n° 15725 | Fiche technique | 26086 caractères | 26086 4515 Temps de lecture estimé : 19 mn |
02/08/13 |
Résumé: Alex est en couple avec Béryl, mais Alex couche avec Camille, qui est en ménage avec Dominique. Béryl décide de séduire Dominique. Les quatre se retrouvent à une même occasion, et c'est finalement Béryl et Camille qui repartent ensemble. | ||||
Critères: #sciencefiction fh couleurs extracon dispute fellation pénétratio | ||||
Auteur : J.Chee Envoi mini-message |
Concours : Trame imposée |
La voix de Béryl était froide comme l’acier, ne trahissant aucunes des émotions qui l’envahissaient, à part sa colère sourde. Elle relâcha le communicateur d’un geste un peu trop sec à son goût et se tourna lentement vers Dominique assis dans son siège de pilote. Les yeux du jeune homme erraient dans le vide comme s’il recommençait invariablement une équation à six inconnues dont il n’avait pas la solution. Son visage était ravagé par la triste vérité. Ses mains étaient parcourues par des tremblements sporadiques. Tout cela n’augurait rien de bon, il devait mettre ses talents en action dans la dernière partie de la mission, deux heures sur les dix mois que durait le voyage, mais, sans assistance, la moindre erreur serait fatale. « Qu’est-ce qui leur a pris ? Bon Dieu ! Faut vraiment être con ! »
Béryl jeta un coup d’œil à l’horloge murale, seulement deux minutes s’étaient écoulées depuis l’envoi de son message. Le temps que son message arrive et que la réponse leur revienne, il restait un peu moins de treize minutes. Le dos bien calé contre le dossier de son siège, elle joignit ses mains pour former une pyramide devant son visage et se força à faire le point.
Même si envoyer des couples pour cette mission n’avait pas été dénué de fondement, elle savait que c’était une erreur. Elle en avait fait part au chef de contrôle, mais ses doutes n’avaient été que lettre morte et avaient failli lui coûter son poste. Maintenant que ses craintes étaient fondées, elle ressentait un énorme gâchis et comprenait ce que devait ressentir Cassandre. Cette pensée la fit sourire, mais bien vite son regard redevint de marbre. Tout n’était pas noir, Mitchiko, la pilote en second, pouvait s’occuper de l’atterrissage, mais c’était mettre Dominique dans une situation plus intolérable qu’il n’était maintenant. Elle ne prendrait cette décision qu’en dernier recours. Il fallait à tout prix sortir Dominique de sa torpeur. « D’accord, mais comment ? »
C’était tout Houston ça, obnubilé par l’électronique, jamais par l’humain, « nous ne sommes que les cobayes de leur égocentrisme. »
Voilà, il n’y avait plus qu’à attendre la réponse, la situation était connue de la Terre, enfin de la NASA. Et ce n’était pas forcément une bonne chose. Même si la FKA, l’ESA, la CNSA, la JAXA et la plupart des agences spatiales terriennes s’étaient réunies sous l’égide de l’ONU pour lancer le premier vaisseau spatial avec près de cent cinquante humains à son bord en vue d’être la tête de pont de la colonisation de Mars, c’était bel et bien la NASA qui chapeautait le tout. Or en matière de relation humaine les américains étaient plutôt binaires voire primaires. Étant américaine, elle savait plus qu’aucun autre qu’on ne pouvait pas faire confiance à un peuple qui écrit sur ses billets « In god we trust », l’argent et Dieu n’avaient jamais fait bon ménage. C’étaient des puritains qui ne comprenaient rien aux fluctuations de l’être humain. Tout le contraire des européens et des français en particulier. Non pas que les français soient plus intelligents que les autres loin de là, ils étaient pires : orgueilleux, vaniteux, hâbleurs, égoïstes, colériques, soiffards, intransigeants – un comble pour le pays des droits de l’homme –, mais ils arrivaient, par on ne sait quel miracle, à être paradoxalement ouverts d’esprit et à comprendre, même de manière fortuite, les relations humaines plus que d’autres. Enfin Alexandre était comme ça, mais pouvait-on juger un peuple sur un de ses spécimens ?
Il ne fallait pas espérer une solution de la part de Houston, à part peut-être « démerdez-vous ».
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Allongé, dans une torpeur post-coïtale, Alexandre laissait naviguer sa main sur les seins lourds et fermes de Camille. Il était émerveillé par la douceur de cette peau, jamais il n’en avait caressé de telle sorte. « Celle de Béryl n’a pas le même grain. »
Penser à Béryl dans un moment pareil était inopportun, mais il n’arrivait pas à se soustraire à la vision de sa belle américaine aussi facilement. Elle avait un corps de rêve et il n’était pas simple pour lui de se dire que jamais plus il ne pourrait revenir auprès d’elle. Il savait qu’il avait pris cette voie sans espoir de retour. Béryl était ainsi faite, froide comme l’acier. Ce n’était pas pour rien si elle avait été nommée commandante en chef de l’expédition, elle était capable de trancher dans le vif sans sourciller d’un iota. C’était cela qui l’avait attiré chez cette femme, sa volonté indestructible, son côté « brut de décoffrage ». Elle était l’archétype de l’américaine pour un français comme lui : gaulée comme une Aphrodite moderne tout en étant cash dans ses rapports, sans pour autant tomber dans les excès d’une madame sans-gêne. Lui au contraire louvoyait toujours pour atteindre son but, n’hésitant pas à s’arrêter s’il le jugeait bon. De plus, de par son travail, il n’avait pas la même notion du temps que les autres. La science de la terre avait forgé une certaine humilité chez Alexandre : une montagne mettait des milliers d’année pour resplendir. Alors à côté de la force tranquille de la nature, l’agitation frénétique de l’espèce humaine lui semblait bien dérisoire. Béryl n’avait jamais compris l’ironie de la chose, elle était trop… américaine. Mais cela ne les avait pas empêchés de s’aimer du plus profond de leurs êtres.
Les premières frictions étaient venues avec cette mission vers Mars. La Terre était malade et les humains trop nombreux. Pour Béryl c’était la sauvegarde de l’humanité qui était en jeu. Mais pour Alexandre c’était juste une fuite en avant qui ne ferait que retarder de quelques siècles tout au plus l’échéance fatale. Bien sûr, il avait joué le jeu, mais il ne voulait pas pour autant sacrifier sa vie personnelle. Tout le contraire de Béryl. Petit à petit, sournoisement, l’idée que son couple ne survivrait pas à Mars germa dans son esprit, puis finit par prendre de telles proportions que ce fut une évidence. Il ne pouvait pas en parler à sa femme puisque cela aurait réduit le champ des possibilités au dilemme « Mars ou moi ». Dans les deux cas il la perdait.
Mais, tout n’était pas noir pour autant, il y avait les autres membres de la mission. Ses collègues géologues tout d’abord qui, comme lui, étaient impatients de découvrir les mystères géologiques de Mars. Mais il y avait aussi le personnel navigant ; les scientifiques de tout bord : biologistes, astrophysiciens, archéologues et bien d’autres disciplines qui l’émerveillaient ; il y avait des informaticiens, des ingénieurs ; mais aussi des corps de métier plus « terre à terre » comme des mécaniciens, des spécialistes en construction comme des plombiers, des maçons, même des ébénistes même si, point de vue bois, Mars était plutôt pauvre ; il y avait encore des alpinistes et autres aventuriers de l’extrême de tout poil. Et puis il y avait des psychologues pour que tout ce petit monde puisse vivre ensemble dans un monde hostile sans se taper dessus à tout bout de champ. C’est ainsi qu’il avait fait la connaissance de Camille.
La phrase lâchée dans le silence de la cabine le ramena à la réalité.
Tout en parlant, sa main arrivait maintenant à l’orée de la toison qui couvrait le mont de vénus. Les poils drus chatouillèrent ses doigts puis sa paume tandis qu’il partait à la découverte des grandes lèvres mouillées de leurs sécrétions mutuelles. La découverte du clitoris fut accompagné par un soupir de plaisir de Camille.
Son sexe commençait à reprendre de la vigueur, « jamais ça ne m’était arrivé de rebander aussi vite ».
Sous ses caresses il sentait le corps de Camille se tendre et frémir doucement, sa respiration devenait de plus en plus rapide. Il se plaça entre ses jambes et d’un coup de rein la pénétra. Il fut accueilli par un râle de plaisir. Il prenait son temps, profitant d’être pleinement en elle ou de titiller l’entrée de son sexe avec son gland.
Obéissant au moindre de ses désirs Alexandre accéléra le rythme encouragé par ses :
Il sentait bien qu’il n’allait pas tenir très longtemps comme ça. Heureusement pour lui Camille hurla sa jouissance en lui labourant le bas du dos, il fit deux ou trois allers-retours frénétiques et s’abandonna en criant à son tour.
Camille caressait sa tête qu’il avait posée entre ses seins, tout en chantonnant. Il profitait de ce moment de plénitude sans retenue. « Bordel, j’ai jamais fait ça avec une noire c’est vraiment le pied ».
Les femmes seraient décidément un mystère pour lui.
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Seul filtrait dans la cabine la lumière blafarde de la salle d’eau. Dans cette demi-pénombre, assis sur le fauteuil de son bureau, Dominique se morfondait. Aucun muscle de son corps ne bougeait. Il était ce qui se rapprochait le plus d’un mort-vivant. Seul son esprit tournait en boucle sur la même idée. « Camille, ma Camille, pourquoi m’as-tu quitté ? »
Le temps passait lentement sans prendre prise sur son esprit. Lui revenaient par flashes les moments heureux passés avec son amour : leur rencontre providentielle au Mexique. Lui allait dans le désert d’Alcatama visiter pour plusieurs jours ALMA, le télescope géant du Chili. Plutôt que de voyager avec la délégation internationale, il était parti par ses propres moyens afin de découvrir une région et une population qu’il ne connaissait pas. Dans un hôtel, « la Casa Roja » de Chihuahua, il l’avait rencontrée à la réception. Tout de suite il avait été sous le charme de cette beauté d’ébène. Il ne restait qu’une chambre. Bon seigneur, il l’a lui avait laissée disant qu’il pourrait toujours dormir à la belle étoile comme il l’avait si souvent fait dans les contrées sauvages de son Australie natale. L’hôtelier lui avait déconseillé de tenter l’aventure, les bandes de narcotrafiquants sévissant toujours dans la région et tiraient profit des étrangers qu’ils prenaient comme otages. Camille lui avait alors proposé de partager la chambre. Il avait accepté tout en promettant de lui laisser le lit, il pourrait bien s’accommoder du divan. Ils passèrent la soirée ensemble dans la salle enfumée du restaurant de l’hôtel à se raconter leur vie tandis qu’une chanteuse du nom de Chihuahua Pearl faisait un triomphe auprès des autres clients, mais eux n’en avaient cure. Elle était née au Sénégal et y avait vécu huit ans avant d’être adoptée quand sa famille avait disparu dans un incendie qui avait ravagé les quartiers pauvres de Dakar. Son arrivée en France dans sa famille adoptive ne s’était pas faite sans mal, mais elle avait pris le dessus. Elle venait de terminer son doctorat en psychologie à Paris et était partie faire le tour du monde avant d’ouvrir un cabinet.
Il était sous le charme de cette femme qui parlait d’elle avec innocence. Au moment d’aller se coucher, après un moment délicieux d’incertitude, il s’était finalement jeté sur le divan qui lui était promis. Il n’était pas de ces hommes qui prennent à la va-vite ce qu’ils convoitent. Au matin, son dos avait regretté amèrement cette décision. Au moment du départ, il avait pris son courage à deux mains pour inviter Camille à l’accompagner au Chili. Après un long silence insoutenable pour lui, elle avait accepté en souriant. Ce sourire était si intense et si généreux, si beau, si spontané, si naturel et si lumineux qu’il savait qu’il ferait tout pour le revoir.
Ce ne fut qu’à une journée de marche de leur destination que le rapprochement s’était enfin fait. Ils avaient monté la tente qu’ils partageaient depuis Chihuahua. Après un repas frugal devant un feu sous les étoiles, ils s’étaient couché chacun dans leur duvet. Comme chaque soir, il hésitait à faire le premier pas, leur relation était de plus en plus intime, chacun racontant ses rêves et ses certitudes, mais malgré tout platonique. Il fut surpris quand la main de Camille lui caressa sa joue, son nez, ses lèvres. Le souffle coupé il profitait de l’odeur douce et de la pression de cette peau sur la sienne. Quand elle se pencha sur lui pour l’embrasser, il accueillit sa langue avec gourmandise, son corps répondit enfin et c’est avec frénésie qu’il la prit dans ses bras pour la serrer encore un peu plus contre lui. Ses mains parcouraient ce corps tant convoité, passant sous la tunique. Il caressa le galbe du sein et atteignit le mamelon déjà érigé dont il testa son élasticité du bout de ses doigts. Il se sentait dans la peau d’un pirate qui découvre le trésor d’un galion espagnol. Prenant les choses en mains, il fit rouler Camille sur le dos et commença à explorer de ses lèvres le cou de la jeune femme, il sauta l’obstacle de la tunique pour arriver directement aux seins. Sa langue se lança dans une danse endia…
La lumière crue de la cabine l’aveugla et le fit revenir à la réalité. À travers le papillonnement de ses paupières il essaya tant bien que mal de découvrir qui avait bien pu le déranger dans un instant pareil.
La phrase de Béryl resta en suspens. Son regard était fixé sur son bas-ventre. Il baissa les yeux et vit avec horreur qu’il étreignait son sexe bandé. Il piqua un fard tout en mettant ses deux mains en cache-sexe. « Merde, pris en flagrant délit de masturbation. »
Mais elle s’interrompit dans son geste. Il vit avec inquiétude une froide détermination dans les yeux de Béryl. Elle entra dans la cabine, ferma la porte derrière elle et se dirigea vers lui. « Mais qu’est-ce qu’elle… ». Elle se mit à genoux, enleva délicatement les mains qui cachait tant bien que mal son sexe et le prit en bouche.
Elle releva la tête tout en étreignant son sexe de sa main et lui dit :
Elle reprit sa caresse buccale.
La situation bien qu’étrange ne lui déplaisait pas, il sentait sur son gland la langue de Béryl, il avait l’impression qu’elle en faisait le tour avec. C’était extrêmement agréable et pourtant il ne pouvait l’accepter, mais que pouvait-il faire si ce n’est se laisser aller au plaisir qui prenait naissance de sa bite, pour parcourir son échine jusqu’à exploser dans son cerveau. Il se laissa aller, emporté par la douceur de cette bouche inconnue quand elle imprima un lent va-et-vient sur son sexe tendu. Dans cet instant de grâce qui l’emmenait dans des contrées extatiques, il laissa libre champ à sa partenaire qui lui faisait honneur bien malgré lui. Il sentait l’explosion imminente. Sa respiration se faisait de plus en plus rapide, des gémissements sortaient de sa bouche, son corps se tendait sous l’effet de la bouche de sa partenaire. Béryl s’activait de plus en plus sur son sexe tout en malaxant délicatement ses testicules.
Il déchargea sa semence dans un râle tandis qu’un éclair blanc de jouissance lui vrillait le crâne. Il reprit petit à petit ses esprits en voyant Béryl recracher son sperme sur le sol.
Elle le regarda tout en souriant.
Ils se regardèrent longtemps sans bouger, puis lentement il la releva et la prit dans ses bras, la serrant à lui faire mal. « Mon Dieu, qu’avons-nous fait ? »
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La salle de réunion du vaisseau n’en avait que le nom, elle n’était pas plus grande que deux cabines réunies, ce qui était déjà un exploit là où tout mètre carré inutile, ou jugé comme tel par les concepteurs du vaisseau, avait été âprement disputé.
Ils étaient tous les quatre autour de la table qui trônait au milieu de la pièce. Dominique était assis piteusement sur un des fauteuils. S’il avait pu se replier encore plus sur lui-même il l’aurait sûrement fait. « Mon pauvre amour qu’est-ce que je te fais souffrir ». Béryl était assise à sa place de commandante, elle faisait défiler un rapport sur le moniteur qui lui faisait face. « C’est toujours sa manière de préparer une réunion, ça lui permet d’attaquer bille en tête au moment choisi par elle ». Pourtant, elle n’avait pas l’air dans son assiette. Alexandre, comme à son habitude, était assis pompeusement prenant de la place pour trois et regardant l’assistance de son air goguenard et fier de lui. « Qu’est-ce qu’il peut être agaçant des fois, il est tellement… Parisien ! ». Comme à son habitude, Camille s’était mise en retrait afin de pouvoir mieux analyser la situation. « Il faut qu’on fasse cette mise au point, mais Dieu que c’est difficile ».
Le silence commençait à s’éterniser. Lâchement, ils attendaient tous que Béryl ouvre les hostilités, mais elle ne semblait pas du tout prête à se lancer dans le bain.
Les nerfs de Camille commençaient à être mis à rude épreuve, il fallait que quelqu’un parle avant que tout cela ne soit un lamentable fiasco. Elle voyait du coin de l’œil que Dominique la regardait, mais quand elle tournait la tête vers lui, il se plongeait dans la contemplation de ses mains posées sur ses genoux. Elle ne pouvait que le trouver touchant dans sa détresse mais elle savait aussi qu’il était illusoire de croire qu’elle reviendrait vers lui. Il avait été un compagnon merveilleux, mais il n’était pas à la hauteur de ses désirs, trop introverti et pas assez sûr de lui, ce qui était extrêmement étonnant puisque aux commandes d’un vaisseau, il était tout le contraire.
Alexandre se leva pour aller se servir à boire dans le bar intégré au mur. L’alcool avait été prohibé mais ça n’avait pas empêché tous les participants sans exception d’apporter leur contribution à l’activité culturelle du vaisseau. Il revint à table avec un verre rempli d’un liquide brun. « De l’armagnac sûrement ». Il prit une gorgée et la savoura en claquant la langue. Ce fut au moment où il prenait la deuxième gorgée que Béryl lâcha sa bombe :
Tous la regardèrent avec stupeur, exception faite d’Alexandre qui recrachait son armagnac par la bouche et le nez.
Un rapide coup d’œil à son époux montra à Camille qu’il était loin de partager cet état de fait.
Elle se tourna vers le pilote et lui fit un geste d’excuse de la tête.
Il dégusta une petite lampée de son verre.
Béryl ne sourcillait pas face à la violence de l’attaque, Camille n’en revenait pas. « Mon Dieu, il a raison ! »
Une larme se mit à couler le long de la joue de Béryl qui ne bougeait toujours pas malgré les attaques d’Alexandre.
Camille voyait bien qu’on se dirigeait tout droit vers « règlement de compte à OK Corral ». Trouver une solution à la crise n’était plus d’actualité. Ces deux-là s’envoyaient les assiettes à la gueule sans se rendre compte de la stérilité de cette attitude. Elle chercha un appui vers Dominique, mais celui-ci comme à son habitude laissait passer l’orage en courbant le dos et en priant de ne pas se prendre une balle perdue. « Mon pauvre amour, que tu es décevant. »
Un sourire mauvais aux lèvres Alexandre se tourna lentement vers elle :
Dominique bouillait de rage, mais ne bougeait pas. Camille en était mortifiée, les dernières illusions qu’elle avait pour cet homme s’envolèrent. Elle l’avait définitivement perdu.
Camille foudroya Alexandre du regard. Sous l’impact, il vacilla mais il se reprit et se tourna vers Béryl :
Il vida son verre sur cette dernière tirade et le posa violemment sur la table.
Seul le bruit de la filtration de l’air rompait le silence. Soudain Béryl s’écroula dans son fauteuil la tête entre les mains.
Docilement Dominique se leva et sortit de la pièce. Camille se leva et la prit dans ces bras en la berçant doucement. Béryl s’accrocha à la jeune femme comme à une bouée de sauvetage et pleura tout son saoul.
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Les deux jeunes femmes se trouvaient dans la salle de communication. Elles profitaient de cet instant de grâce en se tenant par la main. Les choses s’étaient faites naturellement. Camille avait quitté Alexandre, déçue par son comportement car, s’il n’avait pas tort sur le fond, la forme n’avait pas été acceptable. Béryl avait fait un marché avec Dominique : soit il se reprenait, soit elle le mettait sur la touche pour l’atterrissage sur Mars. Comme il avait vécu toute sa vie pour ça, il avait remonté la pente de manière spectaculaire.
Elles avaient longuement discuté, elles étaient devenues de plus en plus amies et puis un mot, un geste et elles s’étaient embrassées. Pour toutes les deux, cela avait été une expérience inédite. La découverte du corps de l’autre ne s’était pas faite sans appréhension, mais, petit à petit, elles y avaient trouvé une plénitude.
Elles décidèrent très vite d’officialiser leur situation afin de montrer que le problème initial avait été réglé. L’équipage, d’abord dubitatif, accepta la situation. Seul Alexandre grinça des dents mais devant le consensus sur la situation, il fit le dos rond.
Béryl fit un signe de tête à Camille qui lui lâcha la main, et appuya sur le bouton de communication.
La trilogie martienne de Kim Stanley Robinson a été à l’origine de ce récit. Il faut absolument la lire.