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Temps de lecture estimé : 23 mn
01/09/13
Résumé:  Les aventures d'une brunette sur des lieux de tournage en Afrique.
Critères:  fh couleurs vacances forêt pénétratio humour
Auteur : Mia Enon      Envoi mini-message
La queue du lion

J’attendais tout autre chose de ces vacances en Tanzanie. Certes le camp est monté dans un site magnifique, sous quelques gigantesques arbres qui apportent une ombre bienvenue, mais il n’y a pas grand-chose à y faire. Quand ma meilleure amie, Antoinette, script-girl dans une compagnie de cinéma, m’a proposé de l’accompagner en Afrique avec une équipe de repérage, je me suis vue participer à un superbe safari d’images. La réalité a été beaucoup plus décevante : l’équipe part à la découverte le matin en Land Rover, finit par choisir un endroit après des discutions infinies, prend un ou deux plans, repart. Le soir, visionnage des images, nouvelles discussions qui aboutissent généralement à la nécessité de trouver un autre décor pour la scène 14 ou 48. Je n’ai aucun rôle à jouer et me suis vite fatiguée de ces ronds dans la savane. Rester au camp présente d’ailleurs aussi peu d’intérêt, d’autant que Hans et Wilson ont bien insisté sur le risque de mauvaise rencontre avec un prédateur si je m’en écarte.


Hans est un Hollandais d’âge mûr résidant de tout temps en Tanzanie où il possède une agence de circuits touristiques. C’est lui qui a fourni la logistique : les tentes, les véhicules tout-terrain, les boys chargés de la cuisine et des diverses corvées. Wilson est son adjoint. Avec Antoinette, nous l’avons d’abord sans imagination surnommé King Kong : c’est un géant noir d’une trentaine d’années, une montagne de muscles surmontée d’un visage étonnamment fin au sourire très doux, que des cicatrices profondes aux deux joues n’arrivent pas à enlaidir.


Mon arrivée n’a pas laissé insensibles ces deux bonshommes. Il faut dire que je suis avec Antoinette la seule femme du camp. Mais alors qu’Antoinette est une petite boulotte rousse et rieuse, frisée comme un caniche, bref tout le profil de la bonne copine suiveuse (là, je suis peut-être un peu vache !), je peux vous donner de moi la description d’un ancien amant qui n’a pas fait long feu : la longue latina pulpeuse, avant la trentaine et les kilos en trop. Il se trompait d’ailleurs je n’ai pas une goutte de sang latin : je m’appelle Rachel et suis d’origine juive. Mais je suis effectivement du style liane aux boucles brunes et aux yeux de biche, avec par surcroît des rondeurs fermes qu’on trouve rarement chez les lianes. Hans à ma vue en a les yeux qui se croisent. Quant à Wilson, il me déshabille tellement du regard que j’ai l’impression qu’il connaît mes grains de beauté les plus intimes.


Je partage une tente avec Antoinette. Quand nous la regagnons après une soirée passée à discuter et pour les hommes de l’équipe à trop boire autour d’un grand feu que les boys entretiendront toute la nuit pour écarter les hyènes qui rodent, nous nous amusons à disséquer les représentants de la race masculine que nous venons de quitter. Un jeu de massacre : Hans est trop vieux et bedonnant, les membres de l’équipe de tournage ivrognes, stupides ou insipides, les boys n’en parlons même pas. Wilson trouve seul grâce à mes yeux : un beau mec costaud, l’idéal pour une petite galipette sans lendemain pimentée d’exotisme. Ce genre de remarque fait bien entendu râler Antoinette. Il faut dire qu’elle est amoureuse de moi depuis le collège, même si toutes ses tentatives de me faire passer du statut d’amie à celui d’amante ont échoué. Nous en rions d’ailleurs parfois ensemble, et il existe entre nous une complicité de vieux couple. Mais rien en dessous de la ceinture : je suis résolument hétérosexuelle par pensée, par parole, par action et malheureusement en ces débuts de vacances par omission. Antoinette tablait peut-être sur l’intimité de la tente partagée pour tenter une nouvelle fois sa chance. Désolée, chérie, encore perdu.



Je croise cent fois Wilson dans la journée. L’occasion d’une joute des regards qui tardent un peu trop à se détourner, de sourires esquissés, et pour Wilson de contempler tout son saoul ma croupe quand je m’éloigne. Je le gratifie de temps en temps dans ces cas-là d’un petit balancement des hanches, histoire de faire monter sa température. Bref, ça ne dépasse pas le niveau d’un préflirt d’adolescents. Mais ma curiosité est piquée et je me sers d’Hans pour avoir plus d’informations sur mon Roméo de brousse, en particulier sur l’origine de ses balafres.


Les griffes d’un lion, bigre, rien que ça ! D’après notre guide le lion est à la fois l’animal totem de la tribu de Wilson et celui que doivent affronter à l’arme blanche les jeunes guerriers pour prouver leur courage. En fait cette coutume est en voie de disparition, le lion étant une espèce protégée. La plupart des scarifications que les Noirs arborent aujourd’hui au visage ont été faites au rasoir. Mais celles de Wilson sont authentiques. Il a affronté un jeune mâle à la lance et au poignard comme au bon vieux temps, ce qui lui a valu outre ses cicatrices trois mois de prison quand les autorités l’ont appris. La superstition locale veut que l’âme du lion défunt soit passée dans la sienne. Du coup les indigènes l’ont rebaptisé Simba, le lion en swahili, ce qui lui vaut paraît-il un grand prestige auprès des dames locales et de quelques touristes de passage, malgré ses deux épouses et leur flopée d’enfants…


Une fois lancé sur le sujet de son adjoint et de ses amours, Hans est intarissable. J’apprends que notre brillant tueur de lion possède une petite boîte dans laquelle il met un caillou à chaque nouvelle conquête. Un soir de beuverie ils ont fait le décompte ensemble : trente-quatre pierres noires, trois blanches et une beige. Et comme Hans demandait des détails sur ces dernières, il a eu le droit à la description détaillée d’une grosse touriste belge qui n’a pas arrêté de rire pendant que Wilson la culbutait à l’arrière de sa Jeep et de deux hôtesses de l’air danoises qui ont profité d’une escale pour suivre un safari et se le partager équitablement sous leur tente. Quant à la pierre beige, elle évoque la femme de l’épicier hindou du bourg voisin qui jette son sari par-dessus les moulins, ou plutôt par-dessus les sacs de riz de sa réserve, avec qui a l’heur de lui plaire. À évoquer toutes ces turpitudes, Hans est manifestement à l’étroit dans son pantalon et au bord de l’apoplexie.


Me voilà prévenue : je n’ai pas affaire à un romantique Roméo, mais à un Casanova de brousse. Et je remplace King Kong par Simba dans mes rêveries de femme à jeun.



§§§



Je m’ennuie ferme. J’ai accompagné l’équipe en repérage dans la matinée mais malgré l’insistance d’Antoinette je suis restée au camp après le lunch, sous le prétexte de prendre des photos aux alentours, en m’attirant l’inévitable conseil d’Hans de ne pas trop m’éloigner. Je ne suis pas mécontente des quelques clichés de paysage de savane ou de groupes de zèbres et d’antilopes pris au téléobjectif. Mais l’après-midi avançant la chaleur monte et j’y renonce.


Une douche me fera du bien. Je me déshabille, m’enroule dans une serviette de bain, enfile sans les lacer des tennis et me dirige vers ce que Hans et Wilson appellent pompeusement « the bath room », située comme les feuillées à quelque distance du camp.


L’installation est un héritage de l’esprit de confort et du sens pratique de l’armée anglaise des Indes. La cabine est constituée d’une toile cirée tendue autour quatre hautes perches fichées dans le sol sous un immense arbre. Accrochée à une branche, une grosse poche d’eau d’où pendent deux fils de fer fixés de part et d’autre d’une pomme à douche. Vous tirez sur le fil de droite un clapet s’ouvre et une pluie réconfortante vous arrose. Le fil de gauche sert à refermer le clapet. Le seul inconvénient du système est pour les boys, obligés de remplir le réservoir après trois ou quatre passages.


L’arbre – peut-être un baobab mais je n’y connais pas grand-chose – est le repaire d’une colonie de babouins voyeurs qui prennent manifestement plaisir à commenter les gesticulations des humains en train de savonner leur nudité. Eh bien, ils vont avoir droit à un nouveau strip-tease ! Je pénètre dans la cabine, retire ma serviette et mes chaussures que je glisse à l’extérieur à portée de main et déclenche le jet roboratif. Gros succès chez les singes. L’un d’eux se masturbe même sans vergogne. Je lui fais un pied de nez.


Je suis en train de me savonner avec délice quand des cris suraigus me font lever la tête. Les babouins se disputent quelque chose que les feuilles de l’arbre cachent en partie. Une étoffe rouge et bleue. Un grand mâle plus costaud finit par s’en emparer et la brandir en signe de victoire… et je reconnais ma serviette, que ces petits saligauds m’ont bel et bien volée. Et leurs exploits ne se sont pas arrêtés là. En passant sa tête en dehors de la cabine, je m’aperçois que mes tennis aussi ont disparu. Ils doivent orner une des branches du baobab.


Me voilà dans une belle situation, nue comme un ver à deux cents mètres de ma tente. Et la chère Antoinette n’est pas là pour m’aider. Je ne vais tout de même pas rester des heures sous cet arbre à attendre le retour de l’équipe de repérage. Le mieux serait de héler un boy et de l’envoyer chercher une tenue de rechange dans la tente. Mais ils occupent un campement distinct situé à bonne distance de celui des « Blancs » et je ne suis pas du tout sûre qu’ils m’entendront.


Je repasse la tête à l’extérieur et ma chance renaît. Une Range Rover avance en cahotant à quelques dizaines de mètres. Hans a envoyé ce matin Wilson en mission de ravitaillement au bourg le plus proche et il est de retour. Mes appels couvrent le bruit du moteur et il braque vers la douche.


Quand il aperçoit une tête ébouriffée passant à travers une fente de toile tenue pudiquement serrée qui lui explique que les singes l’ont dépouillée de ses vêtements et laissée en tenue d’Ève, il part d’un rire homérique auquel j’aurais mauvaise grâce de ne pas m’associer. Il finit par retrouver son sérieux, se dépouille de son tee-shirt et me le tend pour camoufler ma pudeur. Je l’enfile et me retrouve enveloppée dans une vaste tunique à forte odeur d’homme qui me descend jusqu’aux genoux. Ce n’est peut-être pas la dernière mode, mais cela me permet de sortir de la cabine… et de m’arrêter au bout de trois pas : mes pieds sont trop sensibles aux cailloux pointus qui jonchent le sol, sans parler des herbes coupantes et autres gadgets épineux.


Toujours galant Wilson me passe ses demi-bottes de ranger mais il doit chausser au moins du quarante-huit et je les perds à chaque enjambée. Comment faire ? La tente est encore loin. Je propose à tout hasard à Wilson de me prendre sur ses épaules. Sans répondre il récupère ses boots et me soulève comme une plume. Mais plutôt que de me hisser sur son dos, il choisit de me porter comme un enfant, un bras sous mes genoux, l’autre soutenant ma nuque. Ma joue repose sur son énorme torse, une de mes mains s’accroche à son cou pendant que l’autre essaie de maintenir en place le tee-shirt qui se donne le malin plaisir de remonter sur mes cuisses et de bailler largement du haut, gratifiant mon porteur d’une vue imprenable sur deux seins très blancs aux tétins qui s’érigent malgré moi de la manière la plus indiscrète. Il faut bien l’avouer, je suis plus que troublée de me retrouver ainsi à moitié nue dans les bras de ce grand gars à odeur de fauve, beau comme Hercule. Et lui s’en rend parfaitement compte. Il ne quitte pas mes seins des yeux et respire de plus en plus fort. Je pressens qu’il sent monter dans ses reins les instincts de rut de son totem Simba.


Il m’emporte à grandes enjambées vers la tente. Pour tenter une diversion, je lui demande avec un petit rire si je ne suis pas trop lourde. Une voix rauque de carnassier se léchant les babines d’avance devant sa proie me répond qu’il irait ainsi au bout du monde. J’ai de plus en plus l’impression d’être une fragile gazelle que le lion emporte avec lui pour la dévorer tout à son aise dans son antre.


Il pousse la porte de la tente et je me tortille pour me remettre sur pieds, mais il me tient encore et je réussis seulement à faire remonter le tee-shirt encore plus haut, le régalant du spectacle de mes (superbes) fesses. Les joues cramoisies je rabats l’étoffe. Et m’entends sommée d’accorder un baiser en paiement du portage.


Sans attendre la réponse Wilson s’agenouille sans me lâcher et me dépose sur une des deux nattes servant de matelas (celle d’Antoinette, tant pis pour elle). Dans le même mouvement il cherche à m’embrasser. Je détourne la tête, un peu par jeu, un peu pour ne pas trop lui faciliter la tâche, mais finis par laisser les énormes lèvres se plaquer sur les miennes. La langue du lion force le rempart de mes dents qui cède sans trop de résistance. La bouche envahie, je sens une main impatiente palper mon ventre et mes seins et trousser le tee-shirt jusqu’au cou. J’ai déjà capitulé en esprit, mais mon corps attendait d’autres caresses préliminaires que ce pelotage rapide. En vain : le roi lion est trop excité par le parcours depuis la douche pour accorder un répit à la petite gazelle. Il se redresse pour se débarrasser de son short, dégageant une verge de bonne taille érigée jusqu’au nombril. J’essaie de me dégager, sinon pour le fuir, au moins pour le ralentir un peu, mais l’animal est trop affamé. Il s’agenouille entre mes cuisses, les lève haut et entreprend de me pénétrer sans autre cérémonie.


Il est bien doté par la nature et l’huis où il frappe n’est encore qu’entrouvert. Peu lui importe : il le force à grands coups de bélier, engaine jusqu’à la garde et poursuit en me besognant d’importance. Ensevelie les jambes en l’air sous cette masse en rut, je dois subir bon gré mal gré un assaut copieux. Mon partenaire me pistonne sans vergogne, à la poursuite de son seul plaisir qu’il rejoint d’un dernier coup de reins alors qu’à peine mon émoi préludait. Il se fige et éjacule en moi en longs jets crémeux. Heureusement que je prends la pilule, sinon cet étalon m’aurait sûrement fait un enfant. Que dis-je, vu la dose, au moins des triplés !


Quand il veut se retirer je le maintiens en moi, dans l’attente d’un orgasme qui tarde à venir. Je n’obtiens finalement qu’une petite secousse à classer bien bas dans l’échelle de Richter. Dépitée, j’essaie de me dégager du quintal de muscles qui pèse sur moi, mais mon nouvel amant est d’un autre avis, peut-être pour se faire pardonner son impatience. Toujours planté en moi, il soulève le torse, me sourit, caresse une joue, un sein, pince un tétin, achève de me dépouiller du tee-shirt. Dans le même temps je le sens de nouveau grossir et se raidir au fond de mon ventre. Alléluia, un fusil à deux coups ! Je lui enfonce mes ongles dans les reins et l’encourage en lui mordillant le torse.


Glissant les mains sous mes fesses il me presse contre son giron et entame un va-et-vient long et profond, sur un tempo aussi lent que celui de tout à l’heure était précipité. Son sexe enfle encore. Je sens monter mon bonheur sous ce délicieux pilonnage. Mes soupirs d’aise se changent en plaintes ravies. Et Wilson, manifestement désireux de me montrer par quel mâle je suis montée, pousse inlassablement son soc dans mon sillon. Une longue série d’orgasmes me secoue de la tête aux pieds. Rassasiée, je finis par demander grâce, mais mon vainqueur n’est pas encore satisfait. Il se dégage le temps de me retourner comme une crêpe et de me disposer en levrette, ou en lionne, la tête sur la natte, la croupe cambrée et offerte. Il s’accroupit derrière moi, m’empoigne aux hanches et me saille d’un élan en mâle dominateur, ranimant mon plaisir. Cet accouplement dure jusqu’à ce que Simba sente au-dessous de lui sa femelle emportée par un dernier spasme. Il se vide alors à nouveau au fond de mon ventre, m’arrachant un gémissement voluptueux.


J’ai dû m’assoupir un instant. Quand je rouvre les yeux, le lion est déjà loin. Sans doute parti ajouter une pierre blanche dans sa précieuse boîte !



§§§



Le camp est depuis longtemps hors de vue. Je suis de loin un troupeau de girafes, concentrant mes clichés sur deux girafons folâtres qui font les pitres à quelques pas de leur mère.


J’avais pris la précaution la veille d’effacer au mieux les traces de nos exploits de la natte d’Antoinette, mais celle-ci a tout de suite compris à mon air un peu penaud mais encore plus satisfait ce qui s’était passé en son absence. Pas besoin de beaucoup d’imagination pour deviner le nom du complice. Du coup j’ai eu droit à une soirée de soupe à la grimace, suivi d’un départ matinal sans un mot. Pour tout arranger Hans a annoncé qu’on avait vu rôder dans les parages un vieux lion solitaire et qu’il interdisait toute sortie du camp sans escorte armée. Quand j’ai croisé Wilson, celui-ci lui m’a réitéré l’interdiction, et qui plus est d’un ton de seigneur et maître sûr d’être obéi. Mais pour qui se prennent-ils tous pour se permettre de me donner des ordres ? Ils ont eu à peine le dos tourné que j’ai filé à l’anglaise, mon appareil photo en bandoulière.


Les girafons s’amusent maintenant à essayer de nouer leurs cous. Je canarde le troupeau, en m’écartant à sa suite de plus en plus du camp. Dans le même temps je me repasse quelques séquences de la journée d’hier. La douche sous le baobab (merci les singes), ma joue sur la poitrine de Wilson qui m’emporte dans ses bras, et le cœur de grand Noir qui battait aussi fort que le mien. Et cette façon de me culbuter à la hussarde, et son talent pour s’en faire ensuite pardonner. Et le délicieux sentiment de vulnérabilité quand cette montagne de muscles me dominait, et ce sexe impérieux me fouaillant sans relâche, rien que d’y penser j’en ai la gorge nouée et les jambes qui défaillent, et le déferlement des ondes de plaisir, et à la fin quand nous sommes retombés épuisés côte à côte ce sentiment que tout compte fait la Belle avait peut-être vaincu la Bête.


Je suis si troublée que je ne remarque pas le sillage mouvant qui se dessine derrière moi dans les hautes herbes.



§§§



Décidément Wilson me manque. Ou plutôt devrais-je dire que je suis en manque de Wilson ? Je décide de planter là mes girafes et de regagner le camp. Une sieste coquine sous ma tente sera la très bien venue.


À dix mètres de l’endroit dégagé où je me trouve commence une large plaque d’herbes hautes. Elles sont parcourues d’un frémissement silencieux qui attire mon attention. Et d’un coup s’écartent pour donner passage à un grand lion qui se fige en me fixant.


« Du sang-froid, ma belle. » L’homme est un prédateur pour le lion qui l’évite le plus souvent. Sauf quand il ne court plus assez vite pour chasser d’autres proies. Comme celui dont parlait Hans. Pas de chance, le voilà.


Je devine qu’il va bondir sur moi d’un moment à l’autre. Surtout pas de fuite qui déclencherait la ruée du fauve. Pour l’impressionner je pointe vers lui l’appareil photo et déclenche une série de flashs. Éberlué, à demi aveuglé, il suspend son élan.


Mais il a faim. Malgré les éclairs qui se succèdent il se décide à avancer pas à pas. Et je me sens irrémédiablement perdue quand un coup de feu sauveur retentit.


Le lion a boulé sur le dos à trois mètres de moi. Il agite désespérément les pattes en rugissant, réussit d’un coup de reins à se redresser. Un second coup de feu l’abat pour de bon. Je suis fascinée par cette superbe masse rousse et ocre il y a un instant si menaçante et maintenant inerte. Mais ma contemplation est aussitôt interrompue par Wilson qui accourt en m’engueulant copieusement. Il me fait dégager le passage d’une bourrade et se penche sur le fauve. Il le regarde longuement, se penche vers lui, empoigne sa crinière pour soulever sa tête, et lui adresse une longue phrase en swahili. Il doit supplier l’esprit du félin de lui pardonner d’avoir dû le tuer pour sauver cette femelle insouciante, ou quelque chose comme cela. Sortant ensuite le poignard qu’il porte attaché à sa ceinture, il saisit la queue, la coupe au ras du corps et revient vers moi en brandissant une longue tige de près d’un mètre terminée par un panache de poils. À cet instant il est superbe. Je me sens fondre et prête à tout accorder à ce géant noir qui vient de me sauver la vie.


Mais sa colère n’est pas retombée. Il me saisit par un bras et me secoue comme un prunier. Il n’est pas revenu à l’anglais et hurle dans sa langue des mots incompréhensibles. Je suis traînée jusqu’à la voiture et sans ménagement plaquée le nez sur le capot. Une main croche le haut de mon pantalon, le fait descendre à mi-cuisses, dévoile mes fesses. J’ai l’impression que mon sauveur a décidé de se payer de son intervention sur-le-champ, ou plutôt sur le capot, ce qui serait loin de me déplaire s’il y mettait un minimum de forme. Et même sans…


Je me faisais de douces illusions, Wilson a une tout autre intention. Il lève la queue du lion et l’abat violemment sur ma croupe dénudée. Je pousse un cri où se mêlent surprise, douleur et indignation et tente de me dégager en ruant. Tu rêves, ma fille, autant échapper à un étau. Il me saisit à la nuque, m’écrase contre les tôles chaudes et m’impose la plus copieuse correction que j’aie jamais reçue, sans tenir compte de mes protestations ni de mes supplications. La queue du lion marque ma croupe d’albâtre de stries rouges jusqu’à ce que son bras s’en lasse. Pour conclure il ouvre sa braguette, m’impose un va-et-vient avec la vitesse et la délicatesse d’un lapin de garenne et m’abandonne ensuite les fesses en feu, pleurant comme une Madeleine de douleur, d’humiliation et de frustration.


Sans plus se préoccuper de moi il remonte à bord. J’ai juste le temps de me hisser à l’arrière du 4x4 pendant qu’il démarre. Arrivé au camp, il gare le véhicule et descend sans m’accorder un regard pendant que je file me mettre à l’abri sous ma tente sans demander mon reste.


Antoinette a la surprise à son retour de tomber sur une belle brune aux yeux rougis prenant dans une cuvette en plastique un bain de siège d’eau froide. Elle ne croit pas un instant à la dégringolade sur le cul dans une pente pierreuse que j’invente sans conviction et imagine sans doute un jeu érotique qui aurait dérapé. Mais c’est une amie sûre. Aux petits soins, elle me fait coucher à plat-ventre sur son lit de camp, nue jusqu’à la taille. Des profondeurs de son sac elle fait surgir un baume dont elle masse en douceur mes pauvres fesses endolories. Quel soulagement ! J’ai juste à la rappeler gentiment à l’ordre quand ses doigts commencent à s’égarer. Nous éclatons de rire, moi presque hystériquement après toutes ces tensions, elle un peu jaune. Pauvre Antoinette, ce ne sera pas encore pour cette fois.



§§§



Pendant deux jours je n’ai accordé à Wilson ni une parole ni un regard, folle de rage contre ce gorille qui s’était permis de me corriger. Sans compter sa façon humiliante de me sauter de surcroît. Et ma rancœur se réveillait chaque fois que je m’asseyais avec précaution du bout de mes fesses meurtries. Mais j’ai bien dû me souvenir que s’il n’avait pas remarqué mon absence du camp et n’était pas parti à ma recherche, j’aurais servi de pique-nique au fond de la savane. Et que tuer un lion, son totem, avait dû lui coûter. Bref à mesure que les couches du baume d’Antoinette apaisaient ma croupe, les mérites de Wilson se ravivaient. Au point de rêver du moment où les grandes mains noires remplaceraient celles de son amie pour masser mon popotin. Mais pas question de faire les premiers pas !


C’est la dernière soirée. Demain après-midi, après une dernière vérification des sites repérés, l’équipe reprendra le chemin de l’Europe. Antoinette, qui tient les cordons de la bourse, a décidé d’accorder aux boys en signe de satisfaction une prime exceptionnelle. En guise de remerciement Hans annonce pour la soirée une petite fête et une surprise.


Le feu de camp flambe joyeusement. Deux bouteilles de bourbon circulent. Chacun y remplit son quart plus d’une fois, même Antoinette et moi qui les autres soirs faisions preuve de plus de modération. Mais après tout c’est la dernière nuit africaine. Et soudain retentit un roulement de percussions, précédant l’arrivée des cinq boys seulement vêtus d’un pagne d’herbes tressées. L’un deux s’accroupit derrière un grand tam-tam pendant que les autres se rangent en ligne, un tambourin coincé sous le bras gauche. Ils entament une lente mélopée scandée par la paume droite qui frappe en cadence l’instrument, en se balançant sur place. À un appel du joueur de tam-tam ils commencent à danser, les genoux pliés, les pieds frappant alternativement le sol. Le rythme s’accélère, les hanches des danseurs ondulent maintenant d’avant en arrière dans un simulacre de possession érotique. D’un coup le grand Wilson se lève et se joint à eux, récupérant au passage un tambourin.


Il me fixe droit dans les yeux. Un peu émoustillée par l’alcool, je ne résiste pas à cette invitation. D’ailleurs j’adore danser. Je me lève à mon tour sous les cris d’encouragements joyeux des spectateurs et viens me placer face à Wilson qui se trémousse sur place en frappant son instrument. Je pratique la danse depuis toute petite. J’entame à la cadence de la musique un long balancement des hanches aux épaules. L’opposé de la vulgarité d’une danse du ventre, ou de la crudité des secousses saccadées des reins des boys : c’est tout le corps qui ondule sur place, comme un naja fascinant sa proie. Wilson s’adapte au jeu et tourne autour de moi en accélérant la mesure. « Bon Dieu que ce type est beau ! » Je lève haut les bras vers le ciel, mes mains dessinent des arabesques, je ne suis plus qu’une longue liane flexible qui se tord dans la nuit devant le feu, soumise au rythme donné par mon partenaire. Le voilà qui s’approche de moi à me toucher, augmente encore le battement du tambourin, comme un défi auquel je réponds en oscillant de plus en plus vite. Cela dure, dure, tourne à la joute, je m’épuise à suivre le roulement continu mais ne veux à aucun prix céder. Et la musique s’arrête d’un coup, Wilson partant d’un grand rire auquel je m’associe. L’équipe du tournage et les boys nous font une ovation. Je vais me rasseoir, Wilson en fait de même de son côté. J’ai remarqué la grosse bosse qui déforme son short. Et nul n’a besoin de savoir à quel point ma petite culotte est mouillée.


Antoinette, qui en est à son quatrième verre d’alcool, veille sur moi comme une louve sur ses petits mais je m’éclipse vite en prétextant un besoin naturel. La nuit m’entoure au bout de quelques pas. Je n’allume pas ma lampe-torche : il n’y a aucun nuage et la lueur de la lune me suffit pour gagner le pied d’un grand arbre auquel je m’adosse en reprenant son souffle. Je me dépouille de mes vêtements mouillés de sueur et, nue dans la chaleur de la nuit, me balance doucement sur place au rythme assourdi du tam-tam. Le feu qui brûle au loin s’orne de rouges et d’ors qui me sont soudain masqués par une masse plus sombre que le ciel.


Je savais qu’il viendrait. Mon ventre cuit, mes seins se transforment de pommes en obus. Et malgré la pénombre j’aperçois la superbe érection qui émerge de son short. Il m’attire contre lui. Le seul contact de nos peaux m’arrache un râle d’émoi. Je joins mes bras autour de son cou, me soulève pour nouer mes jambes autour de ses hanches. J’ai un petit cri de protestation quand il empaume ma croupe encore sensible de sa fustigation. Une branche basse à laquelle je m’agrippe me permet de me hausser un peu plus. Wilson dans le même temps passe ses mains sous mes cuisses, plie les genoux pour plus aisément m’embrocher, se redresse et me cloue contre l’arbre.


Il me possède ainsi un bon moment accrochée à lui sans me laisser reprendre pied mais je finis par lui souffler que l’écorce est un peu rugueuse pour mon dos. Sans quitter l’étui chaud où il est fiché il pirouette sur place et s’assied sur une grosse racine émergeant du sol. Je suis maintenant agenouillée au-dessus de lui. Mon ventre entame un mouvement de houle, montant et descendant autour de l’épieu qui le remplit. Je gémis et soupire, il émet du fond de la gorge un feulement rauque. Chacun de nous se sent au bord de l’explosion mais se retient pour faire durer le plus longtemps ce moment. Quand finalement la semence jaillit, nous jouissons ensemble longuement.


Avant de m’abandonner dans la nuit sous notre arbre (qu’il soit béni !) Wilson me souffle dans l’oreille « demain nous irons dire au revoir au lion ».



§§§



Nous devons quitter le camp après le déjeuner. J’ai indiqué à Antoinette que je voulais profiter de la lumière du matin pour faire quelques dernières photos de brousse et suis partie avec Wilson dans la Range Rover.


Il freine à quelques mètres de ce qui reste de la dépouille du lion, faisant s’envoler lourdement deux vautours. Je descends avec un peu d’appréhension. Beurk, le spectacle n’est pas ragoûtant. Les charognards à poil et à plume n’ont laissé que des os et des morceaux de pelage, sur lesquels règne une odeur épouvantable. Je me retourne vers Wilson pour lui demander de repartir le plus vite possible et reste sidérée de la vision qu’il me donne.


Il s’est dépouillé de tous ses vêtements et ne porte en tout et pour tout qu’un drôle de casque à panache dans lequel je finis par reconnaître une calotte crânienne de lion et sa crinière. À la main, il brandit la queue qui m’a laissé quelques cuisants souvenirs. Et affublé de ces seuls accessoires il entame autour des restes puants du totem de sa tribu une danse grotesque accompagnée d’une mélopée scandée. Ses organes génitaux se balancent en cadence dans une exhibition du plus heureux effet. Je me mords les lèvres pour ne pas éclater de rire, mais cela dure peu. Les regards qu’il me lance me semblent hallucinés et je me demande tout à coup si tout cela n’est pas le préliminaire d’un sacrifice expiatoire rituel à la victime, avec pour la coupable que je suis la perspective d’une nouvelle raclée, voire pire encore. Le cœur battant, je recule pas à pas vers la Range.


Il s’en aperçoit, interrompt sa danse et m’interpelle en swahili. J’ai l’impression qu’il a complètement oublié la civilisation, qu’il est redevenu l’avatar du lion. Complètement paniquée, je fonce vers le véhicule.


Ce n’est qu’en l’atteignant que je constate qu’il n’a pas laissé les clés sur le tableau de bord. Un coup d’œil en arrière et je vois qu’il trotte vers moi. Je reprends ma course, Wilson sur les talons, qui me crie des « stop » péremptoires. Je me garde bien d’obéir. De toute façon il ne me tient pas encore : j’étais de loin la meilleure au cent mètres au collège. Il a beau accélérer, je le déconcerte par des changements brusques de direction qui lui font perdre à chaque fois quelques secondes. Jusqu’au moment où ma jupe s’accroche dans un épineux ; tant pis, je m’en débarrasse en un instant et m’enfuis de nouveau. L’incident a permis à mon poursuivant d’arriver à portée de bras. Il réussit à agripper le pan de ma chemise que j’abandonne à son tour pour mieux filer. La gazelle a cette fois échappé au lion de justesse. Mais je ne me fais guère d’illusions : si je suis un peu plus rapide, il doit être cent fois plus résistant.


Les zèbres qui paissent à quelque distance doivent se régaler du spectacle : une belle brune décampant en string et soutien-gorge, poursuivie par un grand Noir nu sous une crinière de lion, dont le sexe ballotte en se redressant. C’est du moins ce qui me semble en jetant un coup d’œil par-dessus mon épaule. Il n’est vraiment pas insensible à l’étalage de mes charmes !


À force de zigzags nous sommes revenus vers la voiture, qui tout à coup me coupe la route. Une main me saisit par la bretelle du soutien-gorge, qui casse quand dans un dernier effort je réussis à me dégager. Je grimpe sur le capot les seins à l’air, et du capot sur le toit. Wilson-Simba qui maintenant bande à s’en décrocher la queue m’ordonne vainement de descendre. Il essaie d’en bas de saisir une de mes chevilles, se lasse de mes esquives et escalade à son tour le 4x4 que j’abandonne d’un bond. Il me suit d’un même élan et réussit cette fois à me saisir à bras le corps. Ça y est, je vais être sacrifiée aux mânes du lion mort par le lion vivant.


L’autel du sacrifice sera cette fois encore l’avant de la voiture. J’ai beau me tortiller pour m’échapper, j’y suis plaquée sur le ventre et maintenue par la pression d’une main impérieuse sur mes reins. Je crois ma dernière heure arrivée mais Dieu merci mon vainqueur n’a aucune intention homicide. Il arrache mon string, disjoint mes cuisses de sa main libre, guide son gourdin vers ma vulve et y frotte son gland jusqu’à trouver l’entrée, qu’un coup de reins force sans prévenance. Je me cambre en poussant un cri pour protester d’être emmanchée avec si peu d’égards. Avec un peu d’hypocrisie : je suis soulagée de m’en tirer à si bon compte, d’autant que la petite gazelle avait très envie d’être mangée.


Sans s’arrêter à ces subtilités il me tringle sans ménagement, m’invectivant dans sa langue, assénant même quelques claques sèches sur mes fesses. Je suis bel et bien en train de payer une nouvelle fois pour la mort du lion, à moins que ce soit pour avoir interrompu sa cérémonie expiatoire par ma fuite. Mais c’est un doux supplice : cette barre qui me fouaille au plus profond déclenche en moi des spasmes incandescents. Je dois plaquer ma bouche sur la tôle tiède du capot pour ne pas réveiller toute la savane par mes couinements heureux, pendant qu’inlassablement Wilson me gratifie de robustes coups de boutoir qui font claquer son ventre sur ma croupe.


Il se retire le temps de me retourner sur le dos, toujours sur le capot, me fait un peu glisser vers lui, empoigne mes cuisses et remonte haut mes jambes, les genoux à hauteur des épaules. Pendant qu’il me dispose ainsi à sa fantaisie j’ai tout le temps de le contempler, toujours coiffé de sa crinière et exhibant au-devant de sa nudité une trique noire luisante du mélange de nos sucs. Cette fois je ne le trouve plus du tout ridicule, mais extraordinairement troublant et attirant. Il me regarde aussi. Sa colère est passée, ses traits se détendent. Il m’adresse en souriant une nouvelle phrase incompréhensible, passe une main caressante sur ma poitrine, mon ventre, ma croupe. Quand il se penche pour m’envahir à nouveau, je le devance en le saisissant pour l’attirer en moi. Manifestement surpris, il rit et dans l’élan m’embroche gaillardement. Je fonds de plaisir. Suit un nouveau délicieux pilonnage ponctué par ses ahanements et mes soupirs.


Et cela dure, dure, dure, jusqu’à ce que gémissante, pantelante, à bout de jouissance, je le supplie de conclure. Il se redresse alors, pose mes chevilles sur ses épaules, empoigne mes hanches de ses mains calleuses. Les jambes écartées, les reins cambrés, il pousse sa rigidité au plus profond de mon ventre qu’il inonde d’une giclée copieuse, puis d’une seconde, d’une autre encore pendant que je me convulse sous lui en bramant mon bonheur.



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Ensuite, rassasiée et moulue, j’ai regagné l’intérieur de la voiture. Il m’a ramenée au camp où j’ai eu le temps de me rafraîchir pendant que l’équipe de tournage faisait les derniers préparatifs de départ. J’étais tentée de rester, mais je me suis dit qu’après tout je n’étais qu’un caillou blanc de plus dans une petite boîte.


Au moment de nous quitter Wilson m’a fait présent de la queue du lion.