau au paradis des femmes trop sensuelles, mon Lucien !