n° 15579 | Fiche technique | 66801 caractères | 66801Temps de lecture estimé : 47 mn | 26/04/13 |
Résumé: La découverte de mon infortune conjugale me mène dans des sentiers jusque-là ignorés... | ||||
Critères: fh ff fhh hplusag couleurs danser fsoumise dispute cérébral exhib noculotte cunnilingu 69 confession | ||||
Auteur : Elodie S Envoi mini-message |
Concours : Trame imposée |
Aujourd’hui, j’ai quitté mon bureau plus tôt que d’habitude. J’ai de la chance, j’ai profité d’un déplacement en province de mon boss ! Ce soir, je dois jouer la Top Chef : le patron de mon homme et son épouse viennent dîner à la maison. J’adore faire la cuisine, je trouve cela très sensuel ; mais c’est la première fois que je dois sortir l’argenterie héritée de la grand-mère d’Alex, mon mari. Je fais d’habitude moins de chichis culinaires lorsque je me mets derrière mes casseroles.
Alex m’a mis une pression d’enfer : recevoir le patron de Dominique de la Chalardière & Associés, un des plus grands cabinets d’avocats fiscalistes de la place de Paris ne s’improvise pas ! Et justement, cela fait quatre ans – depuis qu’il a rejoint cette charge – qu’il aimerait bien, mon Alex, figurer parmi lesdits rares associés du cabinet de la Chalardière. Alors, aux grands maux les grands remèdes ; il a arraché cette invitation à son patron il y a près de trois mois, et m’a saoulée de recommandations : sur ma cuisine, certes, mais aussi sur le service de table, sur ma tenue, mes propos, etc. En général, je sais recevoir et n’ai pas besoin de ses recommandations ; mais là, il a tellement insisté que je me retrouve saisie par le trac de l’étudiante avant le grand oral.
Je m’arrête au passage chez le fleuriste ; trois gros bouquets vont égayer notre salon salle à manger. Je jette un regard sur la table que j’ai dressée hier soir, avant notre dîner à la pizzeria, ce qui m’a permis d’éviter les affres d’une nouvelle séance d’aspirateur et de vaisselle aujourd’hui. Je rectifie le pli d’une serviette, redresse un couteau de travers, m’assure de la perfection de ma table puis me rue dans la cuisine. Je sors le civet de cerf de sa marinade et l’enfourne avec sa poignée de cèpes. Il sera cuit dans deux heures et demie. Je m’attaque au décorticage des queues d’écrevisses que j’ai cuites la veille, me remémorant la stricte consigne d’Alex à réciter en début de repas :
En vérité, c’est peut-être leur simple quotidien, mais ce n’est pas ma gastronomie habituelle, moins sophistiquée, et beaucoup de boulot pour moi ! Je me griffe la peau des doigts avec les carapaces de ces maudites bestioles. Un petit lit de mesclun, une touche de vinaigre de Xérès, épices et réfrigérateur… Je prépare la pâte pour le soufflé en me plongeant dans mes livres de recettes. La durée de cuisson comme les proportions variant d’un auteur à l’autre, je me décide pour une solution moyenne entre les différentes propositions, soit à peu près, pour le temps de cuisson – selon mes calculs – un enfournage au moment de resservir le civet. Je dresse le plateau avec les coupes de champagne et les amuse-gueules, dispose mes bouquets dans des pots et file me préparer. Alex n’est toujours pas arrivé, en dépit de sa promesse répétée d’un coup de main conjugal préalable à l’avancement de sa carrière ! Je me hâte pour me doucher, en évitant soigneusement de me mouiller les cheveux, étant allée chez le coiffeur avant-hier.
Mon portable m’indique la réception d’un SMS, je le lis : Arrive à 20 h 30. Tendresses. Alex… Je suis furieuse, la rage me donne des larmes aux yeux : je suis la bobonne idéale pour lui ! Après avoir ruminé sur l’inégalité des sexes face aux charges ménagères, à l’ingratitude des maris pour leur épouse servile, je file m’habiller. 20 h 15 : je suis en retard ! Je choisis une robe à la fois simple et élégante : noire, assez généreusement décolletée en carré, talons hauts noirs aussi. J’hésite à mettre un collant ou des bas, puis n’enfile finalement qu’un petit shorty assorti. Je force un peu plus que d’habitude sur le maquillage. Alors que je suis en train de me faire les paupières, j’entends la porte d’entrée s’ouvrir et des rires fuser. Surprise : Alex n’est pas seul !
Je finis de m’apprêter aussi vite que possible et me précipite vers l’entrée : mon homme y ôte la veste d’une grande brune qui glousse.
J’ouvre des yeux comme des billes, incrédule. La dinde (c’est le qualificatif qui me vient spontanément à l’esprit avec ses gloussements continus) m’éclaire :
Je fulmine : elle a dit Alex et pas votre mari, comme s’il existait de la complicité, voire de la familiarité, entre eux deux ! En plus, je ne suis plus sûre de mes durées de cuisson avec ce contretemps, et mon homme – qui m’a laissée bien seule à mes fourneaux – ne trouve rien d’autre à faire que de lui sourire béatement en lui ôtant son vêtement.
J’avale un grand bol d’air mêlé de ressentiment et lui suggère une coupe de champagne, qu’elle accepte. Je reconnais le parfum de Guerlain dont elle s’est aspergée – ou plutôt arrosée – sans aucune modération ! Lorsque je ramène le plateau, je les trouve assis, côte à côte, dans le divan. Elle a le bras posé sur celui d’Alex et j’entends sa voix aux accents langoureux terminer :
Je n’ose pas lui demander ce qu’est ce ça absolument merveilleux mais, pendant que mon homme remplit les coupes, je l’observe. Bien que les fines ridules qui entourent ses yeux noirs révèlent qu’elle est du mauvais côté de la quarantaine, son visage reste beau, d’une beauté un peu théâtrale, autoritaire, sans chaleur. Sa tenue est surprenante : une jupe de cuir noire, droite et étroite, s’arrêtant à mi-cuisses, une espèce de body noir vaporeux en haut qui moule sa petite poitrine parfaitement formée dont les mamelons se distinguent par transparence, des bas noirs aux motifs similaires à ceux de son body et des talons rouges grenat. Curieux accoutrement trahissant pour moi un mélange de refus de son âge et de troublante sensualité un peu vulgaire !
Je me pince les lèvres ; elle m’agace, avec ses absolument répétés à chaque phrase. En plus, quand et pourquoi Alex lui a-t-il décrit notre maison ? Elle part dans la description de ses villas à Deauville et à Saint-Tropez, sur la difficulté de trouver des décorateurs de bon goût, des architectes d’intérieur qualifiés. Alex boit ses paroles, la relance chaudement ; je déconnecte, perdue dans le décompte de mes temps de cuisson… La deuxième bouteille de champagne est largement entamée lorsque sonne le carillon annonçant l’arrivée de notre hôte éminent. Je me précipite pour lui ouvrir.
Suit un baisemain courtois mais appuyé et un nouveau regard vers mon décolleté. Nous trinquons ; j’ai l’impression que Camille et Alex sont déjà un peu ivres : ils l’ont tant attendu. J’observe à la dérobée le fameux avocat. Il a cette prestance raffinée que donnent aux hommes la cinquantaine, les cheveux gris, l’argent et le pouvoir. J’annonce, comme prescrit par Alex, le menu ; mes invités applaudissent, et Dominique – puisqu’il veut que l’appelle par son prénom – me lance un salve de compliments. Au moins, lui, il est sensible à mes efforts de maîtresse de maison ! Nous passons à table ; ma cuisine est appréciée tout au long du repas. Même mon soufflé, objet de mes pires angoisses, est à peu près convenablement levé. Le niveau de la conversation paraît intéressant depuis l’arrivée du patron de mon homme, mais j’en perds une bonne partie du fait de mes allers-retours incessants à la cuisine. Culture, expositions, théâtre ; même Camille participe, moi qui l’avais cataloguée dans la catégorie des ravissantes idiotes. Et je ne sais trop comment ils dérivent vers les boîtes échangistes, où nos interlocuteurs nous informent trouver parfois un aiguillon pour la libido de leur couple. C’est alors qu’Alex leur déclare tout de go :
Rougissante et confuse, je le foudroie du regard même si c’est un peu vrai, et m’attire d’étranges réflexions :
Je clos sèchement le sujet en affirmant que j’ai ce qu’il faut dans mon lit, ce qui déclenche un nouveau gloussement chez Camille et un soupir de satisfaction chez mon mari.
Nous passons au salon ; café et digestif. Alex a repris sa place sur le divan, à côté de la brune ; je discute avec Dominique, assis dans les fauteuils. Il m’a demandé l’autorisation d’allumer un gros cigare et en a offert un à Alex, qui visiblement manque de s’étouffer en tirant sur sa braise. Sa conversation est plaisante ; il m’interroge sur mon travail et me complimente sur ma capacité à mener de front avec succès vies professionnelle et ménagère. J’en profite pour lui glisser fort à propos que je trouve trop fréquents les soirs où mon mari doit rester jusqu’après minuit au bureau. Mi-figue, mi-raisin, il me glisse sa carte avec ses numéros personnels en me disant tout bas :
Je jette un coup d’œil à Alex pour voir s’il a entendu ; il est ailleurs, minaude, cuisse contre cuisse, avec madame de la Chalardière. Nous continuons à deviser ainsi jusqu’à une heure du matin ; nos hôtes se retirent, nous remerciant chaleureusement. Je range le plus pressé, me démaquille vite fait. Quand je le rejoins, Alex ronfle d’un sommeil d’ivrogne. Je tarde à m’endormir, furieuse contre lui. Il ne m’a guère aidée, a passé sa soirée à se frotter à la pimbêche qui veut la jouer jeune et dévoilé des secrets de notre vie intime.
Je suis de fort méchante humeur, le lendemain matin. Une petite lumière rouge s’est allumée au fond de mon cerveau : un doute m’assaille, et j’échafaude un plan… avec l’aide de Sandrine, ma meilleure copine du bureau. Le soir, je reçois un énorme bouquet de roses, avec les remerciements de nos hôtes. Je fais part vertement de mes remarques à Alex qui, pour me calmer, me félicite de la façon dont je les ai reçus. Le soir, il se fait tendre, tente une réconciliation sur l’oreiller ; je le laisse accomplir ses devoirs conjugaux avec contribution minimale de ma part.
Sandrine, au cours de sa vie personnelle pour le moins tumultueuse, a développé un sens aigu de la recherche des preuves d’infidélités masculines, notamment deux ans auparavant, pour finalement confondre son compagnon de l’époque. Je veux m’inspirer de sa démarche…
Un homme ne prête jamais une attention suffisamment soutenue à ses vêtements lorsqu’ils sont sales. Chaque lendemain d’un soir où Alex revient du bureau fort tard, j’inspecte avec minutie chemise et caleçon à la recherche d’indices pouvant traduire une compagnie féminine un peu trop proche. Je fais chou blanc pendant une quinzaine de jours, au cours desquels je retrouve mon homme habituel, charmeur et égoïste. Un samedi matin, alors qu’il est rentré assez tôt la veille et est parti jouer sa partie de tennis hebdomadaire, je découvre cependant sur le col de sa chemise des traces aisément identifiables de rouge à lèvre carmin. Pire, sa chemise sent le parfum, je l’identifie vite : Shalimar, de Guerlain. Le même que celui de Camille… Ses dessous ne me livrent par contre aucun indice clair. Mes soupçons se confirment ! J’en déduis que ses éventuelles escapades extraconjugales peuvent avoir lieu aussi dans la journée. En l’appelant par la suite à son bureau à plusieurs reprises pour des motifs futiles, je cerne les plages horaires suspectes : l’heure du déjeuner et la fin de journée. À deux reprises, je retrouve les effluves de ce capiteux parfum sur ses effets personnels. Je décide de brusquer les choses, avec l’aide de Sandrine. Je profite du vernissage d’une de mes amies qu’il déteste pour lui annoncer que le mardi suivant je rentrerai fort tard, et que j’aimerais bien qu’il m’accompagne ; offre qu’il décline comme je m’y attendais.
Le jour venu, Sandrine, convertie en détective privée, surveille de sa voiture la sortie du parking des bureaux de Dominique de la Chalardière et Associés. Je ne vais pas au fameux vernissage et reste chez moi, nerveuse. Un SMS m’informe de la sortie de la voiture d’Alex à 19 h 37 ; un autre, dix-huit minutes plus tard, de son stationnement près de l’avenue du Roule, à Neuilly, à proximité du domicile des de la Chalardière. Le piège se referme ; il ne me reste plus qu’à obtenir des preuves scientifiques selon Sandrine, grâce au fameux test de la baignoire auquel elle m’a formée. J’ai le temps, et je retrouve une certaine sérénité dans un bain aux algues marines. Je passe longtemps à m’apprêter, enfile une baby doll offerte par Alex dont j’ai déjà pu tester les pouvoirs attractifs. En dentelles rouges et noires, elle est particulièrement suggestive, tant dans sa propension à épouser mon corps que dans ses langoureuses transparences. Je m’installe devant la télé et attends le retour de mon homme. Je me suis légèrement assoupie quand il arrive. Je l’accueille tendrement ; il est surpris de me voir déjà là, surtout dans cette tenue. Je me frotte contre lui, lascive et charmeuse. Je lui susurre tendrement :
Perplexe, Alex me suit vers la salle de bain ; je l’aide même à se dévêtir sans omettre de glisser un doigt furtif sur son membre tristement au repos. Une fois monsieur confortablement calé dans la baignoire, je m’approche de lui d’une démarche ondulante. Je sens son regard qui perce mes languides transparences. Je le savonne : les bras, le torse, le bas-ventre. Son membre, sous mes caresses, prend une allure un plus prometteuse. J’enlève alors, avec une lenteur savamment dosée, ma parure et me glisse dans l’eau avec lui.
Au début de notre liaison, nous avons souvent pratiqué des débats aquatiques, mais la routine les a peu à peu renvoyés au rang de souvenirs. Agenouillée face à lui, ses jambes entre mes cuisses, je m’incline vers l’unique objet de mon ressentiment. Sans atteindre la dureté qui parfois… l’habite, il possède maintenant un profil acceptable. Connaissant ses faiblesses, je le soulève d’un doigt et gobe de mes lèvres les deux boules qui l’étayent. Un soupir profond montre que ma cause est juste, et je n’hésite pas à plonger mon visage dans l’eau pour permettre à ma langue d’explorer minutieusement les contours de ce qui fait de mon homme un géniteur en puissance. Je tète, je suce, je lèche les moindres replis de chair. Je sens contre mon front le tuteur de chair affirmer un orgueil de plus en plus viril.
Alors, autre manœuvre dont je sais qu’il raffole ; je retire mon visage, malgré son geste pour contrer ma soudaine retraite, et je penche vers lui à nouveau pour déposer, avec une infinie douceur, un de mes mamelons contre le bout de son pieu. Par jeu, j’essaie d’introduire ma pointe érigée dans son méat qui baille plus qu’habituellement, petit trou enjôleur. Les grognements émis, là-haut, tout au fond de sa gorge, me prouvent combien ma torture est plaisante pour qui la subit. J’insiste pour glisser en lui mon appendice mammaire puis, comme ayant réalisé la vanité de la manœuvre, je me soulève un peu et le prends dans ma bouche. Mes lèvres enserrent autant qu’elles peuvent son membre endurci, ma langue louvoie lascivement autour de sa peau érectile. D’une main sur mon cou, il m’attire vers lui pour me pénétrer encore plus jusqu’à toucher ma glotte. J’accède à son désir malgré des haut-le-cœur, le recrache, le reprends ; jamais auparavant il n’avait été si loin, jamais auparavant il n’avait résisté si longtemps à ma science buccale, à mes caresses linguales. Je suis au bord de l’abandon lorsque je le sens se durcir, se cabrer ; et lorsque, dans un profond soupir, il lâche sa semence, je me retire d’un coup, lui arrachant jouissance et dépit de ne m’avoir abreuvée avec un cri de mâle en rut. Il a fermé les yeux. Je regarde dans l’eau le long filet blanchâtre qui s’écoule de son sexe. Il flotte…
Le lendemain, au bureau, je narre la scène à Sandrine. Sur un ton réfutant toute contestation, elle me répète :
Étrangement, les preuves des infidélités d’Alex me donnent une certaine sérénité, absente lorsque j’avais encore des doutes. J’arrive à rester naturelle avec lui et il évoque parfois, dans nos ébats coquins, cette libido exacerbée que j’avais manifestée dans la baignoire. Notre vie de couple reprend son cours normal, rythmée par l’ambition professionnelle de mon homme. Je ne contrôle même plus ses retours tardifs, jusqu’au jour où il m’annonce une mission de trois jours à Marseille. La seconde phase du plan élaborée avec Sandrine peut se mettre en marche…
Le premier soir où je suis seule, j’appelle Maître de la Chalardière sur le numéro privé qu’il m’avait confié. Il me répond avec chaleur. Je lui fais part de mon célibat provisoire, et il me répond :
Je minaude juste ce qu’il faut pour paraître femme honnête et finis par accepter sa proposition.
Assise devant ma coiffeuse, je mets une ultime touche à mon style femme fatale. J’ai choisi une robe de soirée rouge satin, généreusement décolletée, boutonnée sur le devant, fendue haut sur la hanche gauche. Dessous, j’ai enfilé un string noir, des bas et un porte-jarretelle assortis. J’ai chaussé des talons de près de sept centimètres (prêtés par Sandrine). Je ne suis pas vraiment une adepte de ce genre de fanfreluches féminines, mais elle a insisté sur la nécessité d’une tenue efficace. Je me suis prise en photo lors de mon habillage, les lui ai envoyées, et ai reçu ses félicitations par SMS en retour.
Maître de la Chalardière m’attend en bas, dans un costume parfaitement coupé, au seuil de la maison et m’ouvre avec galanterie la portière passager de sa Jaguar. Je suis impressionnée par l’atmosphère raffinée qui émane de l’habitacle, du cuir beige odorant des fauteuils et de la ronce de noyer du tableau de bord. M’enrobant d’un coup d’œil appuyé, il me dit :
Je me laisse mener. Ses yeux souvent me caressent, et je me rends compte qu’ils s’arrêtent fréquemment sur la fente de ma robe qui découvre ma cuisse jusqu’à la lisière de mon bas, côté conducteur. Je ne fais rien pour la couvrir. Je ferme les yeux, humant la délicate eau de toilette de mon chauffeur qui se mêle au parfum du cuir des sièges, écoutant l’harmonie d’une symphonie de Brahms dont la chaîne de la voiture rend parfaitement l’extraordinaire musicalité, presque comme si j’étais au concert.
Alors que nous arrivons, il rompt le silence entre nous et me susurre de sa voix mélodieuse :
Nous éclatons de rire, pendant qu’un voiturier prend en charge sa berline et qu’il ouvre ma portière. Il prend mon bras et nous traversons de longs couloirs haussmanniens éclairés par de somptueux lustres. Les décors sont un peu trop rococos à mon goût, mais c’est majestueux. Le personnel, stylé, se penche sur notre passage en nous saluant par des « Bonsoir, Maître. » cérémonieux. Nous traversons deux salles à manger où des convives sont déjà attablés. Je me sens l’objet des regards masculins. Dominique répond d’un petit geste de la main aux hochements de tête de ceux qui le saluent. Nous pénétrons dans un petit salon intime où une table de deux couverts a été dressée. Les murs ont tapissés de tentures rouges, trois portraits d’anciens membres du Club à l’air sévère tentent d’égayer les murs.
Je ne suis guère habituée à ce luxe, à ces préventions ; la tête me tourne un peu. Dominique saisit la bouteille de champagne dans le seau sur la table, sert deux coupes, m’en tend une, puis lève la sienne et me dit, d’un regard qui me pénètre jusqu’au fond du cerveau :
Un majordome discret nous apporte l’entrée sans que n’ayons rien commandé. Dominique m’explique qu’il a choisi le menu par avance, et qu’il espère que son choix me plaira. Les mets sont exquis, et plutôt abondants pour de la nouvelle cuisine. Il remplit mon verre d’un Bordeaux vieux de plus de vingt ans et me glisse, les yeux dans les yeux :
J’esquive le contact, sans en avoir l’air. Sandrine m’a tellement serinée « Pour faire grandir l’envie d’un homme, il faut savoir jouer la prude (elle m’a même dit une fois la vierge) ». Sa conversation est charmante ; il me parle de sa passion pour la peinture naïve dont il a une imposante collection, de ses escapades à Drouot à des heures de bureau, quand des pièces rares sont mises aux enchères. Il me promet de m’emmener lors de la prochaine vente. Il me parle d’Alex, un avocat d’avenir, auquel ne manque que l’expérience. Ses questions se font plus intimes. Il m’interroge sur notre volonté d’avoir un enfant ; je lui rétorque qu’aujourd’hui la maternité survient beaucoup plus tard qu’avant et que nous n’avons que cinq ans de mariage. Se faisant presque grave, il me demande pourquoi je fais un blocage psychologique à l’idée de rentrer dans un club échangiste. Je rougis, bégaie ; il s’amuse de ma réaction :
Une tornade me traverse le crâne. Camille, la non-sélective, a quand même sélectionné mon homme depuis un bon moment, et doit être en train de s’envoyer en l’air avec lui du côté de Marseille ! Mon compagnon devine mon trouble et me dit avec un sourire enjôleur :
« Peut-être ; mais alors, moi, j’ai la bouche en feu à force d’avaler d’en avaler, du piment ! » me dis-je. Dominique, avec tact, fait dériver la conversation sur la conduite – ou plutôt les inconduites – des hommes politiques qu’il conseille, tout en versant à nouveau le savoureux nectar dans mon verre qui, décidément, a fâcheusement tendance à se remplir au fur et à mesure que je le vide. Il me dit combien l’image que nos édiles donnent au public est différente de leur vie réelle, tant dans leurs combines financières que dans leur vie privée.
J’apprécie l’autorité naturelle qu’il dégage, mélange de savoir, de discrétion, de retenue. Au dessert, il me demande mon autorisation pour allumer un de ses gros cigares. Il en tire de voluptueuses bouffées, à l’odeur à la fois âcre et mielleuse. Lorsqu’il l’a achevé, nous nous levons, traversons à nouveau l’enfilade des deux salles de restaurant. Une partie des tables est encore occupée : quelques couples, une majorité d’hommes. Je me sens désirée, je me sens désirable.
Avec son habituelle galanterie, il m’installe dans le luxe ouaté de son véhicule, et démarre. Il me dit :
Je souris en mon for intérieur. Je connaissais le coup des estampes japonaises, pas celui de la peinture naïve. Mais je sais aussi moi-même faire la naïve ! Après avoir quelque peu minaudé, suivant à la lettre les prescriptions de Sandrine, je finis par accepter. Tout en conduisant, il pose sa main sur mon genou. Je sens comme une décharge électrique. C’est la première fois qu’un autre qu’Alex me touche ainsi depuis mon mariage. Je le repousse mollement, et lui lance :
Et il se lance, dans une envolée lyrique, avec un superbe à-propos, sur l’opprobre subie au cours de siècles par les artistes maudits, peintres, poètes ou musiciens rejetés par leur époque, parce qu’ils allaient au bout de leur passion. Simultanément, ses doigts ont repris leur exploration, glissant avec lenteur vers le haut, le long de la fente de ma robe. Son toucher est subtil, aérien, langoureux. Il s’arrête un instant sur ma peau nue, à la lisière du bas, m’en vante le velouté, rencontre ma jarretelle, en suit le liseré, s’enroule dans sa dentelle élastique. Je frissonne, ferme les yeux ; je suis bien. Je pose cependant ma main sur la sienne pour arrêter sa troublante progression, en lui murmurant doucement :
Il a décidément un sens certain de la répartie. Nous arrivons dans son parking privé, directement relié à son hôtel particulier par ascenseur. Je remets un peu d’ordre dans ma tenue. En pénétrant chez lui, il me demande de fermer les yeux et de me laisser guider. Je le suis en lui tenant la main. Il m’abandonne un instant, allume l’éclairage et m’ouvre d’un revers de main les yeux. Je suis au milieu d’un immense salon, aux meubles blancs ultramodernes. De nombreux spots encastrés ciblent une quarantaine de tableaux, leur donnant un incroyable relief par contraste avec la semi-obscurité du reste de la pièce, indirectement éclairée. Je m’approche du premier ; il m’en indique l’auteur, haïtien inconnu pour moi. Nous nous arrêtons devant chaque tableau ; il m’en commente leur histoire, leurs caractéristiques, leurs particularités. Lorsque nous arrivons devant un Delacroix, je m’étonne, ignorant qu’il eût été naïf. Il se moque de mon inculture ; son auteur se prénomme Michel et non Eugène, me fait-il remarquer, d’un ton amusé. Il a même deux Douanier Rousseau, devant lesquels je m’arrête, hypnotisée. Le premier, aux dimensions modestes, représente une mère et ses deux jeunes enfants jouant à ses pieds avec un petit chien blanc, dans un cadre champêtre. Le regard de la femme couve sa progéniture avec une mansuétude toute maternelle.
Le second, beaucoup plus imposant en taille, est le portrait d’un jeune homme avec un chapeau de paille ; il semble tout juste sorti de l’adolescence, avec de longues boucles brunes à l’aspect romantique ; son regard semble me fixer intensément de manière enjouée. Je m’appuie sur le dossier du canapé qui nous sépare, pour mieux l’admirer. Dominique vient derrière moi et me tend de nouveau une coupe de champagne par-dessus mon épaule. J’y trempe mes lèvres tout en contemplant l’œuvre qui dégage un charme féerique. Deux mains se posent alors à la base de mon cou, et entreprennent un doux massage dont les ondes descendent le long de ma colonne. Arrivées aux fines bretelles qui soutiennent ma robe, elles les écartent délicatement, descendent vers mon buste, soulèvent le tissu, font émerger mes seins qu’elles parcourent et caressent. Il glisse à mon oreille, d’un ton lourd de désir :
Je souris dans le vague. Jusque là, ma poitrine avait souvent suscité des métaphores fruitières, mais jamais militaires. Ses doigts décrivent des cercles autour de mes aréoles ; une main se fait plus lourde et m’empaume entièrement, l’autre reste légère, me taquine le mamelon. Malgré moi, je dandine des fesses pour chercher son contact, que mon tourmenteur me refuse, en s’éloignant de moi. Et le jeune homme, voyeur, semble sourire de plus belle sur la toile. Une main quitte mon buste, s’infiltre dans la fente de ma robe, remonte vers ma hanche, l’entraînant avec elle. Elle dépasse ma jarretelle, saisit le bord de mon string, le fait glisser, avec une infinie douceur, tout au long de mes cuisses, jusque sur mes chevilles. Il remonte ma robe jusqu’à ma taille et, tout en la retenant, s’éloigne quelque peu pour admirer ma croupe qu’il regarde longuement.
Puis il se colle contre moi, me malaxant les fesses avec application. Ses caresses sont fermes et douces ; il est bien moins pressé qu’Alex ! Alex, que je vais tromper pour la première fois depuis que je l’ai épousé. Il se glisse entre mes cuisses ; je m’écarte un peu, trahissant mon abandon, en bas et porte-jarretelles, la robe roulée sur la taille, en face d’un chef d’œuvre. Ses doigts glissent sur mon bas-ventre, effleurent mes grandes lèvres, battent en retraite vers mon anus, repartent vers mon mont de Vénus. Des ondes irradient mon bas-ventre, je me sens devenir source ; il palpe mon humide reddition, je m’arque boute. Tendant les fesses vers lui, je lui crie d’une voix rauque que je ne me connais pas :
D’une main, il se dénoue ; de l’autre, il continue sa langoureuse exploration de mes trésors de femme, agaçant mon bouton qui se cabre d’envie. Avec la lenteur calculée d’un homme qui sait se contrôler, il se glisse en moi, me pourfend, m’ouvre à lui. Millimètre par millimètre, je le sens progresser en moi, écartant mes muqueuses. Il s’enfonce si loin que j’ai l’impression qu’il atteint mon utérus. Et, lorsque je sens ses bourses battre à l’entrée de ma grotte, il s’arrête, immobile et tendu. Je me sens comblée au sens littéral du terme, toujours sous le regard troublé du jeune homme au chapeau. Instant marquant pour moi, car jamais un homme n’était resté ainsi immobile, aussi longtemps figé en moi, semblant gonfler encore dans mon intimité. Je n’en peux plus d’attendre et amorce un dandinement léger qui réveille mon amant. Me saisissant aux hanches, il entame de puissants coups de reins, qui me projettent en avant et font danser mes seins. Sous ce pilonnage intensif, j’éclate vite de plaisir dans un spasme profond ; je me sens ruisselante comme rarement avant. Il ralentit un peu, maître de sa puissance, s’échappant de mon corps pour mieux s’y engloutir. Il attend que mon souffle se soit un peu apaisé, puis reprend ses assauts. Je me sens la pouliche d’un fougueux étalon dont les coups de boutoir m’emmènent au firmament. Je sens à nouveau dans mon ventre monter les ondes du plaisir, Il accélère son rythme ; nous crions de concert et nous basculons en avant sur le dossier du divan, encastrés l’un dans l’autre.
Lorsqu’il retire de moi, je reviens sur la terre, me relève, ôte le chiffon enroulé sur mes reins, qui fut jadis une robe. Il se rhabille vite, me prend par la main, me regardant avancer, presque nue, d’une démarche ondulante du fait de mes talons et des humeurs intimes qui suintent de mon bas-ventre. Nous descendons un escalier de marbre ; je découvre un grand jacuzzi de couleur turquoise. Il actionne la machine pour le faire bouillonner. Je me glisse dans l’eau après avoir ôté bas, porte-jarretelles, escarpins. Divine sensation que cette onde bienfaisante où il vient me rejoindre ! Nos corps satisfaits se frôlent et s’esquivent ; nos mains explorent, avides, les mystères de l’autre. Je lui tends mes lèvres, il m’embrasse et m’enlace.
Nous flottons tous les deux, caressés par les bulles, envahis de bien-être. Après un long moment dans cette humide torpeur, ma main, inquisitrice, descend sur son bas-ventre et palpe ses couilles avec gourmandise. Son mât n’est pas de reste : je le sens se durcir et, approchant ma bouche, je le tète gentiment. Il grossit entre mes lèvres, puis ses bras me repoussent. Il me soulève par les aisselles, me couche à même le sol et s’installe sur moi tête-bêche. Nous nous dégustons l’un l’autre ; sa bouche est fort gourmande, sa langue prodigieusement habile, et une nouvelle fois le raz-de-marée de l’orgasme me soulève les reins. Je le reprends en bouche, caresse ses parties, le fixant dans les yeux d’un regard de défi. Je le sens résister ; je m’applique, je l’astique, et finalement il lâche dans ma gorge sa virile semence. Je la bois jusqu’à ce que sa source se tarisse.
Accoudés au bar, nous nous désaltérons. Il me dit qu’il y a bien longtemps qu’il n’avait rencontré une femme respirant l’amour comme moi. Je regarde son corps, musclé sans exagération, étonnant pour son âge. Sans sa crinière blanche, il paraîtrait plus jeune. Il me dit :
Je me rends compte qu’étrangement, après m’être livrée corps et âme à lui, je n’arrive pas à le tutoyer ! Je ramasse mon porte-jarretelles, mes bas et mes chaussures puis monte l’escalier, toujours nue devant lui, tortillant du croupion comme une gourgandine. Ramassant mes effets disséminés aux quatre coins du salon-musée, je les enfile et nous rejoignons son véhicule. Comme je n’ai pas remis mon string, tout au long du trajet, la robe relevée, je le laisse glisser un doigt compromettant dans la fente de mon abricot, au risque d’être découverte par un mateur nocturne. Heureusement, la circulation est fluide. Arrivés chez moi, je suis à nouveau humide ! Nous échangeons un baiser cinéma et je lui glisse, moqueuse :
Le lendemain, un peu dans les nuages, j’ai raconté au déjeuner en détail à Sandrine ma folle soirée. Elle en était verte de jalousie, surtout quand j’ai décrit l’hôtel particulier de Maître de la Chalardière…
Ma première soirée d’épouse adultère se passe étrangement calmement. J’ai besoin de récupérer, de retrouver un peu de sérénité après mes aventures de la veille. Je repense à Dominique, à la froide assurance qu’il dégage. J’essaie d’imaginer sa vie de couple avec Camille, leurs disputes, leurs câlins. Je suppose qu’il doit être un mari difficile, un père exigeant et peu présent. Finalement, c’est peut-être dans le rôle d’un amant qu’il est le plus fréquentable. En tout cas, la maîtrise de son corps et le souci de donner du plaisir à sa partenaire m’ont marquée. Mon Alex, s’il est plus fougueux – ce qui doit ravir Camille – est aussi plus égoïste dans les délires de chair, et j’ai beau fouiller ma vie amoureuse, plutôt intense avant mon mariage, je n’arrive pas à me souvenir de jouissances aussi torrides et rapprochées comparables à celles ressenties en moins de deux heures dans les bras de mon nouvel amant.
Le lendemain, je dois subir à nouveau un feu roulant de questions de la part de Sandrine, avide des détails les plus croustillants…
Mon homme rentre le soir, fatigué de trois jours d’intense labeur. Je n’ose pas le soumettre à nouveau aux tests scientifiques, d’une part parce que de tels prélèvements pourraient attirer ses soupçons, d’autre part parce que la manière dont il sombre dans les bras de Morphée est fort révélatrice de ses nuits marseillaises agitées.
Nous reprenons donc le train-train de notre vie de couple pendant une semaine, comme si j’étais toujours une fidèle épouse. Je me retrouve donc héroïne malgré moi d’une pièce de Feydeau, conjointe régulièrement trompée, ayant pris un amant pour une seule occasion ( mais quelle belle occasion) !
Sandrine me taraude pour poursuivre notre plan d’action, et je profite d’un soir où Alex a des dossiers urgents à terminer pour appeler son boss. Il me dit avec chaleur qu’il a pensé à moi (je n’en suis pas si sûre) mais que le dossier du fameux ministre, qu’il gère en direct vu ses implications, est particulièrement chronophage. Déçue, je luis dis :
En effet, deux jours plus tard, Alex rentre soucieux. Je sens – intuition féminine oblige – que monsieur veut me dire quelque chose qu’il ne sait trop comment formuler. Je le laisse ingénument fermenter. Finalement, entre la poire et le fromage, il me glisse, d’un air faussement détaché :
Je ne réponds rien, image même de l’épouse fidèle que les frasques érotiques de son mari épouvantent quelque peu. Le soir, une fois au lit, Alex me fait l’amour particulièrement tendrement et, dans le repos serein qui suit l’épanouissement de nos sens, m’arrache une timide acceptation de la proposition de son patron.
Le lendemain, lorsque je retrouve Sandrine et lui raconte l’anecdote, le fou-rire nous terrasse et je la traite de sorcière, capable de lire l’avenir. Je lui livre la question qui me tracasse le plus : comment dois-je m’habiller pour ce genre de soirée ? Elle a eu, par le passé, l’occasion d’accompagner un de ses mecs dans ce genre de boîte, et a donc plus d’expérience que moi. Elle me promet d’y réfléchir… Les hommes, pour sortir, n’ont pas ce genre de problème ; sur ce point, je les envie.
Alors que l’évocation de cette future soirée découverte, le soir à la maison en couple, est soigneusement éludée, elle anime toutes nos séances de pause au bureau avec Sandrine, où nous feuilletons les revues de mode et de lingerie avec avidité. Elle a même dégoté – je ne sais trop où – un catalogue où foisonnent toutes sortes d’articles de sex-shop. Nous nous amusons comme de folles ; je me sens revenir au temps où, avec mes amies d’enfance, nous nous querellions pour choisir les vêtements de nos poupées. Sauf que, cette fois, c’est moi la poupée !
Trois jours avant la date fatidique, à l’heure du déjeuner, Sandrine m’invite dans son bureau, qu’elle ferme à clé avec des airs de conspiratrice. Elle me tend un paquet. J’y découvre une espèce de justaucorps extensible gris perle clair, sans manches, avec de fines bretelles. D’un ton sans réplique, elle me dit :
J’obtempère, me glissant avec quelques difficultés dans la vaporeuse combinaison. C’est du 38. Elle me semble une taille trop petite ; mes hanches, et surtout mon buste, sont vraiment à l’étroit. Debout, elle m’arrive à mi-cuisses. Elle s’extasie ; je ne peux me voir, faute de miroir. Je renfile jupe et chemisier par-dessus, nous allons jusqu’aux toilettes. Mon amie se cale devant la porte pour la bloquer et je me dévêts devant le grand miroir.
L’image qu’il me renvoie est particulièrement troublante, comme si j’avais une seconde peau faite de brumes auréolant mon corps, en suggérant les formes et la carnation tout en estompant les détails.
Nous éclatons de rire. Je me sens comme le modèle d’un peintre, enveloppée de limbes arachnéennes, et pense immédiatement à la réaction de Dominique s’il me voit ainsi.
Je viens le lendemain avec ledit tailleur et nous répétons l’essayage, complet cette fois, à nouveau barricadées dans les toilettes. La jupe m’arrive à mi-cuisses, juste au-dessus de ma seconde peau ; la veste se boutonne en croisé, le presque ton sur ton se marie harmonieusement. Par contre, il m’est impossible d’ouvrir le haut sans révéler la masse de mes seins quelque peu comprimés et les taches sombres que forment mes aréoles. Sandrine me trouve vaporeuse et divine ainsi.
Arrive enfin le fameux samedi. J’ai posé une RTT la veille après-midi, et me suis fait la complète : épilation (intime, selon la suggestion de Sandrine), manucure, coiffeur. Je veux réserver à Alex la surprise de ma tenue jusqu’au dernier moment, aussi l’attends-je en petite tenue et le pousse vers la salle de bain en premier. Lorsque j’en sors à mon tour, comme trop souvent hélas, il ne se rend compte de rien et ce n’est qu’une fois en route pour le restaurant qu’il réalise que, sous ma veste de tailleur entrebâillée, je ne cache pas grand-chose. Son visage passe de la stupeur à la colère rentrée, mais il ne se risque à aucun commentaire. S’il savait que sous ma jupe, je n’ai pas de culotte !
Nous devons retrouver les de la Chalardière dans un prestigieux restaurant, spécialisé dans la gastronomie du Sud-Ouest, à Saint-Germain-en-Laye. Pour y accéder, nous traversons sa somptueuse terrasse à l’abri d’une treille. Nous les retrouvons au bar. Camille a une grande robe bleue turquoise, au décolleté généreux malgré la taille réduite de sa poitrine, qui détonne dans ce cadre champêtre ; Dominique arbore un costume de flanelle à la coupe élégante.
La jeune femme m’étreint comme si nous étions complices depuis toujours ; son mari me fait un baisemain appuyé, ses lèvres restant posées sur ma peau beaucoup plus longtemps que requis par le code des bonnes manières. Il nous propose une table sous la tonnelle ; mais, en raison de la fraîcheur, je préfère l’intérieur. Je sens qu’il a deviné au premier coup d’œil l’audace de ma tenue pourtant peu révélée jusque là. Il me propose de me débarrasser de ma veste, je décline son offre.
La carte est variée et prometteuse ; je laisse l’avocat prestigieux me composer un menu aux calories dévastatrices ! Chaque fois que Camille se penche trop vers mon homme, je l’imite en allumant le sien, qui devine mon manège. Au moment où l’un des serveurs se penche pour servir Alex, Dominique glisse sa main sous ma serviette et s’infiltre sous ma robe. Lorsqu’il réalise qu’aucune barrière ne protège mavertu, il la retire comme s’il s’était brûlé. Par contre, j’ai droit à un clin d’œil lubrique de sa part, accompagné d’un sourire complice. Le patron de mon homme mène la conversation, comme d’habitude ; on sent le leadership chez lui. Camille et moi l’écoutons, lui posant des questions. Cette fois, libérée des tâches de maîtresse de maison, je peux y participer. Je trouve Alex curieusement en retrait. Géopolitique, expositions artistiques en cours, gastronomie… notre conversation est riche et variée. Notre – excellent – repas achevé, nos amphitryons nous disent de les suivre, nous allons près de Versailles. Pendant le trajet, nous n’échangeons avec mon mari que quelques banalités. Je le sens très tendu.
À notre arrivée au club du RR, nous sommes accueillis par une bimbo aussi peroxydée que siliconée. Je suis immédiatement frappée par l’atmosphère que donnent les deux seules couleurs de l’aménagement intérieur : le rouge et le noir. Les profondes moquettes et les lumières, tamisées, sont rouges ; le mobilier et les parquets sont noirs. Le patron, un homme jovial d’une quarantaine d’années, tombe dans les bras de Camille et Dominique. Je me dis qu’ils doivent venir ici plus fréquemment qu’indiqué. Derrière l’immense bar s’activent deux créatures du style de celle de l’entrée. Occupée par quelques couples, une vaste piste de danse, encadrée par deux couloirs, jouxte le bar. La musique est furieusement rétro. L’assistance est, à légère majorité, masculine ; des tables sont disséminées entre le bar et la piste. Le maître des lieux nous installe à l’une des rares d’entre elles qui soit libre en nous indiquant que la soirée n’a pas encore vraiment commencée, et une des filles du bar, fort peu vêtue, vient prendre notre commande. Je suis surprise par les tenues des femmes autour de moi, légères et très sexy. Dominique m’explique que la règle d’admission est au minimum d’une femme avec deux hommes, et que seuls, ceux-ci ne peuvent pas entrer.
Le patron de la boîte nous propose une visite de son royaume, qu’Alex et moi acceptons bien volontiers. Nous empruntons un des deux couloirs qui partent de la piste de danse et longeons une dizaine de salles qui me plongent dans un océan de perplexité. La première, la plus grande, a une immense table moquettée en son centre, grande comme deux fois un billard, et de multiples petits strapontins autour. La seconde, minuscule, a un mur en bois percé de quatre trous avec un banc dessous. Les autres, plus ou moins grandes, sont des alcôves plus ou moins éclairées ; la plupart sont séparées du corridor par de grandes baies vitrées. Notre guide nous explique que certaines d’entre elles peuvent être fermées de l’intérieur si nous voulons préserver notre intimité. Dans l’une d’entre elle, une grande blonde suce un homme pendant qu’un autre la pénètre en levrette. Je n’ose pas m’arrêter trop longtemps pour les regarder.
Tout au bout, il y a une immense salle de douches communes ceinte de lavabos, et un jacuzzi de taille relativement modeste. En revenant de l’autre côté, presque symétrique, avec d’autres salons. Je remarque une pièce avec une grande table ronde, des anneaux fichés dans le mur et sur une potence.
J’ai le cœur qui palpite quand nous retrouvons à notre table le couple de la Chalardière en grande conversation avec un rousse flamboyante d’une cinquantaine d’années accompagnée d’un jeune Black probablement champion de body building. Après une rapide présentation, ils se joignent à nous ; nous trinquons, puis Dominique m’invite galamment à danser. Un slow, mais je crois qu’il n’y a que des slows ici. Alex nous suit au bras de Camille. Mon cavalier se colle tout de suite contre moi et défait le bouton de ma veste qui s’ouvre sur mon justaucorps.
Il me murmure, la langue pratiquement dans mon oreille :
Il glisse une main enveloppante sur mon sein et le malaxe sans se soucier des réactions des autres couples qui dansent. Je jette un coup d’œil à Alex : il me tourne le dos, mais je vois Camille, les paupières closes, qui l’enlace et fait courir ses mains sur son dos et ses fesses. Les couples autour de nous se caressent sans vergogne, indifférents à leur entourage ; une fille, la jupe relevée sur la taille, se fait caresser les fesses par son cavalier, une autre a la poitrine à l’air, deux brunes dansent, emboîtées l’une dans autre, en s’embrassant lascivement. Mes talons aiguilles me gênent un peu pour suivre le rythme de Dominique, qui essaie à plusieurs reprises de relever ma jupe que je dois rabaisser en le grondant. C’est alors que je croise le regard noir de mon mari. J’éprouve un certain mal à l’aise et glisse à mon cavalier que j’ai soif ; nous regagnons notre table. Ça chauffe de plus en plus sur la piste de danse ; certains couples la désertent en direction des salons. Au moment où Camille et Alex nous rejoignent, l’avocat m’ôte galamment ma veste de tailleur. Je sens de nombreux regards qui se portent sur moi ; le Black bodybuildé émet un sifflement éloquent. J’ai à peine le temps de tremper mes lèvres dans mon verre que Camille se lève et m’invite à danser ; je suis surprise, m’attendant à ce que ce soit mon homme qui le fasse, mais je la suis, puisque les femmes dansent entre elles dans cette boîte. Sur la piste, certaines sont quasi-nues. Ma cavalière m’enlace, avec beaucoup de douceur, et me dit à l’oreille :
Et, sans même me laisser le temps de protester, elle fait sauter son agrafe, la descend à mes pieds, se relève, la jette sur la chaise la plus proche et m’enlace à nouveau. Je sens mon justaucorps, si vaporeux, remonter sur le bas de mes fesses et j’ai l’impression, grisante malgré moi, d’être la convoitise d’une vingtaine de regards. Je frissonne ; ma cavalière se serre contre moi, ses petits seins durcis dardent et s’enfoncent dans les miens, je suis complètement déboussolée. Depuis l’adolescence où, comme la plupart des filles, j’avais eu quelques expériences saphiques, jamais je n’avais senti un corps de femme épouser le mien de la sorte. J’ai l’impression étrange de l’avoir déserté, de planer au-dessus de lui, d’être dans les nuages. Plus grande que moi, Camille se penche et dépose ses lèvres derrière mon oreille ; de langoureux frissons descendent le long de ma colonne vertébrale. Ses paumes vont de mes hanches à mes fesses dans un délicieux ballet, et poussent mon pubis contre le sien. Je sens sourdre en moi ce picotement diffus, prémices de l’envie. Lorsque la musique redevient un peu plus rythmée, ma partenaire me prend la main et me demande de la suivre sur un ton sans réplique ; j’obtempère comme une automate.
En longeant un des corridors, j’observe de petits groupes qui lorgnent, à travers les vitres des salons, leurs occupants dans toutes sortes de positions. Dans l’un d’entre eux, il y a même un homme qui en chevauche un autre en lui battant les flancs à l’aide d’une badine. Elle trouve enfin, à proximité des douches, une salle inoccupée au milieu de laquelle trône un immense lit carré, semblable à un autel tant il est surélevé. Un spot en éclaire le centre de ses rayons rougeoyants. Elle m’y étend avec délicatesse, les pieds pendants, les genoux pliés en équerre au bord du sommier, me les écartent et embrasse mon abricot. Contact d’une infinie douceur, auquel je ne suis pas habituée ! Puis sa langue, tel un papillon léger, s’infiltre en moi et me butine de petits coups subtils. Je ferme les yeux ; je me concentre sur ce ballet lascif autour de ma féminité. Je me sens devenir moite. Elle intensifie sa pression en avalant presque mon clitoris qui, sous cette tendre aspiration, me paraît s’étirer dans sa bouche. Ses mains repoussent mon vêtement vers le haut et dénudent mes seins, dont ses doigts pincent et étirent les pointes. Ce traitement voluptueux qu’elle m’inflige n’est que nuances et légèreté, bien différent des triturations masculines, souvent un peu brutales. Une légère houle agite mon ventre, je gémis.
Elle s’écarte, me retourne sur le ventre, les jambes toujours dans le vide, s’étend perpendiculairement en travers, me soulève le bassin, se glisse sous moi le long du matelas, le visage à nouveau enfoui dans mes chairs humides. Je sens un choc contre une fesse, j’ouvre les yeux. Camille, un mandrin érigé dans le creux de sa main, pose celui-ci contre mon petit trou. Dans un éclair de lucidité, je murmure « Doucement, doucement… » car la plupart des expériences de sodomie que j’ai eues jusque là, tant célibataire que mariée, ont été douloureuses. Camille m’a-t-elle comprise ? Elle saisit le membre de son homme comme pour en retenir l’élan et, du bout des doigts, entreprend de frotter son gland en un ballet subtil entre mes deux entrées, comme pour enduire du miel de la première le seuil de la seconde. La sensation est forte, ma source s’intensifie. Elle glisse un doigt fureteur là où je suis plus serrée, puis très vite un second. Me jugeant alors suffisamment réceptive, elle repose le sexe de son homme à l’entrée de ma grotte et retourne sous mon ventre poursuivre ses agaceries buccales.
Dominique pénètre, lentement, puissamment, irrésistiblement, dans mon jardin le plus secret. Mes chairs lubrifiées sous sa pression s’ouvrent sans trop de douleurs, et le battement de ses bourses contre ma peau béante trahit la fin de sa progression en moi. Il s’immobilise ; je me sens incroyablement remplie. Je me dis que Camille doit voir, à quelques centimètres de ses yeux, le pieu de son mari enfoncé dans mon fion. Seules les espiègles lèvres qui me lapent par dessous donnent un semblant de vie à notre nature morte. Un contact soudain sur ma joue me fait ouvrir les yeux : là aussi, à très faible distance, un gros sexe noir et brillant s’agite sous des doigts assortis. Le Black bodybuildé nous a accompagnés ! Malgré mon état semi-comateux, j’ai un sursaut de recul. Mais à nouveau, la main de Camille se pose sur l’envahisseur, le rapproche de mes lèvres qu’elle ouvre d’un ongle fureteur, les caresse puis y introduit l’intrus ; je referme les yeux, l’enveloppant de ma langue. Les deux mâles entreprennent des mouvements de va-et-vient dans une symbiose rythmique parfaite dont, me semble-t-il, que Camille est le métronome.
Pour la première fois de ma vie, je suis emplie partout, je ne m’appartiens plus. Dans ma bouche exulte le prototype du jeune mâle sauvage, puissant et odorant, égoïste et parfois même brutal, me donnant des haut-le-cœur, avec des mains broyeuses qui me pétrissent les seins comme un boulanger sa miche. Entre mes reins s’agite un quinquagénaire averti, soucieux de son effet, cérébral et jouisseur, dont la soif de pouvoir passe aussi par la queue. Sur mon bouton d’amour, j’ai des lèvres légères, sensibles à mes humeurs, féminines et agiles, douces comme un préliminaire. Mon corps se tend, se tord, crie, s’agite et s’écoule ; la machine infernale poursuit ses martèlements. Je monte dans l’inconscient, je ne suis plus que chair.
Je suis bien incapable de savoir combien de fois j’ai pris l’ascenseur du plaisir, combien de temps a duré ma descente aux enfers. C’est un geyser gluant et tiède de semence épaisse tout au fond de ma gorge associé à une poussée plus forte que les autres qui me ramènent sur terre et me font déglutir l’intrus. Je le recrache ; il gicle encore puissamment sur mon visage et mes cheveux. En ouvrant les yeux, j’entrevois le monstrueux sexe noir et, derrière, une dizaine de visages auxquels je me suis donnée en spectacle, au premier rang desquels celui de mon mari. Camille me relève d’un geste plein de douceur. J’ai les reins et les lèvres endoloris de ces virils assauts. Me prenant par la main, elle me dirige vers les douches. En passant devant Alex, celui-ci me dit, d’une voix cassante :
Je comprends tout de suite qu’il n’a guère apprécié le spectacle que je lui ai donné ! Je ressens une étrange impression en pénétrant dans une salle de douche complètement ouverte, où trois femmes et quatre hommes se lavent sous le regard des autres. Le souvenir des douches de la salle des sports du lycée remonte à ma mémoire, mais elles n’étaient pas mixtes ! J’ôte mon justaucorps – ou plutôt ce qu’il en reste – rapidement rejointe par Camille qui entreprend de me savonner, insistant particulièrement là où je suis maculée. Avec remord, je détruis l’œuvre récente de mon coiffeur en me lavant les cheveux pour effacer les traces de luxure blanchâtres laissées par le jeune Black. Trois des hommes me regardent, toilette intime ou pas.
Puis Camille m’enveloppe dans un grand peignoir blanc, et nous nous tournons vers les lavabos adjacents à la salle de douche, toujours exposées aux regards des autres. Je n’ai apporté qu’une simple pochette, que j’ai d’ailleurs laissée à la table que nous occupions en début de soirée. Heureusement, Camille a le sien, d’une taille appropriée, et j’utilise sa brosse, son blush et même son rouge à lèvres grenat foncé, moi qui généralement aime les couleurs nuancées. Je renfile ma tunique malgré ses tâches suspectes, m’arrête dans le salon où je me suis livrée à des jeux érotiques, y récupère mes chaussures alors qu’une des bimbos du bar change le drap-housse du lit, retrouve ma jupe au bord de la piste de danse et enfin ma veste à notre table. Mon homme, debout, m’y attend, me fusillant du regard. J’ai tout juste le temps de saluer le couple de la Chalardière, le jeune Black et la couguar rousse pour lui emboîter le pas. Voulant le rattraper au-dehors, je casse un de mes talons, me tords la cheville et manque de m’étaler dans la rue devant le club. Le moteur tourne déjà quand je monte dans la voiture ; Alex démarre avant que j’ai fini de fermer la portière.
Un silence glacial règne dans le véhicule pendant une bonne dizaine de minutes. Puis, soudainement, l’orage éclate et je suis traitée par mon mari de traînée, de salope, de putain qui se donne, corps et âme, en public, à tous les types qui passent. J’encaisse, la rage au cœur, des larmes dans les yeux. Je lui fais remarquer que c’est lui qui a insisté pour accompagner nos hôtes au club, et qu’il sait bien qu’une fois ma sensualité exacerbée, je suis très réceptive et capable de tout ! Il balaie mes arguments et insiste. Alors, à mon tour, je craque et lui reproche ouvertement près de deux ans d’infidélités avec la femme de son patron. Il se tait d’un seul coup !
Redoutant son contact dans le lit conjugal et même, vu son état extrême, des violences physiques, je me couche et dors (mal) sur le divan du salon, à l’endroit même où j’avais pressenti ses liens charnels avec Camille. Monsieur me réveille le lendemain matin en préparant son petit déjeuner. Je feins de dormir et réfléchis. Je me décide : je vais le quitter, au moins pour quelques jours. J’attends qu’il soit sorti pour sa partie de tennis, appelle Sandrine pour lui demander asile. Pas forcément enchantée, à en croire le son de sa voix, elle finit par accepter de m’abriter chez elle. Je boucle à la hâte deux valises avec l’essentiel, griffonne un mot d’adieu et pars pour un nouveau destin.
Sandrine vit dans un petit deux pièces, pas très loin du bureau. À ma grande surprise, c’est un homme en caleçon qui m’ouvre, mal rasé, étonnamment velu et visiblement tout juste réveillé. Sandrine m’avait parlé de sa nouvelle conquête, un ancien militaire croate fraîchement débarqué en France. Le type me dévisage comme une poupée gonflable, alors que je n’ai fait ce matin aucun effort pour m’arranger. Je me présente ; il hoche la tête, me dit se nommer Milan et, avec un accent à couper au couteau, me propose un café dans la petite cuisine. Je ne sais trop où mon amie va chercher ses amants !
Elle débarque enfin, avec des croissants chauds. Je lui raconte ma folle soirée ; je la sens un peu gênée. Jusque là, elle avait parfaitement prévu tout ce qui allait se passer, mais le dérapage de la veille n’était pas programmé. Elle affirme, pour se défendre, que j’en ai fait un peu trop !
J’installe tant bien que mal mes deux valises dans un coin du salon, où nous mettons des draps à un clic-clac étroit. Son mec sort de la douche, toujours en caleçon, et nous regarde nous agiter, une bière à la main. À son regard enveloppant, je sens que mes formes l’inspirent. Soucieuse de leur laisser un peu d’intimité, je prétends une visite à ma mère et pars me promener.
Lorsque je rentre le soir, à l’heure du dîner, il est toujours vêtu du strict minimum. Après avoir dîné d’une pizza et d’un gâteau que je leur ai apportés, nous regardons un film. L’homme est assis entre nous deux, sur le canapé qui est aussi mon lit ; je dois à plusieurs reprises éloigner une main baladeuse. Je me souviens que Sandrine me l’avait décrit comme pas forcément idéal pour son honnêteté ni son goût du travail, mais compensant par ailleurs ces petites faiblesses. À la fin du film, il insiste pour que je les rejoigne dans leur chambre à côté, visiblement inspiré par un plan à trois, comme dirait ma copine. Je n’en ai aucune envie : je viens de m’adonner suffisamment à ce genre de combines, ne suis pas sûre de la réaction de mon amie, et décline donc son hospitalité intéressée. À plusieurs reprises, au cours de la nuit, les cris de Sandrine m’éclairent sur les compensations par ailleurs qu’elle avait évoquées à propos de son mec. Je me dis que mon séjour chez elle ne peut être que très provisoire, par manque d’intimité.
À midi, le lundi, Camille me téléphone. Prémonition ou bavardage d’Alex, je ne sais, mais elle s’enquière de la suite de notre départ précipité du club. Je m’ouvre à elle : j’éprouve le besoin de m’épancher, lui raconte en détail notre scène de ménage et mon envie de fuir ; elle me propose aussitôt une chambre chez elle. Ça ne pouvait guère mieux tomber !
Elle m’accueille, le soir même, dans l’hôtel particulier où m’avait emmenée son mari. Je n’ai pas le droit cette fois à la visite de la collection de peinture naïve, mais à une chambre spacieuse, décorée avec goût, où je peux à loisir ranger le contenu de mes deux valises. Dominique est absent, mais je fais connaissance au dîner des deux enfants du couple : Kevin, 17 ans, un solide gaillard, portrait craché de son père et Carole, 14 ans, une vraie petite peste. Lorsque nous avons fini, je me propose de desservir ; Camille me gronde : elle a deux employées de maison ! Me prenant par la main, elle me mène au sous-sol, au fameux jacuzzi. Se dénudant intégralement, elle plonge dans l’eau bouillonnante. Je l’imite. Je me délasse ; mon stress disparaît sous la caresse des bulles. Mon hôte s’approche de moi, pose ses mains sur mes seins, les soupèse, les cajole.
Je manque de lui répondre que la sienne, aussi, est jolie, la touche et me rends compte que je palpe des globes nettement siliconés. Elle me jette un regard trouble, me prend sous les aisselles, me hisse sur la margelle du jacuzzi et m’écarte les cuisses. Je suis presqu’à l’endroit où je me suis donnée à son mari. Restée dans l’eau, elle plonge son visage dans la fourche de ma féminité. Sa langue est toujours aussi experte et s’insinue avec agilité dans mes moindres recoins ; elle a l’art d’exaspérer mes sensations, elle est en fait tellement plus attentive à mes réactions, fussent-elles minimes, qu’un homme ! Reposant sur les coudes, la tête en arrière, les jambes dans l’eau, je laisse un langoureux plaisir me secouer les reins. J’ai trouvé ma maîtresse, dans tous les sens du mot.
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Voilà maintenant deux mois que je vis chez Camille. Elle a généreusement entrepris de renouveler à ses frais ma garde-robe ; surtout en lingerie, tous les samedis matins, où nous courons de boutique en boutique. Je suis une petite fille gâtée par sa marraine.
Chaque fois que Dominique s’absente, elle vient me retrouver et nous passons la nuit de câlin en câlin. Elle aime que je lui raconte, de manière explicite, les sensations que me donnent et ses doigts et sa langue. Sous sa houlette, je me suis sentie devenir sa poupée de chair, satisfaisant volontiers ses caprices érotiques. Un jour, je lui ai dit combien j’aimais les préliminaires qui durent, mais que parfois, je regrettais l’absence d’un sexe d’homme en moi. Le soir même, elle m’a rejointe, armée d’un gode ceinture et m’a pistonnée jusqu’à ce que je crie grâce, comme pour me prouver que le joujou d’un homme s’épuise trop souvent trop vite pour mon propre plaisir. Une autre fois, elle a convié son mari à participer à nos ébats, mais ne l’a laissé qu’accéder à mes reins et à mes lèvres, me montrant clairement que ma féminité lui était réservée (étonnant spectacle que de voir un fiscaliste réputé se plier à la lettre aux ordres de sa femme). Plusieurs fois, elle m’a emmenée dans sa voiture au Bois de Boulogne ou sur des parkings routiers, et m’a dévêtue devant des voyeurs excités qui ont souillé les vitres et les portières de leur jus intime (j’ai ressenti un trouble émoi de me donner ainsi en pâture à des machos en rut dans un espace heureusement verrouillé). Nous sommes aussi allées dans des boîtes homos, où elle m’a livrée à des lesbiennes voraces. Une fois, je m’y suis même fait fesser (je suis plutôt douillette et pas très chaude pour ça).
Dans quinze jours, nous partons en vacances dans sa villa de Saint-Tropez. Elle souhaiterait que j’y initie son fils Kevin aux charmes d’une femme, jugeant qu’il est sans doute à l’âge où une certaine maturité garantit le succès des premiers pas dans les jeux de l’amour et non ceux du hasard.
J’étais il y a quatre mois une épouse fidèle et modèle, une compagne attentive aux plaisirs exclusifs de son homme, une assistante de direction exemplaire même dans sa vie privée, une femme droite dans ses jupes et dans ses soutiens-gorge, une féministe avouée, voire parfois militante. Elle a fait de moi son jouet, toujours disposée à satisfaire ses caprices érotiques. Le pire, je dois le dire, c’est que je crois que j’aime ça !