Une Histoire sur http://revebebe.free.fr/
n° 15796Fiche technique25816 caractères25816
Temps de lecture estimé : 16 mn
11/09/13
Résumé:  Comment, au-delà des préjugés et de notre éducation, la passion et le plaisir dépassent tout.
Critères:  essayage sexshop cinéma train cérébral exhib noculotte confession -cocucont
Auteur : Epikuri1            Envoi mini-message
D'aussi loin que je me souvienne...

Avant de connaître l’existence même de cette pratique et qu’elle avait un nom, j’ai toujours été un adepte du candaulisme, voire ensuite du cuckolding.

Très « cérébral », l’échangisme n’est pas source d’excitation telle que le partage visuel ou tactile de celle pour qui bat mon cœur.

Souvent, j’ai entendu « La femme est un joyau qu’il faut conserver dans son écrin » ; pourtant, je suis tellement plus heureux lorsque partagée aux yeux des autres, elle attise la convoitise. À quoi bon conserver un bijou au fond d’un coffre dans lequel on finit par l’oublier ? Tandis qu’aux regards brillants d’envie, on capte le regard des autres et l’on se dit : « Waouh, quelle chance qu’elle soit mienne ! »


La première fois que j’ai saisi le regard d’un autre, nous avions gardé un copain à dormir afin qu’il ne prenne pas la route après un repas arrosé. Ma douce s’était couchée avant nous, et au moment de la rejoindre, je l’ai trouvée sur le lit en nuisette, les fesses dénudées et une jambe repliée. Mon sang n’a fait qu’un tour et j’ai immédiatement eu envie de la montrer. Il faisait chaud ; j’ai laissé la porte ouverte et dit à notre copain :



Il a regardé par la porte et ses yeux se sont attardés sur son sexe lisse et offert.

Si j’étais déjà en érection depuis un moment rien qu’à l’idée de la montrer, notre voyeur a posé sa main sur son caleçon afin de masquer la sienne… J’étais aux anges, si excité qu’il m’a fallu me masturber auprès d’elle pour trouver le sommeil.


Au réveil, ma douce a voulu enfiler un peignoir avant d’aller préparer le petit déjeuner ; je l’en ai dissuadée sans lui préciser combien sa nuisette était coquine à contre-jour. Préparant tous deux la table, je regardais ses seins bouger sous l’étoffe et son sillon pincer le tissu ; je savais que depuis le canapé, notre voyeur n’en perdait pas une miette. Lorsqu’il se leva, une bosse déformait son caleçon, ce qui n’échappa pas à ma douce. Filant aux toilettes, il dit en riant :



Glissant ma main entre ses cuisses, son sexe trempé m’apparut comme une révélation ! Elle aimait qu’on la regarde, qu’on la désire, même en ma présence.

Désormais, toutes les occasions étaient prétextes à jeux d’exhib. Même si nous n’avions pas dépassé ce stade avec ce copain, il profita à de nombreuses reprises de la jolie petite chatte de ma douce, montrée « accidentellement », bien que ne pas porter de culotte puisse difficilement être « accidentel ».




D’aussi loin que je me souvienne… Les doutes…



Vinrent ensuite les premiers doutes ; non que je doute de mes convictions, mais plutôt sur ce qu’elle en pense, « Elle », sur ce qu’ils en pensent, « Eux », sur la « normalité » ou non d’avoir de telles idées. Étais-je devenu trop tôt un de ces pervers faisant la une des journaux à scandale ? Devais-je consulter un psy et lui « avouer » mes penchants hors normes ?

La réponse vint d’elle-même, comme une évidence.


Un soir de printemps, prenant le métro pour rentrer chez moi après le boulot, un couple à peine plus âgé que moi vint s’asseoir sur la banquette en face ; ils semblaient très amoureux et ne cessaient de s’embrasser et se chuchoter à l’oreille en souriant.

Lui était vêtu d’un pantalon de toile et d’un tee-shirt sombre, et elle d’un bustier à bretelles et d’une courte jupe évasée, visiblement sans soutien-gorge bien que sa poitrine semble avoisiner le 90B.


Je tentais de rester discret, mais mon regard était attiré par ses tétons pointant sous le fin tissu et par ses cuisses sur lesquelles bougeait sans cesse l’ourlet de sa courte jupe. Plusieurs fois j’ai croisé son regard tandis qu’il avait le visage dans son cou ; loin de me décourager, et malgré la certitude de m’être fait « démasquer », j’ai continué à regarder par œillades furtives.

Puis le métro arrivant à son terminus, il s’est levé ; elle a hésité un instant, puis a exagérément ouvert le compas de ses cuisses pour me montrer une jolie motte blonde sans aucun sous-vêtement, s’est levée et ne m’a plus adressé un regard.


Je n’étais pas seul ! Devant moi comme une évidence, d’autres aimaient montrer, exhiber, partager ! J’avais largement dépassé ma station et dus faire demi-tour, mais quelle découverte…

Combien, qui, quand, quel âge, comment, où ? Jusqu’où ? Autant de questions qui désormais hantaient mon esprit rassuré.


De notre côté, ma douce et moi, nous avions découvert l’exhib en voiture, le côté rassurant pour elle de se trouver protégée par une vitre tout en se montrant, se caressant, et pour moi de faire profiter quelques routiers « forcés » de voir une femme aux seins nus et au sexe lisse dans une voiture roulant à faible allure ou stationnée sur une aire de repos.

Deux fois, un homme est descendu de sa cabine pour voir de plus près ces tourtereaux aventuriers qui semblaient ignorer qu’ils n’étaient pas seuls sur ce parking ; cette poussée d’adrénaline de nous savoir « démasqués » nous donna l’envie de pousser le jeu un peu plus loin.


J’avais, au cours d’une de mes lectures dans le magasine Union, appris que l’ambassade d’URSS cachait une activité nocturne un peu particulière. Il se disait qu’à la nuit tombée, après les sorties de restaurants, des couples venaient en voiture se montrer à des voyeurs arpentant le trottoir, le « matériel » à la main.

Ainsi, la boucle était bouclée, chacun trouvant ici le complice d’une sexualité différente de celle écrite dans les manuels, de celle inculquée par nos parents : les filles naissent dans les roses et les garçons dans les choux. Mais avant cela, leurs parents s’exhibent et se branlent sous les yeux les uns des autres.


J’étais un homme heureux.

Je montrais, je partageais ce qui à mes yeux était le plus beau, à savoir le corps de ma récente épouse. Des hommes nous félicitaient, se masturbaient et déversaient leur sperme sur les vitres et la carrosserie tandis que ma douce jouissait sous mes doigts ou ma langue, ou recevait ma liqueur tiède sur sa langue ou dans ses mains, et parfois dans son sexe ruisselant.

Il n’était pas encore question de « sortir », même si plusieurs fois nous avions émis cette hypothèse : le simple fait de nous demander si on allait ouvrir la vitre un peu plus ou sortir de l’auto nous faisait succomber de plaisir.




D’aussi loin que je me souvienne… L’exhib…



L’exhib… Ah, l’exhib !

Pas de gabardine entrouverte ou de « Coucou, la voilà ! » devant les jeune filles à la sortie du lycée. Non, mes attributs ne réagissaient pas de cette manière. Dans l’exhib de l’être aimé, il faut entendre la mise en valeur, l’amour de son corps et le choix de ses tenues.

Toutes ses tenues…

J’étais alors le seul homme à arpenter les rayons sous-vêtements et mode femmes ; sa taille et ses mensurations m’étaient connues si précisément qu’aucun soutien-gorge, string, tanga, porte-jarretelles, bas, body, bustier, caraco, jupe, robe, tailleur, pull n’a dû être échangé.

Mieux encore, plaisir suprême de l’entendre répondre à un compliment sur ses goûts vestimentaires :



Tant et si bien que je devenais « la bête à voir », le phénomène à rencontrer auprès de ses amies, copines et collègues.

Tandis que leurs hommes refusaient de « traîner » derrière elles dans les boutiques, j’étais celui qui y allait sans elle, celui qui ne s’avachissait pas dans le canapé une bière à la main, celui qui était toujours partant et jamais retenu par du sport à la télévision, celui qui jouissait du spectacle de l’essayage au milieu du salon jusqu’à tard le soir et les rideaux ouverts malgré le « vis-à-vis », celui qui choisissait la tenue avant qu’elle sorte de sa douche et qui la déposait au train en décidant au dernier moment si culotte il y aurait ou pas. Bien que ça, ses copines l’ignoraient ; du moins officiellement, même si certains de leurs maris avaient eu tout le loisir de s’en rendre compte lors de savants jeux de jambes croisées ou décroisées ou de jupes portefeuille s’ouvrant au-delà du raisonnable.


J’étais aussi celui qui s’abreuvait de sa liqueur tiède en me livrant à de délicieux cunnis, tandis que leurs maris trouvaient cette pratique dégradante bien qu’ils trouvent normal de se faire, eux, sucer et de reprendre leur semence en bouche.

J’étais celui qui faisait hurler de plaisir sa bien-aimée par de savantes caresses manuelles et buccales avant de la sodomiser avec vigueur pour son plus grand bonheur.

Que de fois j’ai eu de la compassion pour l’épouse délaissée, pour l’épouse qui simule le plaisir, pour l’épouse qui se soumet au « devoir conjugal » !

Mais j’étais l’homme d’une seule femme, bien que j’imaginais qu’elle puisse être, elle, la femme de tous les hommes, une femme publique ; non pas une putain, mais une concubine ou une courtisane.




D’aussi loin que je me souvienne… Le partage…



Il y a toujours une « première fois », mais le « partage » avait eu lieu des années auparavant, des hommes – connus ou inconnus – ayant déjà vu son sexe nu et glabre, la courbe de ses seins, la cambrure de ses reins. Alors, est-il besoin de dire « La première fois que je l’ai partagée » ou « La première fois qu’un autre l’a touchée » ?

Il y eut les premiers contacts, les premiers attouchements, les premières caresses d’inconnus.

Loin de faire naître un sentiment de jalousie, cela provoqua sur moi une incommensurable excitation. Passée la crainte de tomber sur un crétin grossier ou violent – car il est vrai que, seuls sur un parking isolé, il n’est pas écrit « gentil » sur leur front – j’ai trouvé mon plaisir avec des voyeurs pour la plupart doux, timides et respectueux, auprès de qui, sans crainte, j’ai pu exhiber et partager l’être aimé.


Si, dans les débuts, elle préférait fermer les yeux ou que je les lui bande, elle mouillait abondamment de se savoir vue nue et offerte, leurs doigts puis parfois leur bouche lui provoquant des orgasmes d’une rare intensité. Elle aimait être vue, mais surtout être offerte, comme si me confier son corps pour que j’en fasse ce que bon me semble – ou devrais-je dire « lui semble » – lui ôtait la culpabilité d’aimer se donner, d’aimer être impudique.

Elle avait cette faculté de séparer sa tête de son corps.


Lors d’un essayage de bottes dans un magasin de chaussures nécessitant l’aide précieuse du vendeur, elle fut troublée de sentir ses mains touchant son mollet et soulevant sa jambe, puis terriblement excitée lorsqu’elle a vu son regard surpris, ayant aperçu l’absence de culotte. Le sourire de ma belle donna le feu vert : elle posa sa main sur le poignet de cet inconnu et appuya pour que les doigts furètent plus haut sur l’intérieur de la cuisse, jusqu’à toucher ce sexe offert entre ses cuisses ouvertes.

Du bout des doigts, il y sépara ses grandes lèvres, titilla son bouton d’amour et plongea deux doigts dans sa vulve détrempée.


Elle était si belle, les yeux mi-clos, s’abandonnant à la caresse tout en me sachant proche, prêt à arrêter le jeu si nécessaire. Malheureusement, pris de panique lorsque je me suis approché et rougissant jusqu’aux oreilles, le brave garçon fila en réserve pour ne plus en revenir. Dommage ; nous lui avons laissé ses bottes et sommes allés baiser comme des « morts de faim » dans les WC handicapés du centre commercial.

J’ai bien noté « baiser », car il ne s’agissait pas là de faire l’amour : juste céder à une pulsion bestiale, mais tellement apaisante… J’ai répandu en son ventre une telle quantité de sperme que, mélangé à son abondante mouille, il ne cessa de couler le long de ses cuisses jusqu’à notre retour à la maison.


Nous cherchions cette fois, ensemble, des sous-vêtements coquins et nous sommes rendus chez Concorde, à Paris, « le » grand magasin de « jouets » pour adultes, DVD et revues, mais aussi de tenues coquines.

Il n’y avait pas Internet ; le Minitel n’était pas d’une grande utilité et il fallait donc se déplacer.

Il y avait bien là, entre autres, les dessous que nous cherchions, ainsi que des jouets qui permettraient de simuler le trio, d’autres permettant d’élargir son anus, bien que je ne m’y sentais pas à l’étroit ni qu’il fût douloureux de m’y accueillir, mais pour le préparer à des invités plus larges. Une fois quelques articles dans le panier, dont ceux décrits à l’instant, nous avons rejoint la seule cabine d’essayage. Assez vaste pour y entrer à deux ou trois, un rideau qui n’obture pas entièrement l’entrée, et surtout située à un angle stratégique, me suis-je immédiatement dit, afin de faire profiter les éventuels clients.


La guêpière aux seins nus ayant besoin d’un ajustement, le jeune homme ne s’est pas gêné pour toucher ses seins, ses cuisses, ses fesses en gardant le rideau ouvert malgré les clients/voyeurs qui s’étaient approchés.

Bien à l’étroit dans mon pantalon, j’étais fier de la passivité de ma douce, fier que ces hommes m’envient d’avoir à mes côtés cette femme « qui ose ».

L’apothéose fut lorsqu’il prit le gode dans notre panier et le lui fit pénétrer profondément. Debout, adossée à la cloison, jambes écartées et les yeux fermés, elle se laissa aller tandis qu’il faisait des va-et-vient dans son ventre et alternait succions et masturbations de son clitoris.


Le monde pouvait s’arrêter de tourner… J’ai joui le sexe à la main, répandant mon sperme sur le sol, très vite accompagné de celui des trois hommes qui se rinçaient l’œil. Avec le recul, je me suis dit que la situation était délirante ; comment avions-nous pu… (le gode nous fut offert avec une invitation à revenir ; et chaque fois que nous l’utilisions, nous repensions tous deux à cet après-midi particulier). Réflexion vite oubliée, tant j’étais fier qu’elle s’aide de mon bras, la tête posée sur mon épaule, pour rejoindre le métro.


C’est à Montpellier qu’un pas a été franchi sans l’avoir prémédité. Dans un cinéma X discret et peu fréquenté. Elle portait pour l’occasion un trench à boutons, une courte jupe portefeuille et un pull de coton léger, et surtout ajouré, à mailles. Nous nous sommes acquittés des billets et sommes entrés dans la salle. Il y faisait sombre, et seule la luminosité du film sur l’écran éclairait nos pas. Très vite, les visages clairs des personnes présentes qui s’étaient retournées nous sont apparus : une dizaine tout au plus ; que des hommes, nous constaterons plus tard.

Quelques pas hésitants et nous voilà installés au milieu du dernier rang. Immédiatement, je lui ai demandé son trench et ai glissé ma main très haut entre ses cuisses. Le film, sans grand intérêt et dont j’ai oublié le titre, défilait sur l’écran ; mais c’est dans la salle que le spectacle se déroulait. Le ballet hésitant des hommes tentés d’approcher avait commencé. Elle n’était cette fois pas très rassurée de se sentir comme une proie au milieu de prédateurs, mais je l’ai rassurée et leur manège ayant fini par se calmer, elle se détendit.


Si nous étions seuls dans la rangée et alentour à notre arrivée, nous avions maintenant un voisin à ma gauche, séparé d’un fauteuil, un autre à sa droite, faisant mine de s’intéresser au film tout en ayant posé sa main sur sa cuisse mais en contact avec la peau nue de ma douce. Deux hommes s’étaient assis devant nous et se retournaient simultanément, et un dernier se tenait debout derrière elle.


En fait, c’est ce dernier qui fut le plus entreprenant ; il avait sorti un membre en demi-érection et déjà de bonne taille, et l’agitait doucement entre nous. D’abord surprise, j’ai pris sa petite main et l’ai posée sur cette queue offerte. S’enhardissant, celui de droite a caressé sa cuisse en remontant sous la jupe ; lorsque nos doigts se sont touchés, il m’a lancé un regard interrogatif et je lui ai libéré la place en faisant écarter ses cuisses à ma douce.


L’homme à ma gauche se masturbait lentement puis s’est approché sur le fauteuil libre ; il a tendu le bras pour caresser ses seins, mais la position lui était inconfortable. J’ai remonté son pull afin de dégager ses jolis seins dont notre voisin de derrière s’est immédiatement emparé.

Elle ondulait sur son siège et gémissait doucement ; ses yeux grands ouverts allaient d’une queue à l’autre – les visages semblaient ne pas l’intéresser – jusqu’à ce moment où, se tournant vers moi, ses lèvres ont touché la queue bien bandée qui nous séparait. Elle a vu mon approbation dans mon regard, et lentement a ouvert les lèvres et léché ce membre, puis l’a enfourné dans sa bouche.

Nous y étions : pour la première fois, elle suçait un autre que moi, là, à quelques centimètres de mon visage. Elle aimait ça, j’aimais ça.


Son voisin a pris sa menotte libre et l’a posée sur son membre extrait de sa cage. Elle branlait deux queues tout en en suçant une ; elle s’y appliquait et gémissait sans cesse.

L’un des deux hommes de devant a enjambé le fauteuil et, agenouillé, a plaqué sa bouche sur sa vulve, cette caresse étant – et de loin – celle qu’elle appréciait le plus, avant d’être détrônée par la sodomie. Elle ne fut pas longue à exploser de bonheur ; trois de nos complices ont joui en chœur, répandant leur semence sur sa jupe, ses cuisses et ses seins. Les deux autres ont suivi en se répandant sur les fauteuils.

Je n’ai pas joui ; j’étais heureux, je l’aimais si fort…

Nous avons été remerciés et invités à sortir prendre un verre. Déclinant l’invitation, j’ai baissé son pull à même les coulées de sève, et replacé sa jupe sur ses cuisses. Nous avons rejoint notre voiture au parking souterrain du centre commercial et avons fait l’amour tendrement sur la banquette arrière.

Elle sentait le sperme, la sueur et le parfum mêlé ; ses lèvres étaient brûlantes, ses yeux fiévreux, sa peau douce et moite. Je l’aimais tant…




D’aussi loin que je me souvienne… L’accident…



S’il y a une chose essentielle – que dis-je : primordiale – dans un couple, c’est la confiance.

Je l’ai dit et toujours cru : la jalousie engendre la méfiance, la suspicion, puis le dédain et la haine.


Les mois passant, les jeux aidant, la monotonie fatale aux couples même les plus forts ne nous atteignait pas. Nous étions si complices qu’un simple regard pouvait provoquer un fou-rire, comme lorsque, attablés à un repas organisé par la société qui l’employait, j’avais touché le coin de ma lèvre pour lui indiquer qu’un peu de sauce était resté au coin de la sienne, suivi d’un clin d’œil. Elle a discrètement essuyé cette petite goutte puis a reposé sa serviette sur ses genoux. Elle a alors regardé dans ma direction et je lui ai souri ; nous avons alors repensé simultanément que c’est exactement le geste que j’avais fait quelques jours auparavant tandis que, malgré le soin pris à tout avaler, il restait une goutte de ma semence auprès de sa lèvre.

Inutile d’ajouter qu’il nous était impossible d’expliquer ce fou-rire…


Un enfant est né de cette union ; les kilos bien vite reperdus, le boulot avec des déplacements professionnels plus nombreux, plus longs, la difficulté de s’occuper d’un nouveau-né, le déménagement, le changement de boîte, tout, nous avons tout supporté.

Grâce au sexe ? Grâce à l’amour qui nous unissait ? Grâce aux jeux renouvelés ? Peu importe, nous étions forts. Et chaque retour de déplacement était des retrouvailles. Elle organisait baby-sitters, restaurants, hôtel, escapades ; toutes les occasions étaient bonnes pour se retrouver et jouer…


Folle d’envie de me rejoindre en Alsace, elle avait préparé son « baluchon » et pris le train à la gare de l’Est, un Corail du soir. Aussitôt assise dans son compartiment, trois jeunes militaires y sont entrés. Polis, souriants et certainement bien contents de voyager avec une jolie jeune femme, qui plus est vêtue d’une courte robe à pressions.

Nous n’avions pas de smartphone, ni même de GSM : impossible de me demander quel comportement avoir.

Alors, elle a fait comme d’habitude : elle s’est alanguie naturellement sur son siège. Naturellement, le garçon assis en face tentait d’apercevoir une petite culotte ; naturellement, il n’en a pas vue et, rougissant jusqu’aux oreilles, il ne savait comment le dire à ses copains.

Ils sont sortis fumer une cigarette et, à leur retour, ils ont échangé leur place. Elle souriait intérieurement. Puis ils ont lancé la conversation : s’il y avait un fiancé, sa destination, s’ils pouvaient lui offrir un rafraîchissement…

Elle riait de leurs blagues de caserne et de leur approche maladroite.


Ils ont parlé d’eux, de leur contingent, de leur unité, des filles impossibles à voir pendant des semaines, se moquaient de leur camarade puceau.

Est-ce qu’elle s’est sentie en sécurité ? Est-ce qu’elle était sensible au charme de l’uniforme ? Toujours est-il qu’à son retour des toilettes, elle n’a rien dit en constatant que les rideaux avaient été fermés sur le couloir, n’a rien dit lorsqu’il a mis le loquet à la porte, n’a rien dit lorsqu’une fois assise, les mains se sont promenées, que les langues se sont jointes, n’a rien dit lorsque la robe est tombée, seul rempart à sa féminité.


Je l’attendais sur le quai de cette gare ; je la guettais lorsqu’enfin je l’ai vue, rieuse, gaie, heureuse. Dès l’instant où je l’ai serrée dans mes bras, j’ai su : j’ai senti la douceur de sa peau, le parfum délicieux qui émane de celle qui a joui. J’ai caressé ses fesses sans me soucier des voyageurs, j’ai glissé ma main entre les pans de sa robe dont deux pressions étaient ouvertes, j’ai touché son pubis moite, j’ai touché sa chatte engluée de semence, j’ai poussé mes doigts jusqu’à son passage étroit :



Alors je l’ai embrassée ; sa bouche avait le goût particulier de celle qui a sucé, de celle qui s’est abreuvée de sperme. J’étais dans un état second, excité et rêveur à la fois.

Une dizaine de garçons en tenue militaire sont passés près de nous et nous ont salués ; l’un d’eux a dit :



Je lui ai seulement chuchoté :



Ce à quoi elle m’a répondu avec un sourire :



Nous avons filé jusqu’à l’hôtel et fait l’amour ; je ne me souviens plus combien de fois je suis revenu dans son sexe empli d’un autre, de plusieurs autres. Elle ruisselait, soufflait, transpirait le sexe. Elle m’aimait et je l’aimais.








Si j’ai titré « l’accident », c’est parce qu’il y a réellement eu un accident, deux ans plus tard.

Rien de grave, rien de corporel : de la tôle froissée, mais avec des conséquences inouïes !

Un mensonge stupide, ridicule, pour me cacher les circonstances de l’accident ; le constat bidouillé, la mise en danger de notre enfant, un autre mensonge pour étayer le premier, puis un autre…

Est née la suspicion, la méfiance, la perte de confiance et les doutes qui s’installent, les réponses qui ne viennent pas.

Pourquoi…


Dix ans d’amour balayés d’un revers de la main ; dix ans de complicité construite jour après jour jetés aux orties.

Les avocats, le juge et l’agent immobilier ont fait le reste.

J’ai obtenu la garde pleine et entière de mon enfant.


En cas de chute, il vaut mieux toucher le fond : ça permet de rebondir, puis de se reconstruire.

Et si en tout candauliste il y a une forte imagination, parfois la réalité dépasse la fiction…