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06/07/13
Résumé:  Rien ne les destinait à se rencontrer, ni à se désirer, encore moins à s'aimer. Et pourtant, jusqu'au bout...
Critères:  fh couple uniforme amour fsoumise vengeance contrainte odeurs fellation historique
Auteur : Olaf      Envoi mini-message
Petite mort

Au cours du XVème siècle, lorsque les samouraïs mettaient encore le Japon à feu et à sang, Tawara était parmi les meilleurs. Il excellait dans le maniement de l’arc et du sabre. Sa maîtrise de la torture des prisonniers, par la corde et les nœuds, arrachait des aveux aux plus récalcitrants. Contrairement aux cruels usages de l’époque, il leur tranchait le cou sitôt obtenu ce qu’il attendait d’eux. Cette magnanimité provoquait parfois une lueur de reconnaissance dans leur dernier regard.

Tawara n’avait pas non plus son pareil dans la conquête des femmes. Qu’il s’agisse de les forcer, de les séduire ou de les aimer, il était endurant comme aucun autre, et savait maîtriser les plus récalcitrantes.


Il n’en eut pas besoin avec Hamako, qu’il avait sauvée des pires sévices. Pendant la mise à sac de son village, son père venait de se faire tuer sous ses yeux par un autre guerrier. Le samouraï avait soulevé la jeune fille de terre et maintenue fermement devant lui sans même arrêter son cheval. Désignée comme prise de guerre par ce geste symbolique, elle devenait intouchable pour tout autre que lui.


À la nuit tombée, la fureur des combats enfin apaisée, il consomma leur union. Terrorisée, elle se laissa faire et se montra docile jusque dans ses plus impérieuses exigences. Les jours suivants, peut-être à cause de son apparente fragilité, il se comporta de manière prévenante, au point qu’elle commença à prendre plaisir à ses nombreux assauts. Il décida de lui épargner la vie et l’installa dans sa modeste demeure.


Elle se montra reconnaissante, au-delà de ce qu’imposait la soumission à son maître. Il apprécia particulièrement sa manière sauvage de devancer ses moindres désirs. Les longs cris stridents qu’elle poussait lorsqu’il la pénétrait, à mi-chemin entre l’effroi et le désir naissant, décuplaient son désir. L’entendre ainsi honorer sa virilité, même si la femme savait garder secrètement la maîtrise de leurs ébats, le comblait d’aise. Car, plus le temps passait, plus il devenait évident que l’habileté érotique croissante de la jeune femme lui faisait prendre le dessus au cours de leurs joutes amoureuses.


Il se laissa peu à peu ensorceler. Au point de perdre le goût de jouir à la va-vite d’autres prises de guerre, au hasard de ses hauts faits militaires. Il ne s’en montrait que plus empressé au retour de ses longues campagnes. Hamako s’offrait à lui avec un extrême raffinement, sachant le faire attendre, jusqu’à la limite de l’impatience, pour mieux de vaincre lorsqu’elle estimait le moment venu.

Il se jetait alors sur elle, fouillant son ventre de toute la force de ses reins, avant de la rejeter, pour mieux la reprendre, encore et encore. Insatiable, il subissait entre ses bras les seules, mais aussi les plus nobles défaites qu’un guerrier puisse accepter.

Souvent, après maintes étreintes, juste avant de sombrer dans le sommeil, il lui laissait prendre sa main et guider ses doigts entre ses cuisses. Avec une douceur inattendue de la part d’un impitoyable soldat, il caressait les délicates aspérités qui ornaient sa grotte d’amour. Il se délectait alors des gémissements, puis des cris que ses effleurements provoquaient.


Lorsqu’il se battait loin d’elle, les nuits de solitude, les moindres détails de cette troublante manière de succomber au plaisir lui revenaient en mémoire. Un étrange sentiment gonflait alors sa poitrine, presque aussi fort que la jouissance procurée par les plus sanglantes victoires.


La chance tourna un jour gris et froid de novembre. Alors qu’il mettait la dernière main à la reconquête d’un village qu’un daimyo malintentionné avait occupé, il fut informé qu’une bande de pillards s’apprêtait à attaquer sa propre bourgade. Il trucida encore quelques paysans qui avaient eu le tort de trouver dans la faim et la misère des raisons suffisantes de révolte, avant de parcourir comme l’éclair la trentaine de kilomètres qui le séparaient de sa femme.

Il déboula au grand galop juste après que des mercenaires aient mis le feu à sa demeure et à ses biens. Il sauta de cheval et massacra les imprudents qui tentaient de lui barrer la route. Peine perdue. Au moment où il arriva devant sa porte, leur chef s’était emparé de son épouse inanimée. Tawara ne put l’empêcher de la jeter sans ménagements sur son cheval, la condamnant une nouvelle fois à un brutal esclavage sexuel, ou à la mort si la prise de guerre ne donnait pas satisfaction.

Fou de rage et de désespoir, Tawara se rua à l’assaut, sabre levé. C’était présumer de ses forces. Épuisé par les combats et la longue chevauchée, il n’eut aucune chance. Un fantassin le terrassa d’un formidable coup de massue. Il s’effondra sans connaissance avant d’avoir pu atteindre le ravisseur.




* * *




Il se réveilla après plusieurs jours et plusieurs nuits de douleurs et de délire. Un paysan l’avait traîné chez lui et soigné du mieux que possible, autant par pitié que par appât du gain. La vie sauve d’un samouraï de tel calibre pouvait valoir gros.

Mauvais choix ! Lorsque le guerrier fut hors d’affaire, le bon samaritain dut se rendre à l’évidence : sous la violence du choc, le blessé était devenu aveugle. Ses espoirs d’enrichissement s’évanouirent, même en tenant compte de ce qu’il avait volé dans sa bourse avant qu’il ne reprenne ses sens.


À cette époque, une telle infirmité était fatale. Aucune place pour la pitié dans une société aussi dure. Chacun devait se prémunir contre l’adversité, ou plonger dans la misère.


Sitôt remis de ses blessures, faisant face aux difficultés de la vie avec autant de courage qu’au plus fort de la bataille, le samouraï réapprit à subvenir seul à ses besoins. Se souvenant d’un maître acupuncteur de grand renom, il le fit chercher et commença un apprentissage de massage et d’acupuncture sous sa conduite. Quelle déchéance pour un si fier combattant ! C’était pourtant le seul moyen de gagner de quoi rembourser logis et nourriture au paysan qui accepta de le laisser survivre dans une remise désaffectée.


Surmontant progressivement sa frustration, Tawara arriva en peu de temps à développer un incroyable sens du toucher. Les plus fines variations de pouls de ses patients ne lui échappaient pas. Il palpait aussi avec une incroyable facilité chaque point douloureux des méridiens d’acupuncture, posant les diagnostics les plus complexes et offrant un rapide soulagement à chaque malade qui lui confiait ses tourments.

Aussi habile dans l’art du massage que dans le maniement du sabre, il savait procurer des plaisirs inespérés à quelques femmes de la noblesse des environs. Ses mains magiques réveillaient les ardeurs. Les patientes affluaient, puis revenaient le voir régulièrement, en s’arrangeant pour ne pas provoquer la jalousie de leurs époux. Pourquoi se seraient-ils d’ailleurs méfiés de l’origine d’une si agréable remise en forme ?

Il n’abusait cependant jamais de ce pouvoir érotique. Non parce qu’il eut été trop risqué de se compromettre de telle manière, mais parce qu’il sentait que des plaisirs volés ne pourraient lui apporter que des regrets. À aucun moment de sa longue et épuisante convalescence il ne perdit le souvenir des charmes de sa compagne, ni de sa troublante manière de se donner à lui.


Il ne fit qu’une exception à ce vœu de chasteté. Certaines nuits, pendant son sommeil, il arrivait qu’une inconnue au corps tiède et souple vienne se coucher contre son flanc. Aucun geste, aucun parfum, aucun soupir ne lui permit jamais de découvrir qui, de la maîtresse de maison, de sa fille encore jeune ou de la servante, cette furtive amante pouvait être. Troublé par tant de mystère et sans doute ému par la délicatesse des gestes, il cédait à la douceur de ses caresses.

Sans jamais prononcer un mot, elle commençait à chaque fois par le réveiller de quelques baisers. Lorsqu’elle sentait son désir grandir, elle parcourait son torse à pleines paumes, comme pour se gorger de sa chaleur et de sa force. Après avoir mordillé ses tétons, elle glissait ses mains et ses lèvres le long de son ventre, jusqu’à son membre, déjà bien gonflé et prêt au combat.

L’homme, qui avait si souvent pris et donné la vie au gré de son bon plaisir, se laissait faire. De quelques mouvements habiles de ses mains fines et douces, l’inconnue faisait alors jaillir la semence dans sa bouche et l’avalait respectueusement.

Malgré la brièveté de ces jeux, elle savait donner un vif plaisir à l’aveugle. Très rarement, elle acceptait de lui un massage sensuel en guise de remerciement. Mais jamais elle ne le laissa glisser ses doigts ensorceleurs plus bas que son ventre.

Il savait qu’elle se débattrait et s’enfuirait s’il tentait de la conquérir. Il respecta donc cette étrange manifestation de pudeur, mettant dans ses caresses toute la reconnaissance qu’il éprouvait pour elle à chacune de ses visites.




* * *




Quelques mois après avoir commencé une nouvelle vie, l’aveugle traitait un hobereau de la ville voisine lorsqu’il entendit son bienfaiteur marchander avec un inconnu à la voix forte et autoritaire. Rempli d’effroi, son logeur vint l’informer quelques instants plus tard qu’un chef de guerre se trouvait à leur porte. Il exigeait qu’il guérisse sa servante d’un certain manque d’empressement.

Sa condition d’handicapé ne lui permettant pas de refuser, il maudit sa renommée. Sans écouter les conseils de prudence du paysan terrorisé, il réussit néanmoins à obtenir que le guerrier restât hors de la pièce où il pratiquait son art. Il savait mieux que quiconque qu’au moindre doute sur l’innocence de ses gestes, la colère de l’homme s’abattrait sur lui, en même temps que son sabre.


Sans mot dire, la femme s’allongea tout habillée sur le tatami. Même si cela compliquait les soins, il était hors de question de poser ses mains sur sa peau nue. Il commença par prendre ses pouls. Il détecta quelques déficits dans certains organes et quelques excès dans d’autres, tout en sachant qu’ils n’étaient pas la cause de la frigidité.

Comme le voulait la coutume, il massa quelques points par-dessus le kimono, jusqu’à ce qu’il sente la femme prendre confiance. Très habilement, il s’autorisa alors peu à peu à dépasser les règles de bienséance. Elle ne s’y opposa pas, le laissant même glisser un doigt, puis une main sous l’ample vêtement de soie, malgré le danger que tous deux couraient.

Dès qu’il sentit le fin grain de peau contre ses doigts, il sut qui était la patiente, et comprit la raison d’un tel abandon. En une fraction de seconde, le bilan de sa vie s’imposa, en même temps que le choix qui s’offrait à eux.

Était-ce d’ailleurs vraiment un choix ? Que représentait le reste de son existence en regard du pur bonheur qui lui était promis s’il cédait à cette femme ?


Il n’hésita pas. Sa main glissa le long du ventre d’Hamako, qui se laissa faire. Elle entrouvrit même les pans de son vêtement pour mieux s’offrir à lui. Un parfum familier envahit l’espace. L’effet de ce puissant aphrodisiaque ne se fit pas attendre. Les doigts tremblants d’émotion, le cœur et le sexe gonflés d’intenses souvenirs érotiques, Tawara entrouvrit délicatement la fleur de lotus de la belle et enfouit son majeur au plus profond de sa grotte d’amour.

La sensation des délicates aspérités dont le souvenir était gravé en lui suffit à lever les derniers doutes. Il détacha la ceinture de son kimono, se dénuda complètement, puis se glissa entre les jambes de sa femme.


Après l’avoir longuement embrassée, il la pénétra. Elle mordit ses lèvres jusqu’au sang, pour retenir les cris qui s’échappaient autrefois si spontanément de sa gorge. Lorsqu’il commença à aller et venir en elle, elle serra la taille de Tawara entre ses cuisses.

Insouciant du danger, il se mit à fouiller son ventre. Ils retrouvèrent immédiatement toutes les sensations, toutes les émotions qui leur avaient si cruellement fait défaut depuis leur séparation.

Ils redécouvrirent surtout le plaisir des sens dans toute son intensité. Ce qu’ils partagèrent à ce moment fut si puissant, si envoûtant, que l’homme ne faiblit pas après s’être répandu au fond du ventre de son aimée.

Inlassablement, comme ils avaient coutume de le faire aux temps heureux, il monta à l’assaut, se retira, replongea en elle, se retira encore, pour s’emparer une nouvelle fois d’elle, encore plus intensément, encore plus amoureusement.

Lorsqu’une nouvelle vague de plaisir crispa les reins de son homme, Hamako s’abandonna. Son ventre se creusa, son dos se raidit, sa tête bascula en arrière. Comblée par son amant, submergée par l’orgasme, elle ne put retenir le gémissement de plaisir qui rendait autrefois Tawara fou de désir.


Il n’en fallut pas plus pour que le daimyo, sans doute prêt au pire depuis le début de la visite, bondisse en hurlant dans la pièce où le couple faisait l’amour. Il vit sur le visage de la femme les signes de cette volupté qu’elle lui refusait depuis des mois. Pris d’une rage irrépressible, il exigea réparation dans le sang.

Les codes d’honneur interdisaient toutefois à un chef de ce rang de se venger lui-même. Seul un immédiat seppuku pouvait laver l’affront. Tawara le savait, il y était prêt depuis l’instant où il avait posé sa main sur la peau de sa femme.


Le seigneur plaça son sabre à portée de main de l’aveugle.

Le samouraï prit une longue inspiration, comme pour se gaver une dernière fois de l’odeur de sexe et de jouissance qu’exhalait l’intimité délaissée de la femme.

Il prononça quelques paroles rassurantes, insistant avec une invraisemblable sérénité pour qu’elle contemple son vit encore dressé en son honneur.

Raide bandé, il se figea dans la position rituelle.

Le cri inhumain qu’il poussa au moment où la lame s’enfonça dans son ventre, tout comme il s’était enfoncé quelques instants plus tôt entre ses reins, la rendit folle.


Tawara ne s’effondra pas. En lui, les vagues de douleur et quelques derniers spasmes de plaisir se mélangeaient. Il puisa dans l’amour et le désir qu’il avait de sa femme le courage de se redresser pour s’infliger une deuxième entaille, croisant la première. Par cet horrible supplice, il donnait au maître de guerre la satisfaction d’une parfaite réparation de l’offense. Il espérait ainsi obtenir la vie sauve pour sa femme.

Afin d’épargner au vaincu une longue et pénible fin, la tradition voulait que le vainqueur tranchât le cou de son adversaire après la seconde entaille.

Reprenant le sabre en mains, le daimyo leva les bras. Tawara offrit sa nuque.

La lame siffla.

La femme s’effondra la gorge tranchée et mourut sans laisser échapper d’autre gémissement que celui qu’elle avait offert à son époux au moment de jouir.


Dans sa rage sanguinaire, le scélérat refusait au samouraï une mort rapide et augmentait encore sa souffrance en tuant son aimée sous ses yeux.

Il ne pensa pas pouvoir éprouver de plus grande jouissance en assistant à l’agonie de Tawara. Il s’en alla donc, non sans avoir fait punir par ses gardes toutes celles et ceux qui avaient apporté leur aide à l’aveugle.


Tawara ne vit pas se lever le jour nouveau. Le dernier gémissement de plaisir de sa femme au fond du cœur, il se retira de ce monde pas à pas.