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n° 15724Fiche technique50695 caractères50695
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Temps de lecture estimé : 36 mn
01/08/13
Résumé:  Être accusé injustement, c'est affreux ; on y perd tout : son amour, son poste. C'est désespérant !
Critères:  #policier fh
Auteur : Bertrand D      Envoi mini-message
Une pénible affaire

Ce samedi matin, tout est tranquille dans l’immeuble. Bien que l’on soit au mois de juin et que le soleil commence à se pointer, peu de monde est levé.

Au troisième étage, tout est calme ; Francine et Robin dorment. Elle a travaillé la nuit à l’hôpital et vient juste de rentrer et de se coucher.

La sonnerie de la porte d’entrée retentit. Francine donne un coup de pied à la jambe de son compagnon afin qu’il aille ouvrir. Ce dernier ne réagit pas. Une deuxième sonnerie qui ne s’arrête pas. Elle se lève et, en nuisette, va ouvrir.



Francine va secouer son ami qui ne réagit pas tout de suite. Quand elle lui dit que la police le réclame, il se redresse en titubant et se dirige vers la porte.



Intrigué, il est allé s’habiller. Il a une gueule de bois terrible. Hier, on l’a fait boire, lui qui d’ordinaire ne touche que rarement l’alcool.



Robin est descendu avec les policiers, heureusement sans rencontrer personne. Dans la voiture, les flics sont restés muets malgré les questions qu’il leur pose.

On l’a amené dans le bureau de l’officier de police, une femme assez jeune, jolie, l’air sévère.



Robin quitte le polo qu’il a rapidement enfilé avant de partir.



Et Robin a été amené dans la cellule prévue à cet effet.

Assommé par cette accusation, il ne comprend pas. Qu’il ait violé une fille, c’est invraisemblable ; mais alors Nadège, c’est impossible. Il essaie de se souvenir de la fin de la soirée, mais rien. Il ne sait même pas comment il a pu rentrer en voiture.

Il appelle le gardien et lui demande s’il peut voir le lieutenant.



L’officier de police l’écoute, le regarde d’un œil froid. Quand il a fini, elle lui dit :



On l’a ramené dans sa geôle. Il essaie de se rappeler ce qui s’est passé dans la nuit, mais rien à faire, il était trop bourré.

Une heure plus tard, on est venu le chercher pour la confrontation.

Dès son entrée dans le bureau, Nadège se précipite vers lui en criant :



La confrontation n’a pas duré longtemps. Robin, fou de colère intérieure, est parvenu à garder son calme, clamant son innocence. Mais tous les interlocuteurs présents sont convaincus de sa culpabilité. On lui a indiqué qu’il avait droit à un avocat s’il le désirait, mais ne se sachant pas coupable et n’en connaissant aucun, il a refusé, pour l’instant. Il demande seulement que l’on prévienne sa compagne.

On l’a ramené en cellule. À midi il a eu droit à un repas qu’il n’a pas touché. Il est au fond du gouffre. Avec Francine, ils s’aiment et faisaient des projets d’avenir. Mais comment va-t-elle prendre ça ?

Au milieu de l’après-midi, il est ramené dans le bureau de la lieutenante. Francine est là, la mine fermée ; elle ne le regarde pas. Elle a été mise au courant des accusations qui sont portées contre lui. C’est foutu, pense-t-il, elle va me quitter.



Et elle est partie sans un mot de soutien. Je ne la reverrai plus.



Le lendemain après-midi, la lieutenante en personne est venue le chercher et l’a amené dans son bureau.



Robin est soulagé d’être libre, mais encore plus de savoir que Francine ne l’a pas abandonné. Mais malgré tout, il va y avoir entre eux cet événement. Francine est au volant de leur voiture. Il monte, lui sourit et se penche pour l’embrasser. Elle le repousse.

Rentrés chez eux, avant qu’il ait eu le temps de dire un mot, elle parle, calmement, froidement :



Robin, sur le canapé, n’a pas beaucoup dormi de la nuit, et il a entendu sa compagne tourner dans le lit. Le lendemain, ils n’ont pas échangé un mot. Il est parti au travail, espérant que l’histoire n’avait pas filtré.

Mais le regard de ses collègues – certains ironiques, d’autres gênés – lui ont vite fait comprendre que tout le monde était au courant. Nadège était passée par là. Il s’est installé dans son box.

À neuf heures, le patron l’a fait appeler. Inutile de se demander pour quelle raison !

À son entrée, Nadège était déjà là.



Nadège est repartie, la mine triste, comme une malheureuse.



Robin est rentré le soir, accablé, mais rassuré tout de même par les paroles du directeur.

Francine lui a demandé si les faits étaient connus à la banque. Il lui a tout raconté. Elle lui a confirmé qu’il pouvait rester tant qu’il n’aurait rien trouvé.




****




Robin habite maintenant un appartement ancien dans un quartier populaire, proche de son lieu de travail. Il a obtenu ce logement grâce à l’intervention de son directeur.

Il a dû changer ses méthodes de travail, adapter ses rapports à la clientèle un peu plus modeste, mais aussi plus abrupte. Au total, il s’y est bien habitué, a de bonnes relations avec les clients. Par contre, les anciens copains – presque tous – l’ont laissé choir. Avec Francine, ils se sont quittés amis ; elle l’a quand même embrassé en copains. Mais depuis, plus de nouvelles ; il attend quelque temps pour la revoir.


L’immeuble où il loge abrite toutes sortes d’individus. Des familles nombreuses, très bruyantes, mais sympathiques. Des personnes âgées qui ne peuvent payer un loyer plus cher. Et souvent Robin les aide dans leurs démarches avec la banque, et même pour d’autres papiers. Mais aussi des ménages en mésentente avec des éclats qui se terminent quelquefois en correction. Sur son palier, une pauvre femme essaie de vivre tranquille avec ses enfants, mais le mari la maltraite. Plusieurs fois, Robin lui a conseillé d’aller voir la police, mais elle a refusé.


Pourtant, ce soir le ton monte vraiment et on entend des bruits de coups, des pleurs. N’y tenant plus, Robin appelle le commissariat. Quelques minutes après, quatre policiers arrivent et peuvent constater que le coup de fil était justifié. L’homme est embarqué. Quelques minutes plus tard, on frappe à sa porte. Robin ouvre et se trouve face à la lieutenante qui a instruit son affaire.



Pendant quelques minutes elle prend quelques notes. Puis, ironique :





****




Et Robin est revenu au commissariat, mais cette fois-ci en tant que témoin. La lieutenante, bien décidée à défendre les droits des femmes, veut que le cas de cet homme brutal serve d’exemple. Elle fait tout son possible afin de transmettre au juge d’instruction un dossier particulièrement étayé.

Il a attendu un moment dans la salle d’attente. C’est la lieutenante Martin, en personne, qui est venue le chercher. Il n’était pas habitué à tant d’égards.

Dès qu’ils ont été dans le bureau, elle lui a dit :



Elle a rédigé le témoignage qu’il a signé, et il est parti.


Trois mois après leur séparation, il est retourné à leur ancien appartement pour savoir si Francine lui avait pardonné. Mais il est occupé par d’autres locataires qui ne connaissent pas sa nouvelle adresse. Il s’est adressé à l’hôpital, prétextant une vague parenté, mais on a refusé de le renseigner.

Il ne lui reste qu’une solution. Lorsque qu’ils étaient en couple, ils faisaient partie d’un club de randonnée et sortaient souvent le dimanche. Mais depuis son histoire, il n’a pas osé y retourner : il y a des employés de la banque qui en sont membres et l’affaire est probablement connue. Pourtant, si Francine continue d’y aller, c’est le seul moyen de la retrouver. Aussi décide-t-il d’aller prendre des nouvelles au bureau. Elle ne fait plus partie du club. Par contre, le président l’a entrepris, il n’a pu refuser de reprendre les activités.


Avec un peu d’appréhension, il est allé à la réunion préparatoire de la prochaine sortie. Là, il a retrouvé ses amis, et surtout Nicolas, un collègue de la banque. Ce dernier est venu vers lui, tout souriant, comme si rien ne s’était passé.



Soulagé, il a repris les sorties.

Quelque temps après, un dimanche, avant le départ, il a eu la surprise de voir Ariane Martin dans le groupe. Tout le monde se salue, s’embrasse. Il n’a pu éviter la rencontre ; mais après tout, il n’a rien à se reprocher. Elle l’a accueilli avec un petit sourire, ils ont échangé quelques mots.

À mi-parcours, il a vu la lieutenante devant lui s’arrêter pour nouer un lacet. Elle s’est redressée à son passage, et a avancé à son côté. Ne sachant trop comment amorcer le dialogue, il lui a demandé où en était l’affaire dont il avait été témoin.



Ils ont continué à cheminer côte à côte jusqu’à la fin de la randonnée.

Robin est heureux : il est lavé de tout soupçon, même par la police ; enfin, par celle qui a instruit la plainte. Tout serait parfait s’il n’y avait la disparition de Francine.




****




Depuis plusieurs mois, Robin a repris les randonnées. Quelquefois le dimanche, lorsqu’elle n’est pas de service, Ariane est présente. Car maintenant, c’est Ariane. La plupart des membres du groupe s’appelant par leur prénom et se tutoyant, ils ont fait de même.

Elle lui a dit qu’elle était venue dans le club pour faire un peu de sport, mais aussi pour rencontrer du monde en dehors de son travail. Elle se trouve bien seule. Dans la police, peu de femmes encore, et pas de véritable amie. Et dans la vie courante, du fait de sa fonction, on la voit plutôt comme un flic que comme une femme. Quant à sortir avec un homme, pas question. Quelques collègues ont tenté leur chance, mais ont vite été évincés.


Nicolas lui a dit que Robin faisait partie du club. Ainsi, s’il revenait, elle pourrait le rencontrer, s’excuser, mettre les choses au point. Il lui a avoué que, de son côté, à cause de son caractère un peu solitaire, il était lui aussi bien seul. Avec Francine, ils étaient heureux. Ils sortaient tous deux, balades, cinéma, soirées entre amis. Et surtout, ils se retrouvaient souvent chez eux, malgré ses horaires décalés. Mais depuis, plus rien.

Il est de coutume pour la plupart des participants de s’embrasser lorsqu’ils se retrouvent. Pour Ariane, aucun problème avec les femmes ; mais jusqu’à présent, elle reste assez intraitable avec les hommes et chacun respecte sa réserve.


Pourtant, un dimanche soir après une journée particulièrement animée, au moment de la séparation, elle s’est rapprochée de Robin et lui a tendu la joue. Surpris, mais heureux, il lui a déposé un baiser, puis sur l’autre joue, et même Nicolas a eu droit à cette marque de confiance. Elle leur a souri.

Robin a été surpris, certes, mais surtout heureux qu’elle se décoince. Ce n’est pas encore un contact normal avec les hommes, mais déjà un progrès. Tout au moins avec nous, pense-t-il.

Durant la marche, le dimanche suivant, c’est lui qui a pris la parole :



Ils discutent longuement toute la journée. Leurs amis les regardent, souriant devant ce couple en gestation. Au moment de la séparation, l’embrassade est plus chaleureuse tout en restant amicale.



Malgré ses déboires, Robin est heureux. Peut-être est-ce par la promesse de manger avec Ariane. Il s’aperçoit qu’il l’aime bien.

Un soir, alors qu’il jouait à son ordinateur, le téléphone sonne.



Cette invitation le comble de joie. Mais à son petit restaurant, pension de famille ! Quelle idée ! Il y en a d’autres pas très loin qui sont plus respectables. « Oh, et puis ce sera l’occasion de montrer à tous les habitués que je peux lever une fille. »

Il a fermé l’agence à l’heure pile, ne voulant pas faire attendre Ariane. Elle est d’ailleurs là, l’embrasse avec beaucoup d’ardeur. Puis elle lui prend le bras. Il est heureux, mais un peu surpris de tant de signes d’amitié.

Lorsqu’ils sont entrés dans la salle, certains habitués l’ont regardé un peu surpris. « Enfin, il se décide », ont-ils pensé. Il a regagné sa table dans un coin. La serveuse a apporté un deuxième couvert en souriant.

Le repas est copieux et bon, mais pas de plats raffinés. Cela n’entame pas la bonne humeur de sa compagne qui regarde les convives. À un moment, elle s’étouffe et plonge la tête dans sa serviette alors que la porte vient de s’ouvrir. Ils mangent assez rapidement car c’est Robin qui fait la réouverture de la succursale.



Robin est étonné de l’attitude de son amie. Elle aime bien sa compagnie. « Pour un peu, je croirais qu’elle est amoureuse, si je ne la connaissais pas. Mais j’ai un peu de chance : une amie, sans compter Nicolas, bien sympathique lui aussi. »


Le lendemain, leur entrée dans la salle est à peine remarquée. La serveuse arrive rapidement ; elle avait préparé le couvert supplémentaire. Robin pense que ce serait agréable de l’avoir à ses côtés, même si cela restait platonique.

Ariane doit avoir une allergie, car certains aliments la font tousser et elle est obligée de plonger dans sa serviette. Son portable sonne peu après. Heureusement, elle répond rapidement « Oui, oui » et raccroche.

Aujourd’hui, la cuisinière s’est surpassée mais Ariane ne semble pas trop apprécier le menu : son coup de fil devait être une mauvaise nouvelle. Pendant qu’ils boivent le café, elle bondit soudain vers la porte. Robin se lève rapidement, inquiet.



En ancien rugbyman, Robin bondit et plaque l’homme au sol. Ariane s’enfuit rapidement. Avant qu’il réalise ce qui se passe, un violent coup sur la tête lui fait perdre connaissance.




****




Des cahots le secouent, une main lui appuie sur sa poitrine. Mais surtout un mal au crâne, pire qu’après un placage ou quand il a bu. Il gémit, tente vainement de porter sa main à sa tête, mais elle est immobilisée.



Et ce klaxon qui lui déchire la tête, il doit y avoir les pompiers dans le coin. Puis tout à coup, il réalise qu’il est dans une ambulance et que c’est son avertisseur qu’il entend. Mais qu’est-ce qui s’est passé ? Il tente de parler, mais une voix calme lui dit :



Robin a perdu totalement le fil des événements de l’après-midi. Dépouillé, on lui a découpé son polo aux ciseaux, déchaussé, enlevé son pantalon, pendant qu’une femme le piquait, le branchait avec de multiples électrodes. Son torse lui fait très mal, comme après un placage. C’est vrai que j’en ai réussi un. Mais aussi son ventre, ses genoux, ses hanches. Il lui serait plus facile de trouver l’endroit où il n’a pas mal.



Et la promenade a commencé, de salle en salle : scanner, radio, échographie, électrocardiogramme ; à chaque fois on lui dit où il se trouve, mais il en oublie le compte, perd connaissance de temps en temps.

Enfin, il est soulevé et déposé dans un lit. On le rebranche, l’arrange, le borde comme un enfant. Une infirmière se penche vers lui :



Quelques minutes plus tard, il est soulevé. On lui fait avaler un bouillon.



En quelques secondes il se sent partir ; le trou noir.




****




La fenêtre est toute noire, il fait encore nuit. C’est l’envie de pisser qui le réveille. Vite, la sonnette. Dans la minute qui suit, une infirmière accourt.



Elle lui tend un bocal en verre avec un col. Il le regarde l’engin ébahi, puis comprend son utilisation.



En souriant, elle l’aide pour se coucher, mais aussi pour placer son sexe dans le col de l’appareil. Il est un peu gêné, mais compte tenu de l’âge de la soignante, ce ne doit pas être la première fois qu’elle fait ça.



Il avale le médicament, un peu d’eau et, rapidement, interlude.




****




C’est le remue-ménage dans le couloir qui tire Robin de son sommeil. Il veut se tourner et ressent des douleurs un peu partout. Il porte la main à sa tête pour soulager le mal qui le harcèle. Il sent sur la pommette une proéminence douloureuse recouverte d’un pansement. Sa tête est entourée d’une bande. Petit à petit lui revient à l’esprit le déroulement des faits de la veille. Simplement un trou entre le moment où il a plaqué le type et sa reprise de connaissance dans l’ambulance. « J’espère avoir l’explication aujourd’hui. »

Une infirmière entre, poussant devant elle un chariot.



Puis elle consulte l’écran placé auprès de lui. Quelques notes sur une fiche. Départ, retour deux minutes après pour récupérer le thermomètre.



Puis nouvelle entrée, petit déjeuner.

Dans la matinée, on est venu faire sa toilette. Enfin est arrivé un toubib, suivi de son escorte : assistante, infirmière. On l’a interrogé, il a signalé tous ses maux.



« Il va encore falloir que j’explique ce que j’ai fait. Et Ariane dans tout ça, qu’est-ce qu’elle fait ? Elle pourrait les renseigner. »

Un coup discret à la porte. Et voilà qu’elle apparaît. C’est elle qui vient l’interroger !



Il a fallu que l’infirmière intervienne pour faire sortir Ariane.




****




Deux jours plus tard, il est sorti discrètement dans la voiture d’Ariane sans être importuné. Elle l’a reconduit chez lui, l’a aidé à monter l’escalier. Et pour la première fois est entrée dans son appartement.



Ils ont décidé de se retrouver dans quelques jours car elle était détachée pour une mission, loin d’ici.



Une infirmière vient les deux premiers jours lui faire ses pansements. Mais après trois jours, il s’est habillé, a descendu l’escalier seul et a fait un tour dehors. Il a pu constater que s’il gardait encore une gêne et des courbatures, il avait quand même bien récupéré. Seul son visage rappelait son agression.

Maintenant, il sort tous les jours. Le vendredi, il a pu se rendre seul à l’hôpital. Le professeur a été étonné de la vitesse de son rétablissement : à peine dix jours ! Robin lui a indiqué qu’au rugby, il avait été à bonne école, ce qui a fait sourire le médecin. Plus de visites, plus de soins. Il pourra reprendre son travail dans une semaine. Il est tranquille.

En rentrant, il a trouvé un message sur son répondeur : « Robin, c’est Ariane. Je suis de retour. Je te rappellerai après déjeuner. »


Avec impatience il a attendu des nouvelles de son amie. Elle a été exacte ; elle l’a appelé vers une heure.



Il se met en tenue décontractée, survêtement. Quand il entend sonner à la porte, il bondit. Elle est là, mais il ne la reconnaît pas ! En robe assez courte, maquillée, une coiffure soignée… elle est magnifique.



Elle le suit, dépose dans la cuisine toutes les victuailles. Il reste muet, stupéfait de la transformation.



Le repas a été délicieux. Elle a choisi des petits plats savoureux, du champagne pour accompagner le dessert. Puis ils ont nettoyé la table, se sont installés sur le canapé.



Robin ne bouge pas ; elle se penche vers lui et appuie ses lèvres sur les siennes. Stupéfait, il reste un temps inerte, puis la pointe de sa langue vient mouiller la bouche d’Ariane. Il faut quelques secondes pour que les lèvres féminines se desserrent, pour que les dents s’écartent. Timidement, il pénètre dans cette bouche vierge, car à sa réaction il comprend qu’elle n’a jamais embrassé. D’abord passive, elle essaie de participer. Pendant quelques minutes, ils restent enlacés. Puis elle se redresse, s’appuie sur le dossier du canapé. Des larmes coulent sur ses joues.


Robin ne sait que faire. Il se redresse et lentement essuie les larmes, sans un mot. Elle prend la tête de son ami à deux mains et reprend le baiser. C’est elle qui ouvre les lèvres masculines, cherche le contact intime. Il participe mais la laisse mener la danse.

Leur baiser a été long et quand ils se séparent, Robin comprend qu’elle est décidée aujourd’hui à franchir un pas. Elle vient, s’assoit sur ses genoux, appuie son dos contre le torse de son ami. C’est elle qui prend les mains de l’homme et les pose sur ses seins. Il les englobe, les soupèse. Les pouces et index vienne enserrer les bourgeons qui durcissent. Longuement, il les triture.


Elle se libère de l’étreinte, se dresse, quitte sa robe, apparaît en culotte. Se rasseyant, elle remet en place les mains, les invitant à continuer leur caresse sur sa peau nue. Un gémissement s’échappe de ses lèvres. Robin est au paroxysme de l’excitation ; son sexe, dur comme une barre de fer, s’incruste entre les cuisses féminines. Elle ne peut ignorer cette tension. Ça la décide à se dresser à nouveau.


Il décide de se dépouiller lui aussi, mais conserve son caleçon afin que la vue du sexe ne l’effraie pas, s’assied sur le canapé. Elle reprend la position, assise contre lui comme dans un fauteuil, place les mains sur ses seins. À nouveau, il reprend les mêmes attouchements. Après quelques minutes de ce traitement, elle se dégage et fait un demi-tour, face à lui, les genoux repliés, à cheval sur ses jambes. Elle l’embrasse éperdument.


Entre ses cuisses, elle sent la rigidité masculine qui vient s’incruster entre ses lèvres intimes. Sans se désunir, elle descend une main pour enfin connaître ce qui lui fait tant peur. C’est d’abord un contact du plat de la main pour en apprécier les dimensions. Puis, se reculant un peu, elle la glisse à l’intérieur du vêtement, touche directement le sexe. Une hésitation de quelques secondes, puis elle l’enserre. Elle baisse le tissu du sous-vêtement afin de mieux le saisir. Elle tient la queue, rapproche son bassin jusqu’à ce que la pointe vienne effleurer sa fente. Et à l’aide de l’outil, commence à se donner du plaisir.


Elle a l’air d’apprécier ça, mais Robin est au supplice. Si elle continue ainsi, il ne va pas tarder à exploser. Tout à coup, elle pousse un cri en se raidissant, avance le bassin et engage une partie de l’organe dans son vagin. C’en est trop pour lui : il se vide, en partie à l’intérieur de son ventre, le reste s’écoulant sur son caleçon.

Surprise par cette réaction, elle se dresse et constate les dégâts. Elle part en courant dans la salle de bain et s’enferme.

Il est complètement désorienté. Que veut-elle, que doit-il faire ? Le fait de s’enfermer semble indiquer qu’elle ne veut plus qu’il la touche.



Le verrou a claqué, la porte s’est entrouverte. Sans la regarder, il est allé dans la cabine de douche. Il l’a entendu quitter la salle de bain.

Que va-t-elle faire ? Après s’être séché, il regagne la salle de séjour : personne. Elle est probablement partie. « Il vaut mieux que j’attende demain pour l’appeler. Je vais me coucher. »

Le lit est déjà occupé. Enfouie sous les couvertures, sur le bord de la couche, seuls ses cheveux dépassent. Elle reste immobile, simule le sommeil. Robin, lui aussi tout nu, s’allonge à l’autre bord du lit.


Le sommeil est long à venir. Il entend sa compagne respirer d’une manière irrégulière, elle aussi éveillée. Puis, après un long temps, le rythme devient régulier ; elle s’est endormie. Rassuré, il ne tarde pas à l’imiter.

Même le samedi, on ne perd pas les réflexes : Robin se réveille à l’heure habituelle. Dans son dos, il sent le corps d’Ariane plaqué contre lui. Elle dort. Ne voulant pas la déranger, il reste immobile.

Pourtant, après une heure dans cette position, il ressent l’envie de pisser. Très doucement, il se glisse hors du lit. Elle n’a pas remué.


Il profite du fait qu’il est levé pour préparer deux tasses de café ; il n’y aura qu’à mettre en marche. Silencieusement, il regagne sa place. Rien n’a bougé. Il s’allonge sans la toucher afin de la laisser dormir. Mais le corps vient à nouveau contre lui, tiède. Puis une main vient caresser ses pectoraux lentement.

« C’est elle qui prend l’initiative ; laissons-la opérer. »

La main, peu à peu, a glissé vers le bas jusqu’au sexe encore au repos. Une hésitation. Elle ne doit plus reconnaître le mât triomphant d’hier au soir. Elle le caresse doucement comme un petit animal. Mais ce dernier se réveille et bientôt devient un véritable fauve.

Lui, sourit. Elle est surprise : elle n’a jamais eu l’occasion de voir ce phénomène.



Se redressant, elle le met sur le dos en appuyant sur ses épaules. Elle se met à cheval sur lui, dressée, simulant la colère.



Comme la veille, elle reprend l’outil en main, à nouveau se caresse. Pour Robin, le même supplice – ou plaisir – recommence. De plus, la vue de ses seins qui balancent doucement devant lui n’est pas pour le calmer. Sentant la situation devenir critique, il bloque le poignet. Surprise, elle le regarde et remarque son air tendu. Elle comprend.


Alors, se soulevant sur ses genoux, elle place l’engin au bon endroit, bien humide, et se viole. Une descente lente, une grimace, et bientôt ses fesses appuient sur les jambes de Robin. S’enfoncer dans cet étau serré, l’idée qu’il pénètre dans une presque vierge manquent de le faire exploser. Heureusement pour lui, sa maîtresse reste immobile une minute afin de laisser son corps s’habituer à cette présence, et surtout appréciant d’avoir vaincu ses peurs.


Puis elle commence à baiser. Elle va lentement ; le frottement l’irrite malgré l’humidité existante. Mais Robin ne peut tenir longtemps. Elle sent dans son corps couler un liquide, voit sur le visage de son amant l’expression de son bonheur.

Lentement, précautionneusement, elle se dégage, tombe à côté de lui. Il la prend dans ses bras et l’embrasse passionnément.



Ils sont restés un long moment, en silence, simplement enlacés.



Elle n’a pas parlé de partir. C’est samedi, jour de repos. Elle a mis sa robe, ne pouvant encore circuler nue. Robin a voulu lui-même préparer le repas. Beefsteaks et frites, rien d’extraordinaire.



Après midi, ils sont allés faire la sieste. Enfin, ils sont allés au lit. Robin a repris l’initiation d’Ariane. En bonne élève, elle a bien appris la leçon.

Le lendemain, ils sont allés marcher avec leur groupe. Simplement, avant de partir, elle lui a demandé :



Depuis un mois, ils se retrouvent très discrètement. Ariane fait des progrès étonnants. Robin est en train de se demander s’il ne va pas rester avec elle. Mais compte tenu de la discrétion exigée, ce ne peut être que dans le cadre du mariage. De son côté, elle ne lui a jamais parlé d’amour. Ils sont simplement amants.


Un soir, après une séance particulièrement agitée où « elle en a pris plein le cul », comme elle dit depuis qu’il l’a initiée à cette pratique, elle lui a dit :



Intrigué, il a accepté volontiers d’aller chez elle. Il n’a pénétré dans son appartement que de rares fois : elle ne tient pas à se faire remarquer. Mais ce qui l’intrigue le plus, c’est la surprise promise. Ils sont bien ensemble et il a déjà envisagé de lui demander de vivre avec lui. Mais en dehors du lit, il ne la connaît pour ainsi dire pas, leurs rapports ont été tellement contradictoires. Il ne voudrait pas que le fait de lui avoir sauvé la vie l’amène à prendre une décision qu’elle risque de regretter.


Le samedi, il est arrivé à l’heure, les bras chargés de deux bouteilles de champagne et tout de même d’un bouquet de fleurs. Quand il a sonné, elle est venue rapidement ouvrir. Elle a une robe discrète, mais magnifique.



En effet, son copain est là, sapé comme toujours, et même plus, lui semble-t-il.



Ariane les a conduits au salon, leur a servi l’apéritif. Robin est impatient de connaître le motif de la réunion. N’y tenant plus, il l’interroge :



Elle sourit et dit :



Il est heureux de la décision. « Mais elle aurait pu au moins me prévenir, et surtout me demander mon avis. Mais c’est elle qui fait la demande. J’aurai une femme, nous serons heureux. »



« La salope ! Il a fallu que je la déniaise, que je lui apprenne l’amour… Et maintenant, elle se tire. Oh, la salope ! Je comprends pourquoi elle m’a demandé de garder le secret. Pourquoi elle a demandé ce temps de réflexion à Nicolas. Je n’ai vraiment pas de chance avec les femmes ! »

Nicolas lui parle, lui fait part de ses projets, lui indique qu’il sera toujours le bienvenu chez eux. Robin sourit et l’approuve sans bien entendre ses paroles.

De la cuisine, Ariane lui dit :



Robin se lève, va vers la salle à manger en suivant Nicolas. Les bras chargés, la cuisinière arrive, portant la volaille qui embaume. Robin est tétanisé. Une seule femme peut la réussir aussi bien, et cette femme est là : c’est Francine. C’est elle qui dépose le plat !


Elle lui sourit, mais il ne peut bouger. Ariane rit, lui dit :



Ils se précipitent l’un vers l’autre et s’embrassent éperdument. Les deux autres rient, Ariane est heureuse de voir le bonheur du couple.