Une Histoire sur http://revebebe.free.fr/
n° 15839Fiche technique24167 caractères24167
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Temps de lecture estimé : 17 mn
11/10/13
corrigé 10/06/21
Résumé:  Nous vous proposons un rendez-vous avec Ben_04, OlivierK, SophieF., Cheminamants et Hidden Side. Mais pas n'importe quel rendez-vous... À vous de lire la suite !
Critères:  #recueil #sciencefiction fh grp extracon inconnu collègues fsoumise voir fellation attache exercice -aventure -extraconj
Auteur : Collectif Antilogies  (Panel d'auteurs recomposé en fonction du sujet “antilo)      Envoi mini-message
Co-auteur : OlivierK      Envoi mini-message
Co-auteur : SophieF.      Envoi mini-message
Co-auteur : Cheminamants      Envoi mini-message
Co-auteur : Hidden Side

Collection : Antilogies
Rendez-vous involontaire

La collection « Antilogies » regroupe des textes courts (entre 1500 et 7500 signes) proposés par un panel d’auteurs recomposé en fonction du sujet « antilogique » mis en ligne sur le forum Revebebe durant le mois en cours – tout membre peut soumettre son ou ses sujets d’antilogies.

Tous les lecteurs peuvent avoir accès au forum pour participer : Concours et jeux d’écritures ; Antilogies et autres jeux (ré) créatifs – les textes ou Antilogies – les discussions.








Septembre 2013 – Rendez-vous involontaire



Sommaire :





CONCOURS !, par Cheminamants


Transhumance, par Hidden Side







L’Université de pataérotisme


par ben_04



Septembre, une nouvelle saison débute. Avant de commencer cette histoire, une mise au point s’impose. Lors de la saison précédente, certains lecteurs s’étaient plaints des textes de Ben. Débiles, creux, pas érotiques, choquants, idiots et donc, par conséquent, sans aucun intérêt pour le lecteur ; sauf, éventuellement, pour les pervers et débiles mentaux. Nombre de plaintes avaient été déposées. Hâtons-nous de dire que ces lecteurs avaient entièrement raison et ont fait preuve d’une belle perspicacité. Il est vrai que mettre en situation Jésus en Rocco Siffredi, imaginer un manuel anti érotique ou autres joyeusetés du genre n’a absolument aucun intérêt. Il serait donc injuste de continuer à imposer au lecteur un spectacle aussi ridicule.


C’est pourquoi, avant de céder aux demandes insistantes de Ben à publier de nouvelles histoires, nous lui avons demandé de faire un effort réel et sincère pour développer son intelligence et son érotisme, et relever ainsi le niveau culturel de ses publications. Il a répondu favorablement et s’est fixé un programme ambitieux pendant le mercato ; libertinage, bien sûr, mais aussi culture en tous genres : littérature, cinéma, sciences… Que nos lecteurs se rassurent, il devrait rapidement nous proposer un texte digne d’intérêt. Enfin, espérons.



--ooOOoo--



La vie s’écoulait paisiblement sur Terre. Parmi de nombreuses espèces, l’une d’entre elles s’était particulièrement développée : l’Homme. Deux sexes cohabitaient, l’homme et la femme. Rappelons que la particularité de l’homme était de présenter une excroissance plus ou moins rigide, tandis que la femme proposait différents orifices dans lesquels la dite excroissance pouvait parfaitement s’imbriquer. Les Hommes passaient donc leur temps à s’emboîter : les hommes limaient, et les femmes pompaient.


Un jour, l’une de ces femmes – appelons la Sasha par commodité –, alors qu’elle pratiquait son activité sans se poser de question – elle pompait, pompait, et pompait –, ressenti une étrange sensation. Surprise, elle interrompit son mouvement, ce qui eut pour conséquence de faire perdre en rigidité l’excroissance de l’homme dont elle avait charge. Ce dernier, mécontent, saisit Sasha par les cheveux pour lui faire reprendre son travail. Ce qu’elle fit docilement, jusqu’à ce qu’elle ressente à nouveau cette sensation, et s’arrête à nouveau. L’homme, outré, finit par livrer Sasha aux autorités et changea de femme.


Sasha, emprisonnée, continua bien sûr ses activités, sans lesquelles hommes et femmes n’avaient plus de raison d’être. Elle pompait toujours, et le phénomène se reproduisit. Une Université fut alertée et vint étudier les symptômes, qui semblaient revenir de plus en plus souvent. Une équipe constata qu’alors que Sasha pompait, son sexe semblait sécréter un liquide visqueux et plus ou moins transparent. Le phénomène ne s’arrêtait pas là, la température de Sasha montait, provoquant l’apparition de rougeurs un peu partout sur le corps. Après des mois d’étude, le phénomène fut appelé « plaisir » et fut, bien entendu, condamné, car entravant l’activité de l’homme.


L’étude se poursuivit et d’autres mots furent créés, comme « excitation », « orgasme ». Ce dernier mot provoqua, d’ailleurs, un grand scandale, puisqu’il marquait l’apogée du « plaisir » de la femme et la rendait indisponible pour un moment plus ou moins long. Situation intolérable, s’il en est. Quelques tentatives furent lancées pour remédier au problème, mais aucune ne fonctionna. Partant du principe que, s’il n’y a pas de solution, c’est qu’il n’y a pas de problème, l’Université publia son rapport et régla le compte de Sasha, désormais inutile. Personne ne sut si la publication joua un rôle, mais le phénomène se reproduisit. Pire, il s’amplifia. Les protestations d’hommes s’accumulaient et de plus en plus de femmes interrompaient leur pompage pour succomber au plaisir. Force fut de constater qu’il y avait bien un problème.


L’Université se débarrassa définitivement de la première équipe, constituée d’incompétents, et en dépêcha une seconde. Les femmes avaient, bien involontairement, rencontré le plaisir, il fallait que ça cesse. La seconde équipe décida d’étudier le moment qui précédait l’arrivée du plaisir. Cette piste sembla prometteuse, et il fut découvert que la vision jouait un rôle primordial dans l’apparition des symptômes. Pour contrer le rôle de la vue, l’équipe proposa un dispositif ingénieux. Ils prirent une planche qu’ils percèrent d’un trou de diamètre assez large pour passer l’excroissance de l’homme. Ainsi privée de stimulus, la femme ne devrait plus ressentir de plaisir. L’introduction de cette planche eut, au départ, les résultats attendus. Mais elle avait un gros inconvénient, elle pesait environ trente kilos et était difficilement transportable. Une version plus légère, constituée d’une robe recouvrant intégralement la femme, y compris sa tête, fut inventée. Cette robe était dépourvue d’ouverture, à l’exception d’une grille au niveau du visage. Pour accéder aux autres orifices, il suffisait de remonter la robe.


Malgré tous ces efforts, le phénomène réapparut. Des mots comme « salope » et « cochonne » furent inventés. L’homme finit par trouver une solution fonctionnelle, appelée le « taquet dans ta bouche », qui, surtout couplée à la robe, eut des résultats satisfaisants. La vie pu reprendre son cours : les hommes limaient, les femmes pompaient.



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Hôtel restaurant de la gare


par OlivierK







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Un papier plié en quatre


par SophieF.



Lequel d’entre eux ? Ils sont tous assez dragueurs pour que je me sente agréablement désirée. Chacun attend mon bon plaisir, c’est évident. J’ai pourtant dormi seule la nuit dernière. Je n’allais pas choisir si vite ! Allais-je en prendre un ce soir ? Probablement. Je suis la seule femme à leur table. Ce stage dure cinq jours, il ne me reste donc que trois nuits.


Quand je suis partie, Olivier m’a dit d’être sage, en ayant l’air de se moquer. D’ordinaire il rit de mes fredaines. Du moment que tu ne tombes pas amoureuse d’un autre, dit-il, tu peux bien t’amuser un peu. Il ne s’en fait pas faute, lui, de s’amuser. Où est-il en mon absence, d’ailleurs ? Son travail lui donne la liberté d’aller et venir à sa guise.


Lequel d’entre eux ? Lequel d’entre eux a-t-il glissé sous mon assiette, à midi, ce billet plié en quatre :


Ce soir, nue dans votre chambre dont vous laisserez la porte entrebâillée, vous attacherez vos chevilles aux montants du lit, vos cuisses écartées. Comme vous aurez pris soin d’acquérir dans le sex-shop situé en face de la gare une paire de menottes garnies de velours bleu, vous ornerez votre poignet gauche de l’une d’elles. Vous éteindrez votre lampe de chevet, de manière à vous trouver dans une totale obscurité. Vous passerez la chaînette des menottes derrière deux des barreaux verticaux de la tête de votre lit, vous emprisonnerez votre poignet droit et vous attendrez.


Le papier était ordinaire, le texte sortait sans doute de l’une des imprimantes mises à notre disposition. Ils étaient tous à table quand je suis arrivée, à midi trente. Me voyant lire le billet, ils sont restés impassibles. L’un d’eux m’a demandé si les nouvelles étaient bonnes. J’ai bafouillé n’importe quoi. Mon cœur battait si vite !


Lequel d’entre eux ?



Quinze euros… Outre quelques horribles poupées gonflables aux lèvres béantes et des monceaux de DVD vulgaires à vomir, il avait tout un assortiment de chaînes et de pinces, et des phallus de contextures et de tailles diverses, certains énormes.


Le dîner a été ordinaire. Pas de regards bizarres, nul sourire de connivence. Les compliments, les plaisanteries déjà habituelles, les propositions de marcher un peu dans le parc de l’hôtel, les soupirs à propos de nuits perdues, d’amères solitudes.


Ma décision n’était pas tout à fait prise… Mais si, inutile de me mentir ! Je savais bien qu’au sortir d’une douche rapide j’attacherais mes chevilles aux pieds du sommier, avec mon foulard rouge à gauche et mon soutien-gorge noir à droite, je n’ai rien trouvé d’autre. Que j’emprisonnerais mon poignet gauche dans une des menottes bleues, que j’éteindrais ma lampe de chevet, que je glisserais, à tâtons, la chaînette des menottes derrière deux des barreaux de la tête de lit, que je bloquerais mon poignet droit et que j’attendrais.


Mes yeux se sont habitués à l’obscurité, je discerne maintenant le peu de lumière bleue qui provient, par la porte entrebâillée, de la veilleuse du couloir. Il s’allumera, ce couloir, n’importe qui pourra voir ma porte et la pousser.


Une rumeur monte du salon. Des rires, aussi. Et si nul ne venait ? La plaisanterie serait bien humiliante ! Les petites clés sont sur les menottes, inaccessibles pour moi. Mais non, il viendra, celui qui a écrit ce billet. Il me prendra dans le noir, en silence. Me détachera-t-il, ensuite, quand il s’en ira ? Ils ont peut-être tiré au sort pour savoir lequel passera le premier…


Oh ! Non ! Il ne fallait pas allumer !




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CONCOURS !


par Cheminamants




Après l’annonce faite au micro, les nombreux adeptes présents ce soir ne manquent pas de manifester leur enthousiasme, eux aussi, verre à la main et un peu chauffés, il faut bien le dire. Mais oui, le succès est au rendez-vous ! Et la récompense à la hauteur de l’événement : un week-end coquin de rêve à vivre avec le gagnant masculin. Et j’ai bien l’intention de profiter de ce rendez-vous tant espéré.



Je suis fébrile, impatiente. Le foulard me rend aveugle et j’avance guidée par l’hôtesse sous Les sifflements admiratifs et les applaudissements. Mes seins nus ballottent agréablement sous mon chemisier fin et moulant. J’essuie mes mains moites sur ma jupe noire courte et sexy de cuir souple.



Sous les « bravo », je respecte les consignes : aucun mot, aucun son. Mais je suis hardie et j’avance d’un pas jusqu’à le frôler. Il me dépasse d’une tête car j’entends sa respiration profonde au-dessus de moi. Il est troublé. Moi aussi. Mes pointes de seins se durcissent aussitôt sous mon chemisier, au contact du tissu qui couvre son torse. Je pose une main caressante sur ce que je découvre être sa chemisette.


Il attrape ma taille d’un geste ferme et resserre son bras au creux de mes reins. Sur mon bas-ventre je sens la protubérance de son entre-jambe. Eh bien, il n’a pas perdu de temps pour me montrer l’effet que je lui fais en me pressant contre lui ! Et j’ai une de ces envies de mettre ma main… pour contrôler… Allez, j’ose ; je suis bien là pour ça ! Mon impression se confirme : sa dureté qui fait sa bosse en biais sous son jean est tout à fait prometteuse.



Je suis émoustillée au possible et je tends mon cou pour qu’il m’embrasse, mais comme il ne voit pas mon geste, j’agrippe gentiment ses cheveux et je penche sa tête dans le creux de mon épaule. Ses lèvres s’y posent en délicatesse. Je m’abandonne ; le sang fait une course dans mes veines pour frotter mes sens de l’intérieur. Il me plaque à lui, m’enlace en se moulant à moi. Ses lèvres me goûtent sagement, puis s’enhardissent. Mes mains vont sur ses fesses que je palpe sans ménagement. Hummm, fermes, crispées, comme j’aime.


Cet homme mystérieux au parfum musqué sent bon le désir ; et l’extrapolation de ce que nous vivrons ensemble rajoute du piment à cette aventure. De la surprise ! Voilà ce qui manque à ma vie ; et je me suis inscrite en secret pour enfin donner libre cours à mon imagination dans des jeux sexuels torrides, et oublier la monotonie de ma vie de couple.


Je pince mes lèvres, me refusant de gémir sous sa bouche qui s’empare à présent de mon mamelon à travers mon chemisier et le mouille de salive.


Mais lui n’a pas pu s’en empêcher… Un murmure, un simple murmure et le son de sa voix…


Le « nooon… ce n’est pas possible ! Pas lui ! » traverse mon esprit en même temps que je le repousse avec force. Il y avait un risque sur combien, hein ? pour que cela arrive : une inscription inavouée, un mensonge chacun pour se libérer tout un week-end afin de vivre ailleurs le désir qu’on a perdu de l’autre. Qu’est-ce que je vais faire maintenant de cet involontaire rendez-vous ? Une impossible réalité ? Ou un renouveau… avec mon mari ?



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Transhumance


par Hidden Side



Au départ, Olivia n’y croyait pas. Elle avait déjà tout tenté pour retrouver une vie normale. De régimes miracles en cures d’amaigrissement, de diètes forcées en traitements de choc, tout ce qu’elle avait réussi à faire en quinze ans d’efforts et de rebonds pondéral, c’était se rapprocher inexorablement du seuil de l’obésité morbide. À quarante-cinq ans et un mètre soixante-huit, elle était la funeste propriétaire d’un quintal et demi de chairs envahissantes, qui faisaient d’elle une quasi handicapée.


Malgré les discours culpabilisants des médecins et de la famille, la volonté n’avait rien à voir là-dedans. Après chaque tentative désespérée, chaque dépassement de soi pour reprendre le chemin de la « normalité », son corps se protégeait en s’enveloppant d’une couche supplémentaire. Plus elle s’astreignait, moins elle contrôlait, enchaînant crises de boulimie et dépressions fulgurantes. Son avenir, c’était la mort par étouffement adipeux ou la chirurgie bariatrique, la gastrectomie ou le « bypass ».


Jusqu’à présent, elle avait toujours refusé de se faire charcuter, telle une oie trop grasse dont on agraferait l’estomac ou amputerait la panse. Même refus lorsque son mari, Jules – de plus en plus fluet par rapport à elle – avait menacé de la quitter en amenant les enfants… Son intégrité conservée, elle l’avait payée au prix de sa raison de vivre. Et pris vingt kilos au passage.


On l’avait alors présentée au professeur Kurosawa, un neurochirurgien virtuose. Olivia, qui s’était imaginée une opération à cerveau ouvert, avait été promptement rassurée par le souriant nippon.



Une fois la tête rasée – adieu, crinière flamboyante ! – et l’anesthésie locale en place, un assistant lui avait présenté l’aiguille devant s’enfoncer dans ses méninges : quinze centimètres d’acier manipulés par un bras robot ultra précis, chargé de forer son encéphale sans la moindre lésion. Olivia avait failli hurler. Elle se rappelait qu’on lui avait percé le crâne avec un trépan à vilebrequin mais le reste demeurait flou, brèves réminiscences d’hommes masqués et gantés s’agitant autour de sa tête en lui posant d’innombrables questions. Puis les nano machines s’étaient répandues en elle, à l’assaut de ses neurones malades…


Les premiers jours, Olivia ne se sentait pas fondamentalement transformée. De façon presque fortuite, elle avait constaté qu’elle n’avait plus à lutter contre ses pulsions. Quelque chose en elle avait chamboulé ses habitudes, faisant perdre une grande part de son attrait à la nourriture. Plus de « tentations », encore moins de « frustrations ». Sereine, apaisée, elle n’éprouvait plus cette obsession particulière pour les mets gras, sucrés ou salés.


Au fil des semaines, elle se mit à fondre, retrouvant les plaisirs simples d’une alimentation équilibrée, devenue aussi naturelle et nécessaire que de rire ou respirer. Telle une sculpture libérée de sa gangue, la véritable Olivia transparaissait peu à peu sous la masse affaissée de ses ex boursouflures. En moins d’un an, elle avait changé quatre fois de garde robe et était repassée sous la barre des soixante-cinq kilos, ce qui ne lui était pas arrivé depuis la fin de son adolescence. Kurosawa lui-même était surpris. Plus époustouflant encore, son corps était ferme et harmonieux, alors qu’une telle perte de poids aurait dû s’accompagner d’une peau distendue, retombant en plis disgracieux sur son ventre.



Des choses « étranges », il devait s’en produire d’autres. Mais rien de déplaisant, tout au contraire : rapidement, Olivia se rendit compte qu’elle avait le pouvoir de modeler son corps par simple concentration mentale. Un matin, alors qu’elle se contorsionnait pour observer une série de vergetures sur ses fesses, elle vit l’une des zébrures vibrer, puis se confondre avec la pâleur laiteuse de son épiderme. L’une après l’autre, les marques inélégantes disparurent sous son regard incrédule.


Quelques temps plus tard, ce furent des ridules sur ses paupières qu’elle réussit à gommer par la seule action de sa volonté. À force d’exercer ses talents, son pouvoir gagnait en puissance et en efficacité. Olivia rajeunissait à vue d’œil.



Les fabuleuses transformations de son corps ne suffisaient pourtant pas au bonheur d’Olivia. Cloîtrée dans une chambre d’hôpital, astreinte au secret par l’équipe de neurochirurgiens, l’absence de contacts avec ses proches lui pesait horriblement.


Que pouvaient bien penser ses enfants ? Qu’elle les avait abandonnés, ou bien qu’elle était morte ? Comment réagiraient-ils à la vue de cette quasi inconnue ? À présent qu’elle paraissait à peine plus âgée que son aînée, accepteraient-ils de croire qu’elle était encore leur mère… ? Sa stupéfiante jeunesse, cette beauté éclatante mais usurpée, étaient au final des cadeaux empoisonnés la contraignant à vivre comme une paria, loin du monde.


Olivia décida d’organiser son évasion. Un soir, alors que Kurosawa officiait au bloc opératoire, elle subtilisa ses clefs et se glissa dans sa voiture. Une fois installée dans l’habitacle de plexiverre, le véhicule lui demanda où elle voulait se rendre. Olivia n’en avait pas la moindre idée, elle avait perdu tous ses anciens repaires. Du doigt, elle caressa la courbure du tableau de bord aux formes biomimétiques. Comme si un dialogue silencieux s’était établi entre elle et la voiture, celle-ci démarra aussitôt, s’élançant vers une destination inconnue. La « jeune femme » s’endormit tranquillement, tandis que le bolide filait sur l’autoroute.


Au matin, elle se réveilla au bord d’une plage qu’elle reconnut à l’instant. L’endroit exact où, trente ans plus tôt, elle avait vécu une brève et folle passion avec un garçon qu’elle avait malheureusement perdu de vue.


Descendant de voiture, Olivia marcha sur le sable coloré par les lueurs de l’aube, les pieds léchés par les vagues. Après quelques minutes de balade solitaire, un autre promeneur parut au loin. Son cœur s’accéléra malgré elle, tout comme ses pas. La silhouette grandissait, Olivia commençait à distinguer les traits de son visage. Son cerveau lui répétait que c’était impossible, mais ses yeux ne la trompaient pas… Elle parcourut les derniers mètres en courant.



Il n’eut pas le temps de terminer sa phrase. Riant, pleurant, Olivia plaqua ses lèvres aux siennes en un baiser passionné, le faisant rouler avec elle sur la grève.



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