n° 15683 | Fiche technique | 18947 caractères | 18947Temps de lecture estimé : 12 mn | 07/07/13 corrigé 10/06/21 |
Résumé: Chloé, mélancolique, romantique et timide coquine, rêve de faire "vivre" ses culottes. Romain, son nouveau voisin reçoit une visiteuse. Et si elle le tentait avec ses culottes, malgré cette femme ? | ||||
Critères: f voisins complexe cérébral revede exhib lingerie nopéné exercice nostalgie portrait | ||||
Auteur : Cheminamants (Fétichisme tout en douceur.) Envoi mini-message |
Le silence, c’est ce qu’il y a de plus dur après la caresse qui n’existe pas !
Le silence… et c’est tout ?
Non : il y a aussi ma culotte de coton blanc dans la corbeille à linge qui s’ennuie pendant mon sommeil. Celle qui n’a pas bu, dans ses fibres, les taches intimes au début du plaisir. Celle qui n’a pas de dentelle délicate pour décorer l’échancrure de mes cuisses. Celle à qui manque l’élastique discret accroché à la transparence d’un tulle brodé pour délimiter la frontière entre mon bas-ventre et les poils de mon sexe. Si, pour le regard d’un homme ma culotte montrait sans rougir mes fossettes de fesses et mon grain de beauté sur le haut de ma raie, une tache s’y plairait. Mais il n’y a pas d’autres yeux que les miens pour poser leurs émeraudes sur les mailles fines et souples de mes dessous.
Pas de taches sur le fond de culotte, et c’est tout ?
Nooon… Sur le sol, rien ne dépasse. Rien ne fait désordre sur ma descente de lit. S’il y avait sur ses bouclettes au moins mon soutien-gorge pigeonnant qui parle de mes seins nus offerts dans un bruissement de soie, au lieu de l’absence de mains pour l’enlever délicatement… S’il y avait mes bas soyeux tombés à côté de grandes chaussures, le plancher ne serait pas si vide des mocassins qui n’existent pas de l’autre côté de ma couche.
Le sol n’a rien reçu, et c’est tout ?
Non ! Il y a l’air de ma chambre, sans touche de parfum féminin mélangé aux fragrances d’une eau de toilette musquée. Et les effluves ne livrent pas bataille à l’odeur plus forte des transpirations qui accompagnent l’amour que l’on s’est donné, puisqu’il n’y a pas d’amour en partage à glisser sous mes draps.
L’air est inchangé, et c’est tout ?
Non : il y a aussi tout ce temps qui dure et qui « monotonise » à longueur de matin mes dimanches qui ne font pas de bruit. Et je n’ai pas beaucoup dormi, happée par la frustration des caresses disparues.
Il manque les caresses ?
Les caresses ? Ouiii… Oh oui !
J’en veux une ou deux, pas plus !
Des légères qui ne tiennent pas de place, mais qui sont si faciles à renouveler pour des mains voulant bien m’en donner. Et j’en aurais sur ma peau, de là jusque-là, pour découvrir la douceur que je cache. Et le dessous, le fond de moi tout chaud, je le garderais secret jusqu’au moment de mon abandon… si… si au moins…
Allongée sur le lit, la nuisette ouverte, en même temps, je me plie, dos rond, pour toucher mes chevilles. Puis je me déroule en spirale de coquillage pour parcourir lentement mon corps nu en remontant mes doigts fins.
En chemin sur mes courbes, je suspends mon geste pour poser sur mon triangle d’or ma main tremblante. Je ne m’attarde pas sur le mont ; et mon frôlement reprend sa montée, contourne le creux de nombril et se courbe en pente douce sur l’arrondi de mes petits melons portant leur pointe brune. Un titillement de quelques instants. C’est tout.
Et puis j’ai un grand besoin de tout ce que je n’ai pas, sans avoir à foutre dehors la séduction, le charme prenant, puis la tricherie qui rend la vie amoureuse pas plus belle que « rien », puisque j’ai déjà jeté le tout sans aucun regret il y a six mois.
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Maintenant je dis oui à l’envie nouvelle, en espérant que le plus beau m’arrive ! Et je pince mes tétons entre deux doigts, très fort. Je creuse mon ventre ; ma minette se soulève quand la petite décharge électrique de ce plaisir tortionnaire me traverse.
Puis d’un bond, je me lève en gigotant des doigts de pied pour les glisser dans mes claquettes. Mes pas me mènent à la commode dans le coin de ma chambre. Ma nuisette « groove » en bruissements de soie. Je suis bien décidée à ouvrir le tiroir qui m’intéresse.
Elles sont là ! Elles sont toutes là, mes culottes jolies. Je les touche une à une en me souvenant de leur vie ; et je déplie leurs plis. Puis je les brasse pour aérer leur sagesse, et je mélange leurs couleurs au bout de mes doigts dans de grands gestes qui les envolent au-dessus de ma tête. Elles retombent ici et là. C’est bien, mais ça ne me suffit pas.
Je n’en oublie pas une, en les rassemblant dans une panière de joncs tressés. Je me dirige vers la salle de bain pour un tour de « gym-machine ». Je regarde le tambour. Il entraîne dans une danse tourbillonnante les mignonettes, dans la lessive liquide et les gouttes d’assouplissant parfumé des montagnes fraîches.
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Nuisette reboutonnée, j’enfile un gilet taillé haut que je noue sous mes seins, puis j’affronte la rosée de juillet en traversant mon bout de jardin. L’étendoir est dressé et les pinces à linge attendent. Tout est prêt.
C’est mon nouveau voisin de droite et je n’ai qu’une envie, c’est de m’éclipser.
Je file à la maison tête baissée, les bras croisés sur ma petite poitrine. Et au moment où je vais refermer la double porte vitrée, je l’entends :
Le mot s’engouffre et résonne en moi en échos qui se perdent dans mon salon :
Il faut que je sache ! Et sans savoir pourquoi, sans réfléchir, je ressors précipitamment.
Il pourrait me répondre sans me poser de questions, quand même !
Il éclate de rire. J’ai osé. Il est beau. Je rougis sans doute, mais je lui offre quand même un sourire furtif. Puis je me sauve, juste après avoir regardé ses pieds dans les tongs. Ils sont comme il faut, pour de grandes chaussures. Et je décide que ce seront mes culottes dans les gammes de bleu qui sécheront sous son nez.
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Je me douche, puis je m’habille de légèreté. Une merveille de corsage blanc en mousseline travaillée en plis et agrémentée de dentelles, chipé à l’armoire de Grand-mère. Un instinct de coquetterie me dit de laisser ses petits boutons nacrés décrochés jusqu’au milieu de mes seins. Le retombé de ses fines bretelles sur l’arrondi de mes épaules rajoute à son charme. Ma jupe est courte, vaporeuse, actuelle, dans des bleutés chamarrés de turquoise qui se marient au vert qui brille sous mes cils.
Je m’assois sur la terrasse. Une pomme fait guise de petit déjeuner. Au premier croc en lune dans la chair, elle perd un peu de jus que je lèche aussitôt. Une nouvelle empreinte de dents rajoute sa dentelle courbe sur le fruit.
Puis je fige ma bouche en retenant la golden quand le petit vent d’ouest arrive en bousculant la tiédeur du matin. Il fouette mon visage sans méchanceté, tente une coquinerie en volant sous ma jupe pour une caresse aérienne. Je mets une main sur mes cuisses pour l’empêcher de s’enhardir. L’autre main dégage ma longue chevelure de mon visage. Machinalement, je tourne la tête pour m’aider à faire face à la bourrasque qui me taquine, le fruit uniquement tenu par mes lèvres pulpeuses et mes dents toutes blanches.
Je suis surprise, je sursaute et j’en lâche ma pomme qui atterrit sur ma jupe au creux de mon minou.
Le sourire de cet homme à la trentaine portée en grand me ravagerait bien si j’étais sûre qu’il veuille m’atteindre ; mais il est déjà parti sur un coup de sonnette. Je n’ai pas répondu ; le temps m’a manqué.
J’entends une voix minaudière qui joue dans les aigus. Il n’est pas seul. Tous deux arrivent dans le jardin d’à côté. Le féminin perché haut sur des talons de midinette côtoie le masculin à l’élégance racée.
L’injustice pointe son nez ; la gorge de la brune est pulpeuse, le décolleté ravageur. Mes mains se retrouvent sur mes seins et j’interpelle intérieurement la déesse Hormone qui a fait son oubliette en se penchant sur mon berceau : « Tu pouvais pas faire un compte plus rond et aller jusqu’au C dans la distribution de l’alphabet plutôt que de me donner à trente ans une poitrine d’adolescente qui pointe ses premières rondeurs ? ». J’aurais pu aussi faire appel à la fée Contentement pour me donner la satisfaction de ce que j’ai, mais ça fait six mois que j’ai perdu son adresse.
Le silence s’installe, mais j’entends un bourdonnement qui vient de mon coin de rocaille. Je tourne la tête. La marjolaine en bouquet lilas de fleurs serrées attire un nuage de petits papillons bruns qui dodelinent d’un pétale à l’autre. Un pied de lavande, planté dans le cailloutis, se balance à chaque coup de vent léger.
Autour de moi, il y a le silence qui reste ; et c’est ce qu’il y a de plus dur quand les rires viennent d’à côté.
Le silence… et rien n’est plus pesant ?
À y réfléchir, bien sûr que si ! Et d’un bond je me lève de ma chaise de jardin. Bien plus lourd, il y a le pied de béton qui stabilise mon étendoir à linge. Mais j’ai l’intention de le soulever et de le déplacer pour l’installer entre grillage et terrasse pour qu’il me sépare de mon voisin.
Elle, elle me regarde, amusée.
Lui n’est plus là.
Un tambourin à la porte ; j’ouvre. Il me devance en pressant le pas et quand je le rejoins, l’objet de séchage est à une nouvelle place.
Et je montre du doigt l’endroit qui me plaît.
Quelle conversation minimaliste. Me justifier ? Pas envie, pas besoin. Punition méritée pour invasion imposée.
Il s’exécute et je suis ravie. Et encore un peu plus, en remarquant que la femme de l’autre côté du grillage se dandine : « Tic… » en appui sur un pied, déhanchée, fesse à droite… « Tac… » ensuite sur l’autre pied, la croupe bascule, la fesse est à gauche. « Tic », puis « tac ». Et puis encore… « Tic-tac, tic-tac ». Accélération. Un brin d’impatience.
Mais pendant ce temps, il est chez moi. Eh oui ! À tendre les fils. N’en déplaise à miss Poitrine.
L’étendoir est ouvert. C’est fini.
Sa voix traîne, autant que ses sandales pour retraverser mon jardin ; pourtant, il a bien à s’occuper de l’autre !
Je le raccompagne et je referme la porte sur l’absence de lui. Mes mains sont moites. Je me raisonne : elles sécheront bien toutes seules quand mon cœur sera calmé.
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La lessive est finie. Je pose le panier à linge sur la terrasse. Eux sont toujours à côté.
Qu’est-ce-que je fais maintenant, pince à linge en main ? J’ose transformer ma lingerie fine en cache-fesses triomphants ? Ou je n’ose pas ?
Mon choix est fait.
Je prends mon shorty en plumetis et guipure azur et noire et j’en caresse broderies et dentelles. Elles ont connu l’arrondi de mes cuisses pour mon dernier soir avec Stéphane. Bel homme, ce Stéphane ; très marié. Son péché cochon mignon était de faire l’amour avec ma petite culotte dans la main. Plus le tissu était léger, fin, soyeux et trempé de ma mouille, plus il était excité. Tiroir ouvert, on passait un temps fou à choisir le style, la coupe et la couleur de mes dessous, en sachant qu’il me déculottait encore plus vite. Ses grands doigts glissaient les frou-frous entre mes babinettes que j’écartais pour lui offrir mon puits. Inondée de mes perles de plaisir après ses caresses et ses baisers, il reprenait la petite mignonne et on faisait l’amour à trois, lui, elle dans sa main, et moi. C’était ainsi à chacune de ses visites, jusqu’au soir où je ne me suis pas passée d’un coup de ciseaux dans le boxer en tulle qu’il voulait faire entrer dans nos jeux. Nooon… d’autant qu’il était déjà imprégné d’une cyprine sèche à l’odeur de marée ; celle de sa femme ! Séparation faite, cisaillée dans mes adieux, il prenait définitivement la porte.
Dans un semblant de lissage, je caresse mon shorty resté « vierge » en lui murmurant :
« Et pour toi, le plaisir, ce sera quand ? ». Quelle chance qu’il soit bleu, celui-ci ! La voix de l’invitée de mon voisin arrive jusqu’à moi ; alors je le pince face au grillage pour qu’il se balance avec hardiesse sous leurs yeux. Voilà : le premier est bien placé. Je le regarde gigoter sous le brin de vent. C’est comme une danse ; et si ses mailles ultrafines sont vides de mon ventre, de ma croupe, on devine clairement à sa forme que je n’ai pas à me plaindre de mes fesses.
D’ailleurs, je pivote sur moi-même. Je lisse et moule sur mes formes ma jupe qui n’a rien à faire d’un appel à la pudeur. La prochaine culotte, je l’attrape en me penchant un peu… encore un peu plus. Je l’étends. Mon creux de reins est à quelques centimètres du grillage et mon rebondi de fessier le frôle.
Où vais-je mettre ce slip tanga trèèès sexy avec son échancrure très, mais trèèès… hummmm ?
Pour cet instant de réflexion, je m’appuie volontairement sur la séparation. J’exagère la pression. La clôture moule ses triangles sur mes rondeurs de cul. La chair est belle, je le sais. Un instant de trouble ; et s’il regardait ? Je libère le grillage.
Non, il n’y a pas de raison ; ils battent conversation à plein vent. Je ne veux pas entendre, ce n’est pas pour moi.
Je remue ma lingerie dans le panier en joncs. J’en accroche trois bleues, là où il faut. Pour celles-ci, il n’y a pas de prénoms qui se souviennent de leurs dentelles. Non, mais elles ont connu les vacances de juin entre deux rayons de soleil à Saint-Antonin-Noble-Val, la médiévale, bordée des falaises du Roc d’Anglar. Je me suis penchée sur le balustre du pont qui encaisse l’Aveyron ; et j’ai montré à la bleu nuit garnie de tulle son reflet dans l’eau. La turquoise satinée a vu le jour quand j’ai retroussé ma jupe pour une balade en canoë-kayak. La plus claire a une tache sur la fesse droite puisqu’un après-midi de clémence, je l’ai étrennée dans l’herbe humide, un livre à la main.
Je frissonne. Romain est accoudé au grillage. Seul. Je me laisse regarder, les yeux baissés, un slip dentelle brésilien chiffonné des deux mains pour cacher ma poitrine. J’ai envie de sa main à lui. Pas pour moi, mais pour placer une à une mes charmantes culottes sur le fil à linge. C’est comme un besoin qui commence dans ma gorge quand je déglutis et qui descend le long de mon corps pour s’engouffrer dans le creux de mon bas-ventre. Le centre de ma féminité palpite. Mes jambes sont molles. Aucun mot ne sort, ni de lui, ni de moi.
Il faudrait un petit rien pour que je reprenne vie. Oui, un geste tout petit mais osé, pour compléter le sien : je rêve de frôler ses doigts en accrochant les couleurs parées de douceur qu’il tiendrait sur l’étendoir pour m’aider. L’impensable existe. Je suis figée, immobile face à lui, le regard posé sur une dalle. Et mes lèvres continuent à parler du silence.
Il est arrivé près de moi sans que je m’en rende compte.
En parlant, il a pris dans la corbeille mon petit slip fuchsia en broderies percées. Sans chichi, il le suspend sur l’étendoir. Je le pince.
C’est si simple.
Puis un autre, gris anthracite ; et quand il tend ses mains pour l’installer du côté grillage, je m’exclame :
Mon regard plonge malgré moi dans le sien, presque noir. Impossible de me perdre au fond de ce gouffre, s’il y met la même lumière que maintenant.
Le sourire franc qui montre largement ses rangées de dents bien alignées me paraît sincère. Il est pour moi. Je le prends.
Et mes culottes au vent adoptent son prénom, pleines d’espoir pour un tour de soleil.