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n° 15835Fiche technique22252 caractères22252
Temps de lecture estimé : 13 mn
10/10/13
corrigé 10/06/21
Résumé:  Il est quelquefois dangereux de vouloir épater un copain. Et il y a parfois des interventions surprenantes.
Critères:  fh inconnu cunnilingu pénétratio
Auteur : Bertrand D            Envoi mini-message
Sortie de nuit

En ce mois de mai dans la garrigue, le soleil tarde à se coucher. Le petit chemin goudronné serpente entre les murs de pierres sèches et les portails des mazets et maisons. Plus personne ne circule sur cette voie après le retour des citadins. Chacun sur sa terrasse profite du calme et de la température agréable. Au bout d’un chemin pierreux, on aperçoit une habitation neuve sans aucune activité décelable. Pourtant, à l’intérieur il y a un homme. Christian mesure, vérifie, note.





Plus que deux jours pour terminer les travaux de cette villa ; il me faut la livrer après-demain. Voilà deux mois que la construction a débuté. Je suis revenu ce matin pour préparer la réception, après quatre jours sur d’autres chantiers. Il reste encore quelques petites imperfections à rectifier. Ce n’est pas très grave. Aussi, ce soir je finis de relever tout ce qu’il reste à faire.


Je viens de terminer, mais il est dix heures et les restaurants sont sûrement fermés. Heureusement que j’ai toujours dans la voiture un paquet de pain de mie, du saucisson, une boite de pâté, une bouteille de Coca, et même un duvet pour les cas comme ce soir. Je vais coucher ici ; il y a une bâche qui a dû servir à couvrir des matériaux. Tant pis pour la diététique ; à 28 ans, on ne regarde pas trop après ça. D’autant qu’avec mon gabarit et également pour entretenir ma forme, j’ai besoin de carburant. Si j’étais chez moi, après des journées stressantes comme aujourd’hui, j’irais au club de boxe française pour me détendre.


Voilà, casse-croûte terminé, le lit est prêt. Je serai tranquille jusqu’à demain sept heures. Surtout, le silence, personne pour me déranger, peu de monde dans ce coin. Je règle la sonnerie de mon téléphone portable.



*****



Je rêve, ou quoi ? La porte d’entrée vient de s’ouvrir ; c’est vrai, j’ai oublié de la fermer à clé. Encore des bricoleurs qui viennent s’approvisionner sur le chantier. Doucement, ma lampe, un morceau de chevron qui traîne, me voilà équipé ; je vais les surprendre.



Ça va, ce ne sont pas des voleurs ; juste un couple, si l’on peut dire. La fille n’est pas d’accord, c’est un viol ! Il est temps d’intervenir. Un coup de ma puissante lampe dans leur direction.



Surpris, le gars lâche la fille, regarde en direction du faisceau.



Le gars s’avance, lance un coup de poing en direction de la lampe, me touche légèrement à l’épaule.



Je pose la lampe sur le sol, le faisceau braqué dans sa direction. Il s’avance et lance un direct vraiment fort qui aurait dû me mettre KO. Heureusement, je pratique suffisamment l’esquive ; son coup passe à côté et c’est lui qui vient se planter la gueule sur mon poing. Choqué, il recule. Je lui décroche une savate dans les bijoux de famille. Il se plie en deux et je l’accompagne, la main sur sa nuque à percuter mon genou. Son nez a dû dérouiller. Je le termine par un coup de pied dans les reins. Je me suis suffisamment bagarré dans la ZUP pour savoir me défendre.



Difficilement, une main sur ses parties génitales, il se redresse. Son nez saigne ; je l’ai arrangé.



Il obéit et commence à se débarrasser de tout. J’ai repris la lampe et dirige le faisceau vers lui. Ils n’ont pas vu mon visage. La fille est tétanisée contre le mur.



Elle obéit et prend plusieurs clichés.



Tremblante, elle me passe l’appareil. Je la prends trois fois. Puis je lui rends son engin.



Ils sont partis en silence, lui la tête basse, ridicule en caleçon, elle ne sachant trop que penser. J’entends la voiture démarrer. Sur une feuille, je relève les coordonnées du mec. Ça doit être un gosse de riche : il y a beaucoup de fric dans son portefeuille.

Dix minutes plus tard, le téléphone sonne.



C’est vrai, elle est très jolie et je me la serais bien faite. Assez grande, mince, sa poitrine est petite mais ferme d’après ce que j’ai pu apercevoir par son tee-shirt et son soutif déchirés. Sa mini-jupe laissait entrevoir des jambes fines et musclées. Mais je n’ai pas pu vraiment apprécier son visage. La terreur, le rimmel qui avait coulé ne l’avantageaient pas.


Un bruit de moteur. Mon individu qui revient. J’éteins la lampe, me planque dans la pièce d’à côté. Il entre et me cherche. Je surgis derrière lui en l’éblouissant.



Rhabillé, ayant ramassé toutes ses affaires, il sort sans bruit. Avec sa voiture, il démarre doucement. Je vais me recoucher et essayer de dormir. Tiens, il y a quelque chose qui brille par terre. Merde ! C’est un beau collier en or avec une grosse médaille. Il a dû le lui arracher quand il l’a attaquée, le fermoir est cassé. Je vais le mettre dans une enveloppe et j’essaierai de le rendre lors de la remise des clés.

Je ferme, et je vais essayer de dormir.



*****



« Que je suis conne, mais vraiment conne, se dit Audrey.

D’abord, sortir avec ce connard ! Mais lui qui dit qu’il a une chouette maison, je voulais lui montrer que nous aussi on pouvait s’en payer une aussi bien.

C’est vrai, il m’a payé le dîner, et j’ai bu, moi qui n’en ai pas l’habitude. Puis je l’ai conduit à la nouvelle maison. Tout allait bien jusque là. C’est qu’il a voulu entrer, je ne voulais pas. Et cette putain de porte qui était ouverte…


Mais il y a un clodo qui squattait et qui avait dû le voir avant nous. J’étais folle de colère quand il a voulu me violer. Mais j’ai eu encore plus peur quand ce type est arrivé en nous éblouissant avec sa lampe. J’ai cru qu’il allait nous tuer. D’autant que Guillaume, qui se dit le plus balèze, qui fait peur à tous les autres, s’est pris une rouste terrible. Il l’a descendu en rien de temps. Mais l’autre l’avait prévenu : ne me touche pas. Là, j’étais terrorisée, craignant qu’il ne fasse la même chose. Et là, surprise, il m’a parlé très gentiment, me vouvoyant. Je ne comprenais plus. Et surtout, il ne perd pas la tête, le fait de le faire se déshabiller, de le photographier, c’est formidable. Et puis me faire téléphoner et être aussi poli, c’est étonnant. Au début, il m’a fait très peur ; mais après j’ai été rassurée. Heureusement qu’il était là !

Avec ce genre de type, ce doit être bon de faire l’amour ; il doit être très doux. Mais tout de même, avec un clodo…


Bon, mon tee-shirt est foutu ; même mon soutif a craqué : il a dû se rincer l’œil. Merde ! Mon collier, je ne l’ai plus ! Celui que ma grand-mère m’a donné pour mes vingt ans. C’est un bijou de famille. Elle le portait toujours au cou, mais elle me l’a confié en me disant qu’elle était vieille et que je le transmettrai à mon tour à mes enfants. Quand la famille va s’en apercevoir, ça va être la cata. Il doit être dans la chambre, là où le connard m’a attaqué. Il faut que j’y retourne, sinon mon père me tue. Et si je n’y vais pas, le clodo ou un ouvrier demain matin le prendra et je ne reverrai plus. »


Elle se nettoie un peu le visage, met rapidement un polo et un blouson sur son torse nu, pas le temps de chercher un soutif. Elle sort son scooter en douce du garage, ne met le moteur en route qu’assez loin de la maison. Elle file le plus vite possible à la villa. Elle a une trouille terrible, mais moins que celle d’avoir perdu le collier.



*****



Elle a arrêté son engin, est allée à la porte, a essayé de l’ouvrir. Rien ne bouge. Elle essaie de pousser, cogne dessus plusieurs fois. Elle s’ouvre enfin. Mais un rayon puissant l’éblouit.



Elle ouvre le pli et retrouve son collier.



Elle est stupéfaite par une demande aussi directe ; mais après tout, pourquoi pas ? « Tout à l’heure je rêvais d’un type comme ça. Autant en profiter. »



Avant qu’elle ait réalisé, elle se sent soulevée doucement mais fermement dans les bras de son partenaire. Il la dépose lentement sur son sac de couchage. La lampe est posée sur le côté, elle ne voit pas son visage.


Précautionneusement, il lui enlève le blouson, soulève le polo, surpris par l’absence de soutien-gorge. Rapidement, il enlève jean, caleçon et tee-shirt. Ses grandes mains saisissent les seins, qu’il masse doucement. Il pince légèrement les bouts, provoquant un frisson dans le corps d’Audrey. Se penchant vers son visage, il frôle ses lèvres. C’est elle qui, en appuyant sur sa nuque, assure le contact. Elle prend l’initiative du baiser, sa langue allant chercher celle de son amant. La main de celui-ci descend, saisit le bord de la mini-jupe et le remonte jusqu’à la taille. Il en profite pour faire glisser la culotte. Elle lui facilite le travail en se cambrant, en appui sur sa nuque et ses pieds. La main atteint alors son but, la source du plaisir. Le pouce cherche et trouve dans la fourrure le précieux bouton.


Sa bouche vient remplacer sa main, léchant la vulve, mordillant le clitoris. Un gémissement indique qu’elle apprécie particulièrement cette initiative. Il insiste un long moment jusqu’à ce qu’il voie suinter la marque du plaisir. Elle lui attrape les épaules et l’attire vers elle. De la main, elle met le sexe de son partenaire bien en place.

Commence alors leur union. La vitesse, l’ampleur du mouvement varie suivant l’humeur du mâle. Brusquement, elle lui appuie sur les fesses afin de le faire accélérer. Bientôt elle lâche un cri de bonheur. Il continue un instant et jouit en elle.

La lampe éteinte, côte-à-côte, ils savourent ce moment de félicité. Puis il se soulève sur le coude et lui dit :



La lampe a été rallumée, le faisceau dirigé vers le bas. Elle s’est rhabillée, s’est dirigée vers la porte.



Ils ont échangé un dernier baiser langoureux, puis elle s’est dirigée vers son scooter. En partant, elle lui a fait un dernier signe de la main auquel il a répondu. Puis il rentre.


Maintenant, dans les rues, elle ne craint pas l’obscurité. Elle se remémore encore le formidable moment qu’elle vient de passer.

« J’ai eu raison de lui proposer de faire l’amour ; c’est l’homme le plus extraordinaire que j’aie connu. Je l’ai vu tranquille et poli dans ses paroles, puis rapide et brutal dans la bagarre, enfin doux et attentionné dans l’amour. Mais c’est fini ; je ne connaîtrai jamais son visage ni son nom. »



*****



Le propriétaire est venu le surlendemain prendre possession de la maison. Ils ont tout contrôlé en détail. Christian, l’a guidé, lui a montré le fonctionnement de tous les appareils, l’a conseillé sur les particularités de la villa. Cela a enchanté l’acheteur.



Pour se rendre à l’invitation, Christian s’est vêtu avec une élégance jeune mais discrète. Il a été reçu avec joie par son hôte, et surtout son épouse qui a visité sa nouvelle demeure l’après-midi. Puis on lui a présenté les trois enfants ; William, quinze ans, lycéen, mais déjà une taille et une stature d’homme ; Cécile, vingt ans, en fac, vraiment mignonne, à croquer ; puis Audrey, vingt-deux ans. Elle est vraiment magnifique, plus belle au grand jour qu’à la lueur d’une lampe.


Cette nuit, il a fait la connaissance tactile de son corps ; mais maintenant il constate que ses mains ne l’ont pas trompé. Par contre, elle le regarde poliment, le jugeant bel homme, sans se douter qu’elle en face d’elle son amant.


Les dernières formalités ont été rapidement expédiées, puis est venu l’apéritif. Les enfants ont posé des questions sur les aménagements, et surtout leur chambre.



« Il y en a une qui l’a visitée et l’a inaugurée, mais tu ne le sais pas… » pense Christian. Pendant la discussion, les deux filles s’intéressent à ce garçon pas trop mal, ma foi. Mais l’aînée a encore en tête son partenaire de la nuit.



Christian a touché la main à toute la famille. Arrivé devant Audrey, il admire le collier qu’elle porte et lui dit :



Sidérée, elle rougit, ne sait que répondre. « C’est lui ; il m’a reconnue et moi non. Je voudrais… » Mais il est déjà parti, les autres membres de la famille le saluant de la main.



*****



Christian est rentré chez lui, songeur. Il conservait en mémoire tout un album d’images de cette jolie fille. Tout d’abord, les images vagues de leurs amours dans l’obscurité à peine troublée par la lampe mobile ; puis son apparence en pleine lumière, chez ses parents.

Ces souvenirs vont s’imprimer de façon durable.


Trois mois plus tard, il constate que la jeune fille lui a laissé sa marque. Est-elle indélébile ? Il n’est pas tombé de la dernière averse ; il a déjà vécu d’autres aventures plus ou moins brèves. Il a cru avoir trouvé la femme de sa vie à deux reprises déjà, et ces amourettes se sont brisées sur des écueils improbables, le rendant prudent quant à la pérennité des attirances humaines.


Finalement il se convainc d’écrire un petit mot à Audrey. Il connaît son nom et son adresse ; il mentionne simplement son numéro de téléphone mobile avec une vague formule « Si le cœur vous en dit… ». Et ça marche superbement, preuve qu’elle aussi ne l’a pas oublié.


Il faudra toutefois deux ans de plus, la vie commune en ménage et la naissance d’un petit Benjamin pour qu’ils convolent au plus grand bonheur des parents.